A l’instar de la communauté internationale qui a rendu un vibrant hommage à Nelson Mandela, héros de la nation arc-en-ciel, les étudiants regrettent la disparition d’un grand héros africain. Pour eux, l’Afrique vient de perdre un de ses plus grands symboles qui aura marqué de son vivant l’histoire de l’humanité.
18heures, devant la porte principale de l’Université Cheikh Anta Diop, les étudiants se disputent les quelques rares cars qui s’arrêtent à l'arrêt. La grosse boule orange, comme bouleversée par l’extinction d’un autre ‘’soleil’’, en la personne de Nelson Mandela survenue hier, s’empresse de rejoindre d’autres cieux beaucoup moins tristes. Le jour cède rapidement la place au crépuscule qui étend son voile sombre sur le campus social qui se vide, sous les pas pressés de ses étudiants ‘’C’est une bien triste journée pour toute l’humanité, car il était un phare qui a illuminé, par son combat, toute l’Afrique’’, déclare Nguèye Niang, étudiante à l'École Supérieure Polytechnique, qui attend un bus.
Un peu plus loin, assis sur un banc en train de se relaxer, Ibrahima Diouf, étudiant au Département de Géographie, tapote son smartphone pour tuer le temps. Il se dit très bouleversé par la nouvelle de la mort du chantre de la lutte anti-apartheid. Le continent noir vient de perdre un vrai combattant de la liberté, affirme-t-il, avec émotion. ‘’Son héritage reste vivace dans nos cœurs meurtris, parce qu’il nous a montré la voie pour bâtir le futur de notre continent‘’ ajoute-t-il.
19 heures, deux ombres discutent dans le hall du pavillon B. L'un des deux, Samba Diamanka, étudiant au Cesti, cite Mandela en exemple pour tous les chefs d’États africains. ‘’Nos présidents doivent prendre exemple sur cet homme qui a sacrifié 27 ans de sa vie, par amour pour son peuple et son pays’’, ajoute-t-il.
''Il n'y a plus personne de sa trempe dans le monde''
Plus loin, Mika Diallo, assis sur un banc public, à l'ombre d'un arbre, regrette un homme de défi, icône du 20e siècle. ''Il a tout fait pour rendre à l'homme noir sa vraie valeur, au sein de la société raciste, une liberté totale et plus de considération'', confie l'étudiant en Licence 3 au département d'Allemand. ''Je retiens de lui un homme noble qui a lutté contre une injustice sociale, une ségrégation entre les noirs et les blancs. La lutte contre l’apartheid était toute sa vie, avec des idées précises pendant et après son incarcération en prison. Il luttait aussi pour la cause sociale, à savoir la lutte contre le VIH SIDA''.
Rencontrée, plus loin, Alima Niang, étudiante en Doctorat de Pharmacie, à la faculté de Médecine, embouche la même trompette. ''Nelson Mandela fut un géant. Nous devons tirer des leçons sur sa vie. On va prier pour lui, mais au-delà des prières, essayons de puiser dans sa sagesse''. La future pharmacienne estime que le héros national de la nation arc-en- ciel a été un exemple de persévérance, de courage et surtout d'engagement et de patriotisme. ''A ma connaissance, dit-elle, il n'y a plus personne de sa trempe actuellement dans le monde.''
Devant l’Institut des Sciences et Techniques (IST), Fatou Thiam révise ses leçons, en attendant ses examens. Sous le reflet des néons, elle a du mal à cacher son émotion devant la ‘’disparition d’un géant de l’histoire contemporaine qui égale sans nul doute les Gandhi, Mao Zedong et autres personnages de l’histoire’’. Mais, ''au regard de ses récents ennuis de santé et de son grand âge (95 ans), on se console de croire qu’il est seulement parti se reposer’’, conclut-elle.
JOHANNESBURG, 06 déc 2013 (AFP) - Le monde entier était vendredi sous le choc de la mort de Nelson Mandela, auquel il a rendu un hommage sans précédent, promettant que son infatigable combat pour la réconciliation et contre le racisme resterait une source d'inspiration.
Premier parmi les grands de ce monde, Barack Obama a annoncé sa venue aux obsèques du héros planétaire de la lutte pour la liberté la semaine prochaine. Il y retrouvera de très nombreux dirigeants internationaux.
Nelson Mandela, entré dans l'histoire pour avoir arraché sans trop de violences l'Afrique du Sud au régime ségrégationniste de l'apartheid, s'est éteint jeudi soir à l'âge de 95 ans. Il sera inhumé dans son village d'enfance de Qunu (sud) le 15 décembre, après une semaine de cérémonies.
"Je ne doute pas un seul instant que lorsque j'entrerai dans l'éternité, j'aurai le sourire aux lèvres", avait-il dit lorsqu'il est devenu le premier président noir d'Afrique du Sud, heureux de voir son pays grandir en paix après des décennies de ségrégation raciale.
Depuis son décès, les hommages ont déferlé sur le premier président noir d'Afrique du Sud, célébré pour avoir bâti sans haine ni esprit de vengeance une nation démocratique multiraciale, après avoir passé vingt-sept ans dans les geôles de l'apartheid.
Par delà la mort, Mandela a d'ailleurs, symboliquement, réuni dans l'émotion des camps opposés. Etats-Unis et Iran, Chine et Dalaï Lama, Palestiniens et Israël, ont souvent usé des mêmes mots pour lui rendre hommage.
Vendredi, le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé des funérailles nationales pour "Madiba", le nom de clan dont usent affectueusement ses compatriotes, "fils exceptionnel de notre pays et père de notre jeune nation".
Auparavant, une cérémonie sera organisée le 10 décembre dans l'immense stade de Soweto. Là où Mandela avait fait sa dernière apparition publique, à l'occasion de la Coupe du monde de football 2010. Puis, du 11 au 13 décembre, sa dépouille sera exposée à Pretoria, au siège de la présidence, afin que ses compatriotes puissent venir s'incliner dans un dernier adieu.
Toute la semaine prochaine a été déclarée "semaine nationale de deuil" par Jacob Zuma. Nelson Mandela est mort chez lui, des suites d'une infection pulmonaire, pour laquelle il avait été hospitalisé de juin à septembre.
Le Dalaï Lama pleure "un ami cher" Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué en lui "une source d'inspiration" pour le monde entier.
A Paris, un sommet pour la paix et la sécurité en Afrique s'est ouvert symboliquement sous la présidence du prix Nobel de la paix 1993: "Aujourd'hui, c'est Nelson Mandela qui préside les travaux de ce sommet (...), c'est un symbole et en même temps une exigence de responsabilité", a lancé le président français François Hollande, à l'ouverture du sommet.
Aux Etats-Unis, le président Barack Obama, lui aussi premier président noir de son pays, a ordonné de mettre les drapeaux américains en berne jusqu'à lundi soir. Deux autres illustres prix Nobel de la paix et leaders spirituels de leurs communautés respectives, le Dalaï Lama et l'archevêque Desmond Tutu, ont rendu hommage à celui qui était leur ami.
Le chef spirituel tibétain a salué "un ami cher, un homme de courage, de principes et à l'intégrité incontestable". L'archevêque sud-africain, 82 ans, est apparu bouleversé vendredi et n'a pas pu retenir des larmes lors d'une allocution devant la presse.
Mandela, a-t-il dit, était "une incroyable icône d'humanité, de compassion (...), un symbole de réconciliation, de pardon et de magnanimité". "Suggérer que l'Afrique du Sud pourrait partir en flammes (après le décès de Mandela) --comme certains l'ont prédit-- revient à discréditer les Sud-Africains et l'héritage de Madiba", a-t-il ajouté.
Le pape François a loué pour sa part "l'engagement tenace montré par Nelson Mandela pour promouvoir la dignité humaine de tous les citoyens de la Nation et forger une nouvelle Afrique du Sud basée sur les fermes fondations de la non-violence, de la réconciliation et de la vérité".
Plus étonnants pour un ancien chef d'Etat, les hommages venus du monde de l'économie, des défenseurs de la nature, de l'Unicef, et de bien d'autres organisations de la société civile dénotaient le charisme d'un homme qui avait fait de la compassion et de l'écoute de l'adversaire son mode de gouvernance.
Les militants de la lutte contre le sida lui ont notamment exprimé leur gratitude pour avoir contribué à "briser la loi du silence" et les préjugés autour de cette maladie mortelle. "Nelson Mandela était une figure majeure dans la lutte contre le sida. (...)
Ses actions ont aidé à sauver des millions de vies et à transformer l'état de la santé en Afrique", a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif de l'agence de l'ONU pour la lutte contre le sida (Onusida). L'Onusida a notamment rappelé sa décision en 2005 de révéler publiquement que son fils Makgatho était mort de complications dues au virus du sida.
Le monde du sport secoué Le monde du sport, auquel Mandela était très attaché, n'était pas en reste: "Grâce à son extraordinaire vision, il a réussi à faire de la Coupe du monde 1995 un instrument pour favoriser l'émergence d'une nation, juste un an après les premières et historiques élections démocratiques en Afrique du Sud", a rappelé le président de la Fédération sud-africaine de rugby Oregan Hoskins, ajoutant: "Son nom prendra place parmi les plus grands libérateurs et humanistes aussi longtemps que vivra l'humanité."
Au Brésil, qui accueillait vendredi le tirage au sort du prochain Mondial de football, l'émotion était immense également: "Il était mon héros, mon ami, mon compagnon dans la lutte en faveur de la cause du peuple et pour la paix dans le monde", a écrit sur son compte Twitter Pelé, la légende du football brésilien.
Une image sur grand écran de l'ex-président sud-africain et héros de la lutte anti-apartheid est apparue en ouverture de cet événement, soulevant les applaudissements de l'assistance.
En Afrique du Sud, dès l'annonce du décès, des centaines de personnes de toutes origines se sont rassemblées dans la nuit près de sa maison de Johannesburg.
L'ambiance n'était pas au recueillement mais à la célébration, avec des chants anti-apartheid ou à la gloire de Madiba, repris en choeur par la foule qui agitait des drapeaux et scandait parfois "Viva Mandela" ou "Longue vie à Mandela".
Vendredi matin, dans le township de Soweto où vécut Mandela, et d'où partit la révolte des Noirs opprimés, les habitants exprimaient avant tout leur gratitude: "L'inévitable s'est produit.
C'est un jour triste mais l'Afrique du Sud et le monde s'y attendaient et nous pouvons remercier Dieu pour (l'oeuvre de) sa vie", dit à l'AFP le frère Sebastian, à l'église catholique Regina Mundi, point de ralliement sous l'apartheid.
"Il était une inspiration pour le monde entier", a réagi Frederik de Klerk, le dernier président blanc sud-africain et ancien adversaire politique qui avait fait sortir Mandela de prison avant de négocier la transition démocratique et de partager en 1993 le prix Nobel de la Paix avec lui.
Dakar, 6 déc (APS) - Le Premier ministre Aminata Touré, qui était en visite à la résidence de l’ambassadeur d’Afrique Sud au Sénégal, a exprimé le regret du gouvernement sénégalais suite à la perte de l'"illustre Africain", Nelson Mandela.
L’ancien président sud-africain et héros de la lutte anti-apartheid, est décédé jeudi, à 95 ans, à son domicile de Johannesburg. Il avait été hospitalisé à Pretoria du 8 juin au 1er septembre derniers, à la suite d’une infection pulmonaire.
‘’Je suis venue au nom du président (Macky Sall), absent du pays, présenter ses condoléances personnelles et celle du peuple sénégalais à l’ambassadeur d’Afrique du Sud au Sénégal. Le président s’incline (...) devant la mémoire de cet illustre Africain que fut Nelson Mandela et nous nous recueillons tous devant sa mémoire’’, a-t-elle dit.
‘’Nelson Mandela nous a enseigné le courage, la résistance, le pardon. Il a révélé en nous ce qu'un humain pouvait avoir de meilleur’’, avait déclaré le président Sall, jeudi soir à Paris où il participe au Sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique.
Dès son arrivée à la résidence sud-africaine à Dakar, Mme Touré avait écrit quelques lignes sur le livre d’or ouvert pour la circonstances, saluant notamment la grandeur de Mandela qui, selon elle, était ‘’un grand homme qui a concentré en lui toutes les qualités d’un grand homme d’Etat’’.
‘’Nelson Mandela a su conduire son pays à travers des processus difficiles, vers la liberté et la démocratie et tout cela dans l’union et, aujourd’hui, l’Afrique du Sud est un pays plein d’avenir et stable’’, a-t-elle souligné.
Le Premier ministre a également exprimé auprès de l’ambassadeur toute la tristesse et la désolation du peuple sénégalais. ‘’Je suis venue également transmettre les condoléances de l’ensemble du peuple du sénégalais’’, a-t-elle ajouté.
Suite au décès de celui surnommé, Madiba, le chef de l’Etat Macky Sall a décrété trois jours de deuil national, à partir de vendredi, pour rendre hommage à l'ancien président sud-africain.
M. Sall, demandant la mise en berne du drapeau du Sénégal, pendant cette période, a estimé qu’avec le décès de Mandela, l’Afrique contemporaine venait de ‘’perdre un géant, une de (ses) plus grandes figures’’.
Selon Aminata Touré, ce geste montre que le ‘'Sénégal a toujours soutenu le peuple sud-africain dans sa quête de liberté depuis plusieurs années’’. ‘’C’est un grand Africain qui nous quitte et nous partageons la peine du peuple sud africain’’, a-t-elle affirmé.
Nelson Mandela est né le 18 juillet 1918 à Mvezo, un village situé dans le Transkei (Sud-est), au sein du clan royal des Thembu, de l’ethnie xhosa. Il est prénommé par son père Rolihlahla : "Celui par qui les problèmes arrivent".
MONDIAL-2014/TIRAGE AU SORT : DEBUT DE LA CEREMONIE, HOMMAGE A MANDELA
COSTA DO SAUIPE (Brésil), 06 déc 2013 (AFP) - La cérémonie du tirage au sort du Mondial-2014 au Brésil a débuté vendredi à Costa do Sauipe (nord-est de Salvador de Bahia), avec un hommage à Nelson Mandela, décédé la veille.
Une image sur grand écran de l'ex-président sud-africain et héros de la lutte anti-apartheid est apparue en ouverture de cet évènement, soulevant les applaudissements de l'assistance.
Une minute de silence a ensuite été observée à l'instigation de la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, présente sur la scène aux côtés du président de la Fédération internationale de football (Fifa) Joseph Blatter.
"Le Brésil et son peuple s'inclinent en mémoire du grand leader sud-africain Nelson Mandela", a déclaré la présidente brésilienne. Le rappeur Emicida a de son côté lancé un "muito obrigado Mandela" (merci beaucoup Mandela) dans sa chanson en direct.
"Madiba", ancien président d'Afrique du Sud (1994-1999), unique pays africain à avoir organisé une Coupe du monde, avait fait une apparition publique au stade Soccer City de Johannesburg le soir de la finale du Mondial-2010, Espagne-Pays-Bas (1-0 a.p.).
"Moi, j'ai beaucoup de souvenirs parce que je l'ai vu la première fois au moment où il sortait de prison, et je l'ai vu comme vous la dernière fois quand il était à Soccer City (le 11 juillet 2010). Après, il a disparu, il n'est plus revenu dans la vie publique", avait dit M. Blatter avant la cérémonie.
Le football brésilien avait aussi salué la mémoire du Prix Nobel de la Paix. "Il était mon héros, mon ami, mon compagnon dans la lutte en faveur de la cause du peuple et pour la paix dans le monde", a ainsi réagi sur son compte Twitter Pelé, légende du football et de la Seleçao.
"Poursuivons son oeuvre. Il fut une des personnes les plus influentes dans ma vie", indiquait encore celui qui est considéré comme le plus grand joueur de tous les temps et qui était présent à la cérémonie.
Le tirage au sort qui déterminera le programme des matches des 32 nations en lice dans cette 20e Coupe du monde (12 juin-13 juillet) devait intervenir par la suite
NELSON MANDELA
LE HÉRO DE L’HUMANITÉ À LA UNE DE LA PRESSE MONDIALE
HONG KONG, 06 déc 2013 (AFP) - De sa cellule de Robben Island à son dernier combat contre le temps, le visage de Nelson Mandela couvrait vendredi la une des journaux du monde entier avec des hommages émus relayés en continu par les radios et les chaînes de télévision.
Les rédactions s'attendaient de longue date à l'annonce du décès du premier président noir de l'Afrique du Sud et tenaient prêts leurs dossiers retraçant son irrépressible combat contre l'apartheid. Dans son pays, la plupart des journaux ont tiré en noir et blanc.
"Hamba kahle Madiba" (Va en paix Madiba), de nombreux titres s'adressaient ainsi dans sa langue, le xhosa, et de son nom de clan à l'ancien président mort jeudi soir à 95 ans. Le quotidien en afrikaans, Die Burger, écrit simplement "Il est parti", et le Sowetan: "Goodbye Tata" (au revoir papa).
"Le monde pleure" et "l'Afrique du Sud est en deuil", privée d'un "héros de l'humanité", écrivait le quotidien national The Star, reflètant l'ampleur des réactions internationales et l'hommage unanime.
Poing levé Comme le symbole d'une vie sacrifiée pour un idéal de justice et de liberté, le New Yorker a choisi un portrait de jeunesse de Mandela portant encore la moustache tandis que Time Magazine a publié un cliché plus récent d'un "Madiba" grisonnant: mais sur les deux photos, il a le poing levé au ciel.
"L'accord entre son caractère et les événements ont fait de Mandela une personnalité singulièrement hors norme", écrivait le quotidien britannique The Guardian. En France, le journal sportif l'Equipe a annoncé la mort de Mandela avec un bandeau noir en "une".
"Passionné par le sport, qu'il utilisa comme élément d'unité de l'Afrique du Sud, Nelson Mandela (...) était un exemple pour de nombreux sportifs du monde entier", soulignait le quotidien. Dans un entretien au Parisien, l'écologiste Nicolas Hulot a confié avoir appelé son fils Nelson "en hommage à Mandela".
Pour cause probablement de bouclage, le Figaro ne consacrait que deux pages au décès de Mandela tandis que la première édition de Libération ne le mentionnait pas du tout. Poing levé encore, en noir et blanc, sur le site internet du Monde, avec ce titre choc: "Nelson Mandela est mort".
"Héros de la liberté", titrait l'édition en ligne de l'influent magazine allemand "Der Spiegel". "Avec Nelson Mandela, le monde a perdu un des plus grands combattants contre l'oppression, un des politiciens de ce siècle qui pour sa résistance contre l'apartheid en Afrique du Sud a passé plusieurs dizaines d'années en prison".
"Nelson Mandela décédé (1918-2013)" titrait de son côté très sobrement le quotidien populaire Bild pourtant habitué aux manchettes accrocheuses. "L'homme le plus pacifique du monde est mort", poursuivait le journal, ajoutant: "le monde est en deuil avec le héros national d'Afrique du Sud".
Un géant de notre temps En Espagne, El Pais a salué "l'homme qui a vaincu le racisme" et le Corriere della Serra, en Italie, un "héros qui a mis l'apartheid à terre". El Pais, qui consacre 13 pages à l'événement, a ouvert ses colonnes à l'écrivain argentino-chilien Ariel Dorfman qui se souvient de "l'homme qui cultivait un jardin en prison".
"Il aimait planter et cueillir sous la pluie et sous le soleil, en sachant que de la même façon qu'il exerçait un contrôle minimal sur une petite parcelle de terre, il pouvait aussi contrôler sa dignité, ses souvenirs et la fidélité à ses camarades".
La disparition de Mandela a largement alimenté les réseaux sociaux, de Twitter à Facebook où les internautes partageaient dans l'ensemble la tristesse d'avoir perdu un modèle de droiture et d'obstination. Mandela "est une inspiration quant à ce qui peut être accompli pour combattre l'oppression", estimait Yuen Chan, professeur à l'école de journalisme de l'université chinoise de Hong Kong.
A Stockholm, où Mandela reçut le prix Nobel de la paix en 1993, le ministre des Affaires étrangères Carl Bildt a évoqué sur son compte Twitter "un géant de notre temps".
La fondation Nobel, qui remet mardi les prix 2013, a remis sur son site internet (www.nobel.org) un extrait de la cérémonie de réception de Mandela et de son co-lauréat, le dernier président de l'apartheid Frederik de Klerk, à Oslo le 10 décembre 1993.
Voix discordante dans ce concert de louanges, le quotidien suédois Dagens Nyheter (libéral) a publié un édito en demi-teinte en regrettant que Mandela ne se soit pas davantage exprimé au sujet des "violences" au Zimbabwe entre populations noires et fermiers blancs.
CHANTS ET DANSES DEVANT LA MAISON DE MANDELA A JOHANNESBURG
JOHANNESBURG, 06 déc 2013 (AFP) - Quelques centaines de personnes chantaient et dansaient toujours vendredi matin devant la maison de Nelson Mandela à Johannesburg, bien que le corps de l'ex-président décédé jeudi soir ait été transféré vers un hôpital militaire de Pretoria.
Des familles, des couples, certains avec des appareils photos, d'autres avec des fleurs, continuaient d'affluer dans la matinée, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Des femmes reprenaient en dansant des chants de l'époque de la lutte anti-apartheid, accompagnées par des choeurs improvisés de Sud-Africains portant des tenues jaune et vert, les couleurs de l'ANC, le parti au pouvoir.
Beaucoup chantaient le poing levé. "Mandela yo, Mandela yo. Réveillez-vous, réveillez-vous, Madiba veut des soldats, ne dormez pas", disait l'un de ces chants, en langue pedi, l'une des 11 langues officielles d'Afrique du Sud. Entre les chants, le silence du deuil reprenait ses droits.
"Il a sauvé nos âmes", a dit à l'AFP James Mc Cormack, un homme blanc de 45 ans, venu avec sa fille: "Il n'y a personne maintenant pour rendre ce pays meilleur, sauf nous-mêmes".
Dès l'annonce du décès tard jeudi soir, la rue avait été investie par quelques centaines de personnes venues rendre hommage au héros, mort dans sa maison d'une quartier chic de Johannesburg.
Selon la radio publique, le corps a été transporté en fin de nuit vers Pretoria, la capitale où doivent avoir lieu les funérailles, à une date qui n'a pas encore été communiquée.
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AFRIQUE DU SUD: HOMMAGE DE L'ENCLAVE BLANCHE D'ORANIA A MANDELA
JOHANNESBURG, 06 déc 2013 (AFP) - Les autorités d'Orania, une petite enclave du centre de l'Afrique du Sud où se sont regroupés un millier de Blancs nostalgiques de l'apartheid, ont rendu vendredi un hommage remarqué à Nelson Mandela, l'homme qui a pourtant contribué à la chute du régime raciste.
"Parce que nous partagions avec lui la vision qu'une reconnaissance mutuelle, plus que le déni de nos différences (culturelles et politiques) devrait servir de base pour une coopération constructive, nous avons particulièrement apprécié sa visite et l'intérêt qu'il a toujours porté à Orania", a déclaré le leader de la communauté Carel Boshoff IV.
Même si leurs vues étaient différentes, l'héritage de Nelson Mandela restera dans l'histoire sud-africaine, a-t-il ajouté dans un communiqué à l'agence sud-africaine Sapa.
Carel Boshoff III, père de Carel Boshoff IV et gendre d'Hendrik Verwoerd --ancien Premier ministre sud-africain considéré comme l'architecte de l'apartheid-- avait acheté le terrain au bord du fleuve Orange pour défendre la "culture" afrikaner en 1991, après la libération de Nelson Mandela.
Il espérait que cette petite ville poussiéreuse où des Blancs vivent en autarcie serait l'embryon d'un "Volkstaat", un "Etat du peuple" indépendant pour les Afrikaners, les descendants des premiers colons européens d'Afrique du Sud.
Après être devenu le premier président noir du pays, Nelson Mandela avait visité la petite localité tolérée par les autorités, et il y avait pris le thé avec la veuve de M. Verwoerd, qui dirigeait le pays quand il a été arrêté et condamné à la prison à vie.
Libéré en 1990 après avoir passé vingt-sept ans dans les geôles de l'apartheid, Nelson Mandela est devenu le premier président noir qu'a connu l'Afrique du Sud quatre ans plus tard. Il est mort jeudi soir à l'âge de 95 ans.
MONDIAL-2014: DÉBUT DE LA CÉRÉMONIE DU TIRAGE AU SORT
La cérémonie du tirage au sort du Mondial-2014 au Brésil a débuté vendredi à Costa do Sauipe (nord-est de Salvador de Bahia), avec un hommage à Nelson Mandela décédé la veille.
Une image sur grand écran de l'ex-président sud-africain et héros de la lutte anti-apartheid est apparue en ouverture de cet évènement, soulevant les applaudissements de l'assistance dans la salle. Le tirage au sort qui déterminera le programme des matches des 32 nations en lice dans cette 20e Coupe du monde (12 juin-13 juillet) devait intervenir par la suite.
A 17h45, le tirage à proprement dit débutera. Contrairement au barrage retour contre l'Ukraine, les Bleus n'auront pas cette fois leur destin en mains.
Zidane veut un groupe difficile
La procédure du tirage peut tout leur réserver, du sort enviable à l'infernal. La Fifa a décidé cette année d'un tirage préalable au tirage proprement dit, pour sortir du pot 4 une des neuf équipes européennes non têtes de série, dont la France, et l'envoyer dans le pot 2. Cette équipe européenne héritera alors forcément d'une tête de série sud-américaine du pot 1, Brésil, Argentine, Colombie ou Uruguay. Et cet Européen se retrouvera également avec un autre représentant du Vieux Continent resté dans le pot 4.
Le Portugal de Cristiano Ronaldo -"Ce qu'il fait sur le terrain est monstrueux, il est au-dessus de tout le monde" a dit de lui Zinédine Zidane- ne serait un cadeau pour personne.
"Zizou", justement, fait partie des huit anciennes stars du foot, une par pays ayant gagné la Coupe du monde, conviées à assister le secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke dans ce tirage qui sera diffusé en mondovision.
Et l'ancien capitaine des Bleus n'espère pas un tirage clément pour les Bleus: "La meilleure des choses serait de tomber contre des équipes difficiles, pour ne pas se dire +on va jouer des petites équipes+ mais pour se dire +il faut sortir de cette poule+. Peut-être que pour d'autres sélections ce n'est pas le cas, mais pour les Français, c'est le mieux".
Pour qui le "Groupe de la Mort" ?
Didier Deschamps, sélectionneur des Bleus, est-il de cet avis ? Alors que certains médias brésiliens pensent que la France aurait dû être placée d'office dans le pot 2 -car Européen le moins bien classé quand les têtes de série ont été arrêtées- ce n'est pas pour autant une nation protégée.
Aux répétitions du tirage au sort, il y a ainsi eu un Brésil, France, Australie, Italie, ont fait fuiter plusieurs médias. Soit un "groupe de la mort". Bien sûr, un scénario beaucoup plus paisible pourrait déboucher sur Colombie, Bosnie (bizuth de cette Coupe du monde), Iran et France.
Dans un pays où le football est roi et religion, le tirage déchaîne les passions et suscite les déclarations à l'emporte-pièce. Un exemple ? Bebeto, ancienne gloire de la Seleçao, aujourd'hui dans le comité d'organisation local de la Coupe du monde (COL), qui lance: "Ceux qui tomberont avec nous, le Brésil, seront battus. Les autres équipes doivent s'inquiéter, pas nous. Nous allons jouer avec l'appui de notre peuple, c'est une opportunité unique, que nous a donnée Dieu, de remporter un sixième titre mondial chez nous".
Bienvenue au Brésil!
MANDELA L'IMMORTEL
DES PRIÈRES EN MÉMOIRE DE MADIBA SUR UNE BASE ŒCUMÉNIQUE JUSQU’À LA VEILLE DE L'ENTERREMENT
JOHANNESBURG, 06 déc 2013 (AFP) - Des prières et des offices religieux à la mémoire de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, décédé jeudi à l'âge de 95 ans, seront organisés sur une base oecuménique jusqu'à la veille de l'enterrement, a annoncé vendredi l'ANC.
"A partir d'aujourd'hui jusqu'au neuvième jour après son décès, il y aura des services de prières (...) organisés sur une base oecuménique", a indiqué à la presse Vuyisile Mehana, le chapelain général de l'ANC, le parti au pouvoir. Il a souligné que Mandela et sa famille étaient chrétiens, méthodistes mais sans exclusive.
"De même que le président a appelé toutes les communautés religieuses à consacrer du temps dimanche pour méditer, prier pour la famille (de Mandela) et la nation, et faire des offrandes, nous encourageons aussi à la tenue de prière dans la semaine précédent les funérailles dans les maisons mais aussi là où c'est possible dans les lieux respectifs de chaque communauté", a-t-il ajouté.
Elevé dans le christianisme comme environ 80% de ses compatriotes actuels, Nelson Mandela fut baptisé dans une paroisse méthodiste appartenant à Wesleyan Methodist Church et a été scolarisé chez les missionnaires.
Il a toujours professé sa foi dans la force que les êtres humains peuvent puiser dans leur religion et croyait au rôle des Eglises pour la réconciliation nationale, mais disait de lui-même "ne pas être particulièrement religieux ou porté sur la spiritualité" et très attaché à ne pas faire de la religion autre chose qu'"une affaire privée et personnelle".
LE CAP, 06 déc 2013 (AFP) - L'archevêque sud-africain Desmond Tutu est apparu profondément bouleversé vendredi et n'a pas pu retenir des larmes durant une allocution devant la presse au Cap, sa première apparition publique au lendemain du décès de l'ancien président Nelson Mandela.
Lisant un communiqué déjà diffusé, la voix brisé par l'émotion, et prenant à plusieurs reprises son visages dans ses mains, Desmond Tutu a salué la mémoire de celui qui était "une incroyable icône d'humanité, de compassion", "un symbole de réconciliation, de pardon et de magnanimité" mais aussi un ami proche pour l'archevêque.
C'est chez Desmond Tutu, prix Nobel de la paix 1984 et héros des grandes manifestations anti-apartheid des années 1980, que Nelson Mandela, à sa sortie de prison le 11 février 1990, passa sa première nuit d'homme libre.
Se livrant à une imitation de la voix de Mandela, au timbre rocailleux reconnaissable entre mille, il a raconté comment un jour après un déjeuner, Mandela a hélé son chauffeur avant de réaliser que l'archevêque était venu sans.
Le lendemain, Nelson Mandela l'appelait pour lui dire qu'il avait déniché un bienfaiteur prêt à débourser 5.000 rands par mois --une somme assez importante en Afrique du Sud--, pour que Desmond Tutu soit convenablement voituré.
"Etait-il une anomalie, une exception? Non", a lancé Desmond Tutu. "Nous sommes faits pour la bonté, et pour la grandeur", a-t-il avant d'exhorter ses compatriotes à se dépasser: "Notre potentiel est immense, nous sommes des gens fantastiques."