SHANGHAI, 02 août 2013 (AFP) - Un portrait de Nelson Mandela tout juste achevé par un artiste belge dans son studio shanghaïen est à l'image de l'endurance inlassable du Sud-Africain: il l'a réalisé en frappant 27.000 fois un mur avec un gant de boxe marqué du caractère chinois "liberté".
Hommage à celui qui pratiqua la boxe avant de prendre la tête du combat contre l'apartheid, et passa 27 ans en prison avant de devenir le premier président sud-africain, ce Mandela mural esquisse un fin sourire et affiche un regard bienveillant.
Il domine l'atelier de l'artiste belge Phil Akashi, 34 ans, qui a passé une bonne partie de la fin juin et du début juillet à enchaîner les coups de poings contre le mur, défiant l'étouffante chaleur de l'été de Shanghai -- métropole où il a établi sa résidence.
"Je pense que j'ai perdu trois à cinq kilos en l'espace de cinq semaines", a-t-il raconté à l'AFP. Il a entrepris son oeuvre, qui mesure six mètres de hauteur, après avoir appris que Mandela, hospitalisé à Pretoria depuis début juin, se battait pour rester en vie.
Depuis, l'état de santé de cette icône mondiale de la paix, qui a célébré en juillet ses 95 ans, s'est un peu amélioré, selon des informations de la présidence sud-africaine, même si en même temps celle-ci a indiqué qu'il restait dans "un état critique mais stable".
Phil Akashi a employé pour son portrait de la pâte de cinabre, matière traditionnellement associée en Chine à la vie et à l'éternité, et opté pour une couleur noire, symbolisant le combat de Mandela contre l'apartheid.
"Je considère vraiment que Nelson Mandela est un extraordinaire artiste de la paix. Il constitue en vérité une fantastique source d'inspiration pour le monde entier", a souligné M. Akashi. Le caractère "zi", employé pour construire le mot "liberté", figurait sur un sceau de style chinois en caoutchouc, attaché sur le gant.
Nelson Mandela avait reçu en 1993 le prix Nobel de la Paix, aux côtés du dernier président blanc d'Afrique du Sud, Frederik de Klerk, en raison de sa "longue marche vers la liberté" et son engagement dans la réconciliation nationale.
Mandela pourrait continuer à inspirer la jeunesse chinoise, a conclu Phil Akashi, estimant que sa vie pouvait apporter "un message d'espoir" et "inciter certains à agir et à se battre pour la liberté".
JOHANNESBURG, 18 juil 2013 (AFP) - Mieux portant après avoir frolé la mort, Nelson Mandela a fêté jeudi ses 95 ans sur un lit d'hôpital de Pretoria entouré de ses proches venus à son chevet pour un traditionnel déjeuner avec gâteau d'anniversaire tandis que le monde lui renait hommage. "Il continue à bien réagir au traitement et ses progrès sont encourageants", a déclaré le président Jacob Zuma, lors d'un sommet avec l'Union européenne, intercalé dans un agenda minuté à l'extrême en raison des multiples manifestations officielles pour l'anniversaire de son illustre prédécesseur.
"Lorsque je lui ai rendu visite aujourd'hui, je l'ai trouvé vraiment stabilisé, j'ai pu souhaiter +bon anniversaire+ et il a pu sourire", a ajouté M. Zuma.
Zindzi, l'une des filles du héros de la lutte anti-apartheid, prix Nobel de la paix pour son oeuvre de pardon et de réconciliation nationale, a espéré qu'il pourrait "bientôt" quitter l'hôpital où une infection pulmonaire le tient confiné depuis le 8 juin et a faillé l'emporter le 23 juin.
Devant la clinique privée du Mediclinic Heart Hospital, où l'on se pressait le coeur serré ces dernières semaines, c'était l'exubérance d'un jour de victoire.
Une fanfare militaire a joué l'hymne national, dont le début est un hymne à l'Afrique et un chant de résistance à l'apartheid, suivi d'un "Happy Birthday" plus profane.
Les enfants des écoles ont aussi chanté pour "papa Madiba". Madiba est le nom de clan affectueusement utilisé pour parler de Nelson Mandela en Afrique du Sud. "Une fois de plus, Tata (papa, ndlr) a prouvé qu'il est un lutteur", commentait une étudiante.
Qu'il puisse fêter ses 95 ans, c'est un "cadeau pour la famille, pour le pays et pour le monde entier qui l'aime", a commenté son ex-épouse, Winnie Mandela-Madikizela, longtemps égérie de la lutte contre la minorité raciste blanche.
A l'aube, la présidence avait donné le ton en annonçant que l'état de santé du père de la jeune démocratie multi-raciale sud-africaine "s'améliorait régulièrement".
Pour la première fois depuis le 23 juin, le terme d'"état critique" n'a pas été prononcé sans que l'on sache si Mandela est toujours sous assistance respiratoire.
Il communique en "utilisant ses yeux, hochant la tête", a précisé à l'AFP Ndileka Mandela, l'une des petites-filles au nombre des convives du déjeuner à l'hôpital.
Au menu, les plats favoris de la famille et de son illustre patriarche: "queue de boeuf, crevettes, boulettes (ou quenelles, ndlr) et légumes". Pour Graça Machel qui le veille jour et nuit et que Mandela a épousée en troisièmes noces le jour de ses 80 ans, c'était leur quinze ans de mariage. Une multitude d'actions caritatives ou symboliques ont marqué cette journée du 18 juillet dont l'ONU a fait un "Mandela Day", où chaque citoyen du monde est appelé à consacrer symboliquement 67 minutes au service des autres, en hommage à ses 67 années de militantisme.
Le "Mandela Day" a été institué en Afrique du Sud en 2009. Cette année, plus que jamais, hommes ou femmes politiques se sont fait photographier manches retroussées, prêtant la main à une oeuvre caritative. Il flottait comme un soupçon de récupération politique de la part des dirigeants actuels de l'Afrique du Sud, au pouvoir depuis 1994 et qui n'auront pas la partie facile aux élections de 2014.
De partout, les éloges ont afflué.
"Un homme extraordinaire et infatigable champion des droits de l'homme", a dit l'archevêque sud-africain Desmond Tutu. Mais aussi de "courage, gentillesse et humilité" (selon le président américain Barack Obama) et qui a "rendu sa dignité au peuple sud-africain" (pour le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius).
"Courage, persévérance et magnanimité", a aussi dit de lui le dernier président blanc d'Afrique du Sud Frederik de Klerk, avec lequel Mandela a négocié la fin de l'apartheid et reçu le Nobel en 1993.
Bill Clinton a raconté que Nelson Mandela avait éprouvé de la haine pour les autorités de l'apartheid qui l'ont maintenu en prison durant 27 années, mais qu'il avait réussi à surmonter ses "démons", preuve de sa grandeur. L'ancien dirigeant américain participait à une cérémonie spéciale à New York au siège des Nations unies dont le secrétaire général Ban Ki-moon a salué en Mandela "une immense figure de la lutte pour l'égalité et la justice". A Washington et dans d'autres villes américaines, des services religieux, des rassemblements et 67 minutes d'aides communaitaires diverses ont marqué la journée.
A Paris, la France, qui célèbre la saison culturelle de l'Afrique du Sud, a illuminé la Tour Eiffel aux couleurs sud-africaines.
95 ANS
C'EST LE CADEAU DE MANDELA À SON PAYS ET AU MONDE, SELON WINNIE
JOHANNESBURG (Gauteng), 18 juil 2013 (AFP) - Que l'ancien président sud-africain Nelson Mandela ait atteint l'âge de 95 ans, jeudi, malgré de nombreux séjours à l'hôpital depuis 2011, est un "cadeau" pour sa famille, son pays et le monde entier, a déclaré son ex-épouse Winnie Mandela-Madikizela.
Evoquant la perspective de la disparition de Mandela, qui fête son anniversaire sur un lit d'hôpital à Pretoria, Winnie a souligné sur la radio 702 le caractère "spécial" de la journée.
"C'est un cadeau non seulement pour la famille, compte tenu de l'épreuve que nous venons de traverser, mais aussi un cadeau pour le pays et pour le monde entier", a-t-elle dit.
"L'ANC a toujours été fière de sa direction collective" et "le jour où se produira ce que nous redoutons, le pays fera bloc et continuera car c'est cet héritage pour lequel nous avons sacrifié nos vies, afin que nos enfants ne revivent pas ce que nous avons vécu", a-t-elle dit.
Winnie a ainsi tenu à contredire "les oiseaux de mauvais augure prédisant que le pays s'arrêtera et toutes ces peurs qu'on peut comprendre" associées à au décès de Nelson Mandela.
Personnage controversé mais égérie de la lutte anti-apartheid, Winnie n'est plus l'officielle Mme Mandela depuis 1996, date du divorce, et elle n'a fait qu'un passage éclair comme ministre sous la présidence de Nelson Mandela (1994-99) dont elle fut renvoyée pour insubordination.
Toujours fringante à 76 ans, elle s'exprime volontiers dans les médias au sujet de Mandela. Mais elle s'est mise aux abonnés absents ou a laissé ses hommes de loi aller au front lorsqu'elle a été mise en difficulté, cette année, par la visite d'un huissier et la curiosité de la justice pour deux assassinats remontant à l'époque sombre des années 1980.
LE COMBAT SOLITAIRE DE MANDELA CONTRE LE GENOCIDE DES TUTSIS
Dakar, 18 juil (APS) – Le président Nelson Mandela a été ‘’une heureuse exception’’ en appelant ses collègues chefs d’Etat africains à assumer leurs responsabilités historiques face au génocide des tutsis rwandais qu’il a qualifié de ‘’honte’’ pour eux, rappelle l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop.
‘’La seule exception, encore une fois, mais c’est un homme tout à fait hors du commun, c’est Nelson Mandela (…) Il dit : ce qui est en train de se passer au Rwanda est une honte pour nous tous. L’Histoire nous jugera par rapport aux souffrances des victimes actuelles du Rwanda’’, rappelle Diop dans un long entretien accordé en 2009 au journaliste français Philippe de Sainteny.
Dans ce document audiovisuel disponible sur le site de l’Institut national de l’audiovisuel français (INA), il ajoute, résumant la position de l’ancien président sud-africain (1994-99) : ‘’Et il dit que si l’OUA (Organisation de l’Unité africaine) ne fait rien, l’Afrique du Sud enverra des troupes au Rwanda pour mettre fin aux massacres’’.
Au cours du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA que la Tunisie a accueilli du 13 au 15 juin 1994, l’Afrique du Sud a été admise en tant que 53-ème membre de l’organisation.
Nelson Mandela venait d’être le premier président démocratiquement élu de l’Afrique du Sud, quatre ans après sa sortie de prison. Il y avait passé plus de 27 ans suite à une condamnation, par le régime de l’Apartheid, à perpétuité pour ‘’sabotage’’.
‘’Mandela est une heureuse exception’’, commente Boubacar Boris Diop, en réponse à une question sur ‘’l’indifférence africaine’’ face à ce qui s’est passé au Rwanda, entre avril et juillet 1994, avec un bilan d’un million de morts en cent jours.
Cette prise de position claire du symbole de la lutte contre l’Apartheid contraste avec le jugement de l’Egyptien Boutros Boutros Ghali, alors secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, exprimé au cours du même sommet, à Tunis.
Boutros Ghali a dit, pendant le génocide, qu’au Rwanda, ‘’les Hutu tuent les Tutsi et les Tutsi tuent les Hutu. Ça veut dire : +ce sont des Africains qui s’entretuent, pas trop d’émotion+. Je pense que, sans qu’il l’ait jamais formulé ouvertement, Kofi Annan (secrétaire adjoint de l’ONU au même moment), aussi, l’a pensé’’, rappelle l’écrivain sénégalais.
Dakar, 18 juil (APS) – La vie de Nelson Mandela, son combat pour la liberté, la justice et la dignité humaine, son séjour carcéral à Robben Island, ont fait l’objet de films. Ce travail cinématographique commence en 1987, trois ans avant la libération de Madiba, avec la réalisation du téléfilm Mandela, de Philip Saville, avec Danny Glover dans le rôle de Nelson Mandela.
Nelson Mandela lui-même joue le rôle d'un professeur de Soweto à la fin du film Malcolm X de l’Américain Spike Lee sorti en 1992. Dans cette libre adaptation de la biographie de Malcolm X, il récite une partie d'un des discours les plus connus de Malcolm X.
Il cite l’activiste africain-américain : ‘’Nous déclarons notre droit sur cette Terre à être des êtres humains, d'être respectés comme êtres humains, de nous voir accordés les droits des êtres humains dans cette société, sur cette Terre, en ce jour, ce que nous avons l'intention d'amener à exister (...)’’.
Pour les mots de la fin de cette phrase, « par tous les moyens nécessaires », Mandela informe Spike Lee qu'il ne peut pas les prononcer devant la caméra, craignant que le gouvernement de l'apartheid ne l'utilise contre lui s'il le faisait. Le cinéaste d'accord avec lui et les dernières secondes du film montrent un montage en noir et blanc de Malcolm X lui-même prononçant la phrase.
Le film Mandela and de Klerk (1997) raconte la libération de Mandela. Son rôle y est interprété par Sidney Poitier, tandis que dans Goodbye Bafana (2007), sur son emprisonnement à Robben Island, Dennis Haysbert incarne Mandela, et y raconte sa relation avec son gardien James Gregory.
Le film le plus récent, et peut-être le plus connu, est Invictus de Clint Eastwood (2009), dans lequel Morgan Freeman joue le rôle de Nelson Mandela. L’œuvre a pour sujet la Coupe du monde de rugby qui s'est déroulée en Afrique du Sud et sur la façon dont Mandela s'en est servi pour désamorcer les tensions raciales.
Au mois de novembre prochain sortira sur les écrans le film Un long chemin vers la liberté, du réalisateur et producteur sud-africain Anant Singh, inspiré du récit autobiographique de Nelson Mandela.
L’acteur britannique Idris Elba incarnera Nelson Mandela dans ce film où plusieurs acteurs sud-africains ont décroché des rôles. Il a été tourné en différents endroits du Cap oriental, province où est né Mandela, à Johannesbourg et au Cap.
Dans Un long chemin vers la liberté, l’icône de la lutte anti-apartheid parle de son enfance, de sa carrière, ses luttes, les années passées en prison, sa libération et son élection à la présidence d’Afrique du Sud. Le livre est paru en 1994. Anant Singh en a acquis les droits en 1996.