JOHANNESBURG, 06 déc 2013 (AFP) - Plusieurs centaines de personnes de toutes les races se sont réunies pour chanter et danser dans la nuit pour une veillée improvisée devant le domicile de Nelson Mandela à Johannesburg, immédiatement après l'annonce de sa mort jeudi soir.
L'atmosphère était plus à la célébration qu'au recueillement, jeunes et vieux agitant des drapeaux, entonnant hymne national et chants anti-apartheid, criant des "Vive Mandela", tenant des chandelles, tandis que la police avait interdit le quartier à la circulation.
Des habitants de Johannesburg continuaient à arriver en masse dans la nuit, venus parfois de la township de Soweto où le Mandela de la lutte anti-apartheid avait sa maison, à 25 km de là. Des politiciens locaux se mêlaient à eux.
Certains brandissaient des drapeaux aux couleurs de l'ANC, le parti au pouvoir dont Nelson Mandela a été le plus célèbre militant. Les premiers bouquets ont fait leur apparition devant le mur de la maison.
"J'étais là quand il est sorti de prison. Je suis ici maintenant, et tout ça est irréel. Notre héros est parti", a dit à l'AFP Reginald Mokoena, un jardinier dans le quartier résidentiel de Houghton où résidait le héros national.
"Le vieil homme est parti, mais il n'est pas temps de pleurer", a-t-il ajouté. Ashleigh Williams, qui vit non loin de là, a expliqué qu'elle avait accouru après avoir appris la nouvelle à la télévision. "Je savais que ce jour viendrait, mais je peux dire que le combat de notre Madiba bien-aimé était juste, maintenant, il est temps qu'il se repose", a-t-elle dit, l'appelant de son nom de clan affectueusement repris par la majorité des Sud-africains.
"Mon coeur est empli de joie et de tristesse à la fois. Il laisse un grand héritage. (...) Je ne crois pas que personne pourra jamais prendre sa place."
"L'Afrique du Sud est ce qu'elle est aujourd'hui à cause des sacrifices qu'il a faits, un homme généreux et désintéressé. Il faut maintenant que nous gardions son esprit dans nos coeurs", a noté Thando Serote, venu de Soweto.
"Je suis ici parce que c'est le plus désastreux jour de ma vie en Afrique du Sud. Nous venons de perdre le père de notre nation. J'ai entendu la nouvelle et il fallait que je voie, juste pour dire un dernier adieu", a renchéri Ebrahim Omar.
"Pour le monde, il était une icône. Pour nous, il était notre leader, notre héros", a dit un autre participant à cette veillée, avant de se mettre à chanter. Nelson Mandela est mort jeudi soir, à l'âge de 95 ans.
Il était rentré chez lui le 1er septembre, après avoir passé près de trois mois à l'hôpital après une rechute de son infection pulmonaire et probablement d'autres complications. Il se trouvait dans un état critique depuis plus de cinq mois, selon la présidence sud-africaine.
MANDELA, CE SOURIRE QUI VENAIT DU PLUS PROFOND DE L’ÂME
JOHANNESBURG, 05 déc 2013 (AFP) - (L'auteur de ce témoignage, Bryan Pearson, un Sud-Africain, a été correspondant de l'AFP en Afrique du Sud de 1990 à 1999. Il a, à ce titre, suivi le parcours de Nelson Mandela depuis sa sortie de prison jusqu'à son départ du pouvoir).
Mais qu'est-ce qui rendait Mandela si spécial ?
A part, bien sûr, le fait d'avoir croupi vingt-sept ans dans les geôles de l'apartheid et d'en avoir émergé sans la moindre rancune. A part son insistance pour que la "réconciliation" soit au centre d'une commission de vérité constituée pour soigner les plaies infligées à l'Afrique du Sud par des décennies de haine raciale.
A part son apparition sur le terrain de la finale de la Coupe du monde de rugby en 1995, un maillot des Springboks sur les épaules, courageux appel au pays pour qu'il s'unisse derrière une équipe sud-africaine composée en grande majorité de Blancs.
Et à part son départ de la présidence de l'Afrique du Sud au terme de son premier mandat, contrairement à tant de dirigeants dans le monde qui, une fois qu'ils ont goûté au pouvoir, s'accrochent à lui jusqu'à ce qu'il les détruise ou jusqu'à ce qu'ils détruisent les pays qu'ils gouvernent.
Voilà les qualités les plus connues du héros de la lutte contre l'apartheid. Mais pour les journalistes qui ont eu la chance de suivre son remarquable parcours, depuis sa sortie de prison en 1990, pendant les années de transition jusqu'aux premières élections présidentielles multiraciales de 1994 et jusqu'à ce jour de 1999 où --trop tôt pour certains-- il tira sa révérence, Nelson Mandela était plus que cela. Beaucoup plus que cela. Il n'était pas un politicien comme les autres. Couvrir "l'histoire Mandela" vous marquait pour la vie.
Il nous incitait tous à devenir de meilleurs êtres humains ou, plus exactement, à reconnaître les vertus de la réconciliation à une époque où les Sud-Africains, blancs ou noirs, subissaient encore les stigmates de l'apartheid.
J'assiste à un meeting de campagne dans la township d'Alexandra, dans la banlieue de Johannesburg. La tension est extrême. Mandela prend la parole devant une foule imprégnée de sentiments anti-Blancs après un énième massacre de Noirs attribué à la "Troisième force" --des barbouzes blancs qui cherchent à torpiller par la violence le processus de démantèlement de l'apartheid.
Et puis, brusquement, il s'arrête de parler. Il montre du doigt une femme blanche qui se tient debout parmi les participants, un peu en retrait. "Cette femme, là-bas", dit-il avec un large sourire. "Elle m'a sauvé la vie."
Il l'invite à monter sur scène et l'embrasse chaleureusement. Il raconte qu'en 1988, alors qu'il était incarcéré dans la prison de Pollsmoor, près du Cap, il avait été hospitalisé après avoir attrapé la tuberculose et que c'était cette femme, une infirmière, qui l'avait soigné.
Mandela réussissait à renverser l'humeur de la foule. Les grondements vengeurs se taisent, noyés sous les murmures d'approbation. Il y a aussi ce jour où Mandela, devenu président de l'Afrique du Sud, accueille une réunion de la Communauté de développement d'Afrique australe.
Pratiquement tous les chefs d'Etat et de gouvernement de la région sont là. Depuis le matin, les journalistes attendent une conférence de presse qui n'arrive pas. Une reporter radio, très agitée, doit s'éclipser en milieu d'après-midi pour récupérer son fils à l'école, en priant pour que la conférence de presse ne démarre pas pendant son absence. Heureusement pour elle, elle revient juste à temps, accompagnée de son gamin dont la "chemise Madiba" tranche avec les costumes stricts de l'assistance.
En entrant dans la salle avec les autres dirigeants, Mandela remarque l'enfant. Sans hésiter, il se dirige vers lui, lui serre la main et lui dit:
"Bien le bonjour. Comme c'est gentil d'avoir pris le temps de venir parmi nous malgré votre emploi du temps chargé!" Le gamin rayonne, sa mère aussi. Les journalistes sont enchantés et les présidents et Premiers ministres ont l'air de bien s'amuser.
Il en allait toujours ainsi. Nous étions émerveillés en voyant Mandela s'adapter sans difficulté à son nouveau rôle d'homme d'Etat d'envergure mondiale. Nous étions émus lorsque, de temps en temps, il laissait entrevoir son côté humain. Pendant son divorce, il avait confié publiquement que la femme qu'il aimait si profondément, Winnie, n'avait pas passé une seule nuit avec lui depuis sa sortie de prison. L'activiste Strini Moodley, incarcéré à Robben Island, raconte que Mandela avait toujours une photo de Winnie avec lui dans sa cellule. Un jour, Moodley demande à emprunter l'image pour réaliser un croquis. "Tu peux l'avoir pendant la journée, mais la nuit elle revient avec moi", lui répond Mandela.
Pendant la campagne électorale, Nelson Mandela n'oubliait jamais de demander aux journalistes s'ils avaient bien dormi et s'ils avaient bien pris leur petit-déjeuner. Il connaissait beaucoup de reporters et de photographes par leur nom. Il s'arrêtait souvent pour bavarder avec eux, en commençant toujours par un: "Comme c'est bon de vous revoir!"
Un des moments les plus emblématiques de ses efforts permanents pour réconcilier les Sud-Africains fut sa visite à Betsie Verwoerd, la veuve de l'architecte de l'apartheid Hendrik Verwoerd, l'homme qui l'avait, de fait, envoyé en prison.
C'est sous Verwoerd, Premier ministre de 1958 jusqu'à son assassinat en 1966, que le Congrès national africain (ANC) et le Parti communiste avaient été mis hors la loi. Contraint à la clandestinité, Mandela avait été arrêté et condamné à la prison à vie, en 1964, pour "actes de sabotage" et "complot en vue de renverser le gouvernement".
Le "Thé avec Betsie" se déroula au domicile de cette dernière, dans une enclave blanche connue sous le nom d'Orania, au nord-est du Cap, en août 1995.
Mme Verwoerd, alors âgée de 94 ans, n'a jamais révélé grand-chose sur cette rencontre, se contentant de dire qu'elle était contente que le président lui ait rendu visite. Sa petite-fille, Elizabeth, s'était avérée moins accueillante, affirmant qu'elle aurait préféré que Mandela devienne "le président d'un pays voisin".
Mandela était digne. Il était généreux. Il devait affirmer plus tard qu'il avait été reçu à Orania "comme à Soweto", la gigantesque township noire de Johannesburg dont il est le héros. Toujours prêt à rappeler qu'il s'inscrivait dans la lignée de nombreux dirigeants sud-africains, il avait posé pour les photographes au pied d'une statue de Verwoerd haute d'environ 1,80 m. "Vous avez érigé une bien petite statue pour cet homme", avait-il même dit aux résidents d'Orania en prenant un air déçu.
Quelques mois plus tôt, le 27 avril 1994, les journalistes s'étaient massés dans une école près de Durban où Mandela devait voter lors des premières élections multiraciales à avoir lieu dans le pays. Je me souviens avoir pensé: "Est-ce que tout cela est bien réel ?
Est-ce que Mandela est bien en train de voter? Est-ce que l'apartheid est vraiment en train de se terminer?"
Oui, c'était bien le cas. Dans un bref discours, Mandela avait salué l'aube d'une "Nouvelle Afrique du Sud où tous les Sud-Africains sont égaux". Puis il avait déposé son bulletin dans l'urne et, rayonnant sous le soleil matinal, il avait souri. Un long sourire. Un sourire heureux.
Le genre de sourire qui, on le sent, n'est pas destiné aux caméras. Le genre de sourire qui vient du très profond de l'âme. Et dans le cas de Mandela, d'une âme d'une grande rareté, et d'une grande sagesse.
GDANSK (Pologne), 05 déc 2013 (AFP) - Lech Walesa, chef historique du syndicat polonais Solidarité et Prix Nobel de la paix 1983, a rendu hommage à Nelson Mandela "un grand symbole de la lutte contre l'apartheid et le racisme", décédé jeudi. "Un grand homme est mort.
Avec le pasteur Martin Luther King et l'archevêque Desmond Tutu, il était un grand symbole de la lutte contre l'apartheid et le racisme, en faveur de l'égalité. Tel, il restera dans la mémoire du monde et dans la mienne", a déclaré Lech Walesa à l'AFP.
"L'Afrique du Sud a eu la chance d'avoir aussi Frederik Willem de Klerk. Grâce à ces deux hommes, elle a réussi des changements relativement pacifiques et elle a mis fin aux divisions entre les gens privilégiés dans la vie et les autres", a souligné l'ancien président polonais.
"Margaret Thatcher vient de partir. Avant elle c'était le pape Jean Paul II et aujourd'hui Nelson Mandela. Chacun d'eux a oeuvré pour briser les divisions en Europe ou dans la vie des gens.
Encore un grand opposant aux divisions du XXe siècle qui est mort", a regretté Lech Walesa. L'homme symbolisant la lutte contre le système communiste en Europe de l'Est a déploré n'avoir jamais rencontré Nelson Mandela alors qu'une telle rencontre était prévue en 2009, lors d'une conférence en marge du championnat du monde de football en Afrique du sud.
"Les autorités sud-africaines ont refusé d'y inviter un autre grand personnage, le Dalaï Lama, alors, d'un commun accord avec M. Mandela, l'archevêque Tutu et le président de Klerk, nous avons solidairement décidé de refuser la participation à cette conférence", a-t-il rappelé.
JOHANNESBURG, 05 déc 2013 (AFP) - Nelson Mandela s'est investi dans la défense de multiples causes après avoir quitté la présidence de l'Afrique du Sud, mais aucune ne l'a mobilisé autant que la lutte contre le sida, la maladie qui ravage le pays et devait emporter son propre fils.
Mandela a peu parlé du sida tant qu'il était chef de l'Etat entre 1994 et 1999, alors que l'infection progressait très rapidement. Une retenue qui est sans doute sa principale erreur à la présidence. Il devait se faire entendre de plus en plus ensuite, au fur et à mesure que la pandémie révélait son ampleur terrifiante en Afrique australe.
"Les Africains sont très conservateurs en matière de sexe. Ils ne veulent pas que l'on en parle", a-t-il déclaré pour expliquer son silence initial. "Je leur disais que nous étions touchés par une épidémie qui allait balayer notre nation si nous ne prenions pas de précautions. Je me rendais compte que j'offensais mon public. Ils se regardaient les uns les autres, horrifiés."
C'est une fois à la retraite que Mandela a commencé, notamment par le biais de la fondation qui porte son nom, à dénoncer le taux record de VIH-sida dans ce pays où près de 6 millions de personnes sont contaminées, soit un sixième des infections dans le monde.
En décembre 2000, il affirmait que "le VIH-sida est pire qu'une guerre". "Alors que nous sommes en train de parler, des milliers de gens en meurent. Mais cette guerre peut être gagnée", soulignait-il.
Deux ans plus tard, il critiquait implicitement son successeur, le président Thabo Mbeki, qui exprimait des doutes sur le lien entre le virus VIH et le syndrome immuno-déficitaire selon lui lié à la pauvreté.
"Le débat sur des questions essentielles concernant le VIH se développe de telle façon qu'il nous distrait de ce qui devrait nous mobiliser pour combattre cette menace majeure pour notre avenir", avait lancé Mandela en février 2002.
Le mois suivant, il déclarait aux journalistes que les séropositifs devraient avoir accès gratuitement aux antirétroviraux (ARV). Une prise de position radicale à un moment où le Congrès national africain (ANC, au pouvoir) s'opposait à leur distribution dans les hôpitaux publics, demandant des tests sur leur toxicité.
En juillet 2002, Mandela convainquait le militant de la lutte anti-sida Zackie Achmat de cesser sa "grève des médicaments". Le leader de la coalition Treatment Action Campaign (TAC), malade du sida, refusait de se soigner tant que le gouvernement n'offrait pas l'accès aux ARV gratuits pour tous.
Soumis à des pressions nationales et internationales croissantes, le gouvernement Mbeki approuvait en août 2003 un programme limité d'accès aux ARV dans les hôpitaux publics.
La même année, le héros de la lutte anti-apartheid lançait sa campagne mondiale "46664" dont les concerts géants, avec des vedettes comme le chanteur Bono du groupe U2, visaient à alerter autant qu'à collecter des fonds.
Cette campagne, portant le numéro de prisonnier de Mandela lorsqu'il était enfermé au bagne de Robben Island, appelait les gouvernements de la planète à faire de la pandémie une urgence mondiale. "Le sida n'est plus seulement une maladie, c'est un problème de droits de l'Homme", soulignait-il lors du concert de novembre 2003.
En janvier 2005, l'ancien avocat avait prononcé une émouvante plaidoirie en annonçant la mort de son fils aîné, Makgatho, que la maladie venait d'emporter à l'âge de 54 ans. "Depuis quelque temps déjà, je dis qu'il faut parler publiquement du sida et ne pas le cacher.
Le seul moyen de montrer qu'il s'agit d'une maladie normale, comme la tuberculose ou le cancer, est de dire ouvertement que quelqu'un est mort du sida", avait-il déclaré, le visage marqué par le chagrin. "C'est pourquoi je vous ai convoqués ici aujourd'hui: pour annoncer que mon fils est mort du sida."
Lui rendant hommage, le directeur exécutif d'Onusida Michel Sidibé a estimé qu'"il a été celui qui nous a vraiment aidés à briser la conspiration du silence".
L'Afrique du Sud a nettement accéléré ses efforts contre la pandémie ces dernières années. Fin 2013, le pays distribuait des ARV à plus de 2 millions de séropositifs, soit le plus important programme de ce type au monde.
NELSON MANDELA EST MORT
DERNIÈRE MINUTE : L’ANCIEN PRÉSIDENT SUD-AFRICAIN EST DÉCÉDÉ À L’ÂGE DE 95 ANS
L'ancien président sud-africain Nelson Mandela est mort ce jeudi soir à Johannesburg à l’âge de 95 ans. L’informationa été annoncée par le président sud-africain Jacob Zuma, selon plusieurs médias consultés par SenePlus.
«Notre bien aimé Nelson Mandela, le fondateur de notre République, est parti. Notre peuple a perdu son père, a déclaré Zuma à la télévision. Nous avons une dette de gratitude à la famille Mandela qui a tellement sacrifié pour que notre peuple soit libre.»
Des funérailles nationales sont annoncées.
Madiba est mort après avoir longtemps lutté contre la maladie. Son état était critique, mais les membres de sa famille ne cessaient d’assurer que l’icône de la lutte contre l’apartheid allait de mieux en mieux. Il a été à plusieurs reprises hospitalisé.
LES SUD-AFRICAINS DEJA NOMBREUX AU CINÉMA POUR REVIVRE L’ÉPOPÉE MANDELA
SOWETO (Afrique du Sud), 28 nov 2013 (AFP) - Les Sud-Africains commençaient à se presser nombreux au cinéma jeudi pour la sortie en salles du film événement tiré de l'autobiographie de Nelson Mandela dans un pays qui continue d'exorciser les heures sombres du combat contre le racisme et l'apartheid.
Fresque historique de près de deux heures et demie, allant de l'enfance à l'élection de Mandela en 1994, "Long Walk to Freedom" a reçu ses premiers spectateurs dès la fin de matinée, bénéficiant d'un jour de sortie anticipée dans un pays où l'affiche change en principe le vendredi.
"C'est la première fois qu'on a tant de monde un jeudi. Pour la séance de 20h00 ce soir, on a déjà des réservations et samedi ce sera plein", se réjouissait Mpumi Nkosi, la gérante d'un cinéma de Soweto, non loin de l'ancienne maison de Mandela.
Visiblement remuée, Mapulane Tsilo, 39 ans, a confié avoir "beaucoup pleuré". Comme pour beaucoup de Sud-Africains le film parle aussi de sa vie à elle. Elle était là au stade d'Orlando en 1990 pour le premier grand meeting de Mandela après sa libération en 1990. Et elle avait pris un jour de congé exprès pour voir le film. "Eeeesch...je ne sais pas m'exprimer.
Quand j'ai vu la police blanche qui nous tuait, j'ai eu la haine, ne me jugez pas. Et ça m'a traumatisé de voir quand ils découpaient les lettres de Mandela (pour censurer certains passages, ndlr), ou quand ils lui ont interdit d'aller à l'enterrement de sa mère et de son fils", avouait cette habitante du township, décidée à aller revoir le film en famille.
"Mandela c'était comme Jésus" "Mandela c'était comme Jésus, mais maintenant ?", ajoute-t-elle, alors que l'ANC au pouvoir est accusé de ne pas avoir assez transfomé le pays et de trahir l'idéal de justice et de démocratie qui animait le combat contre le régime de la minorité blanche.
Son compatriote Muzilkhe Nelson, 39 ans, chauffeur de camions, mettait lui pour la première fois les pieds au cinéma en pleine après-midi. Membre de l'ANC, il voulait voir le film pour apprendre des détails historiques qui lui aurait encore échappé.
Primerose Bandla, 46 ans, faisait la queue pour acheter ses billets à l'avance, "très enthousiaste", tout comme Gertrud Botha, autre rondelette habitante de Soweto: "C'est Tata, notre père. Je veux vivre sa vie et même si c'est douloureux, je veux ressentir la souffrance par laquelle il est passé", dit-elle.
Xolani Jamjan, 25 ans, venu avec sa petite amie, avait opté pour quelque chose de "plus léger", préférant "voir seul de son côté" le film sud Mandela "à cause des émotions, de l'héritage historique, c'est un film sérieux, une histoire vraie".
Lancement dans plus de 100 cinémas S'il était besoin, une grande campagne de publicité a précédé le lancement dans plus de 100 cinémas et le film bénéficie du début des grandes vacances de l'été austral. Les premiers chiffres du box-office sortiront lundi mais personne ne doute du succès.
"Ce n'est pas un film seulement sur Mandela, mais sur le pays tout entier, sur moi, sur où je suis maintenant et sur là où j'aurais pu être", s'exclame Silindile Molomo, une autre spectatrice les yeux rougis par les larmes, interceptée cette fois dans le quartier de Rosebank, près de là où l'ancien président est toujours soigné.
Agé de 95 ans, M. Mandela, ne reçoit pratiquement plus de visite, sauf ses proches et sa maison a été transformée en mini-hôpital après qu'une infection pulmonaire a failli lui être fatale en juin. Il est toujours dans un état "stable mais critique".
Le film "montre la violence et les préjugés qu'il y avait avant mais il montre aussi la compassion à la fin, des deux côtés. C'est vraiment bien", a réagi Jaco Nel, un jeune Afrikaner, issu des descendant des premiers colons blancs.
"J'ai bien aimé la fin", résumait en écho une lycéenne de Soweto, âgée de 16 ans, Kutlwano Magaba, "car finalement les Noirs obtiennent la liberté et l'Afrique du Sud est maintenant une démocratie". Le film sort vendredi aux Etats-Unis et le 18 décembre en France.
VENTE AUX ENCHERES D'AUTOGRAPHES DE MANDELA MERCREDI A JOHANNESBURG
JOHANNESBURG, 21 nov 2013 (AFP) - Un collectionneur sud-africain met aux enchères mercredi prochain à Johannesburg un lot de 79 photographies, souvenirs et documents signés de la main de l'ancien président Nelson Mandela, a-t-on appris auprès de la maison Stephan Welz & Co.
Parmi les plus belles pièces de cette vente, figure un tirage noir et blanc de Mandela, alors âgé de 78 ans, défiant aux poings le boxeur américain Mohammed Ali, et portant la signature de ces deux champions du combat contre la ségrégation.
L'acheteur, qui devra prendre la totalité du lot mis à prix 800.000 rands (59.000 euros), mettra aussi la main sur des photos de plusieurs moments historiques de la vie de Mandela, toutes dédicacées et le plus souvent accompagnées d'un certificat d'authenticité.
Sur une photo, par exemple, il pénètre dans un stade de Soweto sous les acclamations de la foule au bras de son épouse Winnie, au lendemain de sa libération après vingt-sept ans de prison en février 1990. Sur une autre encore, il pose avec le rugbyman François Pienaar, immortalisant la victoire de l'Afrique du Sud à la Coupe du monde de 1995.
Tous ces documents sont signés de la main du héros de la lutte anti-apartheid, de même que la bouteille de vin de ses 90 ans, des casquettes des Springboks, des livres, discours, etc..
"Les pièces ont été accumulées pendant quatorze ans et toutes achetées", a indiqué à l'AFP Stefo Tufegdzic, un responsable de la maison de vente, qui affirme que "c'est probablement la plus grande vente de souvenirs liés à Mandela".
La vente a lieu le 27 novembre à 17H00 GMT. Le nom du collectionneur, qui réservera "un petit pourcentage des gains à des oeuvres de charité", est tenu secret.
Nelson Mandela, aujourd'hui âgé de 95 ans, vit de nouveau dans sa maison de Johannesburg, médicalisée à la suite de son hospitalisation du 8 juin au 1er septembre après une rechute de son infection pulmonaire et probablement d'autres complications.
Le président sud-africain Jacob Zuma a dit lundi qu'il était toujours dans "un état stable mais critique" après lui avoir rendu visite.
PREMIERE SORTIE EUROPEENNE EN FRANCE POUR ''MANDELA, LONG WALK TO FREEDOM''
JOHANNESBURG, 14 oct 2013 (AFP) - La France sera le premier pays européen où sortira le 18 décembre le film "Mandela, Long Walk to Freedom", adapté de l'autobiographie de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, a indiqué lundi le producteur du film.
Le distributeur français "Pathé sortira le film (...) sur plus de 350 écrans, et ça sera la première sortie de cette ampleur pour un film sud-africain", a déclaré le producteur Anant Singh à l'agence Sapa.
Pathé croit que le film plaira au public, car le héros de la lutte anti-apartheid est particulièrement apprécié dans l'Hexagone, a-t-il ajouté en marge d'une visite d'Etat du président français François Hollande en Afrique du Sud.
Le film s'appuie sur l'autobiographie de Nelson Mandela "Un long chemin vers la liberté", publiée après sa sortie de prison en février 1990, après vingt-sept années passées dans les geôles du régime raciste de l'apartheid.
Présentée au festival international du film de Toronto en septembre, cette fresque de plus de deux heures trente a été réalisée par le Britannique Justin Chadwick ("Deux soeurs pour un roi"), l'acteur britannique Idris Elba ("Pacific Rim", "Prometheus") incarnant Mandela.
Le film doit sortir le 28 novembre en Afrique du Sud. Nelson Mandela, qui fut le premier président noir de son pays de 1994 à 1998, a aujourd'hui 95 ans.
Hospitalisé du 8 juin au 1er septembre pour une rechute d'une infection pulmonaire et probablement d'autres complications, il vit de nouveau dans sa maison de Johannesburg, qui a été médicalisée.
Transféré d'urgence à l'hôpital en juin dans un état grave, le héros national sud-africain avait frôlé la mort le 23 juin. Puis il s'est progressivement rétabli, et va aussi bien que possible selon sa famille.
NELSON MANDELA "VA BIEN", SELON SON EX-EPOUSE WINNIE
JOHANNESBURG, 06 oct 2013 (AFP) - L'ancien président sud-africain Nelson Mandela, 95 ans, rentré chez lui le 1er septembre après avoir passé près de trois mois à l'hôpital, "va bien", a assuré dimanche son ex-épouse Winnie Madikizela-Mandela.
"Il va bien. Les esprits de l'Afrique, ses ancêtres, nos ancêtres, le gardent (en vie) pour nous tous", a dit Winnie à la radio-télévision publique SABC.
Nelson Mandela, hospitalisé du 8 juin au 1er septembre pour une rechute de son infection pulmonaire et probablement d'autres complications, vit de nouveau dans sa maison de Johannesburg, qui a été médicalisée. Transféré d'urgence à l'hôpital en juin dans un état grave, Mandela avait ensuite frôlé la mort le 23 juin. Puis il s'était progressivement rétabli, fêtant ses 95 ans le 18 juillet.
Mbuso Mandela, l'un des petits-fils du héros de la lutte anti-apartheid, avait raconté à un journal local le 26 septembre que son grand-père allait "beaucoup mieux", et qu'il était capable de s'asseoir, et de "regarder autour de lui", alors que sa famille lui rendait visite.
UN RESEAU SOCIAL NELSON MANDELA LANCE SUR INTERNET
JOHANNESBURG (Gauteng), 22 août 2013 (AFP) - L'ancien président sud-africain Nelson Mandela, toujours hospitalisé dans un état grave à 95 ans, avait déjà des rues à son nom, des fondations et un fan-club. Il a désormais son propre réseau social sur internet.
Deux de ses petits-enfants ont créé la plateforme mandela.is, sur laquelle les visiteurs, appelés "citoyens", peuvent laisser des messages, poster des photos ou partager des pensées avec pour objectif d'étendre l'aura du héros de la lutte anti-apartheid dans le monde entier.
"C'est un réseau social qui se nourrit de l'inspiration que suscite mon grand-père au niveau mondial", explique Ndaba Mandela, l'un des deux petits-fils qui, à 30 ans, est à la tête d'une énième initiative familiale surfant sur la célébrité de Mandela.
"Les gens peuvent raconter ce que Mandela les a incités à faire, comment il les a encouragés à rendre service à leur communauté", ajoute le jeune homme, président d'Africa Rising, un organisme à but non lucratif qui veut encourager l'innovation et le développement en Afrique.
Nelson Mandela est un véritable héros dans son pays et un symbole de la paix et de la réconciliation nationale dans le monde.
Après vingt-sept ans passés en prison pour avoir combattu le régime ségrégationniste de l'apartheid, il a réussi à rassembler une Afrique du Sud profondément divisée, devenant le premier président noir du pays en 1994.
Il y a quatre ans, les Nations unies ont même fait de sa date d'anniversaire, le 18 juillet, le "Jour de Mandela", appelant chacun à passer 67 minutes à faire le bien, un chiffre correspondant au nombre d'années d'activisme de "Madiba", le surnom de Mandela.
Mais ses quatre hospitalisations successives cette année ont rappelé aux Sud-Africains que le héros national n'est pas immortel. Plusieurs milliers de membres "Nous ne rendons hommage à nos héros, à nos chefs qu'une fois qu'ils sont morts", regrette Ndaba, qui développe le site en association avec son cousin Kweku, âgé de 28 ans et associé d'une maison de production.
"Nous voulons faire bloc comme une famille et dire +n'attendons pas qu'il soit décédé, commençons à le célébrer tant qu'il est encore vivant, capable de bouger, parler et communiquer+." Les deux fondateurs sont les fils des enfants que Mandela a eus avec sa première femme, Evelyn.
Discrètement lancé en mars, le site bizarrement hébergé en Islande, encore dans sa version provisoire, compte plusieurs milliers de membres, dont certains sont déjà très actifs. C'est le cas de Kukogho Samson, un journaliste nigérian de 28 ans, qui y poste souvent ses poèmes.
Kathleen Ndongmo, chef d'entreprise camerounaise de 34 ans, y parle de la justice en Afrique, condamnant les mariages forcés d'enfants au Nigeria et la corruption en Guinée.
La plateforme reprend aussi des histoires publiées sur Facebook et Twitter, les messages étant estampillés de mots-clés comme "inspiration", "héros de tous les jours" et "acte de bonté désintéressé". Elle abrite aussi quelques messages religieux.
L'ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, vient d'y mettre son nez. Sa conception s'inspire largement du réseau social dédié à la célèbre chanteuse britannique Lady Gaga, Little Monsters, mis au point par la start-up de la Silicon Valley Backplane, qui est aussi associée au développement de mandela.is.
Près d'un million de personnes se sont inscrits à littlemonsters.com pour acheter des places de concerts, partager des photos ou connaître les dernières informations sur leur idole.
Son agent Troy Carter explique avoir créé Backplane pour réunir des gens partageant les mêmes centres d'intérêt dans "un réseau social unique centré autour d'une marque". Les cousins Mandela espèrent que mandela.is aura la même force de frappe.
Ils envisagent même de tirer des bénéfices du site internet, dont une partie pourrait financer la fondation Africa Rising. "C'est une entreprise comme n'importe quelle autre", affirme Ndaba, tout en insistant sur le fait que la priorité est "de créer une plateforme crédible, respectable et agréable pour les utilisateurs".
"Il ne s'agit pas de faire de l'argent mais de faire comprendre aux gens qui est Nelson Mandela et de faire en sorte qu'ils agissent pour le bien de leur communauté", insiste-t-il.