QUNU (Afrique du Sud), 15 déc 2013 (AFP) - Une raie nette sur le côte gauche du crâne, des yeux en amande : Ayanda Mbatyothi ressemble étrangement à Nelson Mandela jeune homme. Dimanche, l'icône mise en terre, son sosie a promis de continuer à faire vivre ses valeurs.
"Madiba n'a jamais oublié le peuple. Je vais essayer de continuer à porter cette idée", a assuré à l'AFP cet homme de 37 ans, né dans un township déshérité de l'est de l'Afrique du Sud, et qui fait profession de sa ressemblance avec le héros national.
"C'est une forte responsabilité", ajoute ce sosie professionnel d'une voix très ressemblante à celle de son modèle, décédé le 5 décembre à 95 ans et enterré dimanche dans son village d'enfance, Qunu, à un millier de kilomètres au sud de Johannesburg.
Le sosie avait fait le déplacement pour les funérailles d'Etat, mais son apparence n'a pas suffi à lui ouvrir les portes de la propriété des Mandela, sévèrement gardées par nombre de policiers et militaires.
Pourtant, il ressemble énormément à Nelson Mandela avant son arrestation en 1962 par le régime raciste d'apartheid et sa condamnation, dans la foulée, à la prison à vie pour "trahison".
Il peut d'ailleurs réciter, avec les accents du militant d'alors, le célèbre discours prononcé par Mandela lors de son procès: "Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique (...) C'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir."
La ressemblance est encore plus troublante quand Ayanda Mbatyothi prend la pose, mimant un mouvement de boxe, en référence à une photo universellement connue de Mandela, prise en noir et blanc dans les années 50 dans le township de Soweto.
Les passants s'arrêtent souvent en le croisant, pour bien le regarder avant de repartir perplexes, raconte-t-il, en ajoutant que même Mandela avait été surpris par son allure.
Au milieu des années 90, Ayanda Mbatyothi avait assisté à un meeting du Congrès national africain (ANC), le parti de la lutte anti-apartheid, au pouvoir depuis l'avènement de la démocratie en 1994, et avait tapé sur l'épaule de son président, en empruntant ses accents: "Ah, vous êtes mon jumeau".
"Mandela s'est tourné vers moi, a dit + Mon Dieu!+ et s'est mis à rire", raconte le sosie, qui a incarné le Nobel de la Paix dans un film sud-africain sur Mandela et un documentaire sur l'ANC, notamment.
Comme son mentor, il participe aussi régulièrement à des événements caritatifs.
Dans ses dernières années, "Madiba avait l'habitude d'organiser des fêtes de Noël pour les enfants, rappelle-t-il. J'ai décidé de faire l'inverse: je suis un jeune Mandela et j'organise une fête de Noël pour les personnes âgées".
Alors que l'Afrique du Sud pleure le départ de son héros, Mbatyothi s'inquiète pour l'avenir de son pays, où la pauvreté et les inégalités restent criantes. "Maintenant qu'il est parti, je ne sais pas bien où notre pays va aller..."
"Mais je vais essayer de dédier ma vie à être de plus en plus comme lui", ajoute-t-il dans un sourire éclatant, tellement proche de celui du père de la Nation arc-en-ciel.
Dakar, 15 déc (APS) – Artistes, hommes politiques, acteurs de la société civile et étudiants ont chanté, dansé et prié samedi soir à Dakar, pour rendre hommage au héros de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, Nelson Mandela, décédé le 5 décembre à l’âge de 95 ans, et inhumé ce dimanche à Qunu, le village de son enfance.
La soirée musicale a démarré par la chanson culte "Asimbonanga" du groupe sud-africain Savuka, dirigé par Johnny Clegg, qui a dédié ce morceau à Mandela, dans les années 1980. La chanson fera danser plus tard le héros de la lutte anti-apartheid, après sa libération de prison. Un jour de 1999, après son retrait du pouvoir, Mandela monta alors sur scène pour en redemander à Clegg et son groupe, qu’il accompagna de petits pas de danse, lors d’un concert.
A son interprétation par l’Orchestre national du Sénégal succède une minute de silence et de prières des membres du Mouvement "Mandela Ba Faw" ("Mandela pour l’éternité", en wolof), du G88 (Génération 88) et de leurs invités, dans les jardins de la Maison de la culture Douta seck (MCDS).
"L’Afrique et le monde ont perdu un vaillant homme", déclare au micro le maître de cérémonie, l’animateur de radio Michael Soumah. "La musique faisait partie de la vie de Mandela", affirme-t-il, comme pour justifier la présence du public à la MCDS. Un public venu rendre hommage au "dernier héros du siècle dernier", souligne Souleymane Gaye du Mouvement "Mandela Ba Faw".
La soirée s’est déroulée de 19h50 à 23 heures, tout en reggae, mbalax, folk, discours et prières. Comme depuis le décès de Nelson Mandela, orateurs et musiciens ont rivalisé de superlatifs pour parler du premier président noir d’Afrique du Sud, en présence de l’ambassadeur de ce pays au Sénégal. Et des députés et hommes politiques Elhadji Diouf, Mamadou Lamine Diallo et Talla Sylla, de l’avocat Demba Ciré Bathily et leurs camarades du G88. Cette association réunit les membres du mouvement étudiant sénégalais des années 1980.
"Merci de nous avoir permis de négocier notre liberté ici, dans votre pays. C’est très heureux de vous avoir vus vous mobiliser pour cela", lance l’ambassadeur sud-africain, en faisant allusion à la solidarité sénégalaise avec les victimes de l’apartheid, surtout pendant les années 1980.
L’équité, la justice… Les valeurs pour lesquelles Mandela a passé 27 ans en prison, avant d’être libéré en 1990, sont chantées par les musiciens et évoquées par les orateurs, dont le professeur Babacar Diop Buuba, en torpédo et veste "trois pièces" pour la circonstance.
"Beaucoup de batailles économiques restent à gagner par l’Afrique, qui a gagné des batailles politiques", lance Buuba Diop, paraphrasant Mandela. Et cet historien de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar d’évoquer le massacre d’une trentaine d’ouvriers des mines réclamant une hausse de leur paie, à Maricana (Afrique du Sud), en 2012. Pour dire combien les luttes sociales "et les batailles économiques" restent d’actualité sur le continent.
"Mandela vaut bien une chandelle : celle d’une Afrique debout et fière", lance, depuis le podium de la MCDS, un porte-parole du G88, Boubacar Mbodj. Il loue l’"intelligence politique", l’"humanisme", le refus de "l’injustice, du racisme et de la xénophobie", le culte de "la solidarité" et du "partage", "le don de soi et la responsabilité", qui font ensemble "le Mandela Spirit" (l’esprit Mandela).
"Tu t’es dressé sans trébucher devant la toute-puissance d’un régime bestial et sanguinaire", martèle-t-il. Il fait allusion au régime de ségrégation raciale dirigé par les Blancs en Afrique du Sud, pendant plusieurs décennies.
Sur le podium, Fadel Barro du mouvement citoyen "Y en marre" rapporte le débat sur la vie et l’œuvre de Mandela au contexte social et économique sénégalais. "Si Mandela était Sénégalais, est-ce qu’il accepterait de vivre dans un pays où des enfants errent dans les rues ? Est-ce qu’il allait accepter que la plupart des Sénégalais vivent sans électricité et que les hôpitaux soient comme ils sont aujourd’hui ?" s’interroge-t-il. Aussi demande-t-il à l’assistance d’"incarner" les modèles comme Mandela et d’"arrêter de les chanter".
A la série de discours suit immédiatement une "improvisation" musicale intitulée "Mandela" des Frères Guissé, avec les doigts de fée de Djiby, à la guitare. "Mandela will never die. He is between us" (Mandela ne mourra jamais. Il est parmi nous", pour le français), chante Djiby Guissé, rejoint sur le podium par le doyen Idrissa Diop, vêtu d’un caftan et coiffé d’une casquette.
"On a privé Mandela de la lumière du soleil et de la clarté de la lune. Mais il devient de plus en plus lucide", chante Diop en wolof, de sa voix rauque, entraînant le public dans un balancement de mains pointés vers le ciel. Un public qui a davantage écouté que dansé, se vautrant sur ses chaises.
Mais un public se remuant par moments, comme lorsque Talla Sylla leva un bras au ciel et s’écria "Mandela !" de toutes ses forces, le seul mot sorti de sa bouche, sur le podium, où il est invité à "prendre la parole".
Alibéta et son orchestre, avec le titre "Bagnlèn" (Refusez, pour le wolof) et d’autres encore, chantent l’enracinement et l’égalité des races, comme le feront aussi à leur tour Iba Gaye Massar – à la guitare - et ses reggaemen, avec "Madiba", "Demna" et "La liberté n’a pas de prix". Ombre Zion, Picsou, entre autres, redonnent de la vivacité à l’ambiance qui, par moments, en perd. Sur le podium, Abou Thioubalo ponctue ses chansons de prières, pour le repos de l’âme de "Madiba" – le nom de clan de Nelson Mandela.
Le hip-hop a donné les dernières notes de la soirée. Didier Awadi s’empare du micro et invite le public à s’arracher des chaises, pour s’approcher du podium. Il exécute le titre "Amandla" avec Simon, Djily Bagdad, notamment. Il fallait voir la danse endiablée d’Iba Gaye Massar ! Pour une demi-heure d’ambiance hip-pop
MYSTÈRE AUTOUR DE LA TOMBE DE MADIBA
RESTERA-T-ELLE A JAMAIS HORS DE PORTÉE DU PUBLIC ?
La tombe de Mandela, à jamais hors de portée du public ? QUNU (Afrique du Sud), 15 déc 2013 (AFP) - La tombe de Nelson Mandela, homme d'Etat parmi les plus adulés de la planète, restera-t-elle à jamais fermée au public, sur un flanc de colline dans la propriété familiale de Qunu ?
Cela semble être le voeu des Mandela, même si les villageois espèrent garder un accès privilégié à leur voisin.
Le géant politique sud-africain a été mis en terre dimanche dans le petit cimetière familial, sur un coin du vaste domaine des Mandela, à moins d'un kilomètre de sa maison. Un lieu bien protégé des regards, télé-objectifs compris, par un mur de pierre et de la végétation.
Il n'est pas rare, dans des zones rurales d'Afrique, d'inhumer les membres de la famille sur ses terres. Mandela repose aux côtés de ses parents et de trois de ses enfants, décédés en 1948, 1969 et 2005.
Parmi les maints aspects logistiques et protocolaires gérés ces derniers jours par le gouvernement pour les funérailles, aucune annonce n'a porté sur ce qu'il adviendrait de la tombe après les funérailles.
Lieu familial sacré
Il y a quelques mois, Makaziwe, la fille aînée de Mandela âgée de 59 ans, avait fermement affirmé, dans une interview, que cette sépulture ne deviendrait en aucun cas un lieu de pèlerinage.
"Les cimetières familiaux (...) ne sont pas publics", hormis lorsqu'on invite des gens à l'enterrement d'un être cher, avait déclaré fin juin Makaziwe sur la chaîne publique SABC."Après cela, ils deviennent un lieu familial sacré".
Mais le gouvernement a laissé entendre ces derniers jours que la famille Mandela pourrait ouvrir un accès limité à la tombe, par exemple aux habitants de Qunu, village de son enfance resté cher au coeur de Mandela, et où il séjourna après sa retraite politique autant que sa santé lui permit.
"La famille a été très généreuse par le passé envers la communauté" locale, lui laissant un accès très libre et informel à la propriété, a rappelé samedi à des journalistes le ministre auprès de la Présidence, Collins Chabane.
Il reviendra à la famille "après les funérailles, après une période de deuil", de prendre une décision sur un éventuel accès à la tombe, a ajouté M. Chabane.
Quand tout cela sera fini
Dans la semaine, une porte-parole avait elle aussi indiqué à l'AFP que le gouvernement serait à l'écoute si la famille Mandela lui demandait de gérer l'aspect logistique d'un accès au site ou à un lieu de mémoire, mais qu'à ce jour cela n'avait fait l'objet d'aucune discussion.
Localement, les habitants de la bourgade, située à un millier de kilomètres au sud de Johannesburg, espèrent bien que la porte de Mandela, même après sa disparition, restera ouverte, et qu'ils pourront venir lui rendre un hommage discret, en voisins.
"Quand tout cela sera fini", déclarait à l'AFP Kutala, infirmière au centre de soins de Qunu, en référence au tourbillon médiatique, "peut-être que si nous demandons à la famille, on pourra aller se recueillir sur sa tombe, si ce sont des visites calmes et dignes".
"Quand il était là, on pouvait allez chez lui sans problème, si on demandait...", ajoutait Kutala, qui dit avoir rencontré Madiba à plusieurs reprises, notamment lors des réceptions qu'il donnait pour les enfants à Noël.
"Je pense que plus tard les gens pourraient être autorisés à venir voir la tombe de Tata (grand-père). Mais sans doute pas dans un avenir proche", acquiesçait dimanche Thobile Dyantyi, un habitant de Qunu de 23 ans.
"Que feront les touristes s'ils viennent ici et veulent visiter ?" le site, se demandait Nkanyiso Manqele, 35 ans.
Anticipant cet afflux, le Musée Nelson Mandela de Qunu diversifie ses activités: en plus d'expositions et de conférences, il propose des visites guidées, des randonnées sur les collines où Mandela enfant goûta une liberté qu'il décrivit avec amour et chérit tout au long de sa vie de luttes.
LE DERNIER RETOUR À QUNU
MANDELA EST RENDU À LA TERRE DE SES ANCÊTRES DIMANCHE, DANS SON VILLAGE D'ENFANCE, DANS LE SUD-EST DE L'AFRIQUE DU SUD. IL A EU DROIT AUX FUNÉRAILLES D’ÉTAT, MARQUÉES PAR HONNEURS MILITAIRES ET RITES XHOSAS
QUNU (Afrique du Sud), 15 déc 2013 (AFP) - Nelson Mandela était rendu à la terre de ses ancêtres dimanche, dans le village rural de Qunu, dans le sud-est de l'Afrique du Sud, où ont débuté des funérailles d'Etat, marquées par honneurs militaires et rites xhosas.
La cérémonie, qui rassemble 4.500 personnes, dont quelques dignitaires étrangers sous une immense tente dressée sur la propriété de Mandela, a commencé vers 8H15 (06h15 GMT) retransmise en direct à la télévision, et suivie sur des écrans géants à travers tout le pays.
Après dix jours de deuil national en Afrique du Sud, et plusieurs jours d'hommages publics internationaux, l'ancien président décédé le 5 décembre à l'âge de 95 ans va être inhumé en milieu de journée, où il l'avait souhaité, auprès de ses parents et de trois de ses enfants à Qunu. C'est là que ce géant du XXe siècle passa les meilleurs moments de son enfance.
"Quand un homme a accompli ce qu'il considère comme son devoir envers les siens et son pays, il peut reposer en paix. Je pense que j'ai fait cet effort", estimait dès 1996 le héros de la lutte anti-apartheid. Dix-sept ans plus tard, l'heure est venue de ce dernier repos.
Réalise ta promesse
Les funérailles ont commencé avec l'arrivée sous la tente du cercueil recouvert du drapeau sud-africain, au son de l'hymne religieux "Lizalis indiga lakho" (réalise ta promesse), suivi de l'hymne national Nkosi sikelel' iafrika (Dieu bénisse l'Afrique).
Dans une brève allocution d'ouverture, la présidente de l'ANC Bakela Mbete a salué en Mandela l'homme qui a "tiré le pays de l'asservissement, vers l'Afrique du Sud d'aujourd'hui".
Les funérailles devaient durer plus de deux heures, avec un caractère clairement plus intime que les hommages des derniers jours, en particulier l'hommage de 60.000 personnes mardi dans un stade de Soweto, près de Johannesburg, en présence d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernements.
Le président américain Barack Obama avait salué en Mandela un "géant de l'Histoire".
Sous le dôme, des officiels de l'ANC, de membres de la Ligue des femmes chantaient et dansaient en attendant le début de la cérémonie, alors qu'une salve de canons, résonnait dans la vallée de Qunu, saluant le transfert du cercueil de la maison Mandela au lieu de la cérémonie.
A l'intérieur, le portrait géant de Mandela, souriant, forcément, faisait face à l'assistance, derrière deux rangées de chandelles.
Un représentant de la famille Mandela, sa petite-fille Nandi, des dirigeants africains, comme les présidents tanzanien Jakaya Kikwete, et Joyce Banda, du Malawi, devaient prendre la parole, ainsi que le président sud-africain Jacob Zuma.
Les amis de Mandela et des personnalités étrangères, le prince Charles, les anciens ministres français Lionel Jospin et Alain Juppé, ou l'entrepreneur Richard Branson et militant américain des droits civiques Jesse Jackson assistent à la cérémonie.
Pendant deux heures, pour beaucoup devant des écrans, l'Afrique du Sud devait se figer dimanche. De nombreux magasins ont annoncé qu'ils resteraient fermés, contrairement à l'usage dans la période qui précède Noël.
En terre loin des regards publics
A 10H00, les caméras s'éteindront, et le rideau se baissera sur les funérailles Mandela avant l'inhumation de l'ancien président, loin du regard du public.
Sa famille a souhaité pouvoir le mettre en terre à l'écart des médias.
Privée de son patriarche pendant ses 27 ans de prison, obligée de le partager ensuite avec la nation puis le monde entier, elle pourra se le réapproprier pour un dernier adieu.
Seules 450 personnes, des proches donc, doivent assister à l'inhumation, dans un coin du domaine familial, une cérémonie dirigée par des chefs du clan Thembu, une branche de l'ethnie xhosa.
Ce sont des anciens du clan, également, qui ont veillé le corps dans la nuit. Ce sont eux aussi qui devaient communiquer avec les ancêtres lors des rituels depuis samedi, afin d'apaiser l'esprit du défunt.
Un boeuf devait être sacrifié pour contenter les esprits des ancêtres et s'assurer qu'ils réservent un bon accueil au père de la Nation arc-en-ciel.
Dès l'aube aux portes de la propriété Mandela, dont tous les accès routiers sont coupés depuis plusieurs jours, des résidents de Qunu s'étaient rassemblés dimanche matin, espérant pouvoir se glisser à l'intérieur.
"Je suis là depuis hier soir, j'ai dormi à l'arrière d'un pick-up", déclarait Nomvula Luphondo, un enseignant de 44 ans, portant . "Peut-être qu'ils vont me laisser entrer ? Ce serait bien de pouvoir dire au revoir".
D'autres se résignaient à n'avoir pas accès.
"Si la famille le ressent comme cela, qui sommes nous pour dire quelque chose ? C'est leur corps, leur Mandela, a eux de décider. Qu'il ait été chef de l'Etat ou pas", estimait Gugulethu Gxumisa, 19 ans, qui vit près de l'ancienne école de Mandela à Qunu. "L'essentiel est que ce soit ici, que les gens ressentent les funérailles".
Pendant toute la cérémonie, les journalistes - plus de 3.000 se trouvent sur place - sont tenus à l'écart, comme ils sont depuis quatre jours refoulés à toutes les routes d'accès coupées vers la propriété des Mandela.
Son enterrement mettra un point final à dix jours de deuil et d'hommages à celui qui a réussi le "miracle sud-africain": la fin de l'apartheid sans plonger son pays dans la guerre civile. Son crédit, déjà énorme auprès de la population noire qu'il a libérée, avait encore grandi lors de sa présidence (1994-1999) placée sous le sceau du pardon envers la minorité blanche.
L'amour de son pays s'est manifesté de mercredi à vendredi quand 100.000 personnes sont venues s'incliner sur sa dépouille exposée dans un cercueil semi-ouvert au siège de la présidence, à Pretoria.
Souvent effondrés, les Sud-Africains avaient pu jeter un dernier regard sur le visage de leur icône, les traits figés pour l'éternité. Et peut-être auraient-ils souhaité déceler un mouvement à la commissure des lèvres...
"Je ne doute pas un seul instant que lorsque j'entrerai dans l'éternité, j'aurai le sourire aux lèvres", avait écrit Mandela en 1997.
L'ADIEU DECHIRANT DE KATHRADA, COMPAGNON DE ROBBEN ISLAND, AU "GRAND FRERE" MANDELA
QUNU (Afrique du Sud), 15 déc 2013 (AFP) - Ahmed Kathrada, l'un des vieux compagnons d'armes de Nelson Mandela dans la lutte contre l'apartheid et la détention à Robben Island, a fait dimanche des adieux émouvants à celui qui était pour lui un "grand frère"
"Je ne le considère pas comme mon ami. Il était mon grand frère", a déclaré Kathrada, 84 ans, l'un des intervenants aux funérailles de Mandela en présence de 4.500 invités, sous une tente sur la propriété des Mandela dans le village de son enfance, à Qunu (sud-est).
"Quand Walter Sisulu (un pilier de la lutte anti-apartheid, disparu en 2003, ndlr) est mort, j'ai perdu un père et a présent j'ai perdu un frère. (...) Ma vie est face à un vide, et je ne sais plus vers qui me tourner", a poursuivi, submergé par l'émotion, Kathrada, qui fut jugé aux côtés de Mandela en 1963-64, et passa 18 ans de détention à Robben Island, jusqu'à sa libération en 1989.
Le compagnon d'armes resté proche a aussi raconté, la voix brisée, comment il avait été touché lors de ses dernières visites à Mandela dans la maladie. "J'avais vu à l'hôpital un homme impuissant et réduit à l'ombre de lui-même et l'inévitable s'est produit", a-t-il noté d'une voix peu assurée.
Lors de cette visite, "j'étais submergé par l'émotion et la tristesse, et j'ai pleuré. Il m'a tenu la main, c'était déchirant, et cela a relâché toutes les émotions en moi".
"Automatiquement, mon esprit est revenu à l'image de l'homme grand et fort que j'avais connu il y a 67 ans, le boxeur, le prisonnier qui maniait avec aise la pelle et la pioche, quand le reste d'entre nous n'y arrivait pas, le prisonnier qui tous les matins se livrait a de vigoureux exercices physiques".
"Adieu mon cher frère, mon mentor, mon leader", a déclaré Kathrada, religieusement écouté durant son intervention, et longuement applaudi.
ZUMA AUX FUNERAILLES DE MANDELA: "NOUS DEVONS FAIRE VIVRE L’HÉRITAGE’’
QUNU (Afrique du Sud), 15 déc 2013 (AFP) - Le président sud-africain Jacob Zuma a demandé dimanche à ses compatriotes de "faire vivre l'héritage" de Nelson Mandela, lors de son éloge funèbre aux obsèques du héros de la lutte contre l'apartheid à Qunu (sud).
"Ton long chemin vers la liberté s'est achevé, au sens physique du terme. Mais notre propre voyage continue. Nous devons continuer à construire la société pour laquelle tu as travaillé. Nous devons faire vivre l'héritage", a déclaré le chef de l'Etat, s'adressant au défunt.
MANDELA: ULTIME ADIEU AU GÉANT BIEN-AIME AVANT SON INHUMATION
QUNU (Afrique du Sud), 15 déc 2013 (AFP) - "Adieu mon cher frère, mon mentor, mon leader". Le dernier hommage à Nelson Mandela, dimanche lors des funérailles d'Etat dons son village d'enfance, Qunu (sud), a mêlé la solennité digne de ce héros mondial et l'émotion pure de ses proches.
Après dix jours de deuil national et une série d'hommages en Afrique du Sud et dans le monde, une dernière cérémonie officielle s'est tenue dans ce petit village rural du sud-est du pays, où il doit être inhumé en milieu de journée dans l'intimité familiale.
Coups de canon, escorte militaire, hymnes religieux, choeurs d'enfants, 95 cierges (autant que le nombre d'années de sa vie): toute la pompe due à un homme d'Etat de sa stature avait été déployée pour ces funérailles, en présence de 4.500 invités.
Mais son vieil ami et camarade de lutte Ahmed Kathrada n'a pas tardé à faire jaillir la personnalité unique du héros de la lutte anti-apartheid, un géant chaleureux et accessible, évoquant "son amour, sa simplicité, son humilité, son courage..."
"J'avais vu à l'hôpital un homme impuissant et réduit à l'ombre de lui-même et l'inévitable s'est produit", a-t-il noté d'une voix chevrotante. "Ma vie est face à un vide et je ne sais plus vers qui me tourner."
L'une des petites-filles du défunt, Nandi Mandela, a détendu l'atmosphère en revenant sur les qualités de conteur de son "tatamkhulu" (grand-père). "Il préférait les histoires qui lui permettaient de se moquer de lui-même", a-t-elle rappelé, mais il était "aussi un grand-père strict, attaché à la discipline, qui nous préparait à la vie."
"Tu vas nous manquer Tatamkhulu. Ta voix sévère quand tu n'étais pas content de nous va nous manquer. Ton rire va nous manquer..." Même les dirigeants africains appelés au pupitre sont sortis des hommages convenus, la présidente du Malawi Joyce Banda évoquant notamment la manière dont "tout le monde tombait amoureux de Mandela", sous les applaudissements de l'assemblée.
L'esprit des ancêtres
Quelques personnalités étrangères, le prince Charles, les anciens Premiers ministres français Lionel Jospin et Alain Juppé, ou l'entrepreneur britannique Richard Branson, s'étaient glissés dans l'assemblée, où les Sud-Africains dominaient nettement.
Cette cérémonie avait un ton nettement plus intime que l'hommage international mardi, au stade de Soweto, en présence d'une centaine de dirigeants étrangers, dont le président américain Barack Obama, qui avait salué un "géant de l'Histoire".
Pendant deux heures, l'Afrique du Sud est restée figée pour suivre ces funérailles, retransmises à la télévision et sur écrans géants. De nombreux magasins sont restés fermés, contrairement à l'usage dans la période qui précède Noël.
Après cette cérémonie, les caméras allaient s'éteindre. La famille de Nelson Mandela a souhaité le mettre en terre à l'écart des médias. Privée de son patriarche pendant ses 27 ans de prison, obligée de le partager ensuite avec la nation puis le monde entier, elle pourra se le réapproprier pour un dernier adieu.
Seules 450 personnes, des proches donc, doivent assister à l'inhumation, dans un coin du domaine familial, où sont déjà enterrés les parents et trois des enfants de Nelson Mandela.
La mise en terre sera dirigée par des chefs du clan Thembu, une branche de l'ethnie xhosa. Un boeuf devait être sacrifié pour contenter les esprits des ancêtres et s'assurer qu'ils réservent un bon accueil au père de la Nation arc-en-ciel.
Ce sont des anciens du clan, également, qui ont veillé le corps dans la nuit. Ce sont eux aussi qui devaient communiquer avec les ancêtres lors des rituels depuis samedi, afin d'apaiser l'esprit du défunt. Le sourire aux lèvres
Dès l'aube aux portes de la propriété de Mandela, dont tous les accès routiers sont coupés depuis plusieurs jours, des résidents de Qunu s'étaient rassemblés, espérant pouvoir se glisser à l'intérieur.
"Je suis là depuis hier soir, j'ai dormi à l'arrière d'un pick-up", déclarait Nomvula Luphondo, un enseignant de 44 ans. "Peut-être qu'ils vont me laisser entrer ? Ce serait bien de pouvoir lui dire au revoir".
D'autres se résignaient à rester à l'écart. "Si la famille le ressent comme cela, qui sommes nous pour dire quelque chose ? C'est leur corps, leur Mandela, à eux de décider. Qu'il ait été chef de l'Etat ou pas", estimait Gugulethu Gxumisa, 19 ans.
Son enterrement mettra un point final à dix jours de deuil et d'hommages à celui qui a réussi le "miracle sud-africain": la fin de l'apartheid sans plonger son pays dans la guerre civile. Son crédit, déjà énorme auprès de la population noire qu'il a libérée, avait encore grandi lors de sa présidence (1994-1999) placée sous le signe du pardon envers la minorité blanche.
L'amour de son pays s'est manifesté de mercredi à vendredi quand 100.000 personnes sont venues s'incliner sur sa dépouille exposée dans un cercueil semi-ouvert au siège de la présidence, à Pretoria.
Souvent effondrés, les Sud-Africains avaient pu jeter un dernier regard sur le visage de leur icône, les traits figés pour l'éternité. Et peut-être auraient-ils souhaité déceler un mouvement à la commissure des lèvres... "Je ne doute pas un seul instant que lorsque j'entrerai dans l'éternité, j'aurai le sourire aux lèvres", avait écrit Mandela en 1997.
Nelson Mandela a marqué à jamais l’histoire de l’Afrique, voire du monde. La mort du héros de la lutte anti-apartheid a déclenché une multitude de louanges unanimes dans les médias et chez les personnalités politiques de plusieurs pays. Les gouvernements capitalistes et les médias qui sont sous la férule des grandes entreprises naguère présentes en Afrique du Sud raciste se sont précipités pour présenter leurs condoléances.
Abhorré hier, il est sanctifié aujourd’hui. Qualifié de terroriste révolutionnaire au milieu sa vie, il tire sa révérence en héros planétaire. Certains de ses contempteurs occidentaux d’hier feignent de pleurer aujourd’hui sa mort, d’autres hypocrites le béatifient et ne tarissent pas de louanges sur son combat pour la liberté. Leurs discours retentissant dans un barnum médiatique fourbe veulent faire table rase de l’histoire et oublient sciemment de rappeler que leurs différents Etats ont été les principaux soutiens de la politique raciste ségrégationniste mis en place au pays de l’apartheid pour des raisons aussi bien économiques que politico-idéologiques.
Les pays dont les hommes politiques ont débité ex-abrupto le plus de boniments moralisateurs lors de la disparition de Madiba sont la France, les Etats Unis, l’Angleterre et même Israël. Autre temps, autre mœurs. Autre discours ! Si aujourd’hui, Mandela est salué par tous, durant des décennies, les puissances occidentales l’ont considéré comme un homme dangereux et l’ont combattu en soutenant le régime de l’Apartheid. Combattant pour la liberté, Madiba paya 27 ans de la sienne et de sa vie pour obtenir celle de son peuple opprimé par une poignée de Blancs racistes.
La France gaulliste et giscardo-chiraquienne, principal soutien du régime raciste
La France, durant les années 1960 et 1970, va en effet entretenir d’excellentes relations avec le régime raciste de Pretoria, en étant notamment l’un de ses principaux fournisseurs d’armes. La droite française (de De Gaulle à Giscard) et le patronat hexagonal auront œuvré à faire de la France– et de ses grandes entreprises- l’un des plus fidèles soutiens au régime raciste de Pretoria, en lui vendant armes, centrales nucléaires et technologies industrielles, malgré les sanctions et embargos des Nations-Unies des 7 août 1963 et du 13 novembre 1963.
C’est en 1964 où la France du général de Gaulle développe intensément ses relations commerciales avec le régime ségrégationniste de l’Afrique du Sud. Mais devant les intérêts de Marianne, le pays des droits de l’homme n’en a cure de la dignité d’un «petit Noir» qui tentait vainement d’établir une équité entre toutes les races de l’Afrique du Sud.
Entre 1963 et 1974, le volume d’exportations de l’Hexagone, indépendamment des ventes d’armes illégales et clandestines, vers le régime des tenants de l’Apartheid vont tripler. Dans le classement des ventes d’armes et de matériels militaires, la France devient alors le deuxième fournisseur étranger du régime raciste, derrière le Royaume-Uni mais devant les États-Unis et l’Allemagne fédérale.
L’ancien président Jacques Chirac, amnésique, se glorifie de son soutien ancien à Mandela. Il a sur ce sujet, comme nombre de dirigeants de la droite, la mémoire courte. Premier ministre entre 1974 et 1976, Chirac entérina en juin 1976 le contrat de construction de la première centrale nucléaire érigée en Afrique du Sud par Électricité de France (Edf). A cet effet, le quotidien sud-africain à grand tirage, le Sunday Times, ne put s’empêcher de laisser éclater son enthousiasme débordant à travers cette exclamation triomphante à la une de son édition du 1er juin 1976 : «Vive la France ! L’Afrique du Sud devient puissance atomique».
Bien qu’ayant, notamment sous la pression des pays africains, décidé en 1975 de ne plus vendre directement d’armes à l’Afrique du Sud, la France honorera plusieurs années encore les contrats en cours, tandis que ses blindés Panhard et hélicoptères Alouette et Puma seront construits localement sous licence.
Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, François Hollande : hommages des faux-culs de Marianne
Dans ce concert d’hommages de faux-culs, même la présidente du Front national (FN), Marine Le Pen (parti d’extrême droite raciste français), a salué la mémoire de l’homme et de l’ancien président de la République d'Afrique du Sud qui, «par patriotisme et par amour de son peuple, avait réussi à sortir son pays de la guerre civile en le préservant des déchirures. Par son autorité, Nelson Mandela a su imposer la paix et la réconciliation : cette victoire sur la division, la haine et la revanche marquera incontestablement l’histoire».
Pourtant en 1990, son père Jean-Marie, alors président du FN, avait déclaré à propos de la libération du futur président sud-africain : «Cela ne m’a ni ému, ni ravi. J'ai toujours une espèce de méfiance envers les terroristes, quel que soit le niveau auquel ils se situent.» Le père et la fille ne jouent pas le même tempo dans le même orchestre. Nicolas Sarkozy qui a traité à l’université de Dakar les Noirs de n’être pas entrés dans l’histoire était venu honorer la mémoire de ce Noir qui aura le plus marqué l’Histoire de l’humanité.
Le fils spirituel de François Mitterrand et actuel président de la République française, François Hollande, a qualifié Nelson Mandela «de combattant pour les droits de l'Homme qui a laissé une marque indélébile sur la lutte contre le racisme et la discrimination». Pourtant c’est au nom de cette discrimination que la France de Mitterrand a été le complice de l’assassinat à Paris, le 29 mars 1988, de la représentante de l’African national congress (Anc), Dulcie September.
L’amnésie de David Cameron, l’hypocrisie de Shimon Peres
Quant au Premier ministre britannique, David Cameron, digne héritier du Premier ministre Margaret Thatcher, déclarait que «l’Anc est une organisation terroriste type… Quiconque croit qu’elle va gouverner l’Afrique du Sud est dérangé». C’est ce même Cameron qui se rendit en 1989 en Afrique du Sud, pour le compte d’une société chargée de faire du lobbying contre les sanctions imposées au régime sud-africain qui pratiquait alors l’Apartheid. Le gouvernement de Margaret Thatcher a refusé toute rencontre avec l’Anc jusqu’à la libération de Mandela en février 1990.
Lors du sommet du Commonwealth de Vancouver, en octobre 1987, elle s’est opposée à l’adoption de sanctions. Interrogée sur les menaces de l’ANC de frapper les intérêts britanniques en Afrique du Sud, elle répondit : «Cela montre quelle organisation terroriste ordinaire est l’ANC». C’était l’époque où l’association des étudiants conservateurs (dont figurait un certain David Cameron) distribuait des posters en vociférant : «Pendez Nelson Mandela et tous les terroristes de l’Anc ! Ce sont des bouchers».
Le plus révulsant hommage est celui de Shimon Peres, président de l’État qui fut le plus constant et indéfectible soutien du régime d’Apartheid en Afrique du Sud contre lequel Mandela s’est battu. Le président de l’Etat hébreu déclare aujourd’hui : «Le monde a perdu un grand dirigeant qui a changé le cours de l’histoire. C’était un défenseur passionné de la démocratie, un médiateur respecté, un bâtisseur de ponts de paix et de dialogue qui a payé un prix personnel très important pendant les années qu'il a passé en prison et à lutter pour son peuple. Nelson Mandela était un combattant pour les droits de l’Homme qui a laissé une marque indélébile sur la lutte contre le racisme et la discrimination.»
Ces propos de circonstance sont trahis par la réalité de l’histoire. Israël est demeuré jusqu’au bout l’allié indéfectible du régime raciste de Pretoria, lui fournissant des armes et l’aidant dans son programme militaire nucléaire et de missiles. En avril 1975, Shimon Peres, alors ministre de la défense, a signé un accord de sécurité entre les deux pays. Un an plus tard, le Premier ministre sud-africain Balthazar Vorster, un ancien sympathisant nazi, a été reçu avec tous les honneurs en Israël.
Les responsables des deux services de renseignements se réunissaient annuellement et coordonnaient la lutte contre le «terrorisme» de l’ANC et de l’OLP. Quoi qu’en dise le président de l’État sioniste, Mandela et lui n’ont jamais été dans le même camp, ils ne sont jamais battus pour la même vision du monde et n’ont jamais partagé les mêmes valeurs. Donner à penser le contraire comme l’a fait Shimon Peres est une imposture morale et historique que l’humanité éprise de paix et de justice ne saurait accepter.
Il faut démystifier cette tentative de récupération dont les prémices se sont manifestées à travers les hypocrites couronnes d’éloges que certains «grands» de la planète ont tressées à la mémoire du défunt. Les hommages hypocrites qui pleuvent sur la tombe de Madiba comme s’il était un héros pour tous ne gommeront jamais les vilénies des pays qui ont sustenté et soutenu le régime raciste des Afrikaners. Ils ne pourront jamais, sous le prisme déformant des hommages de circonstances, des éloges contingents et des larmes feintes, faire croire qu’ils ont apprécié et partagé la lutte que Madiba a menée au prix sacrificatoire de 27 ans de sa liberté, de sa santé, voire de sa vie.
JOHANNESBURG, 14 déc 2013 (AFP) - Le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, conscience morale de l'Afrique du Sud souvent critique envers le pouvoir, risque de manquer dimanche l'enterrement de son ami et compagnon de lutte Nelson Mandela, en raison d'incertitudes sur son accréditation.
"L'archevêque n'a pas été accrédité comme membre du clergé pour l'événement et n'y assistera donc pas", a indiqué à l'AFP la fille de l'ancien archevêque anglican du Cap, Mpho Tutu. Mais la présidence a ensuite assuré qu'il figurait bien sur la liste des invités.
"J'ai vérifié, et il est bien sur la liste", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la présidence, Mac Maharaj. "C'est une personne très spéciale pour notre pays et il est sans aucun doute sur la liste", a-t-il ajouté. "S'il y a le moindre problème, nous allons tout faire pour l'aplanir."
Les funérailles du héros de la lutte anti-apartheid et premier président noir d'Afrique du Sud auront lieu dimanche à Qunu (sud), le village de son enfance et de ses vieux jours. Environ 5.000 personnes, dont de nombreux dignitaires, assisteront d'abord à un hommage officiel.
Mais seule la famille et un petit nombre de personnalités triées sur le volet participeront à son inhumation. Desmond Tutu, 82 ans, pourfend régulièrement les dérives du gouvernement du président Jacob Zuma, notamment les scandales de corruption et l'échec à réduire les inégalités.
En 2013, il a assuré qu'il ne voterait plus pour le Congrès national africain (ANC), le parti de la lutte contre l'apartheid au pouvoir depuis l'avènement de la démocratie en 1994. Un porte-parole de Mgr Tutu, Roger Friedman, a toutefois refusé de faire un lien entre l'absence d'accréditation et ces critiques.
"Présentement il ne prévoit pas d'y assister", a seulement dit M. Friedman. Mardi lors de la cérémonie officielle d'hommage à Mandela au stade de Soweto en présence de près d'une centaine de chefs d'Etat, Desmond Tutu ne figurait pas sur le programme officiel et il a été le dernier des orateurs, invité seulement à donner la bénédiction.
Devant des gradins quasi-désertés, il avait fait hurler un puissant "Oui" au public après avoir intimé "Nous promettons à Dieu que nous allons suivre l'exemple de Nelson Mandela!".
TUTU DIT NE PAS AVOIR ÉTÉ INVITÉ A L'ENTERREMENT DE SON AMI MANDELA
JOHANNESBURG, 14 déc 2013 (AFP) - Le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, souvent critique envers le gouvernement sud-africain, a indiqué samedi qu'il n'assisterait pas à l'enterrement de son ami et compagnon de lutte Nelson Mandela dimanche à Qunu (sud), faute d'avoir été invité.
L'ancien archevêque anglican du Cap a annulé son voyage parce qu'il n'a reçu aucune invitation ou accréditation, a indiqué son entourage dans un communiqué. "Même si j'aurais adoré assister à la cérémonie pour faire mes adieux à une personne que j'aimais et chérissais, cela serait manquer de respect à Tata que de m'imposer dans ce qui est présenté comme des funérailles strictement familiales", a déclaré Mgr Tutu.