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1 décembre 2024
Opinions
par Papa Elimane Faye
UNE OPPORTUNITÉ POUR UNE TRANSITION APAISÉE ET INCLUSIVE S’OFFRE À KHALIFA SALL
Son parcours politique et son expérience en tant que ministre plusieurs fois et maire de Dakar lui confèrent une légitimité indéniable. Il incarne la stabilité et le consensus dont le Sénégal a besoin pour poursuivre son développement
Dans quelques mois, le Sénégal vivra un moment crucial de son histoire politique avec l'élection présidentielle du 25 février 2024. Alors que la non-participation du président Macky Sall à cette élection ouvre la voie à de nouvelles perspectives, il est important de saluer cette intelligence politique mais aussi la victoire du peuple sénégalais qui s’est toujours dressé contre une quelconque troisième candidature. En renvoyant toutes les parties aux dispositions de la Constitution qui stipulent que “nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs”, les acteurs du dialogue national ont eux aussi clairement signifié au président de la République qu’il ne devrait pas se présenter à l’élection présidentielle prochaine. Par ailleurs, ce choix du président de respecter la charte fondamentale démontre sa vision d'une transition apaisée et sa volonté de favoriser un climat de stabilité et de consensus.
Le choix du président Macky Sall de ne pas se représenter à l'élection présidentielle de 2024 est un acte politique d'une grande envergure. Il témoigne de sa vision stratégique et de sa maturité démocratique. En prenant cette décision, il ouvre la voie à de nouvelles opportunités et favorise une transition politique apaisée. Cet acte politique de haute facture est à saluer, car il permet de préserver la stabilité du pays et d'éviter les tensions et les divisions qui peuvent découler d'une compétition présidentielle acerbe.
Avec la levée prochaine de l'inéligibilité du candidat Khalifa Sall, il est évident qu'un boulevard royal se dessine devant lui. Khalifa Sall représente une alternative crédible pour le Sénégal. Son parcours politique et son expérience en tant que ministre plusieurs fois et maire de Dakar plusieurs fois lui confèrent une légitimité indéniable. En tant qu'homme d'État expérimenté, il a su faire preuve de compétence et de capacité de dialogue pour résoudre les problèmes auxquels non seulement le pays mais aussi le continent sont souvent confrontés. Khalifa Sall incarne la stabilité et le consensus dont le Sénégal a besoin pour poursuivre son développement.
Ainsi, j’en appelle à la création d'une méga coalition autour de Khalifa Sall, ce qui me semble être un impératif pour assurer une transition politique réussie. Une coalition rassemblant différentes forces politiques permettra de mobiliser les ressources et les compétences nécessaires pour répondre aux défis du pays. En unissant leurs forces, les acteurs politiques pourront offrir une alternative solide et crédible, capable de conduire le Sénégal vers un avenir meilleur. La méga coalition devrait se baser sur des valeurs communes telles que la stabilité, le développement durable, la sécurité des personnes et des biens et la promotion de l'intérêt général.
En outre, nous sommes conscients que pour garantir une transition démocratique et pacifique, il est essentiel de promouvoir des élections inclusives. Tous les citoyens et tous les partis politiques doivent avoir la possibilité de participer au processus électoral de manière équitable et transparente. Les conditions doivent être créées pour encourager la participation de tous les acteurs politiques, sans discrimination ni exclusion. Cela implique également la mise en place de mécanismes de surveillance et de médiation pour prévenir les conflits et assurer la légitimité du processus électoral.
Nous ne pouvons conclure ce texte sans parler des heurts qui ont perturbé la quiétude des sénégalais et ont ébranlé la République ces dernières années. C’est le lieu de condamner fermement les actes de violences quelles que soient leurs origines politiques, car nous entendons bien qu’ils ne doivent pas avoir leur place dans une société démocratique. Nous appelons à l'unité nationale et au respect mutuel, afin de renouer avec la paix et la concorde. Les divergences politiques doivent pouvoir s'exprimer de manière pacifique et constructive, favorisant ainsi un débat démocratique et éclairé.
En définitive, la non-participation du président Macky Sall à l'élection présidentielle de 2024 offre une opportunité unique pour une transition politique apaisée et inclusive. Il vient d’administrer encore au monde entier la maturité politique du Sénégal qui a très tôt compris que les hommes passent et les institutions demeurent. La remise en selle de certains candidats qui étaient exclus du jeu politique et qui doivent renaître de leurs cendres tels des phénix nous présente Khalifa Ababacar Sall comme le candidat qui rassure. Homme d'État expérimenté et homme de dialogue, il représente l’alternative la plus crédible et la plus porteuse d'espoir pour le Sénégal.
Dr Papa Elimane Faye est enseignant-chercheur, Université de Thiès (UIDT)
Coordonnateur national des cadres de l’AD/Pencoo.
Par Vieux SAVANÉ
LA FENÊTRE DÉGAGISTE OUT, LE SÉNÉGAL FACE À SES VRAIS DÉFIS
Le chef de l’Etat auquel nous aspirons va-t-il continuer de perpétuer l’hyper-présidentialisme ? Que fera-t-il de la reddition des comptes ? Les organes de contrôle pourront-ils mener leur mission à bout en toute autonomie ?
Le chef de l’Etat s’est prononcé solennellement hier soir en affirmant que même si la Constitution lui en donne le droit, il s’interdit de solliciter un 3e mandat. Il a rappelé qu’il avait toujours gardé dans un coin de sa mémoire, ce à quoi il s’était explicitement engagé dans son dernier ouvrage, « Le Sénégal au cœur », avec la ferme volonté de « préserver sa dignité et sa parole », à savoir : « le mandat de 2019 est mon second et dernier mandat ». Une décision pleine de sagesse qui ouvre enfin une nouvelle séquence puisque, pour la première fois de notre histoire démocratique, la prochaine élection présidentielle va se dérouler sans le chef d’Etat sortant qui en sera pourtant l’organisateur. En clair, la «fenêtre dégagiste» ainsi fermée, les électeurs sénégalais pourront enfin se prononcer pour tel ou tel autre candidat.
Le président a certainement compris que le pays avait assez souffert et ne pouvait se payer le luxe de poursuivre sa descente aux enfers au détriment des attentes urgentes qui taraudent ses habitants. D’abord, parce qu’une telle flambée de violence ne pourra se prévaloir d’aucune comparaison possible avec les manifestations de juin 2011. Ces dernières, faut-il le rappeler, avaient éclaté en guise de protestation contre un projet de loi scélérate dont l’objet était non seulement d’instaurer l’élection simultanée du Président de la République et de son Vice-président mais surtout d’installer, par ce biais, le fils dans le fauteuil du père, consacrant de facto une dévolution monarchique du pouvoir. Sans compter que cette réforme constitutionnelle souhaitée par l’ancien chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, ambitionnait d’abaisser à 25% le seuil minimum des voix nécessaires au premier tour pour élire un « ticket présidentiel ».
A travers cette opération, il s’agissait donc de tripatouiller une fois de plus la Constitution à des fins purement politiciennes et égoïstes, ce qui était évidemment inacceptable.
Après deux alternances politiques issues des urnes, une Assemblée nationale où opposition et majorité sont au coude-à-coude, où au niveau local toutes les grandes villes du pays dont la capitale sont passées sous le contrôle de l’opposition, l’on ne peut que constater la fiabilité voire la performance du système électoral sénégalais. Quoi que puissent en dire les Cassandre, si prompts à se nourrir de suspicions de toutes sortes sans apporter la moindre once de preuve.
Il s’agit maintenant de réfléchir à quels mécanismes mettre en place pour que la politique cesse ainsi d’être dévoyée en s’érigeant en instrument d’enrichissement personnel, familial et clanique. Le chef de l’Etat auquel nous aspirons va-t-il continuer de perpétuer l’hyper-présidentialisme , d’être chef de parti? Va-t-il continuer de nommer qui il veut, comme il veut, aux postes de Directeurs généraux de Sociétés nationales en lieu et places d’appels à candidatures ? Que fera-t-il de la reddition des comptes ? Les organes de contrôle pourront-ils mener leur mission à bout en toute autonomie ? Quelle place sera faite aux jeunes, aux femmes ? Quelle évaluation sera réservée aux conclusions des Assises nationales, ce grand moment de concertation qui s’est structurée autour de toutes les forces vives du pays ?
En tout état de cause, il reviendra aux populations de contraindre les dirigeants politiques à être à leur service avec des obligations de résultats.
A ce moment de notre histoire, il n’est point besoin de messie encore moins de gourou à qui obéir au doigt et à l’œil. Le spectacle qui s’est offert à nos yeux ébahis en mai et juin derniers doivent plutôt nous interpeller. Surtout que les jeunes que nous avons vu déferler dans les villes et campagnes étaient loin de revêtir les habits de militants galvanisés par un idéal. Ils ressemblaient plutôt à des émeutiers de la faim voire du désespoir, tenaillés par la pression des urgences du quotidien. A les voir ainsi dévaliser littéralement les magasins.
par Makkane
CHER AMI ET FRÈRE PRÉSIDENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette décision que dicte peut-être la raison est certainement supérieure à celle de nos passions partisanes. Je ne ferai pas d’objection à cela qui jèterait un semblant de regret à la noblesse de votre option qui est rare en politique
Permettez-moi de vous adresser sous cette formule pour une fois car vous m’avez fait l’honneur d’une telle appellation plusieurs fois en public.
Ma réaction dans l’immédiat répond à une pression émotionnelle difficile à contenir.
En choisissant de ne pas vous présenter pour le second quinquennat que les dispositions légales de la Constitution vous autorisent et en plus de la forte demande populaire qui garantit une victoire certaine, vous avez signé une page grandiose de notre histoire.
Vous étiez déjà entré dans l’Histoire par la grande porte,maintenant vous y occupez la première loge.
Il est encore très tôt pour mesurer la portée de votre décision aujourd’hui accueillie par la majorité de nos compatriotes avec un pincement au cœur.
Cette décision que dicte peut-être la raison est certainement supérieure à celle de nos passions partisanes.
Je ne ferai pas d’objection à cela qui jèterait un semblant de regret à la noblesse de votre option qui est rare en politique ; même si je reste convaincu que le pays avait encore besoin du leadership élégant et pondéré que vous incarnez.
Certainement, le jour n’est pas loin, vos plus acerbes détracteurs seront les nostalgiques confus de cette silhouette rassurante et tolérante proprement sénégalaise.
Vous venez d’insuffler à la vie démocratique une tonalité particulière en donnant à la classe politique sénégalaise une leçon de dimension incommensurable.
Pour qui connaît les difficultés et les défis actuels du monde, gouverner n’est pas une sinécure.
Le sacrifice quotidien de votre personne et de votre famille n’a trouvé en face qu’une ingratitude motivée par la la jalousie et la méchanceté de ceux qui se mettent toujours en marge du progrès des peuples.
De ce que je retiens de votre adresse à la Nation,c’est l’homme d’Etat abreuvé aux valeurs des preux ´mbeñu gannà’ qui n’a pas supporté les apostrophes politiciennes et les indécences au prétexte de la parole délivrée. Soit !
Cette valeur constante est à préserver,même au prix de lâcher l’utile pour le subjectif.
Vous voici inscrit au tableau des héros de la Nation, au-dessus de la mêlée et dans la mission de rédempteur de l’Etat.
Vous avez encore à façonner le futur de ce pays durant ce qui reste de votre mandat.
Je ne doute pas que vous avez une claire conscience des enjeux et de la nécessité de protéger notre pays des pieuvres extérieures qui ont pu étendre leurs tentacules au sein de notre société.
Cette une période cruciale de l’existence de la Nation avait besoin d’un sursaut, vous avez indiqué la direction, marque indélébile de sens de l’Etat et d’humanisme éprouvé.
Dieu protège le Sénégal à travers ton leadership de patience,bonté et tolérance.
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
LA VICTOIRE POSTHUME DES MORTS
EXCLUSIF SENEPLUS - La décision de Macky de ne pas briguer un troisième mandat laisse ce goût fétide dans les bouches avec des dégâts collatéraux dont on aurait pu se passer. Quel candidat pour l’APR et ses alliés de BBY ? La crise n’est que différée
Il est des victoires qui ont le goût des renvois acidulés des sucs gastriques. La décision du président Macky Sall de ne pas briguer un troisième mandat laisse ce goût fétide dans les bouches et dans les esprits avec des dégâts collatéraux dont on aurait pu se passer : une cinquantaine de morts, des éclopés à vie, des centaines de privations des libertés, des droits bafoués, piétinés ; des compagnons de route défenestrés avec des ambitions brisées.
Il faut avouer que l’indécision présidentielle a coûté cher au pays et à son image. Aussi, je refuse de crier victoire encore moins de saluer une victoire qui a tout l’air d’être le produit d’un choix de « mauvaise fortune bon cœur » et non celui de bonne foi, fondé sur le respect de la parole donnée.
Et puis il y a tous ces cocus de la cour des prédateurs impénitents, des courtisans troubadours aux sandales usées à force de transhumer. Jusqu’à la veille du jour J, le président Macky Sall a continué à entretenir l’espoir pour cette armée espagnole de mercenaires et de militants alimentaires. Toute cette faune bigarrée devra dans les prochains jours opérer des contorsions et choix douloureux. Mais il ne faut pas plaindre ces parasites, parce qu’ils ont l’échine aussi élastique que les mouvements aléatoires des acrobates de cirque : ils s’en sortent toujours…
Leurs éléments de langage vont changer après le chaos du KO de Macky. Ils migreront vers le choix de leur mentor, suivront le mouvement des doigts du chef : le candidat par défaut. Sur les plateaux de télé, les arguments ont déjà commencé à varier, à glisser vers l’inévitabilité du candidat par défaut.
Parce qu’il ne faut pas se leurrer : la décision de ne pas se représenter est, me semble-t-il, plutôt un choix cornélien, qui évite ou diffère la catastrophe politico-sociale annoncée. On prête au président Macky Sall des qualités politiques exceptionnelles. Si c’est vrai, il en aura besoin pour gérer les mille et un problèmes qui vont commencer dès demain. Quel candidat pour l’APR et ses alliés de BBY ? Quels seront les comportements des responsables qui avaient déjà construit leur avenir sur la candidature du président sortant ? Ceux qui avaient poussé la pédale jusqu’à annoncer des pétitions « soviétiques » ; ces élus locaux qui n’ont pas encore tous rejoint leurs communes qui s’extasiaient devant un patron presque va-t-en guerre qui leur disait de se préparer à un « mortel combat » contre ceux qui s’attaqueront à leurs mairies. Ils pourraient bien avoir à faire ça contre leurs propres administrés et militants qui se sentiraient floués, trompés sur la marchandise.
Disons-le : la crise n’est que différée et non derrière nous, encore moins résolue. Une guerre de dauphins putatifs par défaut va avoir lieu au sein du parti gouvernemental ainsi que dans la coalition BBY dont le président ne tarit pas d’éloges. Son pronostic vital est engagé. Le médecin-chef président sera-t-il à la hauteur des opérations de cautérisation futures pour ces grands corps malades que seul le pouvoir et l’espoir d’un homme maintenaient debout et en marche ?
Et puis, il y a la grosse épine du patriote en chef, avec ses dizaines de victimes et d’emprisonnés. Sa résidence surveillée sera elle maintenue ou levée ? Ou transférée à Rebeus ou Kédougou ?
Le bout du tunnel est assurément encore loin.
par Mamadou Abdoulaye Sow
DE L'ÂGE DE LA MINORITÉ DANS LE CODE PÉNAL SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - La distinction entre la corruption de mineur (art.320 ter) et l’attentat aux mœurs par la débauche ou la corruption de la jeunesse sur enfant de moins de 21 ans et mineur de 16 ans (art. 324, al.2)
L’article 4 de la loi n° 99-82du 3 septembre 1999 modifiant le Code de la Famille a abrogé toutes les dispositions contraires audit Code : la minorité des victimes du délit de l’article 324, alinéa 2, du Code pénal est donc fixée en dessous de l’âge de 18 ans.
« Le fonctionnement harmonieux et complémentaire des juridictions ... commande aux juges de corriger les imperfections de la loi, de combler ses lacunes par des constructions jurisprudentielles réfléchies, patientes et parfois audacieuses » (Considérant 4 de la décision n° 3/C/95 du 19 juin 1995 du Conseil constitutionnel du Sénégal)
Dans son jugement n° 67 du 1er juin 2023, la chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar a, dans l’affaire opposant la dame Adji Raby Sarr [1] au sieur Ousmane Sonko, disqualifié les faits de crime de viol en délit d’attentat aux mœurs par corruption de la jeunesse ; une infraction prévue et punie par l’article 324, alinéa 2, du Code pénal qui se lit ainsi : « Sera puni aux peines prévues au présent article, quiconque aura attenté aux mœurs en excitant, favorisant ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de la jeunesse de l'un ou l'autre sexe au-dessous de l'âge de vingt et un ans, ou, même occasionnellement, des mineurs de seize ans ».
Cette disposition pénale, que beaucoup de citoyens viennent de découvrir après cinquante-huit années de pratique du Code pénal, n’a pas manqué de soulever une querelle doctrinale sur son sens et sa portée. En effet, il y a matière à interprétation du deuxième alinéa de l’article 324 qui, c’est le moins qu’on puisse relever, manque de précision.
La présente contribution est consacrée à un élément essentiel du délit de l’article 324, alinéa 2, du Code pénal à savoir la minorité des victimes.
L’article 324 alinéa 2 vise un attentat aux mœurs sur une personne mineure
La disposition de l’article 324 alinéa 2 est entrée en vigueur à une époque où quel que soit le statut civil de l’intéressé, l’âge de la majorité était fixé à 21 ans en vertu de l’article 6, alinéa 2 de la loi n° 61-10 du 7 mars 1961 déterminant la nationalité sénégalaise, modifié par la loi n° 79-01 du 4 février 1979 [2]. C’est ce qui justifie les mots « vingt et un ans » dans l’article 324 ainsi que l’usage de l’expression « mineurs de 21 ans » dans les articles 319 et 327 bis du Code pénal [3].
Se pose ici la question de savoir pourquoi le législateur fait la distinction entre la corruption de mineur (art.320 ter) et l’attentat aux mœurs par la débauche ou la corruption de la jeunesse sur enfant de moins de 21 ans et mineur de 16 ans (art. 324, al.2) [4]. En d’autres termes, le maintien du second alinéa de l’article 324, tel qu’il était rédigé en 1965, est-il un fait intentionnel ou un oubli quand on sait qu’est intervenue, en 1999, la loi n° 99-05 du 29 janvier 1999 qui introduisit deux nouveaux articles 320 bis et 320 ter pour désormais réprimer la corruption d’un mineur, la pédophilie et l’organisation de réunions à connotation sexuelle impliquant un mineur.
En définitive, la notion de mineur de 21 ans n’existe pas dans le droit actuel.
La définition du mineur en droit sénégalais. Selon l’article premier de la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant de 1989 [5], « un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable ». Cette définition de l’enfant recoupe celle de mineur définie par le Code de la Famille. En effet, l’alinéa premier de l’article 276 du Code de la Famille dispose : « Est mineure la personne de l’un ou l’autre sexe qui n’a pas encore l’âge de 18 ans accomplis »[6]. L’article 340 du même Code précise : « A 18 ans accomplis, les personnes de l’un ou l’autre sexe sont majeures et capables de tous les actes de la vie civile ». En d’autres termes, la majorité est fixée à dix-huit ans accomplis.
La minorité d’âge de l’alinéa 2 de l’article 342 du Code pénal est fixée en dessous de 18 ans depuis la promulgation de la loi n° 99-82du 3 septembre 1999
L’article 4 de la loi n° 99-82 du 3 septembre 1999 modifiant la loi n° 72-61 du 12 juillet 1972 portant Code de la Famille a abrogé toutes les dispositions contraires audit Code. Cet article dispose : « Sont abrogées toutes les dispositions contraires à la présente loi … » (c’est-à-dire à la loi n° 99-82 du 3 septembre 1999 modifiant le Code de la famille). En clair, ladite loi a, à notre avis, expressément abrogé toutes les dispositions contraires à l’article 276, alinéa premier, du Code de la Famille, notamment les articles 319, 324 et 327 bis du Code pénal qui font référence à une minorité d’âge de 21 ans [7].
Lors de l’enquête et/ou de l’instruction du dossier pénal précité, a-t-on pris la précaution de vérifier la réalité de la date de naissance de la victime. Il revient au juge d’établir que la victime n’a pas atteint l’âge de la majorité au moment des faits. Selon la chambre criminelle, « il ressort des actes de procédure notamment les procès-verbaux d’audition de la gendarmerie (cote D1/7) et de l’instruction (cote D4/1) que Adji Raby SARR est née le 03 mars 2000, donc âgée de moins de 21 ans au moment des faits ».
Normalement, la preuve de l’âge de la victime doit être établie par son acte de naissance. Il ressort de la plainte de la victime [8] que sa date de naissance n’a été enregistrée qu’en 2008 sous le numéro 263 (ou 253 si on prend en considération la rectification faite à la main sur le texte de la plainte) sur le registre de l’état civil codifié 464. La question se pose de savoir si, lors de l’enquête ou de l’instruction, la gendarmerie et/ou le juge enquêteur ont pris la précaution de vérifier la réalité de cette date de naissance en exigeant la copie littérale de l’acte de naissance de l’intéressée pour un rapprochement avec le numéro, la date et l’année du jugement du tribunal ayant autorisé la transcription de l’acte de naissance. Au final, se pose aujourd’hui une question : qu’adviendrait-il s’il est prouvé l’existence d’une fraude sur la date de naissance de la victime ?
L’article 324 alinéa 2 du Code pénal présente des imprécisions. En ne fixant pas avec exactitude le sens de l’expression « en excitant, favorisant ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de jeunesse… », le législateur a laissé le champ libre aux juges dans l’interprétation de la disposition pénale. Il est donc important que le législateur reprenne avec précision la rédaction de cet article pour ne pas permettre aux juges de donner à l’article précité une élasticité sans limite.
Comme au Bénin et au Burkina Faso [9], le législateur sénégalais devrait procéder à la mise à jour de toutes les dispositions pénales concernées par la majorité civile ou majorité légale pour se conformer à l’article 276, alinéa 1 du Code de la Famille.
[1] Faisons remarquer que le jugement du 1er juin 2023 mentionne une personne dénommée Adji Raby Sarr pour désigner la victime présumée alors dans la plainte de cette dernière et dans les procès-verbaux d’audition à la gendarmerie le second prénom Raby n’y figure pas.
[2] L’article 6, issu de la loi du 4 février 1979, dispose :
« La filiation ne produit effet en matière d’attribution de la nationalité que si elle est établie dans les conditions déterminées au Livre III du Code de la Famille
L’âge de la majorité, au regard de la présente loi, est celui qui résulte de l’article 276, alinéa premier dudit Code ».
[3] La disposition de l’article 319 alinéa 3 est issue de la loi n° 65-60 du 21 juillet 1965 et celle de l’article 327 bis de la loi n° 69-27 du 23 août 1969.
[4] Dans le Vocabulaire juridique de Gérard Cornu (page 278), la corruption de mineur est ainsi définie : « Fait d’inciter le mineur à la débauche, notamment en organisant des séances-auxquelles il est mêlé -d’exhibition ou de relations sexuelles, naguère nommée excitation à la débauche, et incriminé comme mise en péril du mineur ».
[6] Rédaction issue de la loi n° 99-82 du 3 septembre 1999 modifiant la loi n° 72-61 du 12 juillet 1972 portant Code de la Famille.
[7] Sont également abrogés les articles 565, 574, 582, 584, 503 et 594 du Code de procédure pénale en matière de majorité d’âge.
[8] En passant, la plainte de la victime est datée du 02 février 2021 c’est-à-dire le jour où a eu lieu le cinquième viol présumé. Selon les dires de la victime, ledit viol a eu lieu à 21 heures ce qui laisse penser que la plainte, à défaut d’être antidatée, a été rédigée entre 22 heures et minuit. Durant ce laps de temps, une personne qui vient d’être violée a-t-elle tout la tranquillité d’esprit et la lucidité nécessaires pour consulter le Code pénal en vue d’y relever les dispositions pénales qui répriment le viol.
[9] Au Bénin, voir l’article 558 de la loi n° 2018-16 du 28 décembre 2018 portant code pénal. Au Burkina Faso, voir l’article 533-19 de la loi n°025-2018/AN du 31 mai 2018 portant Code pénal.
par l'éditorialiste de seneplus, penda mbow
COMPRENDRE LE STATUT SPÉCIAL DU VATICAN
EXCLUSIF SENEPLUS - L’indépendance du Vatican relève d’un compromis politique avec l’Italie. C'est un État internationalement reconnu au lendemain des accords de Latran, le 11 février 1929
Le père Roger Gomis du Diocèse de Dakar aurait pu nous éclairer sur le statut spécial du Vatican. Les travaux de Jean Delumeau (1923-2020), spécialiste des mentalités religieuses en Occident, du Christianisme de la Renaissance à l’époque moderne, sont très riches d’enseignements. Quant au président du Conseil pontifical pour la culture, Paul Poupar au parcours exceptionnel, son texte estampillé Clio et intitulé le Vatican, son histoire et ses trésors,[1] nous offre suffisamment d’éléments pour comprendre l’histoire, l’organisation et le statut du Saint Siège situé à Rome.
La question sur le statut du Vatican se poserait-elle si l’Allemagne, l’Italie avaient constitué des États durant le Moyen âge, surtout après la dislocation de l’Empire carolingien lors du partage de Verdun en 843 et ceci jusqu’au XIXe siècle ? Ces espaces que sont l’Italie et l’Allemagne formaient le Saint Empire Romain Germanique comprenant des principautés, des États, des villes libres comme Brême, Francfort, Hambourg, Nuremberg, Mayence, Aix-La-Chapelle, Padoue, Venise, Rome, Gênes, etc. Ces villes libres s’administraient par elles-mêmes.
Il faudra attendre le XIXe siècle pour voir, le prince Otto Von Bismarck (1815-1898) bâtir l’unité allemande tandis que le Risorgimento italien ou unification se fera progressivement de 1859 à 1870. Le XIXe siècle caractérisé par les conquêtes coloniales, préfigure dans sa deuxième moitié la fin de de l’Empire Ottoman.
Le Vatican, une tombe, un palais, un État, a largement bénéficié de la gestion féodale des espaces et territoires au Moyen âge européen. Le document du Cardinal Poupar se résume ainsi : « De la tombe de Pierre se dresse la basilique Saint-Pierre, au successeur de Pierre dont la résidence a été érigée dans sa proximité, deux millénaires se sont inscrits en une continuité impressionnante. Le Vatican qui en est le lieu, en est devenu le symbole parce qu’il est le siège d’une entité originale, le Saint-Siège, expression juridique du gouvernement central de l’Église catholique qui compte plus d’un milliard de fidèles de toutes langues, cultures, répandus dans le monde entier »
La cité du Vatican, au cœur de la ville de Rome, est un État internationalement reconnu au lendemain des accords de Latran, le 11 février 1929. D’une superficie modeste (44 hectares), une population inférieure à 700 habitants, l’entité dirigée par le Pape bénéficie d’un rayonnement mondial sans commune mesure avec son aire géographique.
L’indépendance du Vatican relève d’un compromis politique avec l’Italie. Le processus d’unification de l’Italie renvoyait aussi à la recherche de la consolidation de son pouvoir. Camillo Cavour (1810-1861) et Giuseppe Garibaldi (1807-1882), les pères de la « patrie italienne » ont cherché à annexer les États pontificaux, qui étaient sous le contrôle du Pape et couvraient une partie du territoire central de l’Italie. Ce qui ne manqua pas de créer une tension entre l’État italien nouvellement formé et l’Église catholique. Les accords de Latran ont reconnu la souveraineté du Vatican en tant qu’État indépendant, à l’intérieur de Rome. En retour, le Vatican a reconnu l’autorité de l’Italie sur la ville de Rome et a renoncé à toute revendication territoriale.
Sans activité économique mais puissant et riche, le Vatican tient son influence de la venue de Pierre, il y a deux millénaires au moins. Ce disciple du Christ, son martyre et sa sépulture façonnent la spiritualité de Rome. Cependant le Vatican dispose de sa propre Banque connue sous le nom de l’Institut pour les Œuvres de la Religion (IOR). Même s’il utilise l’euro depuis 2002 comme sa monnaie officielle, le Vatican émet ses propres pièces de monnaie et billets ; comme au Moyen âge, on continue à y battre monnaie car c’est un acte de souveraineté.
Le Vatican est une monarchie absolue élective dirigée par le Pape qui est le chef de l’Église catholique romaine. Il est élu par le collège des cardinaux lors d’un conclave qui se réunit après la mort ou la renonciation du Pape en exercice.
Le Vatican n’appartient pas à l’Union européenne. Il dispose de son propre système judiciaire, de ses propres institutions financières et de son propre drapeau. Sujet de droit international, le Vatican entretient des relations diplomatiques avec de nombreux pays. Il est membre d’organisations internationales comme l’ONU et l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT).
En tant qu’État souverain, le Vatican maintient une position de neutralité politique officielle. Il ne participe pas aux alliances militaires et n’a pas de forces armées permanentes. La sécurité et la défense du Vatican sont assurées par la gendarmerie du Vatican.
Existe-t-il une citoyenneté du Vatican ? La majorité des personnes qui y travaillent sont des citoyens du Vatican, appelés « citoyens du Saint-siège » qui sont des membres du Clergé, des diplomates, ou des employés de la Curie romaine (administration centrale de l’Église romaine).
Les accords de Latran ont conféré au gouvernement italien des responsabilités spécifiques portant sur la protection des sites du Vatican et la sécurité du Pape. Quant au système judiciaire du Vatican, il est régi par le droit canonique et les lois édictées par le Saint-Siège avec son Tribunal Suprême de la Signature Apostolique (TSSA). Ce tribunal est dirigé par un préfet et constitué de prélats nommés par le Pape.
Le Vatican s’est bâti sur une très longue période remontant à l’Antiquité même s’il reste une survivance de l’organisation féodale du Moyen âge. Son ancrage à l’histoire de l’Europe, de tout un continent explique l’existence de l’État du Vatican. Nous voyons le Vatican comme la résistance à la déchristianisation (confert les travaux de Michelle Voyelle) de l’Europe à partir du XVe siècle ; un siècle avant la Réforme Luthérienne.
[1] Ce texte de Paul Poupar est publié en mars 2002. Il a aussi dans la collection que Sais-je publie sur le Vatican et beaucoup d’autres sujets
PAR Bosse Ndoye
SÉNÉGAL, SUR LA PENTE GLISSANTE DE L’AUTORITARISME
Les Constitutions les plus parfaites au monde ne résistent pas aux assauts répétés d’un président malintentionné et obnubilé par la conservation de son pouvoir à tout prix
Dans la Dictature, antithèse de la démocratie? 20 idées reçues sur les régimes autoritaires, Eugénie Mérieau, politiste, juriste et enseignante à Science Pô Paris, déconstruit la binarité quasi proverbiale entre autoritarisme et démocratie. Elle le fait d’autant plus nettement qu’elle appuie son raisonnement sur des exemples concrets pour illustrer la véracité de ses propos et montrer qu’elles sont loin d’être étanches les frontières séparant ces deux régimes, contrairement à ce que d’aucuns pourraient être amenés à penser. Cela explique que certaines pratiques censées être l’apanage des régimes autoritaires se produisent en démocratie et que d’autres, vues comme étant la marque de fabrique des régimes autoritaires, se passent sous des régimes dits démocratiques. Dès lors, dit-elle, « les frontières se brouillent, et surgissent dans le débat public les termes de '' démocratie autoritaire', de '' démocrature'', de '' régime autoritaire multipartite ou libéral. Ce double mouvement de dé-démocratisation de la démocratie libérale d'une part et de libéralisation des régimes autoritaires d'autre part crée une zone de convergence grise de régimes hybrides[1] ». Le Sénégal, depuis un certain temps, se trouve dans cette zone hybride, si elle ne se situe pas en grande partie dans la zone de l’autoritarisme. Quelques idées extraites du livre d’Eugénie Mérieau et de celui de Daniel Ziblatt et Steven Levistky, How democraties die – traduit en français par La mort des démocraties, appuyées par des faits réels peuvent étayer ces propos.
Absence d’indépendance de la justice
Bien que le concept soulève de nombreuses difficultés, dans un pays, l’indépendance de la justice vis-à-vis de l’exécutif peut, selon Eugénie Mérieau, être évaluée à partir de critères institutionnels : inamovibilité des juges, absence de contrôle de l’exécutif sur les carrières et l’immunité judiciaire. Elle peut être également être mesurée à l’aune de ses résultats – à part quelques rares exceptions -, notamment par rapport à la propension des tribunaux à rendre verdicts et décisions contraires aux intérêts du gouvernement[2].
Les critères institutionnels
Au Sénégal, le fait de présider le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) donne un pouvoir incommensurable au président de la République sur la carrière des juges, avocats et magistrats. Aussi n’hésite-t-il pas à s’en servir pour, d’une part, nommer et placer ses hommes liges à des postes clés ; et d’autre part récuser ceux qui résistent aux pressions et refusent de se soumettre à ses desiderata. Les cas des juges Téliko et Alioune Ndao ces dernières années en sont la parfaite illustration. Ce seul exemple suffit pour montrer à satiété ô combien la tentation est grande et réelle pour un président de la République de mettre la justice sous la coupe de l’exécutif. Ceux qui s’y sont succédé au pouvoir depuis l’indépendance n’ont pas hésité d’un iota à utiliser ce levier pour orienter nombre de décisions de justice importantes allant dans le sens du renforcement de leurs pouvoirs. Il faut toutefois noter que cette subordination du judiciaire à l’exécutif est moins une question de personne qu’une faille d’un système qu’il faudra corriger impérativement si l’on veut garder un certain équilibre entre les différents pouvoirs. Le cas président Macky Sall semble tout de même spécifique. Car il en use et en abuse - certainement plus que ses prédécesseurs - même dans des cas flagrants, manifestement injustes et illégitimes.
La propension des tribunaux à rendre verdicts et décisions contraires aux intérêts du gouvernement
Il convient tout d’abord de rappeler que – comme l’a bien mentionné Eugénie Mérieau - tout l’appareil judiciaire d’un pays, même sous les régimes les plus autoritaires au monde, ne peut pas être soumis à l’exécutif. Car, non seulement l’État n’a pas du tout intérêt dans tous les dossiers en justice, mais, pour donner une certaine image à l’international et surtout gagner la confiance des investisseurs étrangers entre autres – aucun pays ne pouvant vivre coupé du monde – il est obligé de laisser certains secteurs de leur justice fonctionner convenablement. Au Sénégal, la propension des tribunaux à rendre verdicts et décisions allant dans le sens des intérêts du gouvernement peut être considérée comme un corollaire de l’ascendance de l’exécutif sur le judiciaire. Donc, comme un problème de système. Ce qui fait que dans les cas où l’État dispose d’intérêts directs dans des dossiers considérés comme des menaces à son pouvoir, il n’hésite à faire de vives pressions sur des juges qu’il a minutieusement choisis pour qu’ils rendent un verdict défendant des positions qui lui sont favorables. Les procès des principaux opposants au régime du président Macky Sall : Ousmane Sonko, Khalifa Sall et Karim Wade et les verdicts rendus à leur issue en sont des preuves à bien des égards
Processus électoral vicié
Contrairement à certaines idées reçues, il existe des élections multipartites dans la majorité les régimes autoritaires du monde. Mais l’objectif premier de celles-ci est surtout de stabiliser le régime en remplissant 3 fonctions : une fonction de légitimité tout d’abord – « l’onction du suffrage universel » ; la fonction de contrôle social (…) et enfin une fonction de cooptation (…)[3]. Lors de ces élections, les fraudes directes (bourrages d’urnes, décomptes frauduleux, assassinats politiques, achats de vote) ont tendance à être remplacées par une intervention en amont sur le processus électoral. Au Sénégal, il y a eu une révision du code électoral pour filtrer les candidats avec l’instauration du parrainage – qui a été désapprouvé par la Cour de justice de la CEDEAO dans un arrêt rendu le 28 avril 2018. Celle-ci avait même donné à l’État sénégalais un délai de 6 mois pour qu’il le supprime. L’intervention dans le processus électoral se fait aussi par l’élimination des candidats les plus sérieux à la suite de procès iniques en mode fast-track. De plus, les inscriptions sur les listes électorales ont été rendues très difficiles et contraignantes pour nombre de jeunes ; les délais sont courts et le retrait des cartes d’électeur de ceux qui sont soupçonnés appartenir à des partis de l’opposition est rendu souvent compliqué. En outre, un certain brouillard plane toujours sur le fichier électoral et sa fiabilité. Les effets combinés de tout cela permettent au gouvernement de prendre une longueur d’avance sur ses adversaires. Bien que nombre de ressources soient mobilisées lors du processus électoral, il n’en demeure pas moins que subsistent encore des cas de fraude lors des différentes élections : vote d’enfants mineurs, plus de votants que d’inscrits...comme cela a été relevé lors des dernières élections législatives.
- Gare au wax-waxeet et à la tentative de s’accrocher au pouvoir, Ulysse et les Sirènes
Après avoir crié sur tous les toits du monde que le nombre de mandats était limité de 2 et écrit dans son livre : Le Sénégal au cœur qu’il en est à son second et dernier mandat, le président Macky Sall revient sur ses propos et envoie ses lieutenants – armés d’une escroquerie sémantique : second quinquennat et de la même antienne : le dernier mot revient au Conseil constitutionnel – pour pouvoir poser une 3e candidature afin d’obtenir un mandat supplémentaire auquel il n’a pas du tout droit selon l’actuelle constitution du pays. Eugénie Mérieau semble lui rappeler la célèbre métaphore d’Ulysse et les sirènes du philosophe norvégien Jon Elster afin qu’il revienne à la raison. D’autant que celle-ci doit se prémunir contre les passions du pouvoir par la Constitution: « Alors qu’Ulysse et ses compagnons rentrent du royaume des morts, ils s’approchent dangereusement de l’Île des Sirènes, qui, avec leur doux chant, attirent tous les navires aux rochers et leurs équipages à la mort. Il réunit alors ses hommes pour leur donner les instructions suivantes : « Mettez de la cire dans vos oreilles, mais pas dans les miennes. Attachez-moi bien fort au mât, en ramez. Surtout, ignorez absolument ce que je pourrais vous dire sous l’influence des Sirènes, ignorez-le, et continuez à ramez. Et si je vous implore, si je vous supplie de me libérer, vous devez serrer encore plus fort les cordes qui m’entravent. » Les hommes s’exécutent et Ulysse est ligoté au mât du navire. Le chant des sirènes, absolument divin, lui parvient ; il se débat dans les cordes, suppliant ses hommes de le détacher, d’ôter la cire de leurs oreilles, d’apprécier ensemble ce moment de pure grâce. « Je sais ce que je vous ai dit auparavant, mais ignorez mes précédents ordres, et obéissez » Comment les hommes d’Ulysse pouvaient-ils résoudre ce dilemme ? Comment réagir face à deux ordres contradictoires d’une même autorité légitime ? L’ordre le plus récent ne déroge-t-il pas à l’ordre plus ancien ? Finalement, l’ordre donné lors du moment de raison s’imposa à l’ordre donné sous l’emprise des passions incontrôlables – c’est le principe de la constitution, qui, vise à contraindre la passion de la politique par la raison du droit. »[4]
Subvertir la démocratie
À travers une métaphore footballistique, Steven Levitsky et Daniel Ziblatt nous apprennent comment les autocrates élus subvertissent la démocratie dans leurs pays : « Pour mieux comprendre comment les autocrates élus minent subtilement les institutions, il serait utile d’imaginer un match de football. Pour renforcer leur pouvoir, les apprentis (aspirants) dictateurs doivent capturer les arbitres, mettre sur la touche au moins quelques-uns des joueurs vedettes de la partie adverse et réécrire les règles du jeu pour préserver leur avantage…La capture de l’arbitre…est une arme puissante permettant au gouvernement d’appliquer la loi d’une manière sélective en punissant les opposants tout en protégeant ses alliés. Les autorités fiscales peuvent être utilisées pour poursuivre opposants, entreprises et organes de presse. La police réprime les manifestations de l’opposition tout en tolérant les actes de violence des voyous progouvernementaux » (ma traduction) Ce qui est décrit dans cette citation ressemble bien à s’y méprendre à ce qui se passe au Sénégal. Les arbitres, qui sont la justice, la police et l’ensemble des institutions administratives du pays sont utilisés pour renforcer le pouvoir du régime en place, très souvent au mépris de toutes les règles de droit ; les footballeurs vedettes, qui sont les principaux opposants: Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Karim Wade, ont été tous mis sur la touche à l’issue de procès expéditifs et iniques (à suivre l’affaire Ousmane Sonko) ; le code électoral a été révisé ; les critiques du pouvoir sont souvent sanctionnés par des peines de prison pendant que les partisans du pouvoir, qui font des déclarations plus graves, et vont même jusqu’à en appeller ouvertement aux meurtres d’opposants jouissent d’une impunité totale. Les dossiers des corps de contrôles ayant épinglé des partisans du pouvoir sont sous le coude du président alors que ceux impliquant d’autres personnes opposées au gouvernement sur place sont traités avec une célérité inhabituelle ; des nervis sont utilisés lors de manifestations pour réprimer sinon tuer les manifestants mécontents ; des journalistes – Pape Alé Niang, Pape Ndiaye entre autres- sont arrêtés parfois pour des vétilles et médias comme Walfadjri fermés arbitrairement.
En définitive, comme le rappellent Daniel Ziblatt et Steven Levitsky - après avoir comparé plusieurs Constitutions -, que les Constitutions les plus parfaites au monde ne résistent pas aux assauts répétés d’un président malintentionné et obnubilé par la conservation de son pouvoir à tout prix. De plus, en démocratie, parmi les choses les plus importantes figurent des règles non écrites. Le respect de la parole donnée par le président de la République n’est nullement inscrit sur la Constitution sénégalaise, mais dans les différentes cultures dans le pays, les esprits, il est impensable qu’une autorité, qui plus président de la République puisse mentir pour vendre son referendum, pour accéder au pouvoir et s’y maintenir. Mais un peuple debout et uni peut toujours faire face à tous les dirigeants, fussent-ils dictateurs.
DE DAKAR À PARIS, LA RÉVOLTE DES JEUNES CONTRE LES INÉGALITES SOCIALES, L’INJUSTICE ET LA VIOLENCE INSTITUTIONNELLE D’ÉTAT
Les régimes néocoloniaux d’Afrique ne sont compétents que pour copier, non pas les quelques aspects positifs de gouvernance, mais plutôt ce qu’il y a de pire dans les pratiques politiques de leurs maitres impérialistes
Des nuits successives de révoltes et d’émeutes dans les banlieues de la région Paris Île-de-France, s’étendant à plusieurs quartiers populaires défavorisés d’autres régions et grandes villes de France ! Les plus de 50 000 policiers et gendarmes mobilisés peinent à venir à bout de la colère légitime causée par le meurtre, perpétré de sang- froid à Nanterre, sur un jeune adolescent de 17 ans, Nahel, accusé de « refus d’obtempérer » à l’occasion d’un contrôle routier !
Marches blanches et surtout plusieurs nuits de manifestations marquées par des affrontements avec les forces de répression, ayant entrainé des attaques et des dégradations de bâtiments administratifs, d’écoles, de pharmacies, de prisons, de commissariats, de banques, de commerces divers avec denrées et produits emportés, etc. Mutatis mutandis, on se croirait à Dakar lors des soulèvements de mars 2021 ou de juin 2023 ! Peut-être même qu’entre temps, les fameuses « forces occultes » et autres « terroristes salafistes » pointés du doigt par le ministre sénégalais de l’Intérieur, introuvables dans notre pays on dirait depuis mars 2021, ont dû quelque part être prêtés aux jeunes manifestants des banlieues et autres quartiers défavorisés de France !
Quel est donc le fil d’Ariane qui relie Dakar à Paris ? Face aux vagues déferlantes de jeunes, le président de la République du Sénégal en 1988, avait fustigé « la jeunesse malsaine » avide de changement et debout contre les fraudes électorales. Nicolas Sarkozy quant à lui, alors ministre de l’intérieur français en 2005 et futur président, traitait en 2005 la jeunesse des banlieues de « racaille, vendeurs de drogue et voleurs de voitures » !
Le 8 mars 2021, suite aux émeutes déclenchées par le complot d’Etat ourdi contre le leader de Pastef, Ousmane Sonko, le président Sall s’adressait ainsi, les yeux dans les yeux, d’une part à la jeunesse du Sénégal: « je vous ai compris », à toute la Nation d’autre part : « de tels évènements ne se reproduiront plus » ! Nous venons de voir en direct, plus douloureusement encore, ce qu’il en est advenu ! Macron et son gouvernement ont eu au moins une réaction rapide consistant à arrêter et à inculper pour « homicide volontaire » le policier ayant tiré sur le jeune.
Nahel. Comme on le constate, les régimes néocoloniaux d’Afrique ne sont compétents que pour copier, non pas les quelques aspects positifs de gouvernance, mais plutôt ce qu’il y a de pire dans les pratiques politiques de leurs maitres impérialistes ! Le fil d’Ariane, le dénominateur commun des crises en cours au Sénégal et en France, ne sont en réalité rien d’autre que les tonneaux sans fond des inégalités sociales, du chômage, de la précarité, des injustices flagrantes et de la violence institutionnelle d’État. Autant de fléaux sociaux devenus insupportables, surtout face aux profits prodigieux accumulés par les multinationales du Nord comme en France, et aux milliards des richesses insolentes des prédateurs du Sud, comme au Sénégal. L’élimination de tels fléaux passera, il faut s’en convaincre, non par quelques saupoudrages, réformettes, faux dialogues, artifices constitutionnels du type Article 49-3, mais plutôt par de vraies solutions courageuses, structurelles et durables au service de l’intérêt général, l’intérêt premier des peuples, une véritable alternative de rupture en d’autres termes.
Le temps est venu, pour chacun et chacune, d’assumer clairement ses responsabilités. Passons sur l’utilisation des couleurs du drapeau national ou du Palais de la République, à des fins de politique politicienne partisan ; si un responsable de Pastef, de Yewwi ou F24, s’était permis d’appeler des maires et présidents de départements à prendre d’ores et déjà « toutes dispositions fermes et appropriées pour faire face à des fauteurs de troubles venant s’attaquer aux biens publics et privés du ressort de leurs collectivités territoriales », que de cris d’orfraie aurions-nous alors entendus de prétendus démocrates, républicains et autres défenseurs de l’État de droit … contre des ‘’appels irresponsables à la guerre civile’’?!
Alors encore une fois, que chacun-e prenne ses responsabilités, avec vigilance, détermination et clairvoyance. Outre nos juridictions nationales propres, en vertu des dispositions de la Cour pénale internationale ainsi que du principe de la Compétence universelle, les violences contre les populations civiles de même que les crimes contre l'humanité, qu’ils aient été commis au Sénégal, en France ou ailleurs, ne pourront jamais être passés en simples pertes et profits.
Attention donc car, comme le prédit l’adage, rira bien qui rira le dernier !
Madieye Mbodj est vice-président de Pastef, chargé de la vie politique nationale
C’est en chef de guerre face à ses troupes que le président Macky Sall a livré, ce samedi 1er juillet 2023, une véritable diatribe contre les démocrates du Sénégal et de la diaspora
De retour de la Mecque, au lendemain de la Tabaski, moment de pardon et de bienveillance où sa parole d’apaisement était attendu après les événements douloureux qui ont couté la vie à seize de nos jeunes concitoyens, c’est plutôt en chef de guerre face à ses troupes que le président Macky Sall a livré, ce samedi 1er juillet 2023, une véritable diatribe contre les démocrates du Sénégal et de la diaspora mobilisés pour défendre la Constitution.
Entre autres philippiques, le président Macky Sall s’en est violemment pris aux intellectuels qu’il qualifie de malhonnêtes et qui selon lui savent qu’il a droit à un troisième mandat.
Je rappelle qu’en 2016, c’est le président Macky Sall lui-même qui avait choisi le terme de « verrouillage de la constitution» pour expliquer urbi et orbi que la question du nombre de mandat présidentiel était désormais définitivement réglé au Sénégal par l’article 27 de la Constitution stipulant que « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. ». Ensuite, trois ans durant, le Président Macky Sall, la main sur le coeur, a clamé partout qu’une fois réélu en 2019 il ferait son deuxième et dernier mandat. Il a réitéré ses mêmes propos dans son livre « le Sénégal au Coeur”.
L’honnêteté, c’est le respect de la parole donnée, c’est le respect de la Constitution, c’est le respect des règles démocratiques.
Aussi, je rejette les propos accusatoires inacceptables du président Macky Sall !
par Momar Dieng
QUI SERA LE CANDIDAT DE BBY À LA PRÉSIDENTIELLE
Aujourd’hui encore, la non candidature de Macky Sall reste une possibilité. Sa coalition s’y est-elle préparée ?
Dans tous les cas de figure, la coalition Benno Bokk Yaakaar aura son candidat à la présidentielle du 25 février 2024. Si ce n’est Macky Sall, ce serait un Bébé-Macky taillé sur mesure afin de « poursuivre » l’œuvre du mentor à la tête du pays.
Ce lundi 3 juillet 2023, les Sénégalais sauront (enfin !!!) si Macky Sall, actuel et futur Président sortant, sera candidat où pas à l’élection présidentielle du 25 février 2024, à moins d’une nouvelle pirouette qui différerait encore le clap de fin d’un événement qui n’aurait jamais dû en être un. Jusqu’au bout, le tout-puissant suzerain de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) aura maintenu le suspens sur son avenir après la fin de son second et dernier mandat à la tête du Sénégal. Jusqu’au bout, il aura tenu en haleine ses partisans, ses alliés, une frange de l’opinion publique, les chancelleries étrangères, etc. pour n’avoir pas voulu ou pu répondre à la question fatidique : « c’est oui ou c’est non ? ». C’est pourquoi, à l’énoncé du verdict de la délivrance, certains exulteront de joie et de soulagement car la stabilité politique du pays et de ses institutions en sortirait gagnante. D’autres seront en pleurs, dans la détresse, anticipant une décision qui serait à leurs yeux une porte ouverte à leur déchéance, un début de descente en enfer post-pouvoir. Quelques autres – des militants politiques et/ou de l’orthodoxie de la loi constitutionnelle - crieront victoire ou déception. Après, il faudra ouvrir une autre séquence, celle menant à l’échéance de l’année prochaine.
Macky Sall candidat contre vents et marées de la coalition Benno Bokk Yaakaar ? Une certaine météo journalistique et d’observateurs n’en doute point depuis belle lurette. On en serait alors à l’aboutissement d’une logique assumée de reniement de sa parole écrite et de ses engagements urbi/orbi. Mais cette candidature serait aussi le résultat d’une campagne de médiatisation outrancière visant à la rendre évidente, incontournable, acceptable. Et cela dure depuis trois ans. Alea jacta est ? Peut-être pas !
Le président ne s’est pas encore renié !
Pourtant, depuis le début du feuilleton « ni oui ni non », Macky Sall n’a jamais factuellement renié sa parole de ne faire que 2 mandats. La promesse tient toujours. C’est le brouillage des signaux pouvant éclairer sa décision ultime qui s’est accentué. A Paris dernièrement, Le « Je » présidentiel a laissé place au « Nous » collectif. Le « Faire poursuivre » lâché samedi au palais en présence des élus et maires favorables à sa candidature est venu supplanter « Mon ambition » déclamé ailleurs à maintes reprises. Auparavant, son « J’assumerai ce choix » (ndlr : d’être candidat ou non) prononcé lors de la clôture du dialogue national reste interprétable sous mille et un angles. A quel Macky se fier ?
Jusqu’ici, Benno Bokk Yaakaar s’est livrée pieds et poings liés au président de la République., sa seule constante. Ps, Afp, Ld, Pit, alliés de taille d’origine dont personne ne sait ce qu’ils pèsent après onze ans de participation au pouvoir, ont été rejoints bien plus tard par d’autres partis et mouvements aussi lilliputiens qu’opportunistes attirés par « la vision éclairée, sage et pragmatique » du chef de l’Etat. Aujourd’hui, la non candidature de Macky Sall reste une possibilité. BBY s’y est-elle préparée ?
Dans ce cas, le porteur des ambitions de la coalition présidentielle ne serait que celui que Sall aura choisi et désigné dans son propre camp, sur un contingent limité de ‘’soldats’’ prêts à relever le défi. Il serait Macky-compatible à 200% à tous les niveaux, du moins dans la phase de préparation de sa candidature et de sa montée en puissance éventuelle. Il assumerait la totalité du bilan (actifs et passifs) de douze ans de gouvernance parce qu’il en serait comptable de fait et de droit à une ou plusieurs stations de décision du gouvernement et de l’Etat. Il serait un candidat sous tutelle dont les marges de manœuvre dans des fonctions présidentielles éventuelles seraient déterminées de commun accord avec son mentor. Il pourrait bien accepter d’être un « Dimitri Medvedev », du nom de cet ancien premier ministre que Vladimir Poutine fit élire président de la Fédération de Russie entre 2008 et 2012 pour lui « garder » le fauteuil présidentiel après deux mandats consécutifs. Le verrouillage du profil idéal ne réglera pas tout. Qui serait l’élu du parrain ?
Successeurs potentiels ?
Dans la galaxie Macky, ils ne sont pas légion.
Si vous pensez à Mahammed Boun Abdallah Dione, l’ancien premier ministre, ex directeur de cabinet puis envoyé à l’ombre (pour le préserver ?), il est question d’un « ami intime » que le chef de l’Etat aurait moult fois supplié de rentrer au bercail, à l’entame de sa présidence en 2012. Ancien de la Bceao et de l’Onudi, Dione se veut maintenant un porte-drapeau de la « souveraineté » de l’Afrique, ainsi qu’il le clame dans l’ouvrage qu’il vient de publier : « Le lion, le papillon et l’abeille. »
A Abdoulaye Daouda Diallo ? On fait référence à un fidèle d’entre les fidèles, une sorte d’avatar dont la loyauté irait jusqu’au ‘’suicide’’ pour les beaux yeux du mentor. Bref directeur de cabinet du président, il trône depuis avril 2023 à la tête du Conseil économique social et environnemental (Cese) comme 3e personnalité de l’Etat. Une promotion qu’il aurait saluée comme étant plus conforme à sa stature de pilier du régime. En attendant mieux ?
A Amadou Bâ ? On pense au premier ministre actuel, contraint de faire le dos rond, pour le moment. Une carte qui ne déplairait pas à la France en cas de nécessité, parait-il. Bretteur autant sympathique qu’impitoyable si des circonstances l’exigent, mais soupçonné par des cercles APRristes de dérouler un double jeu visant à le faire apparaître plus consensuel et moins radical que Macky Sall, notamment en ce qui concerne l’ouverture du jeu politique.
On penserait bien à Antoine Félix Diome et Ismaïla Madior Fall. Le ministre de l’Intérieur et son collègue de la Justice ont été les grands exécutants de la politique agressive du chef de l’Etat à l’endroit de ses opposants de la coalition Yewwi askan wi à travers les services de police et la magistrature dont le Parquet. Deux identités remarquables que Macky Sall peut considérer comme encore utiles pour la suite des événements, à moins qu’ils ne soient plus jugés aptes à servir encore dans une séquence nouvelle.
Candidature problématique
BBY aura donc son candidat à la présidentiel de février 2024, un « Bébé-Macky » qui sortirait de la manche présidentielle comme l’inattendu Amadou Mame Diop est sorti du chapeau du palais en devenant président de l’Assemblée nationale en septembre 2022. Mais l’Assemblée nationale n’est pas la présidence de la République !
Stratège du secret, verrouilleur de ses propres réseaux, casseur de dynamiques politiques dangereuses pour sa tranquillité, Macky Sall est resté maître du jeu politique sénégalais en étant pendant plus d’une décennie le dénominateur commun exceptionnel de cette « vieille » classe politique (gauche et social-démocrate) aux affaires depuis plus d’un demi-siècle. Seule l’éclosion grandiose d’Ousmane Sonko et de la coalition Yewwi askan wi a pu contrarier sa toute puissance souveraine par des percées électorales inédites qui ont équilibré le jeu politique. Sa légitimité n’en est pas sortie indemne, ébranlée par les événements violents de juin et les dizaines de jeunes gens tués sur le champ des contestations politiques. Un boulet aux basques d’une candidature dangereuse pour le pays.