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1 décembre 2024
Opinions
par Abdoul Aziz Diop
LES PSEUDONAUTES
Nous désignons par pseudonautes, les traqueurs d’auteurs de posts sur Internet dont le seul objectif est d’asséner auxdits auteurs les coups prémédités pour une raison autre que celle qui s’attache aux vrais contenus des contributions écrites
Pour faire simple, nous désignons par pseudonautes, les traqueurs d’auteurs de posts sur Internet dont le seul objectif, toujours atteint, est d’asséner auxdits auteurs les coups prémédités pour une raison autre que celle qui s’attache aux vrais contenus des contributions écrites. Ces dernières ne sont d’ailleurs pas lues pour la plupart par les pseudonautes de service - presque toujours les mêmes - bien contents d’avoir copieusement insulté les proies sans défense et rendues faciles par leur naïveté qui fait qu’elles pensent pouvoir tirer d’un anonyme le supplément d’âme qui leur manque parfois dans la recherche de la vérité. Deux emprunts - le premier au philosophe français Régis Debray et le second au théologien sénégalais Cheikh Ahmed Tidiane Sy - nous permettent de trouver une explication au pseudo univers des pseudonautes qui dissimulent lâchement leur véritable identité derrière des pseudonymes comme Thiers et Khalil. Dans notre exercice, l’intérêt de la théologie est de nous soulager définitivement du pseudo fardeau rien qu’en regardant à l’ombre du manguier aux fruits mûrs ou a travers le feuillage du bel arbre le massacre impuni, la veille au soir, des chauves-souris.
Aux quais des gares du numérique
Le philosophe français Régis Debray a balisé une voie grâce à laquelle il est possible de cerner le pseudo monde des pseudonautes depuis qu’il a suggéré et théorisé le concept novateur de « médiologie ».
La médiologie n’est pas une doctrine ; elle n’est pas non plus une morale. Elle n’est même pas une nouvelle science. Elle est une méthode d’analyse pour comprendre la transmission dans la durée de l’information. On se conduit en médiologue lorsque l’on tire au clair les relations entre les fonctions sociales supérieures (religion, art, politique, etc.) et un système technique de communication comme la saisie, l’archivage, etc. Mais de tout ce que propose Debray avec rigueur, nous nous contentons ici des trois âges de l’histoire qu’il a circonscrits en insistant sur les sources principales des messages, les destinataires, les modes de transmission et les sujets ou objets valorisés à travers les liens qui se nouent entre les messagers et leurs cibles privilégiées. Le premier âge – la logosphère – est celui de la transmission orale des textes par le clergé en direction du sujet à commander dont la particularité est de ne jamais contester le dogme. La forme de transmission – la prédication – valorise un saint. Le second âge – la graphosphère – est celui de l’écriture imprimée dont use l’intelligentsia pour atteindre le citoyen à convaincre par le truchement de la publication valorisant un héros ou une idée. Le troisième âge enfin – la vidéosphère – est celui de l’audiovisuel, canal par lequel les médias se disputent le consommateur à séduire pour valoriser, à titre d’exemple, la star politique bien obligée d’apparaître. Depuis que les connexions à l’Internet se chiffrent en centaines de millions à travers le monde, les internautes – indépendamment des cursus bons et moins bons des uns et des autres – ont investi un nouvel espace - la blogosphère -, imposant du coup un nouvel âge d’or de l’information où les modes de transmission piochent dans ceux des trois premiers âges et brouillent les pistes de la valorisation. Tout part de l’internaute ; tout revient à l’internaute souverain. L’auteur de La Révolte du Pronétariat (transversales Fayard, 2006), Joël de Rosnay, se dit même convaincu qu’« une nouvelle démocratie est [née], inventée grâce aux nouvelles technologies ou médias des masses (Internet, blogs, SMS, chats...) par les citoyens du monde». « Or ni les médias traditionnels, ni les politiques n’en comprennent vraiment les enjeux... », renchérit-il.
L’extraordinaire explosion des sphères, démultipliées sur le Net, donne l’embarras du choix aux citoyens qui entrent en dissidence contre toutes les formes de contrôle social et politique. Mais pas tous ! S’adonnant au contrôle politique dont ils sont les inconditionnels relais, bon nombre d’internautes, restés sur les quais des gares du numérique, se refusent à prendre un train, cherchant même à faire descendre des trains en partance les passagers déjà installés dans les wagons. Ceux-là sont les pseudonautes qui veulent un monde dans lequel les quatre sphères passent la main au pseudosphère où la pensée en noir et blanc ne s’accommode d’aucune nuance de gris.
L’âme révérencieuse
L’âme est un mystère dont l’invocation se heurte au mur infranchissable derrière lequel elle est enveloppée d’un épais brouillard dont Dieu récuse la dissipation dans le Coran : « Et ils t'interrogent au sujet de l'âme, - Dis : “L'âme relève de l'Ordre de mon Seigneur”.. Et on ne vous a donné que peu de connaissance »(17:85).
Le grand conférencier Cheikh Ahmed Tidiane Sy, dissuada les honnêtes citoyens tentés de répondre aux très nombreuses voix qui s’élèvent à la suite des leurs. L’effort de dissuasion n’est d’ailleurs pas nécessaire si l’âme révérencieuse du sujet valorisé par l’une des sphères joue sa partition au contact du monde extérieur. Cela veut simplement dire que la parole est aux autres après que les auteurs informés de posts ont fini de s’exprimer par les canaux appropriés. Il est en fin de compte erroné de vouloir répondre au nombre considérable de commentateurs de réflexions dont les chances de récolter une seule approbation n’existe pas dans le milieu fermé des pseudonautes longtemps restés à l’affût. Qu’attendre des pseudonautes Thiers et Khalil croisés sur Seneplus quand l’un voit partout « l’intellectuel faussaire » et l’autre « le vieux parasite de la République » ? Vraiment rien !
De l’avis de l’interprète monumental Al Maktoum, l’âme révérencieuse est celle à qui s’adresse Dieu dans les versets 7, 8 et 9 de la sourate Ar-Rahman (Le Tout Miséricordieux) et dont voici les déclinaisons complètes :
«Et quant au ciel, Il l'a élevé bien haut. Et Il a établi la balance (55:7)
afin que vous ne transgressiez pas dans la pesée (55:8)
Donnez [toujours] le poids exact et ne faussez pas la pesée (55:9) ».
Bien sûr, écrit Max Weber dans Le savant et le politique (1919), « la théologie - “étude critique de la pensée et du culte en relation avec Dieu” - se heurte à la question : comment peut-on comprendre, en fonction de notre représentation totale du monde, [les] présuppositions que nous ne pouvons guère qu'accepter ? [La théologie] nous répond qu'elles appartiennent à une sphère qui se situe au-delà des limites de la “science”. Elles ne constituent donc pas un “savoir“ au sens habituel du mot, mais un “avoir“ [Haben], en ce sens qu'aucune théologie ne peut suppléer à la foi et aux autres éléments de sainteté chez celui qui ne les “possède“ pas ».
Les pseudonautes, tous restés aux quais des gares du numérique, renvoient au spectacle bien connu des mangues mûres qui n’arrivent pas à la natte ou à la table à manger du cueilleur domestique qui a la chance de voir pousser un manguier dans sa cour pendant de longues années. Les fruits mûrs à moitié dévorés se trouvant au sol ont subi le même sort que ceux restés là-haut mais presque totalement dépouillés de leur juteuse substance nourricière. L’arbre fruitier avait été flamboyant et altier jusqu’au passage des chauves-souris venues se servir comme bon leur semble quand l’occupant des lieux ronfle le soir. Dieu leur octroya leur part sans grabuge. C’est la loi de la nature. Mais un tout autre spectacle immortalisé sur la pellicule de notre smartphone et auquel nous n’avons pas assisté est celui de l’image de la mangue pas mûre (voir image au début du texte) au pied de l’arbre et qu’une bête, dont la visite inopinée nous échappa, abandonna là, nous rappelant la désobligeance des pseudonautes Thiers et Khalil, deux ignobles perturbateurs comme les appelle Al Maktoum instruit, bien avant les profanes que nous sommes, par la dernière sourate, la 114 ème, An-Nas (Les hommes), du Livre des versets pleins de sagesse.
Abdoul Aziz Diop ambitionne, dans le cadre de ses recherches, d’établir l’antériorité coranique de la démocratie libérale dont l’exclusivité occidentale est généralement admise. Pour les besoins de la tribune sous vos yeux, M. Diop a créé le néologisme pseudonautes.
PAR Jean-Baptiste Placca
L'AFRIQUE DÉCOUVRE, ICI, WAGNER
S'il fallait une preuve définitive de la nocivité des mercenaires aux dirigeants africains, elle leur est parvenue, en fin de semaine dernière, depuis la Russie. À présent, plus personne ne pourra prétexter l'ignorance
N’y aurait-il pas un peu d’exagération dans les commentaires qui suggèrent que la mutinerie du week-end dernier, en Russie, devraient suffire à ramener à la réalité les dirigeants africains en affaires avec Wagner, en leur faisant prendre conscience des risques, pour leurs pays, à traiter avec l’armée de mercenaires d'Evgueni Prigojine ?
Il serait encore plus affligeant d’imaginer que les dirigeants africains en question aient eu besoin d’une telle mutinerie, pour réaliser la dangerosité, pour leur pays, des relations avec Wagner. À écouter certains porte-parole relativiser la gravité de cette mutinerie, l’on se demande, d’ailleurs, si ces dirigeants africains mesurent tous la portée de ce dont est capable le patron de Wagner.
Si, au nom des intérêts de son groupe, Prigojine a pu oser défier de la sorte le redoutable Vladimir Poutine, l'on imagine de quoi il pourrait être capable, si un de ces États fragiles où il prospère venait, un jour prochain, à tenter de prendre ses distances avec lui. Déjà qu’ils sont dans le déni, n’admettant même pas traiter avec ces mercenaires décriés. Et, parfois, ils reprochent à ceux qui critiquent leurs fréquentations d’attenter à leur souveraineté nationale. Ou d’être jaloux du bonheur de leur peuple d’avoir le soutien d’un ami si efficace…
A chaque crise dans le monde, l’on drague les dirigeants africains, l’on fait de grandes promesses à grand renfort médiatique. Et si cette fois où la planète semble avoir pris conscience de l’importance de l’Afrique, on les prenait au mot
Une demande de plus en plus forte des pays du sud. A chaque crise dans le monde, l’on drague les dirigeants africains, l’on fait de grandes promesses à grand renfort médiatique. Et si cette fois où la planète semble avoir pris conscience de l’importance de l’Afrique, on les prenait au mot.
Le continent noir refuse de continuer de subir les projets des autres et propose le sien cette fois-ci sa priorité : l’électrification. L’Occident joue cette fois-ci sa crédibilité et la jeunesse doit prendre cette veille à sa charge. Ou il délivre, ou on fera avec les autres.
par Ciré Clédor Ly
TOUT EXCÈS FINIT PAR NUIRE
J’ai pu avec mes enfants et mon petit fils, voir mon client Ousmane Sonko. C’est un homme plein de projets louables, bénéfiques et fédérateurs pour le continent africain que j‘ai retrouvé
Bonne fête de Tabaski à tous ceux qui, dans le monde, ne vivent que pour la justice sociale, l’équilibre des institutions, le partage équitable des générosités de la nature, le don entier de soi et la fraternité.
Pour le peuple sénégalais qui vit un tournant décisif qui pourrait tourner aux événements de 1789 avec tout ce qu‘il fut pour un monde nouveau et d’horreur pour des tortionnaires, il n’est pas trop tard pour que la raison et la sagesse, ainsi que le respect des valeurs humaines que sont la vie, la liberté, le respect de la dignité humaine et des droits citoyens guident les pensées et les actes des uns et des autres, pour conjurer le mensonge d’une gamine inconsciente et insouciante, qui est en train de plonger le pays dans l’abîme.
J’ai pu avec mes enfants et mon petit fils, voir mon client Ousmane Sonko.
C’est un homme plein de projets louables, bénéfiques et fédérateurs pour le continent Africain que j‘ai retrouvé. Un leader qui vit un destin qu’il assume pleinement et dignement.
Ce que le ministère de l’Intérieur m’a permis hier, est un droit humain et il est toujours indiqué de ne point porter ombrage ni entrave à ce que la nature accorde et le droit consacre.
Le citoyen Ousmane Sonko m'a paru soulagé d'avoir pu enfin rencontrer un de ses avocats après des mois de privation de ce droit élémentaire de la Défense.
C’est pourquoi, j’espère que par ce geste louable, c'est un signe de retour à la normalité et une enjambée vers la levée des barricades, ainsi que la fin d’une oppression multiforme parce que, en cela, seul le peuple Sénégalais serait gagnant.
Rappelons-nous que tout excès finit par nuire.
Demain n’est pas loin. Il nous édifiera et s’il est sombre, après demain, il fera jour.
Me Ciré Clédor Ly est membre du Collectif des avocats de Ousmane Sonko
par Abdoul Aziz Diop
MULTIPLE PHOTOS
UN LARBIN PARLE DU PÉTROLE ET DU GAZ
La vérité sur le rôle des conseillers du président montre que les mots comme « larbin », les idées reçues du genre « savants agrégés empressés de fréquenter les salons du pouvoir » n’existent que dans l’imaginaire des commentateurs qui les manient
Depuis l’annonce officielle de la découverte d’importants gisements de pétrole et de gaz au Sénégal, le président Macky Sall a bien conscience de la difficulté d’obtenir l’adhésion de l’ensemble de la société à l’idée qu’il ne s’agit là, ni plus ni moins, que d’accélérateurs nouveaux de notre développement qui ne devraient faire perdre la tête à personne au pays de la Téranga. Il en a d’autant plus conscience qu’il a lui-même voulu que les ressources naturelles deviennent – chose faite depuis la proclamation des résultats définitifs du référendum du 20 mars 2016 par le Conseil constitutionnel – une propriété exclusive du peuple sénégalais souverain. Mille et une déclarations de principe ne suffiraient donc pas à sortir de la controverse voulue par l’opposition politique qui saisit là une occasion d’affirmer, autant que la majorité, son attachement aux intérêts vitaux des populations sénégalaises. Mais pas toujours, hélas, dans la sérénité !
Une question importante se posa alors au président quand arriva le moment de faire des éclairages concernant le pétrole et le gaz du Sénégal sur lesquels nos compatriotes attendent beaucoup : « Pourquoi refuser au pétrole et au gaz la centralité dans notre processus de développement économique et social tout en leur reconnaissant le rôle d’accélérateur du développement et d’amélioration significative des conditions de vie que les Sénégalais en attendent ? » Par centralité, il faut comprendre la fonction d’impulsion du développement économique et social exclusivement dévolu à un secteur – celui des énergies fossiles - au détriment ou presque de tous les autres.
De la centralité dans les processus de développement
La formation des Etats modernes s’appuie sur le Territoire (T), grand ou petit, disponible, la Population (P), nombreuse ou peu nombreuse, les Ressources naturelles (R), en petite ou grande quantité, et par le Savoir (S), étendu ou moins étendu, dont les habitants sont crédités grâce à l’éducation, la formation et la recherche-développement. L’utilité (supposée ou réelle) de l’Organisation des Nations Unies (ONU) est de garantir la libre administration de chaque pays par un gouvernement issu, de préférence, du suffrage universel. Il en résulte une centralité de la Gouvernance démocratique (G) dans les Etats modernes.
D’après cette configuration, la tendance universelle à la gouvernance démocratique (G) s’explique alors par l’équilibre, facteur de paix, de sécurité et de développement, dans lequel sont maintenues les composantes essentielles (R, T, P et S). La conséquence est que les rapports sur la gouvernance qui épinglent les exécutifs nationaux et/ou locaux sont des réquisitoires plus ou moins sévères contre les déséquilibres nés des entorses à la gouvernance démocratique. Mais puisque ces déséquilibres affectent R, T, P et S, il ne fait plus aucun doute que l’intensité plus forte de la pression qui s’exerce sur une composante plutôt que sur une autre entraîne un changement de centralité dans le processus de développement économique et social d’un Etat. Quatre variantes s’imposent alors en matière de centralité :
- deux plus fréquentes (Ressources et Territoire) ;
- deux moins fréquentes (Populations et Savoir).
Les deux premières variantes, assez répandues, se traduisent par une pression très forte sur les ressources naturelles dont le pétrole et le gaz et sur les réserves foncières. Moins répandues sont les deux dernières variantes correspondant respectivement à la mobilisation de l’ensemble de la population et à la prise en compte du primat du savoir (primordial) dans tout processus de développement économique et social.
Depuis la découverte de sources d’énergie fossile au Sénégal, les accusations infondées de spoliation portées contre X ou Y correspondent moins à une contribution civique à la sauvegarde de la propriété de tous qu’à une incitation erronée à la centralité, préjudiciable à l’équilibre global, des nouveaux gisements de pétrole et de gaz.
Le président a plusieurs fois dit son opposition à la centralité des ressources naturelles - le pétrole et le gaz compris - dans le processus de développement économique et social enclenché depuis le 3 avril 2012. A moyen terme, les conséquences de la fixation sur les ressources naturelles sont désastreuses (corruption, crise écologique, « économie de rente », écarts inacceptables de revenus, fin de la diversification, etc.) A long terme, c’est toute l’économie qui s’écroule pour cause de frénésie rentière.
Centralité et prospective
Les études prospectives inspirent, à travers plusieurs scénarios, les plans de développement économique et social. L’étude prospective « Sénégal 2035 » - dernier du genre – comporte quatre scénarios qui se résument ainsi qu’il suit :
Dans [ce] scénario, les mécanismes en cours pourraient se poursuivre dans une société vivant de ses rentes sans engager les réformes économiques et sociales et les mutations culturelles nécessaires pour envisager une autre trajectoire.
Scénario pessimiste : Anomie et chaos
Les pouvoirs sont détenus par certaines catégories de la communauté qui sont privilégiées.
Scénario moyen : Émergence économique basée sur une dynamique productiviste
Il est mis en œuvre une dynamique productiviste pour une croissance économique soutenue.
Scénario optimiste ou la vision : Émergence dans la solidarité et État de droit
Ce scénario optimiste impulse le développement à la base en donnant plus d’opportunités aux ruraux par la création de multiples pôles de développement au niveau des terroirs. »
Il est aisé de constater que le Plan Sénégal Emergent (PSE) qui s’inspire du scénario optimiste ne s’accommode aucunement de la centralité des ressources naturelles. Une telle centralité renvoie, au meilleur des cas, au scénario moyen. La dynamique productiviste qui caractérise ce scénario est à l’origine de la controverse sur la croissance dans une économie en développement comme la nôtre.
La centralité du savoir et celle des populations avec les prérequis nécessaires en matière d’éducation et de formation, y compris aux anciens et nouveaux métiers des hydrocarbures, devraient, quant à elles, attirer encore plus l’attention des prospectivistes sénégalais. Surtout dans la perspective de la mise en œuvre des Projets d’actions prioritaires (PAP2A) sur la période 2018-2024.
Approche prudente
Les passages clés du discours économique du Président, à plusieurs occasions, en disent long sur la stratégie dite d’approche prudente pour un développement durable.
28/12/2013
« 1. Je voudrais (…) saluer l’actualité et la pertinence du thème de cette 22ème édition : « problématique de l’énergie en Afrique de l’Ouest : enjeux et perspectives des énergies renouvelables ».
En effet, en Afrique de l’Ouest la situation énergétique se caractérise par une offre insuffisante et une demande sans cesse croissante. Ce déséquilibre entraîne une crise énergétique qui a des incidences néfastes sur les économies de la quasi-totalité de nos pays. Les sorties de devises pour supporter les dépenses d’approvisionnement en sources d’énergies fossiles pèsent lourdement sur les balances des paiements de nos différents pays alors que ceux-ci sont confrontés à de multiples autres défis.
De plus, nos pays sont caractérisés par une faible productivité économique et une pauvreté importante, dont l’une des principales causes reste l’insuffisance de l’accès au service énergétique moderne.
Par ailleurs, l’Afrique de l’Ouest se singularise par une très forte dépendance aux ressources ligneuses (près de 80 % de la consommation en énergie provient de la biomasse traditionnelle), qui entraîne une dégradation des formations forestières et de l’environnement.
Ces constats, associés au déclin annoncé de l’ère du pétrole, ont fondé la plupart de nos Etats à s’inscrire résolument dans la dynamique mondiale d’intégration progressive des énergies renouvelables dans les mix énergétiques nationaux.
2. Avec les moyens adéquats, ces sources d’énergies alternatives à notre disposition (vents, forêts, biomasse…) pourraient générer entre autres de l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie hydraulique. Toutefois, il convient d’informer, de sensibiliser et de mettre à la disposition des utilisateurs les équipements à des coûts abordables, afin que les énergies renouvelables soient réellement prises en compte dans notre processus de développement économique et social.
Parmi les axes stratégiques de développement de ce secteur figure également en bonne place la réalisation d’un mix énergétique diversifié et équilibré où les énergies renouvelables occuperont une place de choix pour, à la fois, satisfaire la demande en forte croissance, tout en préservant l’environnement et réduire notre dépendance énergétique vis-à-vis de l’extérieur.
Une politique volontariste devrait nous permettre de renverser la tendance notée dans le profil des émissions de gaz à effet de serre par secteur au Sénégal, caractérisée par une prépondérance du secteur de l’énergie avec près de la moitié des émissions (49 %), suivi du secteur de l’agriculture (37 %).
20/02/2015
« Il s’agit, à travers des projets concrets comme [la centrale électrique de Boutoute], de renforcer les capacités de production selon un mix énergétique varié, de réhabiliter et de développer les réseaux de transport et de distribution, ainsi que l’électrification rurale.
A travers le mix énergétique, nous voulons diversifier les sources de production d’énergie, par une utilisation accrue du gaz naturel et du charbon, l’introduction progressive des énergies renouvelables avec un objectif d’au moins 20 % de la puissance installée en 2017.
C’est pourquoi j’attache un intérêt tout particulier au suivi des projets engagés, pour une capacité globale de 900 MW, à Taïba NDIAYE, au Cap des Biches, à Sendou, à Kayar et à Mboro, ainsi que les 250 MW attendus des sources d’énergies renouvelables, solaire et éolienne, dans le cadre de projets de coopération ou de partenariat public-privé. »
13/04/2015
« Il s’agit notamment de la réalisation de réseaux moyenne tension sous forme de dorsales afin de permettre un maillage optimal du territoire et de mini réseaux solaires ou hybrides pour alimenter en continu les zones les plus reculées du pays.
A ce propos, je vous annonce qu’à Kaolack, 152 localités sont déjà inscrites dans nos projets en cours d’exécution ; 105 par raccordement au réseau électrique et 47 par l’énergie solaire.
A Kaffrine, 143 localités seront électrifiées, dont 139 par raccordement au réseau électrique et 4 par l’énergie solaire.
Parallèlement, le Programme national de Biogaz domestique (PNB SN), permettra, par la vulgarisation du biodigesteur, de fournir aux ménages ruraux :
- un accès à une énergie moderne et durable pour la cuisson à travers le biogaz ;
- de l’engrais organique pour fertiliser les terres et augmenter les rendements par l’utilisation de l’effluent organique issu du processus de méthanisation. »
15/03/2016
« Les récentes découvertes de gaz vont, également, consolider davantage notre option de développement durable dans le cadre de la production de l’électricité.
Ainsi, la mise en service des projets énergies renouvelables, le développement du parc de production se fera avec des unités fonctionnant au gaz tout en assurant un mix diversifié et équilibré. »
22/03/2016
« Les récentes découvertes de gaz vont, également, consolider davantage notre option de développement durable dans le cadre de la production de l’électricité.
Ainsi, la mise en service des projets énergies renouvelables, le développement du parc de production se fera avec des unités fonctionnant au gaz tout en assurant un mix diversifié et équilibré. »
13/06/2016
« 1. Dès mon accession à la magistrature suprême, j’ai pris l’option de placer le secteur de l’énergie au cœur de mes priorités ; l’Energie est un enjeu majeur de développement durable pour notre pays.
C’est pourquoi, il constitue un des piliers du Plan Sénégal Emergent (PSE) dont l’objectif est d’accroître la productivité en vue de soutenir une dynamique de croissance forte, durable et inclusive.
En effet, avec le plan de relance intégré de l’électricité et le service universel de l’énergie, d’un coût de plus de 300 milliards de FCFA, le secteur de l’énergie reste l’un des axes majeurs du Plan d’Actions Prioritaires 2014-2018 du PSE.
Ce plan de relance devrait nous permettre d’assurer le renforcement des capacités de production, la réhabilitation et l’extension des réseaux de transport et de distribution et enfin le développement de l’électrification rurale.
De plus, les découvertes importantes de pétrole et de gaz naturel, l’introduction significative des énergies renouvelables dans notre parc de production, nous permettrons d’atteindre l’objectif de diversification des sources de production d’électricité.
2. Avec sa technologie en duale fuel, [la centrale ContourGlobal, ici au Cap des Biches, d’une puissance de 53 MW], consommera du fuel lourd mais pourrait fonctionner avec du gaz naturel dès que ce produit sera rendu disponible sur site. »
27/08/2016
« L’électrification de l’Afrique constitue à mon sens une de ces priorités majeures. L'énergie, c’est la clef du développement. Tous les efforts de développement du continent seront vains s’il ne dispose pas d’une électricité abondante et compétitive.
Nous savons tous que le potentiel énergétique du continent est énorme.
L’Agence internationale de l’Energie, estime que près de 30 % des découvertes mondiales de pétrole et de gaz des cinq dernières années proviennent d'Afrique subsaharienne.
Dans son dernier Rapport 2015, Africa 2030, roadmap for a renewable Energy Future, l’Agence internationale des Energies renouvelables (IRENA) considère que pour couvrir les besoins de l’Afrique en électricité d’ici 2030, au moins 300 GW pourraient venir des énergies renouvelables, 100 GW de l’énergie éolienne et 93 GW du solaire, entre autres sources.
Mais nous sommes toujours dans une situation véritablement paradoxale.
D’une part, l’Afrique éclaire les autres continents par ses ressources et reste elle-même dans l’obscurité.
D’autre part, l’Afrique demeure le continent le plus affecté par le changement climatique, alors que sa contribution aux émissions de CO2 liées à l'énergie est la plus faible ; devant atteindre seulement 3 % en 2040.
C’est pour sortir de ce cercle vicieux que, dans le cadre du suivi de la COP21, nous avons initié au sommet de l’Union africaine en juillet dernier la création d’un Fonds d’appui à l’électrification de l’Afrique qui sera logé à la BAD. »
24/10/2016
« Le Sénégal dispose d’un potentiel non négligeable en ressources humaines et naturelles. Nous avons d’ailleurs récemment découvert d’importants gisements de pétrole et de gaz. »
16/11/2016
« J’aimerais aussi vous faire part des nouvelles perspectives de développement qui s’ouvrent pour notre pays avec d’importantes découvertes de pétrole et de gaz que nous venons de faire.
Notre stratégie dans ce domaine est basée sur une approche prudente, pour éviter à notre pays ce qu’on appelle communément “la malédiction du pétrole” et pour ne pas compter sur une “économie de rente”, non diversifiée, et donc moins résiliente.
C’est pourquoi, en plus de l’adhésion du Sénégal à l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), j’ai mis en place un Comité d’orientation stratégique du Pétrole et du Gaz, (COS-PETROGAZ), chargé d'assister le Gouvernement dans la définition, la supervision, l'évaluation et le contrôle de la mise en œuvre de la politique de l’État en matière de développement de projets pétroliers et gaziers.
Nous voulons établir une exploitation transparente de ces ressources, qui sécurise l’investissement en tenant dûment compte des intérêts des populations et de l’État. Et nous sommes ouverts à toute expertise que des partenaires comme le FMI pourraient nous apporter dans ce domaine. »
L’avis du CESE, un encouragement au dialogue
« Invité, dès mai 2017, à mener “une réflexion anticipative sur les modalités d’une gestion durable de nos ressources naturelles, en particulier le gaz et le pétrole”, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) adressa au Président de la République l’Avis n° 2017-06 qu’il adopta lors de la séance du 20 novembre 2017. Nous invitons nos concitoyens à lire et à commenter, au besoin, les rapports et avis du CESE pour se faire une idée exacte de l’apport précieux de l’organe consultatif.
Les « échanges larges et ouverts avec les populations et les acteurs professionnels sur toutes les problématiques liées à la découverte du pétrole et du gaz dans notre pays », la rigueur dans le travail de documentation de la Commission Ad Hoc du CESE chargée de la préparation du projet d’avis et l’Avis lui-même font écho à la stratégie du Sénégal basée sur une approche prudente. En même temps, ledit avis a surtout l’avantage de montrer à celles et ceux qui prendront le temps de s’en imprégner qu’une approche simpliste ou rentière d’un dossier complexe comme celui des gisements de pétrole et de gaz préfigure “ la malédiction du pétrole”. Au lieu de cela, le CESE propose « un dispositif rigoureux de transparence et de bonne gouvernance » qui, au plan international, s’inspire des orientations de « la gouvernance du secteur des hydrocarbures » et de « l’utilisation des revenus tirés du pétrole et du gaz » par des pays producteurs reconnus pour leur réussite dans ce domaine. Au plan national, le dispositif tient compte de l’environnement (perfectible) des hydrocarbures en jetant un coup de projecteur sur la législation en vigueur, l’organisation du secteur, les contrats signés par l’Etat du Sénégal, les risques environnementaux et la formation aux métiers du pétrole et du gaz.
En s’appuyant sur les simulations du Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, le dispositif du Conseil insiste enfin sur les opportunités de financement des politiques publiques en cas d’utilisation efficiente des Ressources financières générées par le pétrole et le gaz (RPG). Pour la période 2022-2035, lesdites simulations donnent des indications importantes sur la croissance économique qui dépasse le taux de 7,5 % prévu par le PSE.
Sur la même période, la pression fiscale moyenne passerait de 23,4 % à 28,6 % et 211 000 emplois seraient créés chaque année.
Le tour de la question a permis au Conseil de faire des recommandations idoines sur :
- l’élaboration d’une loi d’orientation du secteur des hydrocarbures ;
- l’utilisation et la répartition des RPG ;
- l’appropriation populaire de la gestion par le truchement d’un système d’information accessible à tous ;
- la bonne gouvernance du secteur ;
- la garantie de retombées significatives pour les populations ;
- la formation aux métiers du pétrole et du gaz ;
- la sauvegarde de l’environnement au niveau et autour des sites d’exploitation ;
- la sureté et la sécurité à tous les niveaux (sites d’exploitation, transport, stockage, etc.)
Les recommandations importantes, consignées dans l’Avis n° 2017-06 du CESE, constituèrent, avant l’heure, un encouragement au dialogue auquel participèrent, le 12 juin 2018, les professionnels du secteur des hydrocarbures, les élus, les partenaires sociaux, les organisations de la société civile, des responsables politiques, un grand nombre de personnalités indépendantes et de citoyens tous mus par l’intérêt général.
C’était le prix à payer pour une approche on ne peut plus prudente du maniement des deux accélérateurs nouveaux (le pétrole et le gaz). L’accélération ne saurait donc être une fuite en avant de rentiers d’un autre âge. C’est une rationalité socio-économique qui fait écho à notre loi fondamentale. C’est que nous avons tous l’obligation – le président le premier - de nous conformer à la Constitution qui, en son article 25-1, dispose que « (…) l’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables ».
Dans la confusion générale, la vérité sur le rôle des conseillers du président, parmi lesquels votre humble serviteur, auteur ce texte, montre que les mots insultants comme « larbin » (Réseaux sociaux), les idées reçues du genre « savants agrégés empressés de fréquenter les salons du pouvoir » (Professeur Jean-Louis Corréa) et les présupposés comme « les grâces du Palais sont si abondantes » (Réalisateur Moussa Sène Absa) n’existent que dans l’imaginaire des commentateurs qui les manient. La vérité est tout autre. Nous tenons à le dire avant que le mensonge ne brûle le pays. Chacun peut maintenant prendre ses responsabilités.
Abdoul Aziz Diop est ingénieur pétrolier diplômé (promotion 1985) de l’Institut de pétrole et de gaz de Ploesti (Roumanie) et environnementaliste. M. Diop est l’inventeur (1988) d’un protocole d’inspection de gazoducs hors service pour la réparation et la réutilisation avec toutes les garanties de sécurité…
par Malick Sy
JUAN BRANCO, UNE IMPOSTURE FRANÇAISE AU CŒUR DU DESTIN DE SONKO
Il est consternant de voir quelqu’un qui a bâti son discours sur le rejet de l’Occident et qui a toujours pourfendu la France, mettre son destin judiciaire et politique entre les mains d’un avocat français à la moralité douteuse
Chaque métier recèle une forte densité de fabulateurs. Celui d’avocat ne fait pas exception. Et dans le domaine de la mystification, Juan Branco est passé maître.
La mise en scène théâtrale de sa bruyante et pathétique conférence de presse à Paris pour tenter de saper la respectabilité internationale du Sénégal, avait des allures d’une comédie show. Il y a certes plus atroce à se farcir comme simulacre médiatique. Mais là, Juan Branco a véritablement touché le fond, malgré ses excès et ses pulsions d’épitoge, pour donner de la consistance à son imposture. Et on se demande bien qu’est-ce que cet avocat bluffeur et défenseur sur le tard d’Ousmane Sonko est donc allé faire dans cette galère ?
Il faut dire qu’entre le Français et le Sénégalais, il y a comme une communauté de destin. Les deux hommes, qui ont joué leur vie sur fond de turpitudes, ont en commun d’avoir été accusés de viols. Comme si leurs destinées avaient été conçues dans les mêmes laboratoires de clonage. Leur recherche frénétique de notoriété, leurs pulsions incontrôlées pour le vacarme et le tumulte ont sculpté le rapprochement entre Juan et Ousmane. Le premier, depuis Paris, devenant le suppôt de la propagande manipulatrice du second, privé de liberté à Dakar.
Visé par une enquête pour viol, accusé de rapport sexuel non protégé, d’envoi de photos de femmes nues et de clichés pornographiques sans le consentement des jeunes filles, Juan Branco, mégalomane vaniteux, jouisseur de race, sans autre foi ni loi que son goût pour la perversité et la perversion, incarne tout le contraire des valeurs moralisatrices
qu’Ousmane Sonko nous a vendues à longueur de prêches populistes. Avant de tout noyer dans le jacuzzi d’un obscur salon de message, dans les bras d’une jeune fille d’à peine 20 ans. Ce qui lui vaut une condamnation deux ans ferme, pour corruption de la jeunesse.
Et c’est ce personnage sulfureux, à la moralité plus que douteuse et à la prétention sans limite, prêt à tout pour faire parler de lui avec ses idées basses et son verbe haut, qui veut aujourd’hui s’attaquer à notre pays, à ses dirigeants et à ses citoyens.
Quand on a pas d’arguments, on se repaît souvent de ce qui se trouve à sa portée. Juan Branco, lui, s’est trouvé un rôle, celui de bouffon. Sauf que son spectacle n’intéresse qu’une poignée de thuriféraires du Pastef. Plus grand monde ne goûte à son théâtre avec sa dramaturgie navrante. Il n’y a presque plus personne dans la salle. Mais lui refuse obstinément de tirer le rideau.
Monsieur Branco, plus que jamais, vous vous ridiculisez, vous vous décrédibilisez. La scandaleuse et insoutenable légèreté de vos accusations sont la preuve que vous êtes juste en mission de salir le Sénégal, son État et sa République. Sachez qu’il n’est pas question ici de tribunal du buzz ou de la vanité. Mais d’accusations douteuses voire invraisemblables qui ne font aucun droit à la crédibilité et que vous avez osé outrancièrement porter sur notre pays.
Par idéologie, sur la base de dénonciations calomnieuses et de délations anonymes, vous avez accablé d’honnêtes citoyens.
Je me suis retrouvé choqué face au cas d’Alpha Oumar Sow. Quelle ne fut pas ma sidération lorsque j’ai vu son nom figurer sur la liste de «vos nervis et assimilés». Je l’ai tout de suite appelé pour m’assurer qu’il s’agissait bien de lui. Après confirmation, je suis juste tombé des nues.
Car ce jeune Sénégalais, père de famille sans histoires, qui a été mon collègue dans l’une des plus prestigieuses entreprises du Sénégal, que vous venez de jeter à la vindicte populaire pour alimenter votre grotesque conspiration contre l’état du Sénégal, est tout sauf un nervi. Exemple isolé ? Que non.
Autre personnage au banc de vos accusés, M. Doudou Ka : ingénieur, sorti de la prestigieuse école nationale des Ponts et Chaussées de Paris, mathématicien diplômé de la toute aussi prestigieuse université Pierre et Marie Curie, banquier d’affaires, cerveau opérationnel de nombreux grands projets sénégalais et aujourd’hui ministre de son État. Un pedigree qui tranche carrément avec votre caricature de vaniteux excessif.
J’ai le privilège de faire partie de ses plus proches collaborateurs. Doudou Ka incarne le Sénégal de l’excellence, ce Sénégal conquérant, futur producteur pétrolier et gazier que vous et avec vos amitiés sulfureuses et les réseaux obscurs de vos amis tentez de déstabiliser.
C’est cet homme, fortement engagé dans le développement du Sénégal, que vous vous efforcez de salir en le qualifiant de recruteur de nervis. Mais cela n’étonnera personne. Sauf ceux qui ignorent qu’il est la figure de proue d’une opposition sans concession à votre client Ousmane Sonko. Son péché véniel, aux yeux de tous les partisans, militants et amis du maire de Ziguinchor.
Cette grossière supercherie mediatico-judiciaire, que vous tentez désespérément de faire prospérer en le recouvrant sous les oripeaux de crime contre l’humanité est juste un moyen d’enjoliver pour votre narratif déjà bien nauséeux de prédateur. Monsieur Branco, votre réputation au Sénégal est aujourd’hui en miettes. Sachez-le.
Voir Ousmane Sonko associé son nom à l’avocat à gage que vous êtes, n’est qu’une énième illustration d’un homme prêt à s’accommoder de tout le contraire de ce qu’il a combattu hier, en abaissant chaque jour un peu plus, le niveau de solidité de ses convictions.
En succombant aux sirènes d’un imposteur dont l’égo est quelques étages au dessus des compétences, le président du Pastef a rétrogradé ses défenseurs sénégalais et africains de la première heure pour vous propulser au rang de pitoyable commandeur de sa défense.
Il est juste consternant de voir quelqu’un qui a bâti tout son discours sur son rejet de l’Occident, qui a toujours pourfendu la France, et dont l’un des plus fidèles lieutenants est à la tête d’une organisation nommée « France Dégage », mettre son destin judiciaire et politique entre les mains d’un avocat français à la moralité douteuse. Pour un souverainiste qui espérait incarner le Sénégal, cela fait un peu désordre.
La vérité est que vous se contrefoutez, mais alors totalement, d’Ousmane Sonko et de son destin politique et judiciaire. Vous savez que les carottes sont plus que cuites pour le président du Pastef. Votre stratégie est maintenant d’exciter le fanatisme de ses partisans parmi les plus radicaux, pour mieux avoir le contrôle de leurs émotions. Ce qui passe par une saturation tous azimuts de l’espace médiatique et émotionnel avec comme objectif : vous construire une notoriété en Afrique francophone sur le dos de votre client.
Le plus regrettable dans cette affaire n’est pas tant de voir un avocat accusé de viol et soupçonné de laisser trop facilement ses mains balladeuses traîner dans les culottes de jeunes filles sans leur consentement, assurer la defense de Ousmane Sonko, mais de voir une certaine presse sénégalaise relayer sans aucune distance, ses provocations. Ce qui interroge sur une forme de complaisance de la part de certains médias sénégalais.
En multipliant ses apparitions sur nos antennes et sur les réseaux sociaux, Juan Branco n’a qu’un seul objectif : bâtir une communication de rupture en déposant ses poubelles sur notre pays, ses dirigeants, ses citoyens et ses forces de défense et de sécurité.
Chaque Sénégalais doit refuser de se laisser embarquer dans cette grossière opération de manipulation qui vise à attenter à l’honneur du Sénégal en mettant notre pays au ban d’infamie.
Se dresser contre les dérives de tous ceux qui veulent salir ou déstabiliser le Sénégal n’est pas un réflexe partisan ou un soutien politique à Macky Sall, mais l’instinct de défense et de sauvegarde d’une certaine fierté nationale. En tant que Sénégalais, nous devons refuser d’amplifier les imbécilités et autres approximations d’un promoteur de la rancœur dont l’objectif est de saper notre cohésion nationale en nous dressant les uns contre les autres. Et Juan Branco a tout l’air d’être la voix judiciaired’une meute médiatique occidentale, lancée aux trousses du président de la République du Sénégal.
Notre Nation a vocation à la grandeur. N’en déplaise à nos comtempteurs. Le Sénégal est un grand pays. Nous sommes un grand peuple. Nous avons de grands hommes politiques, de grands avocats et de grands journalistes capables de prendre en charge notre propre destinée démocratique.
Pour preuve, la récente tribune contre un troisième mandat du président Macky Sall, signée par plus de 100 journalistes sénégalais. Voila qui démontre que nous sommes un pays de liberté où peuvent s’exprimer toutes les opinions, dès lors qu’elles sont respectueuses des principes qui fondent la République. Cette République qui reste notre unique et ultime rempart contre l’intrusion dans notre périmètre de souveraineté et de fierté, de forces occultes ou d’imposteurs à gage à la Juan Branco. Cet homme qui a voulu enfiler le costume de pourfendeur du Sénégal, sans en avoir les mensurations.
Malick Sy est Conseiller en communication.
FELWINE SARR EN CONVERSATION AVEC ALIOUNE NGOM
LA CONSTITUTION, PACTE ENTRE GOUVERNÉS ET GOUVERNANTS
EXCLUSIF SENEPLUS – De l’importance de la parole du président de la République qui est liée à son serment lors de son investiture. Il faut travailler à la traduction des concepts comme le « Kaddu » dans les textes constitutionnels
Dans cette édition de la Chronique d'un temps politique, l'universitaire Felwine Sarr reçoit Alioune Wagane Ngom, un doctorant en Droit public spécialisé dans les ordres constitutionnels français et sénégalais, ainsi que dans des domaines tels que la laïcité, l'épistémologie juridique, l'écologie des savoirs et les nouvelles formes de normativité en Afrique. Au cours de cette conversation, Alioune Wagane Ngom répond aux questions de Felwine Sarr, offrant ainsi un éclairage précieux sur ses recherches et son expertise.
La Constitution et sa fonction
Alioune Wagane Ngom explique que du point de vue juridique, la Constitution est souvent considérée comme un texte fondamental, une loi qui détermine les modes d'évolution et d'exercice du pouvoir, ainsi que les règles qui organisent le fonctionnement de l'État. Cependant, il souligne que la Constitution va au-delà de cette définition juridique. Elle représente également un pacte entre les gouvernants et les gouvernés, permettant d'organiser la gouvernance de la cité et d'établir les règles auxquelles les citoyens doivent se soumettre. Ainsi, une Constitution remplit à la fois une fonction de légitimation de l'exercice du pouvoir et de garantie du bon fonctionnement de l'État, tout en constituant un pacte entre les gouvernants et les gouvernés.
La Constitution comme pacte entre gouvernés et gouvernants
Alioune Wagane Ngom retrace l'histoire constitutionnelle du Sénégal en mentionnant la première Constitution adoptée le 24 janvier 1959, à un moment où le pays se préparait à accéder à l'indépendance et était engagé dans une fédération avec le Soudan français, formant ainsi la fédération du Mali. Il souligne que cette première Constitution était une étape importante vers la création d'un État quasi-indépendant, puisque le Sénégal n'était pas encore pleinement souverain à ce stade. Après la dissolution de la fédération du Mali, une deuxième constitution a été adoptée le 26 août 1960, marquant une étape significative vers un État souverain.
La troisième Constitution adoptée le 7 mars 1963 a revêtu une grande importance dans l'histoire constitutionnelle du Sénégal. Alioune Wagane Ngom explique que contrairement aux deux premières Constitutions, celle-ci a fait l'objet d'un référendum, permettant ainsi au peuple de participer à l'adoption de ce nouveau texte constitutionnel. Cette Constitution est restée en vigueur de 1963 jusqu'en 2001. Par la suite, une nouvelle Constitution a été promulguée le 22 janvier 2000, sous la présidence d'Abdoulaye Wade. Ainsi, il est possible d'observer différentes Constitutions qui se sont succédé dans l'histoire du Sénégal.
Alioune Wagane Ngom souligne une particularité importante concernant ces Constitutions. En plus de la distinction entre les deux premières, adoptées sans référendum, et les deux suivantes, adoptées par référendum, il met en évidence la nature des régimes politiques instaurés par ces Constitutions. Les premières Constitutions établissaient un régime parlementaire dans lequel le président du Conseil jouait un rôle important, tandis que le Parlement avait également un rôle non négligeable.
En revanche, les Constitutions de 1963 et 2001 ont instauré des régimes présidentiels, conférant ainsi des pouvoirs considérables au président et à l'exécutif.
La Constitution du régime présidentiel de 1963
Dans le contexte de la modification de la Constitution sénégalaise en 1963, Alioune Wagane Ngom souligne que la construction des constitutions dans la plupart des États d'Afrique francophone, y compris le Sénégal, a été largement inspirée de la Constitution de la Cinquième République française de 1958. Les institutions et leur fonctionnement, tels qu'énoncés dans la constitution sénégalaise, reflètent en grande partie les règles établies par la Constitution française. Cette inspiration est donc totale et représente une influence directe de la construction française.
Ngom explique ensuite pourquoi des changements constitutionnels ont eu lieu à partir des années 60. Il souligne que l'une des limites de la Constitution sénégalaise de 1958, qui était inspirée de la Quatrième République française, résidait dans l'instabilité du pouvoir exécutif. Sous la Quatrième République, la France a connu plusieurs régimes successifs en raison des conflits constants entre le Parlement et le pouvoir exécutif. Au Sénégal, cette crise politique a été mise en évidence par les divergences entre le président Senghor et le président du Conseil Mamadou Dia. Ainsi, pour prévenir ces crises et renforcer le pouvoir exécutif, un changement de perspective s'est opéré avec l'adoption de la Constitution de 1963, qui a instauré un régime présidentiel avec des pouvoirs exécutifs considérables.
En ce qui concerne les Constitutions de 1963 et de 2001, Alioune Wagane Ngom souligne qu'il s'agissait plutôt de textes d'adhésion que de textes véritablement discutés. Il regrette le manque de débat approfondi impliquant les citoyens dans leur ensemble. Les discussions se sont principalement limitées aux universités, aux élites et à quelques interventions médiatiques. Par exemple, la question de la laïcité a été largement médiatisée lorsqu'Abdoulaye Wade a tenté de supprimer le caractère laïque de la République dans la nouvelle version de la Constitution. Cependant, ces débats n'ont pas réellement impliqué les citoyens de tous les horizons pour comprendre leurs aspirations profondes et recueillir leur point de vue sur le type de texte constitutionnel souhaité. Ainsi, les Constitutions ont été soumises au peuple après un processus de réflexion relativement faible, mené principalement par les élites juridiques et médiatiques, plutôt que par l'ensemble des citoyens.
D’une prétendue ambiguïté sur la durée et le nombre de mandat présidentiel
Le débat sur la durée et le nombre de mandats présidentiels au Sénégal a été relancé malgré l'objectif de la révision constitutionnelle de 2016, qui visait à mettre fin à toute ambiguïté à ce sujet. Alioune Wagane Ngom explique que ce débat est polémique et qu'il avait déjà suscité des controverses en 2012. À l'époque, à la suite de la tentative du président Abdoulaye Wade de se présenter pour un troisième mandat, la question de la durée et du nombre de mandats présidentiels avait été clarifiée par les juges, affirmant que ces débats étaient définitivement clos.
Cependant, malgré ces clarifications, le débat est de nouveau posé. Ngom souligne que plusieurs raisons, à la fois juridiques et circonstancielles, peuvent expliquer cette situation. En 2011 et 2012, la crise politique autour de la candidature de Wade était particulière, car il s'agissait d'un président élu sous l'ancienne constitution de 1963 qui avait décidé d'adopter une nouvelle constitution en 2001. La question juridique était de savoir si son premier mandat devait être comptabilisé à partir de son élection ou à partir de l'adoption de la nouvelle constitution. Le Conseil constitutionnel avait alors validé la candidature de Wade en précisant que son premier mandat était exclusivement sous l'ancienne constitution.
En revanche, la situation de Macky Sall, élu en 2012, est différente car il a procédé à une révision constitutionnelle en 2016, sans changer de constitution. Cette révision a réduit la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, mais la limitation du nombre de mandats consécutifs reste en place depuis la constitution de 2001. Ainsi, sur le plan juridique, la question du nombre de mandats présidentiels est définitivement résolue.
Alioune Wagane Ngom souligne également l'importance de la parole du président de la République, qui est liée à son serment lors de son investiture. Selon lui, la parole donnée par un dirigeant politique, affirmant qu'il remplira fidèlement les charges de la présidence et fera respecter la Constitution et les lois, a une valeur juridique et morale. Il considère que la parole donnée par un dirigeant ne peut être mise sur le même plan que celle d'un citoyen ordinaire et doit être prise en considération dans l'exercice de la fonction présidentielle.
Consacrer dans la constitution le caractère sacré de la parole
Il est crucial que les chercheurs s'engagent dans le chantier de la conformité des textes constitutionnels aux valeurs et concepts importants dans les sociétés africaines, en particulier au Sénégal. Alioune Wagane Ngom souligne l'importance de concepts tels que le "kaddu" (la parole) dans la société sénégalaise. Il est nécessaire de travailler à la traduction de ces concepts dans les textes constitutionnels et de créer de nouvelles catégories juridiques qui intègrent ces valeurs.
Dans cette entreprise, le Conseil constitutionnel joue un rôle clé. Ngom suggère que le Conseil constitutionnel puisse créer des catégories juridiques, comme le "kaddu", et les inscrire dans le texte constitutionnel. Ainsi, son travail d'interprétation pourrait devenir un travail de création de normes, permettant l'intégration de concepts tels que le "kaddu" dans la constitution.
Ce défi consiste à repenser les catégories juridiques existantes et à rechercher de nouvelles formes de normativité en dehors des textes constitutionnels officiels. Il invite à explorer d'autres sources de savoir, d'autres ressources et d'autres archives, qui peuvent être trouvées dans des événements sociaux tels que les mariages ou les cérémonies d'initiation chez les Diolas, les Peuls, les Sérères, etc. Ces événements reflètent des valeurs profondément ancrées dans la société et peuvent fournir des perspectives précieuses pour repenser et enrichir les textes constitutionnels.
De la pertinence de la composition du Conseil constitutionnel
Le travail à accomplir implique d'élargir considérablement les compétences du Conseil constitutionnel. Actuellement, la loi organique de 1992 énumère de manière limitative les compétences du Conseil constitutionnel, et bien qu'il y ait eu quelques modifications en 2016 avec la révision, cela reste insuffisant.
Selon Alioune Wagane Ngom, le fait que le président de la République soit toujours celui qui désigne les membres du Conseil constitutionnel pose un problème en termes d'indépendance et d'autonomie de l'institution. Pour assurer sa pleine autonomie, le Conseil constitutionnel devrait être composé de manière indépendante, sans l'influence directe de l'exécutif.
La question de la Cour constitutionnelle devient alors cruciale. Ngom fait référence à des exemples tels que la Cour constitutionnelle du Bénin, du Niger ou de la Centrafrique, qui jouent un rôle véritablement constitutionnel en prenant des décisions qui peuvent aller à l'encontre du pouvoir exécutif. Ces cours constitutionnelles fonctionnent comme de véritables juridictions, garantissant un équilibre réel entre le Parlement et le pouvoir exécutif.
Il est également souligné que le juge constitutionnel doit assumer ses responsabilités en matière d'interprétation constitutionnelle. Dans certaines circonstances et contextes, il doit être capable de dépasser une interprétation stricte du texte constitutionnel et prendre des positions d'interprétation normative qui permettent de résoudre des questions cruciales qui se posent à des moments clés de l'histoire.
Intégrer des profils différents de juristes dans la composition du Conseil constitutionnel pourrait être une excellente innovation. Cela permettrait de prendre en compte différentes perspectives sociologiques, anthropologiques et historiques dans les décisions prises par l'institution. En incluant des experts d'autres domaines, les décisions du Conseil constitutionnel pourraient être plus efficaces et mieux adaptées aux objectifs visés par les dispositions constitutionnelles interprétées.
Cette approche plus ouverte et pluridisciplinaire pourrait contribuer à une meilleure compréhension des enjeux sociétaux, des dynamiques historiques et des réalités culturelles du Sénégal. Elle permettrait également de renforcer la légitimité des décisions prises par le Conseil constitutionnel en les enrichissant de perspectives variées.
Selon Ngom, il est important de souligner que les questions constitutionnelles ne se limitent pas à des aspects purement juridiques, mais touchent également à des dimensions sociales, politiques et culturelles. En reconnaissant cela et en élargissant la composition du Conseil constitutionnel, on pourrait renforcer la capacité de l'institution à jouer un rôle régulateur dans le fonctionnement des institutions sénégalaises.
Ce type d'approche inclusive et pluridisciplinaire pourrait favoriser une meilleure appropriation des décisions constitutionnelles par l'ensemble de la société sénégalaise et contribuer à une plus grande confiance dans le système juridique et politique du pays.
L’universalité de certains principes juridiques
Il existe des principes juridiques universels qui transcendent les frontières et les contextes nationaux. Ces principes fondamentaux, tels que la séparation des pouvoirs et la garantie des droits et libertés, sont essentiels pour assurer un État stable, un système judiciaire équitable et la protection des droits fondamentaux des individus.
Peu importe la provenance ou l'influence du texte constitutionnel, ce qui importe vraiment, c'est que ces principes soient intégrés dans le contenu de la constitution. Par exemple, une constitution française, chilienne, gabonaise ou sénégalaise peut garantir la séparation des pouvoirs et protéger les droits et libertés des citoyens. Ces principes transcendent les particularités nationales et sont essentiels pour promouvoir la justice et l'équité dans tous les pays.
En reconnaissant ces principes universels, il devient possible de partager des valeurs communes et de promouvoir des normes juridiques internationales. Cela favorise également une meilleure compréhension mutuelle entre les différentes cultures et systèmes juridiques.
Il est donc crucial d'incorporer ces principes universels dans les textes constitutionnels afin de garantir la stabilité, la justice et la protection des droits fondamentaux dans tous les États du monde. Cela contribue à renforcer l'État de droit et à promouvoir les valeurs démocratiques à l'échelle internationale.
De la volonté de certains d’appeler à la dévitalisation de la Constitution
Bien que la Constitution sénégalaise ait des origines françaises et que le débat sur le mimétisme puisse se poser, cela ne doit pas dévaloriser ou discréditer la conscience sénégalaise. Il revient désormais aux Sénégalais, aux chercheurs et au juge constitutionnel de s'approprier cette constitution, de l'intégrer aux normes locales et de l'interpréter conformément aux aspirations les plus profondes de la population sénégalaise.
En effet, lorsque l'on examine l'évolution des États du point de vue institutionnel, on constate que la séparation des pouvoirs, par exemple, est née en Angleterre, mais de nombreux États dans le monde l'appliquent aujourd'hui à leur manière. Ainsi, l'origine n'est pas la question principale, mais ce qui compte réellement, c'est la manière dont nous faisons vivre ces principes, ces valeurs et ces règles dans notre propre contexte. Il s'agit de les adapter en fonction de notre histoire, de notre culture et des spécificités de notre pays.
Il est donc essentiel de procéder à un travail d'adaptation, de réappropriation, d'invention et d'interprétation de la constitution afin de l'adapter aux aspirations des citoyens sénégalais. Ce processus implique de prendre en compte les réalités locales, de répondre aux besoins spécifiques du pays et de veiller à ce que la constitution joue pleinement son rôle dans la protection des droits et la promotion de l'équité.
En fin de compte, le but est de faire en sorte que la constitution soit véritablement en phase avec les aspirations de la population sénégalaise et qu'elle reflète les valeurs et les principes qui lui sont chers. Cela nécessite un effort collectif pour façonner et interpréter la constitution de manière à répondre aux besoins et aux attentes du peuple sénégalais.
Une bonne constitution doit participer à la résolution des crises
Une crise politique met à l'épreuve la valeur d'une constitution. Elle révèle la capacité du texte constitutionnel à maintenir la cohésion sociale et à réguler les situations de crise au sein de l'État qu'il organise. Une Constitution ne se limite pas seulement à énumérer des règles pour le fonctionnement des institutions et la protection des droits et libertés. Elle doit également prévoir les mécanismes et les institutions chargées de résoudre les crises qui surviennent.
La valeur d'une constitution se mesure également à sa capacité à résoudre et à réguler les crises qui surgissent dans un État donné. Ces crises peuvent être politiques, sociales ou économiques, et la constitution doit fournir les outils nécessaires pour y faire face de manière efficace et équitable.
Ces dernières années, nous avons pu observer au Sénégal un regain d'intérêt de la part des citoyens envers la constitution, notamment en ce qui concerne l'article 27 sur les mandats présidentiels. Lorsque les citoyens disent "Touche pas à ma constitution", cela témoigne d'une réappropriation de la constitution par les citoyens. Ils s'intéressent de plus en plus à la constitution, à son rôle et à son utilité, et ils l'utilisent comme un outil de lutte lorsqu'un président de la République ou toute autre personne cherche à aller à l'encontre des dispositions constitutionnelles.
Selon Alioune Wagane Ngom, cela montre l'importance de la constitution comme un repère juridique et une référence normative pour les citoyens. Elle leur permet de revendiquer leurs droits, de défendre la légalité et de résister à toute tentative de violation de la constitution. Cette réappropriation de la constitution par les citoyens est un signe positif de leur engagement envers la démocratie et l'État de droit.
Il est donc essentiel de veiller à ce que la constitution reste un instrument efficace pour résoudre les crises et protéger les droits fondamentaux des citoyens. Cela nécessite une vigilance constante, une participation active des citoyens et une adaptation continue du texte constitutionnel aux réalités changeantes de la société.
Un proverbe d’Afrique nous enseigne que « c'est souvent l'homme pour qui tu es allé puiser l'eau dans la rivière qui a excité le léopard contre toi ». C’est dire la délicatesse du travail de réflexion de l’intellectuel sénégalais dans un contexte marqué par le « prêt-à-penser » de certains et le jeu d’influence de forces intéressées qui se sont invitées au débat public et à l’action nationale. Comment s'assurer que la victimisation ambiante n'est pas uniquement un camouflage du buveur d’eau et du léopard ? Ceux qui ont choisi l’intensité d’une réflexion comme activité ont-ils le droit de ne laisser parler que leur cœur ou leur primaire perception suscitée ? Ils ont certes ces intellos le droit d’être des partisans même sur la base de l’intime et souvent irréfléchie conviction. Ont-ils toutefois sur l’accoudoir de la prise de parole ou de plume publique le droit de faire abstraction du contexte africain et de l’environnement global dans leurs avis urbi et orbi ? Ont-ils le droit de céder à ce que Sir Henry David Thoreau appelait « la tyrannie de l'opinion publique » ? Ont-ils le droit de se tromper dans la hiérarchisation des combats si tant est que tout est combat ? Un intellectuel sénégalais a-t-il le doit de censurer sa responsabilité pour ses désirs ou de réagir plutôt que d’agir ? Ces questions essentielles interpellent dans le contexte actuel dont la délicatesse a fini d’essaimer en grappes de stress et d’interrogations.
Au Sénégal, nous devons comprendre que le « logiciel » qui a jusqu’ici fonctionné n’avait pas l'explosivité du gaz et du pétrole dans les veines. Avec ces nouvelles découvertes, notre pays change d’ADN pour devenir trop intéressant pour les multinationales, trop stratégique pour les grandes puissances, trop préoccupant pour les concurrents pays pétroliers et gaziers, trop prioritaire pour les chercheurs de bases de déploiement idéologique, politique, culturel et/ou cultuel. Nous devons refuser par la plume et l’acte que notre pays soit une zone d'influence des aventuriers du monde. L’arbre Sénégal n’a pas seulement que des fruits mûrs. Il a du gaz et du pétrole commercialisable cette année 2023 et qui, petit à petit, nous feront entrer à vitesse grand une dans un univers impitoyable de jeu d'intérêts vitaux.
L’intellectuel sénégalais doit se rappeler que depuis plus d’un siècle, la plupart des guerres ont pour motivation le contrôle des ressources énergétiques notamment pétrolières ou gazières et l’Afrique en a payé un très lourd passif. Au début, plus directes et brutes, ces guerres souvent suscitées sont devenues plus insidieuses par l’utilisation des peuples à qui il est loisible de faire miroiter plus de démocratie et de libertés. Depuis le « printemps arabe » et même bien avant, ceux qui programment les guerres le font sous l’angle de fausses révolutions par dressage des peuples contre les États. Après ces printemps, point de bon temps sinon une fragilisation des États qui laisse des couloirs de pillage à ciel ouvert ou fermé des ressources.
Un intellectuel qui fait abstraction du changement du « logiciel Sénégal » et qui reste dans un microcosme fait de snobisme théorique court le risque d’éclairer un jour ses futurs écrits à la lueur des feux que sa plume aura contribué à sciemment ou par maladresse allumer. Les intellectuels doivent penser le Sénégal et ne pas attendre les « actions de foule » pour panser les plaies et pleurer les morts. A qui profiterait une implosion ou même l’explosion ? D’abord à ceux qui, pour des raisons évidentes ou enfouies, ne veulent pas d’un Sénégal pétro-gazier stable et libre. En vérité, la réflexion stratégique ne saurait occulter ces deux impulseurs (pétrole et gaz) du nouveau « logiciel Sénégal ».
A vrai dire les aventuriers qui veulent affaiblir le Sénégal ont depuis plusieurs années agi beaucoup plus sur la perception collective que sur le reste. A coût de slogans simplistes et populistes portés par des influenceurs activistes, ils ont insufflé une perception populaire déformée sur le management du pétrole et du gaz et sur les fondements culturels et cultuels de notre pays. Un ami m’apprenait que quelqu’un a dit à son fils adolescent que le Gouvernement a vendu tout notre pétrole. Imaginons le comportement de cet ado et sa réaction vis-à-vis de l’autorité sur la base de propos mensongers distillés. En 2019, à la suite d’un de mes posts sur Facebook, un jeune m’interpelait sur les contrats pétroliers. Je lui donnais le lien du site de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) dans lequel le Sénégal a publié en ligne tous les contrats pétroliers et gaziers.
Après consultation, la réponse du jeune fut riche d’enseignements. « Pourquoi vous les laissez mentir ? » avait-il écrit. En vérité, le problème n’est pas seulement dans les récepteurs, mais dans l’absence de masse critique d’émetteurs d’informations justes et avérées. Un autre jour en 2021, je prenais un taxi. En cours de route, j’expliquais en langue nationale au taximan les contrats de recherche et de partage de production et les principes de la loi sur le contenu local dans les hydrocarbures. Après mes explications, le taximan me dit : « Pourquoi le régime ne l’explique pas clairement au peuple dans toutes les langues nationales ? ». C’est dire que le ver de la désinformation est depuis le début dans le fruit avec l'aide d'une opposition pressée. Ce qui est grave, c’est de voir des intellectuels sénégalais faire fi des contrats et des dispositions prises pour allègrement participer à l’œuvre obscurantiste de désinformation aux conséquences destructrices énormes. Il est certes vrai qu’il y a des améliorations à faire, mais de là à jeter le bébé avec l’eau du bain, il y a un pas d’irresponsabilité inadmissible pour un intellectuel sincère. Certains concitoyens jugent le global à partir du particulier. Il arrive que le comportement anachronique avéré et flagrant de certains « marins à bord » pousse au jugement sombre sur le capitaine du navire. Justement, l’intellectuel doit éviter cette façon de voir et de faire. Son rôle n’est pas de demander coûte que coûte qu’on jette le capitaine par-dessus bord, mais plutôt de se battre pour créer une masse critique de bons marins à bord quitte à être embarqué lui-même pour mieux aider à mener le navire à bon port.
A l’aune de l’exploitation intense du pétrole et du gaz, si des intellectuels sénégalais sont du lot des manipulés par la grande coalition internationale subversive contre notre pays, ils auront à se justifier devant l’histoire pour n’avoir pas vu venir ou pour avoir vu et choisi de se cacher derrière un petit doigt. Il faut à notre avis une grande contre-coalition d'intellectuels sénégalais pour déjouer la vaste entreprise de déstabilisation morale, spirituelle, communicationnelle et physique de notre beau pays. Le problème du Sénégal n’est pas dans la démocratie et les libertés qui sont consacrées avec des règles et échéances précises. Notre problème est dans notre comportement face aux nouveaux enjeux, aux nouveaux défis et aux nouvelles velléités de caporalisation des intérêts de notre pays. Les tentatives de caporalisation passent hélas par le dressage des peuples contre les États pour créer assez de tirs amis afin de récolter et rapatrier in fine les fruits de « l'économie de chaos ». C’est en ce sens que l’intellectuel doit éviter de « donner de l’eau à boire à celui qui rêve d’amener le léopard dans la maison ». Certains ont compris les enjeux et se battent pour le faire savoir. D’autres intellectuels qui sont déjà dans les bras de morphée simplistes du populisme ambiant semblent craindre de prendre leurs responsabilités. Est-ce simplement de la peur ou sont-ils aussi sous influence des manipulateurs intéressés ? Je n’ose croire en cela puisqu’un intellectuel doit savoir au moins comme nous l’enseigne la sagesse africaine que « la gueule d'un canon est moins dangereuse que la bouche d'un calomniateur ». Tout est en gravité extrême dans la calomnie, le mensonge à l’échelle industrielle et le refus d'autorité qui mènent tous fatalement vers le « refus d'Etat » semence du chaos. Tout est comme dirait l’homme de gauche dans « l’analyse concrète de la situation concrète ».
Notre pays a besoin d’une bonne piqûre de rappel patriotique pour faire bloc autour de l’État et des institutions en ces moments terriblement décisifs. Après ce sursaut patriotique pour contenir le tsunami programmé par nos adversaires, nous pourrons retourner à nos divergences amicales de conception et d’action en ayant pour balise les vigilances requises du « nouveau logiciel-Sénégal ».
par Chérif Diop
MACKY SALL, DEVANT LA PORTE DU VOYAGE SANS RETOUR
S’il se présente pour la 3ème fois, il va vraiment falloir qu’il soit convaincant dans ses arguments au-delà du juridisme
L’heure du délibéré national a sonné. Le chef de l'État se retrouve ainsi devant la porte du voyage sans retour. Il va falloir se jeter à l’eau car le ni oui ni non n’est plus tenable. On est loin certes de la charge mémorielle et émotionnelle de la porte du voyage sans retour à l’île de Gorée mais la position du président Macky Sall m’inspire cette illustration.
Va-t-il prendre le large, vers de nouveaux horizons ou va-t-il revenir sur ses pas avec un océan de conséquences potentiellement dramatiques ? Il ne nous appartient pas de dire ici s’il a le droit ou pas de se présenter, même si cette question a fait de « tous les sénégalais des constitutionnalistes ». Les éminents exégètes de la loi fondamentale ont exposé leurs interprétations différentes du fameux article 27. L’accord N°5 de la commission politique du dialogue nationale stipule que « les pôles ainsi que la société civile, après avoir rappelé leurs positions sur la question, en appellent au respect de la constitution, des lois et règlements ». Force est de constater qu'on n'a pas avancé sur la candidature du président sortant avec le dialogue national. Cependant, la question ne sera point une quadrature du cercle pour les sept sages. À l’aréopage que représente le conseil constitutionnel de nous éclairer et de nous apaiser en expliquant avec minutie dans le détail sa décision. Sans vouloir tirer des plans sur la comète, tout indique que sauf tremblement de terre le président Macky Sall pourrait présenter sa candidature à la présidentielle de 2024. C’est-à-dire revenir sur ses pas et sur sa parole donnée urbi et orbi. Et s’il se présente pour la 3ème fois, il va VRAIMENT falloir qu’il soit convaincant dans ses arguments au-delà du juridisme. Il devra donner les raisons enfouies en lui, expliquer le soubassement de sa décision et « l’indispensabilité » de sa personne pour assurer la continuité de la gouvernance du Sénégal. Exposer ces nouvelles circonstances supposées qui l'auraient amené à changer d’avis après s’être engagé à se limiter à deux mandats en 2012 puis en 2019. Dans tous les cas, les secousses seront inévitables. Vu le tourbillon médiatico-politique que la question a soulevé, on peut quand même se poser plusieurs questions.
Pourquoi le président Sall a laissé planer le doute voire le mystère aussi longtemps ? Pourquoi a-t-il opté pour cette démarche directive et à la fois infantilisante ? Quelles que soient les raisons, justifiées ou pas, la façon dont le président Sall dans ses habits de grand timonier a tenu en haleine tout le Sénégal est invraisemblable. Tel est son bon vouloir alors que notre pays n’est pourtant pas une monarchie de droit divin. Mais au fond, ce n’est pas si étonnant car en observant le chef de l'État s’adresser à l’assistance ce samedi 24 juin 2023 à l’occasion de la réception des rapports du dialogue national, on se rend compte à quel point cet homme est énigmatique. Troublant.
Attendrissant un moment, bloc de granite dans la foulée. L’homme qui a pris l’escalator de la république pour en atteindre la cime est capable d’être abrupt et affable en une fraction de seconde. Déroutant. Même si on le devine, les ors de la république cachent d’autres réalités beaucoup plus éprouvantes et complexes. Cela équivaut à de la torture pour un homme d’État de savoir beaucoup de choses, sans pouvoir en dire autant publiquement. Avoir la réalité en face dans le poste de commandement, en sortir avec l’obligation de garder le silence, agir en coulisse quelle que soit la violence de la tempête.
Néanmoins, l'hyperprésidentialisme que confère la constitution sénégalaise n’est pas une bonne chose pour un homme avec cette double personnalité. S’y ajoute, la porosité légendaire des frontières entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Ces cas de figure existent certes depuis tout le temps, mais ils se sont beaucoup accentués avec l’avènement des libéraux au pouvoir. Avec les libéraux, la délégation de pouvoir a été réduite à sa plus simple expression.
La meilleure réponse à ces préoccupations politiques majeures réside dans les conclusions des assises nationales que tout le monde magnifie sans promouvoir réellement son application stricto sensu.
Dialogue national ou arrangement politique ?
Ce qui s’est passé durant ces deux semaines ressemble plus à un arrangement politique qu’un dialogue national. C’est un continuum du dialogue lancé en 2019, sous la férule de Famara Ibrahima Sagna stoppé par la crise sanitaire. Des propositions significatives ont été faites notamment par les commissions économie, paix et sécurité etc. Tout de même, plusieurs accords sont à saluer dans les négociations politiques auxquelles nous venons d’assister comme l’accord sur le parrainage citoyen avec un pourcentage de 0,6 à 0, 8 du fichier général des électeurs. Ne feignons pas pour autant le désintéressement d’une frange considérable de l’opposition qui tient son dialogue parallèlement via le F24. Ne feignons pas non plus de ne pas prendre en considération la situation politico-judiciaire de l’opposant Ousmane Sonko.
Cette opposition dite radicale a décliné la main tendue du président Macky Sall. C’est vrai. Mais elle symbolise une grosse partie du pays. Les fêlures sont tellement profondes que panser les plaies en deux semaines est impossible voire illusoire. La frustration de nos concitoyens est tellement sérieuse que le dialogue doit être transformé en Pencoo national. Les débats doivent être prolongés, élargis à toutes les couches de la population, tout âge confondu dans les 46 départements sous la direction des autorités administratives. Cette démarche inclusive permettra de réellement prendre le pouls de la société car les évènements de Mars 2021 et Juin 2023 démontrent à suffisance que l’Etat ne sait pas tout de son peuple.
Après ces dernières années de tumulte, de bavure et de violence, ou notre pays a inquiété le monde, il appartient au président Macky Sall, cerbère de la constitution et de la paix civile, de sauvegarder la stabilité du pays, préserver l’exception sénégalaise en Afrique qui fait le charme de Sunugal.
M. le président, que vous leviez l’ancre ou pas, nous sommes tout ouïe.
Nous prions pour que l’après Aïd soit aussi Moubarak que l’Aïd el-Kébir.
par l'éditorialiste de seneplus, paap seen
LA PAROLE DES FEMMES
EXCLUSIF SENEPLUS - Bien que minoritaires et souvent inaudibles, les féministes sénégalaises et africaines seront déterminantes dans la libération de nos peuples. Elles racontent la souffrance humaine dans ses formes les plus violentes
Dakar, île de Gorée. Il fait chaud. Une chaleur étouffante qui ne procure aucune euphorie. C'est sous ce climat écrasant que des femmes discutent. Le festival Cinefemfest a commencé la veille, vendredi 16 juin 2023. Deux films étaient au programme : “Le monologue de la muette" de Khady Sylla et "Mossane" de Safi Faye. Ce samedi matin, les participantes se sont réunies pour débattre. Chacune des femmes présentes est invitée à donner son avis sur les deux films. Elles sont environ une vingtaine. Qu'ont-elles exprimé ?
Elles ont parlé de souffrance, de douleur, de servitude, du besoin de liberté, des vastes espaces à conquérir, de pudeur, d'empathie, de thérapie, de conscience, d'organisation, de stratégie, d'autonomie, de changement, de chantier, de plaisir, de condition humaine, de cruautés, de cynisme, de déshumanisation, de travail domestique, de matriarcat, d'opinions fortes à défendre, de plaidoyer, de silence, de paroles étouffées, d'enfants à charge, d'injustices, d'invisibilité, de cloisonnement et d'emprisonnement féminin, du statut de la mariée, d'amour, des réalités sociales, de la condition des domestiques, de traumatismes, de pression, de femmes niées, de gravité et de légèreté, de refus, de révolution, de violence inouïe, de l’exigence communautaire, du droit voire de la possibilité de dire non, de la force et de la réponse de la guerrière, de mariage, de quantification du travail, du corps de la femme.
À quoi font référence tous ces mots ? À quelle question politique répondaient-ils ? À première vue, ils semblent tous être issus de deux racines : l’oppression, l'aliénation et l'exploitation, mais également la confrontation, le combat et l’émancipation. Ces femmes semblaient toutes témoigner d'une expropriation. Le système de production sociale dont elles sont issues agit comme un usurpateur, s'appropriant leur être et réduisant leur présence dans ce monde. Je suis un homme, membre d’une société qui refuse les remises en question. Je n'ai pas le même problème que ces femmes, car je bénéficie des privilèges exorbitants d’un patriarcat violent et totalitaire.
Ces femmes évoquaient simplement leur compréhension de deux magnifiques films, mais la main sur le cœur, elles parlaient d’elles-mêmes. De leur vie, de leurs ressentiments. Gorée est un lieu symbolique où l’expression de l’exploitation de l’homme par l’homme prend tout son sens. Les touristes qui se baladent viennent entendre les récits d’humiliation et de violence que des êtres humains ont subis. Cependant, aujourd’hui encore, sur cette terre du Sénégal, la violence et la privation existent encore et toujours. Elles sont peut-être moins intenses, mais bien réelles et parfois dissimulées sous des formes déguisées, telles que la domination culturelle et religieuse. Les femmes en sont victimes quotidiennement. Ce samedi matin, celles qui ont pris la parole se sont confiées.
Je souhaitais transmettre leurs mots, afin qu'ils puissent susciter une réflexion. Aucun projet d’émergence, de développement national, de panafricanisme ou d'humanisme ne peut prospérer au Sénégal ou en Afrique si la question de la libération des femmes n'est pas à l'ordre du jour. Il est illusoire de croire en une émancipation collective dans une société qui opprime les femmes de manière systématique et avec tant de véhémence. Les inégalités de genre dans nos sociétés causent beaucoup de souffrance aux femmes et les empêchent de s’épanouir dans les grandes réalisations pour lesquelles elles sont destinées. Bien que minoritaires et souvent inaudibles, les féministes sénégalaises et africaines se battent et seront déterminantes dans la libération de nos peuples. Ce qu'elles racontent, c'est la souffrance humaine dans ses formes les plus violentes. Écoutons, prêtons plus qu’une oreille à ses voix qui parlent d’humanisation.