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28 novembre 2024
Opinions
par Abdoulaye Tine
LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT MACKY SALL
Sonko vit actuellement une torture blanche dont les conséquences à long terme sont encore souvent plus effroyables que celles induites par la torture physique. Est-il nécessaire de dire qu’étant le président, vous êtes le garant de notre démocratie ?
Monsieur le président de la République, Je vous écris aujourd’hui avec une profonde préoccupation concernant la situation et l’avenir de notre pays. En tant que citoyen sénégalais, j’observe, encore une fois, les dérives et violations faites à notre démocratie sous votre autorité.
Je constate avec consternation la détention illégale de M. Ousmane Sonko, depuis le dimanche 28 mai 2023.
M. Sonko est actuellement retenu contre sa volonté dans sa résidence, privé de tout moyen de communication et sans que ses avocats ne puissent lui rendre visite.
Nous sommes ici en présence d’un citoyen détenu sans base légale. Cet état de fait constitue une détention arbitraire mais également un acte de torture psychologique.
En effet, M. Sonko vit actuellement ce que l'on appelle une torture blanche. Les conséquences à long terme de cette forme de torture sont encore souvent plus effroyables que celles induites par la torture physique. Ses formes sont multiples, allant de l’absence de tout contact humain avec l’extérieur à la privation d’interaction sociale voire à des humiliations.
D’une part, de tels agissements portent une atteinte grave aux valeurs fondamentales des droits de l’homme : liberté de mouvement, droit à l’intégrité physique et corporelle, droit à la sécurité et à la sûreté…
Je vous rappelle que le Sénégal est signataire de la convention de 1984 des Nations Unis sur l’interdiction de la torture, dont vous êtes le garant du respect des dispositions.
D’autre part, il est essentiel dans notre pays de préserver un environnement où toutes les voix peuvent s’exprimer et où l’opposition peut jouer son rôle vital de contrôle et d’équilibre du pouvoir. M. Sonko est certes une figure politique de l’opposition, mais il est avant tout un citoyen sénégalais. Quelques soient ses idées politiques, il ne peut être privé de l’exercice de ses droits.
Dois-je vous rappeler, qu’en votre qualité de chef de l’état, vous avez la responsabilité d'assurer l'égalité des droits et de favoriser un climat propice à la consolidation de la paix sociale actuellement mise à rude épreuve ? Est-il nécessaire de dire qu’étant le président de la République, vous êtes le garant de notre démocratie ? Ou de préciser que vous n’en êtes que le gardien et non le détenteur.
Fervent défenseur des principes démocratiques, j’ai toujours dénoncé et combattu les mauvaises pratiques. J’ai à de nombreuses reprises attiré votre attention sur ces déviances. Aujourd’hui, mon engagement en faveur de la démocratie et de la pluralité politique demeure inébranlable et motive cette lettre ouverte.
Monsieur le président, je vous exhorte donc à prendre des mesures immédiates :
- la levée sans délai du blocus illégal et injustifié du domicile de M. Sonko ;
Et dans un souci de transparence et de respect des principes démocratiques ;
-la présentation par les autorités compétentes, dans les 48 heures, des bases légales de cette détention, si elles existent bien. Faute de quoi, nous n’aurons autre possibilité que de mettre en œuvre les voies de recours juridiques et politiques appropriés pour faire cesser cette situation et garantir le respect des valeurs démocratiques et de l’état de droit.
Il n’est pas inutile de préciser que de tels faits sont évidemment de nature à engager la responsabilité pénale personnelle des commendataires et des exécutants, et ceci sur le fondement du principe de la compétence universelle.
Je n'ai nul doute, qu'au nom du respect de la légalité, vous condamnerez cette regrettable situation et qu’en conséquence, vous ordonnerez la levée immédiate de ce siège.
Je resterai vigilant, aux côtés du peuple sénégalais contre toute dérive, pour préserver l’intégrité de notre démocratie et défendre les droits de tous les citoyens. »
M. Abdoulaye Tine est président du parti USL, candidat à la présidentielle 2024.
par Ousmane Kamara
UN PEUPLE, UN BUT, UNE FOI
. Il est essentiel de reconnaître que le dialogue, la compréhension mutuelle et le respect des droits de chacun sont les fondements d'une société harmonieuse et prospère
En ces temps difficiles, il convient tout d'abord de nous incliner respectueusement devant nos morts et d'avoir une pensée sincère pour leurs familles endeuillées. Les récentes émeutes au Sénégal ont entraîné la perte tragique de vies humaines, et il est crucial d'exprimer notre solidarité et notre empathie envers ceux qui ont perdu des êtres chers.
Face à cette situation délicate, nous lançons un appel à la paix, à la retenue et à la non-violence. Il est essentiel de reconnaître que le dialogue, la compréhension mutuelle et le respect des droits de chacun sont les fondements d'une société harmonieuse et prospère.
Nous comprenons les frustrations, les préoccupations et les aspirations légitimes qui animent notre jeunesse et l'ensemble de la population sénégalaise. Nous croyons fermement en la valeur de l'expression pacifique et démocratique de ces préoccupations, car c'est par le dialogue constructif que nous pourrons trouver des solutions durables aux défis qui nous font face.
Nous encourageons les autorités à engager un dialogue ouvert et inclusif avec toutes les parties prenantes, en tenant compte des diverses opinions et perspectives de notre société. Il est important de créer des espaces de débat et de discussion où chacun se sent écouté et respecté.
En tant que citoyens responsables, il est de notre devoir de rejeter la violence et de rechercher des solutions pacifiques. Les actes de vandalisme, les destructions et les violences ne font qu'aggraver les souffrances et compromettre notre avenir collectif.
Nous devons également nous rappeler que la réconciliation et la guérison des blessures nécessitent du temps, de la patience et un engagement sincère envers le bien-être de notre nation. Cela demande également un effort collectif pour reconstruire la confiance et favoriser l'inclusion sociale, économique et politique.
Ensemble, travaillons à préserver la paix, à renforcer notre démocratie et à bâtir un Sénégal où règnent la justice, la prospérité et l'harmonie. Que la mémoire de ceux que nous avons perdus nous rappelle la valeur inestimable de la vie et nous inspire à construire un avenir meilleur.
Que la paix et le calme reviennent dans notre cher Sénégal.
Que Dieu bénisse le Sénégal et son peuple.
PAR Abdoul Aziz Diop
LA TRADUCTION DÉTRICOTE LES VÉRITÉS TOUTES FAITES
Si tout se passe comme prévu, l’homme fort de Kigali totalisera en 2034, 31 ans de pouvoir sans partage à la tête du Rwanda. Cela n’émeut évidemment l’intransigeant mandant sénégalais Boris Diop qui s’entend dire sans sourciller : « J’admire tant Kagame »
Le 13 juin dernier, le portail d'informations sur le Sénégal SenePlus.com publie la version en langue française de l’interview, en langue nationale wolof, que Boubacar Boris Diop a accordée au journal en ligne Lu Defu Waxu. Dans ce qu’il considère comme « la lecture globale des événements » survenus au Sénégal pendant les 72 premières heures du mois de juin 2023, l’écrivain insiste : « J’ai été gêné que depuis plus de deux ans, il ne soit question au Sénégal que d'une affaire de mœurs en lieu et place de sujets tels que l'éducation ou la santé des Sénégalais. »
Mais de tous les observateurs nationaux dont les écrits et les paroles figurent parmi les plus courus, l’invité de Pape Ali Diallo est celui qui a tenu en haleine les internautes sans discontinuer sur la période. Le nombre considérable de fois que Diop a prononcé et/ou écrit dans un texte le nom de la masseuse Adji Sarr pour disculper l’opposant Ousmane Sonko, accusé de « viol avec menaces de mort », montre qu’il ne se préoccupa du tout de l’éducation surveillée et de la santé psychologique de la jeune femme qui pouvait se passer de la charge implacable d’un juge d’instruction sans mandat.
En même temps, deux ans durant, Boubacar Boris Diop garda le silence sur tout ce qui se rapporte au péché originel du présumé agresseur qui ne se gêna pas de mentir devant les caméras du monde entier, soutenant ne s’être jamais rendu au salon de massage Sweet Beauté avant de se rétracter en invoquant un mal de dos insupportable qui le força de quitter son domicile en plein couvre-feu pour s’installer là où on l’attendait. Mentir pour se protéger contre une accusation a toujours existé comme mentir sans motif, connu ou non, n’a jamais existé.
Là s’arrête pour notre part tout ce que nous savons de la sale affaire qui nous ne empêcha pas de partager notre modeste contribution au débat politique et de rédiger notre dernier essai d’information et d’analyse sur la démocratie sénégalaise en proie aux pulsions putschistes de nouveaux débatteurs et au terrorisme extraordinaire qui éclate dès que Sonko et les siens ont fini de souffler sur les braises du terrorisme ordinaire des réseaux sociaux sur fond d’appel au soulèvement et au combat de rue.
Pas un mot, bien sûr, sur tout cela dans l’entretien mentionné plus haut mais dont la lecture et le commentaire choisi d’un internaute anonyme permettent de réintroduire la traduction dans le champ politique pour en discuter sérieusement dans un souci d'apaisement durable par le truchement d’un vrai débat d’idées. Programme contre programme à moins d’un an du scrutin du 25 février 2024.
De la traduction
« Merci, écrit Imhotep - un pseudo bien sûr dont il pouvait se passer -, les traducteurs qui ont fait un formidable travail. C'est à peine croyable ce que nos langues peuvent donner en sens, en style et en tonalité quand le talent des traducteurs rencontre l'intelligence de l'auteur. » La traduction de l’interview saluée par l’internaute est celle d’Ousseynou Beye et Ndèye Codou Fall, qui par leurs talents, ajoutés à celui de l’interprète, relance le débat sur les langues auquel Boubacar Boris Diop convia le philosophe Souleymane Bachir Diagne en septembre 2019. À la suite d’un premier échange épistolaire entre les deux intellectuels initié par Boris, Bachir répond à l’envoyeur qui consacra toute son énergie ou presque à démontrer dans une deuxième salve, à l’attention du penseur imperturbable, qu’il - Boris naturellement - écrit et parle l’anglais.
Trois langues déjà (le wolof, le français et l’anglais) dont le brillantissime auteur de Langue à langue (Albin Michel, Paris, 2022) soutient l’égale dignité grâce notamment à « l’hospitalité de la traduction ». De la traduction Souleymane Bachir Diagne dit qu’elle « contribue à la tâche de réaliser l’humanité, et même mieux : elle s’y identifie ». C’est ce qui, bien avant Bachir, a fait dire à l’écrivain kenyan de langue kikuyu et anglaise que « la traduction est la langue des langues ». Quid des traducteurs ? Diagne considère que « le travail du traducteur suppose que le locuteur et moi-même partageons la même logique et, ultimement, la même humanité ». Si, s’exprimant en anglais comme il sait bien le faire, le locuteur Boubacar Boris Diop partage la même humanité que l’intellectuel arabophone, le rayonnement de la langue arabe au Sénégal ne devrait pas être perçu par le wolofophile Boris comme une « arabisation du Sénégal », prélude à un salafisme soft, mais comme, à la suite de Diagne, une raison supplémentaire de « transformer notre dispersion en langues en notre rencontre en traductions ».
En faisant nôtre l’humanité plusieurs fois sourcée des textes traduits, nous refusons de répondre au texte bâclé - vite fait quoi pour faire sensation - du multirécidiviste Boris, du récidiviste Felwine et du novice Mbougar qui s’invite, lui, au peloton d’exécution de la nuance et de l’humilité scientifique que confère la nécessaire conquête de faits têtus sur les présupposés hautement réducteurs. Et pour dire quoi ? Dans le but ultime d’envelopper la traduction d’une couche qui pénètre dans celles qui existent déjà pour donner naissance à la traduction fusionnelle ou à la fusion tout court qui fait que le produit fini devient la résultante de plusieurs souffles translatés. Une translation d’autant plus prégnante que les bribes ouolof, diola et pular, à titre d’exemple, transmutent pour n’être qu’une seule dans le rendu du traducteur talentueux décidé d’informer fidèlement un public chinois ou saoudien. Cette fusion est par excellence la conquête la plus considérable d’un collectif multilingue. Nous la considérons alors comme le stade suprême de la traduction. Tant pis pour Boris si Bachir, en quête d’universel, touche le vaste monde africain content de l’entendre dire qu’« il est important que le travail de traduction philosophique en Afrique se poursuive aujourd’hui dans les langues du continent ».
C’est que depuis deux ans, l’auteur, avec deux autres amis, de « Négrophobie » (les arènes, 2005), parle une langue politique « en noir et blanc sans nuances de gris » qui voue au chômage les traducteurs quand elle ne les envoie pas purement et simplement à la retraite anticipée, ne concédant aucune seconde de respiration au président Sall là où l’admirable homologue rwandais est assuré de se taper dix autres années après vingt-et-un ans de règne sans merci.
Adoration de Kagamé, détestation de Macky
Le 29 octobre 2015, le Parlement rwandais adopte à l’unanimité la réforme constitutionnelle qui annule la limitation à deux des mandats présidentiels d’une durée de 7 ans, permettant ainsi au président sortant Paul Kagame de briguer un troisième mandat de 7 ans en 2017 après avoir été élu pour la même durée en 2003 et réélu en 2010. En 2024, après 21 ans passés à la tête de son pays, M. Kagame peut briguer deux autres mandats de 5 ans chacun en vertu de l’article 172 de la Constitution correspondant à celle de 2003 révisée. Si tout se passe comme prévu, l’homme fort de Kigali totalisera, en 2034, 31 ans de pouvoir sans partage à la tête du Rwanda. Rien de tout cela n’émeut évidemment l’intransigeant mandant sénégalais Boris Diop qui s’entend dire sans sourciller : « J’admire tant Paul Kagame ». Bien sûr, aucun spécialiste sénégalais du droit public ne se risquerait à trouver de « pédantes arguties » - l’expression est empruntée à l’infatigable ricaneur Boris - pour expliquer le tour de passe-passe rwandais. L’inconditionnel de M. Kagame n’en veut même pas dès lors que l’adoration du président rwandais signifie juste la détestation compulsive de son homologue sénégalais.
Dans Le Savant et le Politique (1919), l’Allemand Max Weber (1864-1920) nous gratifie de ce qui suit : « Dans les sciences, l'intuition du dilettante peut avoir une portée parfaitement identique à celle du spécialiste, et même parfois plus grande. Nous devons d'ailleurs beaucoup de nos meilleures hypothèses et connaissances à des dilettantes. Les intuitions scientifiques que nous pouvons avoir dépendent donc de facteurs et de “dons” qui nous sont cachés. »
Selon Jules Lemaître (1853-1914) de l’Académie française (1895), « Être dilettante, c'est savoir sortir de soi, non peut-être pour servir ses frères humains, mais pour agrandir et varier sa propre vie, pour avoir, au bout du compte, délicieusement pitié des autres, et non, en tout cas, pour leur nuire. »
Le spécialiste et le dilettante ne font plus qu’un lorsque la traduction permet à tous les deux de détricoter les vérités toutes faites.
Abdoul Aziz Diop est membre du Secrétariat exécutif national de l’Alliance pour la République (APR) et Conseiller spécial à la présidence de la République.
PAR Chérif Diop
ET SI ON LEVAIT LE POUCE ?
Nous croyons manipuler nos téléphones alors que c’est eux qui nous manipulent. Cet envahissement numérique détricote les fondements des sociétés et des traditions
Disons-le d’emblée, vouloir réguler ou contrôler la résonance des réseaux sociaux, c’est vouloir arrêter la mer avec ses bras ou vider l’océan avec une petite cuillère. C’est un projet aussi saugrenu que ridicule. Toutefois, l’inaction face à ce tsunami digital, cette déferlante de haine et d’Infox, c’est manquer à un devoir régalien. Durant l’acmé des récentes manifestations radicales, l'État du Sénégal a pris la décision lapidaire de couper l’accès aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Whatsapp, Tik Tok, Youtube, etc). Une mesure inédite prise pour des raisons de sécurité, selon les autorités sénégalaises.
Cinq jours durant, la majeure partie des sénégalais n’ont pas eu accès à ces réseaux même si certains ont contourné la restriction avec les VPN. A travers cette mesure, le gouvernement sénégalais a voulu tuer dans l’œuf la capacité de nuisance incommensurable des réseaux en de pareilles circonstances. L’état du Sénégal est allé plus loin en coupant la connexion 4G avant de la rétablir. Les cris d’orfraies sous le prisme économique n’ont pas manqué. Ces décisions ont semble-t-il permis d’apaiser la situation. Cependant, elles ont sidéré une partie de l’opinion. Certains y ont vu un énième acte contre la liberté d’expression au Sénégal voire un geste antidémocratique.
La décision était-elle opportune ? Tout porte à le croire. Est-ce qu’elle était nécessaire ? Tout porte à le croire également devant l’enjeu de la préservation de la stabilité de notre pays. Cette stabilité que toute l’Afrique nous envie, chaque sénégalais a le devoir et l’obligation de participer à sa consolidation car elle vaut tous les sacrifices. Je dis bien tous les sacrifices. Aujourd’hui, les plus grands oracles de l’innovation le confessent. Internet est l’une des rares créations de l’homme qu’il ne comprend pas tout à fait. C’est la plus grande expérience d’anarchie de l’histoire. A la fois source de bienfaits considérables et de maux potentiellement terrifiants, dont nous commençons à peine à mesurer les effets.
Dans ce charivari digital que nous vivons, l'État ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque Sénégalais, mais il est du devoir des gouvernants de protéger les citoyens du danger d’où qu’il vienne : terre, air, mer, sous mer et aujourd’hui numérique. Cependant, force est de reconnaître que ces décisions ne peuvent pas être répétées à chaque début de manifestation. C’est la raison pour laquelle, nous devons poser le débat, engager la réflexion sur l’usage de l’internet, des réseaux sociaux en particulier. Se faisant, l’objectif est de susciter le débat public sur l’intoxication numérique sans jugement moral ni parti pris politique, mais en se posant modestement des questions qui s’imposent à mon humble avis : Comment cette frénésie digitale a-t-elle révolutionné nos existences ? Sommes-nous vraiment accros au numérique ? Quels sont les dangers de l’addiction digitale ? Quelles angoisses enfouies en nous viennent révéler l’hyper connexion ? Comment ne pas devenir esclave de ces pratiques plus ou moins addictives ? Quel est l’impact réel des réseaux sociaux sur la société ? C’est toutes ces problématiques qui nous intéressent ici.
Détricotage du tissu social, menace sur le vivre-ensemble
Le génie de ces sociétés réside dans l’art de nous accoutumer voire de rendre indispensable ce dont nous n’avons pas besoin. De mon point de vue, les réseaux sociaux incitent fortement au fast-thinking, le prêt à penser et à publier tout aussi néfaste à la prise de décision que le fast-food l’est pour la santé. À n’en point douter, Facebook, Twitter, Tik Tok et tutti quanti sont des canaux de relais révolutionnaires.
Dans le même temps, les réseaux sociaux disloquent les sociétés, déstabilisent les institutions, désacralisent les lieux de cultes, leurrent les jeunes. De surcroît, les réseaux sont également un redoutable tue-l’amour. Les réseaux ont la magie de nous enfermer dans un monde irréel. Le réseau social n'a pas d’émotion, ça n’a que des émoticônes. Par définition, un icône est un signe qui ressemble à ce qu’il définit, un signe qui est dans un rapport de ressemblance avec la réalité. Les émoticônes chercheraient donc à ressembler ou à suppléer les émotions. Sauf qu’un icône n’est pas une personne, un émoticône ne pourra donc jamais remplacer un individu, l’émotion est produite par l’homme et non pas par la machine. Ce qui est de l’humain restera de l’humain, ce qui est de la machine restera de la machine.
La viralité n’est pas la vérité
Au Sénégal, environ 4 millions de personnes sont connectés sur les réseaux sociaux. Un chiffre très important qui fait que la tendance est de croire que les mirages vus sur internet priment sur le réel. Le piège c’est de croire sans sourciller tout ce qui se dit sur les réseaux du fait de l’accessibilité trompeuse. En réalité, la désinformation ne fait qu'exploiter des préjugés.
Facebook et Twitter sont devenus des tours de contrôle de l’information ou tout le monde peut affirmer tout et n’importe quoi sans aucune preuve. Dans le réseau de Mark Zuckerberg les suppositions sont devenues des évidences.
Les réseaux sociaux ne concurrencent plus les médias traditionnels après les avoir décrédibilisés, ils les ringardises. Des informations totalement erronées sont acceptées sans ciller parce qu’elles confirment une opinion qu’on a déjà. En 2017, une équipe de chercheurs affiliée à l’American press institute a découvert dans une étude que sur les réseaux, l’identité de la personne qui partage un contenu et la nature du lien qui nous relie à elle importe plus que la fiabilité de sa source.
A partir de ce moment, chaque publication ou chaque live de n’importe qui peut être défini comme une source d’information. Devons-nous rester inerte devant l’abrutissement général sur Tik Tok ? Comment lutter contre le narcissisme ambiant sur Snapchat et ses filtres déroutants ?
Il est curieux de savoir que certains concepteurs et développeurs de ces réseaux sociaux les ont restreints à leurs propres enfants. En 2017, un ancien cadre de Facebook a tenu cette déclaration déconcertante : « je me sens tellement coupable d’avoir contribué au développement d’un outil qui déchire le tissu social ».
Chamath Palihapitiya n’est personne d’autre que l’ancien vice-président chargé de la croissance des audiences de Facebook devenu Meta. Son job était de faire en sorte qu’il y ait toujours plus d’inscrits sur la plateforme. Dans son mea-culpa, il annoncé avoir interdit à ses enfants de toucher à « cette merde » selon ses mots en nommant Facebook. Les aveux de cet homme que Facebook a rendu riche ont poussé la société de Mark Zuckerberg à se fendre d’un communiqué. L’entreprise américaine explique que « Quand Chamath était chez Facebook, nous avions pour objectif de bâtir de nouvelles expériences social media et de faire grandir Facebook à travers le monde. Facebook était alors une entreprise très différente, et en grandissant, nous avons réalisé à quel point nos responsabilités avaient grandi également. Nous avons beaucoup travaillé et étudié avec des experts et des universitaires pour comprendre les effets de notre service sur le bien-être, et nous nous en servons pour agir sur le développement de notre produit »
Il se trouve que les propos de Mr Palihapitiya font échos à ceux d’un autre cadre et pas des moindres de Facebook, Sean Parker ancien président de l’entreprise.
D’après ce magnat des nouvelles technologies au début des années 2000 que Facebook a rendu riche lui aussi ,« Facebook est créé pour profiter de la vulnérabilité de l’homme ».
Ces références sur Meta sont symptomatiques de la capacité de nuisance des réseaux « sociaux ». Globalement ces sociétés adoptent la même stratégie d’accaparement de l’indépendance intellectuelle pour des raisons mercantiles.
Le groupe Meta est pionnier dans ce domaine, mais la démarche est la même chez les autres. Capter l’attention et vous garder le plus longtemps possible. Tout est fait pour que vous ayez une petite dose de dopamine appelée l’hormone du bonheur. Cette molécule du plaisir qui nous procure un sentiment de satisfaction en récompense à certaines actions. Cette substance qui facilite la prise de décision est à la base des addictions, les plus grands spécialistes l’ont reconnu. Les réseaux sociaux fonctionnent sur la sécrétion de dopamine à chaque like ou commentaire. Un mécanisme qui détruit dans le long terme le fonctionnement de la société.
Aujourd’hui, aller sur un réseau social n’est plus intentionnel mais instinctif. Nous scrollons sans objectif précis, sans savoir ce que nous recherchons. Comme un besoin de satisfaire une curiosité innommable, imaginaire.
Dualité entre l’intention et l’instinctif
Censés nous ouvrir les yeux sur le monde, les réseaux sociaux nous enferment dans une bulle de filtre. Ils nous mettent des œillères, plus rien ne compte à part ce que nous observons constamment. Ne rien faire, c’est accepter de vivre dans un monde ou disparaît tout humanisme. Nos choix ne sont plus guidés par l’esprit mais par les algorithmes. D’acteurs de nos vies, nous devenons spectateurs, d’indépendants, nous devenons des dépendants intellectuels. Jadis libres de nos choix, nous plongeons dans un suivisme digital.
Sans le savoir nous sommes programmés au rythme de nos « j’aime et partage ». À force de visionner, d’aimer et de partager un sujet, l’algorithme nous en propose davantage. Cette dangereuse ritournelle nous enferme dans un univers construit à partir de nos préférences affichées. Une règle dite règle d’inférence se construit à partir de ce qui est observé de nos penchants. Une opération insidieuse de déduction qui ne reflète nullement la réalité sur nos réelles orientations. Car, Liker ou partager ne veut pas dire adhérer, on peut partager par répugnance ou par solidarité comme on peut liker par dégoût. L’objectif de ce processus est de profiler les êtres humains. Malheureusement, tous les géants du net procèdent de la même façon. En fonction de nos choix, ils créent des profils de base de données à la merci du marketing digital.
La question est de savoir, comment faisait-on avant ? Étions nous tous des ignorants avant l’avènement du tout numérique? Étions nous malheureux avant la création de Facebook en 2004 (seulement) ?. Les plus grands érudits de l’humanité ont vécu sans les réseaux sociaux. Idem que les meilleurs innovateurs de notre époque, à l’image du regretté fondateur de la marque Apple. Steve Jobs n’utilisait pas les réseaux sociaux. En plus d’être des freins à la créativité, les médias sociaux sont des usines de fabrication de malheur. Leur coté intrusif détruit l’inviolabilité du privé, le téléphone portable nous accompagne partout au quotidien. Les données renseignent que le taux de pénétration du mobile est estimé à 119,2%. Des chiffres qui ne cessent de croître. Quel que soit le lieu ou le moment, il est de plus en plus difficile de résister au son d'une notification. Et c’est à partir de ce moment, que les réseaux sociaux nous privent de notre indépendance intellectuelle. Nous perdons un temps fou sur nos téléphones sans se rendre compte de la charge mentale que l’on s’inflige.
Nous croyons manipuler nos téléphones alors que c’est eux qui nous manipulent.
Cet envahissement numérique détricote les fondements des sociétés et des traditions. Il n’y a plus de frontière entre la vie publique et la vie privée. Les chroniques de l’indécence sont légion sur la toile. La vulgarité, le « matuvisme » , le mensonge et la délation sont érigés en mode. Cette supercherie généralisée envoie de mauvais signaux à la jeune génération. À ce propos, il est intéressant d’observer que beaucoup d'individus célèbres via le canal des réseaux sociaux se sont vite retrouvés dans les abîmes du néant. Les exemples sont légions mais le cas Samba Ka mérite que l’on s’y attarde. Ce jeune berger issu du nord-ouest est le parfait exemple. Surnommé le Tik Tokeur aux 20 vidéos par jour, Samba Ka a attiré l’attention des internautes avec ses vidéos « hilarantes » au point d’être invité à Dakar. Il fut l’attraction une semaine durant, tristement exposé partout, d’une façon indécente, en public comme en privé. Tout le Sénégal ou presque s’est fendu la poire avec ses vidéos jusqu’à la lassitude. Et puis, plus rien. Malheureusement, sa dernière apparition dans le débat public était moins drôle hélas car n’ayant pas bien vécu ce retour à l’anonymat. Était-il préparé à cette subite exposition?
Tout le monde n’est pas à l’aise avec la célébrité et tout le monde n’est pas destiné à être sous le feu des projecteurs. Le regretté Thione Seck a chanté « Siw Dou Diami Borom ».
Si la télé rend fou, les réseaux sociaux écervèlent. La recherche du buzz permanent pousse le bouchon jusqu’à la désacralisation des lieux de cultes. Comble de l’absurdité, souvenez-vous de cette scène surréaliste à la capitale du mouridisme. Une comédienne a improvisé un snap sur le toit de la mosquée. Une vidéo enregistrée du haut du minaret de la mosquée de Touba. Elle se confond en excuse devant le tollé général, mais le mal est fait. Cette désacralisation du culte parasite les cérémonies religieuses du fait de l’empressement qu’ont les pèlerins à s’afficher sur les réseaux sociaux.
Honnêtement, il est difficile aujourd’hui au Sénégal de différencier cérémonie cultuelle et cérémonie culturelle.
À l’heure ou le succès se mesure à ce qui se cumule en ligne, lever le pouce c’est ralentir le rythme effréné de connexion à internet et sur les réseaux sociaux en particulier pour se reconnecter sur soi-même et sur ses proches.
par Djibril Sambou
LETTRE OUVERTE À L’INTERNATIONALE LIBÉRALE
Quel intérêt avez-vous à esquiver la dictature sanguinaire du régime? Ce n’est parce que M. Ousmane Sonko ne se réclame pas du libéralisme que les libéraux ne doivent pas le défendre
Vous avez publié le 4 juin 2023, une déclaration sur les troubles politiques au Sénégal. Dans celle-ci, vous avez, notamment, regretté la violence et les pillages. Vous avez aussi présenté vos condoléances aux familles et aux proches des personnes décédées, souhaité un rétablissement pour les blessés, avant d’implorer toutes les parties concernées d'exprimer leurs opinions de manière pacifique et non violente. Même si je suis en phase avec ce que vous avez déclaré, il n’en demeure pas moins que votre déclaration est révoltante pour le libéral indépendant que je suis. Elle peut se comprendre venant d’un pays qui gère ses intérêts, mais pas de l’Internationale libérale. Étonnement, vous n’avez pas fermement condamné les violations répétées des principes qui régissent l’État de droit ainsi que les tueries, par armes à feu, perpétrées par la police, la gendarmerie et la milice armée du président du Sénégal. Quel intérêt avez-vous à esquiver la dictature sanguinaire du régime?
Chers membres du bureau, vous n’êtes pas sans savoir que depuis son accession au pouvoir, le président Sall, un des patrons de l’Internationale libérale, n’a cessé de violer, impunément, les fondamentaux même du libéralisme, en bafouant l’État de droit. En effet, aussi surprenant que cela puisse être, dès 2012, il avait publiquement déclaré sa volonté de « réduire l’opposition à sa plus simple expression ». Dès ce moment, l’Internationale libérale se devait de le recadrer, mais elle a laissé faire sans réagir. Cette complicité tacite a encouragé le président Sall dans la voie effrénée de la dictature.
Les prémices de son autoritarisme ont débuté, d’abord, par la modification du Code électoral de son pays pour permettre l’exclusion des opposants condamnés par la justice, même pour une peine en cas de diffamation, avec sursis, d’une durée supérieure à 3 mois. En effet, les articles 29 et 30 dudit Code sont devenus le socle sur lequel le président Sall s’est appuyé pour intenter des procès aux opposants les mieux placés pour le battre. À l’aide d’une justice à lui soumise, il les fait condamner à une peine d’inéligibilité qui les exclue de facto du jeu électoral. C’est le cas de Karim Wade, fils de l’ancien président libéral Abdoulaye Wade et de Khalifa Sall, ancien maire de Dakar. Fait inédit, au Sénégal, un opposant peut perdre ses droits civiques, sans une décision express d’un juge. Depuis mars 2021, le président Sall a dans sa ligne de mire, M. Ousmane Sonko, son principal opposant. Mais la tentative d’exclusion de ce dernier du jeu électoral s’est révélée une tâche ardue, avec une vaillante résistance de la jeunesse sénégalaise, plus que jamais décidé à protéger l’homme politique le plus populaire de l’histoire politique du Sénégal. C’est cette tentative de liquidation qui continue d’occasionner des morts, des blessés, des emprisonnements ciblés et le déni de justice dont le président Sall est le principal responsable.
Ensuite, il a instauré un système de parrainage de candidats aux élections qui lui permet de sélectionner ceux qui doivent compétir aux élections. Du fait de cette sélection absurde, le Sénégal est, à ce jour, le seul pays au monde ou aucun candidat de l’opposition n’est sûr de participer à l’élection présidentielle. Il a enfin instauré une impunité totale pour les membres de sa famille, ses partisans et ses courtisans. Ceux-ci peuvent violer la loi à leur guise, sans être inquiétés par la justice. Dès lors, la justice sénégalaise ne s’intéresse qu’aux opposants, aux journalistes sérieux et aux médias indépendants. Il n’est pas donc étonnant que le népotisme, la corruption et le détournement des deniers publics aient atteint des niveaux jamais égalés au Sénégal.
Pour boucler le tout, il a étouffé la liberté d’expression et bafoué l’État de droit, notamment en :
brimant les médias indépendants ou proches de l’opposition politique, particulièrement le groupe Walfadjri dont le signal d’émission a été coupé à plusieurs reprises (ce groupe de presse subit actuellement une répression financière qui menace sa survie);
restreignant la liberté de presse et d’opinions en mettant dans l’insécurité ou en emprisonnant les journalistes et les chroniqueurs indépendants ou proches de l’opposition (c’est le cas de Pape Alé Niang, Pape Ndiaye, Serigne Saliou Gueye, Thioro Mandela, Cheikh Bara Ndiaye et j’en passe);
emprisonnant des membres de la société civile ( l’un d’eux M. Dame Mbodj a échappé à une tentative d’assassinat lorsque 7 coups de feu ont été tirés sur sa voiture alors qu’il venait d’émettre son opinion sur une télévision réputée proche du régime);
interdisant illégalement l’accès de l’opposition politique aux médias d’État;
faisant du droit de manifester une exception, au lieu d’un droit tel qu’inscrit dans la Constitution par l’ancien Président Abdoulaye Wade (Libéral);
utilisant une justice aux ordres pour éliminer la liste des candidats nationaux de l’opposition politique aux dernières élections législatives, empêchant ainsi M. Ousmane Sonko, chef de l’opposition, de se faire élire au Parlement, sans doute pour lui ôter de l’immunité parlementaire et faciliter son arrestation éventuelle;
restreignant les réseaux sociaux et même coupant Internet, comme ce fut le cas lors des récents évènements.
Qui plus est, la police, la gendarmerie et des hommes en civil (milice armée du parti au pouvoir) torturent et tuent des manifestants avec impunité. Les réseaux sociaux regorgent d’images de la milice armée du régime, circulant à bord de véhicules 4X4 sans plaque d’immatriculation ou opérant à côté de la police et de la gendarmerie, tirant à balles réelles sur les manifestants ou les torturant. Plusieurs vidéos montrent la police et la gendarmerie tirant à bout portant sur les manifestants, en violation flagrante des normes sur le maintien de l’ordre public. D’autres vidéos montrent la police, la gendarmerie et la milice armée de l’Alliance pour la République du président Sall pourchassant les manifestants et tirant à balle réelle sur des maisons privées.
À plusieurs reprises au cours des manifestations de mars 2021 et de juin 2023, la milice armée du régime, armés de fusils d’assaut a été filmée pourchassant les manifestants et, dans plusieurs cas, leur tirer dessus. Dans certaines de ces vidéos, des agents de police et/ou de gendarmerie étaient présents à leurs côtés, mais ne sont jamais intervenus pour mettre fin à la violence; la milice du président Sall est venue leur donner un renfort dans le maintien de l’ordre public en violations de tous les principes qui régissent une république. En outre, jamais la justice sénégalaise n’a ouvert une enquête sur le massacre et les tortures de manifestants par la police, la gendarmerie et la milice armée, composée de nervis du pouvoir.
Par ailleurs, la Section Sénégal d’Amnistie Internationale a, à maintes reprises, dénoncé les dérives autoritaires du pouvoir en place à Dakar. Dans le même ordre d’idées, le département d’État des États-Unis dans son rapport 2022, avait fait un diagnostic sans complaisance de la situation des droits humains au Sénégal. Le rapport a noté que : «Parmi les problèmes importants en matière de droits de l’homme, on peut citer des rapports crédibles faisant état d’assassinats illégaux ou arbitraires ; torture ou peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants infligés par le gouvernement ou en son nom ; conditions de détention difficiles et dangereuses pour la vie ; arrestations ou détentions arbitraires ; prisonniers ou détenus politiques ; problèmes graves liés à l’indépendance du pouvoir judiciaire ; corruption grave au sein du gouvernement...». Ces actes inhumaines et dégradantes sont à la fois condamnables, intolérables et inexcusables, surtout dans un pays jadis considéré comme le berceau du libéralisme en Afrique et une vitrine de la démocratie. En outre, la 20e édition du Classement mondial de la liberté de presse établie par Reporters sans frontières classe le Sénégal au73ème rang sur un total de 180 pays, soit un recul de 24 points par rapport à 2021. Dès lors, se pose la question de savoir comment un président se réclamant du libéralisme peut gouverner aux antipodes des valeurs libérales. Il faut savoir que M. Sall est entré en politique comme membre d’un parti communiste avant de rejoindre le Parti Démocratique Sénégalais. C’est donc tout naturellement qu’il est revenu à ses convictions communistes comme en atteste son proche entourage, majoritairement composé de socialistes et de communistes de tous bords. Ce n’est pas donc étonnant qu’il dirige le Sénégal avec des pratiques staliniennes aux antipodes des valeurs libérales dont nous nous réclamons.
Chers membres du bureau, je vous rappelle que la cause de toutes les violences politiques au Sénégal sont dues à deux principales raisons :
La détermination du président Sall, de son gouvernement et de la justice à éliminer M. Sonko de la course aux élections présidentielles du 25 février 2024, et ce en trois étapes : a) le rendre inéligible, b) le mettre en prison pour éviter qu’il ne batte campagne pour un autre candidat, et c) dissoudre son parti, dénommé Pastef.
La volonté affichée, mais non déclarée à ce jour, du président Sall de briguer une troisième candidature, en violation non seulement de la constitution qui stipule en son article 27 que « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs », mais aussi de ses déclarations publiques.
Pour se défendre sa dictature, le régime a recours à des mensonges d’État enrobés en éléments de langage distillés par des journalistes et chroniqueurs alliés. Mais la presse internationale a commencé à s’en démarquer. En guise d’illustration, la télévision française, France 24, a récemment démenti, démonstration vidéo à l’appui, le ministre de l’Intérieur et la police qui avaient affirmé que les éléments de la milice armée du régime étaient des forces occultes (Enquête sur les « nervis du pouvoir » - Vidéo Dailymotion).
Un autre élément de langage pour justifier la dictature est que le discours politique a changé depuis l’arrivée de Sonko sur la scène politique. C’est ainsi qu’être membre ou proche du chef de l’opposition est devenue un crime de lèse-majesté. Des hommes d’affaires qui lui sont proches sont soit en prison ou ont vu leur business détruit par la police ou gendarmerie, et ce, sans aucune décision de justice. L’appel à la résistance de M. Sonko, un droit reconnu par la Constitution, a été faussement interprété comme un appel à insurrection. Un délit que la justice aux ordres pourrait utiliser pour dissoudre Pastef. Telle la radio Mille Collines du Rwanda, une miséreuse page Facebook dénommée « Anita Diop » viole impunément la vie privée et publie des listes de personnes que la police s’empresse d’arrêter et que les juges placent systématiquement sous mandat de dépôt.
Chers membres du bureau, il est donc étonnant et absurde que l’Internationale libérale ait accepté à son sein des dictateurs sanguinaires, de la trempe du président Sall. Ce dernier est devenu une honte pour le monde libéral. C’est peut-être pour cette raison qu’il n’a pas été invité, comme d’habitude, au récent sommet du G7. Sa présence, aux côtés des membres de ce forum de démocrates et de libéraux, aurait été très gênante.
Même si un calme précaire règne actuellement, des images montrent que les Sénégalais continuent de manifester à l’étranger, notamment aux États-Unis, au Canada, en Suisse, en Italie, en France et en Angleterre pour dire non à l’instrumentalisation de la justice pour éliminer M. Sonko et à la dictature sanguinaire du faux libéral M. Macky Sall. En écrivant cette lettre, je suis conscient que je cours le risque, une fois au Sénégal, d’être arrêté, torturé ou tué pour avoir émis une opinion à lui défavorable au pouvoir. Les prisons du pays sont actuellement remplies de gens dont le seul tort était d’émettre leurs opinions sur les réseaux sociaux ou d’être un partisan du parti Pastef d’Ousmane Sonko. La situation du pays peut se dégrader à tout moment. Il suffit 1) que le pouvoir envoie M. Sonko en prison, 2) que le Conseil Constitutionnel invalide sa candidature ou 3) que le président Sall annonce sa candidature, pour que les manifestations violentes et le massacre reprennent.
Chers membres du bureau, l’Internationale libérale doit sauvegarder sa réputation en continuant de rester le forum avant-gardiste pour le respect scrupuleux de la démocratie et des droits humains. Les dictateurs, fussent-ils des chefs d’États, n’ont pas et ne doivent pas avoir de place dans cet excellent forum. La dictature du président du Sénégal a atteint un point tel que sa mise en accusation devant la Cour pénale international est en cours de constitution par des avocats. Le président Sall risque donc d’être le premier patron de l’International libérale à être accusé de crimes contre l’humanité. Advenant le cas, ce serait une honte pour tous les libéraux du monde et une décrédibilisation certaine de l’International libérale. De même, continuer d’accepter un dictateur sanguinaire comme un patron de l’Internationale libéral est un déshonneur pour notre philosophie politique; c’est même une honte. Les auteurs de la Magna Carta, ceux du Manifeste d’Oxford de 1947 et ses successeurs sont certainement en train de se remuer dans leur tombe. J’ose espérer que l’International libérale sera aux côtés du peuple sénégalais, meurtri et opprimé, pour dénoncer vigoureusement la dictature affichée du président Macky Sall et son régime de terreur. J’attends du Bureau de l’International libérale qu’il envoie une délégation au président Sall pour le ramener à la raison et lui demander, entre autres:
la levée du blocus, sans décision administrative ou de justice, du domicile et du quartier de l’opposant principal Ousmane Sonko;
la fin des arrestations massives à la suite des manifestations et à libérer les membres de la société civile et de l’opposition arbitrairement arrêtés;
la libération des journalistes indépendants et de tous les prisonniers politiques;
le renoncement à sa volonté de déposer une troisième candidature que lui interdit la Constitution;
l’organisation d’élections inclusives, y compris M. Ousmane Sonko;
la cessation de toutes les violations des droits de l’homme au Sénégal;
une enquête rapide, approfondie, impartiale, efficace et transparente sur tous les cas de violations des droits humains commises par les forces de l’ordre et des milices armées, y compris les meurtres et les blessures de manifestants; et
de se conformer au Manifeste de l’internationale libérale.
À défaut, le Bureau pourrait gentiment lui rappeler les fondamentaux du libéralisme et suspendre ou exclure son parti de l’International libérale. Ce n’est parce que M. Ousmane Sonko ne se réclame pas du libéralisme que les libéraux ne doivent pas le défendre. En s’abstenant de le défendre, nous aurions trahi notre philosophie politique. J’ose espérer que ce ne sera pas le cas.
Veuillez agréer, Mesdames, messieurs, l’expression de mes sentiments fraternels et libéraux.
Djibril Sambou est ancien vice-président de la Fédération internationale des jeunesses libérales (IFLRY 1995-1999)
Ces éléments de langage ou leurs fragments constituent des argumentaires thématiques qui permettent de donner une position sur un sujet précis. Pour chaque sujet, je donne la parole au pouvoir, à l’opposition et à une voix que j’estime être vigilante.
1. Violences : ponctuation partisane de séquences
Pouvoir.
Vous êtes violents ; c’est parce que vous avez fait Y que nous avons réagi par Z. Nous n’avons fait que défendre la République.
Opposition.
C’est vous qui êtes violents ; c’est parce que vous avez fait X que nous avons réagi par Y. Nous n’avons fait que défendre le peuple.
Voix vigilante.
On voit bien que chacun ponctue de la manière qui arrange ses arguments. En démocratie, il est important de respecter la loi et la justice. La démocratie nécessite un état d’esprit qui favorise l’élégance dans le débat politique : l’argument de la force (y compris la force verbale) doit être remplacé par la force de l’argument.
2. Liberté, démocratie, État de droit
Opposition.
Le peuple réclame la liberté, la démocratie et l’État de droit.
Pouvoir.
La liberté, la démocratie et l’État de droit n’excluent pas la responsabilité.
Voix vigilante.
Ce qui serait intéressant, c’est d’amener les leaders de l’opposition à déclarer : « Le peuple réclame la liberté, la démocratie et l’État de droit dans un cadre responsable. Et nous souhaiterions bien comprendre en détail comment le pouvoir envisage la responsabilité, en nous fournissant des illustrations concrètes. Nous sommes prêts à les écouter, à y réfléchir sérieusement et à intégrer cette dimension dans nos actions, en vue de contribuer à l’harmonie globale de la société ».
3. Paix, ordre, tranquillité et stabilité
Pouvoir.
Ce pays a besoin de paix, d’ordre, de tranquillité et de stabilité.
Opposition.
La paix, l’ordre, la tranquillité et la stabilité ne peuvent se concevoir qu’à travers la vérité et la justice.
Voix vigilante.
Ce qui serait très intéressant, c’est d’amener les responsables du pouvoir à déclarer : « Ce pays a besoin de paix, d’ordre, de tranquillité et de stabilité dans le respect de la vérité et de la justice. Et nous souhaiterions bien comprendre en détail comment l’opposition envisage la vérité et la justice, en nous fournissant des exemples concrets. Nous sommes prêts à les écouter, à y réfléchir sérieusement et à intégrer ces éléments dans nos actions, en vue de contribuer à l’harmonie globale de la société ».
4. Résistance (mobilisation) vs subversion (insurrection)
Opposition.
Ces actes relèvent de la mobilisation et de la résistance face à l’oppression.
Pouvoir.
Ces actes relèvent de la subversion ; vous faites appel à l’insurrection.
Voix vigilante.
L’opposition a le droit de faire appel à la mobilisation et à la résistance contre l’oppression, comme le garantit la Constitution. Cependant, cela devrait être accompagné de déclaration explicite sur le caractère pacifique de ces manifestations, en rejetant toute forme de violence.
5. Respect des lois
Pouvoir.
Dans un État de droit, les citoyens ont l’obligation de respecter scrupuleusement la loi.
Opposition.
Le respect des lois suppose que celles-ci ne soient pas iniques ou scélérates comme dans les cas où l’injustice est institutionnalisée (à l’image de certaines lois sous l’apartheid) ou lorsque les dirigeants sont les premiers à les violer.
Voix vigilante.
Le pouvoir devrait comprendre que la violence est comme une énergie potentielle qui émerge d’abord sous forme de ressentiments, de rancœur et de colère accumulés. L’idéal est de créer les conditions qui permettent à cette énergie de s’écouler par les voies légales (par le biais de recours juridiques, de manifestations de contestations, de sanction via les urnes, etc.). Cependant, si toutes ces voies légales sont bloquées, le risque de déchaînement de violence augmente.
L’opposition doit apprendre à se projeter dans le futur en se posant régulièrement ces questions : qu’aurions-nous fait si nous étions aux commandes dans ce contexte où des manifestations dégénèrent, entraînant morts et destructions ? Avons-nous épuisé toutes les voies de recours légales face à ce que nous considérons comme illégal ? Sommes-nous sûrs de préserver, aux yeux des différents segments de l’électorat, cette posture républicaine et démocratique ?
6. Responsabilité à propos des morts
Opposition.
Le chef de l’État est le seul responsable des morts.
Pouvoir.
Le Chef de l’opposition est le seul responsable des morts.
Voix vigilante.
Les meurtriers et leurs commanditaires sont les seuls responsables des morts. Il est possible que la chaîne de responsabilité remonte jusqu’au niveau le plus élevé, mais attendons le retour des enquêtes.
7. Force
Pouvoir.
L’État est plus fort que les individus. Force restera à la loi.
Opposition.
Le peuple est plus fort que l’État. Force restera au peuple.
Voix vigilante.
Toutes ces assertions présentent des limites, car elles peuvent engendrer des illusions et des dénis. Ceux qui les évoquent l’utilisent pour menacer leur vis-à-vis ou se rassurer, mais personne ne peut prédire le cours des événements une fois qu’ils sont déclenchés. Il y a eu des insurrections réprimées dans le sang avec des milliers de morts, sans renversement du pouvoir, tout comme il y a eu dans l’histoire des changements de régime faisant suite à une mobilisation pacifique sans effusion de sang.
8. Autocratie vs populisme
Opposition.
Le pouvoir bascule dans l’autocratie.
Pouvoir.
L’opposition se livre au populisme.
Voix vigilante.
Il arrive souvent que d’anciens populistes deviennent de nouveaux autocrates. Cela ne doit pas juste dépendre des hommes. Il doit y avoir une explication dans la société vue comme un système. N’y a-t-il pas dans ce système une sorte d’attracteur étrange qui transforme les politiciens à leur insu ?
9. Dialogue
Pouvoir.
Nous invitons l’opposition à la table des négociations pour un dialogue.
Opposition.
Nous perdons notre temps en y participant. Ce dialogue n’est pas sincère. C’est simplement une tactique de communication. Les conclusions ne seront pas mises en œuvre. Vous agitez cette question du dialogue lorsque vous êtes en position de faiblesse.
Voix vigilante.
Le dialogue est le fruit de l’interaction. Les pressions menées par l’opposition y contribuent. Le dialogue permet de réduire le climat d’animosité préjudiciable à tous. Avec une bonne lecture des peurs, des appréhensions, des attentes ou souhaits, le dialogue peut détendre la situation.
10. Objectivité, réalité, vérité
Opposition ou Pouvoir.
Parlons objectivement… ; disons la vérité… ; la réalité est… ; etc. (suivi d’un jugement, d’une évaluation ou d’une étiquette).
Voix vigilante.
L’objectivité est toujours teintée de subjectivité. Ne devrait-on pas se limiter à indiquer notre vision des choses et éviter de prétendre élever cette perception ou vision en vérité absolue ? Ma vérité n’est pas LA vérité, y compris tout ce que j’ai dit dans ce texte. Suis-je même aussi vigilante et pertinente que je prétends l’être ?
Cette voix conserve-t-elle sa pertinence dans ce contexte polarisé ? Certains trouveront les propos dérisoires et/ou inopportuns, tandis que d’autres pourraient y percevoir du bon sens et/ou de l’équilibre. Les premiers souhaiteraient que l’on condamne le camp opposé, suivant ainsi ce fameux principe : « Il y a un problème, il faut rechercher la cause et condamner le responsable ». Cela est nécessaire et efficace pour éviter les dérives autocratiques ou populistes. Cependant, dans les contextes relationnels, ce principe peut être complété par une approche plus orientée vers la médiation : « Il y a un problème relationnel, essayons de guider les protagonistes vers des comportements adéquats qui aident à retrouver une bonne interaction ».
Par Mamadou Guissé
LE DIALOGUE, C’EST LE FUEL QUI FAIT TOURNER LE MOTEUR D’UNE DÉMOCRATIE
Le dialogue n’est pas une invention des temps modernes. Au Sénégal, le dialogue a toujours été un élément central de la coexistence pacifique entre les différentes composantes culturelles, ethniques, religieuses et politiques.
Le dialogue, c’est le fuel qui fait tourner le moteur d’une démocratie.
À travers l’histoire et dans la plupart des sociétés humaines, le dialogue ou le fait de rassembler des personnes pour les aider à surmonter leurs différences et à résoudre leurs problèmes a toujours été une mission prestigieuse, généralement confiée à des individus expérimentés, à des anciens ou à des personnes respectées pour la qualité de leur jugement et leur sagesse.
Le dialogue n’est pas une invention des temps modernes. Au Sénégal, le dialogue a toujours été un élément central de la coexistence pacifique entre les différentes composantes culturelles, ethniques, religieuses et politiques. Les différents royaumes qui se sont constitués et reconstitués à travers les siècles, ont toujours développées des stratégies de dialogue afin de pacificier les relations entre leurs peuples. Parmi ces stratégies, on peut citer le cousinage à plaisanterie, les mariages mixtes, etc.
Dans le Sénégal des temps modernes, les acquis historiques de laïcité ont plus ou moins créé un environnement propice pour les percepts de la démocratie telle qu’héritée de la colonisation. Ainsi, le dialogue est très présent dans le débat public social et politique de nos jours. Pour rappel, les années soixante et soixante-dix ont été marquées par des dialogues entre l’Union progressiste sénégalaise, le Mouvement démocratique populaire, le Parti africain de l’indépendance, le Parti Démocratique Sénégalais, le Parti Populaire Sénégalais etc. Ces pratiques ont été entretenues par la deuxième génération à partir des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix (Parti socialiste, Parti démocratique sénégalais, And-Jëf/PADS, REWMI, etc.).
Cependant, la réussite de tout dialogue dépend largement de la disposition des parties prenantes à aboutir à des résultats concrets. Les bonnes dispositions débutent avant tout par l’initiative de lancer un dialogue quand la situation le requiert. Il est important de noter que la situation politique actuelle du Sénégal est caractérisée par un niveau de polarisation jamais atteint de par le passé.
Le Président Macky Sall, depuis son accession à la magistrature suprême a, dans la poursuite d’une tradition bien sénégalaise, fait montre à chaque, d’un leadership consensuel et d’une volonté de dialogue sincère et inclusif. La Coalition Benno Bokk Yaakaar qui l’a porté au pouvoir en 2012 détient le record de longévité pour une coalition politique de toute l’histoire moderne du Sénégal.
Pour rappel, déjà en 2013, il mit en place la Commission nationale de Réforme des Institutions (CNRI) qu’il confia au Doyen Amadou Makhtar Mbow qui était auparavant Président des Assises nationales (Janvier 2008 – Avril 2009). Cette commission avait pour mission de « formuler toutes propositions visant à améliorer le fonctionnement des institutions, à consolider la démocratie, à approfondir l’Etat de droit et à moderniser le régime politique » Les propositions de la CNRI sont largement inspirées des recommandations des Assises nationales. Le choix de Amadou Makhtar Mbow dénote d’une volonté du Président Sall de faire un trait d’union entre les conclusions des Assises nationales qu’il avait signé avec réserves et son besoin de réconcilier ses convictions de gouvernance sobre et vertueuse. Ces consultations ayant couvert des thèmes divers tels que l’administration, le judiciaire, le parlement, la sécurité pour ne citer que ceux-là, ont abouti sur des propositions de réformes variées.
Dans la même veine, en 2016, il lança un dialogue national sur les réformes politiques malgré la victoire du OUI au référendum de révision de la constitution. « Malgré toutes nos divergences, le dialogue est indispensable surtout quand nous traversons des moments cruciaux de notre nation. Après le référendum, j’ai voulu que des échanges soient organisés entre acteurs notamment, les hommes religieux, les syndicats, les politiques, le patronat et des autres entités représentatives. Chacun a sa liberté de penser et d’appartenance, mais nous avons un même intérêt, celui de voir notre pays rayonner. » Ce sont là, les mots du Président Macky à l’ouverture de ces concertations.
Il ne s’arrête pas là. Moins de deux mois après sa réélection en 2019 avec plus de 58% des suffrages exprimés, sans en être obligé mais mû simplement par sa volonté de consensus, Monsieur Sall appelle le pays à un dialogue national dont l’une des composantes principales est le dialogue politique.
C’est lors d’une interview avec une radio de la place le 03 mai 2023, à la veille de la célébration de la fête nationale, que le Président Macky Sall lança un appel à un dialogue national. Une annonce de taille accueillie différemment par les uns et les autres mais qui a le mérite, dans une situation politique tendue, de casser le mur de glasses entre le pouvoir et l’opposition.
Le mercredi 31 mai 2023 a marqué le lancement officiel des concertations. La salle des banquets au niveau du Palais de la République n’a pu contenir les représentants de toutes les forces de la nation. Des allocutions de haute facture de la part des participants ont rencontré une oreille attentive et conciliante du Président de la République. Les différentes commissions se sont engagées à travailler de façon inclusive et efficace afin d’abord de produire des termes de références du dialogue ; l’objectif étant d’aboutir à des conclusions dans un délai permettant de respecter le calendrier électoral.
par Moda Dieng
AU SÉNÉGAL, LA PEUR DE LA MENACE TERRORISTE EXTÉRIEURE
C’est mal connaitre la menace terroriste que de penser que celle-ci viendra forcément des autres pays d’Afrique de l’Ouest. Le Sénégal fait partie intégrante de la ceinture de feu dont parle le gouvernement
Au Sénégal, beaucoup de politiques et de spécialistes en sécurité parlent de « ceinture de feu » pour montrer à quel point le pays est sous la menace terroriste extérieure. C’est sur la base de ce point de vue que le gouvernement a pris la décision d’installer une base militaire dans le département de Goudiri, pour anticiper l’arrivée du terrorisme dans les régions de Kédougou et de Tambacounda. C’est aussi la nécessité de faire face aux menaces extérieures qui pèsent sur le Sénégal que le gouvernement justifie une troisième candidature du Président Macky Sall, laissant croire qu’il est le seul Sénégalais capable de garantir la sécurité. Cependant, la manière dont la menace est présentée et la stratégie visant à la prévenir peuvent susciter de sérieux doutes et questionnements.
La menace extérieure
Le terme « ceinture de feu » ou « cercle de feu » a été utilisé pour désigner la zone qui borde l’océan Pacifique et qui concentre 70 % des volcans et plus de 90 % des tremblements de terre qui surviennent dans le monde. À l’instar des pays situés près de cette zone et qui sont en danger permanent de tremblements de terre et d’éruptions volcaniques, le Sénégal serait exposé à la menace terroriste qui opère au Mali et au Burkina Faso.
L’Afrique de l’Ouest est confrontée à de nombreux défis sécuritaires qui s’enchevêtrent : terrorisme, conflits intercommunautaires, crime organisé, crises politiques, etc. Le terrorisme est sans doute l’une des menaces les plus inquiétantes. Les organisations terroristes opèrent davantage comme des groupes criminels, en exploitant les déficits des États en matière de gouvernance et de politique publique.
Le Sénégal demeure vulnérable aux organisations terroristes qui opèrent en Afrique de l’Ouest, pour plusieurs raisons. Premièrement, ces organisations ne sont pas loin du territoire sénégalais. Elles pourraient donc tenter d’étendre leur champ d’action au Sénégal dès qu’elles en auront l’opportunité. Et le sud-est du pays, pauvre, éloigné et frontalier du Mali, et où des ressources minières sont exploitées au détriment des populations locales, pourrait être la porte d’entrée.
Deuxièmement, en raison de l’exploitation du pétrole et du gaz, l’intérêt des groupes terroristes de faire du Sénégal une cible privilégiée va sûrement augmenter. Les groupes terroristes seraient tentés de mener des activités illicites ou des attaques pour affecter les intérêts du Sénégal et ceux des pays occidentaux qui ont des entreprises et des ressortissants impliqués dans l’exploitation et la commercialisation de ces ressources.
Troisièmement, le Sénégal se trouve au cœur du golfe de Guinée, une sous-région confrontée au crime organisé. D’ailleurs, Dakar est devenu une plaque tournante du trafic de drogue en provenance d’Amérique latine. Le Sénégal devient ainsi attractif pour les organisations terroristes qui se nourrissent de ce type d’activités illégales.
Cependant, c’est mal connaitre la menace terroriste que de penser que celle-ci viendra forcément des autres pays d’Afrique de l’Ouest.
Le danger interne
Tous les facteurs ayant favorisé le terrorisme dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest sont répandus au Sénégal : inégalités, injustices, répression, manque de confiance dans le gouvernement et les pouvoirs publics, corruption endémique, absence de services publics dignes dans les endroits reculés du pays. Par conséquent, il est plus probable que la menace se développe à l’intérieur du Sénégal. Même si les organisations terroristes qui sévissent dans la région parvenaient à atteindre le Sénégal, elles seront très vite transformées en organisations locales, car toutes les conditions sont réunies à cet effet.
Avec l’exploitation des réserves de pétrole et de gaz dans les eaux maritimes sénégalaises, de nombreux jeunes pêcheurs seront privés de sources de revenus. Beaucoup d’entre eux se plaignent déjà de la pêche illégale et des centaines de licences de pêche accordées par le gouvernement du Sénégal en complicité avec des compagnies étrangères. Les jeunes privés d’emploi peuvent se tourner non seulement vers l’immigration clandestine, mais aussi vers le crime organisé ou les groupes armés pour réclamer justice, comme c’est le cas au Nigeria.
Dans le sud-est du Sénégal où l’exploitation des ressources minières a commencé, de nombreuses personnes ont perdu leurs terres et leur bétail à cause de l’exploitation minière. Dans certains villages de la région de Kédougou qui abritent des zones aurifères, des jeunes manifestent souvent pour réclamer des services sociaux et des emplois. Les tensions intercommunautaires sont également récurrentes dans plusieurs villages d’orpailleurs, notamment dans le département de Saraya, toujours dans la région de Kédougou.
Les recherches menées en Afrique de l’Ouest ont montré que la violence et les injustices que perpétue l’État sont des facteurs déterminants qui poussent des individus à rejoindre les groupes terroristes. La situation politique du Sénégal demeure alarmante. La démocratie et les libertés n’ont jamais été aussi menacées : répressions des forces de sécurité au cours des manifestations, harcèlement des activistes, journalistes, militants et sympathisants des partis d’opposition, instrumentalisation du système judiciaire à des fins politiques. Dans le même temps, la corruption reste répandue, de même que l’impunité, et particulièrement pour les membres du gouvernement, leurs partisans et les forces de sécurité. Ce qui entretient un profond sentiment d’injustice.
Toutes ces conditions font que lorsque des cellules terroristes émergeront, elles n’auront aucun problème pour recruter des combattants et collaborateurs. Beaucoup de jeunes seraient tentés de rejoindre ces organisations, ne serait-ce que pour se venger de l’État et de ses institutions ou trouver des moyens de survie et de protection.
Prévenir la menace autrement
Le gouvernement du Sénégal distille un discours sécuritaire articulé autour de la menace extérieure pour cultiver la peur, justifier une troisième candidature du président Macky Sall, solliciter l’aide extérieure et détourner l’attention sur les tares du régime qui constituent un terreau fertile au terrorisme.
L’État du Sénégal devrait-il jouer uniquement la carte de la dissuasion militaire avec les organisations terroristes ? Il s’est développé l’opinion assez répandue que l’armée sénégalaise est prête pour contrer l’extrémisme violent. Les forces armées sénégalaises sont souvent sollicitées dans le domaine du maintien de la paix, mais on ignore complètement si elles sont prêtes et bien équipées pour lutter contre des groupes terroristes armés.
Au lieu de considérer le terrorisme comme une menace de défense qu’il faut prévenir par la stratégie du tout sécuritaire qui demande beaucoup de moyens sans garantie de résultat, le gouvernement devrait plutôt admettre que le Sénégal fait partie intégrante de la ceinture de feu dont il parle. Et pour prévenir ce danger interne, il n’y a rien de mieux que de renforcer l’État de droit et l’indépendance de la justice pour une application équitable de la loi; lutter contre la corruption et l’impunité; criminaliser le recrutement de milices, construire des services publics dignes dans les zones frontalières et éloignées des centres urbains; mettre en œuvre des politiques de développement et de prévention au sein des communautés.
PAR Babacar Ndiaye
LA LÉGENDE DE MAMADU BITIKÉ
Elle évoque un paradis caché, un havre de bonheur où chants, danses et légendes s'entrelacent dans une symphonie envoûtante
Au cœur de Médina Sabakh réside une légende envoûtante, portant le nom de « Mamadu Bitiké ». Ce récit mythique nous transporte dans les méandres d'une époque lointaine, où la richesse et la générosité étaient à l'honneur.
Mamadu Bitiké, un commerçant prospère, s'établit dans ce village baigné de mystères. Sa boutique attira l'attention des griots, ces maîtres de la parole et de la musique. Chaque jour, ils se rassemblaient devant son échoppe, tels des conteurs ensorcelants, tissant des vers en l'honneur du généreux commerçant. Leurs voix mélodieuses s'élevaient dans l'air, enluminant les ruelles de Médina Sabakh de leur chant enjoué.
Épris de leur art, Mamadu Bitiké leur fit don de tout ce qu'il possédait, cédant volontiers sa fortune aux mélodies envoûtantes des griots. Mais la légende prend alors un tournant mystérieux, plongeant dans les eaux troubles de l'imaginaire collectif. Les griots, séduits par la générosité de Mamadu Bitiké, l'emmenèrent avec eux vers une destinée inconnue. Les rumeurs vagabondent, chuchotant à l'oreille du village les incertitudes sur le sort du commerçant. Fut-il vendu en esclavage, devint-il serviteur des griots, ou bien disparut-il dans l'ombre des contes populaires ? Nul ne le sait avec certitude, laissant à l'imagination le soin de broder les fils de cette énigme.
La renommée de Médina Sabakh, telle une flamme dans la nuit, se propagea à travers le pays. Les chanteuses de Ngoyaan, imprégnées de cette histoire fascinante, composèrent une chanson en hommage à Mamadu Bitiké. Les mots s'envolèrent comme des oiseaux enchanteurs, portant avec eux la mémoire de cet homme au destin captivant. Chantée avec ferveur et émotion par les voix envoûtantes des artistes de renom, cette mélodie se grava dans les cœurs de tous les Sénégalais.
Pourtant, l'histoire de Médina Sabakh ne s'arrête pas là. Les récits légendaires s'entremêlent, tissant une trame poétique et mystique. Les histoires se chuchotent avec malice, suscitant sourires et émerveillement. On raconte qu'un fraudeur, charmé par les mélodies enivrantes des griots, nourrissait l'ambition de « sucrer » un puits tout entier avec la cargaison de sucre qu'il transportait dans son camion. Les griots, gardiens des traditions et des valeurs, imprégnèrent ses pensées d'une magie puissante, le poussant à commettre cet acte téméraire.
Dans le même esprit, un autre commerçant, touché par la générosité des griots, voulut se hisser au rang des donateurs prestigieux. Dans une scène digne des contes fantastiques, il trancha une de ses oreilles, l'offrant aux conteurs et musiciens qui tissaient des louanges en son honneur. Cet acte extravagant témoignait de l'attachement passionné que Médina Sabakh inspirait, de son pouvoir à captiver les cœurs et à faire naître des gestes aussi extravagants que symboliques.
Ainsi, Médina Sabakh, ce joyau envoûtant, incarne dans l'imaginaire sénégalais un paradis terrestre. Tel un théâtre où se jouent chants et danses, où résonnent les « xawaaré » enivrants, ce village est perçu comme une université, où les aspirants chanteurs et virtuoses du Xalam se rendent pour parfaire leur art. Les griots, ces maîtres de la musique traditionnelle, peuplent les lieux, transmettant avec passion leur répertoire inépuisable de chants et les mélodies magiques de leurs « xalam ».
Les rumeurs, tels des murmures portés par le vent, insufflent à Médina Sabakh une aura mystérieuse. On raconte avec malice que ce village exerce une emprise ensorcelante sur les fonctionnaires qui s'y installent, les plongeant dans un enchevêtrement énigmatique. Des histoires d'un chauffeur aux prises avec un camion de riz et d'un fraudeur qui aurait « sucé » tout un puits circulent dans les esprits. Une potion magique, le fameux « Ñaam Joodo », serait à l'origine de l'attachement irrésistible des fonctionnaires et des étrangers envers Médina Sabakh.
La rumeur se fait l'écho d'un autre enchantement qui enveloppe les rues de Keur Ndeury, où les griots, véritables maîtres de l'art de procurer un bonheur éphémère, déploient leur répertoire enchanteur. Avec une pointe d'humour, on raconte l'histoire du chauffeur qui, pour rendre hommage à une famille qui l'avait honoré, vida ses poches, vendit la précieuse cargaison de riz qu'il transportait et démonta les pneus de son camion, avant de disparaître au bout d'un mois, laissant derrière lui une dulcinée et une carcasse de véhicule.
Au sein des légendes tissées autour de Médina Sabakh, une histoire singulière se dévoile, celle d'un autre commerçant désireux de se hisser au rang des bienfaiteurs émérites. Animé par une volonté farouche de se distinguer, il décida d'accomplir un geste d'une rare audace. Débordant de générosité, il vida ses poches pour honorer les griots, ces gardiens de la tradition musicale. Cependant, cet homme, avide de reconnaissance, aspirait à une distinction qui marquerait les esprits pour les siècles à venir. Dans une scène d'une intensité saisissante, il se porta volontaire pour une action aussi inattendue que troublante. Sans hésitation, il trancha une de ses oreilles, sacrifiant une partie de son être dans un acte qui dépassait les limites de la rationalité.
Ce don extravagant, ce présent enivrant, était destiné à ceux qui tissaient les louanges en son honneur. Il était une offrande de sa personne, une offrande douloureuse et spectaculaire qui symbolisait son attachement et son dévouement envers la musique enchanteresse des griots de Médina Sabakh.
Dans le folklore de Médina Sabakh, cette histoire trouve sa place, témoignant de la passion ardente et parfois démesurée qui anime les âmes des hommes face à la puissance magique de l'art et de la musique. Cette scène, aussi énigmatique que captivante, se grave dans la mémoire collective, rappelant aux générations futures l'extraordinaire dévotion d'un homme prêt à tout pour inscrire son nom dans la légende de ce village hors du commun.
Ces chants et récits qui se transmettent de génération en génération, l' histoire du donateur à l'oreille tronquée nourrit l'imaginaire des Sénégalais, renforçant l'aura mystique de Médina Sabakh, ce sanctuaire de l'art et de la générosité.
Ainsi, Médina Sabakh, telle une perle précieuse, brille dans l'imaginaire collectif des Sénégalais. Elle évoque un paradis caché, un havre de bonheur où chants, danses et légendes s'entrelacent dans une symphonie envoûtante. En ces terres de « xawaaré », de festivités grandioses et de nobles traditions, l'art et la magie s'unissent pour créer une expérience hors du commun.
Là-bas, au coeur du Ndukumaan,
Médina Sabakh, une perle rare, émane
Entre les feuillages caressés par le vent,
Et les voix des griots, tel un envoûtant chant.
Les pas du visiteur, timides, s'approchent
De ce lieu où l'âme et le coeur s'accrochent,
À la beauté de cette terre de légende,
Où la musique, plus qu'un art, est une offrande.
Les voix cristallines des chanteurs de Ngoyaan
S'élèvent en une symphonie à la fois douce et profane,
Transportant les émotions au-delà des frontières,
Faisant naître des frissons, des larmes, des rires.
Médina Sabakh, tu es un trésor inestimable,
Un lieu où les âmes et les coeurs sont plus que stables,
Où l'art et la musique sont une seconde nature,
Où les rêves les plus fous se transforment en aventures.
Là-bas, au cœur de cette cité rayonnante,
Le Ngoyaan se déploie, telle une danse enivrante.
Les griots deviennent poètes, magiciens du verbe,
Leur voix puissante transporte l'âme vers les cieux superbes.
Les rythmes s'entrelacent, tels des serpents d'ébène,
Le Xalam résonne, portant la musique sibylline.
Les battements des calebasses, tels des tambours sacrés,
Réveillent les échos des ancêtres, immortels et sacrés.
Médina Sabakh, l'école des chants éternels,
Où les apprentis s'abreuvent à la source du réel.
Les griots deviennent maîtres, transmettant leur savoir,
Leur art ancestral, un héritage à préserver, à revoir.
Mamadu Bitigué, étoile étincelante de légende,
Son cœur généreux dans les nuits dépourvues de rideaux s'étend.
Il prodigua sa richesse, sa fortune aux griots de lumière,
Leur offrant son âme, un trésor précieux sans frontière.
Sa voix résonnait, mélodie enchantée dans les cieux,
Tissant des récits d'amour, de joie, d'envol majestueux.
Il offrait ses trésors, sans émoi, avec tant de grâce,
Au doux chant des griots, vibrant dans l'espace.
Mamadu Bitigué, tel une étoile filante,
Sa légende s'élève, brillant d'une aura resplendissante.
Son héritage perdure, telle une éternelle mélodie,
Inscrite dans le temps, dans les cœurs, dans l'harmonie.
Dans les rues de Médina Sabakh, s'épanouit la magie,
L'écho des chants résonne, vibrant d'harmonie infinie.
Les étrangers s'enivrent de cette douce mélodie,
Leur cœur se lie à jamais, à cette terre bénie.
Les rumeurs et les contes s'entremêlent dans l'air,
Les fraudeurs tentent de s'emparer de l'éphémère.
Mais Médina Sabakh reste imprenable, intouchable,
Son aura mystique enveloppe les âmes vulnérables.
Keur Ndeury, berceau des griots légendaires,
Leur art ensorcelle les cœurs, les rend solitaires.
Ils tissent des mélodies, des poèmes ensorcelants,
Offrant à ceux qui les écoutent, des instants enivrants.
Médina Sabakh, symphonie de vie et d'émotions,
Où la musique et la poésie forment une union.
Dans ses rues enchantées, on trouve le paradis,
Un théâtre de bonheur où les âmes s'unissent, épanouies.
Que résonnent les chants, les danses et les louanges,
Que Médina Sabakh vibre encore, dans son essence sauvage.
Car cette contrée magique, symbole de pureté,
Éveille en chacun l'amour et la fraternité.
par Samba Dialimpa Badji
VIOLENCES DE DE JUIN : VÉRITÉ OFFICIELLE, DÉSINFORMATION ET MANIPULATION
S’il y a une chose à retenir sur la communication de la police et du gouvernement sénégalais, c’est la confirmation qu’une version officielle n’est pas forcément la vérité et que la « vérité officielle » peut tout aussi être manipulatrice
Lors d’une rencontre avec la presse, le 5 juin 2023, la police sénégalaise a projeté des images censées montrer des individus munis d’armes de gros calibre prenant pour cible des membres des forces de sécurité lors des violences qui ont secoué Dakar début juin 2023. Mais une analyse minutieuse desdites vidéos démontre que ces hommes opéraient plutôt aux côtés des forces de l’ordre.
Bien qu’ayant suscité l’émoi, cette scène ne semble pas avoir attiré l’attention du directeur de la Sécurité publique de la police sénégalaise, le commissaire divisionnaire Ibrahima Diop, qui a rencontré la presse le lundi 5 juin 2023 à Dakar. Il s’est focalisé sur ceux qu’il a présentés comme des individus « armés et dangereux » en « possession de cocktails Molotov, d’armes blanches et d’armes à feu de gros calibre ».
Une version officielle vite contestée par des internautes
Un livre blanc est un document « visant à apporter des éléments d’information, censés être objectifs et factuels, en vue d’aider les lecteurs à prendre une décision ou à comprendre une problématique dans un domaine donné », est-il expliqué dans un dossier sur ce sujet dans l’édition Les livres blancs.
Face aux journalistes, les responsables de la police ont projeté plusieurs vidéos et photos censées prouver leurs affirmations sur la présence d’individus en possession d’armes à feu de gros calibre et d’armes blanches. Sur une des vidéos, on voit un homme, habillé d’un t-shirt rouge, tirer avec une arme présentée comme une arme de guerre par la police sénégalaise. Commentant la vidéo, le chef du bureau des relations publiques de la police sénégalaise, le commissaire Mouhamadou Guèye a déclaré : « La façon dont il (l’homme au t-shirt rouge, NDLR) tire montre que c’est un professionnel. Il maîtrise et il sait ce qu’il fait ». Selon le commissaire Guèye, l’individu en question « fait face aux forces de défense et de sécurité ».