Le célèbre écrivain égyptien, lauréat du prix Nobel de la littérature, Naguib Mahfouz, disait dans un de ses ouvrages «Trilogie du Caire» : «A force de croire aux choses, on s’en fait une vérité plus vraie que la nature». Cette assertion fait penser à la déclaration du Président Diomaye Faye lors de son récent message à la nation sur la dissolution de l’Assemblée nationale. Ainsi, soutient-il, pour les griefs, entre autres, l’usurpation par l’Assemblée nationale de son droit de fixer la date de la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier. Pour rappel, la séparation des pouvoirs est un principe sacro-saint consacré dans le préambule de notre Constitution en ces termes : «Notre pays proclame la séparation et l’équilibre des pouvoirs conçus et exercés à travers des procédures démocratiques.»
La théorie classique de la séparation des pouvoirs est historiquement liée à la vie de Montesquieu dans son ouvrage «De l’esprit des lois». Ce dernier, par ses écrits, a beaucoup influencé les systèmes politiques et amené les dirigeants du monde à comprendre les trois fonctions des différents régimes politiques et sur lesquelles repose la théorie classique de la séparation des pouvoirs
la fonction d’édiction des règles générales constitue la fonction législative ;
la fonction d’exécution de ces règles relève de la fonction exécutive ;
la fonction de règlement des litiges constitue la fonction juridictionnelle.
Partant du constat que, dans le régime de la monarchie absolue, ces trois fonctions sont le plus souvent confondues et détenues par une seule et même personne. La théorie de séparation des pouvoirs plaide pour que chacune de ces trois fonctions soit exercée par des organes distincts, indépendants les uns des autres, tant par leur mode de désignation que par leur fonctionnement. Chacun de ces organes devient ainsi l’un des trois pouvoirs, notamment le pouvoir législatif exercé par des assemblées représentatives, le pouvoir exécutif attribué à un chef de l’État et qui est soutenu par un gouvernement et le pouvoir judiciaire, enfin, revient aux juridictions.
La finalité de la théorie de Montesquieu, c’est d’arriver à l’équilibre des différents pouvoirs d’où sa fameuse maxime : «Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.» Cette théorie est bien appropriée et légitimée dans la Déclaration des droits humains et citoyens (DDHC) de 1789 qui inscrit en son article 16 : « Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution.» C’est d’ailleurs cette disposition qui est à l’origine de l’inscription du concept de la séparation des pouvoirs dans tous les préambules des Constitutions des Etats africains d’obédience francophone ! C’est également le lieu de souligner qu’il y a dans la théorie classique deux types de séparation des pouvoirs : la séparation souple et celle dite stricte. On parle de la séparation souple des pouvoirs lorsqu’elle inspire une collaboration entre les différents pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), un droit de dissolution et une responsabilité du gouvernement devant le Parlement. Quant à la séparation stricte des pouvoirs, elle a la particularité de n’autoriser ni le droit de dissolution ni la responsabilité du gouvernement devant le Parlement et n’admet aucune collaboration entre les différents pouvoirs institutionnels. C’est le cas, par exemple, aux Etats-Unis où on parle de «checks and balances», c’est-à-dire, «contrôle et contrepoids».
En France, la théorie de la séparation des pouvoirs a pris une signification particulière que le Conseil constitutionnel a qualifiée, dans une décision rendue le 23 janvier 1987, de «conception française de la séparation des pouvoirs». Celle-ci se distingue de certaines théories, puisqu’elle trouve son origine dans les lois des 16 et 24 août 1790 et le décret du 2 septembre 1795 qui interdisent aux tribunaux de l’ordre judiciaire de connaître des litiges intéressant l’administration.
Par ces textes, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif ont été soustraits au contrôle des juridictions judiciaires, au motif que celles-ci ne disposaient pas d’une légitimité suffisante pour juger des actes émanant d’autorités procédant du suffrage universel et agissant au nom de l’intérêt général. L’institution d’une juridiction administrative à compter de l’an VIII (1799) devait partiellement modifier cette situation : depuis cette date, les actes de l’administration ont pu être contestés, mais devant une juridiction, distincte de l’autorité judiciaire. Au sommet de l’ordre administratif se trouve le Conseil d’État, créé en 1799, qui outre ses fonctions juridictionnelles, exerce un rôle de conseil du Gouvernement. La «conception française de la séparation des pouvoirs» est donc associée à l’existence d’une dualité de juridictions dans le système institutionnel.
Bref, pour revenir sur la déclaration du Président Diomaye évoquée plus haut, il convient de faire une lecture littérale de notre Constitution, ainsi que celle de la loi organique n°2002-20 du 15 mai 2002 portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. A ce propos, on retient que notre charte fondamentale assure la péréquation des pouvoirs entre les institutions de la République, elle opte pour la séparation souple des pouvoirs et dispose de 103 articles dont les 51 relèvent des pouvoirs exercés par le Président de République, notamment les articles 26 à 52,63, 67 à 80, 82, 84, 86, 87, 89, 90, 92, 95, 96, 101 et 103.
Curieusement, il n’y a aucun parmi ces articles qui mentionne de manière explicite le droit dont le Président Diomaye réclame sur la fixation de la date de la DGP ! Ce n’est pas fortuit de rappeler que la Constitution, par essence, est assujettie aux règles d’application !Cependant, deux articles reviennent couramment dans le débat. II s’agit notamment de l’art. 84 et 97. En effet, l’art. 84 de la Constitution est cité pour justifier le droit dont réclame le Président Diomaye. La disposition indique ceci : «L’inscription, par priorité, à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale d’un projet ou d’une proposition de loi ou d’une déclaration de politique générale, est de droit si le Président de la République ou le Premier ministre en fait la demande». La déduction est que la légistique a son sens dans le texte et le droit évoqué dans cet article qui est exercé par le Président de la République ou le Premier ministre n’a aucun caractère permanent. II est conditionné à une demande préalable et circonscrit à une priorité sur l’inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale des programmes (projet ou proposition de loi ou déclaration de politique générale).
S’agissant de l’art. 97 de la loi organique n°2002-20 du 15 mai 2002, modifiée par la loi organique n°2024-12 du 30 août 2024 portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, il prévoit ceci : «Après sa nomination, le Premier ministre fait sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Cette déclaration est suivie d’un débat qui peut, à la demande du Premier ministre, donner lieu à un vote de confiance. En cas de vote de confiance, celle-ci est accordée à la majorité absolue des membres de l’Assemblée nationale. La déclaration de politique générale doit intervenir au plus tard trois mois après l’entrée en fonction du Gouvernement. L’Assemblée nationale doit être informée huit jours au moins avant la date retenue.»
Cet article est le pendant de l’article 55 de la Constitution qu’il reprend dans son intégralité, avec un seul ajout dans son dernier paragraphe qui définit la procédure pour la tenue de la DPG. Cette partie évoque le délai de 8 jours destiné à informer l’Assemblée nationale et ceci a d’ailleurs suscité une vive controverse et avec tout ce qui s’en est suivi. Mais pour l’essentiel dans cette disposition, le raisonnement à fortiori admet la non application de ce délai de 8 jours dès lors que les 3 mois préalablement prévus pour la tenue de la DPG ne sont pas respectés. Ces deux délais sont liés et ne sont pas détachables, le décompte des 8 jours ne peut être adossé au calcul d’une autre activité. Même si, on a récemment connu des péripéties qui ont illégalement amené au choix d’une date pour la DPG.
En définitive, aucun de ces articles susvisés ne donne le droit au Président de la République de fixer la date de la DPG et il n’y a pas de hiérarchie dans les relations entre l’Exécutif et le Législatif ! L’art. 53 de notre Constitution établit la responsabilité du Gouvernement devant l’Assemblée nationale. En ce sens, les Premiers ministres ayant exercé la fonction, sans avoir besoin de l’intervention du Président de la République, ont toujours géré leur DPG ! Et maintenant, pour ce qui concerne la session extraordinaire, il faut faire la lecture croisée des alinéas 1 et 4 de l’art. 63 de notre Constitution. Ainsi, ils prévoient :
-Alinéa 1 «l’exception de la date d’ouverture de la première session de l’Assemblée nationale nouvellement élue qui est fixée par le Président de la République, l’Assemblée nationale fixe la date d’ouverture et la durée des sessions ordinaires uniques. Celles-ci sont toutefois régies par les règles ci-après».
Alinéa 4 «l’Assemblée nationale est, en outre, réunie en session extraordinaire sur un ordre du jour déterminé soit à la demande de plus de la moitié des membres de l’Assemblée nationale, adressée au Président de l’Assemblée nationale, soit sur décision du Président de la République, seul, ou sur proposition du Premier ministre».
Dans ces deux alinéas de l’art. 63 de la Constitution, on retient que le premier alinéa désigne les autorités habilitées à fixer la date d’ouverture des sessions. II y a le Président de République lorsqu’il s’agit uniquement de la première session où une nouvelle Assemblée est élue et ne dispose pas encore de bureau. Là, le Président de la République exerce un pouvoir de substitution et assure, en vertu des dispositions de l’art .42 de notre Constitution, sa mission de garant du fonctionnement régulier des institutions. Ce n’est qu’à ce moment où il est autorisé temporairement à fixer la date d’ouverture de la session. Mais pour le reste des sessions (ordinaires comme extraordinaires), c’est l’Assemblée nationale à travers son bureau nouvellement installé qui s’en occupe jusqu’à la fin de la législature. Maintenant, l’alinéa 4 parle des ayants droit qui peuvent déterminer l’ordre du jour de la session extraordinaire : il y a le Président de République et les députés, plus de la moitié.
La conclusion à tirer de cet article 63, c’est qu’il y a une confusion entretenue dans l’application du texte. Le Président de la République s’arroge le droit d’aller au-delà de ses attributions pour fixer en permanence la date d’ouverture des sessions extraordinaires, alors que l’alinéa 1 ne lui en autorise qu’exceptionnellement à l’ouverture de la première session de l’Assemblée nouvellement élue. Ce serait une incohérence par rapport au respect du principe de la séparation des pouvoirs consacré par notre Constitution. Le JUB JUBANTI doit être des actes pour se débarrasser des veilles pratiques et promouvoir le respect de la légalité !
DÉS LEGISLATIVES EN FAST TRACK
Le processus électoral des législatives anticipées se déroule en mode «fast track». Les dates des différentes opérations devant conduire à l’étape finale de ces joutes le démontrent à suffisance à travers l’agenda établi par la DGE
Le processus électoral des Législatives anticipées se déroule en mode «fast track». Les dates des différentes opérations devant conduire à l’étape finale de ces joutes le démontrent à suffisance à travers l’agenda établi par la Direction générale des élections (Dge).
La Direction générale des élections (Dge) mène au pas de charge le processus électoral. La publication d’une liste d’arrêtés et autres dispositions réglementaires relatifs à l’organisation des élections législatives anticipées du 17 novembre prochain entre dans ce sens. Rien que pour être en conformité avec les instructions fermes du Président Bassirou Diomaye Faye. Ce qui ne manque pas de susciter de vives réactions du côté de l’opposition. Celle-ci dénonce l’absence de concertations de la part du pouvoir sur la question électorale.
A propos donc de la conduite de ce processus électoral des Législatives anticipées, la Direction générale des élections a rendu publics, hier, deux communiqués. Ceux-ci sont respectivement relatifs à la disponibilité des arrêtés portant sur les élections législatives anticipées du 17 novembre, ainsi que la «chronologie de certaines opérations électorales». Ainsi, l’on peut retenir que pour certaines opérations électorales, la campagne électorale démarre le Samedi 26 octobre 2024 à minuit la pour se terminer le samedi 16 novembre à minuit ; la publication des résultats par les commissions départementales de recensement des votes est fixée au mardi 19 novembre à minuit au plus tard au niveau national et au mercredi 20 novembre à midi au plus tard pour l’étranger. Tandis que la Commission nationale de recensement des votes doit, à son tour, proclamer les résultats provisoires des Législatives le vendredi 22 novembre 2024 à minuit au plus tard. On note aussi que l’institution de la commission de réception des dossiers de déclaration de candidature doit être effective au plus tard le 23 septembre, alors que le début des travaux de celle-ci est prévu le lendemain, 24 septembre.
Le 26 septembre va s’effectuer le tirage au sort pour l’ordre de passage devant ladite commission. Qui va procéder à l’examen des dossiers de candidature dans la période du 30 septembre au 4 octobre. L’arrêté portant publication des déclarations de candidature reçues sera publié le 7 octobre.
Poursuivant, la Dge annonce que la Commission de distribution des cartes d’électeur sera instituée le 12 octobre, suivi par la mise à disposition de l’arrêté portant publication de la carte électorale, le 17 octobre. Alors que la désignation des plénipotentiaires intervient entre le 10 et le 12 octobre.
S’en suivra la notification de l’identité des représentants des listes dans les bureaux de vote, le 22 octobre. L’arrêté portant nomination des membres des bureaux de vote est rendu public le 28 octobre.
La date de clôture de la distribution des cartes d’électeur est fixée le samedi 16 novembre à minuit au niveau national et à l’étranger jusqu’au jour du scrutin.
Par Assane Guèye
TOUT DONNER A LA JEUNESSE
Comment comprendre que ce pays qui fait partie des plus stables au monde voie une bonne partie de sa jeunesse désirer le quitter ? Quelque chose ou beaucoup de choses d’ailleurs ne tournent pas rond.
Comment comprendre que ce pays qui fait partie des plus stables au monde voie une bonne partie de sa jeunesse désirer le quitter ? Quelque chose ou beaucoup de choses d’ailleurs ne tournent pas rond. Les derniers chiffres du recensement général de la population ont parlé comme des lanceurs d’alerte. Les moins de 35 ans constituent les 3/4 avec un âge médian de 19 ans. Ce ne sont pas que de simples statistiques. Face à une telle mutation démographique, il faut être totalement irresponsable pour faire le mort ou détourner le regard. Le nouveau pouvoir s’est appuyé sur la jeunesse pour en arriver là. Mais depuis son installation, rien n’est clair dans ce qu’il dit ou propose à cette catégorie de la population. Il est vrai, personne n’a le don de prestidigitation pour changer la réalité du tac au tac. Mais on pouvait s’attendre au moins à un discours de charme qui fasse rêver. La tragédie de la ruée vers l’eau est simplement un aveu d’impuissance et d’échec de gouvernants successifs dont le dispositif le plus éclatant est le sommeil sans rêves. Les dérivatifs comme la DER et autres écrans de fumée s’inscrivent dans une sorte de changement dans la continuité. Les nouveaux responsables aux manettes tout comme les anciens ne montrent pas assez de génie. Dans une période aussi complexe et changeante, se montrer génial revient à faire de la jeunesse une cause nationale. Pas seulement avec des mots mais en inventant quelque chose de plus concret. Il faudra tout lui donner si on ne veut pas que l’avantage d’hier soit le pire cauchemar d’aujourd’hui. Après avoir mis en place les mécanismes, chaque centime destiné aux projets et emplois-jeunes doit arriver à bon port. C’est justement à ce niveau que se trouve l’autre équation.
Le pays-pilote a tout l’air d’un avion sans pilote
Les mauvaises pratiques font office de bombe atomique partout où elles essaiment. Les tiques se nourrissent du chien. Plus de 60 ans de gabegie et de kleptocratie ont fait que le pays-pilote a tout l’air d’un avion sans pilote. La corruption qui déstructure l’éducation, la santé, l’assainissement, la sécurité routière et alimentaire n’est certainement pas le fait des plus jeunes. Ces derniers sont les enfants de la crise dont les anciens sont responsables. N’ayant point travaillé pour la génération qui vient, ils lui ont plutôt laissé un champ de ruines en lieu et place de la terre d’opportunités et de débouchés. Le fait que la jeunesse sénégalaise se sente si malheureuse a bien des origines endogènes. Pour avoir étrillé l’intérêt général, bien des compatriotes ont fait la preuve qu’ils n’aiment pas le Sénégal. Sans une once de patriotisme, ils s’en servent éhontément sans le sens du service encore moins de l’État. Dans cette atmosphère de mesquinerie, ceux qui commencent à peine dans la vie ont subitement l’air de jeunes-vieux.
Non-assistance à personne en danger
Le parquet financier avec ses 27 magistrats promet de débusquer les paquets empoisonnés en évitant d’accréditer la thèse de la justice des vainqueurs. Il sera d’autant plus utile s’il parvient à prévenir et dissuader les pots-de-vin. Car le plus étonnant pour nos pays est cette facilité déconcertante avec laquelle les boucheries financières sont opérées. Aucun État n’est ignifugé contre ce fléau. Mais les degrés de prévarication ne sont pas les mêmes. Les adultes ne sont plus adulés. Les jeunes ne sont pas non plus exempts de reproches. On les infantilise en les ménageant. Le respect de l’autorité, le goût de l’effort et de la discipline, la docilité sont le cadet de leurs soucis. Dans «Le monde s’effondre», Chinua Achebe a fait observer que les oreilles des jeunes étaient devenues des ornements qui ne servent pas à entendre. Il a imputé cet état de fait à la colonisation. Comme quoi, le fardeau du dehors et celui du dedans s’entrechoquent. Insupportables pour nos bouts de bois de Dieu. Il faut voler à leur secours sinon ce sera de la non-assistance à personne en danger.
PAR MAREME KANTÉ
IL NOUS FAUT UNE VISION ÉTAT/NATION-TERRITOIRES
Toutes ces inondations à Touba et ces complications sociales que vivent les sénégalais sont le fait des disparités territoriales. Comment mettre fin à cette iniquité ?
Toutes ces inondations à Touba et ces complications sociales que vivent les sénégalais sont le fait des disparités territoriales. Comment mettre fin à cette iniquité ? C’est redéfinir les politiques publiques autour d’une vision État-Nation-Territoires.
Prenons en exemple trois territoires : Touba – Dakar – Casamance.
1-/ À votre avis, pourquoi la capitale du Sénégal qui est Dakar se vide de ses populations à chaque période de la Tabaski et devient une ville morte pendant près d’une semaine ?
2-/ Pourquoi on entend presque jamais parler de problèmes d’inondations dans la région de la Casamance qui pourtant reçoit la plus forte pluviométrie qu’aucune région du Sénégal ne pourra supporter ?
3-/ Pourquoi une ville comme Touba, reconnue comme étant la deuxième capitale économique du Sénégal ne répond pas aux exigences d’une grande agglomération en terme d’aménagement urbain ?
Dakar se vide de ses habitants parce que 80 % de la population dakaroise est ressortissante des autres régions du Sénégal.
La Casamance avec ses 3 régions que sont Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, est une vaste agglomération non surpeuplée comme la ville de Dakar. La densité par habitant au km2 est plus faible qu’à Dakar où les populations vivent dans une promiscuité ahurissante surtout dans les banlieues. Ce qui engendre toutes les conséquences liées à la surpopulation notamment l’explosion des canaux d’évacuation des eaux usées en cas de forte utilisation des eaux ménagères et également sans compter les inondations en période hivernale et tant d’autres facteurs environnementaux négatifs comme l’urbanisation anarchique.
Pour une ville comme Touba, cette forte pluviométrie tombée avant-hier sur la ville sainte la transformant en zone marécageuse est le résultat d’un aménagement archaïque d’une partie du territoire.
Il est inadmissible qu’une ville comme Touba ne soit pas aménagée comme il se devait avec des exigences qui répondent aux besoins des populations, aux normes réglementaires et environnementales. Une ville qui accueille chaque jour des centaines de visiteurs sans compter les trois (3) millions de visiteurs qui y déversent des millions de déchets (eaux usées et autres matières organiques) chaque année pendant près d’une semaine lors du grand Magal.
Restructurer Touba est une nécessité vitale.
À Touba, ce qui m’a le plus frappée, c’est le contraste entre la vétusté de l’environnement extérieur et la splendeur des villas avec leur intérieur magnifiquement aménagé et décoré. Aujourd’hui, à mon humble avis, Touba devrait être aménagée à l’image de Médine la ville natale de Mouhamadou Rassoulilahi Psl, le Prophète de l’Islam.
Le manque de planification et d’aménagement adéquats sont les conséquences de cette situation marécageuse de la ville de Touba. Ce qui fait que l’Etat du Sénégal aura beau injecter des milliards de francs CFA dans le curage des canaux d’évacuation des eaux usées et pluviales, les mêmes problèmes referont surface. Il est plus que vital de réaménager la ville de Touba en tenant compte des réalités environnementales. Si nécessaire, déplacer les habitants des zones inondables. Un sacrifice douloureux mais salvateur.
Tout comme il est urgent de promouvoir l’exode urbain pour sauver Dakar la capitale sénégalaise des dangers de la surpopulation. Tout comme il est essentiel de redonner à la Casamance toute sa vitalité économique et culturelle pour l’essor de la région. À chaque territoire sénégalais, ses besoins et enjeux fondamentaux.
Comme une belle symphonie, la vision Etat-Nation-Territoires est le fondement d’un pays organisé, dynamique et prospère. Car si l’Etat est le chef d’orchestre d’un pays, la Nation en est la feuille musicale, et les Territoires en sont les instruments qui jouent les partitions.
Pour que la symphonie puisse être jouée de la plus belle sonorité, il est nécessaire et vital que chaque segment de l’orchestre joue sa note au moment précis où il le faut. Et ce que l’on oublie est que, ce n’est pas le chef d’orchestre qui fait la beauté d’une symphonie mais principalement la feuille musicale qui a pour rôle de rappeler à chaque partition la note à jouer pour la beauté de la symphonie.
Cette toute la métaphore que j’ai trouvée pour donner sons et images à cette vision qu’est Etat-Nation-Territoires, essentiel pour un pays organisé, dynamique et prospère.
Il nous faut cette vision pour le Sénégal.
Mes hommages et encouragements au Khalife Général Maam Serigne Mountakha Mbacké et aux populations sinistrées de Touba.
Par Khady Gadiaga
BANNIR L'EXCLUSION DANS LA CONSTRUCTION DU PROJET
La vision humaniste du « Li nieup bok nieup diot si » est en danger lorsque « le don de soi pour la patrie » risque de devenir « le don de soi pour le parti »
La vision humaniste du « Li nieup bok nieup diot si » est en danger lorsque « le don de soi pour la patrie » risque de devenir « le don de soi pour le parti ».
Éradiquer la pratique partisane dans l'exercice de l'action publique
En cette période de possible reprise de l'initiative, la pratique partisane dans l'exercice de l'action publique ne peut servir de boussole. Elle nous éclaire sur les défauts profonds des systèmes partisans, consumés par des logiques d’appareil et des prises de position individualistes délétères contre la volonté générale. Et en empêchant de pallier ces tares, ses effets toxiques épuisent le peuple et érodent toute vitalité démocratique chez les citoyens.
Le gros des 54% des suffrages exprimés à la présidentielle de 2024 a emporté la conviction des électeurs pour le projet souverainiste sans qu'il soit affilié à aucun parti ni à un passé politique. D’autre part, l’option de l’engagement citoyen et militant qui a recueilli plus largement l’approbation de cet électorat de jeunes doit continuer à servir de réceptacle à leur contestation ainsi qu’à leurs discours et revendications politiques.
Par conséquent, est-il nécessaire de rappeler que nous sommes nombreux à nous considérer comme de légitimes actionnaires de ce projet pour avoir, chacun à sa manière contribuer à le rendre visible, désirable et opérationnel, souvent à nos risques et périls?
Immuniser les corps politiques et sociaux
Il importe de résister à ces tendances de caporalisation si l’on veut que la promotion de la démocratie atteigne son potentiel en tant que force positive et idéal de vie en commun.
Dans la pensée dominante, l’agir en commun, en dépit d’un désordre ou d’un mécompte originaire, suppose un moment d’unité qui écarte les exclusivités et qui pose d’emblée la multiplicité, la «pluriversalité » au cœur de l’action politique.
Ce serait regrettable que la nouvelle équipe en selle reproduise les mêmes travers que le système de pouvoir précédent, connu pour sécréter des anticorps pour atténuer, voire anéantir, toute tentative de remise à plat... D'où une nécessaire immunisation des corps sociaux et politiques contre les désirs d'accaparement de la chose publique.
Imprimer notre projet patriotique et souverainiste dans l'imaginaire collectif des sénégalais pour sa pérennité souligne la nécessité de démocratiser en profondeur nos institutions et cela passe par une immunisation de nos corps sociaux et politiques contre les dérives institutionnelles.
A nous de produire ce vaccin, une véritable posture de défense et de préservation des acquis récents mais ô combien fragiles qui délimitent clairement les droits et libertés de nos gouvernants mais qui fixe également les devoirs et obligations de tous ceux qui interviennent dans l'espace public.
Il ne s'agit rien d'autre que de rééquilibrer les pouvoirs afin de rendre possible l’alternance au sommet de l’État dans un climat dédramatisé et redonner au citoyen la plénitude du mandat qu'il a confié à des tiers.
Rouvrir les espaces démocratiques
Toujours est-il qu'il est utile et pédagogique de rappeler aux tenants du pouvoir actuel, qu'ils ne sont pas les leaders d'un clan ou d'une faction mais de ceux de tous les Sénégalais. Il nous faut rouvrir des espaces démocratiques, pour reprendre l’offensive, pour récupérer des marges de manœuvre et d’action dans la construction du monde auquel nous aspirons...
L’acte politique comme acte éthique consiste à engager et transformer leur désir au nom d’un imaginaire collectif. Il s’agit bien de trouver les points de levier : ils sont nombreux et ils supposent des agencements individuels et collectifs, éventuellement contradictoires ou inconciliables.
Il est inutile de les opposer, inutile de s’épuiser, mais définir un horizon commun, telle est l’urgence de cet ethos démocratique.
Par Chérif Salif SY
LA DÉMOCRATIE, UNE PROMESSE TRAHIE ?
Jadis porteuse d’espoir, la démocratie devait être le garant d’une prospérité partagée. Elle promettait des emplois en abondance, une économie stable et des services publics de qualité
Jadis porteuse d’espoir, la démocratie devait être le garant d’une prospérité partagée. Elle promettait des emplois en abondance, une économie stable et des services publics de qualité. Pourtant, depuis les années 1980, cette promesse semble s’être évanouie, laissant place à une réalité bien moins reluisante.
La croissance économique stagne, les inégalités se creusent et les crises successives depuis 2008 révèlent au grand jour une triste vérité : nos gouvernements semblent peu préoccupés par le sort de leurs citoyens. Ce constat, bien que largement documenté, reste trop souvent ignoré.
Les citoyens sont de plus en plus peu nombreux à faire confiance aux institutions démocratiques. Pourquoi ? Parce que nos dirigeants apparaissent souvent paralysés face aux défis contemporains, hésitant à mettre en œuvre les réformes nécessaires. Et lorsqu’ils agissent enfin, ils peinent à convaincre de la pertinence de leurs choix, donnant l’impression d’être déconnectés des préoccupations réelles de la population.
Dans ce contexte trouble, une multitude de menaces, réelles ou perçues, viennent exacerber les tensions : changement climatique, chômage, épidémies, mouvements migratoires, robotisation, intelligence artificielle, risques de conflits… Ces enjeux, amplifiés par les réseaux sociaux qui créent des bulles idéologiques, polarisent dangereusement l’opinion publique.
L’immigration irrégulière, en particulier, cristallise les inquiétudes économiques et culturelles d’une part croissante de la population. Face à ce phénomène, la réponse ferme des responsables politiques traditionnels ouvre la voie à l’ascension de partis extrêmes, autrefois marginaux, dans de nombreux pays.
Cette crise politique qui secoue les « démocraties » n’est pas une simple remise en question du système économique à gauche comme à droite. Elle traduit plutôt une perte de repères des dirigeants, voire, dans le pire des cas, la mainmise d’intérêts particuliers (ceux des élites et des grands groupes) sur les décisions publiques.
Un autre monde est possible disons-nous mais lequel ? Où se cache cette alternative capable de restaurer la confiance perdue ? Comment concevoir des politiques véritablement bénéfiques pour la majorité ? Comment renouer avec l’idéal d’égalité ?
Il est temps de repenser nos modèles dit « démocratiques » pour qu’ils répondent enfin aux attentes légitimes des citoyens. Cela implique de :
1. La nécessité d’une vision partagée par la Nation entière, ce qui préfigure un leadership fort et engage avec les intérêts du peuple.
2. Le renforcement de la transparence et la responsabilité des institutions ;
3. La garantir l’égalité des chances et l’accès au savoir ;
4. La mise en place des politiques économiques et sociales plus équitables ;
5. L’investissement massivement dans l’éducation et la formation pour préparer l’avenir ;
6. L’adoption d’une approche plus humaine et durable du développement économique et social.
En tant que société, nous devrions nous engager collectivement dans ce processus de renouveau démocratique et en faire un socle partagé, sans qu’il soit question de gommer nos contradictions. Au contraire, cela pourrait les stabiliser. C’est à ce prix que nous pourrons redonner un sens et une substance à la promesse d’une démocratie au service de tous.
PAR Adama Dieng
POUR UNE COMPRÉHENSION HOLISTIQUE DE LA LIBERTÉ RELIGIEUSE DANS UN MONDE POLARISÉ
En observant ce qui se passe au Soudan, il est clair que l'humanité n'a rien appris de ce qui s'est passé au Rwanda il y a 30 ans. Vous ne pouvez pas développer une minorité qui est au centre, tout en ignorant la majorité qui est à la périphérie
Adama Dieng, figure de la défense des droits humains en Afrique, lance un appel poignant pour la liberté de conscience. Dans le discours ci-dessous (français et anglais) prononcé au 4ème Congrès de l'Association Africaine pour la Liberté Religieuse (AARLA) prévu entre le 17 et le 21 septembre 2024, il dresse un tableau alarmant des défis auxquels le continent est confronté, du Soudan au Sahel. Dieng souligne l'urgence de promouvoir la tolérance religieuse comme pilier du développement et de la paix en Afrique.
"Chers participants et dignitaires,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Je tiens à remercier sincèrement le Dr Joel Okindoh, Secrétaire Général de l'Association Africaine pour la Liberté Religieuse (AARLA). C'est avec humilité et gratitude que j'ai accepté l'invitation qu'il m'a adressée. L'indépendance de AARLA est bien connue et son caractère non-sectaire largement reconnu.
Permettez-moi de commencer en attirant notre attention sur ce qui se passe sur notre continent. Que ce soit les horreurs de diverses formes de violence, la souffrance et l'indignité causées par la pauvreté, la violation des droits humains; que ce soit les lacunes de nombreux dirigeants politiques à répondre aux besoins et aux espoirs des millions de personnes qui luttent pour survivre ou qui ont été déplacées en raison des conflits, ce tableau ne devrait laisser personne indifferente : la situation est grave !
Ce qui se passe au Soudan devrait être une source de honte et, en vérité, une cicatrice sur la conscience de notre humanité collective. J'implore les dirigeants africains de faire davantage pour aborder ce conflit tragique qui a condamné des millions de personnes à la misère et au désespoir. En écoutant les histoires horribles venant du Soudan, soit par les réfugié(e)s qui ont réussi à s'échapper, soit par les millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, on ne peut que conclure que l'humanité est de nouveau mise à l'épreuve. Nous sommes en train d’échouer de manière spectaculaire non seulement envers le peuple soudanais, mais aussi envers tous ceux et toutes celles qui travaillent sans relâche au service de la paix.
En observant ce qui se passe au Soudan, il est clair que l'humanité n'a rien appris de ce qui s'est passé au Rwanda il y a 30 ans, avec l'extermination de 1 000 000 de personnes principalement en raison de leur identité ethnique tutsie.
Aujourd'hui, ce que nous voyons au Soudan était prévisible. Vous ne pouvez pas développer une minorité qui est au centre, tout en ignorant la majorité qui est à la périphérie. Clairement, nous pouvons conclure que le Soudan est une société torturée. Les dirigeants successifs n'ont pas démontré de la compréhension ou de la volonté pour construire une société diversifiée, une société où les différences sont célébrées comme un trésor national et une source de force. Aussi, AARLA devrait-elle saisir ce moment pour montrer aux peuples africains, du Soudan au Sahel, que nous sommes là. AARLA devrait leur envoyer un message fort pour exprimer sa compassion, sa solidarité, leur dire: “Nous sommes avec vous, nous sommes avec le peuple.”
Nous vivons une période de turbulences, de tensions et de transitions. Les sociétés sont plus diverses, mais l'intolérance est en hausse. Nous assistons à la propagation de l'extrémisme violent et à l'élargissement des conflits qui se caractérisent par un mépris fondamental pour le droit international et la vie humaine. Les conflits basés sur l'identité des peuples – en particulier l'identité religieuse – sont en augmentation. Nous observons comment la manipulation de la religion par des intérêts particuliers profite des terribles conséquences de la création de divisions entre les personnes de différentes confessions. Cette tendance peut conduire à encourager, organiser et commettre des crimes d'atrocités. L'intolérance qui se nourrit des peurs des peuples et qui peut éclipser la raison humaine alimente les conflits religieux.
Nous vivons tous dans des sociétés plurielles avec des personnes d'origines, d'ethnies et de confessions différentes. C'est ce qui rend nos sociétés riches, mais cela peut aussi créer des tensions. Les États doivent promouvoir les valeurs de la diversité et gérer cette diversité de manière constructive. Ils ont l'obligation de protéger les droits de l'homme de toutes leurs populations de manière égale et sans discrimination. Ils se sont également engagés à protéger leurs populations contre les crimes d'atrocité, c'est-à-dire le génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre. Cette protection n'implique pas seulement la protection physique, mais aussi leur bien-être, leur droit de vivre en paix, leur droit d'accéder à la justice pour que leurs différends soient résolus à l'amiable. Un État digne de ce nom ne peut simplement exiger de ses citoyens le paiement des impôts ou le respect des lois et réglements, sans garantir à son peuple les droits fondamentaux de poursuivre ses efforts de manière responsible, mais en paix et en harmonie.
Mesdames et Messieurs,
J'ai appris à apprécier la détermination de l'Association Africaine pour la Liberté Religieuse à promouvoir la liberté de religion ou de croyance pour tous, quelle que soit leur foi ou leurs traditions. L'idée selon laquelle la conscience d'une personne, plutôt que le gouvernement, doit dicter son choix de culte est ancrée dans le principe de la liberté religieuse.
Ce principe est d'une importance capitale car chacun a le droit de prendre des décisions personnelles concernant ses croyances et ses pratiques. Cette autonomie est un aspect fondamental de la dignité humaine et de la liberté. Permettre aux individus de choisir leurs pratiques religieuses favorise une société diversifiée et pluraliste. Cette diversité peut conduire à une meilleure compréhension et tolérance entre les différents groupes. Bien que la diversité religieuse soit une caractéristique fondamentale de l'histoire humaine, nous assistons à de graves attaques contre la liberté religieuse dans toutes les régions du monde. Il existe des lois draconiennes pour punir ceux dont les croyances diffèrent des nôtres ou qui pensent différemment de nous.
Lorsque les pratiques religieuses sont imposées, cela peut conduire à l'oppression et à la persécution des groupes minoritaires. Assurons-nous tous que les individus puissent suivre leur conscience afin de protéger la communauté contre les abus. Je souscris à l'idée que le culte et les pratiques religieuses sont profondément personnels et souvent liés aux valeurs morales et éthiques d'un individu. Permettre aux gens de suivre leur conscience garantit que leurs actions sont cohérentes avec leurs convictions les plus profondes.
L'Association internationale pour la défense de la liberté religieuse (AIDLR), dont j'ai l'honneur de présider le Comité d'Honneur, à la suite de Marie Robinson ancienne Présidente de l’Irlande et de Léopold Sédar Senghor qui fut le premier Président de mon pays le Sénégal, est convaincue que le monde bénéficiera davantage de la paix que du conflit, davantage de l'amour que de la haine, et davantage de la promotion d'une famille humaine unie que d'une famille divisée, marquée par la montée de l'antisémitisme, de l'oppression contre les minorités chrétiennes, de l'islamophobie et de la haine croissante contre les musulmans.
Sur notre continent, peut-être plus qu'ailleurs, la liberté de religion joue un rôle crucial dans le développement. La liberté de religion réduit en effet les conflits interconfessionnels et favorise la coexistence pacifique entre les différentes communautés. Cela crée un environnement stable propice au développement économique et social. En outre, en garantissant la liberté de religion, les sociétés africaines peuvent mieux intégrer des communautés religieuses diverses, ce qui renforce la cohésion sociale et l'inclusion. D'où l'impératif pour nos dirigeants de s'efforcer de ne pas devenir la source de discorde et d'intolérance. Lorsque les dirigeants commencent à étiqueter ceux avec lesquels ils sont en désaccord, ceux qui les défient ou ceux qui cherchent simplement la protection de la loi, cela conduit à des situations telles que celles que j'ai observées au Myanmar avec les massacres des Rohingyas, qui ont pris la même dimension : l'humiliation et le déni de leur humanité.
Rappelons aux dirigeants politiques, religieux et aux acteurs de la foi, rappelons à tous ceux qui sont en position de pouvoir, que chaque fois que nous compromettons nos valeurs fondamentales pour accommoder notre confort immédiat ou nos intérêts à court terme, cela revient toujours nous hanter. Les communautés et les nations n'ont rien à craindre d'accepter d'autres croyances et traditions dans leur société. Le respect mutuel est un signe de force, non de faiblesse. La liberté de religion est en effet un pilier des droits de l'homme et de la démocratie. Elle permet aux individus de pratiquer leur foi sans crainte de persécution, ce qui est essentiel pour une société juste et équitable.
Sur le plan du développement économique, un environnement où la liberté religieuse est respectée attire les investissements. Les investisseurs locaux et étrangers sont plus enclins à s'installer dans des communautés et des pays où les droits fondamentaux sont protégés. En garantissant la liberté de religion, les communautés et les pays contribuent positivement au développement humain et à l'innovation. La défense et la promotion de la liberté religieuse en Afrique sont donc cruciales. La liberté de religion est un droit fondamental inscrit dans de nombreuses constitutions et conventions internationales. La protéger, c'est garantir le respect des droits de l'homme pour tous.
Cependant, l'Afrique fait face à de nombreux défis pour défendre la liberté de religion et de conscience. Ainsi, dans plusieurs régions, comme au Sahel et en Afrique de l'Est, l'extrémisme islamique représente une menace sérieuse pour la liberté religieuse. Des groupes extrémistes commettent des violences contre ceux qui ne partagent pas leurs croyances. Les tensions entre différents groupes ethniques et religieux peuvent conduire à une violence accrue et à la discrimination.
Ces défis nécessitent des réponses coordonnées et inclusives impliquant à la fois les gouvernements, les organisations religieuses et la société civile pour promouvoir la tolérance et le respect des droits de chacun. À cet égard, il est crucial de mettre l'accent sur la prévention des conflits en Afrique, plutôt que d'insister sur leur résolution, et ce pour plusieurs raisons.
La prévention permet d'éviter la violence, les déplacements forcés et les pertes humaines qui accompagnent souvent les conflits. En agissant en amont, nous pouvons protéger les populations civiles et éviter des crises humanitaires majeures. De plus, les conflits armés entraînent des coûts énormes en termes de destruction d'infrastructures, de perte de productivité et de dépenses militaires. La prévention est généralement bien moins coûteuse que la résolution des conflits une fois qu'ils ont éclaté.
Pour l'Afrique que nous voulons et afin d'assurer la stabilité et la prospérité de notre continent, les pays en paix sont plus susceptibles de connaître un développement économique et social durable. La prévention des conflits contribue à créer un environnement stable propice à l'investissement et à la croissance économique, comme je l'ai mentionné précédemment. De même, la prévention des conflits implique souvent de renforcer les institutions démocratiques et l'état de droit, ce qui peut aider à résoudre les inégalités, la corruption et les violations des droits de l'homme. Beaucoup d'entre vous ici sont des acteurs locaux dont les initiatives de prévention pourraient être plus efficaces, car elles sont mieux adaptées à des contextes spécifiques et bénéficient d'une légitimité accrue grâce à une meilleure compréhension des dynamiques locales.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Nous devons soutenir et encourager nos peuples à envisager un monde de justice, d'équité et d'autonomisation. En fin de compte, la discrimination et l'exclusion sapent la dignité des personnes, l'égalité des droits citoyens, leur privant de leur voix et de leur capacité à participer à la vie publique. Tout comme les livres saints nous enseignent que nous ne devons pas tuer, la jurisprudence de la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples a reconnu le droit à la vie comme un droit fondamental, sans lequel d'autres droits ne peuvent être appliqués.
Cela signifie que persécuter ou traquer, sans parler de tuer quelqu'un en raison de sa religion ou de ses croyances, n'est ni acceptable ni défendable, que ce soit sur le plan juridique ou moral.
Si nous laissons ces injustices se produire, elles s'aggraveront, et avant même de nous en rendre compte, nous pourrions faire face à des atrocités de masse. Néanmoins, nous devons répéter encore et encore que la haine, la dénigration, l'humiliation ou la déshumanisation d'une minorité ou de membres spécifiques d'un groupe sur la base de leur religion, race, ethnie ou nationalité est un poison qui pourrait facilement mener à une orgie de meurtres presque négligemment perpétrés par des personnes appartenant aux mêmes communautés, une tendance qui se répandrait alors dans tout le pays avec rapidité, férocité ou brutalité. À l'ère des nouveaux réseaux sociaux, l'exploitation nauséabonde de sentiments négatifs ou haineux peut relayer ou alimenter des appels à la stigmatisation, à l'ostracisme ou à la mort.
L'éducation est un élément essentiel pour garantir que les communautés ne tombent pas dans ces tendances négatives, alors que des individus ou des groupes sont injustement persécutés
simplement parce qu'ils ne sont pas acceptés par la majorité. La mise en œuvre de l'Agenda 2030 pour le développement durable, en particulier l'Objectif de développement durable 4, qui inclut la promotion des valeurs et des compétences liées à l'éducation à la citoyenneté mondiale, jouera un rôle clé à cet égard. Aujourd'hui, l'un des principaux défis consiste à lutter contre les discours de haine. C'est pourquoi, dans mes précédentes missions aux Nations Unies, j'ai œuvré pour combattre les discours de haine, principalement en renforçant les capacités du personnel des Nations Unies, en promouvant l'utilisation de la technologie et de l'éducation, et en forgeant des partenariats – y compris avec des entreprises de médias sociaux – afin que le renforcement des capacités des États membres et le développement de politiques visant à lutter contre les discours de haine soient améliorés. Les réseaux sociaux devraient promouvoir les valeurs de tolérance, de non-discrimination, de pluralisme, de liberté d'opinion et d'expression.
Que ce soit en ma qualité d'Envoyé Spécial de l'Union Africaine ou en tant que fondateur et président de PATROL-AFRICA, l'Alliance Panafricaine pour la Transparence et la Primauté du Droit, ou simplement en tant que citoyen, je réaffirme avec force que je suis prêt à soutenir toutes les entités nationales, régionales et internationales, y compris les vôtres, dans leurs efforts pour relever le défi de préserver et de promouvoir la liberté de religion et de conscience. Une fois encore, je salue tous les participants à cette réunion et félicite ceux qui ont organisé cette importante conférence.
Mon cher frère, Dr. Joel Okindoh,
Je vous remercie encore une fois très sincèrement de m'avoir permis d'avoir le privilège de m'adresser à ce public distingué. Un événement comme celui-ci est donc aussi nécessaire qu'utile. Je salue le travail accompli par votre organisation. Ce travail contribue de manière significative aux efforts mondiaux visant à renforcer la tolérance et à construire de meilleures communautés, une meilleure Afrique. Je fais partie de ceux qui chérissent la liberté de religion et qui pensent que l'humanité peut tirer les leçons du passé et ainsi éviter d’être condamnée à répéter les mêmes erreurs et les mêmes horreurs du passé.
En conclusion, nous pouvons affirmer qu'une compréhension globale de la liberté religieuse est cruciale dans le monde polarisé d'aujourd'hui. Et cela pour plusieurs raisons.
Une compréhension globale favorise la tolérance et la paix en reconnaissant et en respectant les croyances religieuses diverses, réduisant ainsi les conflits et favorisant la coexistence pacifique. Cette compréhension contribue à combler les écarts et favorise le respect mutuel entre les différentes communautés, comme nous l'avons souligné.
La liberté religieuse est un droit humain fondamental qui défend la dignité des individus. Elle permet aux personnes d'explorer et d'exprimer leurs croyances et leur identité sans crainte de persécution, ce qui est essentiel au bien-être personnel et sociétal.
Faire respecter la liberté religieuse nécessite un engagement fort et une volonté politique. C'est cet engagement et cette volonté politique qui soutiennent notre quête pour un monde meilleur, marqué par le respect de la diversité culturelle des peuples et des nations, un monde où toutes les formes de discrimination ne régneront plus et où le respect du droit à la différence prévaudra.
Une approche holistique de la liberté religieuse encourage le dialogue entre différentes confessions et cultures. C'est en tout cas ce que je continue d'expérimenter humblement au sein du Conseil Musulman des Sages (CMS), presidé par Son Excellence, Dr. Tayeb Ahmed Tayeb Grand Imam d’Al Azhar et siégeant à Abu Dhabi. Au Conseil Musulman des Sages nous avons compris que cette approche peut conduire à une coopération accrue et à une meilleure compréhension, essentielle pour relever les défis mondiaux. C'est aussi ma prière quotidienne en tant que président honoraire de l'AIDLR. En effet, dans un monde polarisé, la liberté religieuse peut agir comme une force apaisante qui contribue à réduire les peurs et angoisses existentielles en garantissant que tous les points de vue, même les plus impopulaires, sont protégés.
Cela peut atténuer l'intensité de la polarisation. N’oublions pas que la liberté religieuse est souvent considérée comme la pierre angulaire des autres libertés.
Essentiellement, une compréhension globale de la liberté religieuse consiste non seulement à protéger les droits individuels, mais aussi à favoriser un monde plus tolérant, plus pacifique et plus coopératif. C'est vers ce monde meilleur que nous devons tous nous diriger. nASANTE SANA."
Adama Dieng est Envoyé spécial de l'Union Africaine pour la prévention des crimes de génocide et autres atrocités de masse ; Fondateur-Président de l'Alliance Panafricaine pour la Transparence et la Primauté du Droit ; Conseiller spécial du Procureur de la CPI...
"Dear participants and dignitaries, all protocols observed.
Excellencies, Ladies and Gentlemen
I sincerely thank Dr Joel Okindoh, Secretary General of the All-Africa Religious Liberty Association. It is with humility and gratitude that I have accepted the invitation he extended to me. The independence of the All-Africa Religious Liberty Congress is well known, and its non-sectarian character widely recognized.
Let me start by calling our attention to what is happening in our continent - the horrors of diverse forms of violence, the suffering and indignity caused by poverty, the violation of human rights, and the shortcomings of many of our political leaders in attending to the needs and hopes of the millions of people who are struggling to survive or who have been displaced because of conflict.
What is going on in Sudan should be a source of shame and indeed a scar on the conscience of our collective humanity. I implore African leaders to do more to address this tragic conflict which has condemned millions to destitution and hopelessness. Following horror stories from Sudan, either through refugees who have managed to escape or millions who have been forcibly displaced inside the country, one can only conclude that humanity is once again put on trial. We are spectacularly failing not only the people of Sudan but also all those who work tirelessly in the service of peace.
Watching what is happening in Sudan, it is clear that humanity learned nothing from what happened in Rwanda 30 years ago with the extermination of 1 000 000 people, mainly because of their Tutsi identity.
Today, what we are witnessing in Sudan was expected. You cannot develop the few at the center by simply ignoring the majority at the periphery. Clearly, we can all simply conclude that Sudan is a tortured society. Successive leaders have not demonstrated understanding or willingness to build a diverse society, where differences are celebrated as a national treasure and a source of strength. But to me this is the moment that the AARLA could seize to demonstrate to the African people, from the Sudan to the Sahel that we are here. And spread the message that we are with you, you the people.
We are living through a time of turbulence, tension and transition. Societies are more diverse, but intolerance is on the rise. We are seeing the spread of violent extremism and widening conflicts that are characterized by a fundamental disregard for international law and human life. Conflicts based on peoples’ identity – particularly religious identity – are on the rise. We are observing how the manipulation of religion by vested interests stand to gain from the terrible consequences of creating divisions among people of different faiths. This trend can lead to the extent of encouraging, organizing and committing atrocity crimes. Intolerance that feeds on peoples’ fears and can eclipse human reasoning fuels religious strife.
We all live in plural societies, with people of different origins, ethnicities and faiths. This is what makes our societies rich, but this can also create tensions. States must promote the values of diversity and manage this diversity constructively. They have an obligation to protect the human rights of all their populations, equally and without discrimination. They have also committed to protect their populations from atrocity crimes, by which I mean genocide, crimes against humanity and war crimes. This protection entails not only physical protection but also their well being, their right to live in peace, their right to access justice so that their differences can be resolved amicably. Any state worthy of the name cannot simply claim its ability to tax its citizens or demand respect for the law, without ensuring that its people are afforded the fundamental rights to pursue their endeavors responsibly, but in peace and harmony..
Ladies and Gentlemen,
I have come to appreciate the determination of the All-Africa Religious Liberty Association in promoting freedom of religion or belief for all people, no matter their faith or traditions. The idea according to which a person’s conscience, rather than the government, should dictate his/her choice of worship is anchored in the principle of religious freedom.
This principle is critically important because everyone has the right to make personal decisions about their beliefs and practices. This autonomy is a fundamental aspect of human dignity and freedom. Allowing individuals to choose their religious practices favors a diverse and pluralist society. This diversity can lead to greater understanding and tolerance between different groups. Although religious diversity is a fundamental feature of human history, we are witnessing serious attacks on Religious Freedom in all regions of the world. There are draconian laws to punish those whose beliefs are different from our own or think differently from us.
When religious practices are dictated, it can lead to oppression and persecution of minority groups. Let us all ensure that individuals can follow their conscience to protect the community from abuse. I concur with the notion that worship and religious practices are deeply personal and often tied to an individual’s moral and ethical values. Allowing people to follow their conscience guarantees that their actions are consistent with their deepest convictions.
The AIDLR which I have the privilege to Chair the Honorary Committee is convinced in the genuine belief that the world will benefit more from peace than from conflict, more from love than from hate, and more from promoting a united human family than a divided one characterized by the rise of antisemitism, the oppression against Christian minorities, islamophobia and the related rise of hatred against Muslims.
On our continent, perhaps more than anywhere else, freedom of religion plays a crucial role in development. Freedom of religion in effect reduces interfaith conflicts and promotes peaceful coexistence among different communities. This creates a stable environment conducive to economic and social development. Moreover, by guaranteeing freedom of religion, African societies can better integrate diverse religious communities, which strengthens social cohesion and inclusion. Hence the imperative for our leaders to strive not to become the source of discord and intolerance. When leaders start labeling those they disagree with, those who challenge them, or those who simply seek the protection of the law, it leads to the kind of situation I witnessed in Myanmar with the Rohingya massacres, which took on the same dimension: humiliation and denial of their humanity..
Let’s remind political, religious and faith-based leaders and actors, let’s remind all in position of power that whenever we compromise with our fundamental values, just to accommodate our immediate comfort, or our shortsighted interest, this always comes back to haunt us. Communities and nations have nothing to fear from accepting other faiths and cultures into their society. Mutual respect is a sign of strength, not weakness. Freedom of religion is indeed a pillar of human rights and democracy. It allows individuals to practice their faith without fear of persecution, which is essential for a just and equitable society.
On the economic development front, an environment where religious freedom is respected attracts investments. Local and foreign investors are more inclined to settle in communities and countries where fundamental rights are protected. By guaranteeing freedom of religion, communities and countries contribute positively to human development and innovation. The defense and promotion of religious freedom in Africa are therefore crucial. Freedom of religion is a fundamental right enshrined in numerous international constitutions and conventions. Protecting it is guaranteeing respect for human rights for all.
However, Africa faces many challenges in defending freedom of religion and conscience. Thus, in several regions, such as in the Sahel and East Africa, Islamic extremism poses a serious threat to religious freedom. Extremist groups commit violence against those who do not share their beliefs. Tensions between different ethnic and religious groups can lead to further violence and discrimination.
These challenges require coordinated and inclusive responses, involving both governments, religious organizations and civil society to promote tolerance and respect for everyone’s rights. In this regard, placing emphasis on conflict prevention in Africa, rather than insisting on their resolution is crucial for several reasons.
Prevention allows to avoid the violence, forced displacement and human losses that often accompany conflict. By acting upstream, we can protect civilian populations and avoid major humanitarian crises. Moreover, armed conflict entails enormous costs in terms of infrastructure destruction, loss of productivity and military expenditure. Prevention is generally much less costly than resolving conflicts after they’ve broken out.
For the Africa we want, and in order to ensure the stability and prosperity of our continent, countries at peace are more likely to experience sustainable economic and social development. Conflict prevention contributes to creating a stable environment, conducive to investment and economic growth, as stated earlier. Equally, conflict prevention often involves strengthening democratic institutions and the rule of law, which can help address inequalities, corruption and human rights violations. Many of you here are local actors whose prevention initiatives could be more effective because they are better adapted to specific contexts and benefit from increased legitimacy thanks to a better understanding of local dynamics.
Excellencies, Ladies and Gentlemen,
We should support and encourage our people to see a world of fairness, justice, and empowerment. Ultimately, discrimination and exclusion undermine peoples’ dignity, equality of citizenship, deprives them of their voice and ability to participate in public life. Just like holy books teach us that we should not kill, the jurisprudence of the African Commission on Human and Peoples Rights has recognized the right to life as a fundamental right, without which other rights cannot be implemented.
This means that persecuting or hunting down, let alone killing someone because of his or her religion or belief, is not acceptable and cannot be defended legally or morally.
If we let these injustices happen, they would get worse and, and before we even realize it, we could be facing mass atrocities. Nevertheless, we must repeat again and again that hating, denigrating, demeaning or dehumanizing a minority or individual members of a specific group, based on their religion, race, ethnicity or nationality is a poison which could easily lead to an orgy of murders almost negligently perpetrated by people belonging to the same communities, a trend that would then spread throughout the country, with rapidity, ferocity or sheer brutality. In the age of new social media, the nauseating exploitation of negative or hateful sentiments can relay or fuel calls for stigmatization, ostracism or death.
Education is an essential element to guarantee that communities do not fall prey to these negative trends whereas individuals or groups are wrongfully persecuted simply because they are not accepted by the majority. The implementation of the 2030 Agenda for Sustainable Development, in particular Sustainable Development Goal 4, which includes the promotion of values and skills related to education to global citizenship, will play a key role in this regard. Today, one of the main challenges involves combating hate speech. That is why, in my past assignments at the United Nations, I strived to fight hate speech, mainly by strengthening the capacities of the United Nations staff, promoting the use of technology and education, and by forging partnerships – including with social media companies – so that the capacity building of Member States and the development of policies aimed at combating hate speech would be strengthened. Social networks should promote the values of tolerance, non-discrimination, pluralism, freedom of opinion and expression.
Whether in my capacity as Special Envoy of the African Union, or as founder and president of PATROL-AFRICA, the Pan African Alliance for Transparency and the Rule of Law, or as a mere citizen, I reaffirm with force that I stand ready to support all national, regional and international entities, including yours, in their efforts to meet the challenge of preserving and promoting freedom of religion and conscience. Once again, I salute all esteemed participants in this gathering and congratulate those who have organized this important conference.
My dear brother Dr. Joel Okindoh,
I thank you once again very sincerely for allowing me the privilege of addressing this esteemed audience. An event like this is therefore as necessary as it is useful. I salute the work performed by your organization. This work contributes in a significant way to global efforts aimed at strengthening tolerance and building better communities, a better Africa. I do indeed belong to those who cherish freedom of religion and think that humanity can draw the lessons of the past and that as a result, it would be doomed to repeat the same mistakes, the same horrors of the past.
In conclusion, let us affirm that a global understanding of religious freedom is crucial in today’s polarized world. And this, for several reasons.
A global understanding fosters tolerance and peace by recognizing and respecting diverse religious beliefs, thereby reducing conflict and promoting peaceful coexistence. This understanding contributes to bridging the gaps and fosters mutual respect between different communities, as we have highlighted.
Religious freedom is a fundamental human right which defends the dignity of individuals. It allows people to explore and express their beliefs and personae without fear of persecution, which is essential to personal and societal well-being.
Enforcing respect for religious freedom requires a strong commitment and political will. It is this commitment and political will that sustain our quest for a better world marked by the respect for the cultural diversity of peoples and nations, a world where all forms of discrimination will no longer reign and respect for the right to be different will prevail.
A holistic approach to religious freedom encourages dialogue between different denominations and cultures. It is in any case what I continue to humbly experience within the Muslim Council of Elders, whereas we understand that this approach can lead to greater cooperation and better understanding, essential to addressing global challenges. It is also my daily prayer as the Honorary Chair of the AIDLR. Indeed, in a polarized world, religious freedom can act as a calming force that contributes to reducing existential fears and angst by guaranteeing that all points of view, even the most unpopular, are protected.
This can attenuate the polarization intensity. Religious freedom is often considered the cornerstone of other freedoms.
Essentially, a global understanding of religious freedom consists not only of protecting individual rights, but equally of fostering a more tolerant, more peaceful and more cooperative world. It’s towards this better world that we should all move.
ASANTE SANA."
Par Ibou FALL
LA SEMAINE OÙ LA PAROLE DU PRÉSIDENT CONTREDIT SA SIGNATURE
Le chef de l’Etat mériterait presque qu’on lui tire le chapeau bien bas, s’il n’avait pas fixé par écrit, avec sa signature en bas de page, la date de la Déclaration de politique générale au 13 septembre 2024
Le bras de fer entre le Groupe parlementaire Benno bokk yaakaar et l’Exécutif n’en finit pas de nous épater. Après la journée des longs couteaux au terme de laquelle les députés, d’une courte majorité, renvoient au président de la République sa copie en ne votant pas la dissolution du Conseil économique et du Haut-conseil des collectivités, ne pas s’attendre à des représailles relève de la naïveté : on se vexerait comme un pou pour moins que ça.
Et donc, sans surprise, Bassirou Diomaye Faye sort le sabre et décapite les deux institutions, en attendant de les dissoudre dans un décret acide. Aminata Mbengue Ndiaye et Abdoulaye Daouda Diallo ont beau se faire tout petits pour qu’on les oublie, le chef de l’Etat les envoie tout de même au chômage.
Ça, c’est fait
Jusque-là sur la défensive, mais ragaillardi par le camouflet administré au patron de l’Exécutif, le Groupe Bby, depuis le pupitre de l’Assemblée nationale, par la voix de son président Abdou Mbow, passe à l’offensive ; comprenez une motion de censure pour faire tomber le gouvernement Sonko. Lequel a l’outrecuidance de les snober depuis sa nomination. Il n’envisage pas de se présenter devant cette Assemblée-là pour sa Déclaration de politique générale. D’abord, parce que son Règlement intérieur ne lui convient pas ; ensuite, parce qu’il n’a sans doute pas envie de faire face à Coura Macky, par exemple, qui pourrait lui poser des questions désobligeantes sur sa santé précaire, entre autres soucis strictement privés.
Alors que l’on s’achemine vers une sanglante guerre des tranchées, ne voilà-t-il pas que le président de la République saisit l’Assemblée pour examiner quelques sujets à controverses dont, ô divine surprise, la fameuse Déclaration de politique générale…
Les députés, tout guillerets, s’empressent de lui en fixer la date, le 11 septembre 2024. C’est vrai que cette Dpg et les débats qui s’ensuivront pourraient se comparer à une attaque terroriste sur les tours Pastef. Les honorables conspirationnistes viennent surtout de pêcher une information fraîche comme un poisson du jour : le Conseil constitutionnel autorise le président de la République à dissoudre l’Assemblée nationale dès les premières lueurs du 12 septembre 2024.
Curieusement, le président Bassirou Diomaye Faye fixe la date de cette Dpg, qui nous fait passer par toutes les émotions, au vendredi 13 septembre 2024.
A croire qu’ils ne sont pas superstitieux, ces bons messieurs de l’Exécutif…
Et donc, comme il fallait ne pas s’y attendre, le 12 septembre 2024, soirée inoubliable, dans son adresse à la Nation, le président de la République annonce froidement la dissolution de l’Assemblée nationale. Bien entendu, ce qui reste des 54% de l’électorat de mars 2024 exécute des sauts de cabri à l’annonce de la bonne nouvelle.
Il faut dire que cette quatorzième législature, qui démarre en septembre 2022 sur les chapeaux de roue, est un p’tit bijou d’hérésie démocratique. Ça monte sur les tables, exhibe son caleçon en public, confisque des urnes en plein vote, bastonne des femmes enceintes, pleurniche pour des voitures…
Bref, Bassirou Diomaye Faye siffle la fin de la récréation pour cette garderie d’adultes qui nagent béatement en pleine immunité parlementaire.
Le chef de l’Etat mériterait presque qu’on lui tire le chapeau bien bas, s’il n’avait pas fixé par écrit, avec sa signature en bas de page, la date de la Déclaration de politique générale au 13 septembre 2024. Récapitulons : dans son courrier, le chef de l’Etat annonce la tenue de la Dpg, et dans son discours, il l’efface du programme. La parole présidentielle qui contredit sa signature, ce sont les fondements de la République qui en tremblent encore.
Autre souci : par le même discours, le président de la République envoie son dauphin constitutionnel au chômage… Rien ne nous indique, à présent, en noir sur blanc, qui prend sa place dans le dispositif républicain. En clair, si demain le président Bassirou Diomaye Faye est empêché, la République ne peut désigner personne de légitime pour lui succéder dans l’immédiat.
On voit mal des gens sérieux tirer de sa grasse matinée un nouveau chômeur pour l’installer à la présidence et lui demander d’organiser en soixante jours une présidentielle. Le temps qu'Amadou Mame Diop se brosse les dents et débarbouille le visage, enfile son pantalon, sa chemise et sa veste avant de nouer cravate, on sera soit en 2029, soit dans un autre monde tout à fait inédit.
Bien sûr, il y aura toujours quelque personnage à la science infuse pour interpréter, péremptoire, les textes de la Loi fondamentale. Certes, mais le flou artistique autorise également tout et n’importe quoi.
Je me pose sans doute trop de questions, mais il y a un souci, contraire à l’esprit de la République, dans la non-conformité entre la parole et la signature présidentielles.
Vous l’aurez deviné : la colle est posée à l’intention du Conseil constitutionnel.
Durant cette semaine décidément pas comme les autres, également, Bby constate la montée en puissance de Mimi Touré ; cette fois-ci, elle émerge du côté de Bassirou Diomaye Faye dont elle est le dernier Haut-représentant.
Dans son style inimitable, Mimi crache le feu sur ses nouveaux ennemis, ses anciens compagnons de bamboula. Ils seraient des «Adou Kalpé» qu’il faut traquer sans répit ni pitié.
En un mot comme en cent, le défunt régime de Macky Sall est une association de malfaiteurs qui fait ripaille, douze interminables années, sur le dos du contribuable. La figure de proue de cette innommable fiesta serait Amadou Bâ qui, précise-t-elle, a été son ministre des Finances.
Problème : Mimi Touré, dès la Présidentielle de 2012, est des Vip de la République…
Directrice de campagne victorieuse, elle passe ministre de la Justice et traque impitoyablement les prédateurs du régime Wade, sous l’œil bienveillant de Macky Sall qui en aura grassement bénéficié. Mais lui, il n’est pas comme les autres : c’est un repenti…
En dépit de son zèle à pourchasser du malfrat, son butin est maigrichon : il n’y a que Karim Wade à attendre son destin sur la paille humide d’un cachot. Pour la récompenser de tant d’abnégation, Macky Sall en fait son Premier ministre en remplacement de ce mollasson de Abdoul Mbaye.
Un faux pas aux locales met un terme prématuré à son ascension. Qu’à cela ne tienne, Mimi Touré ne manque pas de ressort et de coffre. Sa traversée du désert finit avec un retour dans le giron présidentiel comme une sorte de madame sait-tout-faire. Ensuite, la revoilà aux premières loges, comme directrice de campagne de Macky Sall pour le second braquage de la République en 2019.
Rebelote : son candidat passe encore les doigts dans le nez.
Pour ses bons et loyaux services, Mimi Touré atterrit à la présidence du Cese. Son passage à la tête de cette institution, devenue entre-temps inutile et budgétivore aux yeux de ses nouveaux patrons, hérisserait le poil des sourcilleux agents de l’Ige, lesquels ont le mauvais goût d’aller y fouiller ses états de service.
Virée pour céder la place à Idrissa Seck, elle n’a pas le temps de bouder longtemps que Macky Sall, qui sait parler aux femmes, la ramène sous sa coupe avec pour mission la conquête du Parlement. Mimi déploie alors son zèle habituel à passer à la moulinette ses adversaires dont Ousmane Sonko, auquel elle précise en public que les rendez-vous à Sweet Beauté ne relèvent pas de ses attributions.
La coalition qu’elle mène tambour-battant arrive en tête aux Législatives, mais n’a cependant pas la majorité absolue.
Dilemme…
Amadou Mame Diop hérite du perchoir de l’indéboulonnable Moustapha Niasse et Mimi Touré claque la porte en rappelant à Macky Sall qu’il ne peut pas briguer un troisième mandat. Ça tombe bien, le Président sortant renonce officiellement à sa candidature. Ça ne calme pas Mimi Touré qui en fait tant que Bby et Wallu, les obligés de… Karim Wade, la virent comme une malpropre du Parlement.
Voilà pourquoi c’est avec un plaisir gourmand qu’elle salue la dissolution de l’Assemblée nationale, qui serait une honte démocratique.
Ce n’est qu’un début : elle va déployer tous ses talents et toute l’énergie des néo-convertis pour faire jeter en prison tous les prédateurs de nos maigres richesses, qui ont l’honneur d’être ses compagnons de fortune de 2012 à 2023.
La mémoire courte et l’indignation sélective sont sans doute le secret de ses sept vies…
Plus marrante est la sortie du ministre en charge de l’Assainissement, qui explique les inondations et la détresse des sinistrés par ce que cet hivernage figure au passif du défunt régime. Traduction : selon la météo, l’hivernage estampillé «Projet, jub, jubal, jubanti» est prévu pour août prochain.
On ne s’ennuiera pas durant les cinq prochaines années…
Mon indécrottable sens de l’humour n’empêche pas une légitime inquiétude au sujet de notre très colorée ministre des Affaires étrangères dont la fracassante sortie en Russie, géant mondial du blé, sur l’amour immodéré des Sénégalais pour le pain, me fait craindre le pire à l’avenir. Il ne faudrait pas envoyer Madame Yassine Fall dans les pays gros producteurs d’hévéa, l’arbre à caoutchouc, tels que le Brésil ou le Liberia : elle serait capable de déclarer devant la presse étrangère son soulagement de signer des accords d’importation directe du latex parce que les Sénégalais, ces polygames dératés, abusent du préservatif.
Par Kaccoor Bi - Le Temoin
METTRE FIN AU CIRQUE
Allez, c’est parti ! Le 17 novembre, c’est déjà maintenant. L’Assemblée nationale qui sortira de ces consultations devra incarner la vraie rupture.
Allez, c’est parti ! Le 17 novembre, c’est déjà maintenant. L’Assemblée nationale qui sortira de ces consultations devra incarner la vraie rupture.
Il s’agira impérieusement de revenir aux fondamentaux qui avaient cours avant que Père Wade ne vienne tout brouiller. Quant à l’ex-Chef, il avait perfidement réussi la clochardisation de cette institution en envoyant y siéger des individus qui n’auraient jamais dû y mettre les pieds.
Des députés d’une sidérante vacuité intellectuelle en plus de leur manque de tenue et de retenue. Des mégères aux comportements dignes de vieilles catins des faubourgs de Paris — ou, plus simplement, de nos bornes-fontaines — y faisaient le spectacle.
Le Parlement qui a été dissous, il y a quelques jours, était affligeant par la qualité de ses membres. Des personnages du genre d’une Coura Macky avaient réussi à en faire une sorte de basse-cour avec des disputes de femmes au puits voire des attaques en dessous de la ceinture. Sa dissolution était devenue une exigence de salubrité publique.
Cette Assemblée procédait de la volonté de l’ex-Chef qui choisissait lui-même « ses » députés qui lui devaient respect et obéissance en plus de voter sans récriminations ni murmures ses lois les plus scélérates. Une Chambre d’enregistrement à la majorité mécanique dont le président a été installé sous forte protection de la gendarmerie. Un président choisi également pour sa docilité et servilité à la famille de celle qui était considérée comme la vice-présidente de la République.
Le 17 novembre prochain, les députés élus devront être des hommes et femmes détachés de la servitude du Prince pour être de vrais représentants d’un peuple souvent dégoûté par le comportement peu digne de ceux qui étaient censés le représenter. Il faudra à la 15ème législature des femmes et hommes rompus à la tâche et qui pourront lire et décortiquer les textes de lois et autres documents budgétaires pour ne pas voter aveuglement tout ce qu’on leur présentera.
Au soir du 17 novembre, il faudra surtout mettre fin au verbiage stérile de néo-opposants sans aucune consistance électorale et qui se croient sortis de la cuisse de Jupiter, pérorant sur tous les sujets en dévoilant leur indigence intellectuelle. Bref que les électeurs fassent en sorte que ceux qui se donnent le droit de l’ouvrir à tout propos sans disposer d’un quelconque poids électoral la ferment définitivement !
Par Magaye GAYE
RAPPORT BLOOMBERG SUR LES OBLIGATIONS DU SENEGAL : IL N’Y A PAS LE FEU !
Les obligations en dollars du Sénégal ont chuté après que le Fonds monétaire international ait déclaré que la situation budgétaire du pays africain risquait de se détériorer.
Comme suite à différentes demandes reçues de plusieurs journalistes sollicitant notre modeste avis sur la position exprimée par Bloomberg sur les obligations du Sénégal et son éventuel impact sur l’économie du pays j’ai senti la nécessité de faire une réponse groupée. La voici.
Les obligations en dollars du Sénégal ont chuté après que le Fonds monétaire international ait déclaré que la situation budgétaire du pays africain risquait de se détériorer. Concrètement d’après Bloomberg, le rendement des obligations à échéance 2048 a grimpé de 14 points de base à 9,78 %. Pour rappel, une obligation représente une partie d’un emprunt émis par un État, une collectivité locale ou une entreprise. Souscrire des obligations revient à consentir un prêt à un taux d’intérêt et sur une durée (5 ans, 10 ans voire plus) connus dès le départ. Le souscripteur reçoit une rémunération annuelle, appelée coupon.
Si les taux montent comme ce que semble soutenir Bloomberg pour le Sénégal, le prix des obligations déjà émises diminue. Les investisseurs préfèrent en effet placer à des taux plus élevés et donc revendent les obligations qu’ils détiennent, ce qui pousse leur prix à la baisse. Ce n’est pas la première fois que Bloomberg annonce pour le Sénégal une baisse de ses obligations. Pour rappel, en mars 2024, sous l’ère de l’ancienne majorité, les obligations en dollars du Sénégal avaient connu une baisse de performance en raison de spéculations politiques. Ceux à échéance 2048 avaient connu une hausse significative de leur rendement à 9,93 %, plus que la hausse que vient d’annoncer Bloomberg (9,78%). Malgré cette chute des obligations en mars le Sénégal a continué d’accéder facilement aux marchés financiers aussi bien internationaux (eurobonds) que sous régionaux (emprunts obligataires et obligations assimilables du trésor (OAT) avec des taux corrects. Cette annonce de Bloomberg est pour moi un non événement pour deux raisons. D’abord, des baisses et remontées des obligations constituent des paramètres normaux sur les marchés financiers et n’empêchent pas un État de continuer sa politique d’endettement surtout pour le Sénégal qui entre dans une période d’exportation de pétrole et de gaz et qui jouit encore d’un statut respectable auprès de la communauté internationale. Ensuite, le rapport du FMI a souligné trois éléments assurément positifs pour l'économie sénégalaise à savoir une maîtrise attendue de l’inflation (1,5%), une amélioration de la balance courante (réduction du déficit à 12,7% du PIB). Sans oublier que le FMI s’est félicité des progrès réalisés par le Sénégal dans la mise en œuvre de l’ensemble des mesures recommandées par le Groupe d’action financière (GAFI) pour faciliter la sortie du pays de la «liste grise». Ce point est très important pour les investisseurs étrangers.
Maintenant, ce qui me semble important, c’est que les nouvelles autorités du Sénégal communiquent au mieux sur la situation financière réelle qu’ils ont trouvé sur place en arrivant au pouvoir. Cela pourrait rassurer les marchés en montrant les efforts qui sont en train d’être mis en œuvre notamment en ce qui concerne la réduction du train de vie de l’État, la renégociation des contrats et cette volonté d’inscrire le Sénégal dans une nouvelle ère de rigueur économique éthique et financière.
Magaye GAYE
Économiste international
Ancien Cadre de la BOAD et du FAGACE