Dakar, 6 fév (APS) – Le film ‘’Kemtiyu – Séex Anta’’ du réalisateur sénégalais Ousmane William Mbaye a reçu le prix du meilleur documentaire de la 23-ème édition du Festival régional et international du cinéma de Guadeloupe (FEMI), qui s’est déroulée du 27 janvier au 4 février, a appris l’APS de source autorisée.
Le documentaire d’Ousmane William Mbaye retrace le parcours de l’historien et homme politique sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-1986). Il a été projeté le 1-er décembre à l’Institut français de Libreville.
Le FEMI se donne pour mission de ‘’promouvoir les œuvres cinématographiques et les cinéastes des Antilles-Guyane et plus largement de la Caraïbe, trop peu mis à l’honneur et de ce fait souvent méconnus du grand public’’, indique le site de la manifestation.
Le festival offre aussi ‘’l’occasion de découvrir le meilleur du cinéma international à travers une programmation diversifiée de films incitant à la réflexion sur des sujets de société, mais aussi de dénicher des talents en devenir et mettre en lumière des talents confirmés’’. Il programme plus de 60 films locaux, régionaux et internationaux ; longs métrages, courts métrages, documentaires souvent inédits et en avant-première.
Après sa première mondiale, le 7 mai dernier à Sorano, le film "Kemtiyu – Séex Anta" a été montré en Côte d’Ivoire (Abidjan), au Canada (Montréal), en France (Paris, Apt), en Afrique du Sud (Johannesburg). Il sera en compétition officielle à la 25-ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO.
C'est l'histoire d'un Belge, il arrive au Cameroun et un an après il gagne la Coupe d'Afrique des Nations: Hugo Broos est devenu dimanche le premier sélectionneur belge à coucher son nom dans le livre d'or de la biennale du football africain.
Avec la victoire des Lions indomptables en finale contre l'Egypte (2-1), c'est aussi l'histoire d'un homme de 64 ans, ancien défenseur d'Anderlecht et des Diables rouges, qui prend humblement sa revanche contre celles et ceux qui l'avaient oublié, à peu près tout le monde.
"Cela m’étonne un peu de voir qu’aujourd’hui, tout le monde loue mes qualités en Belgique", a d'ailleurs déclaré au journal flamand Nieuwsbald l'ancien joueur blanchi sous le harnais, mais svelte comme un jeune homme, les yeux clairs et rusés qui semblent éclairer un éternel petit sourire ironique.
"Mes qualités étaient encore remises en doute il y a peu. Cela fait d’ailleurs des années que je n’ai pas reçu ma chance. Personne ne me contacte. On m’a déjà dit que j’étais trop vieux, ou trop cher, alors que durant ces six dernières années, personne ne m’a demandé ce que je voulais comme salaire", a ajouté celui qui vient de rejoindre le cercle des Européens sans grade que l'Afrique tire soudain de l'anonymat.
Arrivé en février 2016 à la tête d'une sélection qui n'avait pas gagné de match en phase finale de la CAN depuis 2010, le natif de Humbeek a immédiatement été plongé dans les joies du marigot camerounais: presse intraitable, éternelles bisbilles joueurs/fédération sur le montant des primes, sans oublier les rodomontades de Roger Milla sur le thème du +c'était mieux de mon temps+.
- Flegmatique -
"Ce n'est pas agréable, certainement pas", assure Broos, critiqué jusqu'au début de la CAN. "Je n'ai pas compris pourquoi au début on ne m'a pas donné ma chance. Un journaliste doit être critique mais il faut rester correct. Et la correction n'était pas toujours là".
Flegmatique, Broos a résisté aux assauts venus de toutes parts en restant fidèle à lui-même: "Je fais à ma manière. Si cela ne réussit pas, tant pis pour moi. Mais je pense qu'aujourd'hui, cela a réussi".
Au chômage depuis plusieurs années, le Belge a su constituer un groupe avec des joueurs pour la plupart inconnus, pour parer aux défections de sept cadres, qui doivent se mordre les doigts de n'être pas venus au Gabon.
Alain Giresse, Hervé Renard, voire un nouveau retour de Claude Le Roy: on voyait plutôt très classiquement un Français, de préférence avec une expérience en Afrique, pour remplacer l'Allemand Volker Finke début 2016 à la tête du Cameroun.
- 'Habitué' à la pression -
Difficultés financières de la Fédération, dans un pays qui connaît comme le reste de l'Afrique centrale un ralentissement de son économie ? Toujours est-il que le choix des dirigeants s'est porté sur un entraîneur belge (FC Bruges, Excelsior Mouscron, Anderlecht, Genk...), qui avait découvert sur le tard les joies de l'expatriation, avec de brèves expériences de clubs en Turquie, aux Emirats arabes unis, ainsi qu’en Algérie à la JSK où il ne reste que quelques mois.
Dès son arrivée à Yaoundé, le Belge a dû convaincre les sceptiques: "Je n’ai pas peur, je suis vraiment habitué à travailler sous pression".
"Evidemment, la pression est peut-être un peu plus forte ici, dans ce grand pays. Mais vous êtes habitué à cette pression lorsque vous avez entraîné des clubs en Belgique comme Anderlecht ou le FC Bruges", a-t-il insisté, sans convaincre grand monde à l'époque.
Avec deux matches nuls initiaux contre l'Afrique du Sud, Broos met en place sa méthode: faire tourner les joueurs, miser sur le collectif plutôt que sur des fortes individualités, donner leur chance à des nouveaux venus comme Christian Basogog (Aalborg/Danemark), désigné meilleur joueur du tournoi alors qu'il n'a été sélectionné pour la première fois qu'en novembre dernier.
Sur les coups de 22h00 ce dimanche à Libreville, le sexagénaire a couru comme un gamin pour venir partager la joie de ses joueurs sur le stade de l'Amitié. La revanche des Lions, qui commençaient à subir le désamour de tout un pays, est aussi celle qu'il prend sur son propre parcours.
PAR FRÉDÉRIC ATAYODI ET FODÉ MANGA
VIDEO
POURQUOI J’AI QUITTÉ LES AIRS POUR LA TERRE ?
EXCLUSIF SENEPLUS : la reconversion professionnelle, comment ça marche? Peut-on accepter de perdre les 3/4 d'un mirobolant salaire de pilote pour l'entrepreneuriat, en recommençant tout à zéro? - Réponses de Sheikh Ousmane Seck, le directeur d'UNI-PRO
FREDERIC ATAYODI ET FODÉ MANGA |
Publication 05/02/2017
Se retrouver dans un cockpit et faire soulever un géant des airs était une passion d'enfant qui s'est fort heureusement réalisée pour Sheikh Ousmane Seck.
Pilote de ligne, il se sentait bien dans les airs, survolant les océans et taquinant les nuages.
Mais peu d’années après, il a renoncer aux airs préférant revenir sur terre, où il y avait bien plus de défis à relever.
Diplômé de l’école de pilotage de la Royale Air Maroc, Sheikh Ousmane a officié pendant presque 6 ans comme pilote de ligne, avant de décider de se lancer dans l’entrepreneuriat. C’est alors qu’il créa ACP Consulting, un cabinet de placement, puis UNI PRO, une école de formation qui alterne formation théorique et pratique en entreprise.
Dans cet entretien, Sheikh Ousmane nous parle de son aventure d’entrepreneur, assurant qu'il n'a pas créé une école juste pour figurer dans le décor de l'existant.
Sur un autre plan, il ne est un peu gêné que l’on parle tant de chômage au Sénégal alors que les entreprises ne cessent de demander des compétences bien précises, des profils opérationnels.
Pour lui, ce sont tout simplement les profils qui ne sont pas parfois adaptés aux besoins des entreprises. C’est d’ailleurs d’où est parti l’idée du lancement d’UNI PRO.
Regardez l'entretien
BALLA GAYE, LA SEXTAPE ET LA PLAINTE DEVANT LE PROCUREUR
Le lutteur Balla Gaye 2 est encore au devant de la scène. Il a déposé une plainte auprès du Procureur de la République du Tribunal de grande instance de Dakar, Serigne Bassirou Guèye, via son avocat, Me Alassane Cissé. Une plainte déposée pour laver son honneur. En effet, révèle “Les Echos”, une vidéo qui fait le buzz dans des groupes privés de whatsapp montre le lutteur de Guédiawaye en compagnie d'une fille. “Les Echos” soutiennent même que cette vidéo à caractère pornographique a été relayée par des sites pornographiques. Suffisant pour que “le lion de Guédiawaye” monte au créneau pour saisir le Procureur d'une plainte
VIDEO
MULTIPLE PHOTOS
SUADU DIAW SE RACONTE
EXCLUSIF SENEPLUS : Son Incroyable talent, ses études tumultueuses, ses ambitions, le sport et la musique dans sa famille, son tonton Youssou Ndour et les siens, ce dont Fally Ipupa est amoureux
Elle a fait sensation il y a quelques mois lors du show «L’Afrique a un incroyable talent» qui s’est déroulé à Abidjan. Suadu Diaw a fait un bon parcours lors de cette aventure jusqu’à parvenir à la finale de cette show, sous le regard admiratif des membre du jury.
De retour à Dakar, nous avons rencontré l’artiste qui nous livre quelques infos sur sa vie.
Ainsi, dans cet entretien exclusif, Suadu Diaw nous fait des confidences ayant trait sa vie artistique familiale, ses études tumultueuses entrecoupées de voyages professionnels, la place du sport dans sa famille, ses projets, ses rapports avec les Ndour. Toujours souriante et de bonne humeur, Suadu répond sans détour.
Grands sont les rêves de cette jeune artiste qui a encore du chemin à faire. Epaulée par Youssou Ndour, la protection de ce dernier aidant, Suadu compte aller au bout de ses ambitions.
VIDEO
SALL COMMUNICATION
EXCLUSIF SENEPLUS : L'éditorialiste Alymana Bathily analyse les stratégies de communication du président de la République : techniquement faible et inefficace, politiquement contreproductif et non gratifiant
FRED ATAYODI, FODÉ MANGA ET BOUBACAR BADJI |
Publication 03/02/2017
La communication du président Macky Sall a attiré l’attention de plusieurs observateurs de la vie politique, des professionnels des médias et autres, avec notamment l’omniprésence des affiches du président le long des principales artères de la capitale.
Dans la deuxième partie de notre entretien avec Alymana Batilly, le sociologue des médias nous fait une analyse de ces campagnes de communication dont l’effet de saturation reste perceptible.
De l’avis d’Alymana Bathily, cette manière de communiquer du président est techniquement faible et politiquement peu pour ne pas dire pas du tout bénéfique. Parce que cette omniprésence provoque chez le récepteur un rejet car, il n’y voit rien d’autre qu’une propagande savamment orchestrée.
Mais le plus grave selon l’éditorialiste de SenePlus, c’est le déséquilibre de plus en plus prononcé de l’accès aux médias publics, accaparés par le pouvoir en place.
Voir l’entretien
VIDEO
DÉCRYPTAGE D'ALYMANA BATAHILY
EXCLUSIF SENEPLUS : Quelles urgences pour le président Adama Barrow ? Quel avenir pour Yahya Jammeh ? Peut-on envisager la confédération sénégambienne avec la nouvelle Gambie ?
Dans cette interview l'éditorialiste de SenePlus, Alymana Bathily, sociologue des médias et consultant en communication analyse le dénouement de la crise gambienne, les perspectives entre les relations sénégalo-gambienne.
Pour lui le dénouement de la crise gambienne qui a vu Jammeh abdiquer et d’accepter de transmettre le pouvoir à Adama Barrow, est un sentiment de soulagement.
Le président élu qui a pris ses fonctions, doit faire, de l’avis de notre invité faire face à l’urgence sécuritaire et de s’entourer des personnalités reconnues par le peuple et qui ne sont pas compromises afin de mener à bien son projet de société.
Par ailleurs, avec la nouvelle Gambie, le Sénégal devrait avoir les meilleures relations qui soient : relations apaisées d’amitié et de fraternité basées sur l'égalité sans que l'on parle d'un petit-frère et d'un grand-frère ou de toute sorte d’impérialisme.
Voir l’interview
PAR JEAN MEISSA DIOP
TOUS PLUS SUPPORTEURS QUE REPORTERS
Est-il possible qu'un journaliste sportif commentant une compétition opposant son pays à un autre observe la distance professionnelle qui lui éviterait d'être plus supporter que reporter ?
Africa Check |
Jean Meïssa DIOP |
Publication 02/02/2017
Le journaliste sportif peut-il observer la distance professionnelle nécessaire dans la relation des faits, quand il s'agit de couvrir son équipe nationale ? Jean Meissa Diop pose le débat.
Est-il possible qu'un journaliste sportif commentant une compétition opposant son pays à un autre observe la distance professionnelle qui lui éviterait d'être plus supporter que reporter ? Difficile d'y répondre par oui quand on a suivi les prestations de journalistes sénégalais pendant les phases finales de la Coupe d'Afrique 20117 au Gabon.
Des reporters de radio à leurs confrères de télévision et, dans une moindre mesure, de la presse écrite, les uns et les autres se seront identifiés à l'équipe de leur pays plus qu'ils n'ont observé le recul qui permet d'apprécier les faits avec discernement.
"Sénégal 2, Tunisie 0 !", s'enthousiasme Malal Junior Diagne sur la radio dakaroise RFM, "la Tunisie n'a pas encore de but et Dieu fasse qu'elle n'obtienne rien !".
En mission pour le pays ou pour le public ?
Quand on se reporte sur les chaînes de télévision, c'est Moustapha Diop présentant l'émission "CAN – Plateau spécial" sur le plateau de Walf-TV qui apparaît avec, autour du cou, une écharpe aux couleurs nationales. Sur la TFM, c'est Cheikh Tidiane Diaho habillé en maillot du Sénégal qui présente l'émission "La cour des grands".
Sur la RFM, le consultant Tassirou Diallo parle de l'équipe du Sénégal au sens très possessif en disant "nous avons encore deux matches importants…". Il y a eu tant de ces étrangetés à souligner dont ce "Malheureusement, c'est un ballon qui va tomber sur un pied tunisien". Et plus tard, c'est "Hors-jeu ! Heureusement !". L'équipe du pays du reporter l'a échappé belle. Ailleurs, ça exhorte les joueurs du pays : "Allez, poussez le ballon !" "Heureusement que le Sénégal a pu dégager le ballon qui allait droit au but".
Il s'en est trouvé pour justifier voire excuser la faute commise par un joueur sur un adversaire : "Ce n'était pas l'intention de Kara Mbodj de faire tomber le joueur tunisien". Au micro, d'autres reporters piaffent d'impatience de voir le match terminé : "Arbitre, il faut siffler la fin de la partie !" ou réclamer des sanctions contre l'équipe adverse : "Cela fait longtemps que l'arbitre aurait dû réduire à dix joueurs l'équipe du Cameroun".
Peut-être les percevant comme des patriotes en mission de haute portée (ou intérêt) nationale, le ministre sénégalais des Sports, Matar Bâ, s'est rendu à Franceville (Gabon) à l'hôtel pour s'enquérir des conditions d'hébergement des journalistes sportifs sénégalais venus couvrir la CAN. Des journalistes considérés – voire se considérant – comme étant en mission plus pour leur pays que pour leur public qui n'est pas forcément sénégalais.
Lors d'une CAN, un reporter ivoirien, la voix abattue, soupira : "Oh, nous sommes battus !" Le phénomène d'atteinte du droit à l'information n'est pas propre qu'au Sénégal. Il est, pour ainsi dire, universel.
"Des dessous plus économiques"
En France, c'est l'attitude du directeur de la rédaction de la chaîne BeIn Sports, Florent Houzot, qui fit jaser ses confrères du quotidien sportif L'Equipe en avouant avoir volontairement décidé de ne pas diffuser les images de "ce qui ressemble effectivement à un bras d'honneur de Paul Pogba", après le but de Payet […] pour ne pas créer de polémiques inutiles", Houzot, avait ponctué son message d'un "Allez les Bleus !".
"En France, le patriotisme a des dessous plus économiques". Plus l'équipe de France ira loin, plus les audiences de BeIN Sports seront excellentes et plus l'investissement consenti pour acquérir les droits (colossaux) de cet Euro 2016 seront amortis de manière encore plus satisfaisante. C'est de bonne guerre (économique et psychologique)", écrit le journal en-ligne Slate.
"Dans l'esprit de beaucoup – mais à tort –, un journaliste sportif (d'une chaîne, d'une radio ou d'un journal) se doit d'être un supporter de son équipe nationale", écrit Slate.fr. Il y a "incongruité" (sic) quand un journaliste présente son journal accoutré d'un maillot de l'équipe nationale de son pays, tranche le même Slate.fr.
Un des principes de base du journalisme sportif est de "collaborer avec les organisations sportives". C'est écrit dans les statuts de l'Association internationale de la presse sportive depuis 1924, s'étonne la version en ligne du journal Les Inrocks du 2 août 2012.
"Quand les reporters deviennent supporters"
"On les appelle "journalistes", mais ce sont des supporters”, tranche le site du club algérien USM, qui ajoute : "Commentateurs sportifs : d'abord supporters… ou d'abord journalistes ?". "S'il est admis que, dans certains cas, un certain "chauvinisme" peut être toléré (par exemple, lorsque, sur le terrain, une équipe algérienne rencontre une équipe étrangère), il est inconcevable que l'auditeur ou le téléspectateur perçoive nettement quelle équipe a les faveurs du journaliste lorsque celui-ci commente une rencontre de football qui oppose deux clubs nationaux", écrit le site algérien.
Au Sénégal, faisant le portrait d'Abdoulaye Diaw de RFM, le quotidien gouvernemental Le Soleil écrit que "Laye Diaw, comme on l'appelle, perd souvent le mot quand une équipe qu'il "supporte" est en passe de perdre ou a perdu. Le même Laye Diaw peut se confondre également aux supporters même lors qu'il n'est pas au stade mais au studio, tant sa passion est grande pour ce sport". Et le titre du même article résume ce parti-pris de beaucoup de journalistes sportifs sénégalais : "Quand les reporters deviennent supporters" (Le soleil repris par le portail www.allafrica.com du 16 juillet 2001).
La conclusion, c'est le site de l'USM Alger qui la donne : "Dans le milieu du journalisme sportif, la notion de neutralité est essentielle". "Rien n'interdit à un commentateur sportif d'avoir une préférence pour un club. Mais si l'envie lui prenait de manifester cette préférence, c'est dans les tribunes que sa place doit être. Pas dans une cabine de presse, ni dans un studio de radio ou de télévision".
Jean Meïssa Diop est journaliste, membre du Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) du Sénégal.
UNION AFRICAINE, CE SERA MOUSSA FAKI ET NON PAS ABDOULAYE BATHILY
URGENT - "La campagne que nous avons menée pour la direction de la Commission était basée sur des valeurs et des principes concernant notre continent et l'avenir qu'il mérite et doit avoir", déclare le candidat sénégalais qui a été battu par le Tchadien
Ministre des Affaires étrangères du Tchad depuis 2008, Moussa Faki Mahamat, 56 ans, a été élu à la présidence de la Commission de l'Union africaine (UA), le lundi 30 janvier, à Addis-Abeba, en Ethiopie, lors du 28esommet de l’organisation panafricaine. Il succédera à la Sud-Africaine Dlamini-Zuma, en poste depuis 2012.
Au terme des trois premiers tours de scrutin, Abdoulaye Bathily, la Botswanaise Pilomina Venson-Moitoi et l’Équato-Guinéen Agapito Mba Mokuy ont été éliminés. Les deux finalistes, le ministre des Affaires étrangères tchadien et son homologue kényane Amina Mohammed ont été départagés à l’issue de trois autres tours
SenePlus.com publie ci-dessous la déclaration du sénégalais Abdoulaye Bathily à la suite de l'élection il y a quelues minutes du minstre des Affaires étrangère du Tchad à la tête de la Commission de l'Union africaine.
"Aujourd'hui les Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine ont élu le Ministre des Affaires Étrangères du Tchad, Mr Moussa Faki, President de la CUA. Je voudrais, avant tout, féliciter Mr Faki pour son election et lui souhaiter plein succès. La campagne que nous avons menée pour la direction de la Commission était basée sur des valeurs et des principes concernant notre continent et l'avenir qu'il mérite et doit avoir.
Ces valeurs et principes demeurent inébranlables et continueront a guider toute ma vie. En remerciant tous ceux qui de près ou de loin m'ont apporte leur soutien pour cette campagne, je veux leur donner l'assurance que mon engagement panafricain reste totalement inébranlable. L'heure de l'Afrique a sonne; la lutte qu'il faut gagner pour la dignité de nos peuples et pour la postérité doit continuer. Je continuerai a prendre part a cette lutte ."
GOOD LUCK AFRICA!
EXCLUSIF SENEPLUS - Sommet de l'Union Africaine - Abdoulaye Bathily, le profil naturel et idéal - Parfait concentré de compétence, de professionnalisme, de l’intellectuel panafricaniste, de l’habile négociateur...
Une semaine capitale s’ouvre pour l’Union Africaine. La conférence des chefs d’état devrait en effet statuer sur deux dossiers sensibles. D’abord, le retour du Maroc dans le concert de l’UA, ensuite, l’élection du Président de la Commission. Et accessoirement d’autres problèmes annexes, pour ne pas récurrents, comme les questions de sécurité, de développement, d’environnement. A vrai, les deux points focaux restent l’épineux dossier marocain et le choix du remplaçant de Mme Zouma dont le passage à la tête de la commission ne s’inscrira pas certainement dans le marbre de l’histoire de l’organisation panafricaine.
Et pour cause ! Rien de décisif, de fondamentalement stratégique ou de marquant n’a été fait sous magistère. Ni au plan des enjeux géopolitiques internationaux, encore moins à celui des options en matière de développement ou d’environnement. Préoccupée par son avenir dans la quête de la Présidence de son pays, Mme Zouma qa enlisé l’UA dans son pétrin. Elle laisse en pire état l’héritage de son prédécesseur, le gabonais Jean Ping, une léthargie, source d’inaction, voire de paralysie. A la limite les regroupements sous-régionaux et régions, en Afrique centrale, de l’Ouest, de l’Est et du Sud ont davantage assuré tant que mal que bien la gestion des crises et les médiations occurrentes, dans les zones en confit ou au sein des états.
L’échec de Mme Zouma
Sur les nombreuses difficultés liées aux transitions démocratiques, à la violence politique et aux violations des libertés politiques essentielles, en moins sur les grandes endémies (Ebola), l’absence de l’autorité de l’UA a été déconcertante. Les problèmes de sécurités dont la survenance est quasi-totale sur le continent ont révélé encore une fois l’inertie de l’UA, qui se contente de cris d’orfraie en attendant que les puissances occidentales viennent apporter leur protection. Tel au temps du protectorat des pays africains menacés par l’État Islamique avec ses ramifications au Mali, en Afrique centrale et de l’Ouest. Les forces africaines déployées ça et là, l’ont été davantage par la volonté des États concernés eux-mêmes, épaulés non sans intérêt économique et géopolitique par les forces occidentales, avec la bénédiction tardive du Conseil de sécurité de l’ONU. Le Tchad et le Nigéria, et dans une moindre mesure, le Cameroun, en Afrique de l’Ouest et du Centre, l’Afrique du Sud en Angola, ont pu sensiblement jouer les puissances sous-régionales, pour sauver des situations plus ou moins désespérées.
C’est dire à quelle ample tâche doit s’attendre le prochain Président de la Commission de l’UA, dans son rôle stratégique d’aiguillon, de pro-activité, d’alerte et de plaidoyer. A ce titre, la candidature de notre compatriote Abdoulaye Bathily symbolise plus qu’un espoir. Elle se présente comme une bouée de sauvetage pour une organisation dont l’érosion de l’autorité autant l’aphonie sont tout simplement déconcertantes. L’ancien ministre sénégalais, récemment encore envoyé spécial des Nations Unies dans les pays des Grands Lacs, ne se présente plus. Il est le parfait concentré de la compétence, du professionnalisme, de l’intellectuel panafricaniste, de l’habile négociateur. Son parcours politique, son profil sociologique et sa familiarité avec les questions de sécurité, d’environnement et de développement durable le désignent comme le candidat naturel, mais plutôt idéal, pour sortir l’UA de son immobilisme actuel.
Bathily, le profil naturel et idéal
Tous les acteurs s’accordent à penser qu’il présente le meilleur profil pour porter les habits du poste. Le soutien du gouvernement sénégalais a été jusqu’ici, totale et sans faille. Les moyens matériels, techniques, les intermédiations et le lobbying indispensables dans des situations de cette nature ont été déployés, même avec un peu de retard, pour à aller à la pèche aux voix dans des conditions particulièrement difficiles. La diplomatie sénégalaise a été donc mise au service de la candidature de l’historien sénégalais de manière si active que le Sénégal fait l’objet de vives critiques pour tout le poids qu’il a mis à Kigali pour que l’élection du Président de la Commission ne puisse pas déboucher sur la désignation des candidats de la première liste, semble –t-il arrêtée depuis avril 2016. Un triomphe stratégique pour rebattre les cartes, mais qui laissera des traces chez les adversaires du Sénégal (le Tchad et l’Algérie) heurtés par l’activisme payant de notre diplomatie, à repositionner Abdoulaye Bathily dans la course.
Mais il faut bien s’en convaincre. La tâche de Dinga (surnom de Bathily, synonyme de Chef princier en soninké), ne sera pas des plus aisées. La multiplicité des candidats (cinq au total), le comportement hystérique des pays comme le Tchad, l’Algérie, et sans doute le Nigéria, l’absence de soutien de la Mauritanie notre voisin immédiat, corsent un peu plus les entraves. Qui plus est, l’exigence d’obtention des 2/3 des voix quel que soit le tour, semble infranchissable, sans de sérieux appuis, parfois souterrains, en dehors des ententes sous-régionales ou d’affinités diverses.
Solidarité mécanique
Toujours est-il que Bathily reste la meilleure chance pour l’Afrique de se sortir de cette mauvaise passe. Il faut espérer que la raison saura habiter les esprits des chefs d’état en lieu et place du cœur et de la solidarité mécanique nuisible à la rationalité d’une nouvelle gouvernance de l’Afrique. Sans mépris contre les autres candidats, Abdoulaye Bathily réunit les meilleurs atouts, pour gravir les marches d’une transformation qualitative de l’UA. Il en a l’étoffe, l’engagement et la détermination. L’autre point de focalisation reste, le retour du Maroc au sein de l’UA. Le Sénégal en a toujours fait un point d’honneur. Tête de file des pays dits à l’époque modéré, il n’a jamais reconnu la RASD et s’est offusqué du départ du Maroc de l’Union. Aujourd’hui, l’Algérie, mentor de la RASD, qui héberge à Tindouf sur son territoire l’essentiel des réfugiés saharaouis, joue son va-tout pour tenter de s’opposer et de rassembler les « progressistes », autour d’un seul point de ralliement : exiger la reconnaissance de la RASD par le Maroc. Ou tout au moins l’organisation de référendum d’auto-détermination tel que préconisé par l’ONU dans ses résolutions. A l’évidence, le Maroc même dans sa nouvelle stratégie diplomatique ne l’entendra de cette oreille.
L’impossible cohabitation Maroc-RASD ?
Tout au plus acceptera-t-il de cohabiter avec la RASD sans jamais, songer à la reconnaître. Cette attitude minimaliste ne satisferait même pas aux désidératas de l’Algérie et de ses alliés, qui considèrent que le Sahara Occidental, annexé par le Maroc, est déjà indépendant, depuis sa reconnaissance par l’OUA. Et qu’en conséquence, le Maroc devrait se conformer aux dispositions onusiennes en acceptant de mettre fin à la colonisation du territoire et surtout d’organiser un référendum sur la base d’un recensement déjà établi. Or, tout le monde sait que les données démographiques ont changé au Sahara et que la Marocanité forcée ou consentie est déjà en marche.
Ce contexte complexe et chargé risque d’obérer les chances de notre valeureux candidat. Ce que sa compétence, son sens du dialogue et de l’autorité, lui donnent, risque de lui manquer le jour du choix par les chefs d’état. Or tout autre choix que celui pour Bathily est une chance ôtée à l’Afrique de se re-posséder.