La boucle a encore une fois été bouclée, cette année, avec une conférence de presse de clôture du Festival International de Jazz de Saint-Louis qui s'est tenue dans un hôtel de l'île en présence du Directeur Général de la BICIS, Pierre Bérégovoy. L'édition de cette année, malgré des débuts difficiles, est néanmoins considérée comme un succès par ses organisateurs. Le seul bémol reste l'impossibilité de cerner l'impact économique de l'événement.
Le Président de l'Association SaintLouis Jazz, Me Ibrahima Diop, tenait ce lundi matin un point de presse en présence de Pierre Bérégovoy, le Directeur Général de la BICIS représentant la fondation BNP Paribas, principal sponsor de l'événement. Une occasion saisie pour faire le bilan de cette 23e édition, qui a été qualifiée de "réussite" par les organisateurs malgré de nombreuses complications déplorés lors de la phase d'organisation et un bilan économique largement déficitaire.
Parmi les premières, la menace d'Ebola qui a conduit de nombreux artistes à renoncer à leur participation ou encore la situation sécuritaire dans la sous-région d'alors. À l'arrivée, néanmoins, cette équation s'est résolue pour le mieux avec plus de peur que de mal concernant ces deux questions en particulier.
Un autre problème du festival, déploré par son Président, la culture de la gratuité chez le public qui préfère se faire offrir des places que d'acheter les billets nécessaires à rendre pérenne l'événement ou même le faire vivre :
"Le festival fait tourner les commerces et hôtels de l'île qui comptent sur cette période de vaches grasses tous les ans mais ce n'est pas pour autant que les riverains, pas même ceux qui bénéficient directement des retombées économiques, s'abstiennent de nous demander des invitations.", déplore Me Diop, qui va même jusqu'à affirmer que "si ce n'était pas son principal partenaire, le groupe BNP Paribas", Saint-Louis Jazz aurait été "condamné à disparaître" il y a de cela des années.
Déclarant un budget de 214 millions de F CFA pour cette édition, dont environ 60% est assuré par l'État sous forme de contribution directe avec la cession du matériel du FESMAN et diverses contributions ponctuelles de la part d'autorités diverses, le Saint-Louis Jazz n'arrive toujours pas à générer des fonds et reste, à l'instar de l'essentiel des évènements culturels du pays, largement déficitaire. Ainsi, concernant les deux foires concomitantes à l'événement ou la billetterie, aucun chiffre n'a pu être avancé par le bureau sur l'impact économique du festival de Jazz.
Malgré cet aspect peu reluisant de son bilan, le volet artistique, notamment la qualité du plateau "IN" programmé, a fait de cette édition 2015 un succès. C'est ainsi un savant mélange de monstres sacrés de la musique (Orchestra Baobab, Wallace Roney Quintet etc.) et de groupes moins connus (Malted Milk Septet, Sugar Mama Trio etc.) qui a su capter l'attention d'un public au rendez-vous tout le long des festivités. Bien qu'il n'ait pas directement été géré par le bureau de l'Association, le volet "OFF" du festival a lui aussi grandement contribué à l'attrait de l'événement avec des artistes comme Vieux Mac Faye, Souleymane Faye, Aïda Samb et consort qui on pu communier avec leurs fans saint-louisiens.
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"SI LE SÉNÉGAL ÉTAIT COMME LA GAMBIE, JE LE DÉNONCERAIS"
C'est la première fois que vous vous produisez en "In" lors du festival et on a cru comprendre que c'était une occasion particulière pour vous, en quoi est-ce le cas ?
Je suis très ému parce que le Walo est la terre de mes ancêtres. Ma mère est originaire de la région. Je suis donc très fier et content de me produire au Festival de Saint-Louis, un événement qui est un temps fort de la vie culturelle du Sénégal. J'ai été tout particulièrement touché de voir dans le public des gens qui sont venus de Ross-Bethio. Car c'est la terre de ma mère et je peux dire avoir passé une bonne partie de ma vie là-bas. Pendant quinze ans, j'ai vécu à Ross Bethio est c'est une partie de ma vie que je chéris tout particulièrement. Cette soirée avait une teinte spéciale pour moi parce que je suis venu avec mon groupe et, même s'il m'était déjà arrivé de jouer dans les "off ", le faire pour la toute première fois sur la Place Faidherbe, c'était une belle chose.
À qui sont adressés les messages que vous véhiculez dans vos chansons ?
À personne en particulier car l'éducation qu'on m'a inculquée ne me permet pas de pointer du doigt qui que ce soit en particulier mais j'estime que ces message valent tout autant pour moi, pour vous que pour tout le monde. "Xalis diaroul yen yi" (NDLR : l'argent ne justifie pas certaines choses), c'est un message que chacun est libre de prendre à cœur mais ce n'est vraiment à l'intention de personne. Les gens sont libres de voir car moi, ce que je veux simplement dire c'est qu'on est tous des Sénégalais et que les gens oublient parfois que le Sénégalais nait dans la liberté et la démocratie. Je ne voudrais pas aller trop loin mais les mots dits sont parfois si pleins de sens qu'ils se suffisent à euxmêmes.(…) Je suis un chanteur, j'ai une voix et j'ai des mots. L'artiste est là pour défendre les gens car tu es le porte-parole du peuple et tu ne peux pas te leurrer toi-même au prix de ne frustrer personne.
Vous avez fait des allusions à la Gambie, à la gestion du pouvoir en Afrique… Est-ce à dire que vous vous considérez vous comme un artiste engagé ?
Je suis un artiste et un Sénégalais avant tout. Et le Sénégalais, il est toujours engagé ! C'est dans notre sang qu'on le veuille ou non. Le Sénégalais, c'est un être qui "bagn", "maanam danu bagn " (NDLR : se rebelle. Au sens littéral, refuse)… Nous vivons dans un pays libre qui, accessoirement, est également magnifique et où il n'y a pas de problèmes. (…) Les sénégalais sont les gens les plus libres au monde car chacun peut dire ce qu'il veut et c'est important car il y a des pays, je parlais de la Gambie à titre d'exemple, où tout le monde le sait, les gens ne sont pas libres de dire ce qu'ils veulent. C'est valable en Gambie mais aussi dans d'autres pays. Si le Sénégal était comme la Gambie, je le dénoncerais. Il faut éviter, en tant qu'artiste ou tout simplement en tant qu'homme, de faire des choses en se préoccupant seulement de l'argent à gagner.
Les critiques de plus en plus violentes de ces opposants au régime de Jammeh font désormais réfléchir tous les artistes sénégalais désireux d'aller prendre leur part de la palette de cadeaux de l'homme fort de Banjul. Et Viviane Chidid en est consciente ; d'où son initiative de prendre les devants.
La chanteuse sénégalaise soutient qu'elle s'y rend pour rendre hommage au public de Banjul qui a célébré la première sortie internationale du "Djolof band". Seulement, elle aura du mal à convaincre ses fans que certaines coïncidences de dates ne relèvent que du hasard.
En effet, Yahya Jammeh lance une série d'activités festives à partir du 25 mai prochain jusqu'à la mi-juin pour célébrer, en grandes pompes, son anniversaire. Il aura 49 ans le 25 mai prochain, une date qui coïncide avec les célébrations en Gambie de l'Africa Liberation Day que Jammeh entend mettre à profit pour organiser un grand défilé militaire et un concert géant avec de grands noms de la world music dont Youssou Ndour, selon l'agence de presse APA.
Le nom de Viviane Chidid a bien été coché comme l'une des artistes invités par le protocole de Jammeh pour la bamboula qui démarre le 25 mai prochain. D'ailleurs, des sources bien informées renseignent que Viviane et Jammeh avaient déjà programmé cet évènement il y a deux ans sans qu'il ne puisse avoir lieu.
Il n'est cependant pas sûr qu'une simple stratégie de communication épargne la reine du "Djolof Band" des critiques qui suivront son prochain séjour gambien, même si Viviane Chidid est moins élogieuse à l'endroit du maître de la State House de Banjul.
Pas surprenant non plus qu'une banque gambienne très proche du pouvoir soit derrière la promotion du concert de Viviane qui déclare être à mesure de mettre à la disposition de certains de ses fans sénégalais un vol spécial et des bus pour les transporter à Banjul. Dans un passé récent, Jammeh avait aussi mis un vol spécial à la disposition de Thione Seck et de son fils Waly pour une occasion similaire.
Pour rappel, les gambiens se sont indignés que Yahya Jammeh distribue des véhicules et de l'argent à Eumeu Sène et son épouse alors que ses compatriotes peinent à joindre les deux bouts dans un contexte économique marqué par une inflation record, des caisses de l'État vides, des licenciements dans la fonction publique et une monnaie nationale au bord de l'effondrement.
Si bien que Jammeh a demandé une intervention en urgence du FMI. Mais pour narguer ceux qui se sont indignés des cadeaux offerts à Eumeu Sène, Jammeh a récidivé en offrant une autre voiture à l'animateur Bécaye Mbaye.
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UN VINGT-TROISIÈME COUP D'ENVOI DONNÉ TOUT EN ÉLÉGANCE
La cérémonie de coup d'envoi de la 23e édition du Saint-Louis Jazz s'est tenue hier sur la place Faidherbe. Ponctuée d'annonces importantes, l'événement a néanmoins vite cédé la place à la musique.
S'illuminant aux alentours de 21h, la scène principale du Festival International de Jazz de Saint-Louis accueillait, hier, les toutes premières étoiles du ballet incessant de prestations qu'elle va connaître jusqu'à la clôture, à la date du 25 mai prochain. Le public, s'étant déplacé en masse pour ce concert inaugural, était évidemment sur son trente-et-un avec des dames fardées de poudre, vêtus d'habits riches et les bras et cous chargés de parures, accompagnées de messieurs en costumes rutilants.
La première formation à apparaître sous le feu des projecteurs a été celle de l'acrobate et saxophoniste Conny Schneider, accompagnée de ses batteurs, bassiste et claviste. La jeune femme, aux cheveux courts ramenés en arrière par un serre-tête en strass, était moulée dans une combinaison en spandex couleur vieil or agrémenté de guêtres couleur plomb, et jouait de son instrument en plein air, assise sur un trapèze suspendu à deux ou trois mètres du sol. Se contorsionnant et se lançant parfois même dans des solos alors qu'elle avait la tête littéralement à l'envers, l'artiste a donné une prestation appréciée du public, particulièrement des plus jeunes.
À la fin dudit numéro, Golbert Diagne est monté sur scène pour donner le coup d'envoi de la cérémonie officielle d'ouverture de cette 23e édition. Le journaliste a tout d'abord annoncé l'arrivée à Saint-Louis, ce samedi, du Président Macky Sall qui sera accompagné du roi du Maroc à l'occasion d'une visite officielle.
Prenant ensuite la parole, Mansour Faye à quant à lui annoncé que la scène principale du festival sera déplacée l'année prochaine de la Place Faidherbe du fait de travaux de requalification et d'embellissement qui commenceront prochainement grâce à un financement acquis par feu Ousmane Masseck Ndiaye, à qui il a rendu hommage. "En tout, ce sont 22 milliards de nos francs qui ont été dédiés à rendre la ville plus attractive", a spécifié le maire de la ville.
Me Ibrahima Diop le Président du Festival, s'est quant à lui appesanti sur le thème de cette édition, "au cœur du Jazz", qu'il a décrit comme faisant écho à la grande campagne de dépistage et de traitement des maladies cardiovasculaires qui se déroule parallèlement aux concerts, grâce à l'appui des partenaires du Festival et de l'Association Saint-Louis Jazz. Il a enfin rendu hommage au parrain de cette présente édition, Mamadou Diagna Diagne.
Toutes les paroles nécessaires dites et entendues, ce fut enfin le moment de faire une place belle aux musiciens de l'Orchestra Baobab, qui ont choisi le titre "Colette" pour faire entrée en la matière. Croonant les paroles de ladite chanson en même temps que le public, Rudy Gomis a su mettre le feu aux rangs de l'assistance, à tel point que l'espace vacant en face de la scène s'est transformé en piste de danse à peine les premières notes du second morceau, "Sutukun", entonnées par Balla Sidibé.
Se prolongeant jusque tard dans la nuit, le concert de l'Orchestra fut une affaire conviviale et très dansante avec un public se trémoussant au son de titres appréciés depuis toujours comme "Coumba", "Boulma Mine" ou encore sur de nouveaux morceaux, issus de l'album en préparation du groupe (Xatis et Wuti Xalis. Une mention spéciale, enfin, a été faite à la première dame avec un titre chanté en son nom sur la mélodie d'un ancien succès du groupe, "Lady Dieme Mbodj".
Choisi pour animer la soirée d'ouverture du festival de jazz de Saint-Louis qui s'ouvre aujourd'hui, l'orchestra Baobab respire toujours la pleine forme. Dans cet entretien accordé à EnQuête, Balla Sidibé et Rudy Gomis, deux des chanteurs du mythique groupe, lèvent un coin du voile sur les péripéties de la recomposition de groupe. Une entreprise dans laquelle le leader du super étoile Youssou Ndour a joué un rôle capital, selon les "vieux" du baobab, qui ont aussi expliqué pourquoi ils chantent la première Dame, Marème Faye Sall.
L'orchestra Baobab est choisi pour animer la soirée d'ouverture du festival de jazz, comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
Balla Sidibé : Nous l'avons très bien accueillie parce que souvent les organisateurs amenaient des orchestres cubains, Aragon par exemple. Pourtant, il y a des orchestres aussi talentueux ici au Sénégal. Cette fois-ci, ils se sont peut-être dit, au lieu de dépenser trop, on va dépenser peu en prenant un orchestre qui est là. Ils sont tombés sur le "Baobab" et nous sommes satisfaits. Faire l'ouverture, c'est notre rôle en tant que doyens. Cela nous fait énormément plaisir de prester sur la scène du festival de jazz.
Rudy Gomis : Moi ce que je ne comprendrai jamais, c'est pourquoi enrichir des gens de l'extérieur alors qu'on a un potentiel ici. Je crois que le festival de Saint-Louis doit refléter en grande partie notre culture sénégalaise. Je ne dis pas qu'on doit exclure les autres mais qu'on montre ce que nous autres Sénégalais détenons sur le plan culturel. Quand les gens font par exemple le festival de New-Port, ils n'invitent aucun Sénégalais. A la limite, ils invitent juste un orchestre africain.
Que comptez-vous proposer aux Saint-Louisiens à l'ouverture du festival de jazz ?
B.S : On va leur présenter le répertoire du "Baobab". On va mettre du nouveau et des anciens pour les mélomanes. Déjà qu'il faut montrer aux gens que le "Baobab" ne joue pas toujours les mêmes morceaux. On travaille et on crée. Dernièrement, on a fait un nouveau Cd et il n'y a que de nouveaux morceaux dedans. Mais cela est produit à l'extérieur. On ne peut pas jouer tout le répertoire nouveau. Ce ne serait pas intéressant.
R.G : Vous savez, quand on débutait pour la seconde fois l'orchestre du "baobab", on l'a fait à Saint-Louis. C'était au Quai des arts et c'était bien. Quand on parle de jazz, les gens pensent que c'est juste ce que jouent les Américains et autres. Mais l'orchestra "Baobab" a au moins un morceau qui est très "jazzy". Ne serait-ce que pour ce morceau, on peut jouer dans ce festival. Et SaintLouis, c'est chez nous.
Vous parlez de répertoire nouveau alors que le "Baobab" actuel ne semble faire que dans les reprises de classiques du "Baobab" des années 1970. Vos nouveaux titres auraient-ils du mal à avoir le même succès que vos premières compositions ?
B.S : Ceux qui le disent ne viennent pas aux soirées du "Baobab". Quand vous venez au "Must", au "Just for u" dans les soirées de gala que nous animons, vous découvrirez des morceaux que vous n'avez jamais entendus. Ce sont les gens qui ne viennent pas à nos soirées qui pensent qu'on ne fait que des reprises mais ils ne savent pas de quoi ils parlent. Il faut venir s'asseoir et écouter le "Baobab."
R.G : Il y a une équation avec les orchestres qui existent depuis longtemps. Un nouveau morceau est celui que tu n'as jamais entendu. Une vieille chanson, c'est celle que tu as écoutée et réécoutée. Et quelquefois quand on va jouer, ce sont les gens eux-mêmes qui nous poussent à jouer nos anciens titres. On joue un nouveau titre et ils viennent nous voir pour nous dire : "c'est bon cette musique, c'est vraiment bon mais est-ce que vous ne pourriez pas me jouer Lamine Guèye" ? Mais là, on est obligé de le faire. Les grands orchestres ont des répertoires riches. Ils sont condamnés à toucher par-ci et par-là. "Liti liti" est une chanson très ancienne mais qu'on est obligé de jouer à chacune de nos soirées.
Parmi ces nouveaux morceaux, il y a un que vous dédiez à la première dame. Pourquoi chanter Marième Faye Sall ?
B.S : C'est une dame qui est généreuse. Cela veut dire tout. Elle aide beaucoup les musiciens. Avec "Servir le Sénégal", elle fait beaucoup de choses pour les Sénégalais. Ceux qui disent le contraire sont mus par la mauvaise foi. Elle venait aux soirées VIP du Baobab. Cependant, on ne fait pas de la politique. De 1970 à aujourd'hui, on n'est jamais allé à la présidence. On pouvait écrire et être reçu mais on ne l'a pas fait.
R.G : On voit ce que cette chanson fait quand on retourne à l'autre page du "Baobab". Au regard de cela, les gens pourront se dire : "Ah ! Même eux s'y mettent maintenant !" Mais ce n'est pas un problème pour nous. Tous les gens savent qu'on ne triche pas. Si on a la chance de faire un nouvel album, on va mettre cette chanson. Et pourquoi on ne chanterait pas notre première dame ?
Quand vous jouez et que vous vous retournez, qui voyez-vous ?
B.S : On voit des personnes âgées et des gens moins âgés que nous. On voit également des jeunes qui s'intéressent à ce que fait "Baobab". J'ai vu récemment un jeune qui m'a dit qu'à chaque fois que le "Baobab" joue, il vient parce qu'il est fatigué d'écouter certains musiciens.
R.G : En général, tout nouveau est tout beau. Mais cela ne veut pas dire que toute chose nouvelle est belle. Mais cela ne veut pas dire que toute chose nouvelle est meilleure aussi. Nous touchons à tout. Cependant, il y a des jeunes qui viennent nous voir et quand on les regarde, on a l'impression qu'ils ont vu des vampires. Les rappeurs ont repris des chansons du "Baobab". Ils ont remixé c'est vrai et changé des notes, mais ça reste du "Baobab". Cela démontre qu'un morceau bien conçu reste éternel comme celui qui l'a conçu.
Pourquoi le "Baobab" n'a jamais fait le "mbalax" populaire que l'on connaît ici ?
B.S : On fait du mbalax pur et dur et jusqu'à présent, mais la différence est que le "Baobab" n'utilise pas le tam-tam. Ce n'est pas le ''mbalax'' populaire c'est vrai mais c'est du ''mbalax'' quand même. Vous savez le ‘‘mbalax", il suffit d'enlever le "sabar" pour avoir de la salsa. Nous sommes des Sénégalais on est obligé de faire la musique des Sénégalais.
R.G: Il y a une chanson qu'on a reprise récemment "weuy lène diaraf yi Sénégal". Quand on jouait ça avant, il y avait une deuxième partie où c'était juste que du "sabar". Maintenant, qu'est-ce que les gens appellent mbalax ? C'est ça la question. Le mbalax est une forme de rythmique accompagnatrice qu'utilisent les "wolofs" qui l'ont pris des "naar". Cela mis à outrance peut gêner l'étranger. Il se perd dans le tempo. Il n'y a que les Sénégalais qui savent danser le "mbalax". Encore que si vous prenez dix personnes qui dansent le "mbalax", ils ne sont pas tous sur le même tempo. Pour l'orchestra "Baobab", il était préférable de faire quelque chose de panafricain. Beaucoup de gens disent qu'on n'aime pas jouer le "mbalax". Mais ce n'est pas ça. C'est trop facile pour nous. Et pour les contenus qu'on a, la rythmique n'y sied pas. Si je dois chanter les louanges de ma mère et de mon père, c'est très facile de le faire avec le mbalax. Mais quand on développe des thématiques historiques par exemple, on ne peut pas y mettre des percussions à outrance au risque de noyer le message.
Vous êtes restés absents de la scène musicale pendant 15 ans. Vous êtes revenus grâce à un partenariat avec un producteur anglais, Nick Gold. Comment vous vous êtes rencontrés ?
B.S : Il y a eu des contacts entre Nick Gold et Youssou Ndour. Ce dernier m'a appelé pour me dire que l'Anglais avait besoin de nous. Youssou Ndour est un gars honnête. Il nous a mis en contact avec lui et l'une des employées de Nick Gold qui s'appelle Jenny. Elle nous aidait parce qu'on ne parle pas anglais. Je profite de l'occasion pour remercier Youssou Ndour, parce qu'il pouvait dire qu'il ne connaissait pas le "Baobab". D'autres l'ont fait. Il y en a même qui ont dit que les musiciens du "Baobab" sont morts. On a reconstitué après le groupe avec difficulté mais on y est arrivé quand même. On a pu faire une tournée en Angleterre en 2001. On a signé un contrat pour dix ans et on travaille encore avec lui.
Parlant de Youssou Ndour, est-ce vrai que c'est sur son conseil que vous avez recruté Assane Mboup ?
R.G : On cherchait un chanteur qui pouvait reprendre les chansons de Laye Mboup. Parce que ça allait être dommage de laisser un répertoire aussi riche comme ça. On cherchait et c'est Youssou Ndour qui nous a dit : "Prenez Assane Mboup", il pourra faire ça. Et ce n'est pas que ça que Youssou Ndour a fait pour l'orchestra "Baobab". Il faut rendre à Caesar ce qui est Caesar. Si vous remarquez bien, il y a beaucoup de chansons du "Baobab" dans lesquelles Youssou Ndour a participé. Et il nous dit souvent : "J'aimerais être comme vous quand j'aurai votre âge". Un jour, j'ai réfléchi et je me suis dit : il a raison. Si moi je faisais du "mbalax" à 70 ans, j'opterais pour une musique autre que celle qui fait sautiller les gens. Je chercherais quelque chose de plus classique. Nous sommes en quelque sorte des modèles. Youssou ne nous a jamais laissé tomber. Nous n'avons aucun grief contre lui. Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, il est le "Pape du mbalax".
B.S : On a passé 10 jours avec lui en Angleterre quand on enregistrait notre album et on a passé aussi beaucoup de temps dans son studio aux Almadies. Quand on le voit, c'est dans une ambiance collégiale et bon enfant.
Après votre retour sur scène, Latfi Benjelloun serait reparti. Que s'est-il passé ?
B.S : ce n'est pas un évènement. On jouait un soir au "Just for u" ; il s'est senti frustré, je ne sais pas pourquoi. Après il a plié bagages et il est parti.
R.G : Je crois qu'il serait préférable que vous le lui demandiez. Si on exclut quelqu'un, on est tenu de donner des raisons. Mais si quelqu'un décide lui-même de partir, c'est à lui qu'on doit poser des questions. Dans l'orchestre du "Baobab", on n'a jamais renvoyé qui que ce soit. Si la personne se sent frustrée, elle peut partir ou venir en faire état. Après on règle le problème. On ne peut pas se mettre à courir derrière les gens alors qu'il ne manque pas de musiciens sur le marché. Benjelloun est le meilleur accompagnateur sénégalais. Mais il n'est pas D'Artagnan, ni le Pape, encore moins le "Khalife général". Et même le Khalife général, quand il meurt, on le remplace.
Vous n'avez jamais cherché à savoir pourquoi il est parti ?
B.S : On a essayé de le ramener même si on se dit que quand quelqu'un part, tant pis ! On a essayé avec Benjelloun parce que c'est notre ami, notre frère et un bon accompagnateur. Moi, je l'ai interpellé plusieurs fois personnellement afin qu'il revienne. On n'a rien contre lui. Et quand il joue à Kaolack ou ailleurs, il m'appelle pour que je chante.
Pourquoi vous ne tournez plus comme avant ?
R.G : On habite et vit au Sénégal, et puis, on vieillit. Ce qu'on pouvait faire avant devient dur à faire pour nous aujourd'hui. Ce n'est plus de notre âge de prendre des tournées d'un mois et demi pour faire des voyages à n'en plus finir. On essaie de jouer moins et de gagner autant qu'avant. Plus on devient fort, plus on peut exiger de juteux cachets.
B.S : On a beaucoup souffert dans les aéroports. Même si on reste à Dakar, on joue régulièrement. Si on n'anime pas de soirées de gala, on preste dans les boîtes de nuit et cabarets. Et jouer une soirée de gala équivaut à trois contrats joués à l'étranger.
Juridiquement sur les textes, qui est "Baobab" ?
B.S : "Baobab", c'est nous. On est dix. Mais il y a quatre signataires. Il y a Attisso Barthélémy qui est le chef d'orchestre, Ndiouga Dieng qui est le financier, Rodolphe Gomis chanteur et Balla Sidibé chanteur. C'est eux qui ont signé des contrats. Le chanteur est toujours leader.
R.G : Nous sommes assez spéciaux. Nous sommes des auteurs compositeurs. C'est nous qui amenons la matière et tout le monde la répète. Et à "Baobab", on fait une chose qu'aucun orchestre ne fait au Sénégal. C'est pour cela d'ailleurs que nous sommes là depuis 1970. Quand on joue à l'étranger, ce que l'on gagne par prestation, on se le partage à parts égales. Quand on recrute quelqu'un aujourd'hui et que demain il participe à un concert où il chante juste deux morceaux, si on me donne 10 F, lui aussi aura 10 F. Le seul surplus est que les auteurs compositeurs gagnent après des droits à la Sacem ou au Bsda.
Cela signifie que les chansons étaient déclarées à titre personnel au niveau du défunt Bsda ?
B.S : Le Bsda ne connaît pas un groupe. Il connaît un individu, c'est-à-dire l'auteur compositeur.
R.G : On peut quand même déclarer une chanson suivant un système de label où l'on se dit qu'on s'appelle Fina par exemple. Au moment du paiement, il paie à Fina. C'est ce que font les Touré Kunda par exemple ou encore le groupe Africando.
Quand "Baobab" venait de naître, il y avait le "Star band", puis "Number one". Il y avait une rivalité entre vous et chacun de ces groupes entretenu par les propriétaires et les publics des salles dans lesquelles prestaient chacun de vous. Vous les musiciens, comment avez-vous vécu ces moments ?
B.S : Le "Star band", c'est le "Baobab". C'est ceux qui étaient au "Star band" qui ont formé le "Baobab". Alors il n'y a pas eu de rivalité. Quand on est parti, d'autres nous ont remplacés.
R.G : Nous, quand on a quitté le "Star band", on a baptisé notre groupe "Baobab". Quand Youssou Ndour a quitté le "Star band", il a créé le "Super étoile". Les gens du "Number one" viennent de "Star band". On reconnaît quand même avoir eu une seule rivalité avec le "Number one" qui était peut-être notre alter ego à cette époque-là. On n'avait pas le même style. La preuve, le temps nous a donné raison. Eux, ils utilisaient le talking drums. Dans le "Baobab" actuel, vous retrouvez tous les bons gars du "Number one". Donc cette rivalité, c'est le public qui l'entretenait. Une fois, ils ont organisé une compétition entre le "Baobab" et le "Number one". Le meilleur devait gagner une coupe. Cette compétition, c'est comme si on demandait à l'équipe du Barça d'affronter l'équipe du Sénégal. Il n'y a pas match. Il y en a un qui va écraser l'autre. L'équipe la plus faible pourrait avoir quelques éclats. Nous, on a joué avec Aragon. Et ils ont juste joué notre première partie. Vous savez ce que cela signifie en musique. Ce jour-là, on a gagné la coupe et les gens se sont battus là-bas. Il y avait des musiciens du "Baobab" qui n'étaient pas d'accord.
B.S : Nous n'étions pas venus pour la coupe. Lorsque le jury donnait le verdict, moi j'étais sur ma moto. Je rentrais. Vous savez, le "Baobab" crée des chansons et des rythmes. On ne fait pas que des reprises. On est très rigoureux dans le travail. On va jusqu'à s'empoigner lors des séances de répétition, mais on ne se bat jamais.
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JT RAPPÉ : PLUS INNOVANT ET DRÔLEMENT PLUS IMPERTINENT !
Dakar, 20 mai (APS) – Le lancement, mardi soir au Théâtre national Daniel Sorano, de la SAISON 3 du ‘’Journal télévisé rappé’’ (JTR), concept artistique innovant, a été la confirmation du talent et de la créativité de ses deux concepteurs, Makhtar Fall ‘’Xuman’’ et Cheikh Sène ‘’Keyti’’, soucieux d’informer sur des sujets sérieux et sur un ton drôlement impertinent.
‘’C’est le bon et le beau Dakar qui est là aujourd’hui’’, lance Keyti, environ une heure avant le début du spectacle, pour parler du public ayant adhéré à l’esprit de cette création née d’un ‘’instinct de survie’’ dans un contexte de crise du disque et des spectacles musicaux, notamment pour le rap.
Pendant un peu plus de 90 minutes, les ‘’journalistes intrus’’, ainsi que les a appelés le slameur Oumar Niang alias Minuss, ont, derrière les pupitres de présentation et dans les vidéos, retourné à leur manière l’actualité nationale et internationale dans des DOMAINES aussi variés que la politique, la santé, la culture, les faits de société, etc.
Précédés de slameurs et d’autres rappeurs ayant fait des play-back, les deux compères ont d’abord dénoncé les travers de la ‘’coopération’’ internationale, laquelle met en scène des ‘’Etats soumis d’Afrique’’ – les jeux de mots ont traversé le spectacle en lui donnant à un triple caractère INFORMATIF, éducatif et humoristique. Le tout dans une mise en scène bien huilée.
Avec eux, PSE (Plan Sénégal émergent) rime plutôt avec ‘’déchéance’’, Idrissa Seck se défend : ‘’jusqu’à l’extinction du soleil, personne ne pourra prouver que j’ai perdu le nord’’, le terrorisme (l’Etat islamique, Boko Haram…), la résurgence du VIRUS Ebola, l’économie – avec les APE (Afrique perdante encore ou Accord de pillage économique) sont dénoncés avec la mélodie de la publicité d’une boisson prisée par les enfants.
‘’Le zapping rappé’’ est venu compléter le tableau global dressé par Keyti et Xuman : le portrait d’un monde déprimant, parce que ne tournant pas rond. Ils font rire de situations difficiles voire compliquées comme l’épidémie de la fièvre hémorragique à VIRUS Ebola ou le procès de l’ancien ministre d’Etat Karim Wade. A propos de celui-ci, Xuman retourne le tube ‘’Premier Gaou’’ du groupe Magic System (‘’Premier voleur n’est pas voleur/C’est deuxième voleur qui a bouffé oh).
Ce lancement de la saison 3 du ‘’Journal télévisé rappé’’ a été l’occasion, devant un public conquis et intéressé, d’opérer une ouverture sur l’international, où le ‘’transfert de compétences’’ en la matière (Xuman) a bien fonctionné en Côte d’Ivoire, en Tunisie, en Jamaïque, et bientôt au Japon.
Le public s’est marré, prenant un plaisir fou à VOIR les vidéos où les deux présentateurs et leurs correspondants se moquent des fabricants de bouillons, des opérateurs téléphoniques en prennent pour leur grade (‘’Ils nous harcèlent avec leurs promos. Ils nous arnaquent avec leurs cadeaux), des ‘’voyants’’, qui ont pris l’habitude de ‘’prédire’’ les issues des combats de lutte ou des scrutins électoraux. Ils se moquent aussi des navétanes, ces championnats populaires devenus des ‘’combats de football, ou encore de l’Université Cheikh Anta Diop devenu un ‘’camp d’entraînement du GMI (Groupe mobile d’intervention)’’
Le ‘’Journal télévisé rappé’’ est un affaire de son temps, de tous les temps : sur le pupitre, les papiers de Keyti côtoient la tablette de Xuman, les deux parlant d’un monde interconnecté grâce aux technologies – ‘’charia 2.0, Gaza : genocide loading -, mais en prise à la barbarie humaine.
Le succès et l’écho retentissant que le ‘’Journal télévisé rappé’’ a, au Sénégal et au-delà de ses frontières, rappelle étrangement l’histoire du mouvement hip-hop au Sénégal. De nombreux acteurs ont apporté leur contribution à la réalisation du projet. Débuté de manière quasi-confidentielle par des illuminés que personne ne prenait au sérieux et aujourd’hui sujet d’intérêt pour public, chercheurs et autres institutions en quête d’influence.
Mardi soir à Sorano, le lancement de la saison 3 ne pouvait s’achever sans une boutade de l’un des deux présentateurs du JTR, Xuman. Il s’est excusé pour le retard apporté au démarrage de la manifestation – 20h 20 au lieu de 19h -, laissant échapper la critique dans un éclat de rire : ‘’au Sénégal, on est en avance d’une heure sur le temps universel’’.
WASHINGTON (AFP) - "Père, mari et 44e président des Etats-Unis", Barack Obama a désormais son compte personnel sur Twitter.
"Bonjour Twitter! C'est Barack", a lancé le président américain lundi matin dans son premier tweet, rédigé depuis le Bureau ovale. "Après six ans, ils me donnent enfin mon propre compte".
En quelques heures, et trois tweets seulement, ce compte, baptisé @POTUS (acronyme de President Of The United States), avait déjà dépassé le cap du million d'abonnés.
A la différence du compte officiel de l'exécutif américain (@WhiteHouse), alimenté par ses équipes, les tweets seront ici exclusivement rédigés par le président.
"Il était temps @POTUS !", a tweeté sa femme, Michelle Obama.
Le compte présente une photo du président tout sourire. En toile de fond, un cliché de la marche sur le pont Edmund Pettus à Selma (Alabama) à laquelle il a participé début mars pour marquer le 50e anniversaire de cette manifestation pour les droits civiques entrée dans l'histoire.
La Maison Blanche a diffusé une photo - puis une vidéo - du président, très décontracté, assis sur un coin de son bureau, envoyant son premier tweet depuis un smartphone.
M. Obama suit pour l'heure 65 comptes, allant de celui de sa femme à l'université de Harvard, où il a étudié, en passant par l'équipe de baseball des Chicago White Sox dont il est un fan déclaré.
Le groupe Twitter, qui compte désormais plus de 300 millions d'utilisateurs réguliers, s'est fendu d'un "Bienvenue, Monsieur le président!"
L'exécutif américain a précisé que ce compte officiel serait transféré au successeur de M. Obama lorsque ce dernier quittera la Maison Blanche, le 20 janvier 2017.
M. Obama a parfois utilisé le compte @BarackObama, mis en place par ses équipes de campagne, pour envoyer quelques messages qu'il avait personnellement rédigés, en ajoutant ses initiales, "bo", à la fin.
"Nous sommes tous ensemble. C'est comme ça que nous avons fait campagne et c'est ce que nous sommes. Merci. -bo" avait-il ainsi tweeté, le 6 novembre 2012, annonçant sa réélection sur le réseau social.
- "Lieu d'une véritable discussion" -
Le 44e président des Etats-Unis, très présent sur les réseaux sociaux, n'avait-il pas déjà suffisamment de moyens à sa disposition pour communiquer ?
Dan Pfeiffer, ancien proche conseiller du président qui a quitté la Maison Blanche il y a quelques mois, a défendu, au-delà de l'effet d'annonce, une "étape importante" dans un monde médiatique en plein bouleversement.
"Si les échanges sur Twitter sont souvent confus, controversés et parfois parasités par les trolls, c'est aussi le lieu d'une véritable discussion sur la politique et les événements du monde", a-t-il souligné. "Si vous voulez peser sur ce débat important, vous devez y participer activement. Pour Barack Obama, cela commence aujourd'hui".
L'arrivée de Barack Obama sur Twitter a été saluée par nombre d'élus et de personnalités, mais aussi par l'un de ses prédécesseurs qui pourrait bientôt se retrouver de nouveau à la Maison Blanche. Sa femme, Hillary Clinton, en lice pour la présidentielle de 2016, est la grande favorite pour les primaires dans le camp démocrate au sein duquel elle n'a pas à ce jour de véritable rival.
"Bienvenue sur @Twitter, @POTUS!", a lancé Bill Clinton, tout en demandant si le compte était attaché à la fonction.
"Bonne question @billclinton", a répondu M. Obama. "Connais-tu quelqu'un qui serait intéressé par @FLOTUS ?" (nom du compte Twitter de Michelle Obama et acronyme de First Lady Of the United States), a-t-il poursuivi.
Si Hillary accède à la présidence en 2017, elle deviendrait la première femme à occuper ce poste. Et Bill le premier "First Gentleman" de l'histoire des Etats-Unis.
Durant son séjour au Sénégal pour le compte de sa tournée africaine entamée à Dakar, le chanteur belge d'origine rwandaise Stromae en a profité pour découvrir la culture sénégalise en s'essayant à la lutte.
L'interprète de "Papaoutai", né Paul Van Haver nous gratifie comme le montre la vidéo ci-dessous de quelques pas de Bakk, une danse que pratique tout lutteur durant les séances de lutte. Regardez!
Elle est bien connue et respectée dans le milieu de la mode. Mannequin puis coiffeuse et couturière, Nabou Diagne a débuté sa carrière professionnelle en 1998. Etablie d'abord en Espagne, elle décide de rentrer au bercail en 2000 et ouvre son premier salon de coiffure qu'elle baptise "Salvador". Notre styliste qui refuse d'être cataloguée dans un style dit faire dans tous les genres. Dans cet entretien accordé à EnQuête, elle parle de ses projets dont la mise sur pied d'une fondation et la tenue d'une foire sino-sénégalaise de dix jours prévue en juin 2016, en collaboration avec l'Ambassade de Chine.
Pourquoi Salvador ?
Slavador est une île de l'Amérique Latine. Quand je venais de m'installer au Sénégal, j'ai voulu ouvrir mon propre salon de coiffure. Mais on trouvait des noms communs. Pour faire original et aussi comme je suis anticonformiste, j'ai décidé de baptiser le mien Salvador pour être certaine d'être la seule à avoir ce nom-là. Et Salvador est une île qui a de l'or et du pétrole mais où les gens aiment l'art. Ce que je fais, c'est de l'art.
Est-que vous pouvez nous parler de votre parcours ?
J'ai ouvert mon premier salon de coiffure quand j'avais 13 ans. Ce que je vous raconte là est assez insolite mais vrai. J'étais courte et menue à cette époque. Je prenais l'argent que mes parents me donnaient pour l'achat de fournitures scolaires pour louer un local. Mais j'étais tellement petite que quand j'allais voir les bailleurs, ils me renvoyaient, pensant que c'était une farce de mauvais goût. Après, je ne disais plus que c'était pour moi mais pour ma grande sœur. C'est ainsi que j'ai pu en trouver un. On m'avait loué l'espace à 8 000 F Cfa. J'ai pris après divers objets chez moi à l'insu de ma famille. Personne chez moi ne savait que j'avais ouvert un salon de coiffure. Chaque matin, je prenais mon sac à dos, feignant d'aller à l'école alors que je me rendais à mon travail. Pour vous dire que j'ai aimé la coiffure toute petite et j'ai aussi voulu être entrepreneure en ne cherchant pas du travail dans des salons de coiffure, mais en me mettant à mon propre compte.
Depuis lors vous êtes coiffeuse ?
Non, cette première expérience n'a pas duré longtemps. Mon papa était directeur d'école et tenait à ce que je termine mes études. Un jour, un de mes professeurs est passé à la maison pour avoir de mes nouvelles vu que je n'allais plus aux cours. C'est ainsi qu'on a découvert que j'avais arrêté mes études et que j'avais ouvert mon salon. Ma mère a dit niet. Et j'ai été obligée de continuer jusqu'à l'obtention du BFEM. J'ai dit que maintenant j'allais m'adonner à ma passion. Une fois encore ma mère m'oblige à aller à l'école internationale de coiffure. Mon passage là-bas n'a pas été facile. On nous faisait payer beaucoup alors qu'on n'apprenait rien de solide. Mais cela ne dérangeait pas les autres parce qu'elles n'avaient pas compris alors que ce n'était pas mon cas. Maïmouna Dieng, par la suite, est devenue mon amie. Après l'obtention de mon diplôme, je suis allée à Palma de Mallorca en Espagne pour me perfectionner. Je suis revenue vers la fin de l'année 2000. J'ai ouvert le premier salon de coiffure Salvador à la Médina. Pour cette fois, je n'ai rien volé chez moi. J'ai mis mes propres sous. En 2007, j'ai ouvert un complexe de couture, coiffure et massage Salvador à Sacré-Cœur. Vous savez quand on parle de mode, cela va de la tête aux pieds. C'est pourquoi j'ai acheté des machines pour commencer à fabriquer des chaussures. Ma mère me disait que je n'avais pas à faire ça parce que je ne suis pas cordonnière et que je n'ai aucun parent cordonnier non plus. On a continué ainsi et aujourd'hui, on a cinq boutiques Salvador. Il y en a deux à Guédiawaye, une au niveau de l'aéroport, une sur la VDN et une autre à Liberté 6.
Vous avez créé une fondation et vous comptez organiser une manifestation pour le lancement des activités en octobre. Pourquoi cette fondation ?
J'aime partager. Depuis des années, je fais des dons aux daaras et aux mosquées. J'ai équipé beaucoup de mosquées avec l'aide de Dieu. Maintenant pour optimiser ces actions et les rendre plus effectives, je veux mettre sur pied une fondation. Cela me permettra d'avoir des partenaires et de mieux aider ces gens. Quand j'étais adolescente, un de mes amis qui revenait d'Espagne m'a offert un lot de moquettes. Je ne savais pas trop quoi en faire. J'en ai pris pour la maison et le reste, je l'ai donné à la mosquée de mon quartier. Ce que j'ai senti ce jour-là m'a convaincue que je ne devais pas m'en arrêter là. Il me fallait continuer et faire plus. Donc, le 10 octobre, on va faire le lancement officiel des activités de la fondation "Taxawu askan wi" au théâtre national Daniel Sorano. Et ce sera en prélude à un grand évènement que je compte organiser en 2016. Je devais faire cela en 2015. Mais j'ai remarqué que beaucoup d'évènements organisés cette année par des stylistes au Grand-théâtre sont des flops en matière de mobilisation. Je ne veux pas que la même chose m'arrive.
C'est un défilé que vous comptez organiser en 2016 ?
Non, ce n'est pas un défilé. On veut rompre avec la routine. Des défilés, j'en fais depuis 1998 et c'était au Niany night club. En juin 2016, je vais organiser une grande foire à laquelle vont prendre part des créateurs et artistes chinois. C'est l'idée d'un de mes frères Malick Diagne. Et j'ai trouvé cela pertinent. Pendant 10 jours, sur l'esplanade du Grand-théâtre, on va exposer des produits locaux et des produits venus de Chine. On a choisi la Chine parce que c'est un pays qui a une culture très riche et qui ressemble beaucoup à la nôtre. Aussi, on entretient des relations commerciales avec la Chine. On achète beaucoup de chose là-bas et on y fait entrer beaucoup d'argent. On peut pousser ces relations plus loin en y impliquant la culture. Donc, avec l'Ambassade de Chine, on va faire venir 3 stylistes, 2 chanteurs et un artiste plasticien chinois. A leur arrivée, ils essaieront de faire des modèles sénégalais et nous on fera des modèles chinois. A la fin de l'expo, on organise un plateau pour montrer les différentes créations réalisées. Et il n'y a pas que les couturiers qui vont en profiter. Les artistes aussi auront leur part dans ces échanges. On est en train de voir comment Wally Seck pourrait sortir un single chanté en chinois avec des mélodies chinoises. Et les artistes chinois invités tenteront de chanter en wolof. Ainsi, on veut toucher le plus large public possible. On veut également intégrer le Plan Sénégal Emergent dans ce que nous faisons. Nous sommes des acteurs de développement et il faut que nous soyons impliqués dans le PSE. On veut y être associé. Nous, on est dans le Plan Sénégal Emergent depuis longtemps. C'est notre projet. On essaie de faire émerger ce pays depuis longtemps et en utilisant nos propres moyens.
Vous avez décidé de rentrer en 2000 au moment où beaucoup de coiffeuses rêvaient d'aller s'établir en Europe. Qu'est-ce qui a guidé votre choix ?
Je reconnais qu'à l'époque, cela marchait fort bien là-bas. Mais ce qu'on fait ici est diamétralement opposé à ce qu'on fait en Europe. C'était trop simple. Et aussi les taxes sont chères, les factures, n'en parlons pas. On gagnait beaucoup mais il nous restait très peu après les dépenses.
Votre insertion professionnelle à votre retour n'a pas été difficile ?
Pas du tout. En ce temps-là, les choses allaient bien au Sénégal. C'est maintenant que c'est difficile. On n'avait pas de problèmes de location à cette époque-là. Maintenant, les coûts sont élevés. La loi sur la baisse du loyer nous cause beaucoup de problèmes. Les bailleurs mettent fin aux contrats de leurs locataires quand ils veulent sous prétexte qu'ils souhaitent faire des rénovations. Ils te font sortir de leurs maisons avant de les relouer à des prix beaucoup plus chers. Cette loi ne nous arrange pas. Et il n'y a pas de suivi aussi. Cela pose problème.
Vous ne trouvez pas que le milieu de la mode et de la coiffure est saturé ?
Vous savez, le problème est qu'il y a beaucoup de non-professionnels parmi nous. Il y a des gens qui ont de l'argent ou des femmes dont les maris sont riches qui ouvrent des salons de couture. Ils ne sont intéressés que par le gain. Ils n'ont ni l'amour ni la passion de ce métier. C'est eux qui pourrissent notre travail. A côté de cela, il y a ceux qui ont échoué à l'école. N'ayant plus le choix, ils se tournent vers la couture ou la coiffure. C'est une alternative pour eux et non pas un choix. Ces gens ne connaissent généralement pas les prix des tenues ou n'engagent pas des couturiers professionnels. Les gens qui importent du prêt-à-porter et de la friperie nous causent du tort. L'Association des maîtres tailleurs du Sénégal à laquelle j'appartiens milite contre cela.
Si vous étiez la styliste du Président Sall, que lui confectionnerez-vous ?
Lors d'une émission à la télé, quelqu'un a soutenu que Marième Faye ne savait pas s'habiller. Ça a crée un tollé. Tounkara (ndlr présentateur de l'émission Sénégal ca kanam sur la 2Stv) m'avait dit qu'un site américain s'interrogeait sur le style vestimentaire de Marième Faye. Vous savez, au-delà du couple présidentiel, il y a nos ministres. Dès qu'on nomme quelqu'un ministre, la première chose qu'il fait, c'est de changer sa garde-robe. Ils vont en Europe acheter des costumes et c'est nous qui les retaillons à leurs mesures. Il faut qu'ils nous respectent et portent les habits que nous confectionnons. Alors qu'ils peuvent faire du "consommer local". Je pense que le président Macky Sall peut mettre ses costumes au Sénégal. Mais quand il va à l'étranger, il gagnerait à mettre des boubous cousus par les artisans de son pays. Seuls Obasanjo et Yaya Jammeh faisaient cela. Pourquoi Macky Sall ne ferait pas comme eux ? Le Président Sall pourrait aussi le jour du 4 avril porter un boubou. Cette date symbolise notre indépendance ; on doit montrer dans l'habillement qu'on est indépendant. Les Américains prennent notre "wax" et nos tissus pour en faire des tenues. Donc, je crois que ce que nous détenons est précieux. Mais les couturiers n'ont pas de boutique de référence. Prenons l'exemple du "getzner", on en trouve beaucoup dans le marché ; pourtant c'est deux frères qui les commercialisent au Sénégal. Donc, c'est eux qui décident du prix. C'est grave. Ce n'est pas normal.
Trouvez-vous que les Sénégalais s'habillent bien ?
Oui, je trouve que les Sénégalais s'habillent bien. Dans la sous-région, on copie nos modèles. On est les meilleurs en matière de mode en Afrique de l'Ouest. On lance des collections à chaque évènement mais le piratage fait que cela ne se voit pas ni se sent. Les gens te reprennent et au bout du compte nul ne sait qui a crée cela.
Dakar, 14 mai (APS) – Le concert de l'artiste belge d'origine rwandaise Stromae, mercredi soir au pied du Monument de la Renaissance africaine, à Dakar, n'a pas été aussi "formidable" – pour reprendre le titre d'un de ses succès -, que le laissait présager la grosse campagne de communication qui a précédé et accompagné cette première étape de la première tournée subsaharienne du musicien.
Passées la demie heure de retard accusée au démarrage du spectacle et la coupure de courant d'un quart d'heure notée environ cinq minutes après l'apparition de Stromae, le public a eu droit à une mise en scène de deux heures, pour laquelle le recours à une technologie des plus sophistiquées et qui a fait passer l'aspect intrinsèquement artistique – les très beaux textes du musicien - au deuxième, voire au troisième plan.
C'est la pauvreté de la dimension artistique qui a le plus déçu, l'artiste ne réussissant pas à tenir durablement en haleine les 12 mille spectateurs qui ont fait le déplacement. Les blagues de l'artiste ont à peine fait rire, non pas parce qu'elles manquaient de piquant, mais parce dans le contexte de cette ambiance sénégalaise, les histoires racontées ne collaient pas à un imaginaire local différent.
Les titres "Raciste", "Te Quiero", "Formidable" ou encore "Papaoutai" ont bien été entonnés par des spectateurs, les plus jeunes notamment, mais le spectacle n'a pas été un sommet artistique au point de laisser pour longtemps dans les esprits et les cœurs des émotions que seuls des mélodies et un côté purement humain peuvent procurer.
De l'animation, l'univers du jeu vidéo, des images de synthèse, les fréquents changements de costumes, ont rythmé, du début à la fin, le concert auquel Stromae a essayé de faire adhérer les milliers de spectateurs en lançant "Dakar", "Nangadef waay".
Il fallait bien plus pour faire de ce spectacle une réussite. Il est clair que, du point de vue de son potentiel et de son talent – perceptibles dans un discours bien structuré face aux journalistes -, le jeune homme vaut mieux que ce qu'il a présenté.
Dans son organisation pratique, le concert a créé des frustrations – qui expliquent en grande partie le manque d'adhésion constaté. Les détenteurs de tickets à 5000 FCFA - les autres étaient à 10 mille et 25 mille FCFA -, venus presque tous avec des enfants, dont beaucoup avaient à peine trois ans, ont dû se contenter du grand écran, parce que placés (parqués, ont rouspété certains) à une centaine de mètres de la scène.
Ça se passe comme presque partout, mais le caractère de cette tournée – la première de l'artiste sur la terre de ses ancêtres -, les attentes notées çà et là auraient dû pousser les promoteurs à moins faire valoir l'aspect commercial. Celui-ci, ajouté à une surévaluation des risques sécurité, est venu gâcher la fête pour beaucoup de spectateurs qui se sont littéralement ennuyés.
Chacun est venu y chercher et prendre ce qui lui plaisait, mais il n'est pas sûr que la satisfaction fut le sentiment le mieux partagé. Le spectacle était réglé comme du papier à musique, certes, mais par moments – très souvent en vérité, le public s'est ennuyé. Et ce ne sont les "Dakaaaar !" ou "Nangadef waay !", lancés par Stromae qui l'ont vraiment réchauffé.
Le mystère de "l'inconnu" que Stromae avait "peur" de rencontrer a peut-être été percé. Mais la magie annoncée et attendue n'a pas opéré, étant entendu qu'un spectacle réussi est le résultat d'une alchimie entre celui qui le donne et le public venu l'applaudir.