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27 novembre 2024
Politique
CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA MAGISTRATURE, VERS LE MAINTIEN DE LA MISE SOUS TUTELLE DE L’EXÉCUTIF
Relativement au Conseil supérieur de la magistrature (CSM), le dialogue opte pour la présence du président de la République et du ministre de la Justice, tout en relevant que le point n’a pas été consensuel.
Le dialogue national clôture ses travaux ce mardi 4 2024 au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio. En conclave depuis le 28 Mai, les participants ont commencé la restitution de leurs conclusions.
Relativement au Conseil supérieur de la magistrature (CSM), le dialogue opte pour la présence du président de la République et du ministre de la Justice, tout en relevant que le point n’a pas été consensuel.
Pour rappel, la question tant agitée portant retrait du président de la République et de son Garde du Sceaux, ministre de la Justice du Conseil supérieur de la magistrature a été désapprouvée par l’Union des magistrats sénégalais (UMS).
Pour les magistrats, l'option est de changer de paradigme en érigeant le CSM en un organe autonome, prenant en charge la carrière des magistrats, la garantie de leur indépendance et le respect de la déontologie.
LA COALITION DIOMAYE-PRESIDENT S’INVITE À LA SORBONNE
L'élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidence du Sénégal suscite l'intérêt des universitaires français. À l'Université Sorbonne Paris-Nord, professeurs et étudiants ont analysé ce coup de tonnerre politique survenu dans le pays
L’accession en mode éclair du candidat de la coalition « Diomaye-Président » à la magistrature suprême de notre pays constitue un véritable cas d’école en Afrique et dans le reste du monde. A la Faculté de Droit, Sciences politiques et Sociales de l’Université Sorbonne Paris-Nord, professeurs et étudiants ont brièvement évoqué la dernière élection présidentielle sénégalaise dans leurs diverses discussions.
La coalition « Diomaye-Président » — ou, plutôt, la façon fulgurante dont elle a pris le pouvoir — devient un cas d’école dans le monde des sciences juridiques et politiques. A deux mois d’un scrutin indécis, et alors qu’il croupissait en prison, Bassirou Diomaye Faye est désigné au pied levé candidat à la présidence de la République par une coalition de partis politiques et de mouvements ayant pour locomotive Pastef, une formation dont il est le secrétaire général. Ce, pour remplacer son mentor Ousmane Sonko, lui aussi embastillé et déclaré inéligible. En milieu carcéral, les deux prisonniers politiques Diomaye et Sonko ont formé un « gang » électoral qui a réussi la prouesse de braquer le régime du président sortant Macky Sall et sa toute puissante coalition-Etat — et non pas seulement parti-Etat ! — (Bby). D’où l’action d’éclat jamais réalisée auparavant dans le monde par un prisonnier politique. Car, au soir du 25 mars 2024, Bassirou Diomaye Faye, libéré de prison en pleine campagne électorale, a remporté la présidentielle dès le premier tour avec 54,28% suite à une campagne post-carcérale express.
La leçon politique de Dakar !
Comment un « petit » parti politique — dissous qui plus est ! — a-t-il réussi l’exploit de faire abdiquer un tout puissant parti-Etat, que disons-nous, une coalition-Etat avec tous ses moyens financiers, économiques, humains mais aussi son redoutable appareil de répression policière et judiciaire ? Comment un « Pastef » de rue a-t-il pu pousser le tout puissant Etat « Benno » à céder une partie de sa « souveraineté » politique et juridique jusqu’à faire libérer ses plus redoutables adversaires et bourreaux à quelques jours d’un scrutin crucial ? La volonté populaire s’est-elle substituée à l’intime conviction des juges du Conseil constitutionnel ? Ce sont autant de questions que professeurs et étudiants de la Faculté de Droit, Sciences politiques et Sociales de l’Université Sorbonne Paris-Nord ont brièvement évoquées dans leurs diverses discussions. Et auxquelles ils ont tenté d’apporter des réponses « scientifiques ». Selon Donovan Lakio, étudiant congolais en droit à l’Université Sorbonne Paris Nord, la présidentielle sénégalaise 2024 a suscité de nombreux débats passionnants dans les facultés des sciences politiques et juridiques en France. Et en Afrique. « Et surtout chez la communauté des étudiants africains qui aspirent à une gouvernance plus démocratique et plus responsable. Cela ne pouvait se faire sans une jeunesse consciente et révolutionnaire. Cette leçon qui nous vient de Dakar doit faire des émules dans tous les pays africains comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, le Togo, la Guinée, le Tchad etc. Parce que la transition politique au Sénégal illustre une grande force démocratique grâce à la volonté de son peuple, qui a courageusement protégé les institutions du pays. Un peuple actif qui a interdit toute manœuvre au président de la République Macky Sall et au Conseil constitutionnel. Le patriotisme a été renforcé et ces événements historiques ont été des illustrations pour le Congo-Kinshasa, ainsi que pour toute l’Afrique. Tousles peuples réclament plus que jamais et de la même manière le respect de leurs droits fondamentaux » explique l’étudiant congolais rencontré à l’Université Sorbonne Paris Nord par votre serviteur lors de son récent séjour à Paris.
Ousmane Sonko, le visionnaire…
Pour des étudiants et professeurs en droit de cette université, l’élection du président Bassirou Diomaye Faye à la magistrature suprême est la rançon de la vision d’un leader comme Ousmane Sonko qui a fait preuve de sa générosité politique. « En Afrique, force est de reconnaitre qu’un jeune visionnaire nommé Ousmane Sonko, un homme de bon sens est né ! De par son courage, il a étalé tout son talent politique pour porter son parti Pastef au pouvoir, quitte à sacrifier sa personne. Ce, malgré toutes les manœuvres déloyales de l’Etat incarné par Macky Sall » ajoute Diaby Konan, étudiant ivoirien vivant à Paris.
Les mille et une décisions du Conseil constitutionnel se sont également invitées dans les débats juridiques, nous rapporte-ton. Il est vrai qu’au lendemain de la victoire de la coalition « Diomaye-Président », la plupart des observateurs et politologues se disaient convaincus que l’ultime décision des « Sept sages » du Conseil constitutionnel avait été déterminante pour avoir contraint le président sortant Macky Sall à organiser le scrutin dans les délais. « Non ! Le Conseil constitutionnel du Sénégal ne pouvait pas faire autrement au risque de brûler le pays » estime un professeur en Droit à l’Université Sorbonne joint par « Le Témoin ». Et d’expliquer que l’intime conviction est analysée comme une certitude morale qui devrait être incompatible avec tout doute dans l’esprit. A cet effet, le juge prend en compte l’acte à juger d’abord, mais surtout l’environnement quand il s’agit de politique, sans oublier l’opinion publique et l’ébullition de la communauté électorale dans leur subjectivité etc. Tout cela venant s’ajouter aux suspicions de corruption, à la radicalisation des organisations de la société civile sénégalaise, à la campagne d’alerte des médias, aux pressions de la communauté internationale etc. Face à cette levée de boucliers à l’échelle nationale et internationale, le Conseil constitutionnel ne pouvait pas faire autrement que de céder à la volonté populaire. Comme quoi, la volonté populaire s’est substituée à l’intime conviction des juges. Et quelle que fût la conviction des juges électoraux, la meilleure décision qu’ils pouvaient prendre c’était de sommer le président Macky Sall d’organiser le scrutin dans les délais exigés par la Constitution » estiment nos interlocuteurs.
Pour la petite histoire, le pouvoir législatif qu’est l’Assemblée nationale avait saisi la balle de l’exécutif au rebond pour adopter, sans débat, le projet de loi repoussant l’élection présidentielle au 15 décembre prochain. Un vote qui avait « déchiré » de fait la liste définitive de vingt candidats autorisés à participer à l’élection présidentielle par le Conseil constitutionnel.
Une jeunesse révolutionnaire
Malheureusement ces deux pouvoirs (Exécutif et Législatif) avaient dû oublier que l’ultime mot revient au Judiciaire qui demeurait le dernier rempart de l’Etat de droit. Et surtout quand il s’agissait de contrôler ou se prononcer sur la constitutionnalité des lois, des règlements intérieurs des assemblées, des lois organiques et des engagements internationaux. Mais ici, il était question à l’ère Macky d’un projet de loi voté à l’Assemblée nationale pour reporter l’élection présidentielle. Au finish, les « Sept » sages du Conseil constitutionnel avaient annulé le report du scrutin du 24 février décrété in extremis par le président Macky Sall. En annulant l’abrogation du décret portant convocation du corps électoral et la loi « parlementaire » repoussant l’élection présidentiel à l’époque, le pouvoir judiciaire avait arrêté et « menotté » les deux pouvoirs (Exécutif et Législatif) pour montrer sa suprématie. Mais c’était compter sans la volonté populaire incarnée par une jeunesse sénégalaise révolutionnaire et prête à tout pour protéger le « Projet ». Et le porter au pouvoir…
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LE PACTE NE DOIT PAS TOMBER À L’EAU
Faire vivre le Pacte, c'est donner corps à ce nouveau contrat social ardemment désiré et démocratiquement défini, selon Penda Mbow. "De nombreux décideurs actuels étaient aux assises. Comment peuvent-ils aujourd'hui s'en détourner", s'interroge-t-elle ?
Après les Assises nationales et le travail de la Commission nationale de réforme des institutions, le Pacte de bonne gouvernance démocratique est né. Signé par la majorité (13) des candidats à la dernière présidentielle, dont l'actuel chef de l'État Bassirou Diomaye Faye, ce document synthèse porte les germes d'un profond renouveau démocratique au Sénégal. Son application est un impératif pour Penda Mbow.
Trop souvent, le pouvoir est perçu comme une prérogative personnelle plutôt qu'un mandat au service des citoyens. Penda Mbow voit dans le Pacte un moyen de redonner tout son sens à la fonction présidentielle. "On a besoin d'institutions fortes, pas d'hommes forts", martèle-t-elle, reprenant les mots d'Obama. En remettant le pouvoir dans un cadre institutionnel renforcé, le Pacte limiterait les dérives autocratiques.
Au-delà du seul exercice du pouvoir, le respect du Pacte permet selon Mbow une véritable "implantation de la démocratie" au Sénégal. En tant que référentiel pour les acteurs politiques, économiques et sociaux, le texte insufflerait une nouvelle culture civique vertueuse. Pour la première fois, des normes claires de bonne gouvernance républicaine seraient posées.
De nombreux décideurs actuels étaient présents lors des assises à l'origine du Pacte. Penda Mbow s'interroge : comment peuvent-ils aujourd'hui s'en détourner ? Appliquer ses préceptes serait la garantie d'une action politique cohérente et légitime, dans la lignée d'un processus démocratique vaste et inclusif. Faire fi du Pacte reviendrait à trahir la parole citoyenne.
Les conclusions des assises nationales, la réforme des institutions, le Pacte : tout ce chantier participatif inédit a engagé le Sénégal sur la voie d'une véritable « révolution » sociétale selon Mbow. Faire vivre le Pacte, c'est donner corps à ce nouveau contrat social ardemment désiré et démocratiquement défini. Une obligation morale pour les autorités.
Face au risque de voir cette opportunité historique délabrée, Penda Mbow appelle la société civile et les mouvements citoyens à poursuivre leur mobilisation. Dans les quartiers, les femmes, les jeunes : chacun doit s'approprier le Pacte et en faire la rampe de lancement d'uneère nouvelle de changement et de progrès partagés.
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LE FRANC CFA EN DÉBAT AU PARLEMENT FRANÇAIS
Cette monnaie cristallise les tensions entre héritage colonial, avantages économiques et désir de souveraineté. La commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale a récemment ausculté ce serpent de mer monétaire aux réalités complexes
La commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale a réuni, le 29 mai dernier, des experts et débattu sans concession du dossier très épineux de la souveraineté monétaire en Afrique et du devenir du franc CFA. Si les interventions ont permis de bien cerner les enjeux, forces et faiblesses de ce système hérité de la colonisation, elles ont aussi et surtout mis en lumière sa grande complexité et l'absence de solution miracle.
D'un côté, le franc CFA apporte une stabilité monétaire et des prix appréciés, facilite l'intégration régionale et mutualise les réserves de change. Mais de l’autre, il prive les États de leur pleine souveraineté, son arrimage à l’euro apparaît de plus en plus inadapté, et son symbole colonial reste une pièce ouverte.
La nouvelle marginalisation du rôle de la France n'a pas suffi à éteindre les critiques, bien ancrées dans un rejet plus large de la tutelle européenne persistante. L'alternative d'une monnaie régionale autonome comme l'Eco se heurte à d'immenses défis techniques et politiques.
"On ne peut que constater l'extrême difficulté de ce dossier monétaire, miné par les spectres de la domination économique et de la souveraineté bafouée, sans parler des complications économiques objectives", résume un intervenant.
Faut-il tout remettre à plat ? Conserver les avantages acquis en réformant en profondeur ? La table ronde a surtout fait émerger la nécessité d'arbitrages douloureux, sans issue claire pour l'instant. Une chose est sûre : le statu quo actuel, aussi complexe soit-il, ne pourra pas durer éternellement.
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LE RÉQUISITOIRE ANTICOLONIAL DE FOKA
"Critiquer la France ne fait pas de nous des anti-Français !" L'ancien journaliste de RFI répond aux accusations d'Anne Sophie Ave, ambassadrice pour la diplomatie publique de la France en Afrique devant la commission d’enquête du Sénat français
Dans une vidéo à la fois incisive et passionnée, le journaliste Alain Foka dresse un réquisitoire implacable contre la politique française en Afrique, qu'il accuse de perpétuer un « néo-colonialisme » indigne du 21ème siècle.
S'attaquant aux propositions tenues par Anne-Sophie Avé, ambassadrice française pour la diplomatie publique, qui a déclaré ce qu'elle qualifie de "propagande anti-française" de certains médias, Foka réfute catégoriquement cette accusation. Selon lui, critiquer l'ingérence de Paris et remettre en cause son influence ne fait pas des Africains des "anti-Français", mais des citoyens libres et conscients du lourd tribut payé par le continent à la traite négrière et à la colonisation.
"Critiquer une action, une mauvaise politique, une décision négative ne fait pas de l'auteur un anti-français", martèle le journaliste, ancienne figure emblématique de RFI. Il dénonce avec vigueur la propension des autorités françaises à vouloir imposer leurs vues, leur modèle, et même parfois leurs chefs d'États fantoches aux pays africains.
Au cœur de sa diatribe se trouve le rejet grandissant, notamment par la jeunesse africaine ultra-connectée, du système de la « Francafrique » - ce modèle d'influence économique, militaire et politique d'énoncé comme une forme moderne de colonialisme. Foka pointe du doigt la survie du Franc CFA, les interventions répétées dans les affaires intérieures, ou encore le maintien de bases militaires vues comme des "forces d'occupation".
"La jeunesse africaine n'a plus envie d'être dans tel ou tel camp, d'être obligée de servir la cause de telle ou telle puissance qui ne la concerne pas", lance-t-il, appelant à l'avènement d 'un partenariat enfin respectueux de la souveraineté africaine.
Dénonçant la "propagande" française, le journaliste exhorte Paris à reconnaître ses erreurs et à tourner la page d'un passé douloureux. Seul un dialogue réel d'égal à égal, sans conditionnalités ni ingérences, permettra selon lui de reconstruire une relation apaisée.
WADE, UN LEADERSHIP EN QUESTION
Doudou Wade, ancien patron des parlementaires libéraux, réclame le départ de l'ex-président de la tête du PDS. Il met en doute les capacités physiques et l'authenticité des documents émanant du vieux leader de 98 ans
Il faut songer à décharger le secrétaire général du Pds de ses fonctions. L’appel est de l’ancien président du groupe parlementaire libéral. Doudou Wade, qui constate les limites physiques de son leader, s’interroge aussi sur l’authenticité des documents qu’il reçoit de la part du Pds
Doudou Wade évoque la situation interne du Parti démocratique sénégalais (Pds). Il estime Hier, lors de l’émission «Le Grand jury», il a estimé que Abdoulaye Wade ne peut plus diriger leur formation politique, et il faut changer de leadership.
«Abdoulaye Wade a fêté ses 98 ans. Les démocrates sénégalais sont inquiets de la posture prise par le Pds. Depuis deux ans, notre parti s’interroge sur l’authenticité des signatures des documents qu’on reçoit», a-t-il dit. Mieux, Doudou Wade estime qu’il est temps de décharger son leader, Me Abdoulaye Wade, d’autant plus qu’il n’a plus toutes les capacités pour faire ce qu’il faisait avant.
Revenant sur les chamboulements connus récemment par le Pds et la «démission» de Woré Sarr de la tête de la Fédération nationale des femmes, Doudou Wade révèle qu’elle a été poussée «vers la sortie». «Maintenant, on n’appelle plus les gens pour venir voter, on prend une note, on se réfère à des articles qui ne conviennent pas et on assure une nomination à quelqu’un pour une fonction élective», a-t-il critiqué, ajoutant que Woré Sarr a tout donné pour le Pds. «Je l’ai eue au téléphone et elle est profondément atteinte», soutient-il.
Toutefois, il a évité de pointer du doigt Karim Wade, précisant que ces bouleversements internes ne sont pas l’œuvre de Abdoulaye Wade : «Ce n’est pas lui, du point de vue scientifique ; ce n’est pas lui en tant que juriste ; ce n’est pas lui en tant que politique», précise Doudou Wade.
«La politique militaire est du domaine du chef de l’État»
Premier ministre, avec sa casquette de chef du parti Pastef, Ousmane Sonko mène actuellement une diplomatie parallèle, qui pourrait nuire aux intérêts du Sénégal. La rencontre à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, durant la visite de Jean-Luc Mélenchon, fondateur du parti La France insoumise, le 16 mai dernier, n’a pas échappé à cette dynamique. Ce qui devait être initialement une réflexion scientifique sur la montée en puissance du parti Pastef, devenu un modèle de parti politique en Afrique de l’Ouest et au-delà, s’est rapidement transformé en débat sur les relations entre le Sénégal et la France, ainsi que sur la question de l’homosexualité. Et hier, lors de l’émission «Le Grand Jury» de la Rfm, Doudou Wade, ancien président du Groupe parlementaire du Parti démocratique sénégalais (Pds), a mis en garde le Premier ministre et président du parti Pastef, Ousmane Sonko. Pour Doudou Wade, Ousmane Sonko n’est pas investi pour parler de la politique étrangère du Sénégal. «Le chef du parti Pastef n’est pas investi pour parler de notre politique étrangère. La politique étrangère comme la politique militaire sont du domaine du chef de l’Etat, et non du Premier ministre. La seule précaution que le chef de l’Etat peut prendre, c’est qu’en cas de déclaration de guerre, il doit se référer à l’Assemblée nationale», a expliqué Doudou Wade. Il ajoute que les ambassadeurs sont accrédités auprès du chef de l’Etat, et que ce dernier accrédite les ambassadeurs auprès d’autres chefs d’Etat, conformément à une règle internationale. «C’est une règle internationale. Aller dans le sens contraire, c’est être dans l’anormalité», a-t-il souligné.
Analysant la gestion de l’Etat par le duo Diomaye-Sonko, Doudou Wade a exprimé des réserves. «Nous sommes dans des choses que l’on n’a pas l’habitude de voir, et quand nous arrivons à une confusion des rôles au niveau du sommet de l’Etat, cela peut déboucher sur un désastre», souligne-t-il. A en croire Doudou Wade, les Sénégalais ont élu Bassirou Diomaye Faye de manière claire, et il appartient à Ousmane Sonko de «s’adapter à cette nouvelle hiérarchie», en acceptant d’être sous les ordres du président de la République, qui définit la politique de la Nation. En cas de désaccord entre les deux personnalités, Doudou Wade estime que le président de la République n’a qu’une solution : «Il doit entrer dans son bureau, prendre un décret et démettre le Premier ministre.»
LE FRANC CFA, UN BOULET POUR L'AFRIQUE SELON DUPONT-AIGNAN
La position de la France se dégrade dangereusement en Afrique à cause du franc CFA. C'est l'avertissement lancé par le député, qui voit dans cette monnaie le symbole d'une tutelle postcoloniale désormais rejetée par les peuples africains
Lors d'une table ronde à l'Assemblée nationale sur la souveraineté monétaire en Afrique le 29 mai, le député Nicolas Dupont-Aignan a appelé à une refonte complète du système monétaire entre la France et ses anciennes colonies, jugeant que le franc CFA est désormais vu comme "le maintien d'un lien ancien" dont il faut se défaire.
S'exprimant devant la Commission des Affaires étrangères, le président de Debout la France a estimé que "la dégradation de la position de la France en Afrique est catastrophique" en raison notamment du franc CFA. "Si nous continuons comme cela, nous aurons un sérieux problème", a-t-il mis en garde.
"Il n'y a pas de souveraineté nationale sans souveraineté monétaire", a asséné M. Dupont-Aignan, ajoutant: "Moi je comprends totalement la volonté des peuples africains de retrouver leur liberté monétaire qui est indissociable de la construction de leur avenir."
Dénonçant "un contre-sens total que la France s'arqueboute sur cette zone franc CFA", il a jugé que Paris "en devient le bouc émissaire et nous sommes en train de nous fâcher avec toute l'Afrique à cause de cela."
Sur le plan économique, le député souverainiste a plaidé pour que les pays africains puissent ajuster leur taux de change, actuellement arrimé à l'euro au sein de la zone franc. "Quand on a une monnaie trop chère, on ne peut pas se développer", a-t-il tranché, citant l'exemple du Sénégal qui "importe tout".
"C'est quand même incroyable de voir que tous les pays ont utilisé la dévaluation pour se développer et qu'on le nie à ces pays", a-t-il poursuivi, appelant à s'inspirer des stratégies monétaires menées par Singapour, l'Asie et les États-Unis.
M. Dupont-Aignan a donc plaidé pour "un retour à des monnaies nationales dans les pays qui le peuvent, Sénégal, Côte d'Ivoire, etc." Reconnaissant les défis pour les États les plus fragiles, il a souligné que "la difficulté est énorme" mais qu'une "vraie formation à la gestion d'une monnaie nationale" permettra d'y arriver.
Cette prise de position intervient sur fond de critiques grandissantes en Afrique sur le franc CFA, vu comme un symbole du néo-colonialisme français. Plusieurs pays ont déjà engagé une réforme, mais M. Dupont-Aignan appelle à aller plus loin pour rompre définitivement avec "le maintien d'un lien ancien".
PDS, MAME DIARRA FAM ANNONCE D’AUTRES DÉPARTS
La députée libérale dénonce le manque d’empathie de ses camarades. "Ils viennent de nous poignarder dans le dos alors que nous devrions aller en assemblée générale par vote»"
La fédération des femmes du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) à une nouvelle présidente.
Il s’agit de Fatou SOW nommée par le président Abdoulaye WADE le 31 mai.
De suite l’ancienne patronne, Woré Sarr, est montée au créneau pour annoncer sa démission. Selon la députée, c’est une façon de la pousser à la sortie car la nommer présidente d’honneur reviendrait à lui demander de quitter le parti.
Elle a eu le soutien de sa collègue Mame Diarra FAM qui, elle aussi estime que cette nomination est une trahison car un congrès devait se tenir pour renouveler les instances de la fédération.
Cependant, ils ont préféré faire les choses à leur manière. Elle dénonce ainsi le manque d’empathie de ses camarades «après nous avoir fait voter la loi portant report des élections qui nous a exposées et mise en mal avec les Sénégalais, ils viennent de nous poignarder dans le dos alors que nous devrions aller en assemblée générale par vote».
«Ils savent que nous avons la majorité pour élire le bureau national des femmes. Cette décision n’engage que son auteur. Ils ont humilié Woré SARR et toutes les femmes du parti », assène-t-elle.
Par ailleurs, Mame Diarra FAM annonce «d’autres démissions qui vont suivre car, les femmes sont décidées à prendre leur courage à deux mains».
L'ENFER DES PÈLERINS D'AIR SÉNÉGAL
Alors que de nombreux pèlerins attendaient déjà un vol retardé, la compagnie nationale a de nouveau déçu en annulant un vol prévu ce weekend. Depuis, près de 300 personnes sont bloquées à l'aéroport, sans informations fiables
Décidément, Air Sénégal est en train de devenir un fleuron à problèmes. Alors que sa responsabilité est engagée dans le retard d’un jour du vol A 1B devant transporter 290 pèlerins, la compagnie nationale a récidivé. En effet, les passagers du vol HC7023 de Air Sénégal dont le départ était prévu le samedi 1er juin à 06 40 à l’Aéroportinternational Blaise Diagne (Aibd) sont toujours cloués à Dakar.
Convoqués le vendredi 31 mai à 23 heures, les pèlerins ont déjà fait les enregistrements. Sauf qu’à l’heure de l’embarquement, Air Sénégal leur a dit qu’il n’y a pas de vol. Ils sont restés désemparés à l’aéroport. Non seulement, ils n’ont pas pu voyager à l’heure indiquée mais Air Sénégal les a fait attendre toute la journée au sein de l’aéroport, sans aucune information. C’est finalement vers 17 heures qu’Air Sénégal les a acheminés dans trois hôtels différents à Dakar notamment à Pullman, Novotel et Onomo. Jusqu’à hier, dans la soirée, les pèlerins étaient dans ces hôtels à attendre leur vol alors qu’ils ont payé leurs billets d’avion et fait leurs réservations d’hôtel à Médine.
Parmi les pèlerins de vol toujours cloués à Dakar à cause de Air Sénégal, il y en a qui sont pris en compte par les voyagistes privés. Le voyagiste privé Unacois Yoonu Maka dont au moins 98 pèlerins sont concernés attendent dans des hôtels de Dakar alors que l’Agence a payé les billets et rempli toutes les formalités du pèlerinage à La Mecque.
Il faut rappeler que ce vol annulé ce samedi faute d’avion est différent de celui du jeudi qui devait transporter 290 pèlerins. Finalement, après un retard d’un jour, ils ont pu trouver un vol dans la journée du samedi. Cheikh Bamba Dièye, directeur général de Aibd : «nous reconnaissons le tort qu’Air Sénégal vous a causé».
Malgré la polémique, il faut noter qu’Air Sénégal n’a fait aucune communication pour s’expliquer. Mais dans une vidéo disponible sur les réseaux sociaux, le Directeur général de l’AIBD s’est expliqué devant des pèlerins sur la situation. Sans donner les raisons de ces retards de vol enregistrés, Cheikh Bamba Dièye s’est contenté de reconnaître le désagrément causé par la compagnie nationale aux pèlerins. «Nous reconnaissons le tort et le désagrément qu’Air Sénégal vous a causé. Nous reconnaissons et assumons nos responsabilités dans ce retard. Nous allons prendre toutes nos responsabilités pour vous chercher un avion. Nous n’allons pas vous donner de fausses informations», a reconnu le Directeur de l’Aibd S.A non sans ajouter : «Il n’y a pas de solution possible. On ne peut pas vous mettre sur d’autres vols, c’est pourquoi on vous prie d’attendre, ne serait-ce qu’un jour, le temps de nous permettre de nous organiser et de vous convoyer.»
LA PREMIÈRE INFRASTRUCTURE À BÂTIR, C'EST LE NOUVEAU SÉNÉGALAIS
Grande figure de la poésie sénégalaise, Amadou Lamine Sall ne mâche pas ses mots lorsqu'il s'agit de l'avenir du pays. Invité de À contre-courant, il appelle à rebâtir les fondations mêmes de la société sénégalaise avant tout projet économique
Pour Amadou Lamine Sall, le nouveau projet du Sénégal, ce n'est pas de bâtir des usines et des industries. Le poète qui était l'invité de À contre-courant sur l'As tv pense que la première infrastructure du ''Projet'' devrait être de bâtir un nouveau Sénégalais.
Pour Amadou Lamine Sall, l'œuvre de Senghor est une œuvre de paix. Pour le poète, l'œuvre de son maître est une œuvre de symbiose et de synthèse qui réconcilie et non qui divise. Elle apporte une réponse aux folies de notre temps. Mais force est de dire aussi que par la puissance de son verbe, Amadou Lamine Sall «apporte une réponse aux folies de notre temps». Brillant comme il l'a toujours été en tant que poète, le lauréat des Grands prix de l'académie française a livré «sa part d'homme» par rapport aux mutations du Sénégal. «Il nous faut des ruptures, parce que les ruptures sont des dynamiques de transformation de nos sociétés», soutient-il. Toutefois, le fondateur de la Maison africaine de la poésie internationale note que le nouveau projet du Sénégal, ce n'est pas de bâtir des usines, des industries, de construire des bateaux ou des avions. La première infrastructure à bâtir, d'après lui, c'est le nouveau Sénégalais. «Et cette première infrastructure dont nous avons besoin, pour la bâtir, il ne faudra pas 5 ans. Il faudra 10, 20, 30 ans», avertit Amadou Lamine Sall non insister toutefois que c'est la première infrastructure avant l'AIBD et avant Diamniadio. Dans le même ordre d'idées, le poète héritier de Senghor trouve qu'il faudra dire la vérité au peuple sénégalais. «Il faudra du temps au Président Diomaye. Il est vrai que les promesses ont été grandioses mais il faut dire la vérité. Nous devons développer ce pays et nous ne pouvons pas développer ce pays en 5 ans ou en 10 ans», renseigne l'auteur du livre Le Prophète ou le cœur aux mains de pain.
« Cette jeunesse d'aujourd'hui, il faut l'affronter car elle est l'avenir de ce pays »
Poursuivant ses «vers» pour un Sénégal prospère, Amadou Lamine Sall a interpellé la jeunesse sénégalaise. «La jeunesse d'aujourd'hui, on a besoin de lui parler, de lui parler. On a même besoin d'aller plus loin. Cette jeunesse d'aujourd'hui, il faut l'affronter». À l'en croire, en effet, il faut l'affronter parce qu'elle est l'avenir du pays. Il souligne dans la foulée qu'elle doit apprendre à mieux connaître ceux qui ont donné à ce pays son indépendance. «Il faut que la jeunesse d'aujourd'hui apprenne à connaître qui est Cheikh Anta Diop», renchérit-il.
« La ville est cruelle »
Néanmoins, le poète refuse d'accepter que leur génération a péché sur la transmission. «Nous avons fait ce qu'il fallait faire. Et je ne suis pas de ceux qui pensent que notre génération a échoué dans la transmission. Nous n'avons pas échoué dans la transmission , expliquet-il. Selon lui, l'une des causes de l'effritement des valeurs est la forte démographie. «Nous sommes près de 18 millions. Moi quand je naissais, on était à peine 6 millions d'habitants. C'est-à-dire, la civilisation dans les villes a pratiquement tué toutes nos valeurs. La ville est cruelle», se désole-t-il non sans faire savoir que le relâchement familial et l'effritement du système éducatif sont aussi des facteurs de délitement de la société.
« Diomaye, c'est le saint, Sonko le héros »
Jetant un regard en outre sur le tandem Diomaye-Sonko à la tête du pouvoir, Amadou Lamine Sall affirme : «Senghor avait dit que pour être Président au Sénégal, il faut être un saint ou un héros. Et je me suis amusé à faire la comparaison. J'ai dit que le président Diomaye, au regard de ce qu'il est, de la manière dont il est apparu, nous avons un garçon merveilleux, tranquille, apaisé, poli et qui écoute. C'est véritablement un saint, et avec sa barbiche et sa moustache, c'est presque un marabout. Et puis il y a Sonko ; lui, c'est le rebelle, lui, c'est l'orage et l'ouragan. Et c'est lui le héros». Le Sénégal peut s'enorgueillir, d'après lui, d'avoir à la fois un héros et un saint à la tête de l'Etat. Par ailleurs, le poète Amadou Lamine Sall a estimé que le meilleur ambassadeur du Sénégal, c'est la culture. «Aujourd'hui et dans 50 ans, notre meilleur ambassadeur sera toujours la culture. Son rayonnement intérieur, ce n'est ni le gaz, ni l'économie, ni le pétrole, c'est la culture», déclare-t-il avec véhémence avant d'ajouter : «La culture, ce sont les valeurs fondamentales d'une société. Et ce sont ces valeurs-là que nous avons perdues». Il note aussi que le Président poète reste le visa du Sénégal.