SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 novembre 2024
Politique
LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 05 JUIN 2024
Le président Bassirou Diomaye Faye a demandé l’évaluation du système éducatif dont les programmes sont en inadéquation avec les réalités nationales, les enjeux du numérique et les besoins de l’économie nationale.
Le Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a présidé, ce mercredi 05 juin 2024, la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Chef de l’Etat est revenu sur la journée nationale d’investissement humain sur toute l’étendue du territoire national autour du nouveau concept inclusif « Setal Sunu Réew ».
Le Président de la République a félicité le Gouvernement, le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, les populations, les élèves, les jeunes, les femmes, les autorités administratives, les élus et la communauté des acteurs du cadre de vie pour la mobilisation exceptionnelle et l’engagement remarquable notés partout lors de cette journée.
Il a demandé au Gouvernement et aux différentes parties prenantes de veiller à relever le défi de la pérennisation de la journée nationale de mobilisation citoyenne mensuelle qui doit occuper une place primordiale dans l’agenda institutionnel et social du Sénégal.
Le Chef de l’Etat a également saisi l’occasion pour magnifier la contribution des Sénégalaises et des Sénégalais, l’esprit de solidarité et l’engagement citoyen qui se sont manifestés lors de la journée nationale de lancement de « Setal Sunu Réew ». Il a insisté sur la nécessité de vivifier cet esprit de communion qui participe à la consolidation de la Nation.
Abordant la question de l’éducation nationale, le Président de la République a relevé que le PROJET de transformation systémique du Sénégal passe par le renouveau et le repositionnement stratégique de l’Ecole dans les valeurs et ambitions de notre société.
Le Chef de l’Etat a demandé l’évaluation du système éducatif dont les programmes sont en inadéquation avec les réalités nationales, les enjeux du numérique et les besoins de l’économie nationale. A cela s’ajoutent le phénomène de la déperdition scolaire, le manque d’infrastructures et le déficit d’enseignants face à des effectifs d’élèves sans cesse croissants.
Le Président de la République a appelé au renforcement du rôle et de la place de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Education et de la Formation (FASTEF), de l’UFR des Sciences de l’Education, de la Formation et du Sport (UFR SEFS) ainsi que des écoles nationales de formation d’instituteurs, en vue de l’amélioration continue de la qualité des enseignements.
Le Chef de l’Etat a aussi souligné l’urgence d’évaluer et de restructurer selon les orientations du PROJET, le Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Equité et de la Transparence dans le secteur de l’Education et de la Formation (PAQUET), au regard de la nécessaire prise en compte des langues nationales, de la généralisation de l’enseignement de l’anglais dès l’élémentaire et de l’intégration continue et pragmatique des «Daaras» dans le système éducatif.
Dans la même lancée, le Chef de l’Etat a demandé au Premier Ministre d’accorder une attention particulière:
au développement systémique du Numérique à l’école avec l’impératif d’accentuer la digitalisation intégrale du système éducatif;
à la planification, sur les cinq (5) prochaines années, des recrutements d’enseignants dans toutes les matières face aux besoins exprimés et aux postes budgétaires arbitrés;
à l’éradication des « abris provisoires » et à la mise en œuvre avec les Ministres concernés (Education nationale, Formation professionnelle, Urbanisme et Collectivités territoriales, Finances et Budget) d’un programme concerté de réalisation d’infrastructures scolaires adaptées et d’amélioration de l’environnement pédagogique dans toutes les Académies du pays.
Le Président de la République a également demandé au Premier Ministre d’engager une réflexion sur le financement durable et soutenable du système éducatif avec l’implication des Ministres concernés et de toute la communauté éducative.
Le Chef de l’Etat a aussi insisté sur l’urgence de réguler l’implantation, l’ouverture et le contrôle du fonctionnement des établissements scolaires privés qui exercent, sur autorisation de l’Etat, une mission de service public. Il a indiqué dans le même sens que les tarifications de la scolarité dans les établissements scolaires privés méritent une réglementation rigoureuse.
Par ailleurs, le Président de la République a invité le Ministre de l’Education nationale à veiller à la bonne organisation du Concours général.
Evoquant la mise en œuvre de la nouvelle politique sportive du Sénégal, le Chef de l’Etat a rappelé le rôle central que la jeunesse, frange importante de la population, doit jouer pour asseoir le développement du sport au Sénégal dans l’esprit d’une citoyenneté assumée.
Il a, dès lors, demandé au Gouvernement de prendre les mesures visant à renforcer la pratique du sport dans toutes les écoles et universités du Sénégal et à relancer les compétitions sportives scolaires et universitaires sur l’ensemble du territoire national.
Dans la même foulée, le Président de la République a indiqué la nécessité de redéfinir le cadre juridique global du Sport au Sénégal. A ce titre, il a invité le Ministre en charge des Sports à évaluer, quarante ans après son entrée en vigueur, la loi n° 84-59 du 23 mars 1984 portant Charte du Sport et à préparer un projet de loi consensuel codifiant le Sport national dans toutes ses dimensions : scolaire, universitaire, haute compétition, amateur, formation, encadrement et financement.
Le Président de la République a demandé au Premier Ministre de mettre en œuvre un cadre innovant et maitrisé de financement des disciplines sportives et des hautes compétitions nationales et internationales.
Par ailleurs, le Chef de l’Etat a demandé au Ministre en charge des Sports de proposer, avant fin juillet 2024, sous la supervision du Premier Ministre, une nouvelle politique efficace et efficiente de construction, de réhabilitation, d’entretien et de gestion de toutes les infrastructures sportives du Sénégal.
Le Président de la République a, en outre, invité le Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, à rénover le système de fonctionnement et de coordination des activités de Vacances (les « NAVETANES »), en cohérence avec la politique de promotion d’une citoyenneté active et constructive.
Il a aussi demandé au Ministre en charge des Sports de prendre les dispositions appropriées en rapport avec le Comité national Olympique et Sportif sénégalais (CNOSS), pour la bonne préparation de la participation du Sénégal aux Jeux Olympiques « Paris 2024 ».
Enfin, le Président de la République a demandé au Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture de rendre compte régulièrement du suivi de l’organisation au Sénégal, des Jeux Olympiques de la Jeunesse « Dakar 2026 ».
Dans sa communication au Conseil, le Premier Ministre a relevé la bonne dynamique impulsée par la journée nationale du « Setal Sunu Réew » en termes de mobilisation citoyenne, en rappelant la priorité à accorder au renouveau du service civique.
À cet égard, il compte, en relation avec le Gouvernement, mettre à profit les prochaines vacances scolaires pour ancrer cette dynamique, par la mobilisation de volontaires notamment dans la réhabilitation des écoles publiques, le reboisement et l’assainissement.
Le Premier Ministre a, ensuite, mis l’accent sur un ensemble d’initiatives à mettre en œuvre pour intégrer les bonnes pratiques en matière d’hygiène et de propreté dans les politiques des départements ministériels, afin de conférer au Sénégal le label d’un pays propre.
Dans ce cadre, il a souligné la nécessité d’ancrer cette exigence notamment dans les hôpitaux, centres et postes de santé ainsi que dans les secteurs de l’éducation, du tourisme, de l’industrie, du commerce, de la restauration, du transport public et du secteur aéroportuaire.
Le Premier Ministre a, par ailleurs, attiré l’attention des ministres concernés sur la vigilance à observer pour éviter toute rupture d’approvisionnement en médicaments essentiels.
Il a aussi appelé à prendre toutes les dispositions nécessaires pour régulariser la situation des élèves en classe d’examens ne disposant pas de papiers d’état civil.
Le Premier Ministre a également évoqué la nécessité de résoudre la problématique de l’accès au logement dans les campus universitaires, au regard du nombre important d’étudiants recourant à la location auprès de privés.
Il a aussi relevé la priorité à accorder aux actions de réduction de la facture d’électricité des administrations publiques.
Le Premier Ministre a ensuite fait part des préparatifs de sa Déclaration de Politiquegénérale devant l’Assemblée nationale prévue au cours des prochaines semaines.
Il a, enfin, rendu compte de l’état d’avancement des travaux de la Commission ad hoc chargée du Contrôle et de la vérification des titres et occupations sur les anciennes et nouvelles dépendances du Domaine public maritime (DPM) dans la région de Dakar, dont le rapport sera remis au Président de la République dans les délais impartis.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES :
• Le Ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens a fait une communication sur les perturbations notées dans le convoyage, par la compagnie nationale, des pèlerins aux Lieux saints de l’Islam;
Le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement a fait une communication sur la journée nationale « Setal Sunu Réew » tenue le 1er juin 2024 ;
Le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat a fait le bilan de la saison touristique 2023-2024 et des perspectives de relance du secteur du tourisme.
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Matar SENE, titulaire d’un Master 2 en Gestion des Ressources humaines, est nommé Délégué général à la Protection sociale et à la Solidarité nationale en remplacement de Madame Aminata SOW;
Madame Amsatou Sow SIDIBE, professeure agrégée des Facultés de droit de classe exceptionnelle, est nommée Président du Comité sénégalais des Droits de l’homme, en remplacement de Maître Papa SENE;
Monsieur Papa Toby GAYE, ingénieur électronicien, précédemment Secrétaire général de la Société nationale d’électricité (SENELEC SA), est nommé Directeur général de la Société nationale d’électricité (SENELEC SA), en remplacement de
Monsieur Papa Mademba BITEYE;
Monsieur Alioune GUEYE, expert-comptable, est nommé Directeur général de la Société des Pétroles du Sénégal (PETROSEN Holding SA), en remplacement de Monsieur Adama DIALLO;
Monsieur Mouhamadou DIOP, ingénieur polytechnicien des ponts et chaussées, est nommé Directeur général de la Société des Pétroles du Sénégal (PETROSEN Trading and Services SA), en remplacement de Monsieur El hadj Manar SALL;
Monsieur Jean Michel SENE, ingénieur électronicien et énergéticien spécialisé en instrumentation nucléaire est nommé Directeur général de l’Agence sénégalaise d’Electrification rurale (ASER), en remplacement de Monsieur Baba DIALLO;
Madame Mame Coumba NDIAYE, ingénieur statisticienne et économiste de l’énergie, est nommée Directeur général de l’Agence pour l’Economie et la Maitrise d’Energie (AEME), en remplacement de Monsieur Saër DIOP ;
Monsieur Mor BAKHOUM, maître de conférence assimilé en droit de la concurrence, est nommé Secrétaire technique du Conseil national de Suivi du Contenu Local au Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines;
Monsieur Amadou GUEYE, ingénieur automobile, est nommé Directeur général de l’Agence de Promotion des sites industriels (APROSI), en remplacement de Monsieur Momath BA;
Madame Aïssatou DIALLO, ingénieur agro-industrielle, est nommée Coordonnateur du Programme national de Développement des Agropoles du Sénégal, en remplacement de Monsieur Djily LO;
Monsieur Justin CORREA, titulaire d’un Master 2 en Comptabilité et Finances, est nommé Directeur du Centre international du Commerce extérieur du Sénégal (CICES), en remplacement de Monsieur Salihou KEITA;
Madame Rougui Aladji SOW, titulaire d’un Master en Audit et Contrôle de gestion, est nommé Coordonnateur national du Programme de Modernisation et de Gestion des Marchés (PROMOGEM), en remplacement de Madame Yaye Fatou DIAGNE;
Monsieur Sambou BIAGUI, titulaire d’un Diplôme d’Etudes supérieures spécialisées en Communication évènementielle et Planification stratégique, est nommé Directeur général de la Maison de la presse « Babacar TOURE », en remplacement de Monsieur Bara NDIAYE;
Madame Ndeye Fatou NDIAYE, ingénieur en Electronique et en Systèmes de Communication, est nommée Coordonnateur de l’Unité de Coordination et de Gestion du Fonds de Développement du Service universel des Télécommunications (FDSUI), en remplacement de Monsieur Modou Mamoune NGOM;
Monsieur Aliou FALL, titulaire d’un Diplôme d’Etudes Approfondies en lettres modernes, est nommé Directeur de l’Alphabétisation et des Langues nationales, en remplacement de Madame Ndèye Name DIOUF;
Monsieur Abdoulaye NDIAYE, Docteur en droit, juriste-conseil, spécialisé en passation des marchés, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines ;
Monsieur Aboubakry BOCOUM, Inspecteur du Trésor, est nommé Directeur de, l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture;
Monsieur Al Hassane DIOP, Economiste, spécialiste en Gestion des Entreprises et de projets, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, en remplacement de Monsieur Abdoulaye NDIAYE, appelé à d’autres fonctions.
Le Ministre de la Formation Professionnelle, Porte-Parole du Gouvernement
Amadou Moustapha Njekk SARRE
AMADOU BA REMOBILISE SES TROUPES
« J’ai entendu vos propos. Nous allons en discuter s’il plaît à Dieu. Moi, je suis un homme de défi, un homme d’engagement mais aussi un homme patient », a déclaré l'ancien Premier ministre..
iGFM- (Dakar) Le malheureux candidat à la Présidentielle du 24 mars dernier remobilise ses troupes. Selon L’AS, Amadou Bâ a reçu des membres du parti Renaissance sociale pour l’émergence (RSE) en vue des joutes futures.
« J’ai entendu vos propos. Nous allons en discuter s’il plaît à Dieu. Moi, je suis un homme de défi, un homme d’engagement mais aussi un homme patient », a-t-il déclaré.
Mais, pour l’ancien Premier ministre, attendu pour se prononcer sur son avenir politique,« chaque chose a son temps » dans la mesure où justifie-t-il : « Bien étudier le moment pour agir et comment agir permet d’assurer un bon résultat grâce à l’aide de Dieu. »
Il a aussi saisi l’occasion pour remercier ses militants pour leur engagement, lors de la dernière campagne électorale : « Je félicite ceux qui sont là et ceux qui n’ont pas pu être présents. Nous avons mené une belle campagne et vous vous êtes tous mobilisés pour sa réussite. Vous m’avez séduit parce que vous avez fait plus de 2900 kilomètres avec moi. Il y a un moment où j’avais pris un avion mais j’étais étonner de vous retrouver à Kédougou. »
Amadou Bâ d’ajouter : « Tout le monde était déterminé mais Dieu a décidé ce qui a précédé. C’est mieux pour le pays, et c’est mieux pour tout le monde. Je vous encourage. Il faut poursuivre. Il ne faut jamais abandonner une bonne organisation. Je vous aiderai à aller de l’avant. »
Par Mohamed GUEYE
À QUAND UN SOMMET BELIZE-AFRIQUE?
Le président Diomaye Faye rompt avec la frénésie diplomatique de son prédécesseur en snobant le sommet Corée-Afrique. Une remise en question salutaire des pratiques pas toujours fructueuses des grands raouts internationaux
Le président de la République Bassirou Diomaye Faye n’a pas voulu se rendre à Séoul, au Sommet Corée du Sud-Afrique, et a préféré déléguer la ministre de l’Intégration africaine et des affaires étrangères, Mme Yassine Fall. Cela est une grosse rupture par rapport aux pratiques du chef de l’Etat sortant, M. Macky Sall. Il faut dire que ce dernier était un assidu de ces grands raouts où les grands de ce monde donnaient l’impression de s’intéresser au sort des pauvres des pays en développement. Si l’on sortait les archives, on se rendrait compte que le président Macky Sall n’a pas dû rater beaucoup de ces sommets réunissant les dirigeants africains avec leurs homologues des puissances du monde.
Il y était si présent et si apprécié qu’il avait été désigné co-président du 8ème Ticad (Sommet Japon-Afrique), qui s’est tenu en octobre 2022 à Tunis. L’année d’avant, son homologue chinois Xi Jin Ping et lui avaient co-présidé le Sommet pour la coopération Chine-Afrique (Focac). On ne compte pas, à côté de cela, tous les sommets Russie-Afrique, Inde-Afrique, Turquie-Afrique, Etats Unis-Afrique, Brics, Allemagne-Afrique, Grande Bretagne-Afrique, Arabie Saoudite Afrique, Emirats-Afrique... Cela, sans oublier les traditionnelles rencontres périodiques entre la France et ses «amis» africains, l’Union européenne avec l’Union africaine, et avec les pays africains. Les sommets ne créent pas d’indigestion chez certains.
Macky Sall devait, en plus de faire la causette à ses pairs du monde, sans doute négocier des points au mieux des intérêts de son pays et de l’Afrique, en particulier quand il a présidé l’Union africaine. Pour le commun des Sénégalais, le chef de l’Etat sortant a plus utilisé notre avion de commandement et le carburant qui lui ont été alloués pour faire du tourisme à travers le monde. On peut sincèrement se demander ce que l’Afrique, dans sa globalité, a tiré de ces différents sommets.
Ainsi, pour le sommet qui s’est ouvert hier à Séoul, on sait que la Corée du Sud s’est donné pour objectif de doubler son aide au développement et la faire passer à 10 milliards de dollars américains d’ici 2030, au bénéfice de ses partenaires africains. En échange, le pays du Matin Calme souhaite avoir un plus grand accès aux matières premières dont les pays africains sont dotés en abondance et n’ont pas les moyens de les exploiter. On peut se demander si les dirigeants qui se rendent sur place feront des propositions concrètes pour une véritable coopération gagnant-gagnant avec ces «nouveaux bienfaiteurs». Au début des années 2000, la Banque de Chine a mis ses énormes réserves financières à la disposition des amis africains de Beijing. Il ne leur était pas demandé quel projet ils voulaient financer ; il leur suffisait de dire le montant dont ils avaient besoin. Résultat des courses, en 20 ans environ, la plupart de ces pays qui avaient bénéficié de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (Iadm), dans le cadre du programme Ppte (Programme en faveur des pays pauvres très endettés) lancé conjointement par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, se retrouvent aujourd’hui presque aussi endettés, si ce n’est plus. La différence est que cette fois, leur dette est souscrite auprès des partenaires comme la Chine ou les pays arabes, qui ne souscrivent pas aux règles de l’Ocde, comme les Occidentaux
Certains de ces pays ont été contraints de renoncer à leur souveraineté sur certaines de leurs ressources minières ou naturelles pour éponger leurs créances, au grand dam des institutions internationales et de leurs populations. L’un des exemples les plus frappants est le Programme des 5 chantiers en République du Congo Kinshasa (Rdc). Sitôt réélu en 2006, le président Joseph Kabila passe un accord avec le gouvernement et des entreprises chinois, pour qu’ils lui construisent des infrastructures indispensables au désenclavement et au développement de son pays-continent. Ponts, rails, routes et aéroports devaient sortir de terre, en contrepartie d’une exploitation des minerais par des Chinois, pour une valeur de 5 milliards de dollars. L’accord avait été dénoncé par le Fmi et la Banque mondiale, mais les partenaires sont passés outre. 18 ans après, les Congolais ne sont pas en mesure de montrer à quoi ont été utilisées les ressources minières sorties de leur sol, et que les entrepreneurs chinois continuent d’ailleurs à exploiter à ce jour. Les Kenyans et les Zambiens ne les plaindront pas énormément, eux qui ne sont pas mieux lotis.
Cela peut être jugé caricatural, et tous les accords de partenariat ne finissent pas comme celui-là. Il n’empêche que de manière globale, les vrais besoins de financement ne se trouvent pas au cours des rencontres qui ressemblent de plus en plus à un pèlerinage de mendiants auprès de leurs bienfaiteurs. Autrement, depuis que nous avions commencé, les Français nous auraient permis de décoller économiquement, ce qui est loin d’être le cas. Par ailleurs, les Africains semblent si désemparés et pressés de se jeter dans les bras du premier venu, qu’il ne serait pas étonnant qu’on les voie bientôt se rendre à un Sommet Nouvelle Zélande-Afrique, Belize-Afrique, et même, pourquoi pas, Myanmar-Afrique. Qui sait, il se pourrait que ce soit là-bas la solution à tous nos problèmes. D’ailleurs, ne crie-t-on pas depuis des décennies qu’il est temps de commencer à penser à une coopération Sud-Sud ?
LE PREMIER DOSSIER DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Mamadou Badio Camara et ses collègues vont-ils donner suite à la requête de trois organisations politiques qui leur demandent de faire constater «la démission tacite et la vacance du pouvoir du président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye» ?
Mamadou Badio Camara et ses collègues vont-ils donner suite à la requête de trois organisations politiques qui leur demandent de faire constater «la démission tacite et la vacance du pouvoir du président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye» ? Commissaire Keïta, Abdoulaye Mamadou Guissé et Cie dénoncent un «accaparement dangereux des rôles du chef de l’Etat par son Premier ministre».
C’est le premier dossier du Conseil constitutionnel. Trois partis et mouvements. Trois partis et mouvements saisissent les «7 Sages» pour faire «constater la démission tacite et la vacance du pouvoir du président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye au profit de son Premier ministre». Le Mouvement «Sauvons la République/ Dogu samm sunum reew», le Parti Alliance démocratique pour une Afrique émergente /Joowléene (ADAE/J), le Parti (Mouvement culturel pour le salut du Sénégal (Mcss Fulla ak fayda) (Mouvement Culturel pour le Salut du Sénégal) disent avoir constaté «un accaparement grave et dangereux des rôles du président de la République par son Premier ministre qui détient l’appareil politique qui a porté le Chef de l’Etat au pouvoir. «Effectivement, pour la première fois, nous avons un Premier ministre, en violation flagrante de la Constitution de la République du Sénégal, qui s’est donné illégalement et sans gêne les pleins pouvoirs dévolus au Chef de l’Etat, resté impuissant devant cet état de fait».
En outre, Abdoulaye Mamadou Guissé, commissaire Cheikhouna Cheikh Saadbou Keita et Cie estiment «qu’en recevant en cascades des ambassadeurs accrédités au Sénégal tels que les ambassadeurs de la Chine, de la France, du Maroc et en définissant les axes de la diplomatie sénégalaise et la politique extérieure de l’Etat du Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko, patron politique du président de la République s’offre d’autres prérogatives que la Constitution du Sénégal ne lui donne pas». Les requérants ont aussi avancé l’argument de l’affectation du Général Kandé, rappelant que «la constitution consacre nettement que le président de la République, responsable de la Défense nationale, Chef suprême des armées, nomme à tous les emplois militaires».
PAS BESOIN DE REFERENDUM POUR APPLIQUER LES RECOMMANDATIONS DES ASSISES DE LA JUSTICE, SELON AMSATOU SIDIBÉ
L'ancienne candidate à la présidentielle se dit optimiste sur les conclusions des débats. Mais appelle à une réforme en profondeur pour une justice davantage soucieuse des réalités sociales
Entretien réalisé par Yacine DiEYE |
Publication 05/06/2024
La Professeure agrégée de la faculté des droits Amsatou Sow Sidibé se dit optimiste quant à la suite du dialogue national sur la justice. Dans un entretien accordé à L’AS TV, elle livre une lecture sans fard du fonctionnement de la justice et ce qu’elle attend du dialogue national.
Professeur, vous faites partie de la commission réforme des assises qui ont démarré depuis mardi. Comment se passent les travaux ?
Amsatou Sidibé : Ça se passe très bien. Je crois que le peuple sénégalais avait soif de travailler sur la question de la justice. Je voudrais vivement féliciter le gouvernement sénégalais pour avoir parmi les premiers actes à poser, penser à une réflexion poussée sur la question de la justice. Parce qu’il y avait comme une sorte de divorce des populations et la justice. Alors je dis que ça se passe très bien parce que c’est très bien organisé et il y a eu trois grandes commissions : la commission réforme, la commission modernisation et la commission scientifique. Au sein des commissions, il y a des sous commissions. Par exemple, dans la commission réforme, il y a une sous-commission qui travaille sur les acteurs de la justice et une sous-commission qui réfléchit sur d’autres questions liées aux valeurs, l’humanisation, la réforme des comptes etc. Et moi je suis dans cette sous-commission-là. Je pense que c’est la première fois qu’un dialogue, de manière générale, se passe comme ça. Parce que c’est un dialogue sectoriel, ce n'est pas un dialogue qui veut en même temps parler de tout. Là, ce n’est que la justice et pour la justice, la stratégie utilisée est inclusive car tout le monde est là, toute personne qui peut se sentir concernée est conviée à ces assises. Il y a des acteurs directs de la justice tels que les magistrats, les avocats, les greffiers, les personnels de l’administration pénitentiaire. Il y a les syndicats, les organisations de droits humains, la société civile, les organisations de femme, les détenus donc des personnes qui ont vécu dans leur chair la mise en œuvre de la justice. Il y a les chefs religieux, les universitaires également parce qu’on a besoin d’une bonne dose de réflexion théorique et pratique. Nous avons en quelques jours organisé dans le domaine de la justice, une sorte «ndëpp» parce que les ex détenus, hommes comme femmes, ont fait part de ce qu’ils ont vécu. C’était formidable. C’était de grands moments. Cela nous a permis de voir les vraies réalités en prison et on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’humanisme dans la mise en œuvre du droit, dans la justice sénégalaise.
Parmi toutes les propositions que vous avez eu à faire, est-ce qu’il y a eu des accords ?
Oui, pour l’essentiel. Il y a des discussions à bâtons rompus et ça a été consigné dans les rapports. On ne peut pas parler d’accord pour le moment mais c’est considéré dans les rapports qui devront être mis en œuvre par la suite. Il y aura une poursuite de la réflexion et il faudrait qu’il y ait un suivi. Vous savez, le Président Diomaye Faye a été sur la base d’un projet dont l’un des axes majeurs porte sur la modernisation de la justice. Et sur la protection des droits humains. Sur cette base, il y a eu ces recommandations et ce poil sur la justice nous a beaucoup importés. Parce que globalement, le projet parle de la souveraineté et c’est un maitre mot du projet. Il y a énormément de ressemblances entre mes idées et celles du projet.
Justement cette souveraineté judiciaire, vous en parliez dans votre récente note. Pourquoi vous n’avez pas fait cette proposition en interne ?
Oui j’ai fait la proposition ; ça me tient à cœur. Parce que quand on parle de souveraineté économique, de souveraineté par rapport au franc, de souveraineté dans le domaine de la santé, on ne peut pas ignorer quelque chose qui concerne directement les personnes : la justice. Est-ce que le système de droit que nous utilisons, est-ce que la pratique que nous avons du droit est conforme à ce que vivent, à ce que sentent les populations ? C’est très important parce que vous savez, à l’indépendance, en un laps de temps très court, on a eu énormément de codes sénégalais. Ce n’était pas difficile, il a fallu prendre là-bas un code du travail français ; on a changé France pour mettre Sénégal. On a fait la même chose dans le domaine du droit pénal, de la procédure pénale. On a pris aussi le code civil français, tout notre droit des obligations civiles et commerciales. C’était facile. Il fallait prendre et au lieu de France, mettre Sénégal. Sauf quand même dans deux domaines essentiels où la sensibilité de la personne a été vraiment prise en compte : c’est dans le domaine foncier, avec la loi sur le domaine national qui s’inspire de nos valeurs sénégalaises et africaines. Et le code de la famille. D’ailleurs le code de la famille, alors que tout au début, on a eu tous ces codes-là du travail, pénal, etc., il a fallu 12 ans pour avoir un code de la famille. C’était réfléchi. Il y avait les imams, les cadis. Il y avait les universitaires, les magistrats. Il y avait les chefs coutumiers. Il y avait tout le monde. Le système des colons, et même ce que nous vivons dans les prisons, ça vient des colonisateurs parce que le colonisateur avait une pratique de la sanction de la répression, qui était trop sévère. Ils avaient le bail, et ça a été perpétué chez nous parce qu'on a fait que prendre un système, le code pénal, le code de procédure pénale etc…Mais il faut savoir qu’eux, ils sont en train de changer mais nous, nous avons malheureusement toujours encore ces anciens textes. Alors, c’est à revoir. On ne peut pas évidemment en quelques mois voire quelques années faire une réforme globale pour penser et repenser notre système de droit. Mais il faudra qu’on le fasse, qu’on y arrive. Il faut un droit qui soit plus proche de ce que nous savons, de ce que nous ressentons, plus proche de nos réalités sociales, tel n’est pas le cas. Et voilà donc pourquoi on propose qu’il y ait une commission qui réfléchisse sur toutes ces questions.
Va-t-on vers une justice des vainqueurs ?
Non. Ce qui est bon pour que la justice soit meilleure et que les populations acceptent enfin notre justice. C’est ça notre préoccupation. Mais quelqu’un comme Pape Abdoulaye Touré a posé les problèmes des prisons ; ce qu’il a posé, c’est la question de l’humanisation dans les prisons. Des personnes des droits de l’Homme qui ont travaillé sur les droits humains pendant des décennies posent ces problèmes Parce que la justice, elle est faite pour les humains .Or, les humains ont des droits que Dieu leur a donnés ; il faut les protéger. C’est cet aspect-là qui nous intéresse. Mais nous, les aspects de revanche, cela ne peut pas traverser notre esprit, en tout cas dans notre sous-commission ; et même dans notre commission, j’imagine que c’est la même chose partout.
Donc au sortir de ces assises, vous vous attendez à ce qu’on effectue une modification constitutionnelle ou bien à ce qu’on aille vers un référendum pour modifier en profondeur certaines lois comme celle du code de la famille ?
Ça n’a rien à voir avec la Constitution. Quand on parle par exemple de l’autorité parentale dans le code de la famille, on peut ne pas regarder la constitution mais se rendre compte justement de ce que les soubassements de notre droit imposent le principe de l’égalité dans la famille, entre les parents, entre les conjoints, les parents vis-à-vis des enfants et il y a énormément de moyens de plaidoyer. On n’a même pas besoin de référendum. Tous les principes sont là ; la constitution pose le principe de l’égalité. On a tout, on a nos valeurs parce que dans nos valeurs, la femme occupe une place importante pour l’éducation des enfants. La puissance paternelle justement, vous savez d’où ça vient, du droit colonial. C’est le colonisateur qui nous a imposé la puissance paternelle. C’était écrit noir sur blanc dans le code civil français et ça venait du pater familias de droit romain mais ça, on peut s'en débarrasser. Quand justement je parle de ce phénomène de souveraineté, l’affaire de la puissance paternelle doit être dedans parce que nous, on ne connaissait pas. Moi je suis originaire d’une culture walo-walo, on ne connaît pas ces choses-là. Mais avec la puissance paternelle qui vient du droit colonial, quand l’enfant a un père et une mère, chacun d’entre eux a le droit de gérer l’enfant. Mais dans la pratique, on écarte la mère. C’est le père qui dans la pratique doit faire cela ; théoriquement, cela appartient au père et à la mère. Mais dans la pratique, c’est le père qui doit s’en charger alors que la mère a porté l’enfant pendant 9 mois, l’a allaité, s’est occupé de lui. Il faut que les droits correspondent aux faits. Là, le droit ne correspond pas aux faits parce que le père s’occupe bien des enfants mais la mère aussi, on ne peut pas dire qu’elle ne s’occupe bien des enfants. Au contraire. Donc le droit doit être conforme aux faits. Mais tout ce qui est proposé fera l’objet de projet de loi au niveau de l’assemblée nationale.
Selon vous, est-ce que ce serait facile de réconcilier la justice avec le peuple d'autant plus qu'on sait que par le passé, il y a eu des juges comme Sabassi Faye ou même l'actuel ministre qui ont su réaffirmer leur indépendance ; pensez-vous que ce sera chose facile ?
C'est d'abord une question de volonté politique et je pense que le président de la République et le PM ont pleine conscience de ce que le Sénégal ne peut plus vivre comme avant. Les sénégalais, avec le ''ndëpp'' que nous avons vécu, hé bien, il faut se rendre compte qu'ils en ont marre, ils en ont assez, ils veulent respirer, ils veulent plus de justice et ils veulent même que celui qui est atteint devant les juridictions, qui est puni, qu'on le considère comme étant une personne humaine, il n'est pas un animal. Les animaux, on s'en occupe. Il n'est pas cette barre de fer. Même la barre de fer, il faut s'en occuper. C'est une personne en chair et en os, créée parDieu qui a beaucoup d'estime pour cette personne. Il lui a donné la dignité et des droits et personne n'a le droit de porter atteinte à cette dignité, et à ses droits. La personne a commis une faute, il y a des lois. On veut par exemple éviter qu'il y ait trouble à l'ordre public ou bien on veut travailler cette personne pour qu'elle puisse être mieux éduquée, pour mieux être introduite dans la société, ce n’est que ça la peine. La peine, ce n'est pas pour être méchamment répressif, ce n'est pas ça l'objectif d'une sanction. Plus de liberté d'aller et de venir, c'est ça qui doit être méchant. Œil pour œil, dent pour dent, ce n'est pas fait pour nous, c'est fini ça. Je ne pense pas que le régime actuel puisse s'orienter vers ça, parce que les populations pourraient critiquer or personne n'a intérêt à être critiqué. Donc je ne pense pas. De l'autre côté, je veux dire qu'on en a marre des injures, des discours violents, on en a marre. Moi professeur Amsatou Sow Sidibé, j'ai du mépris vis-à-vis de toute personne qui utilise des mots sales, des injures....
Quel avenir politique pour Amsatou Sidibé ?
Je suis là. Vous savez, je suis chef de parti politique, dirigé par une femme. C’est une exception. J’ai initié ce qu’on appelle la 3ème voix politique. La 3ème voix est une alternative qui aide à la protection des citoyens, à l’émergence de la citoyenneté. Nous avons besoin de travailler pour cela et tout le monde a intérêt à ce qu’on travaille. Si on veut que les citoyens disent que ça se passe bien. Parce que nous sommes là, nous aidons, alertons, nous sommes une force de propositions et d’actions. Ce n’est pas pour rien que je suis aux assises ; depuis le début, je participe activement. Mon avenir politique, c’est qu’il y a une femme, présidente d’un parti politique qui n’a jamais reculé devant les élections. C’est-à-dire l’art de gérer la cité. Mon avenir politique est radieux.
DEUX MOIS SANS GRÂCE
Le président Faye et le Premier ministre Sonko ont entamé leur mandat avec de grandes réformes mais des promesses restent en suspens. Alors que leur leadership complémentaire est salué, l'attente de résultats concrets se fait pressante face aux difficulté
Le tandem formé par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, à la tête du Sénégal depuis deux mois, suscite des avis contrastés. Si leur complémentarité est vantée par certains, d'autres pointent des promesses électorales non tenues, particulièrement en matière de réformes économiques et sociales.
À la tête du Sénégal depuis seulement deux mois, le président Bassirou Diomaye Faye a déjà initié plusieurs réformes et projets ambitieux. De la modernisation de la justice à la préservation de l'environnement, retour sur les actions majeures de son début de mandat.
Le duo a ouvert beaucoup de fronts : le social, l’économie, la bonne gouvernance, entre autres. L'un des premiers grands chantiers du président Bassirou Diomaye Faye a été le lancement du Dialogue national sur la réforme et la modernisation de la justice. Cette concertation, démarrée le 28 mai 2024 au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad), se poursuit jusqu'au 4 juin et aborde des questions cruciales telles que le statut des magistrats, le rôle du Conseil supérieur de la magistrature, les conditions de détention et la réhabilitation des jeunes délinquants. Plusieurs solutions sont en discussion, notamment le renforcement de la surveillance des détentions, une transparence accrue dans la promotion des magistrats, la numérisation des démarches judiciaires et l'augmentation du budget alloué à la justice.
Dès son investiture le 2 avril 2024, le chef de l’État avait exprimé sa volonté de transformer la justice sénégalaise en une institution indépendante, équitable et impartiale dans toutes ses missions.
La Journée nationale de ‘’set-setal’’
Sur le plan du cadre de vie, le président Faye a également institué la Journée nationale de ‘’set-setal’’, une initiative visant à engager les citoyens dans des activités de nettoyage des rues et des places publiques le premier samedi de chaque mois. La première édition de cette journée s’est tenue à Thiaroye et dans d’autres lieux le samedi 1er juin 2024. Le chef de l'État en a profité pour appeler l'ensemble des Sénégalais à se mobiliser pour rendre leur environnement plus propre et sain. Cette initiative entend aussi remettre au goût du jour les questions de citoyenneté et de civisme dans le but de faire émerger une nouvelle mentalité chez les concitoyens.
Transparence dans la gestion du patrimoine public
Le Premier ministre Ousmane Sonko, sous les directives du président de la République, a demandé des informations détaillées sur les cessions d'immeubles appartenant à l'État. Cette démarche vise à clarifier les conditions de vente à des sociétés privées et à des particuliers ainsi qu'à examiner les baux emphytéotiques consentis sur des propriétés bâties de l'État. Cette initiative s'inscrit dans une volonté de transparence et de bonne gouvernance.
Par ailleurs, en ce qui concerne la protection du littoral, le gouvernement a suspendu l’examen des dossiers fonciers dans certaines localités et ordonné l'arrêt de toutes les constructions sur le littoral, aussi bien sur la corniche-Ouest que sur la corniche-Est. Cette mesure, applaudie par l’homme d’affaires et défenseur du littoral Pierre Goudiaby Atepa, vise à protéger le littoral contre la spéculation foncière et les constructions anarchiques.
Dualité complémentaire
Le poète Amadou Lamine Sall, lors de l'émission "Contre Vents" animée par Mamadou Mbakhé Ndiaye, a repris le président Léopold Sédar Senghor pour décrire le duo au sommet de l'État avec des mots évocateurs. ‘’Pour être président au Sénégal, il faut être soit un saint ou un héros. Avec le tandem Diomaye-Sonko, nous avons un cocktail entre un saint, Diomaye, presque un saint, calme, tempéré et poli, et Sonko, le héros, une tornade, l'orage et l'ouragan. Les hommes ont voté pour lui’’. Cette citation illustre parfaitement la complémentarité, mais aussi les contradictions entre les deux leaders.
Le président Faye incarne la sérénité et la diplomatie, tandis que Sonko représente la force et la détermination.
Maintien de l’État de grâce
Deux mois après son investiture, l'état de grâce semble perdurer pour le président Faye et son Premier ministre. Leur leadership combiné inspire confiance à une grande partie de la population, rassurée par l'image d'un gouvernement harmonieux et déterminé à apporter des changements.
Cependant, cette harmonie apparente cache des lenteurs et des déceptions croissantes concernant plusieurs promesses électorales. Le Premier ministre Ousmane Sonko, qui n’a pas encore fait sa Déclaration de politique générale (DPG), jouit toujours d’une forte popularité auprès des Sénégalais qui attendent avec impatience la mise en œuvre des réformes structurantes afin de moderniser le pays.
Promesses non tenues et défis persistants
Malgré les engagements pris durant la campagne électorale, le prix des denrées alimentaires n'a pas encore connu de baisse significative. Les Sénégalais, frappés par l'inflation, attendent toujours des mesures concrètes pour alléger le coût de la vie. Cette promesse électorale de baisse des denrées fait partie des idées de rupture qu’a toujours prônées le Pastef très attaché à ce volet social. Les classes populaires qui ont largement voté Pastef espèrent la mise en œuvre d’une politique sociale en contradiction avec le pouvoir de Macky Sall qui s’est concentré sur les infrastructures.
Dans le domaine de la bonne gouvernance, des appels à candidatures vantés comme une mesure phare pour promouvoir la transparence et l'égalité des chances n'ont pas encore été lancés. Cette absence de mise en œuvre laisse les citoyens et les observateurs sceptiques quant à la volonté réelle du gouvernement de tenir ses promesses de réformes économiques.
Liberté de la presse : l'affaire du général Souleymane Kandé, récemment nommé "attaché de défense et de sécurité" à New Delhi, a provoqué des remous. Des journalistes ont été convoqués par les autorités, après avoir critiqué cette nomination, entraînant une vague de protestations de la part des associations de presse. Ces convocations sont perçues comme une atteinte à la liberté de la presse, un domaine où des améliorations avaient été promises.
Communication dissonante
Les communiqués des Conseils des ministres révèlent deux styles distincts de communication reflétant la dualité au sommet de l'État. Les annonces du président Faye sont généralement calmes et mesurées, tandis que celles du Premier ministre Sonko sont souvent plus directes et percutantes. Cette dualité peut être perçue comme une force ou une faiblesse, selon les points de vue.
Après deux mois au pouvoir, le tandem Faye-Sonko montre à la fois des signes de complémentarité prometteurs et des lenteurs préoccupantes dans la mise en œuvre des réformes annoncées. Alors que l'état de grâce persiste, les attentes de la population restent élevées. Le succès de ce duo dépendra de leur capacité à répondre efficacement aux défis économiques et sociaux du Sénégal et à honorer leurs engagements électoraux. La patience des citoyens n'est pas infinie et les prochains mois seront cruciaux pour concrétiser les promesses faites et maintenir la confiance placée en eux.
LUTTE DE POUVOIR AU PDS
Le remplacement de Woré Sarr à la tête de la fédération des femmes marque un nouvel épisode de ce bras de fer qui secoue les libéraux. Certains dénoncent une humiliation, tandis que d'autres y voient l'affirmation de la nouvelle génération
Le remplacement de la députée Woré Sarr à la tête de la Fédération des femmes du PDS semble marquer la mise à l’écart de la vieille garde de parti au profit de la jeunesse libérale proche de Karim Wade, secrétaire général national adjoint. À travers le processus de renouvellement, les caciques semblent céder la place aux jeunes cadres susceptibles de préparer une prise de contrôle totale du parti par l’ancien ministre de l’Énergie.
C’est une révolution silencieuse qui est en train de métamorphoser le PDS. Exit les wadistes pure souche, il faut faire la place aux jeunes karimistes. Après les sections et les fédérations, le processus de renouvellement des structures du Parti démocratique sénégalais vient de faire une nouvelle victime chez les historiques, en la personne de Woré Sarr, ancienne cheffe du bureau de la Fédération nationale des femmes du PDS. Cette dernière a été démise de ses fonctions et remplacée par Fatou Sow. Cette décision actée dans un document administratif daté du 21 mai 2024, a provoqué des remous au sein des libéraux.
Beaucoup de cadres du parti n’ont pas manqué d’afficher leur solidarité envers la responsable politique de la commune de Wakhinane Nimzatt (Guédiawaye) qui a décidé de quitter le parti. Des figures de proue des structures de base représentant diverses sections et fédérations de la formation politique d’Abdoulaye Wade, se sont réunies ce week-end pour exprimer leur soutien à la démissionnaire. La députée voit dans ce choix une humiliation après toute une vie de militantisme chez les libéraux.
‘’J’ai démissionné des rangs du PDS, car j’ai été humiliée par Karim Wade et Saliou Dieng. Ce dernier a influencé Karim Wade, car il n’a jamais supporté les critiques sur la gestion des structures lors des opérations de renouvellement. C’est pourquoi il a comploté dans mon dos pour me mettre en mal avec Karim Wade qui m’a humiliée. J’ai pris mon courage à deux mains pour partir’’, a déclaré la responsable politique dans les colonnes de ‘’l’AS’’.
Cette décision a fait réagir beaucoup de cadres du parti comme Doudou Wade. Interrogé dans l’émission ‘’Grand Jury’’ de la RFM, l’ancien député libéral qui appelle à un changement de leadership à la tête du PDS, n’a pas mâché ses mots. Il a indiqué que Woré Sarr a été poussée vers la sortie. L’ancienne mairesse de Médina Gounass, qui n’a jamais hésité à monter au front pour défendre Abdoulaye Wade et son fils, est meurtrie dans sa chair. ‘’J’ai tourné la page et je me concentre sur autre chose en ce moment’’, nous souffle-t-elle au bout du fil. Quant à la question de son mandat de député, si sa démission était effective au sein du PDS, elle s’en remet au ciel. ‘’Je m’en remets au bon Dieu et à mon guide Serigne Fallou Mbacké’’, réplique-t-elle toujours au téléphone.
Processus de ‘’déwadisation’’, la chasse aux caciques du parti
Ce phénomène de ‘’déwadisation’’ a débuté bien avant le processus de renouvellement qui a servi de tremplin aux karimistes qui semblent avoir pris le pouvoir au sein du parti.
Ainsi, des responsables susceptibles de faire ombrage à l’ancien ministre de l’Énergie, comme Bara Gaye, Dr Cheikh Dieng, après de multiples démêlés au sein du PDS, ont pris le grand large pour rejoindre YAW pour le premier et Pastef pour le second. Ces départs font suite à ceux de caciques comme Oumar Sarr, Me Amadou Sall, Babacar Gaye (PLD) et de vieux compagnons de Wade comme Pape Samba Mboup et Farba Senghor poussés aussi vers la sortie.
Le vieux ‘’Pape du Sopi’’ qui n’a jamais masqué sa volonté d’élire son fils à la magistrature suprême semble avoir avalisé ces changements à la tête du PDS. Un moyen pour l’ancien président de paver la voie à l’ancien trader de la City de Londres vers le pouvoir avec une machine électorale entièrement dévouée à sa cause. D’autant que la menace Benno défaite lors de la dernière présidentielle semble s’éloigner ouvrant ainsi la voie pour le PDS qui aspire à devenir la deuxième force du pays après la coalition Diomaye-Président lors des prochaines législatives anticipées.
Cette prise en main depuis près de deux ans coïncide avec une sorte de prise en main du parti par Karim Wade. Ce dernier, toujours en exil doré à Doha, a réussi à placer ses hommes clés à différents postes stratégiques du PDS.
Ainsi, Bachir Diawara, fidèle parmi les fidèles, s'est vu confier le poste de porte-parole du parti, sans oublier le retour en 2023 de Mayoro Faye après son épisode de l’Alliance nationale pour le développement du Sénégal (ALPDS). Les derniers Mohicans comme Mamadou Lamine Thiam, président du groupe parlementaire Liberté et démocratie, Lamine Ba, président de la fédération des cadres, entre autres responsables libéraux, ont donné quelque gage de loyauté à Karim Wade dans la bataille contre l’invalidation de sa candidature à la dernière Présidentielle.
L’alternance générationnelle au cœur de la nouvelle stratégie des ‘’karimistes’’
Pour l’analyste politique Abdoulaye Mbow, la nouvelle conjoncture de la politique sénégalaise avec l’arrivée du pouvoir de Bassirou Diomaye et de son Premier ministre Ousmane Sonko laisse peu de marge de manœuvre aux autres formations politiques obligées de se renouveler, au risque de disparaître. ‘’Une tendance semble se dégager de plus en plus dans nos formations politiques, c’est l’émergence de jeunes leaders politiques qui arrivent aux responsabilités. Le PDS ne peut pas échapper à cette dynamique. Dans cette optique, si le parti veut continuer à exister dans le landerneau politique, il se doit de responsabiliser les jeunes qui détiennent les nouveaux codes de communication pour parler à un plus large public sénégalais. Ainsi, le PDS doit pouvoir travailler pour assurer cette transition entre la vieille garde longtemps restée fidèle à Wade et la génération montante constituée de ‘karimistes’ et d’anciens de la Génération du concret’’, affirme-t-il.
D’après le journaliste, la meilleure chose qui puisse arriver au PDS est de poursuivre la vente des cartes et d’aller au plus vite vers un congrès inclusif pour remplacer Me Abdoulaye Wade dans l’optique de donner un vrai coup de jeunesse à la formation libérale. ‘’Le président Abdoulaye Wade a rempli sa mission à la tête du pays, car il a conduit le parti au pouvoir avant de lui garantir une place centrale dans le jeu politique sénégalais, même après leur départ du pouvoir en 2012. La promotion des pro-‘karimistes’ a souvent entraîné un vent de critiques de la part des caciques qui dénoncent la gestion à distance de Karim Wade depuis Doha. Donc, il est nécessaire d’aller vers plus de consensus et de rassemblement de la grande famille afin de mieux peser sur l’échiquier politique’’, conclut-il.
par Abdou Sène
LA DIALECTIQUE QUE L’HOMOSEXUALITÉ IMPOSE AUX HUMANISTES
EXCLUSIF SENEPLUS - Combattre l’homosexualité revient à lutter contre la Nature ; la promouvoir est dangereux. Si les différentes sociétés ne s’enferment pas dans des dogmes, elles pourront créer un cadre d’échange nécessaire à une solution durable
D’après l’encyclopédie Larousse « Le terme d'humanisme est l'un de ceux sur le sens desquels personne ou à peu près ne s'entend vraiment. » Toutefois, selon l’acception du dictionnaire français, Trésor de la langue française, qui semble être celle qui se rapproche le plus de celle de l’Occident, l’humanisme est défini comme une « attitude philosophique qui tient l'homme pour la valeur suprême et revendique pour chaque homme la possibilité d'épanouir librement son humanité, ses facultés proprement humaines ». Celle-ci est la conception d’un mouvement intellectuel qui s’est développé en Europe pendant la Renaissance, c’est-à-dire entre le 14ème et le 17ème siècle.
L’ancien Testament de la Bible et le Coran rédigés et compilés respectivement entre le 10e et le 6e siècle avant notre ère, et au 7e siècle, sont allés beaucoup plus loin que le courant humaniste européen sur la consécration de l’Homme sur Terre, plusieurs siècles avant son avènement en Europe.
En effet, la centralité et la responsabilité de l’espèce humaine sur Terre ont été consacrées par le verset 1:26 du livre de la Genèse - premier livre de la Bible hébraïque et de la Bible chrétienne - en ces termes : « Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la Terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la Terre. » Et, selon le verset 30 de la sourate 2 du Coran, pour annoncer aux Anges l’arrivée de l’Homme sur Terre et la mission qui lui est assignée, Dieu dit « Je vais établir sur la Terre un khalife ». D’autres religions et courants spirituels comme le bouddhisme, le confucianisme et l’animisme accordent aussi une place très importante à l’humanisme. Les animistes attribuent même une âme ou une essence vitale aux éléments de la Nature, ce qui les engage à préserver cette dernière, comme les pratiquants des religions abrahamiques.
Ce bref rappel de la valeur et des attributs de l’Homme, selon les courants de pensées philosophiques et religieuses, permet de constater que nul ne devrait être plus humaniste que les croyants-pratiquants de ces religions, notamment les juifs, les chrétiens et les musulmans. Dieu ne leur a pas seulement confié l’entretien et le bien-être de leurs semblables mais surtout la gouvernance de la Terre et de son contenu. En définitive, selon les écritures saintes, Dieu a confié à l’Homme la préservation de la Nature, notamment de sa propre espèce ; par contre, l’acception occidentale de l’humanisme, en plus de la valeur suprême qu’elle attribue à l’Homme, favorise l’absolutisme des libertés individuelles qui, si on n’y prend garde, pourrait conduire à l’extinction de l’espèce humaine. Donc à la disparition du sujet et de l’objet de l’Humanisme.
Une de ces libertés que promeut l’humanisme occidental est celle de choisir librement son orientation sexuelle. Rappelons que ce n’est que le 17 mai 1990 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rayé, à juste raison, l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Quelques décennies plus tard, en 2022, le manuel pour les parlementaires publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), intitulé Promouvoir les droits et l’inclusion des personnes LGBTI renforce l’argumentaire de la décision de l’OMS en ces termes : « Il existe aujourd'hui un large consensus mondial parmi les scientifiques sur le fait que l'homosexualité est une variation normale et naturelle de la sexualité humaine, sans aucune conséquence néfaste pour la santé. »
En effet, des résultats des recherches menées par des biologistes et des physiologistes ont montré le caractère inné de l’homosexualité. Le Professeur Jacques Balthazart, biologiste belge de l’université de Liège, auteur du livre intitulé Biologie de l’homosexualité. On naît homosexuel, on ne choisit pas de l'être, paru en 2010, estime entre 2 et 10 le pourcentage d’homosexuels dans la population humaine, le taux variant en fonction du contexte culturel et social. Il a mené des expériences de laboratoire sur des rats dont il a réussi à modifier le comportement sexuel par des manipulations hormonales prénatales et néonatales favorisant les attributs du sexe opposé. Ainsi a-t-il rendu « homosexuels » des rats initialement « hétérosexuels ». Ce qui, soit dit en passant, laisse augurer que le comportement homosexuel d’un individu n’est pas une fatalité. En somme, les résultats des travaux du Professeur Balthazart suggèrent que les pulsions homosexuelles sont liées au fonctionnement physiologique de l’Homme, et que leurs manifestations extérieures ou non dépendent de l’environnement culturel et social. Notez aussi que, bien avant ces résultats, les recherches sur l’origine biologique de l’homosexualité ont été encouragées par la découverte en 1991 du Dr Simon LeVay de l’Université de Stanford, qui avait prouvé que la taille du noyau pré-optique de l’hypothalamus détermine l’orientation sexuelle.
C’est pour ces raisons que nous ne pouvons être que partiellement en phase avec le président du Pastef, Ousmane Sonko lorsqu’il dit, lors d’une conférence qu’il co-animait, le 16 mai 2024, avec Jean-Luc Mélenchon, homme politique français, défenseur des homosexuels, à l’Université Cheikh Anta Diop, que, au Sénégal, l’homosexualité n’est pas acceptée mais tolérée. Et je trouve également que ses adversaires qui ont cherché à attaquer une telle déclaration ont totalement tort, car, l’homosexualité prise comme phénomène de la Nature, ne laisse aucun choix à l’Homme. Qu’il l’accepte ou non, elle existe. Qu’il la tolère ou non, elle existe. C’est comme qui dirait telle société n’accepte pas la naissance d’humains qui mesurent moins de 1,47 mètre ou plus de 2 mètres.
La problématique de l’homosexualité qui était juste un sujet parmi d’autres abordés lors de la conférence, a finalement ravi la vedette à tous les autres au niveau médiatique, à cause du contexte politique bien chargé, mais aussi de l’importance et de la sensibilité de la question. Et c’est normal, l’homosexualité devrait être au centre des préoccupations de tous les humanistes, notamment les pratiquants des trois religions dites du livre, pour deux raisons : 1. combattre l’homosexualité revient à lutter contre la Nature ; 2. promouvoir l’homosexualité est un jeu dangereux pour l’espèce humaine.
L’attitude des humanistes à l’égard des personnes nées homosexuelles devrait être teintée de compassion et d’empathie. Imaginons le déchirement que pourrait vivre un jeune sénégalais qui en grandissant se rend compte que ses pulsions sexuelles le poussent vers les garçons. L’imam homosexuel d’origine algérienne Ludovic-Mohamed Zahed décrit bien cet état psychologique qui parfois mène au suicide, à cause d’un profond mal-être social. Et selon l’ouvrage Les minorités sexuelles face au risque suicidaire édité en 2014, en France, par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (devenu Agence nationale de santé publique en 2016), la prévalence des tentatives de suicide chez les homo-/bisexuels est de 2 à 6 fois plus importante que chez les hétérosexuels. La prévalence étant encore plus importante chez les jeunes de moins de 20 ans. L’ouvrage montre que depuis la fin des années 90, les structures de recherche occidentales ont produit une multitude de résultats sur la suicidalité des personnes ne satisfaisant pas la conformité aux stéréotypes de genre. On y trouve des études portant sur les Etats-Unis, le Canada, l’Australie,… et sur différents pays de l’Europe de l’Ouest et du Nord. Même la Turquie.
Le taux extrêmement élevé de suicide chez les personnes à orientation homosexuelle prouve qu’ils n’ont pas, en général, pris cette option par vice ou quête de jouissance dans le stupre. L’affaire est beaucoup plus sérieuse que cela. Et on peut bien comprendre qu’au vu de cette situation humainement alarmante certains humanistes occidentaux s’engagent résolument dans la protection des homosexuels. Le souci vient plutôt de ce qu’ils semblent verser dans l’apologie du phénomène au risque de compromettre l’avenir de l’Humanité. L’Homme étant de nature intelligente et résiliente, si les différentes sociétés humaines ne s’enferment pas dans des dogmes, elles pourront, comme sur d’autres questions existentielles pour l’espèce humaine, créer un cadre d’échange afin d’arriver à une solution durable pour notre espèce.
Pour ce faire, les Occidentaux doivent mettre un terme à leur obstination, au nom de l’humanisme, à promouvoir l’homosexualité non seulement chez eux, mais partout à travers le monde. Ils sont certainement victimes de la faiblesse humaine dont parle Yuval Noah Harari dans son livre paru en 2018 et intitulé 21 Leçons pour le 21ème siècle. Harari fait cette assertion étayée par des exemples pris dans diverses régions du monde : « La plupart des peuples ont tendance à croire qu’ils sont le centre du monde, et que leur culture est le pivot de l’histoire humaine. »
Le jour où le projet occidental de promouvoir l’homosexualité dans tous les pays du monde aura abouti, le risque majeur que court l’humanité est une décroissance exponentielle de sa population. En effet, tout le monde peut au moins s’entendre sur le fait que l’homosexualité ne peut avoir qu’un effet négatif sur le taux de croissance intrinsèque de la population humaine. Or, cette dernière, définie comme la différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité, est le facteur le plus déterminant de l’évolution de la population d’une espèce selon la théorie de Thomas Robert Malthus (1766-1834) améliorée par Pierre-François Verhulst (1804-1849). Le modèle de dynamique des populations de Malthus-Verhulst dit que, si le taux de croissance intrinsèque de la population d’une espèce est négatif, cette dernière est vouée à l’extinction.
Ceci nous amène à évoquer les paradoxes des humanistes occidentaux qui encouragent l’homosexualité en suggérant à leurs enfants que le choix est libre entre être un garçon, une fille ou quelque chose entre les deux. Le premier paradoxe est que l’absolutisme des libertés individuelles de l’être humain les amène à favoriser les conditions de sa propre disparition, celle du sujet-objet de l’humanisme ; le deuxième paradoxe est présenté sous forme de questions. Au nom de l’absolutisme des libertés individuelles, pourquoi pas la polygamie et la polyandrie, si toutes les parties prenantes sont consentantes ? Pourquoi le Code rural et le Code pénal français interdisent, de fait, la consommation de viande de chien et de chat ? En réalité, les libertés individuelles ne sont qu’un prétexte que nos cousins occidentaux agitent pour imposer au reste du monde certaines de leurs valeurs civilisationnelles, qui, du reste, sont récentes du point de vue de l’histoire.
Quant aux organisations qui militent pour le respect des bonnes mœurs au Sénégal, et qui font souvent référence à l’Islam, elles devraient davantage méditer le verset 30 de la sourate 2 qui assigne à l’Homme la mission de Khalife sur Terre. Avant de chercher à le faire condamner, elles devraient plutôt mettre l’accent sur l’accompagnement du jeune homosexuel psychologiquement et sociologiquement déchiré. Evidemment, les actes contre-natures, ainsi que l’apologie de l’homosexualité et le mariage de Ngor et Gorgui ou de Maty et Madjiguène ne peuvent pas être acceptés au Sénégal, mais évitons de développer une vive répulsion populaire vis-à-vis des innocents d’apparence et/ou de physiologie homosexuelle. Injustice ne serait pas plus grande que de rejeter l’être humain en prononçant des sentences imprécatoires à son encontre, à cause de ses attributs congénitaux. Imaginez l’état de délabrement mental dans lequel nous mettrions ce jeune qui n’a pas demandé à naître et n’a pas non plus choisi son patrimoine physiologique.
Compte de tenu de la complexité du phénomène de l’homosexualité, nous voudrions inviter les chercheurs sénégalais et africains à courageusement approfondir la réflexion sur le sujet. Qu’ils soient physiologistes, biologistes, démographes, psychologues, philosophes, historiens, théologiens, juristes ou socio-anthropologues, les chercheurs sénégalais et africains doivent davantage faire entendre la voix de l’Afrique sur la question. L’homosexualité est aujourd’hui, de toute évidence, un sujet sociologiquement délicat à aborder au Sénégal et dans beaucoup de pays d’Afrique mais, quel que soit ce que cela peut coûter en matière de notoriété sociale, nous n’avons pas le droit de l’occulter en tant que chercheurs. D’autant plus que le législateur nous incite à affronter tous les problèmes de la Cité à travers la loi 94-79 sur les franchises universitaires qui, à son article 15, stipule : « Les enseignants et chercheurs jouissent d’une pleine indépendance et d’une entière liberté d’expression dans l’exercice de leur fonction d’enseignement et de leurs activités de recherche sous les réserves que leurs imposent les principes d’objectivité et de tolérance. »
La question de l’orientation sexuelle des humains - une question existentielle - est trop importante et complexe pour que le monde académique africain ne la prenne pas en charge dans les différents programmes de recherche. Comme l’Occident, l’Afrique doit aller au dialogue des peuples armée de solides arguments scientifiques fournis par les chercheurs, au lieu de laisser les seuls chantres de l’éthique et de la morale religieuse porter sa voix.
Nous devons nous prononcer parce que c’est un devoir, et comme le disait le président Mamadou Dia, on peut renoncer à un droit mais, on ne peut pas renoncer à un devoir.
Abdou Sène est Professeur titulaire de classe exceptionnelle en mathématiques appliquées, Université numérique Cheikh Hamidou Kane.
VIDEO
DES PROPOSITIONS CHOC POUR LA JUSTICE
De la composition du Conseil constitutionnel à l'équilibre des pouvoirs entre parquet et instruction judiciaire, en passant par l'indépendance de la magistrature, tous les pans du système judiciaire sénégalais ont été débattus aux assises de Diamniadio
De larges concertations ont été menées ces derniers jours dans le cadre des assises de la justice, une initiative du président Bassirou Diomaye Faye visant à réformer en profondeur un système judiciaire sénégalais fortement décrié. L'universitaire Jean-Louis Corréa, Agrégé des Facultés de Droit en poste à l'Université numérique Cheikh Hamidou Kane (UN-CHK), a fait ce mardi 4 juin 2024, la restitution des travaux.
Recomposition du Conseil constitutionnel
Parmi les pistes avancées, une refonte du Conseil constitutionnel fait l'objet de vives réflexions. "Ce qui est proposé, c'est qu'on ouvre le conseil à des magistrats, des professeurs d'université, des avocats et d'anciens hauts fonctionnaires, mais aussi à d'autres universitaires issus des sciences sociales comme des anthropologues ou des historiens", expose M. Corréa. Une recommandation phare consiste également à mettre un terme aux pratiques qui ont fait du Conseil "une maison de retraite", en exigeant que ses membres soient en activité, qu'ils soient magistrats ou universitaires.
Institution d'un juge des libertés
Par ailleurs, l'instauration d'un juge des libertés et de la détention est ardemment préconisée. "Dans notre tradition juridique, le procureur dispose de pouvoirs considérables, parfois même illégaux, comme l'illustre la pratique du 'retour de parquet' dont on a usé et abusé ces dernières années", dénonce le juriste. Un juge dédié permettrait de mieux préserver les libertés individuelles et de mieux contrôler les lieux de détention. Des ajustements techniques seraient néanmoins indispensables pour rééquilibrer les prérogatives respectives du parquet et du juge d'instruction, ce dernier disposant d'une faculté remise en cause de prononcer des libérations provisoires.
Cesser les dérives illégales
Si M. Corréa insiste sur la nécessité d'"orthodoxie" dans la mise en œuvre de certaines procédures, il rejette toute idée d'entériner les pratiques illégales ancrées dans les traditions. "L'idée n'est pas d'annuler ces pratiques car illégales, mais de rappeler à plus d'orthodoxie dans leur application", martèle-t-il, alors que les magistrats eux-mêmes ont dénoncé ces dérives.
Améliorer les conditions de détention
Reprenant les constats alarmants des anciens détenus auditionnés, le rapport insiste sur l'urgence d'investir massivement dans la rénovation des prisons où la dignité humaine est trop souvent bafouée. L'adoption d'un statut digne pour l'administration pénitentiaire, dont les conditions de travail sont "déplorables", est un autre levier d'action prioritaire identifié.
Accroître les effectifs et l'accès au droit
Outre les greffiers, réclamant eux aussi une revalorisation, les assises ont mis en lumière une grave pénurie d'avocats qui contraste avec la surreprésentation des magistrats. "Au Sénégal, nous avons plus de 530 magistrats contre seulement 400 avocats environ, ce qui pose un réel problème d'accès au droit", alerte Jean-Louis Corréa, appelant à faciliter et rendre réguliers les concours d'accès aux professions juridiques et judiciaires.
Repenser la présidence du Conseil supérieur de la magistrature
Deux questions épineuses ont par ailleurs été au cœur des débats: l'ouverture du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à des personnalités non-magistrats, et la présidence de cette instance actuellement dévolue au chef de l'État. Si une frange des participants a plaidé contre cette ouverture, une "recommandation forte" est toutefois ressortie pour retirer au président la présidence de l'organe de gestion de la magistrature, une prérogative jugée contraire au principe de séparation des pouvoirs.
Des divergences ont néanmoins persisté sur ces deux questions qui, à l'instar des autres propositions de réforme, seront soumises à l'arbitrage du président Bassirou Diomaye Faye, dans l'optique de réformer en profondeur un système judiciaire plombé par de profondes carences.
QUE LES CONCLUSIONS DES ASSISES DE LA JUSTICE NE RESTENT PAS DANS LES TIROIRS
On fait beaucoup de grand-messes, des rencontres avec des recommandations, des conclusions que les autres viennent puiser chez nous pour les mettre en pratique...
Le Quotidien |
Amadou MBODJI |
Publication 04/06/2024
L’ancienne députée, Hélène Tine, souhaite que les conclusions du Dialogue national sur la Justice soient appliquées dans toute leur rigueur. Une façon, pour elle, d’éviter de revivre ce qui s’est produit dans un passé récent.
L’ancienne députée, Hélène Tine, est vivement préoccupée par le sort qui serait réservé aux conclusions des Assises sur la Justice en souhaitant qu’elles ne finissent pas dans les tiroirs. «L’essentiel, c’est que cela ne reste pas dans les tiroirs comme nous avons l’habitude de le faire au Sénégal. On fait beaucoup de grand-messes, des rencontres avec des recommandations, des conclusions que les autres viennent puiser chez nous pour les mettre en pratique pendant que nous les mettons au tiroir. C’est le cas des réformes foncières au début du défunt régime», rappelle Hélène Tine, en marge d’une rencontre au Centre international de recherche et de formation en génomique appliquée et de la surveillance sanitaire (Cigass).
Elle estime que la première chose (pour le régime sortant, Ndlr), c’était de faire une grand-messe sur les questions foncières, de créer une commission de réformes foncières, qui est restée à l’état de vœux pieux. Loin de Diamniadio où se tient le Dialogue national sur la Justice, Hélène Tine enseigne : «L’essentiel, ce n’est pas que nous tous puissions y être, mais que ceux qui y sont, puissent prendre en compte les questions fondamentales.»
«Je pense qu’avec lui (l’actuel ministre de la Justice, Ndlr), on ne va pas seulement faire des vœux pieux. On ira au-delà, même si c’est d’ici 2025, parce que si les recommandations doivent être traduites en lois et règlements, qui devraient passer par l’Assemblée nationale, ça peut prendre du temps, six mois ou aller en 2025», tempère par ailleurs Hélène Tine. «La Justice est dite au nom du Peuple, mais c’est comme si ce dernier était en rupture de ban avec elle (la Justice sénégalaise, Ndlr)», a-t-elle confié. Le Garde des sceaux, Ousmane Diagne, doit relever le défi. Les Assises sur la Justice vont être clôturées aujourd’hui.