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30 novembre 2024
Politique
LA POSITION D'ALIOUNE TINE SUR LA PLAINTE ANNONCÉE CONTRE MACKY SALL
Le fondateur d'Afrikajom Center a rappelé que c’est «la loi d’amnistie qui a sorti le pays d’une crise politique» et qui a «sauvé notre vivre-ensemble». Il prône la «réparation pour les détenus» des événements politiques.
C’est un esprit libre qui a fait face aux Rédactions de E-Media. Alioune Tine dénonce les insultes et accusations gratuites. Mais souhaite une pédale douce dans la répression judiciaire. Il appelle à lever la perception d’une confusion des rôles entre le Président Diomaye et le Premier ministre. Et il constate que Sonko est d’ailleurs un «hyper Premier ministre».
Les démons de la division commencent à resurgir avec l’idée d’une plainte contre l’ancien président, Macky Sall, brandie par Boubacar Sèye et Cie. Alioune Tine préfère ne pas en parler «pour le moment», pour préserver son statut de médiateur.
Il a rappelé, cependant, que c’est «la loi d’amnistie qui a sorti le pays d’une crise politique» et qui a «sauvé notre vivre-ensemble». Le droit-de-l’hommiste prône la «réparation pour les détenus» des événements politiques et même l’érection d’un monument.
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COLLECTIVITÉS TERRITORIALES CE QUE BALLA MOUSSA FOFANA DEMANDE AUX GRÉVISTES
La grève des travailleurs des collectivités territoriales court toujours, au grand dam des populations.
La grève des travailleurs des collectivités territoriales court toujours, au grand dam des populations. Ce vendredi, en marge d’une cérémonie de remise de matériel informatique aux services d’état civil des communes, leur ministre de tutelle, Balla Moussa Fofana, a lancé un appel aux grévistes.
GOUVERNANCE DIOMAYE - SONKO : LES MOTS DE ALIOUNE TINE QUI IRRITENT LES «PASTÉFIENS»
Sur les réseaux sociaux, ses propos ont soulevé l’ire des partisans de Pastef
Les mots de Aioune Tine, sur le début de la Gouvernance Diomaye – Sonko, sont forts. Pour lui, c’est un Etat «Pastéfien» qui est en train de se mettre progressivement en place.
«De mon point de vue, après avoir assisté à ce qu'on peut appeler un Etat agressif, nous n'avons pas l'impression d'avoir tourné la page de l'Etat-partisan». C’est l’avis de Alioune Tine. Pour davantage préciser ses propos, le Président de Afrikajom Center ajoute : «On a l'impression qu'il se met en place petit à petit un Etat pastefien.»
En effet, ce sont les nominations aux postes stratégiques de nombreux membres du parti Pastef laissent transparaître ce sentiment qui habite Alioune Tine, renseigne «Le Quotidien» qui rapporte ses propos.
Le Président de Afrikajom Center estime que le défi, c'est de voir comment on peut traverser cette nouvelle mutation de la démocratie, et ne pas réduire notre démocratie à une démocratie électorale. Et ne pas réduire la légitimité à une seule légitimité de ceux qui sont élus.
Alioune Tine a aussi alerté sur des risques de tension : «L'inversion qu'il y a au niveau de la hiérarchie du parti au pouvoir (Pastef) fait que nous avons quelqu'un qui a une surcharge de légitimité (Ousmane Sonko, Ndlr) qui devient Premier ministre. Cela va décentrer le pouvoir totalement, et on y assiste. Cela va créer de nouvelles tensions qu'il faut prévenir dès maintenant». Et de l’autre côté, dit-il, il y a la dette politique de Diomaye (le président de la République). Une dette extrêmement forte qui est un poids sur ses épaules à l'heure actuelle. «C'est cela qui crée de la tension au sommet du pouvoir», indique M. Tine.
Sur les réseaux sociaux, ses propos ont soulevé l’ire des partisans de Pastef. Mais, le président de Afrkajom Center a tenu à préciser : «Une jeunesse qui ne débat pas, c'est une jeunesse en retraite anticipée. Il faut regarder les défis, les identifier et les résoudre. Mais croire que le monde s'écoule face à la moindre contradiction, c'est effarant», a-t-il plaqué sur X, face aux critiques.
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LE FARDEAU DE L'EMPIRE FRANÇAIS
Plus de 60 ans après les indépendances, le ressentiment né de la colonisation française reste tenace. Excuses, restitutions, fin de la "Françafrique" : les demandes pleuvent de toutes parts. Jusqu'à quand l'Hexagone pourra-t-il faire la sourde oreille ?
Dans un échange instructif, les historiens français Pascal Blanchard et Benjamin Stora ont dressé un constat glaçant : les cicatrices de la colonisation française en Afrique restent grandes ouvertes, empoisonnant les relations entre l'ex-puissance coloniale et ses anciennes possessions.
"Le cas africain cristallise les tensions autour du legs colonial", assène Pascal Blanchard, fin connaisseur des faits coloniaux. De l'Algérie au Mali en passant par le Burkina Faso, les jeunes générations africaines ont les yeux rivés sur l'Histoire. Elles réclament à cor et cri vérité et réparations à l'ancienne métropole.
Un vent de rébellion souffle sur le continent, avive les braises de la colère contenue trop longtemps. Comme le souligne Benjamin Stora, "Les demandes affluent de toutes parts : restitution des biens pillés, excuses officielles, fin de la gestion opaque héritée de la Françafrique...Ces questions ne sont plus de l'ordre de l'anecdotique, elles sont entrées dans le champ diplomatique."
Sur les berges de la Seine, le malaise est palpable. Les élites dirigeantes, de droite comme de gauche, ont longtemps fui le débat. "La repentance idéologique est brandie pour museler la réflexion", dénonce Blanchard. Coincée entre la nostalgie réactionnaire d'un passé mythifié et l'agressivité des révisionnistes, la recherche historique peine à se faire entendre.
La solution ? Donner un écrin, une vitrine nationale, à l'exploration apaisée de ce pan douloureux de l'Histoire française. "Un Musée de la colonisation s'impose en France, à l'image de ce qui existe déjà ailleurs", plaide Blanchard. Un lieu pour transmettre, pédagogiquement, les mémoires plurielles et le récit partagé du fait colonial.
Le message est clair selon les deux spécialistes : la France ne pourra plus longtemps éluder les demandes de vérité et de justice émanant d'Afrique. Jusqu'à quand la France pourra-t-elle tourner le dos à cette part d'elle-même ? L'avenir de ses relations avec le continent pourrait bien en dépendre.
L'OMBRE D'UN ÉTAT AUX ORDRES DE PASTEF
Le spectre d'un "État pastéfien" plane sur le Sénégal selon Alioune Tine. Le président d'Afrikajom Center juge sévèrement les premières nominations du nouveau régime. Il estime que la "surcharge de légitimité" de Sonko risque de décentrer le pouvoir
Alioune Tine, président-fondateur d’Afrikajom Center, déclare avoir l’impression d’assister à la mise en place d’un «Etat pastéfien», au vu des nominations aux postes de responsabilité faites par le nouveau régime. Une position que cette personnalité de la Société civile a défendue lors d’une table ronde.
La remarque est de taille. Elle émane de Alioune Tine. Le président du think-thank Afrikajom Center a sa lecture de la marche du pays depuis l’avènement du Président Bassirou Diomaye Faye. «De mon point de vue, après avoir assisté à ce qu’on peut appeler un Etat agressif, nous n’avons pas l’impression d’avoir tourné la page de l’Etat-partisan», constate Alioune Tine, qui continue de contester l’invalidation des candidatures de Sonko et de Karim Wade à la dernière élection présidentielle. M. Tine, qui intervenait lors de la table ronde organisée hier par l’Association sénégalaise de Droit constitutionnel (Asdc), dira à l’attention de l’assistance, souligne Seneweb : «On a l’impression qu’il se met en place petit à petit un Etat pastéfien.»
Les nominations aux postes stratégiques de nombreux membres du parti Pastef laissent transparaître ce sentiment qui habite Alioune Tine. Ce dernier, durant son intervention, est aussi revenu sur le nombre d’étapes de la crise politico-électorale que le pays a eu à traverser avant d’aboutir à l’élection du 24 mars dernier.
Ce membre éminent de la Société civile a poursuivi sa réflexion en soutenant : «Le défi, c’est de voir comment on peut traverser cette nouvelle mutation de la démocratie, et ne pas réduire notre démocratie à une démocratie électorale. Et ne pas réduire la légitimité à une seule légitimité de ceux qui sont élus. Il y a de nouvelles légitimités qui émergent, qui sont fortes.»
Analysant l’évolution du duo Diomaye-Sonko à la tête du pays, Alioune Tine souligne : «L’inversion qu’il y a au niveau de la hiérarchie du parti au pouvoir (Pastef) fait que nous avons quelqu’un qui a une surcharge de légitimité (Ousmane Sonko, Ndlr) qui devient Premier ministre. Cela va décentrer le pouvoir totalement, et on y assiste. Cela va créer de nouvelles tensions qu’il faut prévenir dès maintenant.»
«De l’autre côté, on a la dette politique de Diomaye (le président de la République). Une dette extrêmement forte qui est un poids sur ses épaules à l’heure actuelle. C’est cela qui crée de la tension au sommet du pouvoir», fera-t-il encore remarquer.
Et Alioune Tine de rappeler, non sans évoquer le rejet par le Président Macky Sall de la candidature de Amadou Ba, son propre candidat, au sujet des bouleversements intervenus en février dernier : «S’il y a un paramètre qui a échappé à Macky Sall et qui a tout chamboulé, c’est Bassirou Diomaye Faye. La validation de la candidature de Diomaye a été un moment de déstabilisation du régime. C’est à ce moment que beaucoup de choses se sont passées avec le report, les accusations du Pds contre les juges du Conseil constitutionnel.»
ÉVÉNEMENTS DE MARS 2021 À JUIN 2023, ME JUAN BRANCO FAVORABLE À UNE COUR SPÉCIALE
Le tonitruant avocat français, en compagnie de Me Bamba Cissé, a animé un panel dénommé ‘’Droit et politique’’ au cours duquel ils sont largement revenus sur les différentes péripéties inhérentes à la crise politico-judiciaire qu’a connue le Sénégal.
La conférence organisée par l’activiste Pape Abdoulaye Touré a réuni l’avocat français Juan Branco et Me Bamba Cissé. Il a beaucoup été question des événements sanglants des trois dernières années. Me Branco préconise la mise en place d’une cour spéciale pour juger les auteurs des morts.
Le tonitruant avocat français Juan Branco, en compagnie de Me Bamba Cissé, a animé un panel dénommé ‘’Droit et politique’’ au cours duquel ils sont largement revenus sur les différentes péripéties inhérentes à la crise politico-judiciaire qu’a connue notre pays l’année dernière.
Devant un parterre de militants de Pastef et d’’’ex-détenus politiques’’, les deux robes noires se sont interrogées sur le sens de la lutte contre l’impunité et la nécessité d’ériger un système judiciaire impartiale capable de protéger les droits fondamentaux.
Lors de son intervention, Me Bamba Cissé, membre du pool des avocats d’Ousmane Sonko, a indiqué que le droit et la politique ne font pas souvent bon ménage.
En effet, selon lui, les violences politiques qui ont émaillé le Sénégal sont le fruit d’une volonté des politiciens d’orienter et de guider les poursuites contre les citoyens. ‘’Une révolution n’est jamais acquise. La répression politique du régime de Macky Sall s’est fortement appuyée sur les lois senghoriennes très liberticides, notamment l’article 139 du Code de procédure pénale qui prévoit des infractions politiques. (NDLR : sur les réquisitions dûment motivées du ministère public, le juge d'instruction est tenu de décerner mandat de dépôt contre toute personne inculpée de l'un des crimes ou délits prévus par les articles 56 à 100 et 255 du Code pénal. La demande de mise en liberté provisoire d'une personne détenue provisoirement pour l'un des crimes ou délit spécifiés à l'alinéa précédent sera déclarée irrecevable, si le ministère public s'y oppose par réquisition dûment motivée. Cette situation dans un contexte d’un présidentialisme très fort après 1962 a facilité l’emprisonnement de personnes sans divers motifs. On nous dit souvent que quand la politique entre par la porte, le droit passe par la fenêtre’’, a déclaré Me Cissé.
L’avocat appelle les militants de Pastef a cherché à accompagner le nouveau régime dans l’émergence d’un nouveau pays basé sur les principes d’État de droit et la liberté. Prenant la parole, Juan Branco a insisté sur la nécessité de lutter contre toute forme d’impunité, avant de réclamer justice pour toutes les 80 personnes ainsi que les centaines de blessés lors des violences liées aux émeutes populaires de mars 2021 à juin 2023. ‘’La violence exercée par le régime de Macky Sall sur le peuple sénégalais n’a pu être contrée qu’avec la forte mobilisation des jeunes, des avocats et de simples citoyens épris de liberté. Des crimes contre l’humanité commis par des gens qui ont souillé leurs institutions et qui n’ont pas encore été sanctionnés. En outre, celui qui a ordonné que la mort se répande a pu quitter le pays en jet privé. En effet, il n’est pas acceptable que gens qui ont brisé des citoyens puissent continuer à occuper des positions de pouvoir et des privilèges. Les réparations me paraissent minimales. Pour lutter efficacement contre l’impunité, il est possible de créer une cour spéciale ou des mécanismes spéciaux qui permettent de juger les auteurs de violences et d’abus contre les citoyens’’, soutient-il avec force.
‘’Le choix ou non de poursuivre cette procédure devant la CPI appartient aux nouvelles autorités sénégalaises’’
Selon l’avocat au barreau de Paris, le Sénégal ne semble pas avoir le choix, dans la mesure où la requête déposée devant le procureur de la CPI est un document de 700 pages qui détaille toute la machine répressive du régime de Macky Sall. ‘’Le choix ou non de poursuivre cette procédure devant la CPI appartient aux nouvelles autorités sénégalaises. Elles peuvent poursuivre dans la voie qu’on a tracée avec plusieurs victimes qui se sont signalées où venir appuyer la plainte devant le procureur de la CPI. Je pense que le Sénégal a déjà fait montre de son expertise et de la disponibilité de ressources humaines compétentes pour mener à bien cette mission de juger les responsables de ces crimes’’, s’exclame-t-il.
Très en verve, il se veut toutefois prudent, concernant l’avenir de cette loi votée de l’amnistie, à la veille de la Présidentielle. ‘’Je suis avocat et je dois me fier à la volonté de mon client. Si entretemps, le client est devenu Premier ministre, je peux lui suggérer de revoir cette loi ou la faire évoluer pour qu’elle serve l’intérêt général’’, souligne l’avocat des Gilets jaunes.
Auparavant, Me Branco a remercié tous les acteurs de la société civile, les partis politiques de leur détermination à en finir avec le régime oligarchique. Il a pu détailler la stratégie du pool des avocats de Sonko qui, d’après lui, a permis la libération de ce pays. ‘’Ce pool s’est distingué par sa capacité de gestion des rythmes judiciaires en déposant des recours au bon moment, mettant ainsi en difficulté les magistrats, notamment ceux de la Cour suprême qui ne pouvaient pas violer le droit. Ils ont su pousser dans leurs retranchements et trouver l’espace pour aller vers la Présidentielle, car si la condamnation était définitive en octobre et novembre, je pense que c’en était fini et que le but de tout ça était de le déposer aux portes de l’élection présidentielle’’, renseigne-t-il.
ABDOU MBOW S'EXPRIME SUR L'AVENIR POLITIQUE D'AMADOU BA
L’ex-candidat de Benno va-t-il annoncer sa démission et créer sa propre formation politique ? Le député de Benno s’est exprimé à ce sujet dans un entretien accordé à L’Observateur.
L’avenir de Amadou Bâ au sein de l’Alliance pour la République suscite débat. L’ex-candidat de Benno va-t-il annoncer sa démission et créer sa propre formation politique ? Abdou Mbow s’est exprimé à ce sujet dans un entretien accordé à L’Observateur.
«J'ai entendu certains dire qu'Amadou Bâ doit prendre ses responsabilités, mais je pense que ce ne sont pas ces gens-là qui doivent nous donner des leçons ou qui doivent parler de l'avenir d'Amadou Ba. Si Amadou Ba décide de rester dans le parti, il le dira, s'il décide aussi de sortir du parti, c'est lui-même, je pense, qui le dira.
Mais, d'autres personnes qui ne sont ni membres de l'Apr, qui n'ont jamais accompagné l'Apr, je ne peux pas prendre ce qu'ils disent comme argent comptant parce que leur parole pour moi ne compte pas. Amadou Ba était à l'étranger, il est revenu. J'ose espérer que dans les prochains jours, il rejoindra les camarades pour qu'ensemble, on continue le travail dans le parti.»
C’EST UNE GROSSE ERREUR QUE LE PRÉSIDENT SORTE DU CSM, SELON ME BAMBA CISSÉ
"C’est pour éviter le gouvernement des Juges. Il ne faut pas laisser les juges seuls décider en Conseil supérieur de la magistrature. Mais qu'il ne le politise pas", dit l'avocat.
Sur la question, les avis divergent. Mais, Me Bamba Cissé, qui fut avocat de Ousmane Sonko, le président de la République doit rester dans le Conseil supérieur de la magistrature. Ce, pour éviter que les juges décident seuls. Il l’a dit jeudi, lors d’une conférence axée sur la Justice et la Politique.
«C’est pour éviter le gouvernement des Juges. Il ne faut pas laisser les juges seuls décider en Conseil supérieur de la magistrature (Csm). Que le président de la Publique sorte du Csm pour moi c’est une grosse erreur. Il faut qu’il reste. Mais qu’il ne politise pas le Csm.
Et là, on l’attend du Président Diomaye Faye. C’est un technocrate. C’est quelqu’un que je connais personnellement, je sais que c’est quelqu’un qui ne peut pas dérailler. Le premier ministre Ousmane Sonko n’en parlons pas, pour moi il est plus que dans les principes.»
IL N’Y A PAS DE DYARCHIE AU SOMMET DU POUVOIR!
Dans un entretien exclusif accordé au « Témoin », Abdou Aziz Mbaye, membre de la conférence des leaders de «Diomaye président», et président du mouvement «FUTURSEN », assure que toutes les promesses du nouveau régime seront tenues.
Propos recueillis par : Christian SENE |
Publication 07/06/2024
Lors de la dernière élection présidentielle, qui s’est tenue le 24 mars, vous avez soutenu le candidat Bassirou Diomaye Faye à travers la coalition éponyme. Quelles sont les raisons d’un tel choix au vu de la multiplicité de candidats qui sollicitaient alors les suffrages de nos compatriotes ?
Abdou Aziz MBAYE – À côté de mes activités professionnelles, j’ai toujours mené une réflexion politique. J’ai d’abord voulu m’engager en politique après la présidentielle de 2000 mais, avec la défaite du président Abdou Diouf que je soutenais, j’ai préféré prendre du recul et m’occuper de mes affaires. J’aurais pu soutenir son successeur, le président Abdoulaye Wade, que je connaissais et qui avait été professeur invité dans l’Université où j’étudiais mais, moralement, je ne pouvais pas le faire compte tenu de tout ce qui me liait aux socialistes !
Par la suite j’ai aidé, y compris financièrement, le candidat Macky Sall qui lui a finalement succédé, et qui était porteur d’immenses espoirs au début de son magistère, mais il y a eu des blocages. Des responsables avec qui j’entretenais pourtant de très bons rapports n’ont pas voulu que je l’approche. La fin de son « règne » a été ce que tout le monde sait et je n’ai pas besoin d’y revenir. Pour participer à ma manière à l’animation du débat démocratique, j’ai créé un mouvement de réflexion appelé FUTURSEN.
En tant que socialiste, je ne pouvais pas comprendre, encore moins accepter, que l’on mène des politiques libérales dans des pays pauvres comme les nôtres. Il fallait mener des réflexions sur des problématiques comme le chômage endémique des jeunes avec son corollaire, l’émigration massive et périlleuse vers l’eldorado européen, mais aussi sur la santé, l’éducation, l’économie etc. Les pouvoirs libéraux ont fait beaucoup d’investissements dans ce pays. Malheureusement, ces investissements n’étaient pas productifs pour la plupart. Or, j’ai connu durant mon adolescence un Sénégal industrialisé notamment dans des filières comme le textile (Sotiba Simpafric et Icotaf entre autres), le cuir (Bata), les huileries (Sonacos, Pétersen) etc. L’ajustement structurel est venu casser tout cet outil industriel. Nous n’avons pas su nous insérer dans la division internationale du travail comme disait le président Senghor. Au rendez-vous du donner et du recevoir, nous n’avions rien à offrir. Sur le plan de l’intégration économique africaine, Air Afrique était un magnifique symbole hélas cassé lui aussi.
Vous ne nous dites toujours pas pourquoi est-ce que vous avez choisi de soutenir Bassirou Diomaye Faye…
Il faut dire que j’avais voulu me présenter à la présidentielle mais j’ai buté sur l’écueil des parrainages. Etant donné que j’étais déjà dans l’opposition, j’ai été séduit par l’éthique de conviction et de responsabilité du candidat Bassirou Diomaye Faye et de son mentor. Sur le plan professionnel, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, qui ne font en réalité qu’un, sont non seulement très compétents mais aussi faisaient preuve d’une intégrité sans faille dans le travail. Vous me permettrez à ce propos de raconter une anecdote : J’ai un ami qui est un cadre dirigeant dans une très grosse entreprise de la place. Bassirou Diomaye Faye y a effectué une mission de vérification fiscale au terme de laquelle il a infligé un redressement salé à l’entreprise. On lui a proposé une très grosse enveloppe pour qu’il ferme les yeux mais il l’a refusée en disant : « le produit de ce redressement, c’est pour la Patrie ». Et croyez-moi, il n’est pas facile de rejeter le montant qu’on lui proposait ! Diomaye c’est Sonko et Sonko c’est Diomaye. Leur engagement pour le peuple leur a fait subir les foudres répressives du régime du président Macky Sall. Malgré tout, ils ont tenu sans jamais rompre. Tout cela a fait que mon choix s’est porté sur Bassirou Diomaye Faye. Lui et Sonko sont porteurs d’espoirs.
Justement, ces espoirs ne sont-ils pas en train d’être déçus deux mois après leur accession au pouvoir quand on voit qu’une bonne partie de l’opinion leur reproche de ne pas avoir tenu leurs promesses relatives à l’appel à candidatures pour certaines fonctions, à la réduction du prix des denrées ou à la reddition des comptes pour ne prendre que ces trois exemples ?
Mais ils viennent seulement d’arriver au pouvoir ! Et puis, ils ont trouvé une situation économique et financière très difficile. Il leur faut du temps pour tenir leurs promesses. Les populations qui les ont élus massivement doivent être patientes. S’agissant du coût de la vie, il y a des paramètres extérieurs à prendre en compte, la plupart de ces denrées sont importées et leurs cours sont fixés sur les marchés internationaux. Et il y a aussi les accords avec le FMI et la Banque Mondiale à respecter. C’est compliqué mais ils y parviendront. Toutes les promesses seront tenues au fil du temps. Sans compter que le président Bassirou Diomaye Faye ne dispose pas de majorité à l’Assemblée nationale pour pouvoir faire voter toutes ses réformes. Pour ce qui est de la reddition des comptes, le président de la République et son Premier ministres de même que leurs ministres sont en train de faire l’état des lieux. D’ores et déjà, ils ont fait savoir qu’aucun rapport des corps de contrôle ne sera mis sous le coude. La justice fera son travail sans entrave et à son rythme. En ce qui concerne les appels à candidatures, tout nouveau pouvoir a besoin de gouverner avec des gens de confiance dans un premier temps. Là aussi, la promesse sera tenue. L’essentiel c’est de donner du temps au temps comme disait un grand homme politique français.
A côté de ces « mauvais points » décernés par la nouvelle opposition, pouvez-vous nous citer quelques bons points à l’actif du nouveau pouvoir que vous soutenez ?
Dans le domaine de l’agriculture, le président de la République et le Premier ministre ont pris toutes les dispositions pour que, pour la première foire, tous les intrants parviennent directement jusqu’aux véritables ayants droit que sont les paysans. Ce en éliminant les intermédiaires parasites. Pour cela, ils ont mis à contribution l’Armée. Surtout, ils ont honoré leur promesse de régler — et à bonne date — tous les arriérés dus aux fournisseurs de semences et d’engrais. Ensuite, il y a les Assises de la justice qui viennent de s’achever avec des recommandations saluées par tout le monde qui devraient se traduire par une modernisation de notre justice et sa réconciliation avec le peuple au nom duquel elle est rendue. Le Président a donc tenu sa promesse de tenir des assises inclusives sur la justice en profitant de la journée nationale du dialogue fixée au 28 mai de chaque année. Pour dire vrai, il s’agissait juste de parfaire notre système judiciaire car le Sénégal bénéficiait déjà d’une bonne justice reconnue en Afrique et dans le monde entier. Une justice et, surtout, d’excellents magistrats à l’image de feus Kéba Mbaye et Youssou Ndiaye pour ne citer que ceux-là. Destinataire des recommandations, le Président Bassirou Diomaye Faye va prendre les mesures qui s’imposent
Il y a aussi la lutte sans merci que lui et son Premier ministre mènent contre la maffia des prédateurs du foncier. Il y a eu une gestion scandaleuse du foncier sous les deux précédents régimes avec notamment l’accaparement du Littoral et du domaine public maritime privatisé au profit de privilégiés de ces régimes. Le Président s’est rendu lui-même dans la région de Thiès, sur le site du projet dit Mbour IV pour arrêter une véritable mise sous coupe réglée du patrimoine foncier de cette zone au profit de quelques individus. Le Président et le Premier ministre ont martelé leur volonté ferme de mettre un terme à ce banditisme foncier. Ce sont là quelques bons points seulement à l’actif des nouvelles autorités.
Deux mois après son arrivée aux affaires, le nouveau pouvoir a déjà à son actif — à son passif devrait-on dire ! — des arrestations d’activistes et des gardes-à-vue de journalistes. Les défenseurs des libertés s’inquiètent d’une reproduction des dérives de l’ancien pouvoir. Que leur répondez-vous ?
Il faut remettre les choses dans leur contexte. Ceux que vous appelez des activistes, plutôt que de mener des batailles d’idées ou de faire des dénonciations à caractère politique, agressent verbalement d’honnêtes citoyens en déversant des insanités sur eux et en les accusant de choses que la morale réprouve. Tout cela sur la base d’un tissu de mensonges. Plus que des blessures résultant d’agressions physiques qui peuvent cicatriser et guérir, les dommages psychologiques et moraux causés par les calomnies de ces pseudo-activistes sont indélébiles et ne s’effaceront jamais. Ils détruisent des vies. Ce genre d’individus, la justice a le devoir de sévir contre eux. Quant aux journalistes, ils doivent s’assurer de la véracité des informations qu’ils publient ce qui est le B-A Ba de leur métier. Les journalistes incriminés n’ont même pas cherché à s’assurer de l’existence du site d’où ils prétendent avoir tiré l’article qu’ils ont commenté. Heureusement que le CORED, qui est le tribunal des pairs, a fait son travail et a estimé que des erreurs ont été commises. L’Armée, le secret de l’instruction, ce sont des choses très sensibles. Le général Kandé n’a parlé à aucun de ces journalistes. Nous avons une Armée républicaine et loyale. Une Armée « fidèle » disait le président Senghor. Constitutionnellement, le président de la République nomme aux emplois civils et militaires.
Pour en revenir aux arrestations, c’est la justice qui s’est autosaisie. Ce n’est pas le président de la République ou le Premier ministre qui ont demandé d’arrêter tel ou tel. Il ne faut pas ouvrir la boite de Pandore des insultes, des injures et des calomnies.
En tant que membre de la conférence des leaders de la coalition « Diomaye Président », quels conseils donneriez-vous aux nouveaux dirigeants de notre pays dans le sens d’une plus grade réussite de leur mission ?
Il faut qu’elles prennent à bras le corps le problème de l’insécurité. Aujourd’hui, les Sénégalais sont attaqués à coups de machettes en plein jour voire égorgés comme des moutons de Tabaski. Dans certaines zones, les habitants n’osent plus sortir la nuit. Toutlemonde a peur. Des voyous circulant à bord de motos attaquent des citoyens, arrachent leurs téléphones ou leurs sacs, les sabrent s’ils résistent. Il s’y ajoute que notre pays est devenu une plaque tournante du trafic de drogues dures et du faux monnayage. Les saisies records succèdent aux saisies records et elles sont désormais devenues hebdomadaires voire quotidiennes. Et encore ces saisies de drogue et de fausse monnaie effectuées ne sont que la face visible de l’iceberg. L’ampleur de la circulation de faux billets de banque est telle qu’il faudrait songer à doter tous les commerçants de détecteurs. Il faut aussi mettre en place un système d’identification pour qu’on puisse savoir qui est qui surtout les étrangers. Je leur conseillerais aussi de sortir de leurs bureaux le plus souvent possible et d’aller en contact avec les réalités du terrain. Il ne faut surtout pas qu’ils acceptent de se faire isoler des populations qui les ont élus. Last but not least, il me semble qu’il commence à y avoir un peu trop de ministres conseillers. En réalité d’ailleurs, dans l’orthodoxie républicaine, un ministre conseiller, c’est le numéro 2 d’une ambassade. A la Présidence de la République, on doit plutôt trouver des conseillers spéciaux, c’est ce qui avait cours sous le président Abdou Diouf. Et même dans le cabinet du président François Mitterrand, le tout-puissant Jacques Attali avait le titre de conseiller spécial. On peut avoir rang et avantages de ministre sans en avoir l’appellation. Je comprends que tout le monde veuille se faire donner du « Monsieur le ministre » ou « Mme le ministre », mais ce n’est pas orthodoxe. Et il faut mettre fin à cette inflation.
Et que pensez-vous de la dualité qui s’et installée au sommet de l’Etat entre le président de la République et son Premier ministre ?
Il n’y a pas de dyarchie au sommet du pouvoir ! D’ailleurs, j’ai eu à interpeller un jour le Premier ministre — c’était à l’hôtel Azalaï — sur la banalisation des symboles de l’Etat, notamment les flèches tricolores sur les flancs des bus ou des trains voire des avions de la compagnie nationale, et il m’a répondu que cette question relevait des prérogatives du président de la République. Il m’a précisé que lui, Ousmane Sonko, n’est que le Premier ministre nommé par le président Bassirou Diomaye Faye. De même, quand on le voit recevoir des ambassadeurs, il le fait à la demande du Président car il s’agit souvent de discuter de questions économiques ou sectorielles, ce qui relève de ses compétences. La diplomatie, elle, et la défense relèvent du domaine réservé du Président. La relation entre le Président et le PM est fusionnelle et ils travaillent en parfaite complicité.
Pour le reste, comme je le disais tantôt, le Président n’a pas encore de majorité à l’Assemblée. Nous devons donc préparer les législatives et ne pas oublier que si nous avons bénéficié de votes-sanctions contre le précédent régime et aussi de votes d’adhésion au Projet, il y a eu aussi et surtout des votes d’espoir. Cet espoir ne doit pas être déçu. Il faut donc préparer les législatives sous la conduite du député Ayib Daffé, qui est le secrétaire général de Pastef, un homme très ouvert et lucide. L’Opposition qui a reçu un coup KO le 24 mars dernier fait tout pour nous déstabiliser mais ça ne passera pas.
UN FAMILIER DES ARCANES DE L’ETAT
Abdoul Aziz Mbaye est un économiste spécialiste des relations internationales diplômé de Paris Dauphine. Il est titulaire d’un troisième cycle de sciences politiques de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. En France, il a travaillé aux Caisses d’Epargne Ecureuil puis a été chargé d’études au BIPE (Bureau d’Etudes et de Prévisions économiques). Il a aussi effectué un stage à l’ACCT (Agence de coopération culturelle et technique, ancêtre de l’Agence française de développement ou AFD). Rentré au Sénégal, il a dirigé l’Agence d’information et de promotion diplomatique logée à la présidence de la République et dont la mission était de fournir des informations utiles et faciliter l’accueil des investisseurs mais aussi de leur fournir des informations sur les opportunités d’affaires au Sénégal, l’environnement économique, les institutions etc. Bref, une sorte d’Apix avant la lettre. Dans le cadre de son travail à la tête de cette agence, Abdou Aziz Mbaye a été en relation avec les conseillers diplomatiques, en communication du président Abdou Diouf, à qui il voue une admiration sans bornes, mais aussi avec l’ambassadeur Bruno Diatta, le secrétaire général de la présidence de la République, l’amiral Ousmane Sall, aide de camp du Président etc. Mais son plus grand pote à la Présidence, pour ne pas dire son mentor, c’était Cheikh Tidiane Dièye, le très discret journaliste et philosophe conseiller spécial numéro 1 du président Abdou Diouf chargé de la communication et rédacteur de la plupart des brillants discours de ce dernier. Des grands commis qui lui ont fait connaître les arcanes de l’Etat et lui ont appris à connaître au plus haut niveau ce monstre froid. Ils lui ont également inculqué le culte du secret. De ses incursions profondes à la Primature, il a été profondément marqué par de grands Messieurs, des personnalités remarquables comme l’ambassadeur Paul Badji, conseiller diplomatique du Premier ministre, ou le colonel (promu général par la suite) Alioune Samba. Inutile de dire que le très élégant et policé Abdou Aziz Mbaye est nostalgique de cette belle époque aujourd’hui révolue d’un Etat majestueux, solennel et impérial incarné par des personnages d’exception !
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MACKY SALL DANS LE COLLIMATEUR DES VICTIMES DE SON RÉGIME
Malgré une loi d'amnistie, les proches des 86 victimes décédées lors des manifestations de 2021 et 2024 n'entendent pas tourner la page. Ils se sont constitués en collectif et demandent l'arrestation de l'ancien président
(SenePlus) - Les familles de ceux qui ont perdu la vie ou ont été injustement emprisonnés au cours des manifestations de l'opposition ces trois dernières années réclament que justice soit faite. Constituées en collectif dénommé "le collectif des victimes du régime du président Macky Sall", elles demandent aux autorités judiciaires d'émettre un mandat d'arrêt international à l'encontre de l'ancien président pour qu'il réponde de ses actes devant la justice, selon un reportage de RFI.
Le collectif rassemble 650 personnes, des individus arrêtés de façon arbitraire, selon leurs dires, et des proches de victimes décédées lors des manifestations depuis 2021. Babacar Seye, président du collectif, appelle les autorités sénégalaises à émettre un mandat d'arrêt international contre l'ex-président Macky Sall. "Macky Sall ne peut pas être au-dessus de la loi. Nous avons besoin de comprendre... Macky Sall devra être extradé au Sénégal pour répondre de ses actes !", a-t-il déclaré, cité par RFI.
Malgré une loi d'amnistie générale adoptée dans les derniers jours du régime de Macky Sall et portant sur les crimes commis dans le cadre des manifestations entre février 2021 et 2024, Makhou Mandela, dont la femme enceinte de sept mois a été arrêtée en 2023, estime qu'il faut pouvoir examiner cette période devant la justice. "C'est vraiment donner une mauvaise jurisprudence à ceux qui dirigent ce pays ! Il y a des familles déchirées à jamais, des disparus, il faut que justice se fasse ! C'est une obligation pour les générations futures", a-t-il déclaré selon RFI.
Dans l'immédiat, un peu plus de 12 650 personnes ont signé une pétition demandant l'extradition de Macky Sall. Le collectif a également demandé à rencontrer le président Bassirou Diomaye Faye pour exposer leur besoin de vérité, de justice et de réparation, indique le média français.
Cet appel à la justice intervient dans un contexte de tensions politiques au Sénégal, où l'opposition accuse l'ancien président Macky Sall de dérives autoritaires et de violations des droits humains au cours de son mandat. Les manifestations qui ont secoué le pays ces dernières années ont fait de nombreuses victimes et donné lieu à des arrestations massives, selon les opposants.