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23 novembre 2024
Politique
AMADOU BA ACCEPTE OFFICIELLEMENT L’INVITATION DE SONKO À UN DÉBAT
L'ancien Premier ministre a accepté l'invitation à un débat public portant sur des questions clés telles que l'économie, les libertés et les ressources naturelles. Il propose que leurs équipes se rencontrent afin de fixer les modalités pratiques.
Il ne reste plus qu’à trouver une date pour organiser le débat Sonko-Amadou Ba. L’ancien Premier ministre a publié un message sur son compte X pour annoncer sa disposition à débattre sur “des rapports évoqués et de sujets cruciaux comme l’économie, les libertés et les ressources naturelles”.
Sur sa page Facebook, le leader de la coalition Jamm Ak Njerin va plus loin en jetant des piques à son challenger. “Manifestement, j’ai vu juste en affirmant que Monsieur Ousmane Sonko éprouve une nostalgie sans doute légitime de ma modeste personne. Sa volonté de se mesurer ne me gêne aucunement”, écrit-il.
Amadou Ba ajoute: “Aussi, j’accepte volontiers son invitation à un débat public et contradictoire. Nos équipes respectives pourraient se rencontrer pour déterminer les modalités pratiques. D’ici là, j’espère qu’il mettra à ma disposition les rapports qu’il a évoqués et rendra publics tous les échanges entre le Premier ministre que j’étais et les ministres concernés par les allégations, pour que l’on puisse discuter utilement de toutes les questions soulevées dans lesdits rapports”
Il propose pour finir: “Au-delà des sujets qu’il propose, bien qu’il soit curieux qu’il délimite lui-même les sujets, le débat devra porter sur tous les aspects de la vie de notre nation (économie, finances publiques, pouvoir d’achat, emploi, libertés publiques, institutions, justice, ressources naturelles, inondations, éducation, santé, sécurité, diplomatie, etc.). Soucieux des solutions aux problèmes de notre peuple, je ne peux que me réjouir que la politique soit une confrontation d’idées”.
BARTH’ VISE ET FAIT MOUCHE
Je confirme que Bougane est un otage politique. Les Sénégalais se rendent de plus en plus compte qu’ils ont été manipulés. Depuis mars 2024, nous n’avons pas de réelle politique contre le chômage -Une autre voie est possible, et c’est la nôtre
Serigne Saliou Diagne et Bocar Sakho |
Publication 24/10/2024
Barthélemy Dias, maire de Dakar, par ailleurs tête de liste de la Coalition «Samm sa kaddu» pour les Législatives anticipées, estime qu’ils sont prêts à diriger le pays, dans le cadre d’une cohabitation, si les électeurs leur font confiance le 17 novembre prochain. Pour «faire face aux menaces qui pèsent sur l’harmonie sociale», il appelle à «une autre voie», celle qu’incarne sa coalition. Le maire de Dakar veut imposer une cohabitation inédite au pouvoir Pastef.
Vous avez été choisi pour conduire la liste «Samm sa kaddu». Quel est votre état d’esprit à la veille du démarrage de la campagne électorale ?
J’ai été effectivement choisi par la Coalition «Samm sa kaddu», composée de plusieurs leaders de partis politiques, pour diriger la liste. C’est pour moi un honneur que j’apprécie à sa juste valeur, et je remercie tous ceux et celles qui m’ont fait confiance. Je rappelle que nos listes aux scrutins majoritaire et proportionnel sont composées de personnalités qui ont fait leurs preuves dans les domaines d’activités où elles interviennent : partis politiques, organisations de la Société civile, acteurs économiques, associations et mouvements organisés de jeunes et de femmes… Je leur rends hommage d’ailleurs pour l’esprit d’ouverture, la solidarité et le courage dont elles font preuve depuis le début.
Dans quelques jours, ce sera le début de la campagne électorale. J’aborde cette étape avec beaucoup de sérénité, parce que nous allons à un rendez-vous qui a un rapport avec la vérité. La campagne sera un moment de clarification pour les Sénégalais. Notre pays traverse des moments de doute existentiel qui font que personne n’a plus de certitudes sur l’avenir. L’image et l’expression les plus utilisées sont que notre bateau n’a plus de capitaine, faute de boussole et de repères fixes. Les Sénégalais se rendent compte de plus en plus qu’ils ont été manipulés et entraînés par la force des choses dans une voie sans issue. Le plus surprenant, c’est l’hypothèque que l’on fait peser sur la cohésion et l’unité nationales, rudement mises à l’épreuve presque tous les jours par des déclarations dangereuses, comme s’il y avait quelque part un désir de revanche sur le Sénégal. Je laisse aux psychologues et aux sociologues le soin de nous expliquer le pourquoi de certains comportements qui ne sont pas adaptés à notre volonté commune de vivre ensemble dans la paix et l’harmonie. C’est encore pire dans le pilotage des politiques publiques. Les nombreuses erreurs commises en sept mois de pouvoir ont mené le pays dans l’impasse et ont fini de conforter les Sénégalais dans l’idée qu’ils se sont trompés. J’ai une philosophie et une approche de la vie assez singulières. Pour moi, le mensonge et la manipulation ne mènent à rien, dans la vie politique comme dans la vie quotidienne. La vérité finit toujours par triompher. Personnellement, on ne me prendra jamais à défaut sur ces questions de principes et de valeurs.
Au-delà de dénoncer certaines postures comme vous le faites, qu’est-ce que vous comptez proposer aux Sénégalais lors de cette campagne électorale ? Pourquoi devraient-ils voter pour votre coalition ?
Nous comptons dire la vérité à nos compatriotes. Leur dire que les conditions de vie très difficiles qu’on leur a imposées ne sont pas une fatalité. De ma position en tant que maire de Dakar, je vois la précarité se diffuser dans nos ménages. Je rencontre beaucoup de personnes qui me confessent leurs difficultés à joindre les deux bouts, des pères et mères de famille qui ont de plus en plus de problèmes pour nourrir leurs enfants. Pour preuve, l’essentiel des courriers que je reçois est constitué de demandes d’aide pour le paiement du loyer, de secours, de prises en charge dans les hôpitaux ainsi que des requêtes de bourse scolaire. C’est la notion-même de dignité humaine qui est mise à mal dans notre pays depuis sept mois à cause des politiques hasardeuses, des choix économiques qui font des victimes par milliers. Je pense à nos vaillants industriels, aux chefs d’entreprise, aux acteurs du secteur informel et aux différentes catégories socioprofessionnelles dont les activités ont cessé de se développer. Il est inutile de revenir sur les déclarations qui heurtent la sensibilité de nos populations, des diplomates installés dans notre pays, ainsi que celle de nos partenaires techniques et financiers. Tout compte fait, il nous faudra reconnaître cette réalité vertigineuse : le pouvoir actuel ne fait rien, absolument rien de sérieux pour écarter les menaces qui pèsent sur la survie des individus, des entreprises et de notre Nation en général. Mais vous avez raison : nous ne nous arrêtons pas aux constats. Nous irons à la rencontre des Sénégalais pour leur dire clairement qu’il est possible de sortir de l’impasse à condition de faire le bon choix le jour du scrutin et de ne pas laisser leur avenir entre des mains inexpertes.
Une autre voie est possible, et c’est celle que nous incarnons avec la Coalition «Samm sa kaddu» dont le contrat de législature sera soumis aux Sénégalais. Nous ne comptons pas rester les bras croisés face à la crise qu’ils ont installée dans le pays, ainsi que toutes celles qui risquent de survenir si nous commettons l’erreur de leur donner une majorité à l’Assemblée nationale. Pour cela, il faudra instaurer une cohabitation afin de rééquilibrer le rapport de force et d’inverser cette tendance destructrice.
Mais est-ce que vous pensez que notre pays est prêt pour une cohabitation qui serait une grande première ?
Rien ne justifie que l’on continue à faire confiance au président de la République, à son Premier ministre et à son gouvernement, dès lors qu’ils nous mènent à une impasse, comme je l’ai dit tantôt.
La crise dans laquelle nous sommes, était prévisible du fait de l’avalanche de promesses non tenues, tant en matière de choix économiques et sociaux qu’en matière de gouvernance. Les premiers actes posés sont tout au contraire annonciateurs d’une dictature.
Si les Sénégalais nous donnent la majorité à l’Assemblée nationale, nous formerons un gouvernement d’union nationale dont l’une des missions premières sera de rétablir les grands équilibres macro-économiques, de ramener la paix et l’harmonie sociale dans notre pays.
Vous pensez que la cohésion nationale est menacée ?
Vous avez récemment suivi les sorties de piste des nouvelles autorités, notamment le débat sur le port du voile, ainsi que les déclarations malveillantes et désobligeantes à l’endroit des guides de nos confréries religieuses. Le Sénégal a toujours été à l’abri de ces dérives qui minent la cohésion sociale et la stabilité de notre Nation. Je m’étonne d’ailleurs que l’auteur des discours aussi subversifs sur nos confréries soit toujours dans l’espace présidentiel.
A supposer que vous ayez la majorité absolue à l’Assemblée nationale, est-ce que le président de la République est obligé de choisir un Premier ministre de votre camp ?
Il va de soi que si nous gagnons, le président de la République n’aura d’autre choix que de se tourner vers nous pour nommer un Premier ministre, qui se chargera ensuite de former son gouvernement. C’est une question de bon sens et de logique. Je pense d’ailleurs que c’est la meilleure chose qui puisse arriver à notre pays. Il faut expérimenter le concept de gouvernance concertée qui permet à toutes les parties prenantes de se concerter et d’échanger sur la marche du pays.
En cette période d’incertitudes et de grands dangers que le nouveau pouvoir fait courir à la stabilité et à l’harmonie nationales, la cohabitation est une chance inespérée. C’est pourquoi il faut se retrousser les manches, aller rencontrer les Sénégalais et leur expliquer qu’ils ont entre leurs mains le pouvoir de mettre un terme au désordre que le nouveau pouvoir a installé dans ce pays. Avec mes colistiers, je m’y emploierai de toutes mes forces pour que le pays retrouve le chemin de la paix et de la quiétude qu’il n’aurait jamais dû quitter.
Ousmane Sonko a récemment affirmé que tous les chiffres sur les indicateurs économiques ont été falsifiés pour masquer la gravité de la situation de notre pays. Il a notamment indexé l’ancien président de la République, Macky Sall, et ses anciens ministres des Finances. Qu’en pensez-vous ?
Ceux qui ont été cités n’ont qu’à répondre de leurs actes si les accusations sont avérées. Je dis bien si les accusations sont avérées, parce qu’ils nous ont habitués à des accusations grotesques et fantaisistes dont le seul soubassement est de manipuler les populations. Tout le monde sait que les tenants du pouvoir sont à la recherche d’arguments de campagne et tous les moyens sont bons, pourvu que l’objectif politique recherché soit atteint. Je ne partage pas cette manière de faire de la politique. Un homme d’Etat respectueux de la séparation des pouvoirs et de sa parole aurait dû laisser les corps de contrôle faire normalement leur travail. Tout ce tintamarre nous renseigne sur le fait que la politique politicienne revient en force dans notre pays, au détriment du sérieux et du sens des responsabilités. Il n’est donc pas étonnant que notre pays s’enfonce de jour en jour dans la crise, avec des conséquences ravageuses sur le bien-être des populations.
Pour en revenir à votre contrat de gouvernance, qu’est-ce que vous proposez ?
D’abord, il faut rapidement se pencher sur les conditions de vie des populations qui se sont davantage dégradées durant ces sept derniers mois. Il faut prioriser le bien-être des populations, refuser que des gens puissent continuer de souffrir parce qu’ils n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins primaires. Nous voulons ériger la dignité humaine au rang de priorité, et cela passe par de nouvelles lois beaucoup plus adaptées. Des initiatives sociales seront prises, à l’exemple de celles que nous mettons en œuvre à la Ville de Dakar. Il faudra des politiques plus hardies et davantage ciblées, capables de répondre à la demande sociale. Personne ne doit être laissé en rade.
Depuis mars 2024, nous n’avons pas connaissance d’une réelle politique contre le chômage.
La question du chômage des jeunes sera examinée et traitée avec la même détermination. Il y a un vrai basculement que les données issues du dernier recensement de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) mettent en lumière. Les trois-quarts de la population sénégalaise ont moins de 35 ans et l’âge médian se situe désormais à 19 ans. Autrement dit, les populations de 0 à 19 ans constituent la moitié de la population sénégalaise, estimée à un peu plus de 18 millions. L’observation des tendances de fond, démographiques et sociales montrent une population très jeune soumise à un «effet stock» qui perturbe la morphologie et l’homogénéité de la pyramide des âges, avec une base élargie et un sommet effilé. Cet état de fait a accentué le désœuvrement ainsi que le désespoir des jeunes, qui prennent d’assaut les pirogues à la recherche d’un avenir meilleur. Nous sommes tous témoins ces derniers temps de grandes tragédies à l’échelle humaine.
Nous avons une émigration du désespoir accentuée par les nouvelles autorités qui procèdent à des licenciements abusifs et à l’arrêt des activités économiques dans certains domaines tels que le Btp.
Il faut un cadre de référence globale qui offre plus de lisibilité et une approche pragmatique des problèmes de jeunesse. Je suis d’accord que si nous ne prenons pas en charge cette catégorie d’âge, nous risquons de passer complètement à côté.
Vous avez donc la solution au problème ?
Je ne suis pas dans la démagogie. Il faut tenir un langage de vérité aux jeunes, et non profiter de leur détresse pour leur vendre des rêves chimériques.
Notre philosophie est qu’il faut avoir une démarche claire vis-à-vis de cette catégorie d’âge. Toutes les initiatives qui seront prises en la matière le seront avec la jeunesse pour l’impulsion des réformes nécessaires.
Notre pays regorge de talents et d’expertises reconnues au-delà de nos frontières. Il faut s’ouvrir à toutes les intelligences, éviter de s’enfermer dans le sectarisme et mobiliser toutes les énergies pour la recherche de solutions négociées et partagées. Personnellement, je crois au partage, à l’ouverture vers l’autre, parce que pour diriger efficacement un pays comme le nôtre, il faut être à l’écoute.
Comment appréciez-vous ce qui s’est passé à Bakel ces derniers jours ?
Vous me permettez d’abord d’avoir une pensée pieuse pour les populations de Bakel, de Matam, de Kanel, de Kidira et de Podor, qui sont dans le désarroi. Je dénonce avec vigueur le manque de réactivité des autorités qui auraient dû agir dès les premières alertes, en déployant les moyens nécessaires pour prévenir ce drame. Je dis bien drame, parce que des familles entières ont perdu tous leurs biens, des villages et des hameaux ont été emportés par les eaux.
Notre coalition, «Samm sa kaddu», a estimé nécessaire de se déplacer pour leur apporter assistance. C’est en cours de route que le président Bougane Guèye Dany a été arbitrairement arrêté par les Forces de l’ordre, et les autres leaders brutalisés. Ceci constitue une violation flagrante des droits et libertés individuels et collectifs. Nous exigeons sa libération immédiate et sans conditions.
Nous sommes décidés à ne plus accepter que la Justice soit instrumentalisée pour des raisons purement politiciennes.
Un des leaders de votre coalition, Bougane Guèye Dany, est détenu à Tambacounda, attendant son procès. Vous avez soutenu que c’est une prise d’otage d’un adversaire politique par le pouvoir. Qu’est-ce que vous comptez faire pour sa libération ?
Bougane Guèye est un candidat aux élections législatives dont la campagne démarre dimanche prochain. A ce titre, il doit bénéficier de toutes les libertés garanties par la Constitution pour battre campagne aux côtés de ses colistiers. Nous avons déjà organisé une conférence de presse pour dénoncer cette forfaiture, pour que les Sénégalais sachent que c’est une affaire strictement politique. Je confirme encore que Bougane Guèye est un otage politique. Son arrestation procède d’une logique de sabotage du scrutin. Le président de la République et son Premier ministre font tout pour fausser l’esprit des Législatives du 17 novembre prochain afin d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. Nous sommes au courant des stratégies déployées pour déstabiliser notre liste, parce qu’ils savent que la Coalition «Samm sa kaddu» est l’avenir du Sénégal. Nous comptons saisir l’ensemble des chancelleries africaines et occidentales pour porter toutes les informations nécessaires à leur attention. Elles sont témoins des dérives en cours, des atteintes aux libertés publiques et de la violation des règles du jeu démocratique. Les tenants du pouvoir ont violé le Protocole additionnel de la Cedeao en organisant des élections sans initier le dialogue avec les partis politiques.
Une campagne d’information et de sensibilisation sera également menée auprès de la Société civile pour qu’elle soit plus vigilante face à cette situation.
Le Pur a démenti les allégations faisant état du retrait de ses membres de votre coalition. Quels commentaires en faites-vous ?
Effectivement, le Pur a démenti ces informations. Il a réaffirmé son ancrage dans la Coalition «Samm sa kaddu». Je profite d’ailleurs de l’occasion pour manifester toute ma sympathie et mon estime pour Serigne Moustapha Sy. Il a consenti des efforts énormes pour la victoire éclatante de notre coalition au soir du 17 novembre prochain.
Vous savez certainement que depuis que nous avons confectionné notre liste, nous assistons à des opérations visant à saborder nos bases. Ce qu’on peut appeler l’affaire Déthié Fall est la dernière en date. C’est la première fois, si ma mémoire ne me trompe pas, qu’un Premier ministre reçoit une personne d’une liste concurrente à grand coup de publicité et de communication. Pour moi, c’est un bon baromètre et une mesure de l’état d’affolement des tenants du pouvoir, qui savent qu’ils vont laisser des plumes dans ces élections législatives. C’est pourquoi ils procèdent à des tentatives de débauchage de maires et d’élus locaux. Je peux vous assurer qu’ils se trompent de stratégie. La majorité silencieuse, qui détermine au final le résultat du scrutin du 17 novembre prochain, attend le moment venu pour se prononcer, comme elle sait le faire. La transhumance qu’ils sont en train de promouvoir est la preuve qu’ils ne respectent pas leur parole, parce qu’ils avaient promis qu’une fois au pouvoir, ils allaient mettre fin à ces pratiques.
Il y a de cela quelques semaines, vous avez présenté un bilan à mi-mandat aux populations de Dakar pour votre gestion de la mairie. Cette obligation de transparence que vous vous donnez au niveau de la municipalité, influera-t-elle sur votre dynamique au Parlement, pour contrôler du mieux l’action du gouvernement ?
Ce que nous sommes en train de faire à la mairie doit faire tache d’huile. Dans tous les cas, c’est ce que les populations attendent de nous. La redevabilité est une obligation pour tous ceux qui prônent une bonne gestion. Il faut savoir rendre compte, et c’est ce que nous avons fait tout dernièrement à la Ville de Dakar. En particulier, le bilan à mi-mandat nous a permis de rencontrer les populations et de leur dire : voilà comment l’argent de vos impôts a été utilisé. Il faut le reproduire partout, dans toutes les sphères de la vie publique. J’espère que la prochaine Assemblée nationale jouera sa partition dans le contrôle de l’action gouvernementale. Si nous sommes majoritaires au Parlement, nous veillerons à ce que ce sacro-saint principe d’une République normale soit respecté pour que l’Assemblée nationale soit véritablement à sa place.
Par Ibou FALL
DIOMAYE FAYE SE FAIT REMARQUER PAR SA TENUE DE CAMOUFLAGE...
Le défilé militaire face aux catastrophes reste identique. Cette mise en scène guerrière face aux catastrophes trahit une conception dépassée de l'action politique. C'est le révélateur d'une gouvernance confondant l'apparence et l'efficacité
Un chef de l’Etat qui s’affuble d’un camouflage pour ne pas passer inaperçu, il faut avoir vécu jusqu’en 2024 pour revoir ça. Certes, le costume et la mise en scène rappellent l’attirail du bedonnant Macky Sall dix ans auparavant, qui saute alors depuis son piédestal jusqu’à une défaillante station de traitement des eaux avec, dans la garnison héroïque et vengeresse, l’inévitable Mimi Touré. Un spectacle affligeant que l’on ne pense pas revoir de sitôt. Hélas…
Ça ne prend pas tous les mêmes, mais ça recommence
Au moins, on ne mourra pas idiot : c’est pain béni, de notre vivant, d’avoir la chance insigne de savourer également le spectacle touchant du svelte président Bassirou Diomaye Faye en camouflage de commando, manches retroussées, chapeau de brousse sur la tête et rangers aux pieds, le pas décidé, s’apprêtant à affronter ces maudites eaux qui troublent son magistère en semant la désolation dans l’Est.
Un inévitable lâcher des eaux nous apprend-on doctement du côté de l’Omvs, pour éviter que les ouvrages ne cèdent sous le poids du trop-plein d’eau. Le pourquoi du comment sera sans doute réservé à plus tard, après que les ministres et chefs d’Etat de l’organisation auront papoté au sujet du sexe des anges engendrés par la décrue du fleuve Sénégal.
Mieux vaut tard que jamais, dit le sage… Là, en effet, ce n’est plus le temps de verser une larme et se faire du mouron concernant nos pauvres concitoyens qui voient les eaux en furie dévaster leur vie. Le temps, déjà perdu, est désormais à l’action.
Retour à la case départ.
C’est en avril 2024, dès leur accession au pouvoir, que le nouveau régime doit labourer l’arrière-pays, ce Sénégal des profondeurs qui vote pour un quasi inconnu au CV rachitique. Par gratitude et en reconnaissance : dire merci et, en même temps, s’enquérir des urgences de ce peuple exaspéré mais patient, qui sait changer de direction quand le guide qu’il se choisit prend la mauvaise pente. Il ne manquera sans doute pas, au cours de ces tournées d’information, un compatriote au langage assez direct pour leur expliquer les aléas des hivernages et les urgences de l’heure.
Il n’en sera rien…
Le président nouvellement élu préfère prendre l’avion et visiter le gratin planétaire, poser avec les grands du monde, ressasser des antiennes sur l’avenir de l’humanité. Quant aux Sénégalais qui attendent un, euh, projet de société censé les mettre à l’abri de la misère, ils peuvent attendre les bienfaits de l’horizon 2050, les pieds dans l’eau, le pantalon retroussé et le baluchon sur la tête.
Là, le président Bassirou Diomaye Faye leur fait l’honneur de les regarder de haut, les survoler, après la promesse d’un budget de huit milliards de nos pauvres francs Cfa à propos desquels personne ne sait trop quelles plaies ces numéraires sous-développés vont panser. Bien sûr, sur place, le sauveur sublime ne manque pas d’annoncer une décision forte pour marquer sa détermination. Ce sont les orpailleurs qui écopent pour l’occasion
Pendant ce temps, Ousmane Sonko, le «meilleur Premier ministre de tous les temps» selon son admirateur de président, organise sa quête à Dakar Arena en direction des Législatives. Apparemment, il ne doit pas rester grand-chose des fonds politiques, ou même des autres tiroirs où ça peut racler les deniers publics sans histoire, puisque le président du parti Pastef, téméraire tête de liste de la coalition du même nom, s’oblige à réclamer une dîme à ses inconditionnels, via Kopar Express
J’oubliais : en avril 2024, quand Macky Sall leur remet de mauvaise grâce les clés de la maison Sénégal, ils trouvent des comptes falsifiés et un pays en ruine.
Qu’à cela ne tienne : aux yeux de Ousmane Sonko, l’occasion est trop belle pour présenter sa version de l’histoire des événements de 2021 à 2024. Bien sûr, il est surtout question de son génie politique et sa vista stratégique qui installeront Pastef aux commandes de la République. Bien entendu, ses disciples boivent du petit lait : «Ousmane Mou Sèll Mi» est un visionnaire qui voit les emmerdes arriver au grand galop, prévoit les chausse-trappes, anticipe les complots et pousse le patriotisme jusqu’à renoncer à la présidence de la République pour laisser passer son second, qu’il surnomme «Serigne Ngoundou».
Le Patriote Suprême pousse le génie jusqu’à tomber sciemment dans le piège de Sweet Beauté. Rassurez-vous, c’est fait exprès… Ses condamnations pour «corruption de jeunesse» et diffamation sont programmées, histoire de divertir la tyrannie en place qui ne fera pas attention au placide Bassirou Diomaye Faye, déjà en prison.
Ses ruses de sioux portent leurs fruits : le 24 mars 2024, 54% de l’électorat sénégalais plébiscitent son bras gauche.
C’est le moment aussi que choisit Bougane Guèye Dany pour se signaler à l’attention de ses futurs électeurs : au prix de sa liberté et au péril de sa vie, il ira porter son aide aux sinistrés du Sénégal oriental. Bien entendu, les Forces de l’ordre ne l’entendent pas de cette oreille, surtout quand leurs patrons reçoivent des ordres d’en haut. Ça finit par une arrestation musclée, une garde-à-vue et un mandat de dépôt. La comparution devant les juges en flagrants délits est fixée à la semaine prochaine, le 30 octobre, précisément. Pour l’heure, Bougane Guèye Dany attend en prison à Tambacounda que la Justice se prononce sur son refus d’obtempérer aux ordres des gendarmes.
Les vitupérations des leaders de la Coalition «Samm sa kaddu», Barthélemy Dias en tête, n’y feront rien. Enfin, pas tous. On apprend que Déthié Fall, troisième sur leur liste nationale, en bon politicien africain, bavarde nuitamment avec Ousmane Sonko. Un peu comme son mentor de l’époque, Idrissa Seck, alors chef de l’opposition, qui négocie le fromage du Cese en catimini avec Macky Sall, pendant que ses ouailles crachent le feu sur le régime.
Un jour lointain, quand le suicidaire manitou de «Gueum sa bopp» sera du camp des vainqueurs, il ne faudra pas s’étonner de le voir rassembler ses ouailles à Dakar Arena pour leur expliquer le génie politique qui dort alors en lui et inspire cette manière téméraire mais stratégique de se jeter volontairement en prison ; ce qui serait, selon ses prédécesseurs, «le raccourci pour le Palais».
C’est le moment que choisit Amadou Ba pour sortir du bois. Devant la presse, à la Maison du Parti socialiste -légitime retour à la maison-mère- , le candidat arrivé deuxième à la Présidentielle de mars 2024 remet les points sur les «i». Selon lui, malgré son silence depuis la dernière présidentielle, on sait à présent «qui a trahi qui»… L’occasion est trop belle pour ne pas se laver à grande eau : il ne meurt pas de faim, à n’en pas douter, mais ce n’est pas un crime quand on n’a rien à se reprocher. Ça tombe bien, le Premier ministre Ousmane Sonko, qui l’accuse de tous les péchés d’Israël dont une falsification des comptes et une fortune inexplicable, le défie : un débat public pour solde de tout compte.
Perso, je ne crois pas une seconde que ce débat aura lieu. Mais le hic ne viendra pas de Amadou Ba : ses lieutenants le disent favorable au duel, en tout lieu, à tout moment. La douche froide viendra du Cnra : sous la férule de son nouveau président, Mamadou Oumar Ndiaye, qui déclare n’avoir pas l’intention de jouer les gendarmes, l’organe de régulation fait tout de même la police de circonlocution…
Problème : personne n’exige qu’il soit médiatisé. Si ça se tient en plein air, devant une foule de curieux, loin des télévisions et des radios, en quoi le Cnra est-il concerné ? La parade rappelle les esquives de Ousmane Sonko lorsque la Justice le convoque dans l’affaire Adji Sarr, ou Mame Mbaye Niang : il a toujours un ami qui ne lui veut que du bien pour bondir de nulle part et l’empêcher de déférer aux convocations.
Et même lorsqu’en sa qualité de Premier ministre, Ousmane Sonko doit affronter les représentants du peuple pour sa Déclaration de politique générale, c’est depuis les rangs des députés que jaillit la lumière : Guy Marius Sagna, avec sa verve coutumière, lui présente l’excuse du Règlement intérieur pour sortir du traquenard par une porte dérobée, avant que le président de la République soi-même ne dissolve le parlement.
Tout ça nous rappelle les années de braises, avec le pic de la présidentielle de 1988, lorsque l’opposant Wade et ses ouailles dont l’actuel président du Cnra, réclament un face-à-face avec le Président Diouf. Les Socialistes, qui ne misent pas trop sur le canasson qui leur sert de poulain, multiplient les prétextes pour éviter le massacre en direct…
Bref, il n’est pas question de tenir ce face-à-face auquel Barthélemy Dias veut resquiller en précisant que seul l’usage du français, la langue officielle, sera toléré… C’est un coup en bas de la syntaxe ?
MAMADOU HADY DEME DÉNONCE LA TRANSHUMANCE POLITIQUE À LA VEILLE DES ÉLECTIONS
« C’est une démarche qui se répète de plus en plus et c’est vraiment dommage. Il faut assainir le milieu politique avec des relations de confiance », a déclaré l'enseignant-chercheur.
Dr Mamadou Hady Deme, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), a, lors de son intervention dans l’émission Pluriel sur la RTS, exprimé son inquiétude face au phénomène de transhumance politique à l’approche des élections législatives. Pour lui, cette pratique représente un véritable problème éthique qui ternit l’image de la politique sénégalaise.
« C’est une démarche qui se répète de plus en plus et c’est vraiment dommage. Il faut assainir le milieu politique avec des relations de confiance », a déclaré Dr Deme. Il a notamment déploré la multiplication des changements d’allégeance à la veille des élections, soulignant l’importance de la cohérence et de la fidélité politique dans une démocratie.
L’intervention du Dr Deme fait écho au récent désistement de Déthié Fall, leader du Parti pour le Renouveau Démocratique (PRD), qui a quitté la coalition Samm Saa Kaddu pour rejoindre la liste du Pastef en vue des législatives du 17 novembre prochain. Selon Dr Deme, bien que Déthié Fall puisse avoir des raisons personnelles justifiant son choix, ce revirement est perçu comme regrettable : « C’est vraiment dommage pour quelqu’un qui est vu comme l’inventeur de l’intercoalition Samm Saa Kaddu… Mais tout compte fait, la réalité est que c’est une démarche terrible», a-t-il affirmé.
Dr Deme a également abordé le cas de Moussa Ngom, qui, lors des élections municipales de février 2022, avait confisqué les listes de la coalition Yewwi Askan Wi avant d’être reçu en audience par le président Macky Sall. Plus récemment, lors des dépôts des listes pour les législatives, le mandataire de Me Moussa Diop aurait pris la fuite avec ces documents, illustrant à nouveau les comportements controversés observés sur la scène politique sénégalaise.
Ces événements, pour Dr Deme, posent la question de l’éthique dans la politique sénégalaise, notamment à la veille d’échéances aussi importantes que les législatives.
Il appelle à un véritable assainissement du milieu politique, fondé sur des relations de confiance entre les acteurs et une fidélité aux engagements pris devant les électeurs.
CHEIKH DIENG S’ENFOUIT DANS LES ÉGOUTS
L'ancien patron de l'assainissement, qui se posait en lanceur d'alerte sur la gestion des marchés publics, pourrait bien voir sa crédibilité engloutie par cette affaire de Land Cruiser aux relents de conflit d'intérêts
M. Cheikh Dieng, ancien Directeur général de l’ONAS, a été de nouveau auditionné avant-hier, mardi 22 octobre, par la Section de Recherches de la Gendarmerie. Au cœur de l’enquête : un don de véhicule d’une valeur de 80 millions cfa offert par une entreprise titulaire d’un marché public, soulevant des suspicions de conflits d’intérêts et de falsification de documents. De quoi l’ancien directeur général limogé de l’Onas et ses supporters auraient-ils peur. En définitive, les premiers éléments de l’enquete risquent d’enfouir Dr Cheikh Dieng dans les égouts…
Nouveaux rebondissements dans l’affaire de l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (Onas). L’ancien directeur général, Cheikh Dieng, démis de ses fonctions il y a quelques mois, a été entendu mardi 22 octobre pour la deuxième fois par la Section de Recherches de la Gendarmerie. L’audition, qui a duré plusieurs heures, s’est déroulée en présence du Directeur Administratif et Financier (Daf) de l’Onas, un proche de M. Dieng, et s’est suivie d’une confrontation avec le Directeur du projet du collecteur Hann-Fann, un chantier supervisé par l’Onas.
Cette série d’auditions s’inscrit dans le cadre d’une enquête judiciaire ouverte après les déclarations médiatiques de M. Dieng, où il avait dénoncé des pratiques illicites au sein de l’Office. Cependant, le cœur de l’enquête porte sur un présumé don d’un véhicule d’une valeur de 80 millions CFA, offert par une société titulaire d’un marché public. Cet avantage accordé alors que M. Dieng était encore en poste, soulève de sérieuses questions sur de potentiels conflits d’intérêts et sur la bonne gouvernance au sein de l’institution publique.
Il ressort de certaines informations que les auditions auraient permis aux enquêteurs de se pencher plus en profondeur sur ce don de véhicule incriminé et , qui pourrait constituer une violation des règles d’éthique. Certains observateurs critiquent cependant un traitement sélectif de l’information, soulignant que plusieurs aspects de cette affaire semblent délibérément omis.
Le cas du véhicule, un 4x4 Land Cruiser offert par l’entreprise Synergie Afrique, est au centre des investigations. Ce véhicule, initialement présenté comme une acquisition liée au projet du collecteur Hann-Fann, figure dans des documents distribués à la presse par M. Dieng lors de sa conférence de presse. Pourtant, l’Ons a révélé que ces documents auraient été falsifiés, la ligne concernant le véhicule ayant été ajoutée après coup. En effet, la ligne XIV-4 du document original du projet ne comporte pas cette inscription qui suit : un « véhicule 4X4 Land Cruiser». La véritable ligne dans le devis original concernait des plaques en fonte dénommée « Plaques de fonte de classe C250 dimension 800 » destinées au projet d’assainissement.
Suite à cette découverte, l’Onas a déposé une plainte contre M. Dieng le 20 août 2024 pour « falsification de documents ». Ce dépôt a eu lieu un jour avant celui de l’ancien député Thierno Alassane Sall en date du 21 août, qui accuse également l’ex-Dg de malversations. Une question se pose donc : pourquoi ouvrir l’enquête sur les marchés publics avant de traiter celle concernant la falsification de documents ?
Une enquête orientée ?
Les partisans de M. Dieng, quant à eux, dénoncent une enquête orientée voire ciblée, accusant les autorités de vouloir détourner l’attention du véritable enjeu : la gestion des marchés publics par l’Onas Pourtant, selon plusieurs observateurs, il est essentiel de ne pas perdre de vue le fait que M. Dieng a reconnu avoir reçu le véhicule de 80 millions, tout en niant tout acte répréhensible. La question de la falsification des documents reste cependant un point crucial qui pourrait remettre en question la probité de l’ancien directeur. Selon certains acteurs au fait de ce dossier si Dr Cheikh Dieng a menti sur la voiture, il pourrait également avoir menti sur les marchés. C’est simplement une curieuse relation à la probité qui apparait au grand jour.
L’enquête suit son cours à la direction de la Section de Recherches, et l’agenda des auditions est soigneusement encadré par les autorités judiciaires. Tandis que la lumière tarde à se faire sur la gestion des marchés publics, il semble que la question du véhicule reste un point sensible et symptomatique des dérives possibles dans la gestion des fonds publics. En plus de la plainte de l’ancien député Thierno Alassane Sall, il y a aussi d’autres, celles des entreprises que l’ancien Dg avait accusées d’avoir « négocié directement avec le ministre ». L’entreprise VICAS lui avait servi une sommation interpellative par voie d’huissier pour confirmer ses propos. L’huissier n’avait jamais réussi à retrouver l’ancien directeur général malgré les nombreux déplacements effectués pour ce faire. Il avait « disparu », miraculeusement.
NIASSE, IDY, KHALIFA, AMINATA MB. NDIAYE, GAKOU, LE CREPUSCULE DES MOHICANS
Malgré la pléthore de listes engagées dans la bataille électorale pour obtenir des sièges dans l’imposante bâtisse en face de la place Soweto, des figures emblématiques de la vie politique nationale brilleront par leur absence sur les listes en lice
Les élections législatives du 17 novembre prochain seront âprement disputées. Malgré la pléthore de listes engagées dans la bataille électorale pour obtenir des sièges dans l’imposante bâtisse en face de la place Soweto, des figures emblématiques de la vie politique nationale brilleront par leur absence sur les listes en lice. Idrissa Seck, Khalifa Sall, Aminata Mbengue Ndiaye, Moustapha Niasse et Malick Gakou ne participeront pas aux prochaines législatives. Un fait inédit.
Ce sont les derniers Mohicans de la vie politique sénégalaise. Ils ont joué un rôle important dans le jeu politique ces quarante dernières années, en traversant presque tous les régimes qui se sont succédé. Aujourd’hui, le vent a tourné. Les partis politiques traditionnels sont en déclin et leurs figures tutélaires sont presque dépassées par les nouvelles réalités politiques. Le discours des vétérans n’attire plus et est jugé « désuet ».
Idrissa Seck, le « Mburu ak Soow » empoisonné !
Le « Ndamal Kàdjoor » avait une prestance inégalable. Son charisme et son discours attiraient les foules. Ancien proche collaborateur du Président Abdoulaye Wade, Idy, comme l’appellent ses partisans, a quitté le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) pour fonder sa propre formation politique, baptisée Réwmi. Alors qu’il était pressenti pour être le successeur potentiel du « Pape du Sopi », les déboires judiciaires se sont enchaînés. Le dossier des chantiers de Thiès a même contribué à renforcer son aura politique. Là où Idy passait, les foules se mobilisaient. Sûr de lui-même, les négociations tenues avec Wade sous les caméras lui furent fatales. Il rate de justesse la consécration suprême lors des élections présidentielles de 2007, en arrivant deuxième avec un peu plus de 15 %.
En 2012, le régime de Wade arrivait à l’usure. Engagé au sein de la coalition Benno Siggil Sénégal (BSS), Idrissa Seck préfère se battre contre la troisième candidature « illégale » de Me Wade plutôt que de mener campagne. Il finira à la cinquième place. Une désillusion ! Il sera contraint de soutenir Macky Sall au second tour de cette présidentielle, en intégrant la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), qu’il quitte en 2013. En 2014, il s’impose naturellement comme le chef de l’opposition à Macky Sall. A l’élection présidentielle de 2019, Idrissa Seck renaît de ses cendres en arrivant deuxième avec 20 % des voix. En 2020, en pleine pandémie de Covid19, il rejoint à nouveau Macky. Le « Mburu ak Soow », qu’il avait tant vanté pour qualifier son rapprochement avec Macky, lui sera ensuite fatal. Sa popularité dégringole. Après le renoncement du Président Sall, il quitte encore BBY. Il sera humilié lors de la présidentielle de 2024 où il n’obtient que 0,9 % des voix. La descente aux enfers se poursuit. La retraite politique d’Idrissa Seck, surpris par cette cuisante défaite, semble actée. Aujourd’hui, le « Ndamal Kàdjoor » est à l’écart, malgré l’effervescence du jeu politique. Le parti Réwmi est le grand absent des retrouvailles de la famille libérale sous la bannière de la coalition Tàkku Wàttu Sénégal, en vue des élections législatives du 17 novembre. Que mijote Idy ? Le silence est une forme de communication.
Khalifa Sall, de la gloire à la décadence
Surnommé Khaf, l’ancien maire de Dakar est un socialiste dans l’âme. Khalifa Sall a gravi les échelons au sein du Parti Socialiste (PS) sous le régime du Président Diouf. Il est élu maire de Dakar en 2009, un tournant dans sa carrière politique. Aux élections municipales de 2014, Khaf décide de se présenter sous la liste Taxawu Sénégal, malgré les mises en garde du PS. Un choix couronné de succès. Il est réélu après avoir écrasé « haut la main » la candidate du parti du président Macky Sall, une certaine Aminata Touré, à Dakar. L’ancien maire de Dakar affiche alors ses ambitions: infrastructures, financement, social. Sa popularité augmente au point que certaines voix socialistes le plébiscitent comme candidat à la présidentielle de 2019. Mais, face à un Macky déterminé à obtenir un second mandat, la neutralisation de Khalifa Sall devient inéluctable. Les membres du PS au sein de la coalition BBY sont alors divisés. Cela n’empêche toutefois pas Macky de conduire Khalifa Sall à l’abattoir. Le maire de Dakar est condamné dans l’affaire dite de la caisse d’avance en 2017, ce qui le rend inéligible par la suite. Un coup dur ! Il sera gracié en 2019. Entre-temps, de nouveaux pôles ont émergé. Les alliances deviennent plus que jamais un impératif. Dans le sillage des élections municipales de 2021, il met sur pied la coalition Yeewi Askan Wi, en compagnie de l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko. Mais, avec les déboires judiciaires d’Ousmane Sonko, le vide s’installe rapidement. Chaque ténor de la coalition cherche à la diriger. C’est la guerre des « mâles dominants » ! Khalifa Sall décide alors de se porter candidat. Ce choix se soldera par un échec cuisant, puisqu’il arrive quatrième face à la machine de guerre de la coalition Diomaye Président. Aujourd’hui, Khaf est conscient des réalités politiques. Âgé de 68 ans, il a décidé de céder la place à son fidèle lieutenant de toujours, Barthélémy Dias. Cela ne signifie pas pour autant une retraite politique. L’ancien maire de Dakar a mis en place l’Alliance pour la Transparence des Élections (ATEL), regroupant 114 partis politiques. Selon Khalifa Sall, président de la coalition Taxawu Dakar, cette plateforme est une structure de réflexion et de lutte au service de la démocratie, afin que « notre pays continue d’être un modèle de démocratie et de transparence dans l’organisation des scrutins ». « La plateforme a pour but de faire en sorte que, dans les soixante prochains mois, nous puissions organiser un scrutin transparent, sincère et serein. Pour cela, il est essentiel que chaque parti joue sa partition et que le pouvoir en place respecte les textes régissant l’ensemble du processus », a-t-il expliqué. Selon l’ancien maire de Dakar le Sénégal connaîtra un scrutin particulier, car « les textes récemment publiés laissent perplexes beaucoup d’entre nous, qui avons l’expérience des élections dans ce pays ». Khaf cherche-t-il à renaître de ses cendres avec ATEL ?
La lionne du « Njàmbur » est un pilier du Parti Socialiste (PS). Elle a occupé le poste de ministre de la Famille et de l’Enfance sous la présidence d’Abdou Diouf. L’ancienne maire de Louga a gravi les échelons au sein du PS. C’est une figure qui a toujours fait l’unanimité au sein du parti. Son parcours en tant que ministre de l’Élevage est salué par les acteurs du secteur. Après le décès d’Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall la nomme présidente du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HTTC), une institution décapitée par le Président Diomaye Faye. Si un parti politique a raté la coche du renouvellement générationnel, c’est bien le PS. Alors que de jeunes pousses comme Barthélemy Dias et Malick Noël Seck étaient perçues comme une aubaine pour rajeunir le parti, les avantages offerts par Macky Sall ont mis un frein à toute velléité de renouvellement. Les anciens socialistes n’ont jamais voulu céder la place aux jeunes, d’où les dissidences fréquentes, notamment celle de Khalifa Sall. Aujourd’hui, le « Wind of change » – vent du changement – souffle sur le Sénégal. La jeunesse est plus que jamais au rendez-vous. Aminata Mbengue Ndiaye l’a bien compris. Lors d’un comité de pilotage des investitures pour les législatives du 17 novembre, la secrétaire générale du PS a décidé de ne se présenter sur aucune liste, « non pas pour des raisons de santé, mais par principe et par grandeur ». Une décision sage, largement soutenue. Des hiérarques comme Serigne Mbaye Thiam et Alioune Ndoye lui ont emboîté le pas. Cette décision n’est-elle pas arrivée trop tard ?
Malick Gackou, le malchanceux ?
L’enfant de la banlieue a fait ses débuts au Parti Socialiste aux côtés d’Ousmane Tanor Dieng, Babacar Sine et Abdourahim Agne. Il est un pur produit de l’école du parti. En 1999, il quitte les socialistes pour rejoindre Moustapha Niass, qui venait de créer l’Alliance des Forces de Progrès(AFP) en vue de la présidentielle de 2000. Élu président du conseil régional de Dakar en 2009 dans la vague Benno Siggil Sénégal (BSS), il renonce en 2014 au poste de maire de Guédiawaye, au profit d’Aliou Sall, le frère du président Macky Sall. Incompréhensible pour beaucoup de ses partisans, certains y voyaient une attente tacite avec le régime de Macky sans aller plus loin. Des accusations qu’il a balayées d’un revers de main.
En 2015, il quitte l’AFP, où tous ceux qui exhibent des ambitions présidentielles sont quasiment exclus. Les élections présidentielles de 2019 et de 2024 ne sont pas des succès pour la tête de file du Grand Parti (GP). Malick Gackou est en retrait depuis l’élection du président Diomaye Faye où il s’était classé bon dernier. Pour les législatives du 17 novembre, malgré l’absence des membres du GP sur la liste de PASTEF, Malick Gackou a appelé une mobilisation de ses militants pour une victoire de ses anciens alliés. Relativement moins jeune que les autres Mohicans, Malick Gakou se singularise par sa longévité sur le champ politique. Mais l’homme, à force chaque fois de laisser la place aux autres favorisant notamment les élections d’Aliou Sall et d’Ahmed Aïdara, en n’osant pas affronter seul l’électorat pour se peser passe pour un poltron politique. Ceux qui croient en lui vivent des désillusions permanentes. L’homme doit tout simplement quitter le champ politique.
Le jeu politique national semble plus que jamais bouleversé. L’arrivée au pouvoir du PASTEF a sonné le glas des dinosaures politiques, fossilisés à travers les régimes qui se sont succédé depuis les indépendances. Toutefois, il est nécessaire de se demander si certaines formations politiques n’ont pas raté le rendez-vous du rajeunissement.
ALIOUNE SARR S’INTERDIT DE DIVERSION ET INVITE A LA MOBILISATION
Soixante-douze heures après le lancement officiel des activités de son nouveau parti Alliance pour le Sénégal/Andando Nguir Senegaal, le maire de la commune de Notto Diobasse n’a pas perdu du temps pour aller à la rencontre des militants de base.
Alioune Sarr ne veut pas laisser place à la diversion. Car il s’est fixé comme objectif de massifier son nouveau parti Alliance pour la République, et surtout d’apporter un soutien massif à Pastef et au président Bassirou Diomaye Faye pour une majorité confortable à l’Assemblée Nationale. Des enjeux qui ne devraient pas laisser place à la diversion. Recevant ses militants et responsables de sa base de Notto Diobass, l’ancien ministre a tout simplement appelé à la grande mobilisation. C’est le sens de la mobilisation politique de ce mercredi 23 octobre.
Soixante-douze heures après le lancement officiel des activités de son nouveau parti Alliance pour le Sénégal/Andando Nguir Senegaal, le maire de la commune de Notto Diobasse n’a pas perdu du temps pour aller à la rencontre des militants de base. En effet, il a reçu ce mercredi 23 octobre 2024 à Notto Diobasse, les principaux responsables de son Parti dans la perspective de la mobilisation de ses troupes en vue des prochaines législatives. Apres son appel pour donner une majorité confortable au Président de la République Bassirou Diomaye Faye aux prochaines législatives, pour lui permettre de procéder aux profondes réformes dont le pays a besoin, il a rappelé aux responsables de son parti la nécessité de se mobiliser pour éviter à notre pays un chaos institutionnel qui viendrait d’un blocage des institutions de la République à partir de l’assemblée Nationale. C’est pourquoi dira-t-il « nous devons donner à S.E.M. le Président de la République Bassirou Diomaye Faye tous les moyens législatifs pour mettre en œuvre sa vision de transformation du Sénégal, au bénéfice exclusif de nos populations, car émanant de la volonté populaire exprimée au suffrage universel le 24 Mars dernier ». Alioune Sarr, a cependant tenu à rappeler à ses militants que l’ambition première d’un parti politique demeure la conquête démocratique et l’exercice du pouvoir. Sous ce rapport, il a engagé les militants et les responsables de l’Alliance pour le Sénégal/Andando Nguir Senegaal à se mobiliser pour parachever l’implantation du parti et sa structuration et à refuser la diversion d’où qu’elle puisse venir pour atteindre les objectifs fixés par le Congrès du parti.
L’ancien ministre a saisi l’occasion pour décliner sa vision pour un SENEGAL PROSPERE. Pour cela, Alioune Sarr plaide pour une agriculture résiliente au service de notre souveraineté alimentaire. « Produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons, une gouvernance économique rigoureuse et transparente et une diplomatie économique efficace » a souligné l’ancien ministre. Il est également revenu sur l’engagement de l’Alliance pour le Sénégal pour un accès à des soins de qualité et une assistance médicale à nos compatriotes les plus vulnérables. La sécurisation du foncier face à la pression et aux spéculateurs demeurent une priorité dans notre pays dira-t-il.
LA DÉMOCRATIE PRISONNIÈRE DE SES VIEUX DÉMONS
Pour Jean Charles Biagui, l'arrestation de Bougane n'est que le symptôme de la persistance d'une culture administrative répressive héritée de la colonisation. Le reflet d'un système où les forces de sécurité continuent d'arbitrer les rivalités politiques
Selon l’Enseignant chercheur en Sciences politique à la faculté des Sciences politiques et juridiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, la situation de regain de tension que vit actuellement le Sénégal en cette période de pré-campagne des législatives anticipées du 17 novembre prochain s’inscrit dans les « logiques de l'activité politique qui sont toujours les mêmes ». Interpellé par Sud quotidien sur l’arrestation de Bougane Gueye qui sera jugé le 30 octobre prochain en flagrant délit, Jean Charles Biagui a indiqué qu’« il est très peu probable que ce dernier puisse transformer cette situation en gain politique même s’il adopte une posture de victime ».
La situation de regain de tension que vit actuellement le Sénégal en cette période de pré-campagne électorale des législatives anticipées du 17 novembre prochain s’inscrit dans les « logiques de l'activité politique qui sont toujours les mêmes ». L’avis est de l’Enseignant chercheur en Sciences politique à la faculté des Sciences politiques et juridiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Jean Charles Biagui. Interpellé par Sud quotidien sur l’arrestation du leader du mouvement « Gueum Sa Bopp », Bougane Gueye pour « refus d’obtempérer et rébellion » à la suite d’une « altercation » avec des Gendarmes de la Brigade de Bakel le samedi 19 octobre dernier, Jean Charles Biagui tout en regrettant cet incident soutient qu’il est tout à fait compréhensible.
En effet, selon lui, nonobstant les évènements que le Sénégal a vécu ces dernières années, on est encore loin de « l’avènement d'une culture politique démocratique qui prendra non seulement du temps » mais aussi « nécessitera une longue maturation »
« Nous sommes dans une configuration où malheureusement les forces de sécurité et les juges arbitrent souvent les rivalités entre acteurs politiques. C'est ce que j'appelle la judiciarisation du champ politique sénégalais. Cette réalité n'est pas forcément le produit d'une injonction des autorités politiques. Il s'agit de l'expression d'une culture politique, d'une culture administrative. La Police, la Gendarmerie, la Justice, l'Administration s'inscrivent dans une perspective répressive héritée de la colonisation », a-t-il souligné.
Poursuivant son analyse, le Maître de Conférences assimilé au département des Sciences politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar a toutefois tenu à exprimer son désaccord de cette intervention de cette perspective répressive héritée de la colonisation. « Si sous Macky Sall nous avions régulièrement dénoncé les arrestations tous azimuts de leaders politiques et de leaders sociaux, nous n'allons pas aujourd'hui justifier l’arrestation d'un politique pour des raisons qui ne s'imposent pas dans une démocratie libérale. La culture politique doit changer et évoluer vers une banalisation des stratégies pacifiques des hommes politiques. La Police et la Gendarmerie devraient davantage s'occuper de l'insécurité dans nos villes et dans nos villages et arrêter de suivre les agendas des hommes politiques pour chercher la petite bête qui justifierait leur convocation devant la Justice », a-t-il marteler.
Par ailleurs, à la question de savoir « à qui profite cette situation ? », l’Enseignant chercheur au département des Sciences politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar n’est pas allé par quatre chemins avant de déclarer. « S’il y a surtout un perdant dans cette situation, c'est la démocratie sénégalaise. Elle a beaucoup plus besoin de débats et de saines contradictions que d'invectives, d'insultes, d'actions répressives. Cela dit, nous estimons que c'est toujours improductif pour un régime de justifier les stratégies de victimisation des hommes politiques ou des leaders d'opinion ».
Pour conclure, l’Enseignant chercheur à la faculté des Sciences politiques et juridiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar a toutefois tenu à faire remarquer malgré le tollé que cette arrestation a suscité notamment dans les réseaux sociaux, il est très peu probable Bougane puisse transformer cette situation en gain politique même s’il adopte une posture de victime. Et pour cause justifie-t-il. « Bougane Gueye a perdu beaucoup de temps. Il avait l'occasion de s'affirmer comme un leader antisystème comme il se définit lui-même en soutenant la candidature de Diomaye Faye. Mais, Monsieur Gueye a manqué de constance à une période où, il fallait faire un choix clair entre les aspirations du peuple au changement et celles d'une minorité de conservateurs. En géopolitique, les spécialistes insistent sur l'importance pour un acteur d'évaluer ses forces et ses faiblesses dans la détermination de ses modalités d'action. Bougane Gueye, Khalifa Sall, Barthélémy Dias n'ont malheureusement pas compris cette réalité ».
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 23 OCTOBRE
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du mercredi 23 octobre 2024.
"AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES,
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Présidence de la République :
Monsieur Abdoulaye TINE, Avocat, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société de Gestion du Patrimoine bâti de l’Etat (SOGEPA-SN), en remplacement de Monsieur El Hadji Seck Ndiaye WADE.
Ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires :
Monsieur Samba NDIAYE, Ingénieur en génie Civil, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société nationale des Habitations à Loyer modéré (SN-HLM), en remplacement de Monsieur Moustapha FALL ;
Monsieur Ousseynou FAYE, Architecte urbaniste, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société immobilière du Cap Vert (SICAP)-SA, en remplacement de Monsieur Mamadou FAYE ;
Monsieur Ibrahima THIOYE, Administrateur civil principal est nommé Directeur général de la Société d’Aménagement Foncier et de Rénovation urbaine (SAFRU SA), en remplacement de Monsieur Maissa Mahécor DIOUF ;
Ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique :
Madame Mané THIAM, Expert-comptable, est nommée Président du Conseil d’Administration de la Société nationale La Poste (SN-LA POSTE) en remplacement de Monsieur Lansana SANO ;
Monsieur Oumar WATT est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société nationale Sénégal Numérique (SENUM SA), en remplacement de Monsieur Diégane SÈNE ;
Monsieur Sadikh TOP est nommé Président du Conseil d’Administration de l’Agence de Presse sénégalaise (SN-APS), en remplacement de Monsieur Moustapha SAMB ;
Ministère des Finances et du Budget (MFB) :
Monsieur Boubacar SOLLY, Docteur en géographie, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société de Gestion des Infrastructures publiques dans les Pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose (SOGIP – SA), en remplacement de Monsieur Meissa Ndao WADE ;
Madame Ndèye Fatou FALL, titulaire d’un diplôme d’études approfondies en droit économique et des affaires, est nommée Président du Conseil d’Administration de la Société nationale de Recouvrement (SNR), en remplacement de Monsieur Pape DIOUF ;
Monsieur Moustapha Camara, titulaire d’un master 2 en ingénierie des systèmes d’information, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Loterie nationale sénégalaise (LONASE), en remplacement de Monsieur Ciré DIA ;
Monsieur Sidy FALL, Opérateur économique, est nommé Président du Conseil d’Administration du Fonds de Garantie automobile (FGA), en remplacement de Monsieur Mor Dia THIAM ;
Monsieur Momath CISSE, Ingénieur statisticien, est nommé Directeur général Adjoint de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), poste vacant ;
Monsieur Oumar REMY, Expert en Commerce international, est nommé Président du Conseil d’Administration du Fonds de Garantie des Investissements prioritaires (FONGIP), en remplacement de Monsieur Oumar NDOYE ;
Ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens :
Monsieur Laurent SINA, Consultant en système de management qualité, est nommé Président du Conseil d’Administration du Laboratoire national de référence dans le domaine du Bâtiment et des Travaux publics (LNR-BTP) (ex CEREEQ-SA), en remplacement de Monsieur Dame DIOP ;
Monsieur Youssoupha CISS, Enseignant, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société nationale Les Autoroutes du Sénégal (SN-LAS), en remplacement de Madame Ndèye Saly Diop DIENG ;
Ministère de la Santé et de l’Action sociale :
Monsieur Mamadou SANE, titulaire d’un doctorat en Pharmacie, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Pharmacie nationale d’Approvisionnement (PNA), en remplacement de Madame Aïssatou Mbéne Lo NGOM ;
Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage :
Monsieur Famara MANÉ, Enseignant, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société d’Aménagement agricole des Grandes Vallées rizicoles (SODAGRI), en remplacement de Monsieur Cherif SABALY.
Ministère de la Famille et des Solidarités :
Madame Mame Mbissine NDIAYE, Technicienne Supérieure en commerce international, est nommée Président du Conseil d’Administration de l’Office national des Pupilles de la Nation (ONPN), en remplacement de Monsieur Abdou Aziz NDIAYE."
par Kalidou Diallo et Ibrahima Thioub
DÉFENDRE LE MÉTIER D’HISTORIEN
EXCLUSIF SENEPLUS - L’idée de l’autonomie, les possibles non advenus et les dettes morales qui en sont issues ne se limitent pas à la Casamance. Les universitaires y ont travaillé et continueront de les interroger
Kalidou Diallo et Ibrahima Thioub |
Publication 24/10/2024
A l’évidence, ni les auteurs ni ceux qu’ils citent à l’appui de leur condamnation n’ont lu l’ouvrage soumis à cette virulente critique. Il n’est pas étonnant qu’ils ne citent aucun passage de l’ouvrage en question intitulé L’idée de la Casamance autonome. Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal, signé par l’historienne Séverine Awenengo Dalberto. Nous espérons que ni le président ni le Premier ministre ne prêteront attention à cette interpellation appelant à des pratiques d’un autre temps : mettre à l’index un ouvrage.
Habitués à la commande politique d’ouvrages de complaisance, les auteurs du communiqué ont certainement pensé que tout le monde partage leur culture de l’obéissance au chef quand il est au pouvoir. Les seuls et rares exemplaires aujourd’hui disponibles au Sénégal y sont entrés dans la valise de l’autrice et dans celle d’Ibrahima Thioub, il y a quatre jours, afin que l’autrice puisse les offrir à certains de ses proches. Les auteurs du communiqué auraient dû, par acquis de conscience, se reporter sur le site de l’éditeur, ne serait-ce que pour prendre connaissance du synopsis de l’ouvrage.
Les idées défendues dans cet ouvrage se construisent depuis des décennies. La première publication de l’autrice sur le sujet date de 2003 dans l’ouvrage collectif « Être étranger et migrant en Afrique au XXe siècle : enjeux identitaires et modes d'insertion » où sa contribution avait porté sur la Casamance. Depuis plus de 20 ans elle n’a cessé de diffuser les résultats de ses recherches sur la question dans les revues et ouvrages scientifiques validés par des instances universitaires d’Afrique et d’Europe. Elle a ainsi récemment écrit l’un des chapitres de l’ouvrage en hommage à Momar-Coumba Diop, paru en 2023 et disponible au Sénégal, qui porte précisément sur les débats autour du statut de la Casamance pendant le processus de décolonisation des années 1950. Ces idées n’intéressent bien sûr pas les contempteurs actuels qui n’ont pas encore lu une ligne de cette œuvre construite sur le long cours.
Même si nous savons qu’il n’est pas d’argument qui tienne contre la mauvaise foi, nous tenons à édifier l’opinion que les questions en débat n’ont rien à voir avec le destin immédiat des organisations et acteurs politiques au Sénégal de quelques bords qu’ils se situent. Il s’agit de la défense de notre métier d’historien.
La lecture des auteurs du communiqué se limite à un mot du titre : autonomie. Parlons-en.
Rien n’a été plus complexe que le processus encore inachevé de la décolonisation de l’Afrique. Nombreuses furent les approches déployées par les théoriciens, les organisations et les combattants du mouvement anticolonial. Au moins trois échelles peuvent être mises en exergue : le local, le territorial et le continental.
L’idée d’un État fédéral africain a nourri l’imaginaire de nombre de militants de la décolonisation. Elle était partie intégrante des possibles les plus investis par des hommes politiques comme Cheikh Anta Diop, Kwame Nkrumah, Majhmout Diop, Julius Nyéréré. Des partis s’y sont investis sous des formes multiples à des échelles sous-régionales, au-delà des limites des frontières issues de la mise en œuvre des conclusions de la Conférence de Berlin. Le Rassemblement démocratique africain, le Parti africain de l’Indépendance, le Parti du Regroupement africain sont des plus connus de cette mouvance fédéraliste. Ce premier possible qui n’est pas advenu est en droit clos en 1963 par la décision de l’Organisation de l’Unité africaine qui a déclaré intangibles les frontières héritées de la colonisation. L’idée n’en continue pas moins de vivre dans le cœur et l’esprit de l’Afrique indépendante et ses diasporas dont ils habitent les imaginaires. Le jour où le contexte le permettra, ne seront surpris de sa réactivation que les ignorants ou ceux qui n’ont pas intérêt à sa survenue. Ce qui ne garantit pas son succès mais n’empêche pas non plus que les historiens continuent de l’étudier. Une jeune historienne japonaise vient d’y consacrer une belle thèse publiée sous le titre Nationaliser le Panafricanisme. Tout le monde en conviendra, l’Union africaine n’estimera pas qu’une telle étude conteste sa décision de 1963 et réveille les traumatismes des années 1960.
Ce que ces contempteurs de Séverine Awenengo ignorent est que l’idée de l’autonomie, les possibles non advenus et les dettes morales qui en sont issues et pouvant être mobilisées, à chaque fois que le contexte historique s’y prêtera, ne se limitent pas à la seule Casamance. Les universitaires, les historiens en particulier, y ont travaillé et continueront de les interroger n’en déplaise aux inquisiteurs des temps modernes, aveugles de leurs histoires.
Dans toute l’Afrique à la veille de la colonisation, dans les différents territoires coloniaux, se sont développés des mouvements politiques revendiquant au nom de la spécificité de leur région une autonomie politique, y compris au sein du territoire colonial en quête d’indépendance. Ces mouvements autonomistes ont eu des bases ethniques, religieuses, ou régionales.
Le Sénégal n’a pas échappé à cette logique du bas. Pour rappel, dans les années 1940-1950, nous avons avons l’Union générale des Originaires de la Vallée du Fleuve (UGOVAF), le Mouvement des Forces démocratiques de Casamance (MFDC), le Mouvement autonome de Casamance (MAC), le Bloc Démocratique du Ndiambour, le Bloc démocratique du Bawol et l’Union démocratique des Ressortissants du Sénégal oriental (UDRSO), etc. Tous ces mouvements politiques ont produit à l’époque des imaginaires, des revendications identitaires et politiques qui se sont plus ou moins transmis comme mémoires aux générations suivantes. Le processus de décolonisation et les politiques de construction de l’État-nation sur les territoires hérités de la colonisation ont absorbé et intégré dans l’imaginaire national ces expériences locales. La Casamance a connu le même phénomène avec le MFDC de 1949 et puis le MAC. Senghor s’en est servi pour vaincre Lamine Guèye avant de les absorber dans l’UPS section du PRA. Bien sûr cette absorption n’a pas, du jour au lendemain dissous les consciences et mémoires issues de cette expérience. La crise de l’Etat-nation dans ses dimensions économiques, culturelles et politiques, survenue dans les années 1980, ont entraîné un réveil et une réactivation de ces imaginaires par un groupe d’acteurs qui a mobilisé jusqu’au nom du mouvement politique de l’époque de la décolonisation, le MFDC. Cela participe de l’expérience des tensions et douleurs qui partout en Afrique ont accompagné l’idée de construire un État-nation sur le modèle européen dans les territoires hérités du partage de l’Afrique. Le projet de fusionner des États dans une perspective panafricaniste ou de faire dissidence au niveau local ont accompagné partout ce processus.
La construction d’États-nations à l’échelle du continent sur le modèle européen dans les limites des territoires issus de l’intrusion coloniale est le futur advenu du passé. La fabrique de l’État-nation a fonctionné en plein régime dans de très hautes tensions, en tenaille entre les imaginaires légués par les projets panafricains non advenus et les mémoires des « petites patries » situées à l’échelle locale des provinces et régions dont les projets d’autonomie ou d’indépendance n’ont pas prospéré. Ces derniers ont été absorbés dans le projet national avec plus ou moins de réussite par une résolution plus ou moins rapide et aboutie des vives tensions. La connaissance de ces processus historiques, qui n’ont rien à voir avec l’irrédentisme, terme dont les auteurs du communiqué feraient mieux de vérifier le sens, comme celle de leur résurgence est vitale pour résoudre les tensions qui en révèlent l’existence sous des formes diverses et des contenus multiples en Afrique.
Si on ne trouve pas de solutions basées sur des connaissances scientifiquement établies, le mouvement peut à tout moment resurgir du paillasson de la paresse où on a tenté de l’enterrer. N’est-il pas alors du devoir des historiens, de toutes origines, dans le respect des règles de la discipline de travailler à éclairer les pouvoirs publics, pour saisir dans toutes ses épaisseurs cette question, par des analyses ouvrant à de sereines discussions ? Rien n’interdit à un historien d’interroger ces processus et d’écrire l’histoire de ces « futurs non advenus du passé ».
C’est à cela que travaillent les historiens spécialistes de la Casamance depuis des décennies, entre collègues sénégalais et étrangers, y compris les Français qui ont apporté une contribution remarquable à cette recherche au long cours.
C’est à ce travail historien que Séverine Awenengo Dalberto contribue depuis plus de 20 ans qui n’ont rien à voir avec l’arrivée au pouvoir de Diomaye-Sonko ou la défaite de Ba-Sall. Il se poursuivra au-delà du destin des régimes politiques. Séverine Awenengo Dalberto n’est ni militante ni agent de qui que ce soit. Son ouvrage bâti sur une solide documentation archivistique et documentaire et d’une vaste enquête de terrain au long cours a avancé des thèses solidement argumentées. Ces thèses exposées dans l’ouvrage ne relèvent pas d’une vérité religieuse. On ne peut qu’inviter à les discuter mais le préalable est d’abord d’en prendre connaissance par la lecture de l’ouvrage ou au moins du synopsis sur le site de l’éditeur. Pour vous convaincre qu’il s’agit juste d’un procès d’intention qui lui est intentée par le SEN de l’APR et les dits « certains journalistes », nous vous citons le dernier paragraphe de la conclusion de l’ouvrage :
« Faye et Sonko incarnent sans aucun doute un espoir de changement pour l’ensemble des Sénégalais qui les ont portés au pouvoir, et plus singulièrement pour les populations qui vivent dans les trois régions qui constituent aujourd’hui la Casamance. Cependant, la réelle décolonisation de la Casamance, et donc du Sénégal, ne passe sans doute pas par le « rush du sud vers le nord » évoqué par Joseph Coly en 1968, et que pourrait représenter pour les Casamançais la réussite de Sonko, ni par une indépendance de la région. Comme ailleurs dans les sociétés postcoloniales, cette décolonisation engage plus fondamentalement la mise à plat, la reconnaissance et la réparation de ce que le moment colonial a produit de fantasmes, de dettes morales et d’inégalités, afin que les futurs non advenus du passé puissent être définitivement fixés, c’est-à-dire qu’ils ne soient pas plus considérés, en conjoncture de crise, comme le lieu d’accomplissement de la justice et de l’émancipation ».
L’autrice de cette conclusion peut-elle être, en toute bonne foi, condamnée par le tribunal inquisitorial du SEN de l’APR, au nom d’une prétendue instrumentalisation dans un complot visant le Sénégal ?
Kalidou Diallo et Ibrahima Thioub sont Historiens – UCAD.