100 mille élèves des «daaras» (écoles coraniques) ont été enrôlés, cette année, dans le programme de la Couverture maladie universelle (Cmu). Cette action a été possible grâce à la haute autorité du Waqf. Il s’y ajoute 2500 autres bénéficiaires pris en charge par les mutuelles de Dakar. La cérémonie d’enrôlement s’est déroulée hier, lundi 23 octobre, à l’Institut Islamique.
Désormais, les enfants des «daaras», plus connus sous l’appellation de «talibés» ou «ndongos daaras» pourront désormais bénéficier de soins en cas de maladie dans les différentes structures de santé du pays. Le processus vient d’être enclenché par la haute autorité du Waqf, qui a décidé d’enrôler 100 mille enfants dans le cadre de la Couverture maladie universelle (Cmu) et 700 maîtres coraniques et «ndèye daaras» (marraines des écoles coraniques). L’annonce a été faite, hier lundi, au cours d’une cérémonie d’enrôlement.
Selon le directeur général du Waqf, Racine Ba, toutes les régions du Sénégal sont prises en charge dans les 100 mille enfants touchés. «Je remercie les associations pour le travail collégial fait dans la répartition. J’ai eu l’occasion de les accueillir dans notre siège», a-t-il fait savoir. Et d’appeler «les collectivités territoriales, les hommes publics et autres à s’investir dans la haute autorité du Waqf, pour plus d’actions sociales».
Dans la continuité de cette prise en charge sanitaire des enfants des daaras, l’Union régionale des mutuelles de Dakar a, elle aussi, décidé prendre en charge 2500 enfants dans le cadre de la Couverture maladie universelle. Selon leur représentant, 500 enfants seront pris dans chaque département de Dakar, à savoir Rufisque, Keur Massar, Pikine, Guédiawaye et Dakar.
Au niveau de l’Agence nationale pour la Couverture maladie universelle (AnaCmu), le directeur, Dr Mamoudou Daff, s’est dit très honoré de participer à l’atelier, qui clôture la tournée nationale consacrée à l’enrôlement de 100.000 «ndongos daaras», 10.000 maîtres coraniques, leurs conjoints et enfants ainsi que 700 «ndeyou daaras» dans les 46 départements du Sénégal. «Ce travail minutieux, qui est à mettre sur le compte de la haute autorité du Waqf, en partenariat avec la Cmu et les maîtres coraniques, manifeste, si besoin en est encore, la volonté du Waqf d’accompagner l’écosystème des daaras du Sénégal à disposer d’une assurance maladie à moindre coût», a-t-il déclaré dans son discours.
Et d’ajouter : «cette tournée d’un mois a permis aux parties prenantes de collecter les pré-listes pour l’enrôlement des bénéficiaires cités plus haut. D’ici peu donc, le processus sera achevé et l’ensemble des bénéficiaires pourront accéder aux soins de santé, sans difficulté». Rappelons que selon la Fédération nationale des associations d’écoles coraniques du Sénégal, l’action du Waqf sera désormais pérenne.
ENVIRON 160.000 PERSONNES SONT AFFECTÉES PAR LE TROUBLE DE LA COMMUNICATION AU SÉNÉGAL
Le monde célèbre la journée internationale du bégaiement ce dimanche 22 octobre. A l’occasion, El Bachir Dieng, l’ambassadeur des handicapés vocaux du Sénégal, est revenu sur le sens de cette célébration.
Le monde célèbre la journée internationale du bégaiement ce dimanche 22 octobre. Conférences, ateliers interactifs, expositions et témoignages vont rythmer l’évènement à la Maison de la culture Douta Seck. El Bachir Dieng, l’ambassadeur des handicapés vocaux du Sénégal, revient sur le sens de cette célébration. Selon lui, 160.000 personnes, souffrant de troubles de la communication au Sénégal, ne veulent qu’une chose : vivre dans une société inclusive et bienveillante. Entretien.
Que représente pour vous la célébration de la journée internationale du bégaiement ?
C’est un moment crucial pour sensibiliser le monde à la réalité des personnes qui bégaient. C’est l’occasion de briser les stigmates, de promouvoir la compréhension et l’empathie envers ceux qui vivent avec ce trouble de la communication. La journée vise à encourager l’éducation du public sur le bégaiement, à partager des expériences et des témoignages et à mettre en lumière les ressources disponibles pour aider ceux qui sont touchés. Elle permet également de mobiliser des ressources et des initiatives visant à améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec un handicap vocal, en favorisant l’accès à des traitements appropriés, à des programmes éducatifs et à des opportunités professionnelles équitables. En fin de compte, cette journée contribue à créer un environnement mondial plus compréhensif où chacun est respecté et valorisé, indépendamment de son mode de communication.
Quels seront les temps forts de cette célébration au Sénégal ?
Nous avons prévu de nous rencontrer à la Maison de la culture Douta Seck pour des séances de self help (auto-assistance), des conférences, des ateliers interactifs, des partages d’expériences, des témoignages, des séances éducatives, des campagnes de sensibilisation, des discussions publiques et des expositions. L’objectif principal de cet évènement est aussi d’informer, d’éduquer et de réduire la stigmatisation associée au bégaiement, en offrant également un espace où les personnes concernées peuvent partager leurs défis, leurs réussites et leurs stratégies pour faire face au bégaiement. Nous voulons ainsi encourager un soutien mutuel au sein de la communauté.
À combien s’élève le nombre de personnes touchées par le bégaiement au Sénégal ?
Les statistiques indiquent qu’environ 160.000 personnes, au Sénégal, sont affectées par le trouble de la communication.
Est-ce que ce handicap est perçu comme une maladie dans notre pays ?
Non. Et c’est là la source de tous nos problèmes. Il faut comprendre que le bégaiement n’est pas une maladie, mais plutôt un trouble de la communication qui affecte la fluidité et la régularité du discours. Au Sénégal, comme dans de nombreux autres pays, le bégaiement est généralement perçu comme un trouble de la parole et de la communication et non comme une maladie. Cependant, il est important de noter que les perceptions peuvent varier d’une personne à l’autre en fonction de leur niveau de compréhension du bégaiement et de l’éducation reçue sur ce sujet. Voilà pourquoi, l’éducation et la sensibilisation sont essentielles pour changer les attitudes et promouvoir une compréhension plus approfondie du bégaiement en tant que trouble de la communication. En réalité, il s’agit de mobiliser les autorités, ainsi que la population, pour améliorer la prise en charge, favorisant une société inclusive et bienveillante.
Pensez-vous justement que cette journée peut attirer l’attention des autorités dans la prise en charge de vos préoccupations ?
Effectivement. La journée a le potentiel d’attirer l’attention des autorités et de susciter une prise de conscience significative concernant les préoccupations liées au bégaiement. Cette journée offre une plateforme importante pour sensibiliser les décideurs, les professionnels de la santé, les éducateurs et le grand public aux défis auxquels font face les personnes qui bégaient. En mettant en lumière les réalités du bégaiement, les expériences des individus et les obstacles auxquels ils sont confrontés, cette journée peut encourager les autorités à développer des politiques et des programmes spécifiques visant à améliorer la prise en charge, l’éducation et l’inclusion des personnes qui bégaient. La sensibilisation générée par la journée du bégaiement est essentielle pour instaurer un changement positif, promouvoir l’égalité des chances et améliorer la qualité de vie des personnes touchées par le bégaiement.
Existe-t-il des structures dédiées à la prise en charge des personnes souffrant de troubles de la communication ?
Oui. Il existe bel et bien, au Sénégal, des structures dédiées à la prise en charge des personnes souffrant de troubles de la communication. Elles comprennent les centres de rééducation, les cliniques spécialisées en orthophonie, ainsi que des associations. Ce sont des établissements et organisations qui offrent des services de diagnostic, de traitement, de rééducation visant à améliorer leur communication et à mieux gérer les troubles de la communication. Ils ont l’avantage de proposer des séances de thérapie individuelle, des groupes de soutien, des ateliers de gestion du stress liés au bégaiement et d’autres interventions visant à améliorer la qualité de vie des personnes touchées. Il est recommandé aux personnes concernées de se rapprocher de ces structures pour obtenir de l’aide et des conseils adaptés à leur situation.
Quels sont les autres défis de votre association ?
Depuis quelques années, nous faisons des orientations professionnelles pour les nouveaux bacheliers, afin qu’ils puissent s’insérer rapidement dans le monde professionnel, vu qu’on tend vers la digitalisation des métiers et l’automatisation des tâches. Il est nécessaire d’anticiper vers les métiers techniques et numériques. C’est très difficile pour les personnes vivant avec un handicap d’avoir du travail au Sénégal. Nous sommes souvent recalés lors des entretiens d’embauche professionnels. Dans la loi d’orientation sociale, il est clairement mentionné que la situation de handicap ne peut être, en aucun cas, un motif de discrimination pour l’accès à l’emploi. La compétence n’a rien à voir avec le bégaiement. Nous travaillons pour que l’État et les entreprises privilégient l’approche par les compétences lors des entretiens d’embauche.
LES SEINS SANS L’OMBRE DU CANCER
Pour Bes bi, c’est l’occasion de mettre la lumière sur cet organe pair dont l’importance va au-delà de la biologie. Les seins de la femme sont au cœur de l’enracinement culturel, de l’amour filial, de la religion et de la sexualité.
Bés Bi le Jour |
Marly DIALLO |
Publication 21/10/2023
Le cancer du sein ne fait pas que ronger le sein, il lui vole aussi la vedette en cette période d’Octobre Rose. Impossible de faire des recherches sur le sein sans tomber sur le mot cancer. Pour Bes bi, c’est l’occasion de mettre la lumière sur cet organe pair dont l’importance va au-delà de la biologie. Les seins de la femme sont au cœur de l’enracinement culturel, de l’amour filial, de la religion et de la sexualité.
Culture : Un abreuvoir de valeurs et d’amour filial
«Nourrices-mercenaires». Cette expression ne vous est peut-être pas familière. C’est normal parce que l’Afrique est le continent où cette pratique a le moins prospéré. Pendant longtemps en Europe, les enfants nés dans l’aristocratie étaient confiés à des femmes de conditions sociales inférieures. Celles-ci allaitaient et s’occupaient de l’enfant jusqu’au sevrage. Les femmes aristocrates pouvaient ainsi préserver leur corps et leur autonomie. Aussi, en Arabie pré-islamique, les enfants nés à la Mecque étaient confiés à des bédouines du désert. Cela permettait aux enfants de s’adapter à des conditions vie austère, de respirer l’air pur du désert et de parler un arabe authentique non dilué par le caractère cosmopolite de la Mecque. En Afrique, cette pratique était peu répandue. Et pour cause, donner le sein à son enfant est une tradition profondément ancrée. A travers ce geste, la mère ne fait pas que nourrir son enfant. Elle l’abreuve aussi de valeurs. La chercheuse Oumou Ly Kane l’explique ainsi : «Le nourrisson qui tète le sein de sa mère ne boit pas seulement du lait ; il absorbe aussi tout un système parental et social, une appartenance et un ensemble de valeurs, d’obligations et d’interdits». Aussi, ils prolongent et renforcent l’amour filial. Dans l’utérus, la mère nourrit son enfant au moyen du cordon ombilical. Une fois celui-ci sectionné, il y a la peur que le monde extérieur bien moins bienveillant éloigne l’enfant de sa mère. A ce moment-là, les seins prennent le relais et procurent nourriture, amour et réconfort à l’enfant. Donner le sein à un enfant va donc bien au-delà du fait de le sustenter. Ce geste influe sur son enracinement et sa psychologie. C’est l’une des raisons pour lesquelles en Afrique, l’allaitement est rarement délégué à une personne étrangère. Quand la mère tombe malade ou meurt, c’est à l’entourage proche que sera confié l’enfant. La nourrice choisie peut être assistée mais pas rémunérée.
Sexualité : Une érotisation lucrative
Au Cameroun, il existe une tradition appelée «le repassage des seins». Des objets chauffés sont utilisés pour masser la poitrine et empêcher son développement. Cette mutilation moins connue que l’excision vise aussi à entraver la sexualité des femmes. Cette pratique dangereuse reconnait et rejette le caractère sexuel des seins. Bien que largement répandue dans le monde, la sexualisation des seins restait, jusqu’à un passé récent, une réalité taboue confinée à la sphère privée. L’émergence des médias et du divertissement (magazines, films, publicités, pornographie) va s’accompagner d’un recours au corps de la femme comme argument marketing à partir des années 1960. Tout d’un coup, les seins de la femme ont commencé à se retrouver dans l’espace public et dans les foyers par la magie des affiches et de la télévision. Les seins sont affichés de façon suggestive dans des décolletés de plus en plus plongeants. A partir de là, la fonction nourricière du sein est ouvertement concurrencée par sa fonction sexuelle.
Place à la chirurgie d’augmentation mammaire
L’industrie de la lingerie fine en profite pour créer des produits qui embellissent et érotisent la poitrine et réalisent au passage des chiffres d’affaires aussi vertigineux que leurs décolletés. Rien qu’aux États-Unis, le marché des sous-vêtements a rapporté près de 18 milliards de dollars en 2022, rapporte Statista, un organisme spécialisé dans la compilation de données. Peu de données sont disponibles concernant l’Afrique mais on sait que la sexualisation mammaire est aussi répandue sur le continent. De même, la chirurgie d’augmentation mammaire devient de plus en plus populaire. Elle est aujourd’hui la chirurgie esthétique la plus répandue au monde devant la liposuccion, la rhinoplastie, le lifting et l’augmentation du fessier. Toutefois, il persiste en Afrique des peuples pour qui les seins ne sont pas un organe sexuel. Au sein de ces peuples, il n’est pas inhabituel que la poitrine de la femme ne soit pas voilée. C’est le cas chez les Bushmen et les Zoulous en Afrique australe et chez les Massai au Kenya.
Politique : Protester par la nudité
Le 15 février 1961, une femme a commencé à apparaitre torse-nu dans les rues de Léopoldville (Kinshasa). Son nom : Pauline Lumumba. Elle est la veuve de Patrice Lumumba assassiné un mois plus tôt. Elle espère, à travers ce geste, obtenir le droit d’enterrer le corps de son époux. Elle n’obtiendra jamais gain de cause car le corps en question a été délibérément dissout dans de l’acide pour mieux tuer le mythe Lumumba. Cette manifestation est un exemple du recours aux seins de la femme comme moyen de protestation. Cette stratégie mise sur la provocation pour attirer l’attention des médias et du public sur un sujet particulier. Ce phénomène est à la fois rare et redouté en Afrique à cause des croyances à la malédiction de la nudité des femmes. Dans certaines cultures, on pense que voir la nudité d’une femme, surtout si elle est âgée, est source de malédictions. Ainsi, en 2002 au Nigeria, des femmes Igbo ont menacé de se dénuder pour protester contre la pollution pétrolière. Cela a suffi à paralyser le secteur car les travailleurs locaux redoutaient de tomber sur des femmes dénudées. Enfin, deux femmes Prix Nobel de la paix ont eu recours à cette forme de protestation : La Kenyane Wangari Maathai pour s’insurger contre la brutalité policière et la Libérienne Leymah Gbowee pour lutter contre la guerre civile qui déchirait son pays.
Religion : Un trésor à dissimuler
«Est-il acceptable de peindre la Vierge Marie donnant le sein à Jésus ?» Cette question est au centre d’un clash entre la religion et l’art. La première invoque la pudeur tandis que le second prône la liberté d’expression. Le temps semble pencher pour la religion. Alors que la représentation en peinture de la Vierge Allaitant était très populaire au Moyen-âge et au début de la Renaissance, elle est aujourd’hui assez rare. Tout en célébrant les seins des femmes, les religions monothéistes appellent à les couvrir comme on dissimule un trésor. Pour ces religions la fonction nourricière des seins l’emporte sur les autres (sexuelle, politique, sensuelle, etc.). L’Islam comme le Christianisme considèrent l’allaitement comme une obligation morale aux bénéfices innombrables aussi bien pour l’enfant que pour la mère. La Science a donné raison à ces recommandations formulées des siècles plus tôt. L’Oms reconnait que le lait maternel participe à la nutrition, à l’immunité et au bien-être psychologique de l’enfant. Chez la femme, l’allaitement peut protéger contre les cancers du sein et de l’ovaire, le diabète, etc. Au-delà de son rôle nourricier, les seins peuvent aussi créer une relation de fraternité là où il n’existe aucun lien de parenté. C’est ce qu’on appelle la filiation par l’allaitement. En islam, téter d’un même sein suffit à faire de deux enfants étrangers des frères ou sœurs. De même, par l’allaitement, une femme peut devenir mère d’un enfant qu’elle n’a pas mis au monde.
LE SEIN DANS TOUTES SES REPRESENTATIONS
Organe important mais exposé, La journée mondiale contre le cancer du sein a été célébré ce mercredi 20 octobre 2023, en plein Octobre rose.
Bes Bi le Jour |
Marly DIALLO |
Publication 21/10/2023
La journée mondiale contre le cancer du sein a été célébré ce mercredi 20 octobre 2023, en plein Octobre rose. Cette maladie est durement ressentie par les femmes, beaucoup en perdent un ou les deux seins. Bés bi tente de voir cet organe dans toutes ses représentations. La douleur de le perdre, le bonheur de l’avoir, de le préserver. Le sein dans la sexualité, dans la famille, l’éducation, la santé de la mère et de l’enfant, la féminité, la société… Comment discuter des seins avec de parfaites inconnues ? C’est à cet exercice délicat que Bés bi s’est livré avec des étudiantes de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar (Esp). Ces jeunes scientifiques dont certaines sont voilées se livrent sur leurs relations avec cet organe essentiel. Que représente-t-il pour elles ? Prennent-elles des précautions pour le protéger ? Comment les inciter à pratiquer l’autopalpation ?
Octobre rime habituellement avec l’effervescence de l’ouverture des classes à l’Ecole supérieure polytechnique (Esp). Cependant, en cette matinée d’automne, les lieux sont plongés dans le silence et la torpeur d’une journée de canicule. Dans la cour de l’école spacieuse et propre, une végétation généreuse offre de l’ombre aux quelques rares personnes assises sur les bancs. Kadiata Diallo, Assiata Ba et Bineta Ba sont inscrites à un master de Mathématiques. Elles se sont rencontrées dans cet établissement quelques années plus tôt et ont fini par devenir comme des sœurs. Étant toutes les trois voilées, il n’est pas évident d’aborder le sujet qui nous intéresse : les seins. Les premières réactions sont réservées. Puis la dynamique de groupe aidant, la discussion devient plus animée. «Pour moi, les seins sont un magnifique don de Dieu qui va un jour me lier aux enfants que j’aurai InchAllah», déclare Kadiata. «Les seins nous identifient en tant que femmes et participent à notre féminité, qu’on l’affiche ou qu’on la dissimule», renchérit Bineta. Pour Assiata, c’est aussi un organe qui vaut aux femmes des remarques misogynes. «Quand tu as de gros seins, les gens parlent, de même que quand tu as de petits seins. Je trouve cela déplacé d’évoquer les seins des femmes et d’en faire un motif de complexes pour elles», s’indigne-t-elle. L’importance de cet organe étant établi, il est temps de s’enquérir des soins qu’on lui accorde.
L’oubli et la pudeur mis en cause
Toutes les trois se rejoignent sur un point : Elles pratiquent rarement l’autopalpation conseillée pour détecter toute anomalie. La principale explication est l’oubli. «Je n’y pense pas souvent, sauf en ce mois d’octobre avec les constants rappels, je me dis que je vais le faire», reconnait Assiata. «Comme on a des seins toute l’année et pas seulement en octobre, il serait bien de maintenir la sensibilisation pour que ça serve de rappel», intervient Kadiata avec un trait d’humour qui provoque des rires. En attendant, elles promettent de se rappeler entre elles de se livrer régulièrement à cet exercice simple mais crucial. Car, comme elles le reconnaissent à l’unisson, «notre santé et celle de nos proches doivent toujours être une priorité». Un avis que partage Awa Willane.
Une application et des tutoriels sur la pratique de l’autopalpation
Avec une voix bienveillante et une gestuelle posée, la jeune étudiante en Biologie accepte de se joindre à la discussion malgré son apparent empressement à retourner à ses travaux. Pour elle, les seins sont une part importante de la féminité : «Les femmes qui subissent une ablation mammaire sont quelque peu privées d’une partie de leur identité. Ça doit être une grande épreuve». Par mesure de prévention, elle pratique l’autopalpation plus souvent mais pas autant qu’elle le devrait. Elle préconise la poursuite de la sensibilisation tout en soulignant un point important : la pudeur. «Peut-être que la pudeur héritée de notre éducation est la raison pour laquelle on peine à adopter l’habitude de se toucher les seins», suggèret-elle. Sur un ton plus sérieux, Bineta propose l’idée d’une application qui va alerter les femmes à la fin de leurs règles pour leur rappeler de pratiquer l’autopalpation. Une suggestion qui fait consensus à en juger par les réactions d’acquiescement. Aussi, Bineta souligne l’importance d’inclure dans les campagnes de sensibilisation des tutoriels pour savoir exactement comment pratiquer cet exercice pour ne pas passer à côté d’un signe qui aurait dû alerter.
Restaurer la féminité spoliée des survivantes
Quelques instants plus tard, c’est d’un pas résolu que Woré Cissé se dirige vers la sortie. Elle était venue à l’Esp pour se renseigner sur le concours de Génie électrique auquel elle souhaite participer. A tout juste 18 ans, elle affiche une assurance qui lui fait tout de suite adhérer à l’idée de parler des seins. «Par le lait maternel qu’ils procurent, les seins sont d’une importance capitale pour la survie des bébés. Donc, les seins des femmes sont importants pour toute la société», déclare-t-elle. Est-elle une assidue de l’autopalpation ? «Non», répond-elle avec honnêteté. Elle s’empresse de proposer une solution : «Il y a beaucoup trop de contenus inutiles sur les réseaux sociaux. On devrait mettre en avant des informations et rappels plus profitables à la santé et au bien-être.» Si le cancer est détecté suffisamment tôt, il est possible de le guérir sans ablation mammaire. Malheureusement, alors que le cancer du sein est plus rare en Afrique qu’en Europe ou en Amérique, il y est aussi plus dommageable et plus mortel à cause d’un diagnostic plus tardif. L’ablation d’un ou des deux seins devient nécessaire lorsque la tumeur atteint un stade avancé. «Une mastectomie est vécue comme une atteinte à la féminité et à l’estime personnelle des femmes», explique Mme Diarra Guèye Kébé, survivante du cancer et présidente de l’Association Cancer du sein Sénégal. En plus d’être active dans la sensibilisation, cet organisme lève des fonds destinés à l’achat de prothèses mammaires pour des femmes ayant subi une ablation. Pour cette année, l’objectif est fixé à au moins 500 prothèses. Cela ne suffira peut-être pas pour effacer les ravages du cancer sur le corps et l’esprit des survivantes. Cela peut cependant les aider à recouvrer une partie de leur féminité spoliée et de reprendre goût à la vie.
LA SANTE, UN GRAND CORPS MALADE
Le diagnostic fait par le directeur des Etablissements publics de Santé sur la situation des hôpitaux et autres structures est sans complaisance : mauvaise qualité de l’accueil, problèmes de comportement, performance et double emploi…
Le diagnostic fait par le directeur des Etablissements publics de Santé sur la situation des hôpitaux et autres structures est sans complaisance : mauvaise qualité de l’accueil, problèmes de comportement, performance et double emploi…
Les structures sanitaires au Sénégal souffrent des mêmes maux. Elles sont affectées par des problèmes liés à l’accueil et à l’orientation. Partout dans les centres hospitaliers ou les centres de santé, la rengaine est la même chez les patients. La majeure partie des agents publics qui s’activent dans le privé, sont tenus pour responsables de ce mauvais accueil tant décrié dans les structures sanitaires publiques. Pourquoi ? «Le constat est alarmant : 60 à 65 % des travailleurs dans les hôpitaux sont tous dans des structures privées ou détiennent d’une manière illégale, une structure privée, des cabinets paramédicaux ou d’autres sont associés à des structures privées en continuant à servir dans ces structures privées. Pire aujourd’hui, on fait même du commerce à travers la santé. C’est-à-dire on voit des professionnels de santé qui appellent leurs patients à les rejoindre dans ces structures privées», a diagnostiqué Dr Ousmane Dia, directeur des Etablissements publics de santé au ministère de la Santé et de l’action sociale. Il faisait une présentation sur «la problématique de l’accueil dans les structures de santé» à l’occasion de l’Université de l’hivernage du Sutsas.
D’après lui, ce sont des attitudes qui mettent les patients dans des conditions très difficiles. Il donne un exemple qui fait froid dans le dos : «Durant le comité de direction de l’Hôpital général Idrissa Pouye, une femme, qui a souffert du cancer pendant 4 à 6 ans, s’est retrouvée seule avec son petit frère de moins de 30 ans qui souffre aussi d’un cancer. Ils ont dépensé dans des structures privées 3 millions de francs. Aujourd’hui, ils n’ont plus les moyens de se prendre en charge par ces structures. Les soignants ont tout fait avec les moyens en leur possession, mais la maladie ne fait qu’empirer. On a fait tout ce qu’on pouvait, mais la maladie s’est aggravée.» Il ajoute : «Le jeune est maintenant chez lui, il ne peut rien faire, il ne peut pas bouger. Aujourd’hui, il vient chez nous pour qu’on puisse l’aider. Une secrétaire lui dit : «Je dois établir votre dossier, mais je n’ai pas de temps, donnez-moi votre numéro.» Je lui ai dit : «Vous laissez là votre numéro, dans 10 ans, on ne vous appelle pas.».»
La mauvaise qualité du service dans les structures de santé publique s’accompagne parfois dans certaines structures de la mauvaise qualité d’hygiène. «Je suis entré dans un hôpital ce matin (mercredi), mais on m’aurait donné un petit déjeuner, j’aurais refusé de le prendre parce que je sentais une odeur pestilentielle sortir des toilettes», dénonce le directeur des Etablissements publics de santé. «C’est une situation extrêmement pénible que nous vivons aujourd’hui dans nos hôpitaux», dit-il.
Aujourd’hui, le secteur ressemblerait à un grand corps malade. «Notre pays est confronté au double fardeau des maladies transmissibles et des maladies chroniques», souligne-t-il. Sans oublier de relever les difficultés qu’ils éprouvent pour faire face à la riposte. A l’en croire, «ces difficultés sont accentuées par les carences qui sont notées dans les structures publiques de santé» et les mauvais comportements qui affectent l’accueil dans les centres hospitaliers et les centres de santé du pays. «Lorsqu’on vous laisse seul, les mauvais comportements vont à l’encontre du service. L’utilisation abusive du téléphone par les praticiens. Parfois le peu de communication entre le praticien et le malade. Et les abus de toutes sortes auxquels nous sommes confrontés ne sont pas arrêtés. On a tendance à reléguer la qualité des services au second plan. Cela ne fait que causer la colère des agents médicaux. Personne n’est satisfait. Nous sommes confrontés à des comportements qui déteignent sur nous», dit le directeur des Etablissements de santé.
Une enquête faite avant les concertations et qui avait montré le déficit de communication dans certains centres hospitaliers atteste ce problème de la qualité de l’accueil.
«Avec 60% des enquêtés, on parle de la qualité. On dit que ce sont 55% qui sont satisfaits. Sur la question de la possibilité de revenir, ce sont 80% qui disent non et qu’ils préfèrent même aller dans une structure privée», révèle-t-il.
Questions sans réponses
Pour apporter des réponses à cette problématique, Dr Ousmane Dia se pose des questions : «Est-ce que l’accueil et la disponibilité des services sont assurés au niveau du service public ? Les horaires ne sont pas respectés. Le traitement des patients est-il satisfaisant ? La communication entre patient et médecin, entre supérieur et collaborateur est-elle bonne ? Les patients sont-ils satisfaits du service rendu par le personnel ? Quelle initiative pour changer la situation ? Toutes les initiatives mises en œuvre pour améliorer la qualité du service. Est-ce qu’elles ont fourni les résultats escomptés ? Est-ce que l’autorité est satisfaite du travail des employés ? Est-ce que la question de la qualité du service est une priorité au niveau du système de santé ? Plusieurs situations comme ça existent dans nos hôpitaux aujourd’hui.» En tout cas, la situation semble figée. «La plupart du temps, des études ont montré que les problèmes des malades, ce sont d’abord l’accueil et l’orientation. Les erreurs de diagnostic et de médicamentation, les problèmes de communication et surtout l’environnement du travail désorganisé où on ne peut rien escompter de bon de la part de nos prestataires au niveau des structures de santé. Cela induit un double problème de satisfaction des usagers», assure-t-il.
Pour le directeur des Etablissements publics de santé, «la solution c’est la qualité de l’accueil». Et c’est dans ce sens, informe-t-il, «que le ministère de la Santé a mis 14 directives qui devraient normalement permettre d’améliorer sensiblement la qualité du service».
En écho, Mme Bigué Ba Mbodji ne partage pas l’avis que les sages-femmes soient indexées. La présidente de l’Association des sages-femmes demande à ses collègues «de ne pas écouter ce que racontent les gens sur elles». «Mais, il faut faire focus sur votre travail et faire en sorte que chaque femme qui entre dans la maternité avec un enfant vivant dans son ventre puisse en ressortir avec un enfant vivant dans ses bras», conseille-t-elle.
Mballo Dia Thiam, Secrétaire général du Sutsas, a magnifié cette initiative de l’Université de l’hivernage. En dehors des batailles des défenses des intérêts matériels et moraux, ils ont le devoir, dit-il, «de contribuer, par des propositions pertinentes, au développement socio-sanitaire du pays». Cette Université de l’hivernage a été organisée par le Sutsas pour combler le gap de formation pour les agents qui n’ont pas bénéficié de recyclage après leurs études. Ce qui va leur permettre d’explorer d’autres horizons comme les zoonoses, l’accueil hospitalier…
«NOUS FERMONS LES YEUX SUR LES BOURREAUX, LES CRIMINELS QUI VIOLENT LES FEMMES…»
Bigue BA Mbodji, présidente de l’association nationale des sages-femmes se prononce sur l’avortement clandestin
La recrudescence des grossesses précoces chez les jeunes est un des facteurs d’avortements clandestins qui sont de plus en plus fréquents. Lors du 2e forum sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes, la présidente de l’association des sages-femmes d’Etat du Sénégal a fait un plaidoyer fort pour la prise en charge des victimes de viol suivi de grossesse qui, selon elle, aboutit à un avortement clandestin.
«Nous fermons les yeux sur les bourreaux, les criminels qui violent les femmes et généralement, ils ont une ascendance sur les victimes. Ils sont très proches d’elles et nous, en tant qu’agents de santé, nous les recevons dans un état vraiment lamentable». C’est le cri du cœur de Bigué Bâ Mbodji présidente de l’association nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal, lors du forum sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (Sraj) sur le thème ‘’l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste’’. Cependant, elle est revenue sur les principales complications de l’avortement. «Ce que nous recevons dans nos structures, c’est d’abord l’infection qui peut se compliquer à une infection généralisée. Il y a aussi l’hémorragie qui constitue la 1ère cause de décès maternels mais aussi les nombreux cas de tentatives de suicide, des cas d’amputation de la jambe», révèle-t-elle. En outre, elle est revenue sur une problématique qui pousse les femmes à pratiquer l’avortement clandestin. «Dans les réseaux sociaux, régulièrement on m’envoie des vidéos où on dit : on fait des offres de service ; au vu et au su de tout le monde, avec des adresses et des numéros de téléphone. Ils offrent des services d’avortement et ils citent les médicaments qui le font», indique-t-elle. Elle ajoute que rien n’est fait ; et une fois qu’une personne l’utilise, on va dire que cette personne sera sanctionnée parce qu’elle ne devait pas utiliser. «Mais est-ce que le travail ne devait pas être fait en amont contre ces personnes-là qui leur donnent ces services et qui n’ont ni compétence, ni légalité encore moins la légitimité de pouvoir leur offrir ces services ?»
«QUAND IL Y A VIOL, LE PREMIER RECOURS, CE N’EST PAS LA STRUCTURE SANITAIRE SI VOUS VOULEZ QUE JUSTICE SOIT FAITE»
L’avortement clandestin est devenu, selon Bigué Ba Mbodji, un problème de santé publique. «Il ne faut pas que l’on se voile la face en jouant à la politique de l’autruche. L’avortement clandestin est un problème de santé publique. C’est une situation qui se vit dans la chair de la personne», dit-elle. Selon elle, on doit se référer à la définition de la santé de la reproduction qui est un état de bien-être physique, moral, mental et social. «Si on se réfère à cette définition de la santé de la reproduction, on pourra savoir que nous devons parler de manière courageuse et efficiente de cette problématique de l’avortement parce que c’est un problème qui est là et qui demande solution ; parce que si l’on ne fait rien, nos filles vont mourir», affirme-telle. Mme Bâ déplore que la femme qui est violée soit toute seule à subir toutes les conséquences. «La femme est violée seule, elle porte la grossesse seule, elle meurt de cette grossesse en cas d’avortement clandestin seule, elle fait face à la justice toute seule. Quelqu’un qui est accusé de viol, s’il n’a pas les moyens, on lui donne un avocat d’office mais la victime est seule», se désole-t-elle. A cet effet, elle souligne qu’elles sont les agents de première ligne que les femmes consultent en cas de viol. «Quand il y a viol, le premier recours, ce n’est pas la structure sanitaire si vous voulez que justice soit faite. Le premier recours est d’aller à la gendarmerie ou à la police, avoir la réquisition et maintenant, les résultats des examens qui seront faits au niveau de la structure de santé pourront être utilisés en cas de procès. Quand on est violée, on se sent sale, souillée, et le premier réflexe est de se laver, se débarrasser de ses habits qui constituent une preuve du viol.»
«NOUS MERITONS D’ETRE TRAITES AVEC RESPECT ET CONSIDERATION»
Selon Mouhamadou Bachirou DIENG, il y a «7 orthophonistes pour la prise en charge de 160.000 bègues».
«7 orthophonistes pour la prise en charge de 160.000 bègues». C’est le tableau présenté par l’association pour la prise en charge du bégaiement au Sénégal. En prélude à leur journée mondiale qui sera célébrée dimanche prochain, l’ambassadeur des personnes handicapées vocales du Sénégal, lance un appel à l’endroit du gouvernement pour une meilleure prise en charge du bégaiement. Pour Mouhamadou Bachirou Dieng, des solutions potentielles incluant la formation accrue d’orthophonistes, la création de centres de formation spécialisés, doivent être engagés.
Parlez-nous de votre association ?
L’association pour la prise en charge du bégaiement au Sénégal est créé être connue officiellement par le ministère de l’intérieur le 21 janvier 2015. Il a pour but de promouvoir, développer et soutenir des projets matériels, intellectuels ou scientifiques ayant pour objet l’aide au personnel bègue. De resserrer les liens de solidarité entre les membres et favoriser des échanges par le biais de témoignage et de partage d’expériences au sein du groupe d’entraide (self help), d’entreprendre des démarches visant une prise en charge précoce du bégaiement. De susciter une prise de conscience nationale sur ce handicap par la sensibilisation et l’information des pouvoirs publics et de la population, mais aussi de mener des actions de sensibilisation, de plaidoyer et de lobbying en faveur des personnes bègues, auprès des parents, des jeunes enfants auprès des professionnels de la santé et de l’éducation et surtout auprès des pouvoirs publics.
Quid du regard de la société ?
Le bégaiement, affectant 1% de la population être présente une facette de notre société qui nécessite une compréhension et une sensibilisation accrues. Le regard porté sur les personnes vivant avec un handicap vocal peut varier. Malheureusement au Sénégal, certains individus peuvent réagir avec moquerie par manque de compréhension ou manque de considération. Ces réactions découlent souvent d’un manque d’éducation et d’une méconnaissance du bégaiement. Il est essentiel de sensibiliser le public sur le bégaiement, de promouvoir l’empathie et de lutter contre les préjugés car, nous sommes des individus talentueux et compétents, capables de contribuer de manière significative à la société. Nous méritons d’être traités avec respect et considération, tout comme n’importe quelle personne, en favorisant une compréhension plus profonde et en encourageant l’inclusion. Nous pouvons progressivement changer ces perceptions erronées et promouvoir un environnement bienveillant et respectueux.
En tant que président, comment avez-vous surmonté votre handicap, vu que bon nombre de vos pairs s’isolent ?
En tant que président, j’ai choisi de transformer mon handicap en un moteur de détermination et de persévérance. Dès le début, j’ai travaillé activement avec le soutien précieux de mes parents et de mes enseignants pour déconstruire les stigmates liés au bégaiement, malgré les railleries subies au sein de notre établissement. J’ai décidé de braver les moqueries en me positionnant devant mes camarades. J’ai toujours été convaincu que le bégaiement ne devait pas définir ma réussite. Chaque jour, je ne cesse d’encourager les personnes vivant avec un handicap vocal de sortir de leur zone de confort et à croire à leur compétence, indépendamment des obstacles. Je m’efforce d’être un modèle positif et inspirant, montrant que la persévérance et la détermination peuvent conduire à des accompagnements significatifs, peu importe les défis que la vie nous présente.
Comment se passe l’insertion dans le monde de l’emploi ?
L’insertion dans le monde de l’emploi pour les personnes vivant avec un handicap vocal est souvent parsemée de défis. Malheureusement, nous faisons face à des obstacles et à des préjugés lors des entretiens d’embauche, malgré nos compétences et qualifications. Cette situation est inacceptable, car le bégaiement ne devrait en aucun cas être un critère de jugement sur la compétence. La loi d’orientation sociale est claire à cet égard, stipulant que «le handicap ne doit pas être une base de discrimination pour l’accès à l’emploi». Il est impératif que les employeurs comprennent et appliquent cette loi, en favorisant une culture d’inclusion et en évaluant les candidats en fonction de leurs compétences professionnelles, indépendamment de tout handicap. C’est un combat collectif pour éradiquer la discrimination et permettre aux personnes vivant avec un handicap vocal de contribuer pleinement et efficacement à la société.
Comment jugez-vous la politique de prise en charge sanitaire du bégaiement ?
La prise en charge sanitaire est clairement insuffisante. L’accessibilité à des services d’orthophonie doit être améliorée et démocratisée car, actuellement de nombreux parents ne peuvent pas offrir ces séances à leurs enfants en raison de contraintes financières. Il est impératif de développer des programmes accessibles et abordables pour garantir une meilleure qualité de vie et d’expression.
Des spécialistes manquent pour la prise en charge du bégaiement, quelles sont les solutions existantes ou proposées pour améliorer vos conditions ?
Au Sénégal, nous ne comptons que 7 orthophonistes, face au nombre important de personnes bègues dont 160.000 qui sont indéniables. Pour pallier cette lacune, des solutions potentielles incluent la formation accrue d’orthophonistes, la création de centre de formation spécialisée, le recours à des thérapies en ligne et la collaboration des professionnels internationaux. De plus, je propose une sensibilisation nationale pour éduquer sur le bégaiement, encourageant ainsi une compréhension et un soutien accrus de la part de la société, afin de garantir des conditions améliorées pour nos frères et sœurs affectés par ce défi. Chaque fin du mois, nous organisons des séances d’entraide avec un orthophoniste pour donner plus d’espoir, en privilégiant la prise de parole en public.
Quels sont les moyens pour stopper le bégaiement ou de l’amoindrir ?
Pour améliorer ou réduire le bégaiement, des approches telles que la thérapie d’orthophonie, la gestion du stress, la pratique de technique de parole contrôlée demeurent des solutions. Le soutien social et l’utilisation de technologies d’assistance sont essentiels. L’intervention précoce, l’engagement familial et l’accès à des groupes de soutien jouent également un rôle crucial dans l’amélioration de la fluidité verbale.
Quels sont les facteurs de risque de ce handicap ?
Les facteurs de risque du bégaiement incluent des influences génétiques, l’apparition à un jeune âge, le stress et l’anxiété. Les troubles de développement du langage, des pressions sociales élevées, des déséquilibres neuromusculaires, ces éléments peuvent contribuer à la manipulation du bégaiement mais chaque individu peut être affecté différemment. Une évaluation professionnelle est essentielle pour comprendre et gérer ce trouble de manière appropriée.
A quelques jours de la célébration de votre journée. Quel le message que vous souhaitez partager ?
En cette période importante où nous célébrons la journée internationale de sensibilisation au bégaiement sous le thème “Tous différents, chacun son chemin” rappelons-nous que la véritable richesse de notre société réside dans cette diversité. Les personnes bègues vous montrent la force de la persévérance et de la résilience, malgré les défis auxquels nous sommes confrontés. Chaque année, nous mobilisons nos modestes ressources par le biais des cotisations de nos membres pour soutenir notre cause. Cependant, nous appelons fermement notre gouvernement et notre ministre de tutelle à étendre leur main, accorder une plus grande considération aux handicapés vocaux. Pas seulement un acte de compassion, mais un investissement dans un avenir inclusif et égalitaire pour tous. Unissons nos voix et nos actions pour briser de l’incompréhension, de l’indifférence et de l’exclusion.
AMADOU BA INTERPELLÉ
L’Alliance des syndicats autonomes de la santé, dans un communiqué de presse, a tenu, pour la ‘’énième fois’’, à rappeler au Premier ministre ‘’sa promesse de convoquer la séance plénière de restitution des propositions concrètes
L’Alliance des syndicats autonomes de la santé (Asas), dans un communiqué de presse, a tenu, pour la ‘’énième fois’’, à rappeler au Premier ministre ‘’sa promesse de convoquer la séance plénière de restitution des propositions concrètes concernant aussi bien les contractuels des établissements publics de santé que les travailleurs des collectivités territoriales et le personnel administratif en rade de l’application des accords, la trêve ayant duré et même perduré au point que d'illustres inconnus au bataillon s'en mêlent, car les élections de représentativité des centrales syndicales pointent à l'horizon du 30 novembre 2023’’.
En effet, And Gueusseum se dit étonné de voir des ‘’centrales s'agiter, voire gigoter dans le but de récupérer la lutte des travailleurs des collectivités territoriales que le regretté Sidya Ndiaye avait rigoureusement prise en charge jusqu'à la signature du protocole d'accords gouvernement-And Gueusseum le 10 mai 2022 portant augmentations de salaire du personnel des collectivités territoriales après avoir reçu en 2018 les neuf décrets matérialisant le statut du personnel des collectivités territoriales, sept années après le vote de ladite loi et les trois autres plus tard (...)’’.
Cette plateforme, qui regroupe divers syndicats, a invité le nouveau ministre des Collectivités territoriales, Mamadou Diagne Fada, à résoudre les problèmes des travailleurs des collectivités locales. Ces syndicalistes considèrent que l’histoire bégaie, puisque M. Fada avait résolu leur problème ‘’dans l'ombre en juillet 2018, à la suite des 17 plans d'action avec pour épilogue l'audience accordée à And Gueusseum par Son Excellence Monsieur le Président de la République le 11 janvier 2019 au palais’’.
...Actuellement est célébré Octobre rose. And Gueusseum se dit ‘’solidaire de tous les patients du monde entier et singulièrement de toutes les femmes victimes de cancer et/ou d'insuffisance rénale chronique nécessitant des séances de dialyse onéreuses ou parfois hypothétiques, soutient les efforts permanents de toutes les associations œuvrant dans l'allègement de la souffrance des personnes affectées et particulièrement la Lisca dans ce contexte d'Octobre rose’’, lit-on dans la note. Toutefois, ‘’And Gueusseum, se réjouissant des avancées significatives de l'État dans la prise en charge de ces milliers de malades chroniques, n'en considère pas moins leur insuffisance du fait du nombre impressionnant et croissant de diabétiques et d'hypertendus patientant dans l'antichambre de la dialyse et des accidents vasculaires cérébraux (AVC) avec leurs cortèges de handicaps’’.
Aussi, ‘’And Gueusseum rappelle que la panacée se trouve dans une médecine plus préventive que curative, par un changement de mentalité et de comportements, surtout alimentaires, car il n'y aura jamais assez de ressources financières, matérielles et humaines pouvant arrêter ces fléaux si chaque citoyen ne se rend pas compte qu'il est d'abord son premier et propre médecin. En effet, pour rappel, l'approche préventive par les déterminants de la santé, revendiquée par le Sutsas, avait justifié le changement de paradigme par l'érection des directions régionales de la santé et de l'action sociale, en lieu et place des régions médicales consacrée par le décret 2020-1430’’.
Elle dénonce également les retards notés dans la réalisation de la greffe rénale, ‘’malgré le vote de la loi portant transplantation d'organes et la création d'un conseil d’éthique sis au Service national d'éducation et d'informations sanitaires et sociales (SNEISS) après plusieurs années de lutte du Sutsas et du financement holistique et systémique de la santé excluant le paiement direct des frais médicaux par les populations dans des dépenses catastrophiques ?’’
CES GOULOTS A L’EPANOUISSEMENT DES ADOLESCENTS ET DES JEUNES
Infections sexuellement transmissibles, grossesses et mariages précoces, violences domestiques, Les adolescents et les jeunes font face à d’énormes problèmes de santé.
Le 2e forum international sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes (Sraj) a commencé depuis hier. Initiatrice de la rencontre, l’Ong Acdev espère qu’elle va contribuer à l’amélioration de l’accès des adolescents à des services complets de santé de la reproduction et adaptés à leurs besoins et préoccupations
Les adolescents et les jeunes font face à d’énormes problèmes de santé. Beaucoup d’entre eux ne sont pas conscients des maladies et infections qui les guettent. D’où le forum international qui leur est dédié pour parler des infections sexuellement transmissibles (Ist), les grossesses précoces et les violences domestiques. Au Sénégal, les résultats des dernières enquêtes démographiques et de santé (2017 et 2019) révèlent le taux encore élevé de mariages d’enfants et d’adolescents qui est à 30.5 ; le taux de grossesses précoces est estimé à 13,8%, la prévalence des infections sexuellement transmissibles est à 16,5% chez les adolescents âgés entre 15-19 ans et 29,3% chez les jeunes de 20-24 ans ; la prévalence des violences domestiques ou sexuelles chez les filles de 15-24 ans est de 28%.
LES JEUNES PRONENT UNE EDUCATION COMPLETE A LA SEXUALITE
Au Sénégal, la faiblesse courante des niveaux d'instruction, la vulnérabilité économique, les pesanteurs socioculturelles et certaines lois et politiques nationales entravent une bonne promotion de la Santé de la reproduction des adolescents et des jeunes, l'utilisation et la prestation de services de SRAJ. A cela s’ajoute le faible niveau de connaissances des adolescents sur les droits en santé sexuels et reproductifs (DSSR). L'accès et les taux limités d'utilisation de services de santé de reproduction et des méthodes contraceptives rendent donc nécessaire l'établissement d'une éducation complète à la sexualité (ECS) ainsi qu'un accès à des services de SRAJ de qualité. Directeur de la santé mère-enfant, Dr Amadou Doucouré affirme que la santé de l’adolescent constitue un enjeu stratégique pour l’atteinte des objectifs de développement durable. «La santé durant l’adolescence a un impact à toutes les étapes de la vie.
Ainsi, l’Etat a fait de la santé de l’adolescent une priorité de premier ordre, matérialisée à travers la promotion du capital humain de qualité, un des piliers fondamentaux du PSE», indique-t-il. Malgré les avancées notées dans la prise en charge des adolescents, il reste beaucoup de défis. Il s’agit de «la recherche-action, le financement, la coordination et les synergies entre les différents secteurs, l’amélioration de l’accès à l’information appropriée et aux soins adaptés aux besoins des adolescents et à une information de qualité à travers une communication intégrée. S’y ajoute l’amélioration de l’environnement social, législatif et réglementaire sur les sujets concernant les adolescents et la prise en charge holistique prenant en compte dans sa globalité les problèmes inter reliés de santé de la reproduction, de violences basées sur le genre, de santé mentale, avec un accent mis sur la prévention».
Représentant les jeunes, Arona Sow plaide pour une éducation sexuelle complète. Selon lui, pour des millions de jeunes du monde entier, le début de l’adolescence amène non seulement des changements corporels mais aussi de nouvelles formes de vulnérabilité aux violations des droits de la personne dans les domaines de la sexualité, du mariage ou de la grossesse. «Des millions de filles sont forcées à des relations sexuelles non consenties, ce qui les met en danger de grossesse non désirée, d’avortement et d’accouchement à risque ainsi que de contraction d’infections sexuellement transmissibles notamment le VIH», indique-t-il.
A l’en croire, la SRAJ doit être défendue, et cela passe notamment par l’accès à une éducation sexuelle complète. Pour sa part, le Directeur exécutif de l’Ong Acdev, Dr Cheikh Tidiane Athie souligne que pendant 12 années, son organisation permis à plus de 3 500 participants de plus de 21 pays de bénéficier de formations et d’expériences enrichissantes partagées avec plus de 200 chercheurs, professeurs d’université, des professionnels de santé et gestionnaires de programmes et de projets venant de plusieurs pays d’Afrique, d’Europe et du Canada. Selon lui, l’objectif du forum est de faire le lien entre action et recherche et de répondre à des problématiques concrètes en favorisant une réflexion et des échanges autour d’expériences originales.
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OCTOBRE ROSE, PLUS 300 DÉPISTÉES A KOUNGHEUL
Plus de trois cent femmes ont été dépistées, dimanche, des cancers du sein et du col de l’utérus dans le cadre de la campagne »Octobre Rose », a-t-on appris du médecin-chef du district sanitaire de Koungheul.
Koungheul, 16 oct (APS) – Plus de trois cent femmes ont été dépistées, dimanche, des cancers du sein et du col de l’utérus dans le cadre de la campagne »Octobre Rose », a-t-on appris du médecin-chef du district sanitaire de Koungheul.
»Plus de 300 femmes ont été dépistées aujourd’hui des cancers du sein et du col de l’utérus après les consultations gratuites organisées par l’Amicale des femmes du district sanitaire de Koungheul », a déclaré docteur El Hadji Malick Niang.
M. Niang a insisté sur l’importance du dépistage qui permet de »déceler les lésions précancéreuses, qui peuvent être prises en charge sur place, avant d’en arriver à des cas complexes ».
Selon la maîtresse sage-femme du district sanitaire, Néné Ndiaye, cette initiative a permis de mener des actions de sensibilisation sur ces pathologies.
»Nous avons formé toutes les sages-femmes du district au dépistage du cancer du col de l’utérus, car plusieurs cas sont dénombrés chaque année ; ce qui fait que ce cancer est le deuxième le plus important, après celui du sein », a-t-elle indiqué, ajoutant que grâce à la prévention, la maladie pourrait être éradiquée.