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26 novembre 2024
Santé
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LA FOLIE DU TRAMADOL
Le Tramadol, médicament antidouleur, officiellement classé comme un opioïde faible, fait des ravages dans de nombreux pays africains. Détourné de son usage, il est utilisé pour surmonter la fatigue et pour mieux résister à un travail pénible
Le Tramadol, médicament antidouleur, officiellement classé comme un opioïde «faible», fait des ravages au Togo comme dans de nombreux pays africains.
Détourné de son usage, il est utilisé pour surmonter la fatigue et pour mieux résister à un travail pénible. Par manque d’information et de prévention, ses consommateurs découvrent trop tard combien il est addictif…
LA SANTE MATERNELLE EN PERIL A THIALLANE
À Thiallane, l’une des 19 îles du Saloum (région de Fatick), la santé maternelle constitue une sérieuse équation. Si l’on se fie aux habitants, la case de santé du village peine à assurer correctement les soins.
À Thiallane, l’une des 19 îles du Saloum (région de Fatick), la santé maternelle constitue une sérieuse équation. Si l’on se fie aux habitants, la case de santé du village peine à assurer correctement les soins. Pour se soigner, ils sont parfois obligés d’aller dans un village voisin du nom de Bassar à l’aide d’une petite pirogue, assistée aujourd’hui par une vedette-ambulance. Il arrive, selon beaucoup de témoignages, que des femmes accouchent au cours de l’évacuation.
C’est une triste réalité. À Thiallane, il arrive que des femmes enfantent à l’air libre, au cours d’une évacuation sanitaire. Dans cette île, située dans la commune de Bassoul (région de Fatick), les populations vivent le calvaire d’un manque criant d’infrastructures sanitaires adéquates. À l’entrée du village se dresse un bâtiment de couleur blanche, orné de dessins. Il s’agit de la case de santé qui a été récemment réfectionnée. À côté, une petite construction sert de dépôt de pharmacie. Les quelques rayons qui le meublent sont insuffisamment chargés. À l’intérieur de la case, le bureau de l’agent de santé communautaire abrite un matériel modeste, composé de paquets de médicaments et de quelques documents. À cette heure de la journée où les femmes s’activent dans la préparation du déjeuner, la case n’accueille pas encore de patient. N’empêche, les témoignages n’ont pas manqué. « À vrai dire, nous vivons un risque d’une gravité énorme. C’est la santé des habitants de tout un village qui est menacée », se désole un habitant sous le couvert de l’anonymat.
La peur de tomber enceinte
Sur le visage de Mariama Sarr, se lit une grande tristesse. Elle est affectée par le souvenir d’un passé douloureux. Le cœur meurtri, elle raconte, avec beaucoup de peine, cette « journée inoubliable » où elle a vécu « en direct » l’accouchement d’une femme en plein air. Elle explique : « Alors que la jeune femme était arrivée à terme, on devait l’évacuer dans le village d’à côté. Pour la traversée, il fallait emprunter la petite pirogue. Mais à l’embarcadère, l’attente a été si longue que la jeune dame a fini par accoucher sur place, devant de jeunes garçons ».
Fatou Thior, une autre native du village, est aussi témoin d’une scène presque identique. « Je n’ai même pas les mots », soutient-elle d’emblée avant de poursuivre : « Au cours d’une évacuation, une dame, faisant escale sous un arbre entre les concessions et l’embarcadère, histoire de souffler un peu, a finalement accouché sur place ».
Ces deux témoignages ne dévoilent qu’une infime partie des drames causés par le manque d’infrastructures et d’équipements sanitaires. Beaucoup de femmes disent même avoir peur de tomber enceintes. Les autres malades éprouvent aussi autant de difficultés pour se soigner. Le trentenaire, Babacar Diop, jeune du village, souligne que même pour avoir certains médicaments, l’agent de santé communautaire est obligé d’aller au village voisin de Bassar pour en acheter. D’ailleurs, ce village qui approvisionne Thiallane en médicaments n’est pas non plus doté d’une structure de santé de qualité. « Souvent, des malades vont à Bassar, à défaut d’une prise en charge sanitaire adéquate ici. Mais sur place, il arrive que les soins manquent aussi. Et dans une situation pareille, ils sont référés à Foundiougne, à quelque 35 kilomètres ou dans une ville plus éloignée. Ce qui est trop risqué. C’est vraiment difficile de vivre dans cette situation », déplore M. Diop.
Plusieurs scènes dramatiques
Sékou Ndiaye, lui, raconte le calvaire qu’il a vécu il y a quelques années. « Je devais aller à la structure de santé établie au village voisin pour soulager mes maux de tête. Mais, je suis resté longtemps à l’embarcadère attendant la pirogue qui devait me transporter. La fièvre s’est accrue sous l’effet de la chaleur. Beaucoup de personnes ont vécu la même situation », narre-t-il. Le piroguier, chargé de transporter les malades et autres voyageurs, est un témoin privilégié. Ousmane Senghor a assisté à plusieurs scènes dramatiques. Des accouchements en cours d’évacuation, des sollicitations nocturnes, etc. Il a, à sa disposition, une petite pirogue motorisée (8 chevaux). Il est aussi confronté à d’autres problèmes tels que des pannes de moteur. Connu pour sa disponibilité et son sens d’humanisme, « le vieux Ndiaga », comme on l’appelle affectueusement, transporte toute personne désireuse de rallier Bassar à 100 FCfa.
Bien que le village soit récemment doté d’une vedette-ambulance, la prise en charge sanitaire des populations est loin d’être correcte. Le manque de personnel soignant ainsi qu’un plateau médical de qualité restent toujours une préoccupation.
MACKY SALL VEUT RENDRE GRATUITE LES SERVIETTES HYGIÉNIQUES
Le président de la République, Macky Sall, a pris part à la Conférence sur l’égalité des genres qui s’est tenue hier, lundi, à Kigali, au Rwanda
Le président de la République, Macky Sall, a pris part à la Conférence sur l’égalité des genres qui s’est tenue hier, lundi, à Kigali, au Rwanda.
Lors de son discours, le chef de l’Etat sénégalais a plaidé la gratuité ou la défiscalisation des serviettes hygiéniques. Il a aussi évoqué l’autonomisation des femmes au Sénégal.
« Sur les politiques publiques, nous mettons en moyenne dans le budget 100 millions de dollars sur les financements directs, compte non tenu de toutes politiques de promotion, notamment en matière de santé. Je peux citer notamment les gratuités sur les traitements des cancers féminins…et bien d’autres politiques qui sont réservées aux femmes », a déclaré Macky Sall. Il finit par lancer un défi au Président rwandais Paul Kagamé « pour qu’ensemble, nous travaillons à l’échelle de l’Afrique pour que les services hygiéniques soient gratuites, du moins qu’elles soient défiscalisées de façon à les rendre accessibles à toutes les filles et à toutes les femmes du continent et peut être dans le monde ».
La conférence sur l’égalité des genres a vu hier la participation de 6000 personnes à Kigali.
LES MEDECINS DECRETENT 48H DE GREVE POUR DENONCER LA «MAUVAISE GESTION»
Regroupés autour du SAMES, les médecins de l’hôpital Régional de Ziguinchor ont fait un diagnostic sans complaisance de la situation difficile qui règne dans cette structure sanitaire.
L’hôpital régional de Ziguinchor diagnostiqué « très malade » par les médecins chirurgiens regroupés autour du SAMES, section Hôpital régional. Ces derniers dénoncent la mauvaise gestion de la structure sanitaire plongée dans des difficultés. Ils ont ainsi décrété 48h de grève pour fustiger ce qu’ils qualifient de gestion politicienne, népotisme dans cet hôpital qui manque de tout, selon les blouses blanches.
Regroupés autour du SAMES, les médecins de l’hôpital Régional de Ziguinchor ont fait un diagnostic sans complaisance de la situation difficile qui règne dans cette structure sanitaire. Mauvaise gestion de l’hôpital, c’est ce que dénoncent les blouses blanches qui décrètent 48 heures de grève à compter de ce mercredi. « Seules les urgences seront assurées », tient à préciser la Secrétaire général du SAMES de l’hôpital Régional de Ziguinchor, Docteur Natacha Maria Diogoye Sambou qui a décliné les axes majeurs du plan d’action mis en œuvre. « Le Syndicat Autonome des Médecins Pharmaciens et Chirurgiens-dentistes informe l’opinion nationale que ses membres sont confrontés à plusieurs problèmes impactant négativement la prise en charge des malades», déclare la responsable du syndicat des médecins de l’hôpital régional de Ziguinchor qui pointe du doigt la mauvaise gestion de la structure. « Depuis bientôt un an, la majorité des services de l’hôpital fonctionne au ralenti du fait de plusieurs raisons, notamment le déficit en ressources humaines qualifiées, l’absence ou la vétusté du matériel médical avec des pannes récurrentes, l’absence de produit d’urgence élémentaire de soins ….A cela s’ajoute le problème de la rémunération des astreintes car le Directeur et le bureau du SAMES avaient trouvé un accord sur l’augmentation de ces astreintes qui étaient une somme dérisoire de 500.000 francs mensuel à partager entre spécialistes ...
Enfin le SAMES dénonce le retard injustifié des procédures d’octroi des marchés d’acquisition de matériel médical», peste la blouse blanche qui fustige « la gestion politicienne de l’hôpital basée sur le copinage, le népotisme et le favoritisme de la part du directeur pour certains agents avec la création de plusieurs postes non indispensables et surtout budgétivores… ». Mme Sambou a dit enfin la détermination de ses collègues à lutter pour une amélioration de l’offre de soins de qualité qui passe par un épanouissement du personnel médical et des malades.
LE SUTSAS PARLE ENCORE DE MEDICALISATION TOTALE DE LA TUTELLE
Le Syndicat unitaire des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) a fustigé hier, vendredi 14 juillet, en point de presse, la situation socio sanitaire et l’érection des Directions régionales de la Santé et de l’Action sociale.
Le Syndicat unitaire des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) a fustigé hier, vendredi 14 juillet, en point de presse, la situation socio sanitaire et l’érection des Directions régionales de la Santé et de l’Action sociale. Selon les partisans de Mballo Dia Thiam, « la ministre de la Santé et de l'action sociale a fait procéder à une médicalisation totale de la politique de santé par le charcutage des Direction régionales de l’action sociale (Dras) en directions régionales de santé.
Au cours du Conseil des ministres du 12 juillet 2023, le Gouvernement du Sénégal a procédé au changement des régions médicales par des directions régionales de la santé et de l'action sociale (DRSAS). Hier, vendredi 14 juillet, le Syndicat unitaire des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) a tenu un point de presse à Dakar pour se prononcer sur la question. Selon Mballo Dia Thiam qui porte leur voix, un mois (14 Juin-14 Juillet 2023) seulement après le rappel à Dieu de Sidya Ndiaye, le flambeau de la lutte est repris par le Sutsas pour la matérialisation d'un accord portant « Érection des Directions régionales de la Santé et de l'Action » obtenu sous le magistère du Professeur Awa Marie Coll Seck. « En effet, le Changement de paradigme défendu en son temps après plusieurs mois de grève du SUTSAS, par la transformation des régions médicales en Directions régionales de la Santé et de l'Action Sociale privilégiant une "approche sanitaire" par les déterminants de la Santé en lieu et place de "l'approche maladie" ayant fait l'objet d'un accord Gouvernement-SUTSAS contenu dans le Décret 2020-936 du 03 avril 2020, est complètement remis en cause par le Dr Marie Khemesse Ngom qui a procédé à un demi-tour extraordinaire sur un des accords phares conclus avec le SUTSAS, à savoir le remplacement des Régions Médicales par des Directions régionales de la Santé et de l'Action sociale (DRSAS) » a-t-il fait comprendre. Pour le syndicaliste, en lieu et place, « la Ministre de la Santé et de l'Action sociale, médecin de son état, a fait procéder à une médicalisation totale de la politique de santé par le charcutage des DRAS en directions régionales de santé, et la nomination toute simple des médecins-chefs de région à leur tête tout en saucissonnant la Direction Régionale de la santé et de l'Action Sociale en deux entités distinctes, à savoir une Direction de la santé en reconfirmant les mêmes locataires d'une part et d'autre part une Direction régionale de l'Action Sociale ».
Pour le Sutsas, ces mesures organisationnelles sont en déphasage net avec l'organisation du ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas) et la logique d'optimisation des relations entre les niveaux déconcentrés de l'Etat et les institutions de la décentralisation. Outre cela, le Sutsas considère comme une violation des accords qui portaient sur la valorisation inclusive de tous les acteurs en lieu et place de la médicalisation restrictive des soins. Ses nominations et changements de dénomination selon Mballo Dia Thiam ont été faits : « au seul profit de la corporation des médecins qui vont déstabiliser la coordination de l'action de l'exécutif au niveau déconcentré des régions et décentralisé des territoires ». Et d’avancer: « avec ce charcutage, la confusion va régner du fait de la multiplication des interlocuteurs régionaux pour le même secteur. Plus grave, cette logique de partition incongrue met à la marge la Direction Générale des EPS qui coiffe les hôpitaux ».
Les partisans de Mballo Dia Thiam ont dénoncé « ce charcutage et cette prise d'otage de la santé et de l'action sociale, cette déviation du projet de territorialisation des politiques publiques de santé », et appellent : « à la clairvoyance à la vigilance et au sens de l’inclusion du Chef de l'Etat dont la vision et les valeurs exprimées sont ancrées dans les vertus de l'équité, de la justice et de la responsabilité », ainsi qu’à la révision de ces mesures qu’ils jugent « injustes et précipitées ».
UN 3E CAS INTERNE A L’HOPITAL DALAL JAMM
On peine à éradiquer la fièvre hémorragique de Crimée Congo. Un troisième cas confirmé lundi dernier est pris en charge actuellement à l’hôpital Dalal Jamm de Dakar.
Après le premier cas détecté au mois de mai passé et qui avait fini par succomber, le deuxième découvert à Dahra, les autorités sanitaires ont interné depuis lundi le 3e cas de la fièvre hémorragique de Crimée Congo à l’hôpital Dalal Jamm. L’annonce est de Dr Boly Diop, responsable de surveillance épidémiologique et post vaccinale au ministère de la Santé et de l’Action sociale, en marge d’une réunion de coordination trimestrielle de surveillance épidémiologique.
On peine à éradiquer la fièvre hémorragique de Crimée Congo. Un troisième cas confirmé lundi dernier est pris en charge actuellement à l’hôpital Dalal Jamm de Dakar. Selon Docteur Boly Diop, responsable de surveillance épidémiologique et post-vaccinale au ministère de la Santé et de l’Action sociale, le malade, détecté après les célébrations liées à la Tabaski, a été isolé précocement. «Il est dans les meilleures conditions pour être guéri», révèle-t-il.
En effet, après la découverte du 1er cas le 21 avril, le ministère de la Santé avait activé le centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous). Le Cous devait assurer le suivi et la coordination de la réponse de notre pays. « Ce qui place le Sénégal en situation d’épidémie, c’est que ces dernières années, de façon régulière, des cas de fièvre hémorragique Crimée-Congo sont notifiés au niveau du pays, et sont suivis. Et c’est dans ce cadre que le Centre des opérations d’urgence sanitaire a été activé depuis le 28 avril », explique Dr Boly Diop.
Pour rappel, la fièvre hémorragique de Crimée Congo est une maladie transmise de l’animal à l’homme par le biais des tiques. Le virus est hébergé par les animaux sauvages et domestiques. La transmission à l’homme se fait par contact direct avec du sang ou des tissus d’animaux infectés. Elle peut se faire également par contact direct avec du sang ou des fluides corporels d’une personne contaminée. La transmission est aussi possible par morsure de tiques infectées. Le taux de létalité de la maladie peut aller de 10 à 40%.
A l’en croire, la fiche technique du ministère de la Santé, le réservoir de virus est constitué par plusieurs types d’animaux sauvages comme les rongeurs, les oiseaux (hérons, calaos), les animaux domestiques et les bovins (moutons, chèvres).
LA ROUGEOLE EST REVENUE EN FORCE
La rougeole est « revenue en force », avec plus de 400 cas enregistrés à l’échelle nationale, a indiqué mercredi à Thiès, le Docteur Boly Diop, responsable de surveillance épidémiologique et post-vaccinale au ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Thiès, 12 juil (APS) – La rougeole est « revenue en force », avec plus de 400 cas enregistrés à l’échelle nationale, a indiqué mercredi à Thiès, le Docteur Boly Diop, responsable de surveillance épidémiologique et post-vaccinale au ministère de la Santé et de l’Action sociale.
»Les performances pour le premier semestre ont révélé l’existence d’une épidémie de rougeole », a dit le Docteur Boly Diop, selon qui, Fatick est la seule des 14 régions du pays qui n’a pas encore enregistré de cas confirmé de rougeole.
»En dehors de Fatick, toutes les régions ont des cas confirmés de rougeole et il y a des districts qui sont entrés en épidémie. Ça veut dire qu’aujourd’hui, la rougeole est revenue en force, il y a des cas confirmés et des épidémies qui sont enregistrées un peu partout dans les région », selon lui.
Le Docteur Boly Diop s’adressait à la presse, en marge d’une réunion de coordination trimestrielle de surveillance épidémiologique, une rencontre qui se tient de façon tournante dans les régions. Thiès, région hôte cette fois-ci, reçoit 90 participants, notamment des responsables sanitaires, venus des 14 régions du pays.
»Pour le moment, on est à 410 cas confirmés de rougeole sur l’ensemble du pays », a dit le responsable, qui précise que la région de Diourbel arrive en tête avec »plus de 200 cas ».
La recrudescence de la rougeole est »notée au plan mondial », a précisé le Docteur Boly Diop, selon qui, elle s’explique par les »contreperformances » des systèmes de santé, liées à l’impact de la covid. Le confinement a empêché les mères d’aller faire vacciner leurs enfants et les soignants s’étaient focalisés sur la vaccination contre la covid au détriment de celle de routine.
A ce jour, des ripostes contre la rougeole sont organisées au niveau local par les districts, a-t-il renseigné, non sans annoncer que le pays a planifié une riposte »d’envergure nationale », prévue courant mois de novembre.
»Il va falloir commander plus de vaccins, avoir plus de moyens logistiques et financiers », a fait valoir le Docteur Boly Diop.
Il a été préconisé de renforcer la surveillance de routine, tout comme le Programme élargi de vaccination (PEV) de routine, consistant à rechercher les enfants pour les vacciner et les protéger contre la rougeole et les autres maladies évitables par la vaccination. C’est le cas de la poliomyélite, des méningites, de la fièvre jaune.
La réunion trimestrielle de Thiès intervient dans un »contexte particulier », avec la détection depuis avril du premier cas de fièvre Crimée Congo au Sénégal, notamment à Dakar, a relevé Boly Diop.
Le Sénégal en est à son troisième cas de fièvre hémorragique Crimée Congo, confirmé lundi dernier, et qui est pris en charge actuellement à l’Hôpital Dalal Jamm de Dakar. Selon lui, le malade détecté après les célébrations liées à la Tabaski, a été isolé de précocement et est »dans les meilleures conditions pour être guéri ».
»Les investigations sont en cours et le mal est bien cerné et les contacts sont en train d’être tracés », a-t-il rassuré.
Aucun cas de poliomyélite, ni de fièvre jaune n’a été noté depuis le début de l’année, a-t-il dit.
Ces réunions périodiques sont des moments de partage avec le niveau national sur les performances en matière de surveillance des maladies évitables par la vaccination. Il s’agit des cas de rougeole de poliomyélite, de fièvre jaune et d’autres maladies à potentiel épidémique, comme la fièvre hémorragique virale, la méningite, la diarrhée sanglante.
Une fois les performances déclinées et partagées avec le niveau central, il s’ensuivra une phase d’ »analyse sans complaisance » de ces prouesses, ainsi qu’une identification des défis à relever pour les trois prochains mois.
Il sera question de stratégies d’amélioration de la couverture vaccinale, en tenant compte des spécificités de chaque district, a-t-il dit, précisant que la solution viendra de ces districts, le niveau central, se contentant d’apporter les moyens financiers.
En plus des cas de fièvre hémorragique, des cas confirmés de chikungunya ont fait l’objet d’une riposte.
»L’OMS a déclassifié la covid qui n’est plus une urgence de santé publique, mais elle a recommandé aux pays d’être vigilants par rapport à cette surveillance », a dit le Docteur Boly Diop, qui note que le Sénégal a mis en place un dispositif de surveillance de la covid.
»A l’heure où nous parlons, il n’y a pas de nouveau variant qui circule », a-t-il dit, relevant que le pèlerins qui reviennent de la Mecque avec des symptômes sont suivis. Le système reste alerte toutefois par rapport à la covid classique qui continue de circuler.
«LE TRIBUNAL SOCIAL EST MALHEUREUSEMENT TRES SOURNOIS ET FAIT PLUS DE DEGATS QUE LA GROSSESSE ELLE-MEME»
Les conséquences sur la santé mentale et physique de la jeune maman sont terribles, selon le psychologue Dr Papa Ladjiké Diouf qui s’exprime sur les souffrances endurées.
De jeunes filles se sont aujourd’hui brusquement et violemment conduites dans une vie de détresse, d’angoisse et de charge bien très lourde sur leurs épaules. Les conséquences sur la santé mentale et physique de la jeune maman sont terribles, selon le psychologue Dr Papa Ladjiké Diouf qui s’exprime sur les souffrances endurées. Pour l’enfant, dit-il, l’affectivité maternelle en prend le plus souvent un gros coup.
En général comment se comporte une jeune fille devenue très tôt maman par accident social suite à une grossesse non désirée ?
Quand on parle de grossesse, il y a cette relation de partenariat relationnel entre la mère et le bébé. Qu’elle soit désirée ou pas, il y a toujours des conséquences au niveau psychique de la mère et du bébé. En cas de grossesse non désirée, il y a des répercussions qui peuvent être très négatives au niveau du développement moteur du bébé, et de son évolution comportementale. On dit souvent que cette dépression-là, qui survient avec cette grossesse non-désirée, a des conséquences sur la santé de la maman en général, notamment celles physiques et psychologiques, mais aussi sur celle du bébé au niveau moteur, cognitif... Il y a des spécialistes comme Fiaulde lequel parle de transmission prénatale des mécanismes de détresse psychologique chez le bébé. Le fait que la grossesse soit non désirée, la pression au niveau social et surtout familial, -dès fois on demande à cette jeune fille de choisir entre l’enfant qui va naitre et sa propre famille-, c’est très violent, très brutal. Ce qui amène certaines jeunes mères à aller vers l’avortement qui a des risques, ou le pire qui est l’infanticide. Généralement, il y a toute cette pression sociale autour de la grossesse non désirée. Il arrive dès fois même dans un ménage, que la grossesse soit non désirée. Quand il y a cet élément-là du fait que la grossesse n’est pas désirée, l’affectivité maternelle en prend un gros coup. Ce lien affectif qui devait exister entre le bébé et la mère qui l’a porté devient comme influencé négativement par l’état d’esprit de la mère, sa santé mentale et physique définitivement.
Quelles sont les conséquences de cette expérience douloureuse sur le plan psychologique?
Généralement, il y a comme un niveau de détresse psychologique qui accompagne cette réalité. Un niveau de détresse psychologique qui a des conséquences sur l’enfant. Il y a un gros risque à développer comme une dépression autant pendant la grossesse qu’une dépression post partum. Dès fois même, des idées suicidaires peuvent apparaitre de cette jeune mère. Dans nos communautés, cela va souvent aller jusqu’à l’infanticide ou même certaines que leurs parents, maman, grande sœur ou un parent influent dans la maison accompagnent à faire un avortement. Ce sont des avortements risqués. Mais si l’enfant arrive à naitre, parce que dans le ventre de sa maman, l’enfant, par rapport à ce lien, perçoit les émotions de sa mère. Donc la santé mentale de la mère a un impact sur la santé physique de l’enfant, mais aussi au niveau comportemental. Cette détresse de la mère devient une sorte de détresse auprès du bébé. Et souvent si l’enfant arrive à naitre, il porte cette détresse de la mère. Généralement cet enfant peut être victime de privation d’affection autant de la part de sa propre mère qui l’a mise au monde mais également de l’entourage de cette mère. L’enfant peut être victime de négligence et de mauvais traitement ou d’abandon. Beaucoup d’enfants sont jetés à la rue s’ils n’ont pas eu la chance d’être confiés à une pouponnière. Ce rejet de la famille augmente la détresse et le sentiment de rejet de la mère vis à vis de cet enfant. Si jamais cet enfant grandit dans la famille, généralement, c’est un enfant à qui on va rappeler tout le temps qu’il n’a pas été désiré. En revanche, il y a des familles, -c’est des exceptions-, où quand la vague passe, on se ressaisit et accueille l’enfant, et aussi aider la mère à bien élever son enfant. Mais généralement, c’est l’autre élément de rejet. Ce qui amène cette mère-là à perdre l’estime de soi, la confiance en elle. C’est très fréquent. Une personne qui rentre dans une dépression et qui vit une détresse psychologique énorme.
Dans beaucoup de familles, on a cette pudeur d’aborder les questions de sexualité avec les enfants. Ce manque de dialogue, de communication n’est-il pas un facteur favorisant ?
Par rapport à la réalité de l’éducation à la sexualité, c’est un gros défi à relever. On avait des mécanismes traditionnels comme le fameux «Leul» où la communauté, certains membres de la famille se chargeaient de cette éducation à la sexualité. Que ce soit les hommes ou les femmes. Malheureusement dans beaucoup de communautés, on s’est rendu compte que ces mécanismes ont disparu. Il n’y a rien qui les remplace. Avec ce vide, l’Internet, les réseaux sociaux ont malheureusement occupé ce vide. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes apprennent à travers leurs paires ou la pornographie, Internet... D’où les conséquences énormes au niveau de l’équilibre de leur sexualité et de la façon dont ils vivent et comprennent leur sexualité. Cela a aussi des conséquences énormes. Même pour les adultes qui rentrent en couple, on se rend compte que c’est un gros défi. L’équilibre au niveau de l’intimité du couple est devenu un gros défi. Les gens se cachent derrière des produits pour booster leur partenaire ou se booster eux-mêmes dans leur sexualité. Beaucoup ne connaissent vraiment pas leur corps. C’est difficile quand on ne connait pas son corps d’aller découvrir le corps de l’autre. C’est un enjeu majeur dans beaucoup de couples. Maintenant, en ce qui concerne ces jeunes, on se rend compte que le fait d’être très peu éduqués, très peu sensibilisés à ces questions-là les amène très souvent à être très vulnérables. Surtout quand ils font face à des personnes expérimentées et dès fois même à des prédateurs. Que ce soit au sein ou en dehors de la famille. C’est à partir de ce moment que les risques de grossesse non-désirées vont être présents. Il y a beaucoup de travail à faire sur la sensibilisation et l’éducation à ces questions. Et éviter de faire du déni. Parce qu’il y a beaucoup de dénis sur ces questions dans nos communautés.
Et le regard de la société..?
Quand la grossesse arrive, les conséquences sont là; au niveau à la fois psychique, psychologique, social... Mais la réalité, c’est surtout les conséquences sociales. Le tribunal social est malheureusement très sournois. Mais il fait plus de dégâts. Parce qu’il y a ce rejet. La personne est pointée du doigt comme étant une personne de mœurs légères, une mauvaise personne. Une étiquette qui, malheureusement va suivre cette femme et cet enfant né de cette union. Les hommes, dans nos communautés, très souvent, sont des privilégiés dans ce sens. Il y en a même qui s’en vantent. Moi j’ai vu dernièrement à la télé un homme qui se vantait d’avoir engrossé plusieurs femmes. Où sont tous ces enfants-là. J’ai travaillé en zone sud où il y a beaucoup d’enfants qui ne connaissent pas leurs pères. C’est un gros problème dans nos sociétés. La plupart de ces enfants ne sont pas déclarés. Ils vivent dans un pays. Mais c’est comme s’ils étaient des citoyens entièrement à part. Qui ne sont pas des citoyens à part entière. Je pense qu’il faut s’adresser au niveau juridique, social, dans les familles. Parce qu’un enfant a une mère mais il a aussi un père. Généralement les hommes sont protégés. Et puis, du point de vue même de ce tribunal social, un homme à femmes, on dit qu’il est don juan, qu’il est adulé même des fois. Mais une fille à gars, elle est vue comme une pute. C’est comme des soubassements d’une conscience collective reliée aux rapports de sexe. C’est pour dire que les conséquences sont nombreuses et peuvent être désastreuses. Les prisons pour femmes sont remplies de femmes qui ont commis un infanticide. Mais on traite l’infanticide, c’est comme si on traitait juste la fumée et le feu continue à brûler. C’est-à-dire que les vraies causes au niveau social ne sont pas réellement adressées. Un gros problème au niveau de nos sociétés où l’on veut changer les choses mais on continue à adopter les mêmes comportements. Et on veut des résultats différents. C’est aussi assez complexe. Plus d’éducation, je pense, plus de de sensibilisation, et puis aussi, au niveau juridique, changer certaines législations. Je pense que certaines législations doivent être vraiment changées pour donner plus d’équilibre sur ces questions.
L’IMMATURITE DU BASSIN CHEZ CES MAMANS ADOLESCENTES NE FACILITE PAS PARFOIS UN ACCOUCHEMENT NORMAL
Dr Khalifa Ababacar Guèye du service de gynécologie de l’hôpital de Pikine revient sur les complications et les zones comme Matam, Thiadiaye et Pikine où les cas sont plus fréquents.
Les conséquences gynécologiques des grossesses précoces sont surtout liées à l’immaturité du bassin dont les capacités ne permettent pas un accouchement normal lié à la taille de l’enfant chez les mamans adolescentes. Dr Khalifa Ababacar Guèye du service de gynécologie de l’hôpital de Pikine revient sur les complications et les zones comme Matam, Thiadiaye et Pikine où les cas sont plus fréquents.
Enfants et déjà mères, le gynécologue Dr Khalifa Ababacar Guèye les classent en trois catégories. Ce sont les mamans adolescentes qui ont contracté une grossesse suite à un mariage précoce et ou forcé, celles qui ont eu une grossesse précoce désirée ou non désirée et celles qui ont eu une grossesse précoce suite à un viol. Les complications sont surtout liées à l’immaturité de leurs organes notamment le bassin et le système immunitaire. D’abord pour celles qui ont un mariage précoce et forcé, elles rencontrent une complication du bassin en plus des risques liés à la prééclampsie. Avec sur l’immaturité du bassin, les capacités ne permettent pas un accouchement normal lié à la taille de l’enfant.
Le 2e cas, c’est-à-dire les grossesses non désirées, en plus des complications que rencontre la maman forcée à se marier un peu très tôt, il y a le problème de suivi et de déclaration. Ce qui retarde le suivi et augmente lesrisquessur l’enfant et la mère. Le 3e c’est une grossesse non désirée suite à un viol ou inceste avec un individu parfois non identifié ou identifié mais menaçant parce qu’étant un parent de la victime ou son cousin. Dans ces cas, il y a le plus souvent un lien familial avec la fille. Ou alors un linge sale où acteurs et auteurs préférent le laver en famille. Ce qui présente un cas particulier de l’acceptation de la grossesse et de l’enfant à naitre. Dr Guèye explique. «C’est surtout la pré-éclampsie sévère avec des crises pour les jeunes filles de moins de 25 ans. L’autre problème est lié à l’immaturité de leur bassin qui finit sa maturité à l’âge de 21 ans. Ce type de jeunes filles est plus exposé à la dystocie, à un accouchement difficile et sur qui on applique parfois la ventouse ou la césarienne. Parce que la fille est incapable d’accoucher par voie basse».
La césarienne justement, c’est un point en commun chez les mamans adolescentes. Elle a aussi ses conditions avec un retentissement sur les prochaines grossesses. Pas de grossesse rapprochée. C’est la première règle. «Parce qu’il y a toujours des risques liés à cette pratique. On demande de limiter à 4 ou 5 césariennes même s’il n’y a aucun document scientifique qui atteste qu’on ne doit pas dépasser 4 césariennes», a-t-il indiqué. L’autre type de petites mamans, ce sont celles-là qui ont eu une grossesse précoce hors mariage, désirée ou non désirée. «C’est une grossesse qui souffre d’un retard de suivi parce qu’on ne savait pas que la fille était enceinte. Ce sont en général des grossesses qui apparaissent tardivement. Leurs mamans peuvent être en travail et venir à l’hôpital sans carnet. Parce qu’elles ont camouflé la grossesse avec des habitudes vestimentaires surtout si elles avaient l’habitude de porter des habits amples à moins que la bonne ou son enseignant la soupçonne et s’en ouvre à la famille».
Dr Gueye dit avoir vécu l’expérience. Et c’est surtout, dit-il, «un manque de suivi qui expose la maman adolescente et son enfant. Or, le bilan prénatal est très important pour tenir compte des maladies latentes. Mais si la maman n’a pas respecté cette étape de la grossesse, elle expose l’enfant et on ne pourra pas prendre des mesures préventives». Ici, le géniteur peut refuser. Ce qui, selon le scientifique, peut alourdir les risques. Lesquels sont beaucoup plus complexes quand il s’agit d’une fille violée. «Pour les cas de viol, c’est beaucoup plus compliqué. Parfois on n’a pas les traces de suivi du violeur, si c’est un viol accidentel, si ce n’est pas un cas d’inceste. Dans les cas d’inceste, la jeune fille est sous menace permanente. On a deux cas où on a récupéré les filles. Des cas où le papa est en même temps grand père». Et c’est là où le danger est préoccupant car dépendant du « rétablissement de la maman». Sur ce point, il affirme que «l’enfant peut constituer la mauvaise cicatrice de cette expérience douloureuse». Laquelle influe sur la psychologie de la maman en général, et surtout la maman ado. « Ce sont les psychoses puerpérales. Un trouble grave qui survient le plus souvent dans la semaine qui suit l’accouchement. Une femme qui accouche et qui subitement devient absente. Qui dit que ce n’est pas son enfant. Elle refuse de le mettre au sein. Là, on garde l’enfant le temps d’un traitement. C’est après rétablissement, surtout quand elle même demande son enfant, qu’on le lui donne. Il y a également le «Baby blues» et la dépression post-partum». En faisant ce diagnostic, il souligne que le retentissement psychologique est parfois très difficile à cerner malgré la psychothérapie de soutien. «Les complications psychologiques sont très difficiles à évaluer. Elle peut se dire, cet enfant-là, «je vais le tuer».
Tu auras beau discuter, elle va se vider mais parfois à moitié malgré nos séances de tête à tête avec elle. Surtout quand l’enfant est issu d’un inceste. On a eu un cas où son père est le grand père de sa fille. Pour ce cas, on l’a récupérée et confiée à un couple qui l’a adopté. La fille perd tout contact avec son enfant. Il y a une procédure et des papiers à signer. Il y a un service social de l’hôpital et le ministère de la Santé qui gèrent parfois ces cas. A Liberté 6, il y a également un centre d’accueil coiffé par le ministère en charge de la Famille». Pour l’adoption, il y a des critères. Il faut que le couple ait cette envie d’adopter un enfant, qu’il soit un couple stérile certifié avec un certain niveau de vie. Les grossesses jeunes, on les rencontre plus dans la zone de Matam où en plus de l’immaturité du bassin, il y a l’excision. «A Matam, on avait même commencé une étude sur ces grossesses. Il y a un système de protection des enfants victimes de mariage précoce et forcé. On est allé jusqu’à brandir une injustice pour régler une injustice. On menace les parents en faisant parfois une descente dans la famille avec un policier et un suivi régulier jusqu’à ce que l’enfant atteigne un certain âge». Mais les cultures étant différentes, les grossesses précoces en milieu Hal Pularen sont un peu différentes de celles rencontrées chez les Sérères et en banlieue dakaroise. «C’est différent de ce qu’on rencontre à Thiadiaye où le mariage précoce n’est pas accompagné de l’excision.
A Dakar, comme à Pikine, c’est parfois des cas de grossesses non désirées. C’est lié surtout à la promiscuité, à la forte démographie en banlieue. On rencontre beaucoup de cas ici à Pikine comme partout dans certaines localités en milieu urbain «. Le gynécologue de l’Hopital a ainsi fait état de ces grossesses chez ces trois types de mamans jeunes. Des cas qui font foison et qui malheureusement n’atterrissent pas tous à l’hôpital. Premier signe d’alerte, ce sont surtout la baisse des performances scolaires avec la déconcentration, l’absentéisme, les notes qui dégringolent alertant l’enseignant, quand il s’agit d’une brillante élève. Dans ce cas, l’enseignant essaie de discuter avec elle avant de convoquer les parents qui les accompagnent pour une confirmation ou un suivi médical.
JOURNEE DE L’ORDRE NATIONAL DES MEDECINS DU SENEGAL, LE SECRET MEDICAL AU CŒUR DES DEBATS
L’Ordre national des médecins du Sénégal a organisé, le samedi 8 juillet, une journée de réflexion à laquelle des magistrats et des avocats ont été invités pour échanger sur les droits et obligations dans leur profession.
L’Ordre national des médecins du Sénégal a organisé, le samedi 8 juillet, une journée de réflexion à laquelle des magistrats et des avocats ont été invités pour échanger sur les droits et obligations dans leur profession. Le secret médical, qui est un devoir pour le médecin, a été largement abordé.
Le secteur de la santé est marqué, ces dernières années, par des évènements conduisant à la saisine de la Justice ou l’ouverture d’une procédure judiciaire. Dr Boubacar Niang, patron de la clinique où Ousmane Sonko a été hospitalisé, après les évènements du 16 mars 2023, a été arrêté. Avant lui, des médecins ont été placés sous mandat de dépôt, à la suite de drames survenus dans leur lieu de travail. Il y avait l’affaire Astou Sokhna, du nom de cette dame décédée à l’hôpital de Louga, faute d’assistance à l’accouchement et celle des onze bébés morts suite à un incendie à l’hôpital Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh de Tivaouane. Face à ces situations, l’Ordre national des médecins du Sénégal a organisé, le samedi 8 juillet à Dakar, une rencontre portant sur le thème : « Médecins : droits et obligations dans l’exercice de leur profession ». L’objectif était de susciter le dialogue entre les acteurs de la santé et ceux de la justice. Le secret médical a été au cœur des échanges. Selon le Président de l’Ordre national des médecins du Sénégal, Dr Boly Diop, la communication doit être établie entre le médecin et son patient pour éviter qu’il y ait un déséquilibre d’informations entre les deux. Selon lui, le médecin doit pouvoir discuter avec son patient tout le long de sa prise en charge. « Il faut donc une communication avec le patient et l’entourage du patient », souligne-t-il. Mais, précise-t-il : « cette communication se heurte à la limite du secret médical. Tout ce qu’on doit faire, en dehors du patient, doit revêtir le sceau du secret médical. Ce qu’on a vu, su ou entendu pendant la consultation doit rester entre les deux parties ». Il rappelle, à cet effet, qu’il y a des textes qui réglementent les droits des malades et les obligations des médecins. Il s’agit, d’après lui, « des textes supranationaux, des lois de l’éthique et de la déontologie, mais aussi de la charte du malade ».
Avocat au barreau de Dakar, Me Bamba Cissé a été catégorique sur le sujet relatif au secret médical. D’après la robe noire, seule la loi peut permettre à un médecin de dénoncer des faits. Sinon, rien ne l’oblige à le faire. « Vous recevez parfois des réquisitions des enquêteurs qui ne viennent pas d’un juge d’instruction. Ils n’ont pas le droit de le faire, parce que le Code de procédure pénale ne le permet pas. Ce n’est que devant le juge que vous pouvez lever ce secret médical pour participer à la manifestation de la vérité. Le médecin ne peut lever le secret médical que quand la loi le lui permet. Même le parquet ne peut pas vous instruire à aller vers la levée du secret professionnel », renseigne M. Cissé. Ibrahima Ndoye, avocat général, estime que le procureur, les officiers de police judiciaire et le juge d’instruction sont habilités à saisir les médecins, à les inviter à contribuer à l’œuvre de Justice, dans la mesure où il peut arriver que des questions techniques qui dépassent leurs compétences se posent et dont les résultats impacteront nécessairement sur l’issue de la procédure pénale. D’après lui, quand le médecin fait face à ce genre d’acte, il est obligé d’agir. À défaut, il peut tomber sous la sanction de l’inexécution ou de l’exécution défectueuse des réquisitions.
Venu représenter le Ministre de la Santé et de l’Action sociale à cette rencontre, Dr Abibou Ndiaye, Secrétaire général de ce département, a rappelé que le métier de la médecine demeure une référence en matière d’humanisme et nécessite des qualités exceptionnelles et un code de conduite remarquable. C’est pourquoi, informe-t-il, « l’État a engagé des réformes consolidantes comme le renforcement du capital humain et le relèvement du plateau médical, l’appui à la recherche et l’augmentation des spécialisations entre autres ». À son avis, le succès du secteur de la santé requiert une mobilisation permanente. Et, relève-t-il, pour s’en réjouir, « l’élan de solidarité et les efforts constants des médecins qui exercent leur métier avec un dévouement total n’est plus à démontrer ».
Les abus exercés sur les médecins dénoncés
La manière dont les médecins sont souvent arrêtés n’est pas conforme à la loi. C’est le constat fait par Bamba Cissé lors de la journée de l’Ordre national des médecins du Sénégal. Selon lui, parfois, les arrestations des médecins se font en mode fourre-tout. C’est-à-dire, explique-t-il, « dès qu’il y a une erreur médicale qui est imputable à une personne, ou parfois n’est même pas imputable à quelqu’un, on arrête tout le monde ». Étayant ses propos, il évoque l’affaire du bébé calciné en 2021 à la clinique des Madeleines où même le propriétaire de la clinique a été arrêté et mis en détention pour un temps avant de bénéficier d’une liberté provisoire. Cet acte, selon l’avocat, Me Bamba Cissé, est contraire aux principes de la responsabilité pénale qui est individuelle. « Pour que le médecin puisse être mis en cause, il faut qu’il ait posé un acte. Une simple abstention ne peut pas être considérée comme une infraction pénale, sauf dans le cas de la non-assistance à personne en danger », explique-t-il. Avant de préciser : « on ne peut pas, parce qu’il y a une négligence imputée à un médecin, arrêter le directeur de l’hôpital. Ce n’est pas possible. Ce sont des abus qui se passent et ce sont des choses que l’ordre des médecins doit prendre en charge pour contester de telles choses qui ne sont pas admissibles en droit. Vous ne devez pas être dans la médecine défensive, mais dans une médecine protégée ». L’avocat recommande ainsi de prendre en charge ces problèmes qui exposent le médecin à des poursuites pénales, même pour une erreur médicale.
MOUHAMED M. SOUMAH, PR TITULAIRE DE LA CHAIRE DE MÉDECINE LÉGALE
« 80% des certificats médicaux qui vont en justice sont délivrés à la demande des patients »
La plupart des certificats médicaux qui vont en justice sont délivrés à la demande des patients. La révélation est faite par le Pr Mouhamed Soumah, Professeur titulaire de la chaire de médecine légale à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). « 80% des certificats médicaux que nous délivrons dans la consultation médico-judiciaire ont été à la demande des patients. Seuls 20% sont délivrés sur la base d’une réquisition. Ce qui n’est pas normal. Dans un pays organisé, c’est le contraire qui devait se produire », a-t-il expliqué. Profitant de la tribune qui lui est offerte, il a invité les hommes du métier à réfléchir à la finalité du certificat médical qu’il délivre. D’après lui, le certificat médical ne doit en aucun cas être banalisé. Mieux, il a ajouté qu’aucun certificat médical rédigé n’est anodin. D’autant plus qu’il engage, en toute circonstance, la responsabilité du médecin.