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26 novembre 2024
Société
par Madiambal Diagne
FAITES COMME BON VOUS SEMBLE, NOUS NOUS TAIRONS
Les électeurs ayant décidé de voter massivement pour la liste de Pastef et confier les pleins pouvoirs à Sonko, je me donne un temps d’observation au moins le temps d’un semestre tout en silence, pour savoir où tout ceci va nous mener
J’ai pu voir mon ami Moustapha Diakhaté, qui est placé en garde-à-vue à la police depuis. Il m’est apparu serein, coriace et aguerri face à l’épreuve. Je l’ai trouvé en bonne forme et j’avoue être soulagé, après notre discussion, qu’il ait accepté d’adopter ma nouvelle posture, celle de garder le silence.
Son franc-parler n’a pas fini de lui causer des déboires, depuis le régime du Président Abdou Diouf et je demeure convaincu qu’il l’emportera dans sa dernière demeure, le plus tard possible, s’il plaît à Dieu.
Je ne doute pas qu’il retrouvera très vite les siens, parce que l’on ne saurait reprocher indéfiniment à un citoyen d’exprimer son opinion, de se soucier de l’avenir de la Nation à laquelle il appartient et qu’il a choisi de servir, quoi qu’il lui en coûte.
Moustapha Diakhaté est fait d’un seul bloc : celui de la franchise, de la loyauté, d’un amour immodéré pour son pays, du respect des valeurs humanistes, de la République et des sacro-saints principes démocratiques.
C’est ce que nous partageons en commun.
Pour ma part, je lui ai suggéré l’attitude que je décide d’adopter. Les électeurs sénégalais ayant décidé, le 17 novembre 2024, de voter massivement pour la liste de Pastef et confier les pleins pouvoirs à Ousmane Sonko, je me donne un temps d’observation au moins le temps d’un semestre tout en silence, pour savoir où tout ceci va nous mener.
De toutes manières, avec la majorité mécanique que le peuple sénégalais vient de leur octroyer au Parlement, ils auront le loisir de montrer ce qu’ils sauront faire de ce beau pays. Ousmane Sonko et son régime pourront faire adopter toutes les réformes qu’ils voudront, le peuple sénégalais, qui leur a donné tous les armes et leviers, s’en accommodera. J’exhorte les nouveaux députés de l’opposition à adopter la même attitude du silence. En effet, chercher à faire barrage à leurs velléités sera chercher à arrêter la mer avec ses bras. Quoi que vous diriez, ils feront ce qu’ils voudront. Votez leurs textes ou, à tout le moins, abstenez-vous lors du vote et dans les débats. Toute autre attitude équivaudra à une certaine légitimation de leur pouvoir autocratique. Les Sénégalais mesureront par eux-mêmes l’ampleur de leur méprise. On respecte certes le choix des électeurs même si nous avons la conviction qu’ils se sont trompés et qu’ils le réaliseront fatalement. « Le temps est le seul juge », disait un certain François-Marie Arouet, célèbre écrivain sous la plume de Voltaire.
Je dois souligner que j’ai également trouvé totalement injuste qu’on veuille dénier à Moustapha Diakhaté le droit de critiquer des adversaires politiques alors que ceux-là mêmes insultent copieusement leurs soi-disant contempteurs. Son arrestation, pour reprendre le mot de Me El Hadji Amadou Sall, un de ses avocats, « est une prise d’otage avec une demande de rançon, qui est de l’obliger à fermer sa bouche ».
Nous décidons de payer solidairement la rançon ; c’est, encore une fois, par notre silence.
Assurément, qu’un Moustapha Diakhaté disparaisse de la scène politique ne manquerait pas d’enchanter quelques personnes. Nous n’avons pas vocation de devenir des martyrs mais plutôt nous espérons faire partie, comme Moustapha Diakhaté, de ceux qui se feront le devoir de s’évertuer à consoler notre peuple abusé. Le peuple sénégalais aura certainement besoin de nous. Soyons prêts à servir la démocratie. Nous ferons notre bilan, nous pencherons sur nos stratégies, nos faiblesses et nos forces, réfléchirons aux offres que nous ne manquerons pas de présenter à l’occasion des futures échéances électorales.
C’est tout le sens de notre engagement. Au demeurant, nous resterons stoïques, sourds, muets et aveugles face aux provocations qui ne manqueront guère.
En attendant, je vais en revenir à Voltaire pour faire comme son personnage, Candide : « cultiver mon jardin ». J’entends consacrer les six prochains mois à la production littéraire et au spectacle des matchs de football.
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DSK : LES DESSOUS D'UNE RECONVERSION LUCRATIVE
Comment rebondir après un scandale planétaire? Dominique Strauss-Kahn semble avoir trouvé la réponse dans les paradis fiscaux et les régimes autoritaires. L'ancien ministre socialiste facture désormais ses conseils à prix d'or, loin de son passé politique
Le magazine "Cash Investigation" lève le voile sur la nouvelle vie de Dominique Strauss-Kahn, l'ancien patron du FMI dont la carrière politique s'est brutalement arrêtée en 2011 suite à l'affaire du Sofitel de New York.
L'enquête, basée sur des documents confidentiels issus des Pandora Papers, révèle que l'ancien ministre des Finances français a rapidement rebondi dans le monde des affaires. Dès 2012, il crée la société Parnasse et se lance dans les conférences internationales, facturant ses interventions jusqu'à 100 000 euros.
La société de DSK s'installe stratégiquement à Casablanca Finance City, une zone franche marocaine. Ce choix lui permet d'économiser environ 6 millions d'euros d'impôts sur les sociétés en cinq ans. À l'expiration de ces avantages fiscaux, ses activités sont transférées vers une juridiction encore plus opaque.
L'émission détaille également sa collaboration avec l'homme d'affaires Thierry Leyne. Ensemble, ils créent LSK et tentent de lever 2 milliards de dollars pour un fonds d'investissement international. Cette aventure se termine tragiquement avec le suicide de Leyne et des accusations d'escroquerie, notamment envers un couple de retraités marseillais ayant perdu plus d'un million d'euros.
L'ancien patron du FMI devient par ailleurs conseiller de gouvernements controversés, notamment celui du président congolais Denis Sassou-Nguesso. Une position qui soulève des questions, DSK ayant précédemment facilité l'effacement d'une dette de 1,5 milliard d'euros du Congo lorsqu'il dirigeait le FMI.
Sollicité par l'équipe de "Cash Investigation", Dominique Strauss-Kahn a décliné toute demande d'interview concernant ses activités post-FMI.
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L'UNIVERSEL EST PLURIEL OU N'EST PAS
Contre la montée des discours xénophobes, la voix de Souleymane Bachir Diagne s'élève avec force. Dans "L'échappée", la nouvelle émission d'Edwy Plenel, le penseur sénégalais défend un universalisme qui se nourrit de la diversité du monde
Dans sa nouvelle émission "L'échappée", Edwy Plenel reçoit à la Cité de l'Immigration à Paris le philosophe Souleymane Bachir Diagne, figure majeure de la pensée contemporaine. Face à la montée des discours anti-immigration des deux côtés de l'Atlantique, ce professeur à l'université Columbia de New York livre une réflexion puissante sur l'universalisme.
Enfant de Saint-Louis du Sénégal, ville historiquement métissée où se sont mêlées populations, cultures et religions, Bachir Diagne incarne dans son parcours même cette universalité qu'il théorise. De l'École Normale Supérieure à Paris aux prestigieuses universités américaines, en passant par l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, il développe une pensée ancrée dans la pluralité.
Au cœur de sa réflexion se trouve le concept d'"universel latéral", inspiré de Merleau-Ponty. Cette vision propose un universalisme construit horizontalement, où chaque culture contribue à égalité, en rupture avec l'exceptionnalisme européen. Edwy Plenel rappelle à cet effet que 66% des troupes de la France Libre en 1943 étaient constituées de soldats coloniaux, soulignant que "c'est le monde qui nous a sauvés".
Soufi musulman, Bachir Diagne refuse tout enfermement identitaire. Il prône "une vraie fidélité dans un mouvement continu pour sortir de la répétition". S'appuyant sur le concept sud-africain d'Ubuntu, popularisé par Desmond Tutu et Nelson Mandela, il défend une politique d'humanité capable de dépasser les logiques de division.
Face aux crises actuelles, de Gaza aux politiques migratoires restrictives, le philosophe appelle à une "civilisation de l'universel" où "tous seraient présents". Une vision exigeante mais nécessaire, selon lui, pour construire un monde où l'humanité fait communauté dans sa diversité même.
LE XALAM2 REND HOMMAGE À AMADOU MAHTAR M'BOW À L'UNESCO
Les musiciens ont partagé des témoignages personnels sur l'influence profonde de l'ancien patron ministre dans leur parcours artistique. Son engagement pour la culture africaine et sa vision panafricaine restent des sources d'inspiration
Jeudi 14 novembre 2024, le siège de l'UNESCO à Paris a résonné des mélodies du mythique Xalam2. L'événement qui se déroulait au siège de l'UNESCO à Paris, célébrait la mémoire de feu Amadou Mahtar M'Bow, ancien Directeur Général de l'UNESCO et premier Africain à avoir dirigé une institution des Nations Unies.
Choisi pour la séquence musicale, le Xalam2 a saisi ce moment pour souligner l'impact profond de M'Bow sur la scène culturelle africaine et son influence durable sur les artistes du continent.
Taffa Cissé, percussionniste du groupe, a partagé un témoignage personnel rappelant avec fierté son passage par Mudra Afrique, la prestigieuse école sénégalaise d'excellence artistique, impulsée par le Président Léopold Sédar Senghor et soutenue par Amadou Mahtar M'Bow, et ayant façonné sa carrière et celle de nombreux artistes africains.
Taffa Cissé a également souligné l'engagement constant de M'Bow envers la culture africaine : "M'Bow a toujours été présent pour la culture africaine et les arts, permettant aux artistes de garder espoir de pouvoir continuer à transmettre le bagage culturel africain." Il a ajouté que l'approche multilingue de Xalam2, chantant dans diverses langues africaines, est en partie inspirée par la vision panafricaine de M'Bow.
"Amadou Mahtar M'Bow a contribué à nous ouvrir les yeux sur la culture, l'art, les identités culturelles, et sur l'idée d'une Afrique unie," a-t-il rajouté.
Cette prestation du Xalam2 à l'Unesco réaffirme le rôle essentiel des artistes dans la préservation de la mémoire collective et la célébration des figures qui ont façonné l'histoire du Sénégal et de l'Afrique. Elle souligne également l'importance continue des institutions culturelles dans le développement artistique du continent et la promotion d'une identité africaine unie et diverse.
"Amadou Mahtar M'Bow incarnait l'excellence africaine sur la scène internationale," dira plus tard Henri Guillabert originaire de Saint-Louis tout comme M'Bow. "Il a prouvé que l'Afrique pouvait briller aux plus hauts niveaux mondiaux. Son engagement pour la diversité culturelle et l'éducation a profondément marqué notre génération d'artistes et continue d'inspirer, nous l'espérons, les jeunes talents africains" selon Ibrahima Coundoul.
L'hommage musical du Xalam2 à M'Bow illustre parfaitement comment l'héritage d'un grand homme peut continuer à inspirer et à guider les artistes, même des décennies après son passage à l'Unesco, renforçant ainsi les liens entre la diplomatie culturelle, l'éducation et les arts vivants en Afrique.
LA GRANDE MUE DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Les tractations s'intensifient pour la distribution des rôles clés, dans un contexte où l'inexpérience côtoie l'ambition réformatrice
La prochaine législature sénégalaise, la 15e du genre, s’annonce riche en défis et en tractations politiques. Alors que le nouveau gouvernement peine encore à asseoir ses réformes, l’Assemblée nationale s’apprête à jouer un rôle central. Après une victoire écrasante du jeune parti Pastef, de nombreuses interrogations subsistent quant aux figures clés qui dirigeront l’hémicycle et les groupes parlementaires. Les stratégies, les spéculations et les nominations futures occupent déjà le devant de la scène.
La majeure partie des élus de cette nouvelle législature sont des novices en matière parlementaire. Pour Pastef, cette victoire représente à la fois une consécration et un défi colossal. Le parti a remporté une majorité sans précédent, mais il devra maintenant transformer ce succès électoral en actions concrètes et crédibles au sein de l’Assemblée nationale.
Avant l’installation officielle prévue pour début décembre 2024, si aucun recours n’est déposé, les tractations internes battent leur plein pour structurer les futurs groupes parlementaires.
La question du leadership au sein de Pastef
Au sein de Pastef, le sujet du futur président de l’Assemblée nationale reste tabou. Les hauts dignitaires du parti évitent soigneusement toute déclaration publique, préférant régler ces questions en interne. Trois noms reviennent cependant avec insistance : Ayib Daffé, Amadou Ba et Ousmane Sonko.
Ancien président du groupe parlementaire de Pastef, Ayib Daffé est une figure respectée au sein du parti. Proche d’Ousmane Sonko, il a su faire preuve de loyauté et de ténacité, particulièrement durant les périodes de turbulences. Plusieurs voix s’élèvent pour qu’il devienne le prochain président de l’Assemblée nationale. Certains y voient un moyen d’éviter une dualité au sommet entre Ousmane Sonko, chef du gouvernement, et le président de l’Assemblée. Daffé lui-même reste discret, appelant à la prudence : ‘’Cette question doit être réglée en interne’’, souligne-t-il, rejetant les débats prématurés.
Pour les observateurs, proposer Sonko à la présidence de l’Assemblée nationale est une idée qui divise. Ses partisans y voient une manière d’affirmer son leadership. Mais cette option présente des risques de concentration du pouvoir et pourrait créer des frictions inutiles. De plus, Sonko semble plus destiné à consolider son rôle à la tête du gouvernement.
Un autre nom évoqué est celui d’Amadou Ba, connu pour son éloquence et sa maîtrise des questions parlementaires. Originaire de Thiès, il a remplacé Birame Souleye Diop après la démission de ce dernier pour cumul de fonctions. Respecté pour son verbe incisif et sa discipline, l’ancien mandataire de Diomaye représente une alternative crédible. Ses partisans estiment qu’il pourrait apporter une stabilité nécessaire face à une opposition déterminée à mettre le nouveau régime à l’épreuve.
L’opposition en quête de cohérence
La défaite de l’intercoalition de l’opposition a laissé des séquelles profondes. Certains leaders ont été pointés du doigt pour leur manque de préparation et de légitimité. Seule la coalition Takku Wallu semble en mesure de constituer un groupe parlementaire solide.
Cependant, des divisions internes persistent, notamment entre Jàmm ak Ñariñ et Sàmm sa Kaddu, deux coalitions qui peinent à surmonter les rancunes de la défaite électorale.
Par ailleurs, dans les tractations internes au sein de l’opposition, une question divise profondément les militants : la légitimité des leaders qui ont perdu leur base politique. Pour beaucoup, diriger un groupe parlementaire exige non seulement des compétences, mais aussi une solide implantation locale. Cette position est particulièrement visible au sein de Takku Wallu Sénégal où les débats font rage quant à la désignation des futurs responsables parlementaires.
Parmi les figures pressenties, Amadou Dawa Diallo apparaît comme un candidat incontournable. Président du Conseil départemental de Ranérou-Ferlo, il a réussi à maintenir son bastion lors des dernières élections législatives, remportant un large succès face à Pastef. Avec près de 8 289 voix contre 5 550 pour le parti au pouvoir, sa victoire témoigne d’une solide base électorale et d’une capacité à fédérer localement.
Contrairement à certains leaders de l’opposition qui peinent à justifier leur position en raison de défaites électorales, Amadou Dawa Diallo s’impose comme un symbole de résistance face à la razzia de Pastef. Ses partisans mettent en avant cette performance pour légitimer ses ambitions parlementaires, estimant que la présidence du groupe doit revenir à ceux qui ont su conserver la confiance des électeurs.
Toutefois, deux noms dominent les discussions au sein de l’opposition : Abdou Mbow et Aïssata Tall Sall.
Député depuis 12 ans, ancien vice-président de l’Assemblée et ex-président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, Abdou Mbow est un candidat naturel. Sa connaissance approfondie des rouages parlementaires et sa ténacité en font un adversaire redoutable. Cependant, son manque de base politique pourrait limiter ses chances de diriger un groupe en reconstruction après la débâcle du 17 novembre 2024.
Avocate et ancienne ministre, Aïssata Tall Sall incarne une opposition dynamique. Connue pour sa force de proposition et son charisme, elle dispose d’une certaine légitimité. Toutefois, ses allers et retours entre le gouvernement et le Parlement suscitent des interrogations. Certains estiment qu’elle manque de constance, tandis que d’autres voient en elle la meilleure chance de revitaliser l’opposition.
Les listes et coalitions indépendantes : alliés potentiels ou non-alignés
Dans la configuration de la prochaine législature, l’Assemblée nationale verra émerger des groupes parlementaires potentiellement inédits. La question centrale reste celle des alliances stratégiques, des ralliements ou de la neutralité de certains partis. Si la majorité est sans conteste dominée par Pastef, les autres coalitions et listes indépendantes joueront un rôle clé dans l’équilibre des forces politiques.
Parmi les formations les plus en vue, plusieurs pourraient rejoindre l’opposition ou choisir une position médiane. Ces choix seront déterminants pour la dynamique de la 15e législature. Les différentes coalitions devront non seulement définir leur positionnement politique, mais aussi établir des stratégies claires pour maximiser leur influence parlementaire. La liste Dieul Lignou Mom, représentée par Tahirou Sarr, occupe une place particulière.
Bien que Sarr ait eu des différends avec Pastef dans le passé, sa proximité idéologique avec Ousmane Sonko reste manifeste. Son discours nationaliste et souverainiste trouve un écho dans les orientations politiques de Pastef, le plaçant ainsi dans une position ambivalente. S’il rejoint la majorité, ça ne sera pas une surprise. Il est quasi impossible de le voir rallier le camp de l’opposition, notamment Takku Wallu Sénégal, selon plusieurs observateurs. Toutefois, il peut choisir d’être un non-alignée.
Un scénario plus plausible pour Thierno Alassane Sall de la coalition Senegaal Kese. Il peut continuer dans sa logique de non-inscrit. L’ancien ministre est connu pour son indépendance farouche et son ambition de se démarquer des blocs traditionnels. Une telle position lui permettrait de peser sur des débats spécifiques sans s’engager dans une logique d’opposition systématique.
Une posture qui n’est pas le cas de Birima Mangara, à la tête du Pôle alternative 3e voix. Ancien ministre, il jouit d’une réputation de pragmatisme. Sa coalition pourrait opter pour une ligne indépendante, tout en collaborant ponctuellement avec l’opposition sur des questions d’intérêt national.
And Koluté Nguir Sénégal (AKS) avec Abdou Karim Sall semble plus proche aussi de l’opposition, car il est issu des flancs de BBY. Moustapha Diop de la coalition Farlu pourrait également suivre une trajectoire similaire.
Cependant, Maguette Sène et Adama Diallo, représentants de la coalition Andu Nawlé et la Marche des territoires, ont une assise électorale locale forte. Leur stratégie pourrait viser à défendre les intérêts territoriaux, ce qui les place dans une dynamique d’alliance flexible. Leur ralliement à l’opposition n’est pas exclu, mais leur priorité restera la défense des dossiers régionaux. De même qu’And Bessal Sénégal d’Abdoulaye Sylla.
La 15e législature s’annonce donc comme un tournant décisif. Pour Pastef, il s’agira de prouver sa capacité à gouverner et à fédérer, après des années passées dans l’opposition. Le choix du président de l’Assemblée nationale et des chefs de groupe parlementaire sera déterminant.
L’opposition, de son côté, doit surmonter ses divisions pour offrir une alternative crédible.
Dans ce contexte tendu, le Sénégal s’apprête à vivre une nouvelle phase politique où chaque décision, chaque nomination aura des répercussions majeures sur l’avenir du pays.
MACKY SALL FACE À SA PREMIÈRE DÉFAITE ÉLECTORALE
"Il a perdu des deux côtés". Cette sentence d'un de ses proches résume la déroute de l'ex-président aux législatives. Non seulement sa coalition s'est effondrée, mais l'ancien chef d'État a aussi sacrifié une prometteuse carrière internationale
(SenePlus) - Une page de l'histoire politique sénégalaise s'est tournée ce 17 novembre 2024. L'ancien président Macky Sall, figure dominante de la scène politique depuis plus de deux décennies, a connu sa première défaite électorale lors des législatives, marquant un tournant dans sa carrière jusqu'alors jalonnée de succès.
Fait remarquable, l'ancien chef d'État a rapidement reconnu sa défaite face à la coalition Pastef. "Je voudrais, en mon nom personnel et en celui des leaders et membres de la coalition Takku Wallu Sénégal, féliciter la coalition Pastef pour sa victoire", a-t-il déclaré sur le réseau social X dès le lendemain du scrutin, comme le rapporte Jeune Afrique (JA).
La déroute est particulièrement significative. La coalition Takku Wallu Sénégal n'a conservé qu'une seule zone d'influence : le Fouta Toro, comprenant les départements de Goudiry, Kanel, Matam et Ranérou Ferlo. Plus symbolique encore, Macky Sall a perdu son fief historique de Fatick, ville dont il fut maire de 2002 à 2008 sous les couleurs du PDS, puis de 2009 à 2012 sous sa propre bannière.
Cette défaite intervient dans un contexte particulier. Selon un proche de l'ancien président cité par Jeune Afrique, "J'ai été surpris que Macky Sall soit candidat lors de ces législatives, surtout par rapport à la carrière à l'international qui s'offrait à lui." En effet, l'ancien président avait renoncé à son poste d'envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), une opportunité offerte par Emmanuel Macron, pour se lancer dans cette bataille électorale.
Le score final est sans appel : l'Alliance pour la République (APR) de Macky Sall et le PDS ne totalisent que 16 sièges sur 165, un résultat dérisoire pour deux formations qui ont dominé l'Assemblée nationale pendant vingt-trois ans. Comme l'observe ce proche de l'ancien président cité par plus haut : "J'aurais préféré qu'il reste indemne de toute défaite, mais il a voulu sauver son parti coûte que coûte. À l'arrivée, il a perdu des deux côtés."
Cette défaite marque un tournant historique pour celui qui avait connu une série ininterrompue de victoires depuis 2000, d'abord aux côtés d'Abdoulaye Wade, puis en son nom propre avec son élection à la présidence en 2012 et sa réélection en 2019. Elle signe également la fin d'une époque politique au Sénégal, où les forces du Pastef, sous la direction du Premier ministre Ousmane Sonko et du président Bassirou Diomaye Faye, s'imposent désormais comme la nouvelle force dominante du pays.
JEAN BAPTISTE VALTER MANGA OFFICIELLEMENT ORDONNÉ ÉVÊQUE DE ZIGUINCHOR
L’ordination a été présidée par Jean Pierre Bassène, évêque de Kolda désigné consécrateur principal, avec l’assistance de Paul Abel Mamba, évêque de Tambacounda et d’Eric de Moulin Beaufort, archevêque de Reims.
Des autorités gouvernementales, administratives, ainsi que des dignitaires religieux et coutumiers venus du Sénégal et de l’étranger ont pris part, samedi, à la cérémonie consacrée à l’ordination épiscopale de Mgr Jean Baptiste Valter Manga, nouvel évêque du diocèse de Ziguinchor, a constaté l’APS.
Des centaines de fidèles chrétiens du Sénégal et d’ailleurs on pris part à la cérémonie consacrée à l’ordination épiscopale de Monseigneur Jean Baptiste Valter Manga.
L’ordination a été présidée par Jean Pierre Bassène, évêque de Kolda désigné consécrateur principal, avec l’assistance de Paul Abel Mamba, évêque de Tambacounda et d’Eric de Moulin Beaufort, archevêque de Reims (France).
Le représentant du Pape François au Sénégal, Valdemar Stanislaw Sommertag a également pris part l’évènement religieux
Le ministre de l’Intérieur Jean Baptiste Tine et ses collègues Oliver Boucal et Yankhoba Diémé, respectivement en charge de la Fonction publique, et du Travail ont représenté le gouvernement à la cérémonie.
Vicaire de la paroisse du Bon Pasteur d’Enampore, Jean Baptiste Valter Manga a été nommé évêque du diocèse de Ziguinchor par le Pape François, le 20 juin dernier.
Agé de 52 ans, Mgr Manga a suivi des études de Théologie au grand séminaire de Sébikotane (1995-2000), après un cursus de philosophie au séminaire philosophique de Brin (1993-1995), peut-on lire dans une note consacrée à sa biographie.
La même source renseigne aussi que le religieux catholique est titulaire d’une Licence en Théologie biblique au Collège des Bernardins à Paris, en 2009. Il est également titulaire d’un doctorat en Ethnologie et Anthropologie à l’École des hautes études en sciences sociales en France, en 2015.
Ordonné prêtre le 20 décembre 2000, il a été professeur de mathématiques et de sciences naturelles au petit séminaire de Ziguinchor, dont il a été le responsable de la commission des vocations de 2000 à 2006.
L’évènement religieux se poursuit jusqu’à demain, dimanche, avec la possession de son trône à la cathédrale Saint Antoine de Padoue de Ziguinchor.
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ENTRE LE COUP DE CŒUR ET LE COÛT DE L’ŒUVRE
La décision d’achat d’une œuvre d’art part du coup de cœur pour la création. Mais sous nos cieux, parfois on peut noter un grand écart entre le coup de cœur et le prix qu’on est prêt à débourser pour acquérir une oeuvre, nous relève l’artiste O’lio.
Dans cette entrevue réalisée dans le cadre de la 15 édition de l’art africain contemporain de Dakar, le peintre Omar Lionel Sow, dit O’Lio se dévoile à cœur ouvert à AfricaGlobe Tv. Artiste autodidacte, O’lio a trois décennies d’expérience derrière lui et a parcouru le monde avec son art.
Si enfant, il a toujours eu l’art dans les veines, et gribouillait partout, cet artiste d’intuition, en fréquentant les grands noms de la peinture, des devanciers expérimentés, a pu affiner son propre pinceau et trouver sa technique grâce notamment au couteau dont il dit s’en servir le plus souvent pour ses créations. Dans ses créations, O’lio di ne pas faire d’esquisses au préalable. Quand vient l’inspiration, il prend son couteau et fonce. Oui son couteau puisque pour lui, le pinceau ne sert qu’à faire des finitions et à signer l’œuvre.
Trouvé dans son atelier au village des arts, sis a Yoff, O’lio a accepté de nous parler de son parcours, ses débuts, de l’œuvre d’art et des artistes, mais aussi du rapport qu’entretiennent les Africains avec l’art.
Sur la question du soutien au secteur de la culture, l’artiste regrette la mauvaise compréhension que bien d’hommes et femmes politiques au Sénégal, ont parfois de ce que c’est que la culture. O’lio rappelle tout simplement que l’art ne se résume pas à la musique et la danse.
La musique n’est pas l’art, la musique est un art. En d’autres termes ce n’est qu’une expression parmi tant d’autres. Mais Ou sont les autres expressions artistiques ?
S’agissant de l’œuvre d’art, si devant une toile tout le monde peut avoir un coup de cœur, très souvent en Afrique, le coût de l’œuvre est très en deçà du coup de cœur.
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DAK'ART, UNE BIENNALE TOUJOURS CAPTIVANTE
Dakar vibre au rythme du Dak'art. En 3 décennies cet évènement garde son intérêt intact et les artistes d'Afrique et de sa diaspora ne cessent d'émerveiller le monde avec des thèmes qui questionnent toujours notre quotidien comme le relève le Pr B. DIOP
La 15e édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art 2024) bat son plein. Les visiteurs continent d’affluer vers l’ancien palais de justice, une des principales attraction de cette grand-messe de l’art africain contemporain de Dakar. C’est sur ce site que nous avons trouvé un sachant, universitaire de son état, directeur de l’institut supérieur des arts et des cultures.
Venu avec un contingent d’étudiants, M. Diop jette un regard sur cette présente édition de la Biennale et espère que ses étudiants profiteront au maximum surtout ceux qui découvrent cet événement.
Ancien secrétaire général de la Biennale de Dakar, le Professeur Babacar Mbaye Diop se félicite des thématiques qui sont abordées par les artistes dans une créativité toujours au top. Les détails dans cette entrevue.
Dakar vibre au rythme du Dak'art. En 3 decennie cet avemenet garde son intéret intact et les artistes d'Afrique et de sa diaspora ne cessent d'émerveiller le monde avec des thèmes qui questionnent toujours notre quotidien comme le relève le Pr Babacar Mbaye Diop, ancien secretaire général de la Biennale.
LE PIÈGE DU PLÉBISCITE
Pour Jean-Baptiste Placca, le Pastef qui s'est construit sur la critique du pouvoir précédent ne peut désormais plus se permettre d'invoquer l'héritage difficile pour justifier ses lenteurs. Pour les nouveaux maîtres de Dakar, l'horloge tourne déjà
(SenePlus) - L'écrasante victoire du Pastef aux législatives du 17 novembre, couronnant celle de mars à la présidentielle, pourrait paradoxalement devenir le plus grand défi du duo Bassirou Diomaye Faye - Ousmane Sonko. C'est l'analyse développée par Jean-Baptiste Placca dans son éditorial sur RFI ce samedi 23 novembre 2024, où il dessine les contours d'une équation politique complexe pour les nouveaux maîtres de Dakar.
Le plébiscite populaire, manifesté d'abord par l'élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle avec plus de 54% des voix, puis confirmé par la majorité écrasante obtenue aux législatives, témoigne d'une confiance sans précédent. "Le peuple sénégalais désire ardemment confier son destin à cette équipe nouvelle", note l'éditorialiste, soulignant que "contrairement à ce que l'on observe dans de plus en plus de démocraties, les électeurs ne se sont pas, ici, servi de leur bulletin de vote comme d'un lance-pierre pour régler des comptes ou se venger."
Cependant, cette confiance massive pourrait se transformer en piège redoutable. Jean-Baptiste Placca met en garde contre les attentes pressantes de l'électorat de base du Pastef : "Ils ne vont peut-être pas pouvoir patienter longtemps, sous prétexte que le passif hérité du président Macky Sall serait lourd." Une situation d'autant plus délicate que le parti au pouvoir s'est lui-même construit sur la critique des "insuffisances réelles ou supposées du pouvoir de Macky Sall."
L'histoire politique sénégalaise offre d'ailleurs un schéma récurrent que l'éditorialiste détaille avec précision : "Abdoulaye Wade l'a été pour Abdou Diouf quand celui-ci n'était pas rallié, au gouvernement. Abdoulaye Wade a eu les siens, plutôt des dissidents issus du PDS, son propre parti, tel Idrissa Seck ou Macky Sall [...] Ousmane Sonko aura été, pour Macky Sall, ce que Wade fut pour Diouf."
Le risque d'une impopularité croissante n'est pas à écarter, selon l'analyse de Jean-Baptiste Placca. "Une si écrasante majorité à l'Assemblée nationale peut s'avérer une source d'angoisse", prévient-il, notamment face à des populations qui pourraient "s'agacer des allusions aux difficultés héritées du prédécesseur, trop souvent servies [...] comme justification à la lenteur des solutions à leurs propres difficultés."
Le défi est d'autant plus grand que le Pastef, "arrivé en dernier sur l'échiquier politique", a réussi à éclipser les formations traditionnelles en capitalisant sur les frustrations populaires. Cette stratégie pourrait aujourd'hui se retourner contre lui, le parti ne pouvant "décemment, appeler aujourd'hui les Sénégalais à se montrer raisonnables, ou à modérer leurs exigences pressantes."
L'avertissement de l'éditorialiste est clair : "À moins que le Sénégal ne devienne en quelques années le paradis terrestre dont rêvent certains, il n'est pas exclu, passée la lune de miel, que surgisse une génération spontanée d'opposants virulents au Pastef." Une perspective qui pourrait amener Ousmane Sonko à "méditer sur les insomnies qu'il donnait naguère à Macky Sall."