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8 avril 2025
Société
SEYDI GASSAMA ALERTE SUR LES CONSÉQUENCES DES LICENCIEMENTS MASSIFS
Face à la série de licenciements dans les administrations et entreprises publiques, le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal appelle l’État à renforcer l’accompagnement des travailleurs déflatés.
Le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, a exprimé sa profonde inquiétude face à la vague de licenciements touchant plusieurs agents des administrations et entreprises publiques. Dans une déclaration rendue publique ce samedi 05 avril 2025, il met en garde contre les effets dévastateurs de ces pertes d’emploi sur les droits humains fondamentaux.
« Le droit au travail est un droit humain. Sa privation a un impact direct sur la réalisation de nombreux autres droits économiques et sociaux, notamment le droit à la santé, à l’éducation, au logement et à l’alimentation », a-t-il affirmé.
Pour le défenseur des droits humains, le rôle de l’État est essentiel dans la création d’un environnement favorable à l’emploi, même s’il ne peut absorber toute la demande.
« L’État ne peut pas donner un emploi à tout le monde, mais il doit créer les conditions pour que chaque citoyen en âge de travailler puisse trouver un emploi », a souligné M. Gassama.
Il appelle les autorités à accompagner les personnes licenciées qui souhaitent se reconvertir dans l’entrepreneuriat. À cet effet, il recommande leur intégration dans les dispositifs existants d’appui et de financement tels que la Délégation générale à l’Entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ), le Fonds National de Promotion de la Jeunesse (FNPJ), ou encore le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP).
« Il est impératif que le gouvernement facilite l’enrôlement des déflatés dans ces programmes pour leur offrir une seconde chance. »
Seydi Gassama conclut en rappelant que « la protection du droit au travail est un levier central pour assurer une société juste, équitable et prospère ».
L'ODYSSÉE WADE
Vingt-cinq ans après son arrivée au pouvoir, Abdoulaye Wade reste une énigme politique. Madiambal Diagne lève enfin le voile sur les mille et une vies du Sphinx, dans un récit où les révélations explosives côtoient les anecdotes savoureuses
L’entrée de Madiambal Diagne dans le monde des Lettres sénégalaises a semblé accidentelle au départ. Voilà une personne qui s’est fait un nom en commettant des «scoops» dans des feuilles de chou à la durée de vie éphémère, et qui voulait acquérir l’immortalité en faisant des coudes dans le cénacle des Senghor, Césaire, Fatou Diome et autres Mbougar Sarr, mais dans un genre bien particulier. Son premier ouvrage tenait plus du témoignage de première main, sur un sujet qui a longtemps tenu en haleine tout le pays, et qui a même divisé des familles. Madiambal Diagne a montré qu’il a eu accès à des sources de première main, pour donner des informations qu’à ce jour, aucun des protagonistes n’a jamais tenté de remettre en cause. Profitant sans doute de la conjoncture politique, il a produit quasiment coup sur coup, deux ouvrages biographiques sur des personnalités qu’il a longtemps fréquentées, les anciens président de la République Macky Sall et Premier ministre Amadou Ba, et retracé leurs parcours respectifs. Il n’avait sans doute pas prévu que leur sort serait celui qu’il a été il y a un an, à l’issue de la Présidentielle.Après ces essais, M. Diagne s’est lancé dans le roman, avec un notable succès. Coïncidence ? L’arrivée de Trump au pouvoir a semblé donner raison à l’auteur, le nouveau dirigeant américain semblant peu enclin à recevoir des Africains à la Maison Blanche. Faudrait-il croire que le fameux «Dîner à la Maison Blanche attendra» la fin de son mandat ? Quoi qu’il en soit, Madiambal revient à un autre essai biographique, en s’attaquant à un monument vivant, Abdoulaye Wade. Aura-t-il eu le temps de faire le tour de ses «Mille et Une vies» ? Le lecteur le découvrira dans le livre dont il a ici les «Bonnes Feuilles». Pourquoi un livre sur Abdoulaye Wade ?
Depuis son départ du pouvoir, il est rare de voir un livre, un essai ou une quelconque forme de publication, axé sur la façon dont le Président Abdoulaye Wade a gouverné le Sénégal, de 2000 à 2012, ou encore l’odyssée du Parti démocratique sénégalais (Pds).
Mamadou Lamine Loum, le dernier Premier ministre de Abdou Diouf, a produit un livre-bilan sur la situation du Sénégal au 2 avril 2000. Macky Sall, quelques mois après la fin de ses deux mandats, a lui aussi engagé ses équipes à éditer un livre-bilan de sa gestion (2012-2024). Ces productions valent assurément ce qu’elles valent, mais elles ont le mérite d’exister, pour donner la perception que les principaux tenants des régimes, qui ont précédé ou succédé à celui de Abdoulaye Wade, ont pu avoir de leur action à la tête du pays.
A ma connaissance, personne n’a encore produit un livre pour tirer le bilan ou analyser le règne du Président Abdoulaye Wade. Quelques livres controversés sont parus durant son magistère : certains le pourfendant durement, d’autres étant de purs panégyriques.
Je dois dire que j’ai entrepris, il y a quelques années, d’écrire un livre sur la gouvernance de Abdoulaye Wade. Je me suis résolu à ne pas le rendre public, parce qu’il ne me satisfaisait pas : la situation que j’y décrivais apparaissant loufoque, trop anecdotique ou même caricaturale.
Il y a aussi que certains proches collaborateurs du Président Wade se retenaient alors de témoigner de bien des situations cocasses, vécues à ses côtés, au cœur du pouvoir. Un de ses anciens premiers ministres me confiait même : «Tant que le Président Wade est en vie, j’aurais bien du scrupule à parler de certaines choses !»
Je manquerais ainsi, pour cet exercice, de recueillir les témoignages les plus pertinents. Il s’y ajoute que moi-même, je m’interrogeais sur ma posture. Ne risquerais-je pas de passer pour verser dans un exercice de règlement de comptes ? Mon objectivité ne serait-elle pas mise en cause ? En effet, mes relations avec le Président Wade paraissaient tumultueuses aux yeux du grand public.
Son pouvoir m’avait emprisonné en 2004, parce que la tonalité du journal Le Quotidien, tout comme certains de mes écrits, dérangeait. Il reste qu’après ce malheureux épisode, qui lui a coûté beaucoup du point de vue de son image, Abdoulaye Wade installa des passerelles avec Le Quotidien, pour faire passer des messages importants ou travailler avec moi sur des questions cruciales, pour la paix et la stabilité au Sénégal et en Afrique. Bien des ministres sortaient d’une discussion avec le président Wade, pour me confier les appréciations positives et la confiance qu’il nourrissait pour Le Quotidien.
En septembre 2012, il m’invita à Versailles. Je suis chaleureusement accueilli… Et devant nombre de ses collaborateurs médusés, il me fait l’accolade avant de déclarer : «Jeune homme, j’ai du respect pour vous !»
Au demeurant, devrais-je continuer à m’autocensurer concernant Abdoulaye Wade, d’autant plus que je suis déjà l’auteur de livres sur d’autres hommes politiques sénégalais ? Il est de mon devoir de témoigner sur l’homme, sa vie et son parcours. Le hasard du calendrier donne des repères ou des prétextes. Le 19 mars 2025 est l’anniversaire de son accession au pouvoir, un certain 19 mars 2000. Vingt-cinq ans, ça se célèbre ! Il en est de même du Parti démocratique sénégalais (Pds), qui porte depuis toujours son action politique, qui a célébré l’année passée ses cinquante ans.
Mon témoignage relève aussi d’un devoir de reconnaissance vis-à-vis de Me Babacar Sèye, ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats, membre du Conseil constitutionnel, tué, le 15 mai 1993, par la «Bande à Clédor». Abdoulaye Wade est mêlé à cet assassinat et mes recherches m’ont permis de mettre la main sur des documents et de recueillir des témoignages inédits, qui apporteront définitivement, sans aucun doute, la lumière sur cette affaire.
Mon histoire avec Me Babacar Sèye est particulière.
Jeune greffier au Tribunal de Saint-Louis où je suis affecté, je ne trouve qu’une robe défraîchie au Greffe, le jour de ma prestation de serment. Je la revêts, pour me présenter devant le président Ndongo Fall, qui doit recueillir mon serment de «jurer de garder le secret professionnel et de me comporter en toutes circonstances comme un digne et loyal greffier». Me Moussa Niang, greffier, assiste le président du Tribunal, et Idrissa Barry, le substitut du procureur de la République, occupe le banc du Ministère public.
Me Sèye ne peut supporter que j’entre dans l’institution judiciaire aussi mal fagoté. Il se dévêt de sa robe et me la tend, avec ces mots pleins de tendresse : «La Justice se porte dignement et se rend avec dignité.» Quand je me débarrasse de la robe qui le gêne tant, il ne manque pas de remarquer que, sous le «haillon», je m’étais quand même tiré à quatre épingles. Il m’en fait le compliment.
Par la suite, il s’est plu, très souvent, à demander à son jeune confrère, Me Ladji Traoré, de m’inviter à leur cabinet, et à son domicile de Sindoni (Sud), pour discuter.
Sa mort m’attrista beaucoup.
Le fantôme de Me Sèye poursuivra Abdoulaye Wade jusqu’au Palais présidentiel. Ce livre le démontrera. Evoquer l’affaire Me Sèye, c’est aussi un devoir de mémoire ou de continuité pour moi : c’est justement à l’occasion du procès de l’assassinat de Me Babacar Sèye en 1994, que j’embrasse le métier de journaliste.
Le procès, que j’ai couvert et dont les articles seront publiés dans les colonnes du journal Wal Fadjri, a contribué à ma renommée dans le journalisme. Est-ce un clin d’œil du destin, au moment où je décide d’arrêter le journalisme, que je revienne sur l’affaire Me Sèye, trente ans après ?
C’est une boucle bouclée !
Il n’en demeure pas moins que j’ai la pudeur de ne pas évoquer dans ce livre, et autant que possible, des questions relatives à la vie intime de Abdoulaye Wade. Le lecteur notera également que je n’évoque pas cette affaire de cinquante millions de francs Cfa ou plus, qu’il dégage en 2007, pour, dit-on, appuyer Le Quotidien. Cette affaire que nous avions alors portée à l’attention du public, reste fort douloureuse pour bien des protagonistes, surtout que certains médias, aveuglés par une concurrence malsaine, ont sauté sur l’occasion pour montrer une malhonnêteté sidérante.
L’évoquer dans ce livre pourrait apparaître comme un plaidoyer pro domo.
Au réveil à Touba, Wade est un autre homme
Le 19 mars 2000 est un jour historique. Pour la première fois au Sénégal, une élection présidentielle se conclut au second tour de scrutin.
Le président sortant, Abdou Diouf, qui caracole en tête du premier tour, avec une avance de dix points (41, 51%), sur son challenger Abdoulaye Wade (31, 01%), joue son va-tout. Il obtient les ralliements de certaines grandes figures politiques, comme celle de Djibo Leyti Kâ, leader de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd), arrivé quatrième au premier tour du 27 février 2000 (7, 08%). Djibo Kâ, qui avait apporté un soutien franc à Abdoulaye Wade, quelques jours auparavant, tourne subitement casaque, le 14 mars 2000, pour jeter finalement son dévolu sur Abdou Diouf. Ses contradictions avec Ousmane Tanor Dieng, le dauphin putatif de Abdou Diouf, semblent derrière lui. (…)
Wade, une diplomatie peu diplomatique
(…) Lorsque Abdoulaye Wade arrive au pouvoir, il en veut au Président nigérian Olusegun Obasanjo. Dans sa première grande interview publiée dans les colonnes du magazine Jeune Afrique-L’Intelligent, numéro 2046 du 28 mars 2000 au 3 avril 2000, le nouveau Président élu du Sénégal ne cache pas son acrimonie à l’endroit de Olusegun Obasanjo. Répondant à la question : «quels sont les chefs d’Etat africains qui ont financé votre campagne électorale ?», Abdoulaye Wade déclare sèchement : «Je n’ai bénéficié de l’aide de personne et croyez-moi, je me suis bien gardé de leur demander quoi que ce soit. Contrairement à une idée répandue, les membres de ce syndicat sont très prudents : ils évitent généralement de financer des opposants. (…) Prenez le cas du Nigeria. J’ai beaucoup fait pour Obasanjo, mais depuis qu’il est revenu aux affaires, il a carrément coupé les ponts avec moi, sans doute pour ne pas déplaire à Abdou Diouf. Lorsqu’il était en prison, je suis allé à deux reprises voir Sani Abacha pour demander sa libération. J’étais alors ministre d’Etat (1995). Abacha m’a répondu qu’il devrait s’estimer heureux d’être en vie, parce qu’il est passible du peloton d’exécution pour avoir comploté contre lui. Par la suite, j’ai fait venir au Sénégal l’épouse de Obasanjo, qui était, à l’époque, dans un grand dénuement, pour que le Président Diouf puisse l’aider. A sa libération, Obasanjo m’a même écrit pour me remercier. Depuis, c’est le silence radio. Entretemps, j’avais, il est vrai, quitté le gouvernement. J’étais sans doute devenu moins fréquentable.»
Abdoulaye Wade digère mal que Obasanjo, de retour au pouvoir, suite à une élection démocratique cette fois-ci, en 1999, ne lui renvoie pas l’ascenseur. Le Président Wade, qui n’est pas du genre à faire le dos rond face à un affront, va se déchaîner au premier Sommet de la Cedeao auquel il prend part. C’est justement à Abuja (Nigeria) les 28 et 29 mai 2000.
L’esclandre affecte Olusegun Obasanjo qui, à la fin de la journée du Sommet des chefs d’Etat, vient trouver le président Wade, à son hôtel, pour arrondir les angles. Ils vont à nouveau s’affronter au Sommet de l’Union africaine à Durban en 2002. Wade s’investit pour une médiation à Madagascar entre Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana. Il en fait tant et si bien que c’est un Olusegun Obasanjo caustique qui se demande, au détour de son intervention avec amusement, «si le président Wade n’avait pas un champ de clous de girofle à Madagascar».
Pour lui, le Président Wade est trop enclin à peser sur le dossier de Madagascar. Sa réplique au Président Obasanjo est cinglante : «Bande de putschistes. Je suis le mieux élu ici !» Abdoulaye Wade se déchaîne et rabroue le Président Eyadéma du Togo, qui cherche à le faire taire. Wade lui assène : «Un soudard ne doit pas prendre la parole quand des agrégés parlent !»
Les propos, peu diplomatiques, ne plaisent pas au Président togolais Gnassingbé Eyadéma, qui appelle l’ancien Premier ministre Moustapha Niasse, avec lequel il entretient des relations fort cordiales, pour lui souligner : «Si ton Président continue comme ça, je finirai par lui c…» Le président Alpha Oumar Konaré du Mali dira de Wade «qu’il est iconoclaste !». Le président Obasanjo dira lui aussi à Moustapha Niasse : «Wade a la folie de Bokassa !»
Abdoulaye Wade affrontera durement son homologue togolais, Gnassingbé Eyadema, sur le dossier de la médiation, dans la crise politico-militaire, en Côte d’Ivoire. Le président Eyadéma convoque une réunion de chefs d’Etat à Kara, son fief natal, au Nord du Togo. Abdoulaye Wade s’y rend. Cependant, il est inquiet. Il décide de ne faire qu’un aller-retour, et même de ne pas boire de l’eau sur place. Un collaborateur du président Wade souffle : «On nous avait prévenus que Eyadéma était un sorcier. Le président Wade n’y a pas pris un verre d’eau et est descendu de l’avion avec un bandage improvisé ; il a prétexté une blessure à la main pour ne pas serrer celle de son homologue togolais.»
Ses craintes ont semblé se vérifier quand, à sa descente d’avion, il glisse et s’affale sur le sol. La scène est retransmise en direct à la télévision nationale togolaise (Tvt). Les journalistes sénégalais, témoins de la scène, se passent le mot pour taire l’incident. Aucun média sénégalais ne le relate. Le Président Eyadéma est frustré de l’attitude du Président Wade, avec la main bandée. Le président de l’Assemblée nationale du Togo, Fambaré Ouattara Natchaba, est informé que Farba Senghor pourrait avoir de l’influence sur le Président Wade, pour le ramener à de meilleurs sentiments. Il met donc Farba Senghor en contact avec le Président Eyadéma. Le chef de l’Etat togolais exprime ses griefs et souhaiterait plus de respect et de considération de la part de son homologue sénégalais. C’est à la veille d’un Sommet de la Cedeao, convoqué pour le lundi 10 mai 2003 à Dakar. Farba Senghor se fait rabrouer le vendredi 7 mai 2003 par le Président Wade, quand il cherche à alerter sur le risque d’un boycott de cette rencontre par les autres chefs d’Etats membres de la Cedeao.
Mais le lundi 10 mai 2003, ses craintes se vérifient.
La participation de plusieurs chefs d’Etat, et non des moindres, n’est confirmée par aucun d’eux. Le Président Wade, sentant l’humiliation ou le camouflet diplomatique, charge alors Farba Senghor de prendre contact avec «son père» togolais. Farba Senghor peut accéder au Président Eyadéma, à toute heure, via le chef du protocole présidentiel togolais, Arouna Batiem Kpabré-Silly.
L’initiative est couronnée de succès. Gnassingbé Eyadéma, qui aime le style direct de Farba Senghor, se lie d’amitié avec lui et fait des concessions. Il demande de décaler le sommet d’une journée. Le Président Wade accepte sans discussion. Les frondeurs font le voyage de Dakar et la déclaration incendiaire que ces chefs d’Etat entendaient alors publier, contre le Président Wade, est déchirée.
(…)
A Benghazi, le divorce avec Kadhafi
Le 13 février 2009, le Président Wade est en visite à Beijing. Son homologue Hu Jintao lui déroule le tapis rouge, mais Abdoulaye Wade n’est pas content et le fait savoir. Le Président sénégalais d’expliquer : «En Afrique, la parole d’un patriarche est vénérée et je suis un patriarche dans mon pays. Or, j’avais confiance en votre parole pour annoncer à mon Peuple des réalisations infrastructurelles promises à mon pays. Voilà qu’il y a de grosses lenteurs dans l’exécution des projets !» Hu Jintao ordonne à ses équipes de faire le point sur les projets chinois au Sénégal. C’est ainsi que les travaux de construction des infrastructures comme le Grand Théâtre ou le Musée des civilisations, entre autres, démarrent.
Abdoulaye Wade tente de rejouer le même coup avec Kadhafi à Syrte. Le Guide libyen avait promis d’ériger à Dakar, une tour portant son nom. Une tour haute de deux cents mètres, à la pointe du Cap Manuel, pour un coût de 200 millions d’euros. Tel était le projet que le Président Abdoulaye Wade et son architecte conseil Pierre Goudiaby Atepa avaient soumis, le 18 février 2009 en Libye, au Colonel Kadhafi, lequel a accepté de le financer via la Libyan african investment company (Laico). La Kadhafi African Tower, haute de soixante étages, devait abriter un hôtel cinq étoiles de quatre cents chambres, un centre de conférences et une centaine d’appartements, et serait la première au monde à être majoritairement alimentée (jusqu’à 80%) par de l’énergie solaire.
A Syrte, le président Wade recommence son mélodrame. Babacar Diagne, conseiller en communication, redit sa surprise : «Le Président Wade a attaqué Kadhafi et demandé à l’interprète : «Dis-lui qu’il ment.» L’interprète bafouille et semble ne pas oser faire la traduction. Il insiste : «Dis-lui qu’il ment.»
L’interprète ne traduit toujours pas et le Président Wade demande après l’ambassadeur Moustapha Cissé, pour qu’il fasse la traduction. Mais je pense que Kadhafi, qui parle déjà italien, a bien compris le propos et a éclaté de rire en lui disant : «Non, Abdoulaye. Vous n’êtes pas en Chine !»
Comme quoi, le coup de Beijing avait déjà été l’objet de ragots dans les chancelleries. L’activisme diplomatique du chef de l’Etat sénégalais l’invite en Iran pour plaider, en 2010, la libération de l’universitaire française Clotilde Reiss, détenue à la prison d’Evin à Téhéran. Un ancien ambassadeur précise : «Il y a lieu de souligner que son rôle dans la libération de Clotilde Reiss est marginal. Paris et Téhéran avaient déjà négocié leur deal. Seulement, ils ne pouvaient pas dire non à la démarche d’un ami. Le souhait du Président Wade avait été de ramener Mme Reiss dans son avion. Ce qui n’a pas été le cas.»
N’empêche, Abdoulaye Wade ira au Yémen en 2011, pour tenter de régler la guerre civile dans ce pays.
Au demeurant, poursuit-il, «les initiatives de paix tous azimuts de Wade s’expliquent certainement par la fascination du Prix Nobel de la paix. Il en rêvait constamment, surtout après avoir reçu, en septembre 2004, le Prix Houphouët-Boigny pour la paix, décerné par l’Unesco. Pour lui, c’était naturellement le prélude au Nobel. Toutes ses initiatives de paix ultérieures s’inscrivaient dans cette perspective».
Mais le coup de trop sera sa visite à Benghazi en Libye, le 9 juin 2011. A cette occasion, depuis le fief de la rébellion, Abdoulaye Wade demande à Mouammar Kadhafi de quitter le pouvoir. Il fait cette déclaration à bord d’un porte-avion militaire français. En s’adressant au Guide de la Révolution libyenne, il déclare : «Je te regarde dans les yeux (…) plus tôt tu partiras, mieux ça vaudra.» Il ajoute à l’endroit des médias : «A l’Union africaine, je suis le seul qui peut lui parler, lui dire la vérité, car je ne lui dois rien.» Le Sénégal sera le deuxième pays au monde, après la France, à reconnaître l’autorité ou la légitimité des insurgés contre Kadhafi. Abdoulaye Wade sera aussi le premier chef d’Etat à se rendre en Libye. Il aurait entrepris cette démarche à la demande du Président Nicolas Sarkozy, en conflit avec le Colonel Kadhafi. Les bombardements de Tripoli menés par les forces occidentales commenceront deux jours seulement après la déclaration du Président Wade, comme si la coalition internationale contre le Colonel libyen n’attendait alors que la caution d’une voix africaine audible.
Le Colonel Khadafi enverra une lettre au président Wade, lui faisant la leçon pour ce qu’il qualifie de traitrise : «Il vous est arrivé de prier derrière moi. J’ai été votre imam, le temps d’une prière. En musulman, on ne doit pas trahir son imam. Malgré tout ce que vous avez dit, je garde toute l’estime et tout l’amour que j’ai pour vous.» L’amertume de Kadhafi est grande car les deux hommes sont depuis longtemps des alliés.
Qui ne se rappelle pas qu’en 1978, des liens étroits unissent déjà Abdoulaye Wade avec le Guide libyen, au point d’être accusé par le régime de Senghor de fomenter une opération de déstabilisation en complicité avec la Libye ?
Au pouvoir, le président Wade se montre si avenant à l’endroit de Kadhafi que les deux chefs d’Etat travaillent, main dans la main, pour la création des Etats-Unis d’Afrique.
C’est la stupeur générale quand on entend sortir de la bouche de Abdoulaye Wad,e cette déclaration selon laquelle «Kadhafi n’avait jamais été son ami».
Ahmed Khalifa Niasse, ulcéré, de répliquer : «Si Kadhafi n’est pas l’ami de Wade, alors Wade n’a pas d’amis.» Des diplomates regrettent encore que «le Président Abdoulaye Wade ne se soit pas déplacé jusqu’à Syrte pour parler en privé à Kadhafi, plutôt que de le lâcher publiquement, le jetant en pâture à partir d’un navire militaire français».
Le Guide libyen sera assassiné le 20 octobre 2011.
LES PREMIERS FRUITS DE L'AUSTÉRITÉ
Face aux interrogations sur l'efficacité de sa politique de rationalisation des dépenses publiques, le président Diomaye a présenté ce vendredi 4 avril, un premier bilan chiffré à 154 milliards FCFA d'économies réalisées
Le président Bassirou Diomaye Faye a présenté un bilan des économies réalisées depuis son arrivée au pouvoir, répondant à une question de la journaliste Astou Dione lors de sa conférence de presse du vendredi 4 avril.
Parmi les mesures phares évoquées, le chef de l'État a cité la réallocation de 24 milliards FCFA initialement destinés au programme spécial de désenclavement, désormais réinvestis dans la construction de nouvelles routes.
Il a également mentionné une réorientation de 30 milliards FCFA du programme de construction scolaire, ayant permis la réalisation de 2 000 salles de classe supplémentaires.
Plus significativement, le président a évoqué les 100 milliards FCFA économisés à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), selon les chiffres avancés par son Directeur Général, Fadilou Keita.
La suppression d'institutions comme le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) et le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) figure également parmi les exemples de rationalisation des dépenses publiques.
DIOMAYE DÉVOILE SES RELATIONS AVEC MACKY
Tout en affirmant son "respect" pour l'ancien président, à qui il a même prêté l'avion présidentiel pour un pèlerinage, le chef de l'État a néanmoins évoqué des "manœuvres en coulisses" orchestrées par son prédécesseur
Le président Bassirou Diomaye Faye a fait une déclaration remarquée ce vendredi 4 avril lors de sa rencontre avec la presse concernant ses relations avec son prédécesseur Macky Sall.
"On ne cible personne, même pas le président Macky Sall pour qui nous avons beaucoup de respect", a affirmé le chef de l'État. "Malgré tout ce qui s'est passé, on s'est fait une accolade. Le cœur vide me concernant."
Le président a révélé avoir mis l'avion présidentiel à disposition de Macky Sall pour effectuer la Oumra (pèlerinage musulman), lui demandant même "de prier pour moi".
Tout en soulignant ces gestes de réconciliation, Diomaye Faye a toutefois laissé entendre que son prédécesseur pourrait encore être actif politiquement, déclarant : "Il est dans autre chose maintenant, et le pays avance, même si je sais qu'il mène quelques manœuvres en coulisses."
Ces déclarations interviennent dans un contexte où des questions persistent sur d'éventuelles poursuites judiciaires contre des responsables de l'ancien régime.
LE SÉNÉGAL PRÊT À FAIRE CAVALIER SEUL SUR LA QUESTION DU FCFA
Bassirou Diomaye Faye a évoqué ce vendredi 4 avril, l'hypothèse d'une sortie unilatérale du franc CFA, positionnant la souveraineté monétaire comme une condition d'émancipation économique complète
Dans son entretien avec la presse locale, le chef de l'État a rappelé que "tous les pays du monde disposent de trois principaux moyens pour financer leur économie : la fiscalité, l'endettement et la monnaie." Sans monnaie propre, le Sénégal se trouve privé d'un levier essentiel : "Si tu ne possèdes pas ta propre monnaie, tu ne peux pas avoir d'impact sur cet élément essentiel. Il ne nous reste donc que deux leviers."
Face à la lenteur du processus d'intégration monétaire de la CEDEAO, Diomaye Faye propose une solution intermédiaire. "Si l'UMOA tarde à obtenir l'aval de la CEDEAO, elle peut prendre l'initiative de créer une monnaie souveraine avec un nom, un symbole et des billets distincts," a-t-il suggéré, s'appuyant sur une étude approfondie menée par la BCEAO.
Le président appelle néanmoins à la prudence, évoquant des prérequis économiques indispensables, notamment "la stabilisation des agrégats macroéconomiques et le renforcement des capacités de production et d'exportation."
Tout en privilégiant actuellement une approche concertée avec ses partenaires régionaux, Diomaye Faye n'exclut pas une démarche unilatérale si nécessaire : "Si ça prend encore trop de temps, on se retirera pour avoir notre propre monnaie."
Le président met cependant en garde contre toute précipitation. « On ne peut pas, en seulement un an, dire à la CEDEAO que nous souhaitons sortir de sa monnaie ou à l’UMOA que leurs procédures n’avancent pas, et engager immédiatement un processus monétaire ».
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DAKAR DÉCOLONISE SES MUSÉES
De la Biennale de Dakar au Musée des Civilisations Noires, le Sénégal illustre l'essor culturel d'un continent qui réaffirme sa place sur la scène artistique internationale tout en questionnant son patrimoine spolié
À Dakar, le Musée Théodore Monod est au cœur d'une révolution culturelle qui redéfinit le rapport entre l'Afrique et son patrimoine artistique. Cet ancien Institut français d'Afrique noire, fondé en 1938 pendant la période coloniale, entreprend aujourd'hui un ambitieux projet de décolonisation de ses collections.
Le conservateur Malik Ndiaye, historien de l'art et spécialiste en études culturelles, transforme progressivement cette institution qui abrite près de 10 000 œuvres provenant de plus de 20 pays africains. "Comment questionner la mémoire du musée sur la base d'un patrimoine à visée coloniale mais qui reste un patrimoine africain ?" s'interroge-t-il.
Sa réponse est novatrice : ouvrir les portes du musée aux artistes contemporains africains, les invitant à dialoguer avec les collections ethnographiques héritées de l'époque coloniale. Cette approche a été particulièrement visible lors de la 14ème édition de la Biennale de Dakar, rendez-vous international majeur de l'art contemporain africain.
Des artistes comme le photographe sénégalais Ibrahima ont ainsi pu s'inspirer d'objets de la collection, tels qu'un tambour sabar traditionnel, pour créer des œuvres qui établissent des ponts entre passé et présent. "C'est un instrument visuel et sonore qui nous accompagne du début de la vie à la mort", explique l'artiste, qui fait dialoguer des photos historiques avec ses propres créations.
Le Camerounais Hervé Youmbi va plus loin en réalisant des masques hybrides contemporains inspirés des pièces du musée, mais destinés à retourner dans l'univers rituel. "C'est une manière symbolique de réparer cette cassure", affirme-t-il, en référence aux objets arrachés à leur contexte d'origine par les ethnologues coloniaux.
Cette démarche suscite l'intérêt international, notamment celui de Hartmut Dorgerloh, directeur du Forum Humboldt de Berlin : "Je suis fasciné par la pertinence des projets et des approches développés ici", confie-t-il.
Le Musée des Civilisations Noires, imposant édifice inauguré en 2018 avec le soutien financier de la Chine, s'inscrit également dans cette dynamique. Destiné à accueillir les biens artistiques et objets rituels autrefois spoliés des pays africains, il symbolise la volonté du continent de reprendre possession de son histoire culturelle.
Pour Malik Ndiaye, la décolonisation muséale est comparable à une "psychanalyse institutionnelle" : "Il faut que ces archives et ces collections puissent raconter leur propre histoire sans tabou, sans complaisance et sans aucun complexe."
Cette transformation des musées africains témoigne d'un essor culturel sans précédent sur le continent, favorisé notamment par les débats sur la restitution d'œuvres d'art pillées durant la période coloniale. L'Afrique rebat ainsi les cartes de la scène artistique internationale, affirmant sa place légitime dans l'histoire de l'art mondial.
DIOMAYE RÉHABILITE DIA
Dans un discours prononcé à l'issue des festivités, le chef de l'État a mis en avant le rôle historique de celui qui fut "président du Conseil à l'aube de notre indépendance", soulignant l'importance symbolique de son premier discours commémoratif
Le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye a de nouveau rendu un hommage appuyé au président Mamadou Dia (1910-2009), dont le nom a été donné à cette grande avenue de la capitale, qui abrite les festivités du 65e anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale.
‘’Nous venons de célébrer avec éclat le 65e anniversaire de l’indépendance de notre pays à travers une très belle et riche cérémonie marquée par un défilé impeccable, sur cette grande et splendide avenue que j’ai baptisée récemment boulevard du président Mamadou Dia, digne fils du Sénégal, qui fut président du Conseil des ministres du Sénégal à l’aube de notre indépendance’’, a déclaré le chef de l’Etat dans son discours mettant fin au défilé.
Poursuivant, il rappelle que Mamadou Dia a eu “l’honneur mérité de prononcer le premier discours marquant le premier anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale que nous célébrons aujourd’hui”.
Né le 18 juillet 1910 à Khombole, dans la région de Thiès, Mamadou Dia fut une figure emblématique de l’indépendance du Sénégal, et le premier Premier ministre du Sénégal indépendant, de 1957 à 1962.
Ayant été instituteur pendant de nombreuses années, il a été un compagnon de route du premier président sénégalais Léopold Sédar Senghor (1906-2001) pendant quatorze ans, avant de devenir son rival.
Mamadou Dia, accusé de tentative de coup d’Etat par Senghor lors de la crise de décembre 1962, avait été jugé et condamné à perpétuité, avant d’être gracié en mars 1974 puis amnistié en avril 1976, soit un mois avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal.
L’idée d’une révision de son procès avait été agitée au début des années 2000 par le président de la République d’alors Abdoulaye Wade (2000-2012), qui faisait partie de ses avocats en 1963.
Affaibli par le poids de l’âge et les conditions carcérales, Dia a consacré les dernières années de sa vie à l’écriture de livres et de mémoires, tout en continuant à prendre régulièrement position, sur des questions majeures touchant à la nation sénégalaise, à travers des sorties dans la presse.
Réputé pour sa rigueur, son sens de l’éthique, son patriotisme, sa piété, Mamadou Dia, décédé en 2009, à Dakar, à l’âge de 99 ans, laisse un héritage politique qui inspire aujourd’hui beaucoup de générations de Sénégalais.
MAMADOU DIA ET DOUDOU NDIAYE ROSE, ÉCHOS D’OUTRE-TOMBE
Le dialogue posthume entre ces deux grandes figures lors des célébrations du 65e anniversaire illustre comment la construction nationale sénégalaise s'est appuyée tant sur des fondations politiques que culturelles
Le 65e anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale a été marqué, vendredi, par un imposant défilé civil, militaire et paramilitaire, sur le Boulevard Mamadou-Dia, du nom du président du Conseil de gouvernement (1957-1962), sous la présidence du chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye qui a baptisé la veille cette grande avenue de la capitale sénégalaise en hommage à cette figure emblématique de la vie politique et institutionnelle du pays. Le nom et le souvenir du percussionniste et tambour major Doudou Ndiaye Rose résonnent aussi avec ce moment de communion.
— Mamadou Dia : La fête de l’indépendance est célébrée le 4 avril de chaque année depuis 1961, parce que cette date marque l’anniversaire de la signature, en 1960, des ”Accords de transfert de compétences” entre la France et la Fédération du Mali. Celle-ci est représentée ce jour-là par le Premier ministre de la Fédération du Mali, Modibo Keita, le Premier ministre français, Michel Debré, et le vice-Premier ministre de la Fédération du Mali et ministre de la Défense, Mamadou Dia. Ces accords ont été signés au Palais de Matignon à Paris. Ils ”ont consacré l’indépendance de la Fédération du Mali (Sénégal et Soudan) avec le général Charles de Gaulle, président de la République française et président de la Communauté française”, souligne le communiqué du Conseil des ministres du 2 avril dernier, au cours duquel le président Bassirou Diomaye Faye a pris la décision de donner le nom de Mamadou Dia à l’artère sur laquelle est organisé le défilé de la fête de l’Indépendance. C’est Mamadou Dia, alors président du Conseil de gouvernement du Sénégal, avait pris la décision de faire célébrer, à partir du 4 avril 1962, le défilé marquant l’anniversaire de la déclaration d’indépendance. Vendredi, à l’issue du défilé qui a duré trois heures et trente minutes, le président Bassirou Diomaye Faye lui a rendu hommage, saluant en lui un ”digne fils du Sénégal, qui fut président du Conseil des ministres du Sénégal à l’aube de notre indépendance’’. Il a eu “l’honneur mérité de prononcer le premier discours marquant le premier anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale que nous célébrons aujourd’hui”, a dit le chef de l’Etat.
— doudou Ndiaye Rose : le nom du tambour major sénégalais Doudou Ndiaye Rose (1930-2015) revient à l’esprit des Sénégalais chaque fois que, le 4 avril, passent devant le chef de l’Etat, les autorités sénégalaises, leurs invités et le public, essentiellement lors du passage des majorettes du lycée John-Fitzgerald-Kennedy réalisant leur chorégraphie au son de rythmes classiques wolof. De 1977 à sa disparition Doudou Ndiaye Rose a dirigé les percussions pour ce moment fort du défilé, gagnant les appréciations positives et les applaudissements du public. Depuis 1959, quand il participe à la formation du premier ballet de la Fédération du Mali, le nom de Doudou Ndiaye Rose est associé à des moments politiques marquants de la vie de la nation. Il était présent à la première célébration de la fête de l’indépendance (1961). Le percussionniste a aussi participé, sous la direction de l’ethnomusicologue et auteur français Herbert Pepper (1912-2000), à l’élaboration, notamment la partie rythmique, de la musique de l’hymne national, dont les paroles ont été écrites par le poète-président Léopold Sédar Senghor. Le 4 avril 1965, à l’occasion du cinquième anniversaire de la fête nationale, Doudou Ndiaye Rose avait réussi à montrer que l’animation du défilé pouvait être un succès en sortant du schéma occidental de la représentation.
LA PREVENTION ET LA REINSERTION SOCIALE AU CŒUR DE LA POLITIQUE PENALE
Dans un entretien accordé au Soleil, le directeur général de l’Administration pénitentiaire, l’Inspecteur Aliou Ciss, est revenu sur les nombreux défis auxquels fait face son institution.
Dans un entretien accordé au Soleil, le directeur général de l’Administration pénitentiaire, l’Inspecteur Aliou Ciss, est revenu sur les nombreux défis auxquels fait face son institution. Selon lui, la prévention et la réinsertion sont au cœur de la politique pénale.
Dans un monde en perpétuelle mutation marqué par l’apparition de nouvelles formes de menaces telles que le terrorisme et la criminalité organisée, l’Administration pénitentiaire fait face à de nombreux défis : la surpopulation carcérale, la vétusté et l’inadéquation des établissements pénitentiaires, les risques de radicalisation en milieu carcéral, la problématique de la réinsertion, l’insuffisance des effectifs et l’adaptation aux nouvelles technologies. L’Inspecteur Aliou Ciss, Directeur général de l’Administration pénitentiaire, a indiqué que ces enjeux appellent des « réformes systémiques » et une « approche centrée » sur la prévention de la criminalité par l’éducation, la formation ainsi que la promotion des modes d’aménagement des peines. « Si on ne change pas d’approche, on a beau construire de nouvelles prisons, on ne va pas régler la problématique de la surpopulation carcérale », a-t-il alerté, persuadé qu’il faudra davantage miser sur la prévention « pour éviter les cas de récidive ».
Même s’il admet que des « résultats probants » ont été obtenus avec l’introduction du bracelet électrique en 2020. « Nous devons davantage travailler dans le sens à éviter la commission des crimes et des délits », a insisté l’Inspecteur Ciss. Il a annoncé la construction de nouvelles prisons, des recrutements massifs de personnels et l’acquisition d’équipements de dernière génération. Dans la foulée, il a informé que sa structure a élaboré un plan de recrutement de 865 agents et d’équipement sur 10 ans.
Modernisation des infrastructures
Pour améliorer les conditions de vie des détenus et de travail des personnels, M. Ciss a fait part d’un vaste programme de modernisation des infrastructures notamment la construction de neuf établissements pénitentiaires et du démarrage des travaux de réhabilitation et d’extension des établissements pénitentiaires. Il a souligné que le Groupe d’intervention pénitentiaire (Gip) créé par le décret 2023-679 du 23 mars 2023, a pour objectif d’améliorer la sécurité en milieu carcérale. Il s’agit, a-t-il dit, d’une unité de réserve constituée d’Eléments pénitentiaires d’intervention (Epi) et d’une brigade canine avec des éléments des chiens de police.
Spécialisée dans le maintien de l’ordre, elle intervient pour le rétablissement de l’ordre en cas de troubles en milieu carcéral. Dans le cadre de la digitalisation, l’Administration pénitentiaire a mis en place un système d’informatisation appelé Système d’information et de gestion de la direction générale de l’Administration pénitentiaire (Sigdap) pour une meilleure gestion des dossiers des détenus. Selon lui, « ce système novateur permet une gestion plus efficace et transparente des établissements pénitentiaires ».
Fonds de réinsertion sociale
Concernant la réinsertion sociale, en plus des actions menées en milieu carcéral, l’Administration pénitentiaire dispose de deux boulangeries, d’un centre pénitentiaire de formation industrielle, d’une imprimerie, d’un garage mécanique et d’une unité de production de lait à Sébikotane, a-t-il informé. Sur le même registre, a ajouté M Ciss, il existe un fonds de réinsertion sociale des détenus pour le financement des activités de préparation à la réinsertion sociale.
Pour la célébration du 65è anniversaire de l’indépendance du Sénégal, l’inspecteur Aliou Ciss a indiqué que ses hommes vont prendre part aux défilés à pied et motorisé. Pour le défilé à pied, le détachement composé de 156 éléments sera commandé par le contrôleur de classe exceptionnelle, Moussa Diop. S’agissant du défilé motorisé, l’Administration pénitentiaire y participera avec un détachement de 15 voitures opérationnelles dont trois pick-up, 4 land cruiser, 4 bus Iveco, 2 camions citernes et 2 ambulances médicalisées sous le commandement du contrôleur Pathé Kane. À l’intérieur du pays, des détachements de l’Administration pénitentiaire seront engagés pour participer aux défilés organisés dans les chefs-lieux de région et de département. Après le défilé, un repas de corps sera organisé au Camp pénal de Liberté 6 au cours duquel des agents qui se sont particulièrement distingués dans le service seront décorés.
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LA FAMILLE DE MAMADOU DIA RETROUVE SA FIERTÉ
"On rend à César ce qui lui appartient" : pour sa fille Madeleine Dia, le Sénégal répare une injustice historique en honorant Mamadou Dia, sous les applaudissements de sa famille et des riverains
Le Sénégal a officiellement rebaptisé le boulevard Général-de-Gaulle au nom de Mamadou Dia, figure emblématique de l'indépendance nationale. L'annonce a été faite lors du Conseil des ministres du mercredi 2 avril 2025 par le président Diomaye Faye.
Cette décision historique intervenue à la veille du 65e anniversaire de l'indépendance, marque une étape importante dans la reconnaissance du rôle crucial joué par Mamadou Dia dans l'histoire du pays.
"Un contentement immense, une très grande joie," confie sa petite-fille Fatou Samb, visiblement émue. "Nous disons vraiment merci au président Diomaye. Il n'était pas obligé de le faire, on ne fait que le remercier."
Pour les proches de celui qu'on surnommait affectueusement "Maodo", cette reconnaissance est perçue comme un acte de justice historique : "On rend à César ce qui lui appartient," souligne Madeleine Dia, sa fille.
L'ancien boulevard Général-de-Gaulle, artère emblématique de Dakar, avait accueilli le deuxième défilé de l'indépendance le 4 avril 1962, une initiative prise par Mamadou Dia lui-même alors qu'il occupait la fonction de président du Conseil.
Les riverains saluent également cette initiative : "Donner le nom de ce boulevard à Mamadou Dia, c'est très bien. Il mérite même plus," témoigne l'un d'eux. "Je suis sûr que la majorité des Sénégalais sont contents."
Ce changement s'inscrit dans une démarche plus large des nouvelles autorités visant à impulser un mouvement de réappropriation de l'histoire nationale, après d'autres initiatives concernant les tirailleurs et les anciennes bases françaises.