SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 novembre 2024
Société
PAR L’ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, BOUBACAR BORIS DIOP
CE VIEIL HOMME, NOTRE ENFANT…
Wade a desservi Karim, renforcé la cote de popularité de Macky tout en donnant de lui-même une image négative. En somme, trois coups de pierre contre sa réputation et contre la libération de son fils
Boubacar Boris Diop, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 24/03/2015
Des analystes pourtant peu suspects de passion partisane continuent à regretter que la Crei n’ait été apparemment réactivée que pour juger Karim Wade. Même si on peut leur reprocher de tenir pour quantité négligeable ses co-inculpés ou d’oublier trop vite les nombreux dossiers déjà instruits, leur trouble mérite la plus grande attention. Il nous rappelle qu’au Senegal l’autorité publique n’a jamais vraiment su quelle attitude adopter à l’égard des auteurs de crimes économiques. C’est peu de dire que ces derniers, du fait de leur forte capacité de redistribution, sont plus souvent admirés que stigmatisés.
Il se raconte du reste, sous forme de blague populaire, qu’à des détenus ordinaires se plaignant des faveurs accordées à ces prisonniers de luxe, un régisseur aurait répliqué, excédé : «Ecoutez, ce n’est pas pareil, vous, vous êtes des voleurs alors qu’eux ont détourné !» Cette complaisance à l’égard de ceux qui dilapident nos maigres ressources s’explique-t-elle par le fait que le même personnel politique se partage le pouvoir depuis l’Indépendance ? L’hypothèse peut être avancée sans risque.
Le plus fascinant, c’est que Me Abdoulaye Wade, alias le «pape du Sopi», a été élu, après une exceptionnelle mobilisation populaire, pour briser ce cercle vicieux de la gabegie et de l’impunité. Quel Sénégalais peut s’en souvenir aujourd’hui sans un formidable éclat de rire ? Sous son règne, le système est devenu complètement fou ! Dès ses premières heures au Palais, il déclare à Idrissa Seck, qui l’enregistre en secret– drôle de gens, n’est-ce pas ?- : «Nos problèmes d’argent sont désormais derrière nous», avant d’ajouter cette phrase hallucinante : «Même les gangsters savent s’en tenir a un strict code d’honneur quand vient l’heure de se partager le butin.»
Il n’est dès lors pas étonnant qu’au cours de ses deux mandats à la tête du pays, on ait eu l’impression d’un gigantesque foutoir financier. Bien des cadres ayant travaillé avec Me Wade, en particulier ceux qui venaient de la Gauche, n’étaient pas des corrompus, loin s’en faut. Mais ceux qui l’étaient ne se sont pas du tout gênés. Les affaires en tous genres– terrains, trafic de devises voire de drogue– ont sans cesse défrayé la chronique et des milliers de gens qui tiraient le diable par la queue, ont amassé en peu de temps une colossale fortune.
Dans un petit pays à l’élite aussi «compacte», tout finit par se savoir, même, et peut-être surtout, ce que les medias choisissent, pour diverses raisons, de taire. Et– ne soyons donc pas si oublieux– Karim Meissa Wade, à la tête de moult ministères stratégiques, était au centre de tout. La justice lui demande depuis juillet 2014 de justifier l’accroissement phénoménal de sa fortune à l’époque où son père était chef de l’Etat. Il n’en a pas été capable et cela lui a valu une peine ferme de six ans et une amende de 138 milliards de francs Cfa.
On peut certes entendre les critiques des ONG des Droits de l’homme qui voient dans la Crei une juridiction d’exception violant les normes du droit international mais on a aussi eu le sentiment que pour ses avocats leur client, lâché par certains de ses prête-noms et complices, confondu sur des points importants, était devenu indéfendable. On les a donc davantage entendus en conférence de presse qu’à la barre du tribunal qu’ils ont du reste finalement boycotté. Il est d’ailleurs difficile de savoir à quoi ont bien pu servir les avocats étrangers supposés plaider en faveur de Karim Wade.
Malgré le gros cafouillage sur le compte de Singapour– un point, il faut le souligner, non pris en compte par le juge Henri-Grégoire Diop–, personne n’a été surpris par le verdict du 23 mars. Il n’y a pas lieu de se réjouir qu’une personne encore dans la force de l’âge soit obligée de rester quatre années en prison mais des dizaines de milliers d’autres Sénégalais purgent la même peine sans que cela n’émeuve personne.
L’avertissement vaut pour tous nos futurs chefs d’Etat. Ce qui arrive à Karim Wade doit leur faire comprendre qu’il est inadmissible et dangereux de détourner les suffrages populaires au profit de sa famille.
L’ex-président Wade, naguère tout-puissant, n’a rien pu faire pour sauver son fils. Il n’a même pas pu trouver un hôtel pour y organiser ce que le politologue Mbaye Thiam a appelé sur Sud FM «la dévolution paternelle du parti». Cela en dit long sur la brutalité de la chute de Wade. Il s’était pourtant montré si agressif à maintes reprises que le pays a eu de sérieuses craintes pour la sécurité des biens et des personnes le jour du verdict. A l’arrivée il y a eu plus de peur que de mal.
Me Wade, conscient de son faible pouvoir de nuisance ces temps-ci, s’y était sûrement attendu et c’est sans doute pour cela qu’il a fait de son fils le candidat du PDS à la présidentielle de 2017. Le projet, c’est de lui faire porter les habits de lumière du prisonnier politique, si populaire que le régime n’aura d’autre choix que de ne pas le maintenir en détention. Est-ce bien sérieux ? En vérité, cela s’appelle raisonner la tête à l’envers.
Tout d’abord, Karim Wade, qui n’a jamais remporté le moindre scrutin, est un binational. On le voit mal renoncer à son passeport français pour briguer les suffrages des électeurs sénégalais. Et au fait, dans quelle langue leur demanderait-il de voter pour lui ? C’est un point central que tout le monde semble avoir oublié. Sauf, probablement, l’intéressé lui-même et son père. Me Wade, qui a affronté tous les présidents, de Senghor à Macky Sall, sait bien ce qu’élection veut dire dans notre pays. Il serait étonnant qu’il entretienne au fond de lui-même la moindre illusion quant aux chances de son fils pour l’élection de 2017.
Il sait bien, pour le dire familièrement, que les carottes sont cuites.
Wade aura en effet tout essayé mais les appels du pied à l’armée n’ont pas eu plus d’écho que sa menace insolite de prendre le maquis. Et pour faire monter la tension, il ne s’est interdit aucune grossièreté à propos de la famille Sall. Ce faisant, il a desservi Karim Wade, renforcé la cote de popularité de Macky Sall tout en donnant de lui-même une image encore plus négative qu’à l’ordinaire. En somme, trois coups de pierre contre sa réputation et contre une cause, la dernière d’un vieux combattant, qui lui tient tant à cœur : la libération de son fils.
Une fin de parcours aussi douloureuse– il est des moments où le vieil homme suscite en effet une vague compassion– rappelle, toutes proportions gardées, celle d’Alboury Ndiaye. La tradition rapporte qu’au soir de sa vie, affamé et au bord de l’épuisement, le Bourba Djoloff fut obligé de voler une écuelle de lait dans l’arrière-cour d’une maison de Dosso, dans l’actuel Niger. Surpris par la propriétaire, il n’eut d’autre choix que de nier avec véhémence. En vain : un enfant l’avait vu en secret, qui témoigna contre lui. Il aurait alors déclaré à son griot : « J’ai été tout-puissant au Djoloff et voilà à quoi je suis réduit. Tout est perdu et je sais que ma fin est proche.»
Alboury Ndiaye, immortalisé entre autres par le dramaturge Cheik Aliou Ndao, a été peut-être le moins ambigu, le moins controversé de nos héros nationaux mais un cruel destin avait pris avantage sur le guerrier errant, panafricaniste avant la lettre. Du célèbre politicien libéral aussi, on peut dire, mais hélas pour de moins glorieuses raisons, que tout est perdu aujourd’hui, même l’honneur.
Il ne lui reste plus qu’à solliciter la clémence de celui dont il a dit tout récemment que jamais il ne serait au-dessus de Karim Wade. Peut-être s’exprimait-il ainsi en surestimant ses capacités à infléchir le cours de la justice. En homme qui a toujours cru au seul rapport de force, il est bien conscient d’être à la merci du régime de Sall. La surenchère verbale va rester de mise pendant quelque temps pour sauver les apparences mais il est très probable qu’il va bientôt jouer, en coulisses, la seule carte qui lui reste raisonnablement : solliciter la grâce présidentielle. Et si Macky Sall venait à céder aux pressions, l’on n’entendra probablement plus parler ni de l’homme Karim Wade ni encore moins du candidat sans peur et sans reproche. On peut supposer qu’il sera aussi oublié des Sénégalais que l’est à l’heure actuelle sa sœur. Le président pourrait être tenté de se montrer magnanime après avoir su se montrer ferme.
Qu’adviendrait-il des Bibo Bourgi et autres Mamadou Pouye, condamnées en même temps que Karim ? La question n’est pas simple car une libération générale ferait désordre dans l’opinion.
Quoi qu’il arrive, gardons-nous de jeter trop vite la pierre à Me Abdoulaye Wade. Ce quasi centenaire au regard perdu, si tragiquement solitaire, c’est nous-mêmes qui l’avons librement enfanté dans l’allégresse générale il y a une quinzaine d’années. Au-delà du sort personnel de son fils, c’est de cela que nous devrons nous souvenir demain et après-demain.
Enlevés le 3 mai dernier à Kaïlou (Ziguinchor) par une faction du mouvement indépendantiste MFDC et emmenés au plus profond de la forêt casamançaise, les démineurs otages font part, pour la première fois, de leurs conditions de détention et exposent leur vœu ardent de rejoindre «le plus tôt possible» leurs familles respectives. Dans la forêt, ils pratiquent la chasse et la pêche. Le journaliste et Reporter d'Image Christian Thiam de SenePlus.Com s'est entretenu avec les otages et plusieurs chefs militaires du MFDC dont César Atoute Badiate. Dans les toutes premières minutes de la vidéo, César Atoute Badiate s'exprime en diola mais les réactions des otages sont toutes en français.
Le voyage est long pour accéder au cantonnement militaire. Après plusieurs heures de conduite, il faut encore plusieurs kilomètres à pied pour accéder à la zone d’influence de César Atoute Badiate au fin fond de la forêt de Casamance. Un fief qui se «trouve bel et bien en territoire sénégalais», comme nous le précise le reporter de SenePlus.Com Christian Thiam qui a effectué ce voyage avec Jean Michel Mathiam un employé de la société sud-africaine Mechem pour qui travaillaient les otages.
Au plus profond de cette forêt, ils sont faits otages depuis le 3 mai 2013, loin de leurs familles, de leurs proches et de leur environnement social habituel. Cet enlèvement porte la signature d'une des factions séparatistes du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC) dirigé par César Atoute Badiate.
Depuis que la vie de ces démineurs a basculé, personne ne les avait vu, ni entendu s'exprimer publiquement.
Assis sur des bancs en plein milieu de la forêt, les otages de César Atoute Badiate semblent en bonne forme physique. Pour la première fois, ils ont eu l’occasion de faire part de leurs conditions de vie et leur vœu ardent de retrouver leurs familles respectives.
Tout s’est passé sous l’œil vigilant du chef d’Etat-major du maquis César Atoute Badiate. C’est lui en premier qui prend la parole et s’exprime dans sa langue maternelle, le joola. Fixant droit la caméra, par moments, il expliqué les circonstances de sa rencontre avec Christian Thiam ainsi que l’objet de la visite de ce dernier dans le maquis.
A la suite, du général maquisard, c’est Charles Coly un des otages qui prend la parole. Serein, il confesse que depuis leur enlèvement, ses compagnons et lui n’ont été victimes d’aucune forme de maltraitance, ni de terreur de la part de leurs ravisseurs. En d’autres termes, ils ont été bien traités. Charles parle même de liberté de circuler dans les environs immédiats alors même qu’ils sont retenus comme otages.
«On est libre ici, on se déplace comme on veut»
«Depuis que nous avons été arrêtés, nous n’avons eu aucun problème. On a un peu marché, et cela c’est normal », a-t-il dit. Poursuivant son propos, Charles explique également que même la nourriture n’a jamais été un problème pour eux. «Nous allons à la pêche et à la chasse. On se déplace comme on veut », a-t-il souligné en tentant de se débarrasser des insectes de la brousse qui bourdonnent dans ses oreilles. Personne dans le maquis n’a jamais pointé une arme sur un otage pour lui ordonner d’exécuter une action, assure Charles.
En revanche, ce qui reste pénible et insupportable pour eux, c’est la séparation d’avec leurs familles respectives. «Le seul problème que nous avons, dit-il, c’est qu’on n’a pas nos familles». Doucouré, qui semble le plus jeune des otages qui ont fait face à la caméra, ne semble pas apprécier le propos très apaisants tenu par son collègue Charles.
Et il a tenu à marquer son désaccord, en prenant la parole : «On tient ici des discours pour dire que tout va bien… Mais on sera mieux chez nous», rétorque Doucouré, très ému avec une voix grinçante et empreinte d’émotion. «C’est bien beau de dire oui on n’a pas de problème. Mais nous, nous voulons rentrer chez nous le plus rapidement possible», a poursuivi l’otage.
«C’est très dur de vivre ici »
Gilbert Tendeng corroborant les propos de Charles, se dit persuadé qu’ils n’auront pas de problème. Seulement, reconnait-il «c’est dur de vive ici». Gilbert Tendeng se préoccupe du sort qui leur sera réservé après leur libération du point de vue professionnel. En effet, il craint qu’après leur libération, leurs familles respectives les déconseillent de continuer à travailler comme démineurs pour la société sud-africaine Mechem, parce que cette activité sera perçue comme une activité bien trop risquée.
Pour rappel, ils étaient douze démineurs travaillant pour la société sud-africaine Mechem, à être enlevés par la faction séparatiste du MFDC de César Atoute Badiate. Ils exécutaient tranquillement leur tâche ce 3 mai au soir dans le village de Kaïlou, (département de Ziguinchor), quand les rebelles ont fait irruption et les ont kidnappés.
Le général Badiate qui a commandité ce rapt estime que le gouvernement du Sénégal n’a pas respecter son engagement à arrêter le déminage dans les zones que le chef rebelle considère comme zone contrôlée par le mouvement rebelle.
Le 28 mai 3 femmes faisant partie des 12 démineurs ont été libérées pour des raisons humanitaires après une médiation des autorités de Bissau, de la Croix Rouge, le groupe de réflexion pour la recherche de la paix en Casamance, entre autres acteurs.
Mais auparavant le chef de l’Etat, Macky Sall avait commis, ce que plusieurs observateurs de la vie politique sénégalais avaient considéré comme "une maladresse" en affirmant dans une série d’entretien accordé à l’AFP que les « otages seront libérés », et que ce n’était «pas un problème». Ainsi, le président Sall en minimisant cet enlèvement a peut-être donné l'occasion aux ravisseurs de faire monter les enchères, ajoutent des analystes interrogés par SenePlus.Com.
Depuis 1982 la Casamance, sud Sénégal, fait face à une rébellion indépendantiste qui entrave le développement économique de cette région dû à l’insécurité : braquages, enlèvements, et autres assassinats.
TRADUCTION DES PROPOS DE CÉSAR ATOUTE BADIATE, AU DÉBUT DE LA VIDÉO
"Charles, bonjour à toi et à tes amis. Comme vous le savez, d’habitude nous effectuons des voyages. Et Dieu a fait qu’au cours de notre dernier voyage, avant hier, nous avons eu l’occasion de rencontrer ce monsieur qui voulait voir dans quelles conditions vous vivez.
Il faut dire que cela fait un moment qu'il souhaitait vous rencontrer mais nous avions estimé que n’aviez pas un assez bon moral pour que nous puissions donner une suite favorable à cette demande. Nous avions donc préféré reporter cette rencontre.
Mais comme maintenant vous êtes un peu plus habitués aux conditions de vie ici, j'ai pensé que cette fois-ci, il n'y avait aucun obstacle à ce que vous le rencontriez aujourd'hui. "
LA PSYCHOSE DES JOURS DE LUTTE
Avant et après chaque grand combat, les bandits dictent leur loi sur les principales artères allant des quartiers des lutteurs à l'Arène nationale sise à Pikine-Ouest, à côté du Technopole. Le combat Modou Lo vs Siteu n'a pas dérogé à la règle
Ils ne se cachent plus ; ils opèrent au grand jour, au vu et au su de tous. Malgré une mobilisation exceptionnelle des forces de défense et de sécurité, hier, les bandits ont encore frappé à Pikine et ses environs.
''Nous sommes face à un véritable problème de sécurité publique. Nous ne pouvons pas continuer de laisser les populations à la merci des délinquants''. C'est en ces termes que cet ancien fonctionnaire de la police se désole de la situation qui prévaut dans les alentours de l'Arène nationale, après chaque combat de lutte. Il ajoute : ''Moi-même qui vous parle, ma fille était venue me rendre visite. Il y a un instant - l'entretien a eu lieu vers 16 h - elle m'a dit qu'elle doit rentrer à cause du combat de lutte. Cela veut dire que les gens ont peur et ce n'est pas acceptable.''
C'est devenu un secret de polichinelle. Avant et après chaque grand combat, les bandits dictent leur loi sur les principales artères allant des quartiers des lutteurs à l'Arène nationale sise à Pikine-Ouest, à côté du Technopole. Le combat Modou Lo vs Siteu n'a pas dérogé à la règle.
Depuis vendredi, deux jours avant le combat qui s'est tenu hier, ils ont été nombreux les internautes à publier sur les réseaux sociaux les risques d'agressions dans les localités de Pikine, Diamagueune, Thiaroye, Cambérène, Patte d'Oie, Parcelles6Assainies... Et comme ils le craignaient, des agressions massives ont encore été perpétrées en amont comme en aval du combat. Une vidéo filmée en direct par le site d'informations générales Dakaractu a d'ailleurs été rendue virale sur la toile dans l'après-midi.
Joint par téléphone, le reporter Cheikh Oumar commente : ''C'est un groupe de jeunes qui venaient de Diamagueune et qui allaient vers le stade. L'agression a eu lieu après Poste Thiaroye, à hauteur de l'usine. La victime était au bord de la route nationale en train d'attendre un bus. C'est là où l'agresseur l'a trouvé, l'a giflé avant d'arracher son téléphone et son porte-monnaie. Il n'y avait ni police ni gendarmerie dans les environs.''
''Nous avons vu un dispositif exceptionnel''
Plus loin, vers le stade, un dispositif impressionnant a été déployé. Habitant de la cité Technopole, Cheikh Sadibou Fall confirme : ''Nous avons constaté un dispositif sécuritaire exceptionnel, avec des éléments de la gendarmerie qui ont jalonné la route principale qui mène vers l'Arène nationale. Je ne me rappelle pas avoir vu un tel dispositif lors d'un combat de lutte. C'est peut-être à cause de l'envergure du combat et de la nature des supporters des deux camps.''
Grâce à ce dispositif, les cas d'agressions ont diminué dans les environs immédiats de l'Arène nationale, observe le journaliste. Mais comme d'habitude, les voyous agissent aussi loin du stade, sur le chemin, à l'aller comme au retour. Sadibou Fall : ''Personnellement, je n'ai pas constaté directement des agressions sur place, mais j'ai entendu des gens en parler vers Diamagueune, le quartier de Siteu.''
Par rapport aux précédents combats, M. Fall reconnait une certaine amélioration, en tout cas aux alentours du stade. ''Dernièrement, il y avait un combat - ce n'était même pas d'envergure - mais c'était catastrophique à la fin. Les voyous ont semé la terreur dans tout le quartier. Ils agissent en groupes et ils s'attaquent à tous ceux qui se trouvent sur leur chemin''. Dans le quartier, confie-t-il, chaque fois qu'il y a combat de lutte, c'est la psychose chez les riverains. ''Nous sommes dans un quartier très calme. Les gens ont peur de vaquer à leurs occupations, les jours de combat. De 9 h à 21 h, tu ne peux pas sortir parce que les délinquants rôdent''.
Pour que la peur change de camp
Pour beaucoup de citoyens, il est temps que la peur change de camp. Que les populations en tout temps et en tout lieu puissent continuer de circuler librement et en toute sécurité. À ceux qui s'interrogent sur les aptitudes des forces de défense et de sécurité à faire régner l'ordre même les jours de combat, l'ancien fonctionnaire de police tente de rassurer : ''Je ne pense pas que ce soit de l'impuissance. À mon avis, soit c'est de l'incompétence soit de l'inconscience. Si c'est l'incompétence, il faut mettre des gens compétents, car ça ne manque pas. Si c'est de l'inconscience, il faut que les gens en prennent conscience. Parce que cette situation ne peut pas continuer.''
Selon lui, la police et la gendarmerie ont tellement recruté ces dernières années qu'elles ne peuvent plus avoir d'excuses.
Mais comment faire face à cette délinquance et lutter contre ce banditisme ? De l'avis de l'expert en sécurité publique, il faudrait d'abord faire la cartographie des quartiers criminogènes pour ensuite déployer un dispositif sécuritaire adéquat. À l'entendre, parfois, la simple présence d'une voiture de la police ou de la gendarmerie peut suffire. Il explique : ''Un voyou qui sort du stade, s'il a l'intention de faire quelque chose, il va prendre 10 à 20 minutes pour s'organiser. S'il voit une voiture de la police ou de la gendarmerie, il arrête de réfléchir. Il va encore marcher 20 à 30 minutes pour recommencer à penser. S'il voit une voiture, il arrête encore de penser. S'il le fait deux fois, il s'éloigne du point névralgique. Parce que nous sommes dans un cercle concentrique. Plus tu t'éloignes du lieu de rassemblement, plus c'est difficile d'accomplir ton forfait. Il faut jalonner à deux ou trois kilomètres à la ronde.''
Sur les points éloignés, il préconise des patrouilles, avec des véhicules qui se croisent en des intervalles réguliers. ''Nous avons connu ce genre de situation dans le passé avec la lutte comme avec les navetanes, mais on a su le gérer'', a-t-il renchéri. La difficulté, a-t-il insisté, c'est par rapport aux preuves. ''On essayait de les emmerder, de les dissuader de recommencer. Mais c'est difficile de trouver des preuves contre eux, même si leur culpabilité ne fait l'objet d'aucun doute''.
Témoignage d’une victime
Sur les réseaux sociaux, les témoignages des victimes et des citoyens font florès. ‘’EnQuête’’ a pu interpeller la consœur Angelina Gomis qui a failli être lynchée lors d'un combat de lutte. Elle raconte : ''Je revenais d'un séminaire à Saint-Louis. À bord d'un 4x4 que nous avions pris en location avec une consœur de Trade FM, nous étions tombés sur des agresseurs à hauteur de la station EDK de Pikine, à côté du Technopole. Pris de panique, le chauffeur qui, dans les normes, devait nous ramener à Guédiawaye, avait décidé de nous abandonner sur place. Sur un ton nerveux, il nous avait sommées de descendre de son véhicule pour pouvoir rebrousser chemin.'' La peur dans le ventre, Gina est alors descendue véhicule et a essayé de se mettre en sécurité à côté des gendarmes qui étaient stationnés à côté. À sa grande surprise, ces derniers l'avaient chassée des lieux.
Paniquée, elle a pu traverser la route pour se réfugier à l'intérieur d'un restaurant et d'appeler son chauffeur qui, heureusement, n'a pas tardé de se pointer. ''C'est au moment d'entrer dans la voiture qu'un groupe de jeunes est venu nous attaquer. Ils voulaient coûte que coûte prendre mes bagages. Heureusement, le chauffeur a pu démarrer très vite. J'ai eu la peur de ma vie. J'ai dû éteindre mon téléphone alors que mes collègues qui peinaient à me joindre s'inquiétaient. Ils ont dû appeler chez moi pour voir si je suis bien arrivée. Toute ma famille était inquiète et se demandait ce qui m'est arrivé. Nous avons fait plus d'une heure entre Pikine et Guédiawaye, et les bandits étaient partout pour semer la terreur'', se remémore la jeune journaliste qui invite les autorités à prendre en charge cette lancinante question.
Le pire est que sur tout le chemin, Mlle Gomis n'a cessé de penser à ce genre de scénario à cause des alertes. Ce qui la pousse à se demander pourquoi des dispositions suffisantes ne sont pas prises. ''J'avais lu une publication sur Facebook ; j'en avais même fait part aux confrères avec qui j'étais dans la voiture, je ne pouvais imaginer que cela allait tomber sur nous. L'État doit prendre ses responsabilités face à cette insécurité récurrente. On ne peut pas être casanière chaque dimanche parce que simplement il y a un combat de lutte. Personne n'ose sortir maintenant de chez lui, les rues sont souvent vides, les activités à l'arrêt. Nous sommes vraiment fatigués...''
par Johanna D.
LETTRE OUVERTE AU DÉPUTÉ GUY MARIUS SAGNA
emprisonnée pour avoir tenté d'échapper à son bourreau, Dieynaba Ndiaye incarne le paradoxe d'une justice qui punit les victimes. Nous vous demandons en faveur de cette survivante récemment hospitalisée en raison de son état de santé dégradant
"La femme est la racine première, fondamentale de la nation où se greffe tout apport, d'où part aussi toute floraison." déclarait Mariama Bâ. En cette veille de la Campagne des 16 jours d'activisme contre les Violences faites aux femmes et aux filles, nous vous adressons cette lettre.
Le Sénégal pose les fondations d'une nouvelle ère à travers l'Agenda National de Transformation et cette 15ᵉ législature à laquelle vous appartenez. L'idéal d'une nation souveraine, juste, prospère et ancrée dans de fortes valeurs, telle défendue par le président de la République. La vision Sénégal 2050, claire et audacieuse, suscite l'espoir du bonheur et de la justice auprès des populations.
Et pourtant, ce beau tableau est noirci par une tâche. Cette tâche que l'on retrouve sur le poignet des femmes, leur visage, leur cou et leur corps. Une tache tantôt visible, tantôt invisible qui prend forme davantage sur le tableau, sous nos yeux. Notre inaction et notre silence, nous rend complices de ce fléau qui corrompt la racine de la nation.
Honorable, cette tâche est portée par des milliers de nos filles, nos soeurs, nos mères. Elle a noirci leur vie, affecté leur entourage et leur progéniture. À titre d'exemple, Dieynaba Ndiaye, une jeune femme pleine de vie et de rêves, qui se retrouve en prison pour avoir essayé de s'échapper à cette ombre pesante.
Mariée à un homme, Dieynaba avait espoir de vivre une vie idéale d'amour et de paix. Elle ne s'attendait pas à ce que, dans la nuit du 16 avril 2024, son homme peigne son visage et son corps de tâches horribles. "Malgré mes saignements et mes cris, il a continué à me frapper avec une force inimaginable." relate-t-elle dans sa plainte adressée au Procureur de Matam. Le calvaire de Dieynaba s'est poursuivi quand elle a voulu fuir cette violence. Son mari l'a emmené en brousse, puis fait sortir violemment de sa voiture et l'a abandonné au milieu des arbres avec des coups et des injures.
Dieynaba rêvait d'une vie saine et prospère, pas d'une vie où le tableau sera obscurci par cette tâche noire qui est la violence conjugale. En tant que survivante, elle avait confiance en dame justice, pour réparer l'honneur et briser l'injustice. Mais là où elle espérait un bras fort et droit, elle n'a trouvé qu'un mur froid sans voix.
Honorable, Dieynaba purge présentement au Camp Pénal de Dakar une peine bien supérieure à celle de son bourreau. Un bourreau qui a précédemment brisé la vie de six autres épouses, dont une qui a succombé à la lourdeur de cette tâche. Nous vous demandons à travers cette lettre d'agir en faveur de cette survivante qui a récemment été hospitalisée à Abass Ndao en raison de son état de santé dégradant.
Nous demandons sa libération immédiate, elle mérite plus d'empathie et de considération à cause du traumatisme qu'elle a vécu. Dieynaba doit être auprès des siens pour panser ses douleurs et non pas dans une cellule qui ravive ses malheurs.
Honorable, nous avons foi en votre sens de la justice sociale et votre soutien à la dignité humaine. Si nous n'agissons pas rapidement, les violences basées sur le genre risquent d'entacher la vision Sénégal 2050 qui aspire à une société inclusive et équitable. Chaque acte de violences faites aux femmes et aux filles est une atteinte non seulement aux individus, mais à l'idéal collectif que nous visons.
Pour un Sénégal sûr, un Sénégal juste et un Sénégal sensible aux besoins spécifiques des femmes et des filles, il est impératif que nous faisons qu'un et défendons #FreeDieynaba.
Johanna D. est porte-parole du Collectif des survivantes anonymes et membre de l'Alliance sénégalaise contre les violences faites aux femmes et filles handicapées.
par Abdoul Aziz Diop
POUR LA LIBÉRATION IMMÉDIATE DE MOUSTAPHA DIAKHATÉ
Les ingrédients du cocktail frelaté de Pastef sont : l’anti-institutionnalisme à travers de l’excès zèle inoculé par Sonko, la confusion des pouvoirs... La démocratie sénégalaise qui ne s’adapte à aucun moule préconçu n’a que du mépris pour l’arriviste
Me El Hadji Diouf se distingue au Barrreau de Dakar par la manière inédite de dissoudre la gravité dans un mélange de styles dont personne ne lui dispute la propriété.
Un grand avocat !
Face aux journalistes, Me Diouf invoque les droits et libertés de son client Moustapha Diakhaté en mettant en exergue le cocktail frelaté et enivrant de Pastef dont les ingrédients sont :
- l’anti-institutionnalisme à travers de l’excès zèle inoculé par Ousmane Sonko à la Division spéciale de la cybersécurité (DSC) ;
- la confusion des pouvoirs par un exécutif profane et borderline ;
- l’insulte de petits et moins petits voyous chauffés à blanc comme emballage…
Qui maintenant ose encore en attendre une performance économique, l’augmentation considérable des revenus de l’État et des services publics irréprochables de la santé, de l’éducation, de l’énergie, de la culture et j’en oublie ?
Peut-être encore Sonko dont le goût amer de la victoire se manifeste par l’affolement provoqué par les éclairages émancipateurs et démassificateurs du direct dont l’éveilleur de conscience Moustapha Diakhaté a le secret à des heures de grande écoute.
Peine perdue !
La démocratie sénégalaise qui ne s’adapte à aucun moule préconçu n’a que du mépris pour l’arriviste.
Libérez Tapha.
Abdoul Aziz Diop, Pacte institutionnel (PI) de défense des institutions de la République et de la démocratie, Chevalier de l’Ordre national du Lion.
POUR UNE VRAIE PLACE DES FEMMES DANS LA GOUVERNANCE
Le Cadre de Concertation Ci La Ñu Bokk déplore la persistance d’une sous-représentation des femmes au sein des hautes instances de l’État. Il appelle l'État à promouvoir des programmes spécifiques visant à répondre aux besoins des femmes
Le Cadre de Concertation "Ci La Ñu Bokk" interpelle directement le président de la République et son gouvernement sur la sous-représentation des femmes dans les instances de décision. Les associations mettent en avant un catalogue de sept revendications précises.
À Son Excellence, Monsieur le président de la République du Sénégal,
Au Premier ministre du Sénégal,
À l’ensemble des membres du gouvernement du Sénégal,
Appel à une prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques ainsi qu’au renforcement de leur participation dans les instances de gouvernance
Nous, membres du Cadre de Concertation pour le Respect et la Préservation des Droits des Femmes “Ci La Ñu Bokk”, tenons à féliciter les autorités sénégalaises pour la tenue des récentes élections législatives et pour leur engagement à consolider la démocratie sénégalaise.
Nous saluons également l’ensemble des députés élus, particulièrement les femmes, et les encourageons à œuvrer pour une Assemblée de rupture qui met en avant l’intérêt de l’ensemble des Sénégalaises et des Sénégalais. Nous espérons qu’elle favorisera l’adoption et la mise en œuvre de politiques et de lois favorables à la bonne gouvernance, à la transparence et à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Cependant, nous déplorons la persistance d’une sous-représentation des femmes au sein des hautes instances de l’État sénégalais. Malgré un appel précédent adressé à Son Excellence, Monsieur le président de la République, au lendemain de la formation du premier gouvernement, celui-ci ne compte que quatre ministres femmes.
Les femmes, qui représentent plus de 49,4 % de la population sénégalaise (Source : ANSD, 2023), continuent d’être marginalisées dans les sphères décisionnelles. Ces inégalités constituent une entrave majeure à une gouvernance inclusive et équitable.
Nous avons également noté, avec une vive inquiétude, la récente déclaration du ministère de la Famille et des Solidarités à l’occasion du prochain lancement des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. Celle-ci reflète un manque manifeste de maîtrise et d’engagement sur ces questions. Nous attendons des actions concrètes, au-delà des discours.
En mars 2024, le Cadre de Concertation “Ci La Ñu Bokk” avait transmis à Son Excellence, Monsieur le président de la République et au ministère de la Famille un manifeste détaillant des recommandations pour :
Prendre en compte les besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques,
Renforcer leur participation dans les instances de gouvernance,
Promouvoir la parité et l’inclusion des femmes.
Nous rappelons ici les principales recommandations de ce manifeste :
Nous appelons :
Son Excellence, Monsieur le président de la République du Sénégal, en collaboration avec le gouvernement et tous les acteurs impliqués (société civile, organisations de femmes, secteur privé, syndicats, institutions financières, partenaires au développement, populations, etc.), à :
Prendre des mesures concrètes pour intégrer les besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques, programmes, plans et stratégies nationales.
Garantir une représentation équitable des femmes et des jeunes leaders dans toutes les instances de gouvernance et de prise de décision.
Mettre en place des programmes et des budgets spécifiques visant à répondre aux besoins des femmes et des filles dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la formation, de l’emploi, de la sécurité, ainsi que l’accès à la terre et aux financements.
Promouvoir activement l’égalité des chances et l’équité territoriale dans l’accès aux ressources pour les femmes et les filles dans toutes les régions du pays.
Renforcer la collaboration et le plaidoyer pour assurer le respect des droits des femmes et des filles, tout en renforçant leur pouvoir économique et social.
Mettre en place un suivi et une évaluation participative et inclusive des engagements pris en faveur des femmes et des filles.
Soutenir les initiatives locales et nationales visant à promouvoir l’égalité des sexes et à éliminer toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes.
Nous croyons fermement que l’inclusion des femmes dans les instances de décision est essentielle pour bâtir un Sénégal plus juste, équitable et prospère. Nous appelons le gouvernement à prendre des mesures concrètes et immédiates pour remédier à cette situation et servir d’exemple en matière de parité et d’égalité des sexes.
Ensemble, nous pouvons faire en sorte que chaque voix soit entendue et que chaque citoyen, homme ou femme, ait la possibilité de contribuer pleinement au développement de notre nation.
Cadre de Concertation pour le Respect et la Préservation des Droits des Femmes “Ci La Ñu Bokk”
Annexe :
Manifeste pour la prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques ainsi que le renforcement de leur participation dans les instances de gouvernance, la parité et l’inclusion des femmes.
Manifeste pour la prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques ainsi que le renforcement de leur participation dans les instances de gouvernance
Note de Synthèse
L’élection du président de la République, son excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye a sonné comme un plébiscite national et son adresse à la Nation du 3 avril dernier a fait renaître espoir et volonté de cohésion nationale notamment quand il dit « je suis déterminé à préserver notre vivre ensemble … » et de renchérir « … j’entends instaurer une gouvernance vertueuse, fondée sur l’éthique de responsabilité et l’obligation de rendre compte ».
Toutefois, l’annonce, le vendredi 5 avril 2024 de la composition du nouveau gouvernement avec un taux de participation des femmes très faible a instauré un sentiment de déception avec seulement quatre femmes dans une équipe de vingt-cinq ministres et cinq secrétaires d’État (soit 13,3 % de femmes). Ce tableau ne reflète guère une rupture en matière de lutte contre les inégalités et l’inclusion de toutes les forces vives de la Nation.
De plus, la suppression du ministère de la Femme sans annonce d'une structure spécifique chargée des politiques de développement social et économique des femmes et des filles soulève beaucoup d’inquiétude, particulièrement auprès des femmes.
En effet, une telle approche ne garantit pas la préservation des acquis déjà consolidés au Sénégal en matière de prise en compte des droits des femmes et leur participation dans les instances décisionnelles.
C’est pour cela, que nous, membres du cadre de concertation pour le respect et la préservation des droits des femmes, invitons le Président de la République du Sénégal à :
Faciliter la création d’une structure de gouvernance destinée spécifiquement aux besoins des femmes et des filles ;
Renforcer la participation effective des femmes dans toutes les instances de décisions, aux niveaux électifs et nominatifs ;
Encourager des politiques et programmes en faveur des femmes et des filles en priorité dans les domaines suivants :
L'éducation et la formation ;
La prévention et la prise en charge des violences faites aux femmes et aux filles ;
L’entrepreneuriat et l’employabilité ;
L’accès à l’investissement et au foncier ;
L’accès aux services de santé de qualité, notamment la santé de la reproduction.
En effet, malgré les avancées notées ces dernières années dans les politiques en faveur des femmes, les défis de l’égalité des droits homme-femme et de l’autonomisation de celles-ci restent entiers dans notre pays.
L’égalité étant un droit humain, celle entre les citoyens, une valeur fondamentale inscrite dans notre Constitution interdisant toute discrimination fondée sur le sexe, sa prise en compte devient une nécessité afin que chaque citoyenne et citoyen soit égal en dignité, en capacité et en droit pour une gouvernance juste et démocratique.
Conscients du poids démographique des femmes sénégalaises qui ont largement démontré leur leadership et leurs contributions dans les sphères politique, sociale, économique et citoyenne,
Conscients de la nécessité pour le Sénégal de respecter ses engagements pris au niveau régional et international à travers les accords, traités et conventions ; notamment :
La Convention contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) ;
L’Agenda Global pour le Développement Durable en 2030 ;
Le Programme d’Action de la Conférence Internationale du Caire sur la Population et le Développement ;
La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ;
Le Protocole de Maputo sur la Promotion et la Protection des Droits des Femmes et des Filles ;
La Déclaration des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine sur l'Égalité de Genre ;
La loi n°2018-22 du 4 juillet 2018 transposant la loi sur la parité dans le Code électoral ;
La loi n°2020-05 du 10 janvier 2020 modifiant la loi n°65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal criminalisant les actes de viol et de pédophilie ;
La loi n°2022-02 complétant certaines dispositions du code du travail et relative à la protection de la femme en état de grossesse ;
Le décret n° 2021-1469 du 3 novembre 2021 relatif au travail des femmes enceintes;
L’arrêté n° 007383 du 27 mars 2023 relatif à la protection des enfants et des jeunes femmes dans les écoles et établissements entre autres.
Conscients des avancées dans les droits pour la promotion des femmes et des filles obtenues de haute lutte et sous plusieurs magistères et soucieux du respect de ces droits : droit à la santé (aucune femme ne doit perdre la vie en donnant la vie), droit à l’éducation et à la formation, droit au travail et à une vie décente;
Constatant la maturité démocratique de notre pays qui s’est encore une fois matérialisée par cette transition démocratique historique malgré les tensions vécues ces dernières années et du rôle crucial des femmes dans la préservation de la cohésion sociale ;
Constatant avec regret le nombre limité de femmes nommées aux postes ministériels de votre premier gouvernement et la suppression du Ministère de la Femme pour ne retenir que la Famille et les Solidarités ;
Rappelant les engagements pris par les nouvelles autorités en faveur de la préservation des droits et de la promotion des femmes et des filles à travers le projet/programme ;
Nous, membres du cadre de concertation pour le respect et la préservation des droits et des acquis des femmes et des filles ;
Exprimons notre vive préoccupation devant ce qui peut être compris comme un recul dans les acquis en faveur des droits des femmes au Sénégal;
Lançons un appel vibrant pour soutenir et promouvoir l'inclusion des femmes et des filles leaders pour une meilleure prise en compte de leurs besoins spécifiques dans les politiques publiques et les processus de gouvernance au Sénégal. Nous croyons fermement que l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes sont essentielles pour bâtir une société juste, équitable et prospère ;
Aujourd'hui, nous nous engageons à agir ensemble pour réaliser ces objectifs ambitieux. Et, Nous appelons :
Son Excellence, Monsieur le président de la République du Sénégal en relation avec son gouvernement et tous les acteurs impliqués (la société civile, les organisations de femmes, le secteur privé, les syndicats, les institutions financières, les partenaires au développement, les populations, etc.)
À prendre des mesures concrètes pour renforcer la prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles dans la formulation, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques, programmes, plans et stratégies nationales.
À garantir la représentation équitable des femmes et des jeunes leaders dans toutes les instances de gouvernance et de prise de décision.
À mettre en place des programmes et des budgets spécifiques visant à répondre aux besoins des femmes et des filles en matière d'éducation, de santé, de formation, d'emploi, de sécurité, d’accès à la terre et aux financements.
À promouvoir activement l'égalité des chances et l'équité territoriale dans l’accès aux ressources pour les femmes et les filles dans toutes les régions du pays.
À renforcer la collaboration et le plaidoyer pour faire avancer les droits et l'autonomisation des femmes et des filles.
À assurer un suivi et une évaluation participative et inclusive de la mise en œuvre des engagements pris en faveur des femmes et des filles.
À soutenir les initiatives locales et nationales visant à promouvoir l'égalité des sexes et à éliminer toutes les formes de discriminations.
ADAMA GAYE LIBÉRÉ, SON PROCÈS PRÉVU CE VENDREDI
Arrêté vendredi dernier par la Division des investigations criminelles, le journaliste est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles.
Adama Gaye bénéficie d’une liberté provisoire. Il sera jugé le vendredi 29 novembre 2024 devant le Tribunal des flagrants délits de Dakar. Il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles. Arrêté vendredi dernier par la Division des investigations criminelles (DIC), le journaliste a été remis en liberté provisoire ce lundi. Il a été inculpé par le procureur pour délit de diffusion de fausses nouvelles. M. Gaye a été arrêté en raison de propos tenus concernant la mort de l'ancien ministre Mamadou Moustapha Ba.
Selon nos sources, Adama Gaye a contesté les faits de diffusion de fausses nouvelles qui a ont été retenus à l'enquête préliminaire, et par le juge. Il a estimé que ses propos tenus à Sen Tv ne peuvent nullement revêtir une telle qualification. Adama Gaye est défendu par Me Seydou Diagne.
Pour rappel, Adama Gaye avait soutenu à Sen Tv: « Moi, je pense que Moustapha Bâ a été tué. Qui l’a tué ? Je ne sais pas, il faut creuser. Le procureur a ouvert une enquête, mais il faut qu’il aille jusqu’au bout. Parce que si cette histoire passe, personne ne sera en sécurité dans ce pays. Si des gens ont pu faire ça à un ancien ministre des Finances, imaginez ce qu’il peuvent faire ». Le journaliste avait aussi suggéré de voir du côté « des gens de l’ancien régime ».
SAISIE DE 235 KG DE COCAÏNE À KOUNGHEUL
La saisie a eu lieu dimanche, vers 10 heures, suite à un ciblage d’un pick-up de type L200 mono cabine en provenance d’un pays limitrophe.
Koungheul, 25 nov (APS) – Les agents de la Brigade mobile des Douanes de Koungheul ont saisi 210 plaquettes de cocaïne pure d’un poids total de 235 kilogrammes, soit une contrevaleur estimée à dix-huit milliards huit cent millions (18 800 000 000) de francs CFA, a appris l’APS, lundi, de source douanière.
La saisie a eu lieu dimanche, vers 10 heures, suite à un ciblage d’un pick-up de type L200 mono cabine en provenance d’un pays limitrophe, a précisé la Division de la communication et des relations publiques de la Direction générale des douanes (DGD).
Dans un communiqué transmis à l’APS, elle souligne que le contrôle approfondi de la carrosserie du véhicule a permis aux douaniers de découvrir, entre le châssis et la benne, une cachette aménagée dans laquelle, les plaquettes de drogue saisies étaient dissimulées.
Le conducteur, de nationalité étrangère, a été mis, immédiatement, aux arrêts et l’enquête ouverte par les services locaux des douanes suit son cours.
La même source relève que les unités douanières ont saisi, entre mars et novembre 2024, un total de 2114 kilogrammes de cocaïne sur le corridor Dakar-Kidira, représentant, en contrevaleur, sur le marché illicite, plus de cent soixante-neuf (169) milliards de francs CFA.
L’Administration des Douanes "réaffirme sa détermination à combattre la criminalité transnationale organisée (CTO), notamment le trafic international de drogues".
MOUSTAPHA DIAKHATÉ SOUS MANDAT DE DÉPÔT
L'ancien patron des députés Benno Bokk Yakaar, poursuivi notamment pour "troubles politiques graves", passera en jugement dès jeudi en flagrant délit. Une procédure express qui intervient après son arrestation par la Division spéciale de la cybersécurité
(SenePlus) - L'ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar devra passer quelques jours derrière les barreaux. Moustapha Diakhaté a été placé sous mandat de dépôt ce lundi après son audition par le procureur de la République.
Convoqué initialement par la Division spéciale de la cybersécurité (DSC), l'ancien parlementaire avait d'abord été placé en garde à vue avant d'être déféré. Il lui est reproché trois délits : "insulte commise par le biais d'un système informatique", "manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique" et "troubles politiques graves".
Son avocat, Me Elhadj Diouf, a confirmé que son client sera jugé en flagrant délit dès ce jeudi 28 novembre 2024. Une procédure accélérée qui marque un nouveau tournant dans cette affaire qui secoue la classe politique sénégalaise.
LA RÉPUBLIQUE DES VALEURS DÉBALLE LE SCANDALE ASER
Dans un communiqué cinglant, le parti dénonce les manipulations du pouvoir et salue la décision de la Cour suprême qui vient conforter selon lui, les soupçons d'une nébuleuse. Il dénonce les tentatives d'enfumage du Directeur général
La République des Valeurs ne lâche pas l'affaire du scandale ASER. Dans le communiqué ci-après, le parti dénonce les manipulations du pouvoir et salue la décision de la Cour suprême qui vient conforter les soupçons. Face aux méthodes populistes du régime Pastef, le parti exige la transparence totale sur ce marché d'électrification rurale controversé.
« Affaire ASER : quand la Cour suprême renforce la thèse du scandale et écrase la campagne de diabolisation visant l’ARCOP
L’Ordonnance rendue par la Cour suprême sur l’affaire relative au marché public attribué pour l’électrification rurale dans cinq (5) régions du Sénégal constitue sans doute une avanie pour le régime Pastef. La Cour a en effet rejeté le référé-suspension introduit par l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER) en vue d’obtenir la suspension de la décision de l’Agence de régulation de la commande publique (ARCOP) du 2 octobre 2024 qui avait prononcé la suspension de l’exécution du marché public cité ci-dessus. Cette « décision » de la Cour suprême nous conforte dans l’idée que l’affaire en question relève du scandale, d’où toute la campagne de déni et de diabolisation visant l’ARCOP, une institution dont l’œuvre est crédible et respectée.
Depuis la décision rejetant l’avenant entre AEE Power Espagne et l’ASER, l’ARCOP et ses membres subissent un lynchage médiatique alimenté par des arguments populistes et obscurantistes. La première stratégie de cette campagne honteuse consiste à susciter l’émotion populaire en laissant entendre que des Sénégalais empêcheraient l’exécution d’un marché visant à fournir de l’électricité à près de deux mille (2000) villages. Sur ce point, faut-il rappeler que ce n’est pas tant l’avenant entre AEE Power Espagne et l’ASER qui pose un problème que les conditions dans lesquelles AEE Power Sénégal a été écartée du marché. La seconde stratégie visait à jeter en pâture l’ARCOP – et ses membres considérés intuitu personae – en l’accusant de tous les péchés d’Israël : tantôt il s’est agi de contester sa compétence pour connaître du litige opposant AEE Power Espagne et AEE Power Sénégal ; tantôt on a fait croire aux Sénégalais que de l’argent aurait circulé pour corrompre ses membres ; tantôt le Comité du Règlement des Différends (CRD) de l’ARCOP – un organe collégial dont le mode de désignation des membres garantit un minimum d’impartialité – qui a pris la décision est confondu avec le Directeur général de l’ARCOP (mentionnons au passage, c’est dans ce tumulte que le nouveau DG de l’institution a été nommé par le président de la République Bassirou Diomaye Faye en violation flagrante de la réglementation qui exige que soit procédé un appel à candidatures : article 23 du décret n°2023-832).
Pourtant, il suffisait de lire la décision de l’ARCOP (décision n°107/2024/ARCOP/CRD/DEF) pour se rendre compte que cette position du gendarme de la commande publique était prévisible ; toutes les réponses éclairées sur beaucoup de questions discutées sur la toile y sont, allant de sa compétence pour intervenir dans le litige opposant AEE Power Espagne et AEE Power Sénégal (article 139 du Code des marchés publics et article 20 du décret n° 2023-832) à la violation de la loi dans la manière dont AEE POWER Sénégal a été écartée du marché par AEE Power Espagne.
Afin de donner une onction populaire à cette campagne de diabolisation de l’ARCOP et du refus de faire la lumière sur un dossier qui suscite moult interrogations – comme dans l’affaire l’ONAS – le Premier ministre Ousmane Sonko avait jugé utile d’ouvrir une parenthèse à l’occasion d’un meeting politique pour évoquer le dossier ASER. Sous les applaudissements d’une foule de plus de quinze mille (15000) personnes, le Premier ministre invitait sur le podium le Directeur général de l’ASER, Jean Michel Sène, et scandait : « Je tiens à préciser devant tout le monde qu’il n’y aucun scandale (ASER) ». La religion de la foule sur l’affaire ASER fit alors définitivement faite et la polémique se résumait désormais à ceci : « AEE Power Sénégal est dirigée par des pourris, l’ARCOP est un organe corrompu, Jean Michel Sène est un sauveur ». Le scandale ASER se mesure à l’importance des moyens que le populisme a mobilisé pour l’enterrer en vain : la diabolisation de l’adversaire, le bashing des institutions républicaines et leur remplacement par des délibérations populaires dans la rue (et désormais sur les réseaux sociaux), l’obstruction contre l’usage de la liberté d’expression, etc.
L’entrée en jeu de la Cour suprême est rassurante dans la mesure où elle permet d’espérer que les Sénégalais seront édifiés un jour sur cette affaire nubileuse. Le constat est que le régime Pastef insiste dans le déni et la manipulation. Étant débouté et déboussolé par la « décision » de la Cour suprême, Jean Michel Sène se retranche désormais derrière un argument formaliste trompeur. Dans un post réagissant à l’Ordonnance de la Cour suprême, le DG de l’ASER dit ceci : « Nous attendons donc que la Cour suprême tranche sur le fond. Nous attendons qu'on nous convoque pour examiner le fond du dossier ». Il s’agit évidemment de la malhonnêteté qui n’aura convaincu que des ignorants. Jean Michel Sène veut faire croire aux Sénégalais qu’il détient des arguments qui pourraient prospérer quand la Cour suprême en aura connaissance et les examinera au fond. Fichtre ! L’argument est, en à point douter, un faux-fuyant. Les modalités du référé-suspension prouvent que la Cour suprême a eu connaissance de tous les arguments et de toute la documentation qui constituent le « réquisitoire » de l’ASER contre la décision de l’ARCOP sur cette affaire. À l’opposé du référé-liberté, du référé-mesure utile et du référé-constat, le référé-suspension n’est recevable que lorsqu’il est précédé (accompagné) d’un recours en annulation. Il vise à obtenir du juge la suspension de la décision litigieuse en attendant d’examiner le recours dans le fond. Il invite la Cour à prendre une mesure provisoire afin d’éviter que le temps de l’examen du recours, la décision contestée qui est potentiellement illégale, ne produise des conséquences irréparables. Alors, la Cour suprême pourrait suspendre la décision lorsque deux conditions cumulatives sont réunies, à savoir l’urgence et l’existence d’un doute sérieux quant à la légalité de la décision attaquée. Dans sa jurisprudence, la Cour considère qu’il y a « urgence dès lors que la décision attaquée préjudicie de manière suffisamment grave et immédiate à un intérêt public, à la situation du requérant ou aux intérêts qu’il entend défendre ».
Au regard de l’objet du marché, l’électrification rurale, il ne fait pas de doute que la condition de l’urgence est réunie. En consultant la jurisprudence de 2017 à 2024 en matière de référé-suspension, l’on se rend compte que la condition de l’urgence est souvent remplie. Elle ne suffit pas cependant pour suspendre la décision attaquée. Il faudrait la présence de la seconde condition : l’existence de doute sérieux quant à la légalité de la décision attaquée. Sur ce point, il est vrai que la Cour n’examine pas le dossier au fond. En revanche, il prend connaissance de tous les arguments avancés par les parties avant de prendre son ordonnance : elle décide au regard de son intime conviction « en l’état de l’instruction » du dossier. C’est dire que, contrairement à ce qui est avancé par Jean Michel Sène, l’ASER a déjà soumis à la Cour suprême tous ses arguments et toute la documentation à travers son recours en annulation et son référé-suspension, et la juridiction l’a débouté après avoir pris connaissance de l’ensemble du dossier. Sauf nouvel élément dans le dossier, Jean Michel Sène n’a plus rien à présenté à la Cour suprême qui dispose déjà de tout sur cette affaire.
En définitive, le régime Pastef doit des comptes aux Sénégalais sur cette affaire. La théâtralisation de la gestion publique et le refus de reddition des comptes, quelques mois seulement après leur arrivée au pouvoir, sont inquiétantes. Les scandales ONAS et ASER doivent être élucidés. Nous demandons à la justice de rester aux côtés des Sénégalais et de faire la lumière complète sur ces nébulosités. »