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26 avril 2025
Société
LE SÉNÉGAL PRÊT À FAIRE CAVALIER SEUL SUR LA QUESTION DU FCFA
Bassirou Diomaye Faye a évoqué ce vendredi 4 avril, l'hypothèse d'une sortie unilatérale du franc CFA, positionnant la souveraineté monétaire comme une condition d'émancipation économique complète
Dans son entretien avec la presse locale, le chef de l'État a rappelé que "tous les pays du monde disposent de trois principaux moyens pour financer leur économie : la fiscalité, l'endettement et la monnaie." Sans monnaie propre, le Sénégal se trouve privé d'un levier essentiel : "Si tu ne possèdes pas ta propre monnaie, tu ne peux pas avoir d'impact sur cet élément essentiel. Il ne nous reste donc que deux leviers."
Face à la lenteur du processus d'intégration monétaire de la CEDEAO, Diomaye Faye propose une solution intermédiaire. "Si l'UMOA tarde à obtenir l'aval de la CEDEAO, elle peut prendre l'initiative de créer une monnaie souveraine avec un nom, un symbole et des billets distincts," a-t-il suggéré, s'appuyant sur une étude approfondie menée par la BCEAO.
Le président appelle néanmoins à la prudence, évoquant des prérequis économiques indispensables, notamment "la stabilisation des agrégats macroéconomiques et le renforcement des capacités de production et d'exportation."
Tout en privilégiant actuellement une approche concertée avec ses partenaires régionaux, Diomaye Faye n'exclut pas une démarche unilatérale si nécessaire : "Si ça prend encore trop de temps, on se retirera pour avoir notre propre monnaie."
Le président met cependant en garde contre toute précipitation. « On ne peut pas, en seulement un an, dire à la CEDEAO que nous souhaitons sortir de sa monnaie ou à l’UMOA que leurs procédures n’avancent pas, et engager immédiatement un processus monétaire ».
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DAKAR DÉCOLONISE SES MUSÉES
De la Biennale de Dakar au Musée des Civilisations Noires, le Sénégal illustre l'essor culturel d'un continent qui réaffirme sa place sur la scène artistique internationale tout en questionnant son patrimoine spolié
À Dakar, le Musée Théodore Monod est au cœur d'une révolution culturelle qui redéfinit le rapport entre l'Afrique et son patrimoine artistique. Cet ancien Institut français d'Afrique noire, fondé en 1938 pendant la période coloniale, entreprend aujourd'hui un ambitieux projet de décolonisation de ses collections.
Le conservateur Malik Ndiaye, historien de l'art et spécialiste en études culturelles, transforme progressivement cette institution qui abrite près de 10 000 œuvres provenant de plus de 20 pays africains. "Comment questionner la mémoire du musée sur la base d'un patrimoine à visée coloniale mais qui reste un patrimoine africain ?" s'interroge-t-il.
Sa réponse est novatrice : ouvrir les portes du musée aux artistes contemporains africains, les invitant à dialoguer avec les collections ethnographiques héritées de l'époque coloniale. Cette approche a été particulièrement visible lors de la 14ème édition de la Biennale de Dakar, rendez-vous international majeur de l'art contemporain africain.
Des artistes comme le photographe sénégalais Ibrahima ont ainsi pu s'inspirer d'objets de la collection, tels qu'un tambour sabar traditionnel, pour créer des œuvres qui établissent des ponts entre passé et présent. "C'est un instrument visuel et sonore qui nous accompagne du début de la vie à la mort", explique l'artiste, qui fait dialoguer des photos historiques avec ses propres créations.
Le Camerounais Hervé Youmbi va plus loin en réalisant des masques hybrides contemporains inspirés des pièces du musée, mais destinés à retourner dans l'univers rituel. "C'est une manière symbolique de réparer cette cassure", affirme-t-il, en référence aux objets arrachés à leur contexte d'origine par les ethnologues coloniaux.
Cette démarche suscite l'intérêt international, notamment celui de Hartmut Dorgerloh, directeur du Forum Humboldt de Berlin : "Je suis fasciné par la pertinence des projets et des approches développés ici", confie-t-il.
Le Musée des Civilisations Noires, imposant édifice inauguré en 2018 avec le soutien financier de la Chine, s'inscrit également dans cette dynamique. Destiné à accueillir les biens artistiques et objets rituels autrefois spoliés des pays africains, il symbolise la volonté du continent de reprendre possession de son histoire culturelle.
Pour Malik Ndiaye, la décolonisation muséale est comparable à une "psychanalyse institutionnelle" : "Il faut que ces archives et ces collections puissent raconter leur propre histoire sans tabou, sans complaisance et sans aucun complexe."
Cette transformation des musées africains témoigne d'un essor culturel sans précédent sur le continent, favorisé notamment par les débats sur la restitution d'œuvres d'art pillées durant la période coloniale. L'Afrique rebat ainsi les cartes de la scène artistique internationale, affirmant sa place légitime dans l'histoire de l'art mondial.
DIOMAYE RÉHABILITE DIA
Dans un discours prononcé à l'issue des festivités, le chef de l'État a mis en avant le rôle historique de celui qui fut "président du Conseil à l'aube de notre indépendance", soulignant l'importance symbolique de son premier discours commémoratif
Le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye a de nouveau rendu un hommage appuyé au président Mamadou Dia (1910-2009), dont le nom a été donné à cette grande avenue de la capitale, qui abrite les festivités du 65e anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale.
‘’Nous venons de célébrer avec éclat le 65e anniversaire de l’indépendance de notre pays à travers une très belle et riche cérémonie marquée par un défilé impeccable, sur cette grande et splendide avenue que j’ai baptisée récemment boulevard du président Mamadou Dia, digne fils du Sénégal, qui fut président du Conseil des ministres du Sénégal à l’aube de notre indépendance’’, a déclaré le chef de l’Etat dans son discours mettant fin au défilé.
Poursuivant, il rappelle que Mamadou Dia a eu “l’honneur mérité de prononcer le premier discours marquant le premier anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale que nous célébrons aujourd’hui”.
Né le 18 juillet 1910 à Khombole, dans la région de Thiès, Mamadou Dia fut une figure emblématique de l’indépendance du Sénégal, et le premier Premier ministre du Sénégal indépendant, de 1957 à 1962.
Ayant été instituteur pendant de nombreuses années, il a été un compagnon de route du premier président sénégalais Léopold Sédar Senghor (1906-2001) pendant quatorze ans, avant de devenir son rival.
Mamadou Dia, accusé de tentative de coup d’Etat par Senghor lors de la crise de décembre 1962, avait été jugé et condamné à perpétuité, avant d’être gracié en mars 1974 puis amnistié en avril 1976, soit un mois avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal.
L’idée d’une révision de son procès avait été agitée au début des années 2000 par le président de la République d’alors Abdoulaye Wade (2000-2012), qui faisait partie de ses avocats en 1963.
Affaibli par le poids de l’âge et les conditions carcérales, Dia a consacré les dernières années de sa vie à l’écriture de livres et de mémoires, tout en continuant à prendre régulièrement position, sur des questions majeures touchant à la nation sénégalaise, à travers des sorties dans la presse.
Réputé pour sa rigueur, son sens de l’éthique, son patriotisme, sa piété, Mamadou Dia, décédé en 2009, à Dakar, à l’âge de 99 ans, laisse un héritage politique qui inspire aujourd’hui beaucoup de générations de Sénégalais.
MAMADOU DIA ET DOUDOU NDIAYE ROSE, ÉCHOS D’OUTRE-TOMBE
Le dialogue posthume entre ces deux grandes figures lors des célébrations du 65e anniversaire illustre comment la construction nationale sénégalaise s'est appuyée tant sur des fondations politiques que culturelles
Le 65e anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale a été marqué, vendredi, par un imposant défilé civil, militaire et paramilitaire, sur le Boulevard Mamadou-Dia, du nom du président du Conseil de gouvernement (1957-1962), sous la présidence du chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye qui a baptisé la veille cette grande avenue de la capitale sénégalaise en hommage à cette figure emblématique de la vie politique et institutionnelle du pays. Le nom et le souvenir du percussionniste et tambour major Doudou Ndiaye Rose résonnent aussi avec ce moment de communion.
— Mamadou Dia : La fête de l’indépendance est célébrée le 4 avril de chaque année depuis 1961, parce que cette date marque l’anniversaire de la signature, en 1960, des ”Accords de transfert de compétences” entre la France et la Fédération du Mali. Celle-ci est représentée ce jour-là par le Premier ministre de la Fédération du Mali, Modibo Keita, le Premier ministre français, Michel Debré, et le vice-Premier ministre de la Fédération du Mali et ministre de la Défense, Mamadou Dia. Ces accords ont été signés au Palais de Matignon à Paris. Ils ”ont consacré l’indépendance de la Fédération du Mali (Sénégal et Soudan) avec le général Charles de Gaulle, président de la République française et président de la Communauté française”, souligne le communiqué du Conseil des ministres du 2 avril dernier, au cours duquel le président Bassirou Diomaye Faye a pris la décision de donner le nom de Mamadou Dia à l’artère sur laquelle est organisé le défilé de la fête de l’Indépendance. C’est Mamadou Dia, alors président du Conseil de gouvernement du Sénégal, avait pris la décision de faire célébrer, à partir du 4 avril 1962, le défilé marquant l’anniversaire de la déclaration d’indépendance. Vendredi, à l’issue du défilé qui a duré trois heures et trente minutes, le président Bassirou Diomaye Faye lui a rendu hommage, saluant en lui un ”digne fils du Sénégal, qui fut président du Conseil des ministres du Sénégal à l’aube de notre indépendance’’. Il a eu “l’honneur mérité de prononcer le premier discours marquant le premier anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale que nous célébrons aujourd’hui”, a dit le chef de l’Etat.
— doudou Ndiaye Rose : le nom du tambour major sénégalais Doudou Ndiaye Rose (1930-2015) revient à l’esprit des Sénégalais chaque fois que, le 4 avril, passent devant le chef de l’Etat, les autorités sénégalaises, leurs invités et le public, essentiellement lors du passage des majorettes du lycée John-Fitzgerald-Kennedy réalisant leur chorégraphie au son de rythmes classiques wolof. De 1977 à sa disparition Doudou Ndiaye Rose a dirigé les percussions pour ce moment fort du défilé, gagnant les appréciations positives et les applaudissements du public. Depuis 1959, quand il participe à la formation du premier ballet de la Fédération du Mali, le nom de Doudou Ndiaye Rose est associé à des moments politiques marquants de la vie de la nation. Il était présent à la première célébration de la fête de l’indépendance (1961). Le percussionniste a aussi participé, sous la direction de l’ethnomusicologue et auteur français Herbert Pepper (1912-2000), à l’élaboration, notamment la partie rythmique, de la musique de l’hymne national, dont les paroles ont été écrites par le poète-président Léopold Sédar Senghor. Le 4 avril 1965, à l’occasion du cinquième anniversaire de la fête nationale, Doudou Ndiaye Rose avait réussi à montrer que l’animation du défilé pouvait être un succès en sortant du schéma occidental de la représentation.
LA PREVENTION ET LA REINSERTION SOCIALE AU CŒUR DE LA POLITIQUE PENALE
Dans un entretien accordé au Soleil, le directeur général de l’Administration pénitentiaire, l’Inspecteur Aliou Ciss, est revenu sur les nombreux défis auxquels fait face son institution.
Dans un entretien accordé au Soleil, le directeur général de l’Administration pénitentiaire, l’Inspecteur Aliou Ciss, est revenu sur les nombreux défis auxquels fait face son institution. Selon lui, la prévention et la réinsertion sont au cœur de la politique pénale.
Dans un monde en perpétuelle mutation marqué par l’apparition de nouvelles formes de menaces telles que le terrorisme et la criminalité organisée, l’Administration pénitentiaire fait face à de nombreux défis : la surpopulation carcérale, la vétusté et l’inadéquation des établissements pénitentiaires, les risques de radicalisation en milieu carcéral, la problématique de la réinsertion, l’insuffisance des effectifs et l’adaptation aux nouvelles technologies. L’Inspecteur Aliou Ciss, Directeur général de l’Administration pénitentiaire, a indiqué que ces enjeux appellent des « réformes systémiques » et une « approche centrée » sur la prévention de la criminalité par l’éducation, la formation ainsi que la promotion des modes d’aménagement des peines. « Si on ne change pas d’approche, on a beau construire de nouvelles prisons, on ne va pas régler la problématique de la surpopulation carcérale », a-t-il alerté, persuadé qu’il faudra davantage miser sur la prévention « pour éviter les cas de récidive ».
Même s’il admet que des « résultats probants » ont été obtenus avec l’introduction du bracelet électrique en 2020. « Nous devons davantage travailler dans le sens à éviter la commission des crimes et des délits », a insisté l’Inspecteur Ciss. Il a annoncé la construction de nouvelles prisons, des recrutements massifs de personnels et l’acquisition d’équipements de dernière génération. Dans la foulée, il a informé que sa structure a élaboré un plan de recrutement de 865 agents et d’équipement sur 10 ans.
Modernisation des infrastructures
Pour améliorer les conditions de vie des détenus et de travail des personnels, M. Ciss a fait part d’un vaste programme de modernisation des infrastructures notamment la construction de neuf établissements pénitentiaires et du démarrage des travaux de réhabilitation et d’extension des établissements pénitentiaires. Il a souligné que le Groupe d’intervention pénitentiaire (Gip) créé par le décret 2023-679 du 23 mars 2023, a pour objectif d’améliorer la sécurité en milieu carcérale. Il s’agit, a-t-il dit, d’une unité de réserve constituée d’Eléments pénitentiaires d’intervention (Epi) et d’une brigade canine avec des éléments des chiens de police.
Spécialisée dans le maintien de l’ordre, elle intervient pour le rétablissement de l’ordre en cas de troubles en milieu carcéral. Dans le cadre de la digitalisation, l’Administration pénitentiaire a mis en place un système d’informatisation appelé Système d’information et de gestion de la direction générale de l’Administration pénitentiaire (Sigdap) pour une meilleure gestion des dossiers des détenus. Selon lui, « ce système novateur permet une gestion plus efficace et transparente des établissements pénitentiaires ».
Fonds de réinsertion sociale
Concernant la réinsertion sociale, en plus des actions menées en milieu carcéral, l’Administration pénitentiaire dispose de deux boulangeries, d’un centre pénitentiaire de formation industrielle, d’une imprimerie, d’un garage mécanique et d’une unité de production de lait à Sébikotane, a-t-il informé. Sur le même registre, a ajouté M Ciss, il existe un fonds de réinsertion sociale des détenus pour le financement des activités de préparation à la réinsertion sociale.
Pour la célébration du 65è anniversaire de l’indépendance du Sénégal, l’inspecteur Aliou Ciss a indiqué que ses hommes vont prendre part aux défilés à pied et motorisé. Pour le défilé à pied, le détachement composé de 156 éléments sera commandé par le contrôleur de classe exceptionnelle, Moussa Diop. S’agissant du défilé motorisé, l’Administration pénitentiaire y participera avec un détachement de 15 voitures opérationnelles dont trois pick-up, 4 land cruiser, 4 bus Iveco, 2 camions citernes et 2 ambulances médicalisées sous le commandement du contrôleur Pathé Kane. À l’intérieur du pays, des détachements de l’Administration pénitentiaire seront engagés pour participer aux défilés organisés dans les chefs-lieux de région et de département. Après le défilé, un repas de corps sera organisé au Camp pénal de Liberté 6 au cours duquel des agents qui se sont particulièrement distingués dans le service seront décorés.
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LA FAMILLE DE MAMADOU DIA RETROUVE SA FIERTÉ
"On rend à César ce qui lui appartient" : pour sa fille Madeleine Dia, le Sénégal répare une injustice historique en honorant Mamadou Dia, sous les applaudissements de sa famille et des riverains
Le Sénégal a officiellement rebaptisé le boulevard Général-de-Gaulle au nom de Mamadou Dia, figure emblématique de l'indépendance nationale. L'annonce a été faite lors du Conseil des ministres du mercredi 2 avril 2025 par le président Diomaye Faye.
Cette décision historique intervenue à la veille du 65e anniversaire de l'indépendance, marque une étape importante dans la reconnaissance du rôle crucial joué par Mamadou Dia dans l'histoire du pays.
"Un contentement immense, une très grande joie," confie sa petite-fille Fatou Samb, visiblement émue. "Nous disons vraiment merci au président Diomaye. Il n'était pas obligé de le faire, on ne fait que le remercier."
Pour les proches de celui qu'on surnommait affectueusement "Maodo", cette reconnaissance est perçue comme un acte de justice historique : "On rend à César ce qui lui appartient," souligne Madeleine Dia, sa fille.
L'ancien boulevard Général-de-Gaulle, artère emblématique de Dakar, avait accueilli le deuxième défilé de l'indépendance le 4 avril 1962, une initiative prise par Mamadou Dia lui-même alors qu'il occupait la fonction de président du Conseil.
Les riverains saluent également cette initiative : "Donner le nom de ce boulevard à Mamadou Dia, c'est très bien. Il mérite même plus," témoigne l'un d'eux. "Je suis sûr que la majorité des Sénégalais sont contents."
Ce changement s'inscrit dans une démarche plus large des nouvelles autorités visant à impulser un mouvement de réappropriation de l'histoire nationale, après d'autres initiatives concernant les tirailleurs et les anciennes bases françaises.
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LA GENDARMERIE NATIONALE EN FORCE
Blindés ultramodernes, drones de surveillance et unités d'élite : la gendarmerie a déployé un dispositif impressionnant lors du défilé de la fête de l'indépendance ce 4 avril, témoignant d'investissements majeurs dans la sécurité nationale
À l'occasion de la célébration du 65ème anniversaire de l'indépendance du Sénégal ce vendredi 4 avril 2025, la gendarmerie nationale a présenté un impressionnant dispositif sécuritaire lors du défilé militaire traditionnel.
Le public a pu découvrir la Légion de Gendarmerie d'Intervention (LGI), une unité de réserve générale à la disposition du président de la République, articulée en 18 escadrons répartis en trois groupements. Cette formation polyvalente assure aussi bien le maintien de l'ordre que la défense opérationnelle du territoire.
L'accent a été mis sur les nouvelles acquisitions technologiques avec la présentation de véhicules blindés ultramodernes : les Cobra 2 d'une autonomie de 700 km, les MOS polyvalents et les VN3 équipés de systèmes stabilisateurs de tir de haute précision.
Le défilé a également mis en valeur des unités spécialisées comme la section cynophile avec ses chiens d'intervention, l'unité de protection de l'environnement et l'escadrille de drones d'appui, capable d'effectuer des missions de surveillance jusqu'à 120 km de distance.
La sécurité maritime n'est pas en reste avec la présentation de vedettes fluviales de 7 et 9 mètres, particulièrement mobilisées dans la lutte contre l'immigration irrégulière le long du littoral sénégalais.
Cette démonstration de force s'inscrit dans un contexte régional marqué par des menaces terroristes croissantes, le trafic de stupéfiants et les flux migratoires irréguliers.
RIGUEUR ET COHÉSION, LE QUOTIDIEN DES ARTILLEURS SÉNÉGALAIS
Réveil à l'aube, entraînement physique intense et discipline militaire forge l'esprit des soldats du bataillon d'artillerie, ces spécialistes du feu dont l'emblème, le dragon "Ninki Nanka", symbolise puissance et précision
Niché entre la plage de la Voile d’Or et les cimetières de Bel-Air, le camp général Mountaga Diallo semble à la fois veiller sur l’histoire et scruter l’horizon. Dos tourné à l’océan Atlantique, ce bastion stratégique de l’armée sénégalaise abrite le quartier du bataillon d’artillerie, une unité dite de réserve générale vouée au soutien exclusif des autres formations.
C’est dans ce cadre à la fois stratégique et martial que notre immersion a eu lieu, à la découverte d’une unité peu connue mais essentielle, dont la devise claque comme une promesse : ’’En tout temps, et en tous lieux’’.
A six heures, le froid matinal colle encore aux feuillages et aux visages. À l’entrée du camp, une silhouette imposante attire l’attention et le regard du visiteur. Il s’agit d’une pièce d’artillerie, la célèbre batterie de 155 mm, fièrement dressée comme une sentinelle, le canon tendu vers le ciel.
Un symbole fort pour une unité qui, à l’image du ”Ninki Nanka”, le dragon cracheur de feu qui leur sert d’emblème, se veut redoutable, invisible et décisive.
C’est l’adjudant Diallo de la DIRPA qui accueille l’équipe de l’Agence de presse sénégalaise. Après les formalités d’usage auprès du chef de poste, nous entamons, guidés par un soldat, une marche à travers un chemin sinueux bordé d’arbres.
Derrière le feuillage, apparaissent les bâtiments du quartier général : le poste de commandement, les dortoirs, et, plus loin, la messe, point névralgique de la vie communautaire.
‘’Jusqu’au dernier obus, nous combattrons’’
La messe, où nous rejoignent le commandant de bataillon et notre guide du jour, le lieutenant Seck, est un lieu chargé de symboles. ‘’Jusqu’au dernier obus, nous combattons’’ ; ‘’Couronnes de fer éternelles, nous poserons sur les tombes’’ ; ‘’Rideau de fer aux amis, rideau de feu aux ennemis ; ‘’La famille dans les airs, terreur et désarroi sur terre’’, lit-on sur les murs. Des citations qui témoignent de l’esprit de corps et de la détermination inébranlable des artilleurs
Le lieutenant Seck, jeune officier à la moustache fine et au regard déterminé, nous salue avec courtoisie et nous présente le programme du jour. Soudain, le clairon retentit, direction la place d’armes pour la levée des couleurs.
Un moment solennel, empreint de discipline et de respect, où chaque soldat, raide comme un piquet, fixe le drapeau montant au rythme de l’hymne national.
Rigueur physique et esprit de cohésion
L’ambiance change rapidement. Les cordialités cèdent la place au sport. Après un échauffement minutieux, le bataillon entame un parcours de quatre kilomètres à travers le camp, rythmé par des chants militaires. En tête du peloton, les voix résonnent : Fatigué ? Sergent fatigué ? Jamais ! Jamais, sergent fatigué ! Jamais !
La course se termine, symboliquement, au pied de la batterie 155. Des exercices de renforcement musculaire prennent le relais. Les visages transpirent, mais les esprits restent soudés. L’artilleur, avant d’être un technicien du feu, est un soldat complet, forgé dans l’endurance et la précision.
Nous poursuivons notre visite sur le terrain de volley, où s’entraîne l’équipe finaliste du tournoi militaire 2024. ‘’C’est la plus redoutée’’, glisse avec un sourire notre guide, fier de ses hommes.
Le terrain fait face au parcours du combattant. Là, quelques soldats franchissent avec agilité les obstacles qui simulent les conditions extrêmes du champ de bataille. Chaque épreuve franchie est un pas de plus vers la maîtrise de soi, une répétition silencieuse de ce qui pourrait, un jour, être réel.
La salle d’honneur et des traditions : mémoire vivante d’un bataillon de feu
En quittant le terrain de volley, le lieutenant Seck nous conduit vers un autre espace emblématique du camp, la salle d’honneur et des traditions du bataillon d’artillerie. Là, nous attend Pape Malick Sané, maréchal des logis(mdl)-chef et conservateur passionné de ce sanctuaire chargé de mémoire.
Ici, chaque photo, chaque insigne, chaque pièce exposée raconte une part de l’histoire, parfois méconnue, de cette unité mythique. Devant nous, un pan de mur est couvert de portraits dont certains en noir et blanc.
‘’Là, nous avons quelques photos de nos anciens, des anciens artilleurs. Ici, nos attributs esthétiques d’armes : l’insigne de corps, la patte de col, l’équipement de bras… (…)’’, dévoile-t-il à ses hôtes.
Pape Malick Sané entame alors un récit passionnant, retraçant les grandes étapes de l’unité, avec en sourdine, l’hymne des artilleurs joué par un baffle posé au coin de la salle.
Le Mdl-chef s’arrête devant une vieille photo. ‘’Il s’agit du colonel Pierre Faye du nom du premier chef de corps du bataillon. C’est ici que nous sommes en ce moment. Le bataillon porte ce nom en son hommage’’, explique-t-il.
Au centre de la salle trône une maquette du ”Ninki Nanka”, le fameux dragon cracheur de feu.
Il montre ensuite un canon exposé à l’intérieur. ‘’Celui-là, c’est un 105 SM2, un canon historique. Pendant [le conflit] en Casamance, en 1997, c’était le seul canon utilisé sur le terrain. Il est chargé d’histoire pour nous’’.
Deux filières, un même souffle
Sur un autre panneau, les missions du bataillon sont exposées. A ce propos, Pape Malick Sané précise que ce bataillon est composé de deux filières principales : sol-sol et sol-air.
‘’Les artilleurs sol-sol visent les cibles terrestres. Ceux du sol-air, ce sont les spécialistes de la lutte anti-aérienne. On les appelle les canonniers. Mais avant toute chose, il y a le renseignement. Si le renseignement est bon, la mission est réussie. Ça, c’est notre vérité’’, dit-il.
Il s’arrête ensuite devant un tableau soigneusement mis à jour. ‘’Là, ce sont tous les chefs de corps du bataillon, depuis sa création’’, nous lance-t-il, désignant deux figures majeures, le Chef d’état-major général actuel des armées, le général Mbaye Cissé, et le général de division Mountaga Diallo, dont le camp porte son nom.
Puis, il désigne un étendard dans une vitrine, le premier drapeau, reçu le 1er février 1977, représentant la reconnaissance officielle du bataillon comme unité à part entière.
Dans un coin de la salle, un mannequin arbore la tenue de cérémonie du canonnier. Des trophées sportifs sont aussi alignés sur une étagère. ‘’On ne fait pas que tirer au canon, hein !”, lance-t-il avec un clin d’œil. ‘’On sait aussi courir, jouer, gagner.’’
Après ces mots, on repart avec la certitude que derrière chaque manœuvre d’artillerie, chaque salve tirée, chaque entraînement, se trouvent des hommes et des femmes qui portent un héritage vivant. Un bataillon qui, fidèle à sa devise, veille en tout temps, et en tous lieux.
Le maniement des armes, tout une discipline
A quelques dizaines de mètres non loin, le regard ferme, la voix assurée, l’adjudant Emile Junior Sène, instructeur armement, donne des cours à la salle ”Ninki Nanka”. A ses côtés, le maréchal des logis Nouha Diémé, de la Batterie LRM (Lance-roquettes multiples).
Autour de lui, les visages se figent, l’attention est totale. Dans cette salle immense, le silence pèse plus que l’arme elle-même. Le Mdl Diémé poursuit son enseignement, les mains posées sur un fusil M16.
‘’Le M16 est une arme de précision, une extension de votre volonté sur le champ de bataille. Il ne s’agit pas seulement de tirer. Il s’agit de savoir pourquoi et comment tirer. Vous devez comprendre chaque pièce, chaque ressort, chaque cran de sûreté’’, lance-t-il à l’endroit des auditeurs
Il énumère les parties : le boîtier de culasse, la poignée pistolet, le canon, le levier d’armement, la hausse réglable, la bretelle, le chargeur. Les élèves prennent note, les traits tirés mais l’esprit en alerte.
L’adjudant Emile Junior Sène prend la relève et martèle : ‘’Le maniement des armes, ce n’est pas un rituel, c’est une discipline. Quand vous montez cette arme, quand vous la démontez, quand vous la nettoyez, c’est votre vie que vous préparez. Et celle de vos frères d’armes. Vous devez être capable de tirer juste, de tirer vite, et surtout de tirer quand il faut.’’
Les soldats en formation, exténués mais droits, acquiescent en silence. Dans leurs yeux, une même certitude, celle que cette arme, ils devront un jour s’en servir. Et ce jour-là, aucun doute ne devra venir troubler leur doigt sur la détente.
Historique et montée en puissance du 1er Bataillon d’artillerie
Ce récit nous est conté par l’adjudant-chef Babacar Ndour, retrouvé en pleine séance de formation à la salle des cadres
‘’Le 1er Bataillon d’Artillerie, véritable réserve générale, est né de la Compagnie d’armes lourdes. Il a été créé en septembre 1969, initialement équipé de canons de 105 mm, de 40 mm, de mortiers de 81 mm, et de groupes armés de mitrailleuses 12,7 mm’’, nous confie-t-il
Implanté d’abord au camp Lat Dior, le bataillon a connu plusieurs délocalisations : camp Arsenal en décembre 1969, camp Fédéro en mai 1970, puis camp des Mamelles en juin 1975.
Depuis sa création, le bataillon a été commandé par 20 chefs de corps. Le premier étant le lieutenant-colonel Pierre Faye, et le plus récent est le chef d’escadron Mohamed Moustapha Seck, en poste depuis juillet 2024.
Il a rappelé que ‘’le 1er bataillon d’artillerie a été de toutes les grandes opérations nationales dont dernièrement au Nord-Sindian en février 2022, dans la zone militaire numéro 5’’.
‘’Sur le plan international, le bataillon a participé à presque toutes les opérations extérieures : Congo-Zaïre (1978), Sud-Liban (1978), Fodé-Kaba (Gambie, 1981), Tempête du désert (Arabie Saoudite, 1990), Liberia (1992), et récemment, Gambie et Guinée-Bissau’’.
Dans le cadre des accords de défense de la CEDEAO, le bataillon constitue aujourd’hui l’artillerie de la force sous-régionale. Il a aussi contribué à des missions de l’Union africaine et de l’ONU, renseigne Babacar Ndour
Il a indiqué que la montée en puissance s’illustre par la création d’un deuxième bataillon à Louga.
A terme, ‘’chaque bataillon comptera cinq unités, ‘’une Batterie de commandement et de service (BCS), une batterie de 155 mm TF1 (acquis en 2017), une batterie de LRM (lance-roquettes multiples), une batterie de 105 mm LG1 (remplaçant la 105 HM2), et des systèmes sol-air’’, a-t-il ajouté.
‘’Les TF1 ont révolutionné les capacités opérationnelles avec une mise en batterie rapide, une portée de 24 km, étendue à 28 km avec kit RTC, tandis que le LRM offre une portée de 20 km. La 105 LG1, plus mobile et moderne, est parachutable et héliportable, avec une portée de 11 à 17 km’’, précise l’adjudant-chef.
En ce qui concerne la composante sol-air, il a indiqué que ‘’les anciens canons de 40 mm ont été progressivement remplacés, d’abord par des canons de 20 mm, ensuite les obus de 45 mm en 2000, et enfin, les missiles QW2 en 2023, mieux adaptés aux menaces modernes’’.
A la manœuvre du feu : rencontre avec la batterie 105
Alors que la matinée touche à sa fin, le lieutenant Seck nous propose un détour par la zone de stationnement des pièces d’artillerie. Là, trône l’imposante batterie 105, véritable pièce maîtresse du dispositif feu du bataillon. Près de l’un des canons, un groupe de soldats s’affaire dans un ballet rigoureux, répétant les gestes appris des centaines de fois.
Le chef de pièce, un sous-officier à la posture droite et au regard perçant, accepte de nous parler et partager avec passion la noblesse de sa fonction :
‘’Être chef de pièce, ce n’est pas juste commander un canon. C’est veiller à ce que chaque mouvement, chaque commande, chaque projectile soit exécuté avec rigueur et sécurité. Le 105 mm est une arme redoutable, mais elle ne pardonne pas l’erreur. Chaque tir, chaque réglage d’élévation, chaque orientation azimutale, doit être parfait”, tient-il à préciser.
Il pose la main sur la culasse, comme s’il saluait un compagnon fidèle. ‘’La batterie 105 est une arme très robuste. Elle a fait ses preuves sur tous les terrains. Quand elle parle, elle impose le silence. Sa portée, sa précision, sa cadence de feu en font une pièce d’appui incontournable’’, signale-t-il.
Le chef de pièce évoque aussi le lien fort entre les hommes de l’équipe ‘’Une batterie, c’est une famille”.
‘’Chacun joue un rôle, pointeur, chargeur, chef de pièce, conducteur (…) mais quand on est en position, il n’y a plus de grades. Il y a une seule chose qui compte : l’efficacité. Le tir doit partir, dans les temps, avec la précision d’une horloge suisse’’, dit-il, les yeux brillant de fierté.
Dans le souffle du dragon : déploiement tactique de la batterie LMR
Le soleil s’est levé haut dans le ciel de Bel Air lorsque nous rejoignons un vaste terrain dégagé situé à la lisière du camp. Là, trois impressionnants véhicules d’artillerie se tiennent prêts : Bouniack, Guilles et Niafena, les redoutables LRM (Lance-roquettes multiples).
La scène est réglée au millimètre. Un soldat en treillis impeccable s’avance vers nous. Il se présente d’un ton calme mais assuré. ‘’Je suis le chef de pièce LRM. LRM, c’est Lance-roquettes multiples. C’est un système d’origine ukrainienne. Il se compose de deux grandes parties : la partie automobile et la partie artillerie’’, explique-t-il.
Devant nous, l’engin dévoile ses lignes robustes, ses 40 tubes disposés en quatre rangées désordonnées, un désordre savamment orchestré.
‘’Les tubes ne sont pas numérotés de façon linéaire. C’est voulu. Cette disposition pêle-mêle assure la stabilité de l’engin pendant le tir. Le tube central, le numéro 28, est notre point de référence pour la précision’’, souligne le soldat.
Il poursuit, pointant tour à tour chaque membre de son équipe :’’Chaque pièce est servie par quatre personnels : un chef de pièce, un pointeur, un conducteur et un servant collimateur. Le pointeur est mon adjoint, le conducteur manœuvre le véhicule et déclenche le tir, tandis que le collimateur est responsable de l’alignement optique’’
A quelques mètres, l’exercice démarre. Les engins, précédés par une équipe de reconnaissance, se mettent en position selon un plan d’implantation précis. Les gestes sont rapides, coordonnés, presque chorégraphiés.
‘’Une fois la reconnaissance faite, l’équipe de topographie installe la position de batterie, oriente les pièces, et prépare la zone”, explique le chef de batterie, qui nous rejoint.
‘’C’est cette planification qui permet la rapidité et la précision. Une fois les pièces orientées, le poste de tir (PT) transmet les éléments à chaque chef de pièce. Et là, tout s’enchaîne : affichage, synchronisation (…) et le feu.’’, précise-t-il.
‘’On est réputés pour être rapides. C’est vrai. Mais cette efficacité vient du travail de l’ombre. De la reconnaissance, de la coordination, et surtout, de la confiance entre nous’’, fait-il valoir.
Incursion au pas de tir
Dans le même sillage, nous avons été conviés à une séance exceptionnelle sur le pas de tir, ce territoire sacré où le bruit des détonations se mêle à la concentration absolue des hommes en uniforme.
Là, les éléments du GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale) s’exercent aux côtés de quelques canonniers du bataillon. L’atmosphère est tendue mais fraternelle, chacun concentré sur sa cible, sur sa respiration, sur son tir.
Après leurs enchaînements rigoureux, ils nous invitent à nous essayer à l’exercice. Mais pas avant une mise en condition sérieuse.
L’un des formateurs nous explique patiemment les différentes composantes de l’arme, le chargeur, le canon, l’organe de visée, puis les règles strictes de sécurité à savoir ”ne jamais pointer une arme chargée, doigt hors de la queue de détente jusqu’au dernier moment, toujours vérifier l’état de l’arme’’.
Ensuite viennent les bases du tir, ‘’position du corps, alignement des organes de visée, contrôle de la respiration, pression progressive sur la détente.’’
Puis, à notre tour. Je prends position, les genoux un peu fléchis, les bras tendus mais fermes. Premier tir. Puis un second. La tension monte, le bruit sec du tir me claque dans les oreilles. Résultat ? Quatre tirs sur cinq dans le corps de la cible. Petite satisfaction intérieure.
Mais la palme revient à ma collègue. D’un calme olympien, elle ajuste ses tirs et… trois impacts nets dans la tête du mannequin. Silence dans le groupe. Puis un cri, mi-blagueur, mi-sincère : ‘’Shoot head !’’, s’exclame un des soldats. Elle n’en revient pas. Nous non plus. Un des gendarmes lui dit dans le dos : ‘’toi, on t’emmène en mission !’’.
C’est dans cette ambiance à la fois électrique et bon enfant que nous avons quitté le pas de tir, direction la dernière étape de la journée.
Neutralisation d’une menace aérienne
L’adrénaline coulait encore dans nos veines lorsque fut entamée la dernière manœuvre de notre immersion. Elle était exécutée par l’unité sol-air, mettant en exergue des pick-up équipés de lance-missiles de type QW2.
Cette arme de dernière génération, récemment intégrée à l’arsenal, est dotée d’une caméra thermique avec vision nocturne. Redoutable et précise, elle est capable d’identifier et de traquer tout type d’aéronef en fonction de la chaleur qu’il dégage, assurant ainsi une défense antiaérienne efficace, même dans les conditions les plus obscures.
Dans le cadre de cet exercice tactique, l’unité sol-air a simulé une riposte à une attaque aérienne en remplaçant l’avion hostile par un drone, reproduisant fidèlement un scénario de menace asymétrique moderne. L’objectif est de démontrer la réactivité et l’efficacité du système de défense antiaérienne face à des cibles de petite taille et à basse altitude.
Le dispositif repose sur un pick-up équipé du lance-missiles QW2. Dès la détection du drone identifié grâce à la caméra thermique embarquée, le système entre en phase d’alerte. Le signal thermique du drone, bien que faible comparé à celui d’un avion de chasse, est suffisamment capté par la technologie du QW2.
La procédure s’enclenche avec l’acquisition de la cible, puis le verrouillage automatique. Une fois le feu autorisé, le missile est tiré avec une grande précision. La simulation se conclut par la destruction du drone, symbolisée par une explosion en altitude.
Cet exercice, exécuté en présence du sergent-chef à la retraite, Gana Ndour, souligne la capacité de l’unité sol-air à s’adapter aux menaces contemporaines, notamment les drones qui deviennent de plus en plus courants dans les théâtres d’opération modernes. Il met aussi en lumière la montée en puissance technologique du bataillon d’artillerie, capable désormais d’assurer une couverture anti-aérienne efficace en toute autonomie.
Témoignage du sergent-chef à la retraite, Gana Sène,
Grand de taille, toujours robuste, en veste de cuir et lunettes claires, le sergent-chef Gana Sène impressionne par sa prestance autant que par sa mémoire intacte des faits de guerre. A la retraite aujourd’hui, c’est avec émotion qu’il accepte de revenir sur son parcours et la place capitale de l’artillerie dans les grandes opérations de l’armée sénégalaise.
Incorporé dans l’armée le 1er septembre 1981, il suit sa formation à Dakar Bango avant d’être affecté au bataillon d’artillerie en 1982. Il y restera 37 ans, jusqu’à sa retraite en 2017. Durant cette période, il a servi dans toutes les unités du bataillon : artillerie sol-sol, artillerie sol-air, batterie de commandement et de service.
Gana Sène explique avec clarté le rôle stratégique de l’artillerie dans les opérations de grande envergure.
A travers ses récits, on comprend la complexité technique de l’artillerie, la topographie de précision, calculs balistiques, coordination millimétrée avec les unités au sol. ’’Il faut être très fort en topographie. Pour appuyer un ami à 20 kilomètres sans le voir, il faut avoir la tête sur les épaules, être lucide, compétent, méthodique’’, souligne-t-il.
Il raconte également les évolutions du métier, du calcul manuel des coordonnées à l’aide des sinus, cosinus et logarithmes, à l’usage d’ordinateurs modernes avec logiciels de tir qui donnent en quelques clics les éléments initiaux, les charges, les corrections balistiques.
Mais au-delà de la technique, ce sont les opérations marquantes qui restent gravées dans sa mémoire, autant de fronts où l’artillerie a joué un rôle décisif. En Casamance, au Libéria contre les milices de Charles Taylor, ou en Guinée-Bissau, lors d’un épisode resté célèbre.
‘’Les rebelles avaient placé leur base à 11,4 km, pensant que nos 105 ne pouvaient pas les atteindre (portée 11,1 km). Ce qu’ils ne savaient pas, c’est qu’une batterie de 155 mm venait d’arriver. Quand elle a ouvert le feu, ils ont cru que c’était la France. La presse parlait des “bateaux français” qui bombardaient. Mais non, c’était l’artillerie sénégalaise.’’, raconte-t-il ironiquement.
L’artilleur à la retraite termine avec une touche de fierté et de transmission. ‘’Ce que je faisais à l’époque avec des cartes, des calculs, des tables de tir, les jeunes aujourd’hui le font avec un logiciel. Mais il faut toujours l’esprit, le métier, la précision. C’est ça l’artillerie’’, martèle ainsi l’ancien canonnier.
MARCO RUBIO SALUE LE LEADERSHIP SÉNÉGALAIS
Le secrétaire d'État américain a adressé ses félicitations officielles au Sénégal pour l'anniversaire de son indépendance, soulignant l'importance du partenariat entre les deux nations
(SenePlus) - Marco Rubio, secrétaire d'État américain, a adressé ses félicitations au peuple sénégalais à l'occasion du 65e anniversaire de son indépendance célébré ce 4 avril 2025.
"Au nom des États-Unis d'Amérique, je tiens à exprimer mes sincères félicitations au peuple du Sénégal pour le 65e anniversaire de votre indépendance", a déclaré M. Rubio dans un communiqué officiel publié par le Département d'État.
Le chef de la diplomatie américaine a profité de cette occasion pour réaffirmer l'engagement des États-Unis envers leur partenariat avec Dakar. Il a également exprimé son désir de renforcer la coopération bilatérale : "Je me réjouis d'élargir notre étroite collaboration sur un large éventail d'initiatives qui renforcent les relations bilatérales pour le bénéfice mutuel de nos deux nations."
Le secrétaire d'État a particulièrement mis en avant l'importance du leadership sénégalais dans la région : "Les États-Unis apprécient énormément le leadership du Sénégal dans la protection des libertés fondamentales et la promotion de la sécurité régionale."
31 ENFANTS DE LA CEDEAO DÉFILERONT À ZIGUINCHOR
Ce défilé symbolique mettra en lumière l'importance de la coopération entre les quinze États membres, malgré le récent retrait du Niger, du Burkina Faso et du Mali
Quelque trente et un enfants de la CEDEAO issus de la Sénégambie méridionale (Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau), vont prendre part au défilé à Ziguinchor, à l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance du Sénégal, pour montrer l’importance et la place de l’intégration régionale, a annoncé Alexandre Gomis, coordonnateur de la maison des citoyens de la CEDEAO.
“31 enfants de la CEDEAO vont défiler et arborer les drapeaux de leur pays ce vendredi à Ziguinchor l’occasion du 65e anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté” internationale, a indiqué le coordonnateur de la maison des citoyens de la CEDEAO, jeudi, soir, lors d’un point de presse.
“L’intégration est une chance. Il y a le retrait des trois pays (Niger, Burkina Faso et Mali) de la Communauté des Economique des Etats d’Afrique de l’ouest. Ce défilé des enfants de la CEDEAO a pour objectif de montrer l’importance et la place de l’intégration régionale”, a expliqué M. Gomis, en présence du directeur exécutif d’ENDA Tacid, Souleymane Barro.
“Il faut pousser les pays à revenir dans le bloc communautaire. Ils n’ont aucun intérêt à se départir”, a-t-il insisté, faisant savoir que ces enfants représentent les quinze États membres de la CEDEAO sans exception.
Pour lui, “l’intégration est un impératif, un levier du développement”.
Ces enfants ont dans une déclaration exprimé leurs “profondes” préoccupations aux chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO. Ils ont demandé d’interdire, proscrire, mettre hors la loi et/ou refuser définitivement et de manière définitive toute fermeture de frontières des Etats de la CEDEAO pour l’intérêt supérieur des populations.
Ils ont exhorté les chefs d’État et gouvernement de la CEDEAO à instituer les défilés des enfants de la CEDEAO lors de la célébration des fêtes d’indépendance dans tous les Etats membres de la CEDEAO.
Ils ont invité les Etats de l’AES (Alliance des Etats du Sahel), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, à rejoindre la maison CEDEAO pour une meilleure intégration des communautés et des peuples.
Les enfants de la CEDEAO ont aussi appelé les chefs d’Etat de la CEDEAO à sauvegarder l’institution pour, disent-ils, mieux renforcer la citoyenneté communautaire.