S'il y a bien un point qui continue de plomber les discussions entre le gouvernement et les syndicats, c'est celle de l'indemnité de logement. Malgré l'intervention du Premier ministre, ce point est le seul, sur cinq, qui tarde à être évacué.
On prend les mêmes et on recommence. Malgré l'intervention du chef du Gouvernement hier, ça coince toujours sur l'exigence principale des enseignants. Le Premier ministre a rappelé les exigences du cadrage macroéconomique qui font qu'on ne peut pas augmenter les indemnités de logement des enseignants.
"On ne peut pas prendre un engagement que nous n'allons pas respecter, qui va nous rattraper dans un an pour que l'on vienne nous dire qu'on s'était engagé", a déclaré la ministre de la Fonction publique Viviane Laure Bampassy, au sortir d'une rencontre convoquée par Mahammad Dionne.
Une réponse disqualifiée d'office par le secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (CUSEMS).
"La question essentielle relative à l'alignement de l'indemnité de logement des agents de même niveau de qualification, il n'y a aucune avancée significative. Nous sommes restés sur notre faim. Pour nous, c'est une question de justice et d'équité. Nous venons d'une longue tournée dans les localités sud du pays. L'enseignant fait 75% de son travail à la maison, donc si quelqu'un a besoin d'un logement, c'est l'enseignant", proteste Abdoulaye Ndoye, ajoutant qu'en 2014, son syndicat était le seul qui a eu un désaccord avec le gouvernement sur cette question.
Surplace
Le syndicaliste a dénoncé le surplace des autorités sur ce point d'achoppement principal dans les revendications. "Si nous voulons avancer, il faut un accord gagnant-gagnant. Il faut que le gouvernement fasse des propositions, qu'on puisse trouver une solution sur cette question", ajoute-t-il.
Quant au Grand cadre des syndicats d'enseignants (GCSE), il attend l'issue de ces concertations pour se prononcer sur la question, annonce son coordonnateur Mamadou Lamine Dianté. La plupart des directives données par le Premier ministre seront consolidées lundi en plénière avec le gouvernement.
Avancées
Des avancées ont tout de même été notées. Sur les cinq questions majeures, les quatre sont respectées. Ainsi pour la validation, l'habitat social, la formation diplômante, les lenteurs administratives, des délais fermes ont été donnés par le chef du gouvernement pour rapprocher les positions et aller vers une issue de crise, dans les meilleurs délais.
Viviane Bampassy annonce par ailleurs "une étude qui va permettre de repenser le système indemnitaire et au-delà, le système de rémunération de la fonction publique. Nous avons les enseignants parmi les fonctionnaires de l'Etat qui sont tous en attente. Ce que nous voulons, c'est d'avoir une démarche globale pour l'ensemble des agents de l'Etat". Une étude qui devrait être actée au courant du mois de mai.
La rencontre s'est tenue en présence du Premier ministre, des membres du CESE, du Parlement, d'une délégation pour le haut conseil du dialogue social, du Cusems, de l'Useq et des autres syndicats.
Après moult tergiversations et plans sur la comète, l'Europe s'est enfin décidée de prendre à bras le corps le problème de l'immigration clandestine. Un drame sans fin qui a connu son paroxysme dimanche dernier avec le naufrage sur les côtes italiennes d'un navire transportant plus de 800 immigrés clandestins.
Au sortir de la réunion de crise tenue avant-hier jeudi à Bruxelles, des pays comme l'Allemagne et l'Angleterre, qui ont toujours refusé de participer aux programmes de sauvetage maritime sur les côtes méditerranéennes, sont maintenant revenus à de meilleurs sentiments. Et se disent prêts à mettre la main à la poche afin d'éviter le drame du week-end dernier.
Ainsi, pour beaucoup de pays de l'Europe, la théorie selon laquelle le renforcement des moyens de sauvetage sur la méditerranée favorise la ruée des jeunes Africains, Asiatiques et autres vers l'île de Lampedusa en Italie ne tient plus la route. Aussi, ils sont nombreux les dirigeants de l'UE à reconnaître que la réduction des effectifs de contrôle du plan de sauvetage italien en méditerranée Mar Nostrum a été une grande erreur.
Il en est de même du remplacement dudit plan par le programme européen de contrôle des frontières dénommé Triton. Ce dernier n'a pas d'ailleurs donné les résultats escomptés. Bien au contraire, Triton fut un échec total comme en attestent les nombreux cas de naufrages notés aux portes des côtes siciliennes ces deux dernières années.
La décision de multiplier par 3 le budget alloué à Triton dans le cadre de l'organisation des sauvetages en méditerranée et du contrôle des frontières est donc en soi une bonne chose. Même si les moyens consentis peuvent s'avérer insuffisants à moyen et long terme. Quoi qu'il en soit, il urge de cerner tous les problèmes qui gravitent autour de ce drame de l'immigration clandestine.
Car nous ne sommes pas seulement en face d'une crise migratoire, mais devant un problème politique de grande envergure. Et pour cause, ce n'est pas un secret que la majeure partie des navires qui cherchent à accoster sur les côtes italiennes prennent leur départ depuis la Libye. Ces embarcations de 30 mètres de long n'ont rien à voir avec les cayucos des années 2006 2008, lesquels prenaient leur départ depuis les plages de Yarakh, Mbao, Thiaroye sur Mer au Sénégal, ou de Nouadhibou en Mauritanie. D'où le souhait de l'Italie et surtout de l'Espagne de procéder à un blocus naval de "ces cargaisons de la mort" depuis les ports libyens. Ou les détruire tout simplement.
Le projet déjà soumis à l'appréciation du Conseil de sécurité de l'Onu doit cependant faire face à deux obstacles de taille à savoir le coût élevé de l'opération et la situation confuse en Libye. En effet, ce pays est devenu une sorte de Somalie en Méditerranée voire une véritable poudrière aux portes de l'Europe. Et ce depuis la chute de Momar Kadhafi en octobre 2011, après 42 ans de dictature. Aujourd'hui, deux gouvernements avec chacun son parlement et son armée se font face et sont séparés de 1 400 kilomètres.
En 2014, le pouvoir sorti des urnes est reconnu par la communauté internationale. Mais le gouvernement sera obligé de s'exiler à la ville portuaire de Tobrouk, à la frontière avec l'Egypte du fait des attaques des milices islamistes. L'autre gouvernement est celui de Tripoli et est sous le contrôle des milices. Les terroristes de l'État Islamique profitent de ce chaos pour contrôler plusieurs localités du pays.
Face à cette situation, l'Union européenne aura du mal à exercer un contrôle sur les navires qui prennent leur départ sur les côtes libyennes. D'ailleurs le ministre de l'extérieur du gouvernement dit de Tripoli en l'occurrence Mohamed El Ghrinamel a déclaré hier dans un journal maltais qu"'avant toute action, l'UE doit avoir le feu vert de son gouvernement."
C'est dire qu'en dépit de la ferme volonté des dirigeants européens de s'engager dans la lutte contre l'immigration clandestine, le combat est loin d'être gagné. Surtout que depuis les succès enregistrés par le dispositif de contrôle des frontières Frontex, en Grèce, Bulgarie et Turquie, et la fermeture de la route de l'Atlantique ou route espagnole, le détroit de Sicile est devenu la nouvelle porte d'entrée de l'Europe, avec son lot de naufragés et de désolation.
Et aujourd'hui, pour remédier à ce drame sans fin qui se joue aux portes de l'île italienne de Lampedusa, tous les regards sont tournés vers la ville balnéaire marocaine de Skhirat, où se déroulent depuis le 21 mars, et sous l'égide de l'Onu, les négociations entre les deux gouvernements libyens. Car il ne faut pas se faire d'illusion : tant que le chaos continuera de régner en territoire libyen, "les cargaisons de la mort" feront encore parler d'elles.
En conférence de presse hier à la permanence Oumar Lamine Badji, le Front patriotique pour la défense de la République est convaincu de la défaite de Macky Sall en 2017, "même si toute l'opposition transhumait à l'Alliance pour la République".
Le Front patriotique pour la défense de la République (FPDR) est convaincu de la défaite de Macky Sall en 2017. Selon Mamadou Diop Decroix, coordonnateur dudit front, "même si toute l'opposition, y compris le Parti démocratique sénégalais (Pds), transhumait vers l'Alliance pour la République, Macky Sall va tomber en 2017, s'il persiste dans la voie qu'il a empruntée depuis son installation au pouvoir".
A en croire les alliés d'Abdoulaye Wade qui ont fait face à la presse hier au sein de la permanence Oumar Lamine Badji, le président de la République nage dans le flou total sur beaucoup de questions concernant les Sénégalais dont le récent naufrage en Méditerranée, la crise scolaire, la lancinante crise de la Casamance et l'envoi de soldats sénégalais en Arabie Saoudite.
Au sujet du naufrage en Méditerranée, le FPDR regrette que "le gouvernement n'arrive toujours pas à édifier l'opinion publique sur la présence ou pas de Sénégalais parmi les victimes". "Tandis que certains secteurs du pouvoir continuent de tergiverser et même de nier l'existence de Sénégalais parmi les victimes, l'on nous apprend par ailleurs qu'à Maka Coulibantang, les familles célèbrent le deuil de 13 enfants du village péris dans le naufrage", relève l'ancien ministre du Commerce sous Abdoulaye Wade.
Qui fustige l'absence d'un dispositif approprié pour un suivi régulier et rapproché du phénomène par les autorités à qui les Sénégalais doivent, selon lui, "exiger des solutions économiques et sociales capables d'enrayer l'émigration clandestine d'une part, et d'autre part, une prise en charge adéquate et immédiate du phénomène".
Dans la même veine, nos gouvernants doivent, selon Mamadou Diop Decroix, "exiger de l'Europe des politiques conformes aux intérêts des peuples". Déjà, souligne-t-il, "les subventions aux agricultures européennes sont des instruments de destruction de nos agricultures avec comme corollaire l'exode rural, comme première étape vers l'émigration par l'océan".
Demain, estime-t-il, "la mise en œuvre des APE viendra détruire le peu qui nous reste en termes de tissu industriel et hypothéquer pour une longue période les chances pour notre continent et ses populations de s'en sortir".
Situation en Casamance : "Nous avons besoin de savoir"
Les alliés d'Abdoulaye Wade ont également abordé la situation en Casamance. Pour eux, "les Sénégalais ont besoin de savoir comment le problème se pose. Où est-ce que ça bloque ? Qui en est le responsable et quels sont les termes du débat aujourd'hui ?". "Nous avons besoin de savoir", a fulminé le leader de And Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS).
S'agissant de la crise au Yémen, le FPDR a demandé à l'Etat de revoir sa position et de ne pas envoyer des soldats sénégalais en Arabie Saoudite. "L'Arabie Saoudite n'est pas en guerre. Son territoire n'est pas directement menacé", souligne Mamadou Diop Decroix. La coordonnateur d'ajouter : "La coalition que dirige l'Arabie Saoudite estime que la menace qu'elle situait au Yémen avec le soulèvement d'une communauté supposée être liée à l'Iran est écartée."
Un dernier point a concerné les réformes institutionnelles annoncées par le président Sall. Mamadou Diop Decroix et ses camarades ont exhorté l'Etat à accélérer la cadence. Car, disent-ils : "Nous devons améliorer le climat des affaires dans notre pays, lutter contre la corruption, faire en sorte que la perception d'un Etat de droit soit une réalité". Car, "c'est cela qui attire l'investissement".
Rien ne va plus au siège de l'Association des écrivains du Sénégal (AES) que dirige l'écrivain-dramaturge Alioune Badara Bèye.
En effet, plusieurs membres de l'association, ont décidé de claquer la porte, pour manifester leur exaspération devant "l'immobilisme" dans lequel, selon eux, elle est plongée.
La liste des signataires (alliances), s'agrandit et c'est là une bien mauvaise nouvelle pour les partisans du statu quo. Le temps apporte la banalisation des évènements. Le temps fait son œuvre.
Le front a été rouvert par une autre légende de la littérature : Marouba Fall a annoncé sa démission, prenant de court le monde littéraire domestique. L'ancien proviseur du lycée de Léopold Sédar Senghor de JoalFadiouth, comme dans ses 13 œuvres, a le souci de la vérité et l'a fait savoir.
"On ne m'associe à rien", donc bye-bye. D'autres sources avancent que ce sont les privilèges liés à la fonction qui font durer, jusqu'à s'ankyloser, des élus et (ré) élus. Mais que peut-on contre la volonté des votants. Les sénégalais sont réputés tolérants, mais ne savent pas négocier pour se tirer d'un bourbier où les postulants sont souvent à fleur d'égo.
Dans un message posté hier sur sa page Facebook, Marouba Fall dénonce une gestion "par trop personnelle" de" l'association : "puisqu'il n y a pas une réunion à laquelle je suis convié, de manifestation à laquelle je suis associé, ni d'assemblée générale de renouvellement du bureau, je présente ma démission bonne chance !" Pour un écrivain, on ne pouvait être plus clair.
LES USAGERS COMPRÉHENSIFS, EN ATTENDANT L’ÉCHANGEUR DE L’EMERGENCE
Le «Pont Sénégal 92» va être démoli aujourd’hui, après plus de 20 ans d’existence. Une décision prise par les autorités pour faire place à un pont plus moderne puisqu’il est prévu un échangeur à trèfles pour relier Grand Yoff à Grand Médine. Les travaux vont durer 12 mois. Les usagers font déjà preuve de compréhension, espérant la fin des désagréments avec «l’échangeur de l’Emergence».
Ce vendredi, vers 11 heures, le bruit incessant des moteurs des voitures qui empruntent l’autoroute Seydina Limamoulaye résonne encore sous le «Pont Sénégal 92», érigé alors que notre pays accueillait la Coupe d’Afrique des nations de football en 1992.
Un vacarme accentué par les coups de klaxon des automobilistes qui alertent les piétons enjambant les murets de séparation de l’autoroute pour passer d’un côté à l’autre ; mettant ainsi en danger leur intégrité physique.
Les plus prudents ont besoin de faire quelques pas pour se faire frayer un chemin par les bonhommes de la route positionnés pour réguler la circulation. Dans ce jeu de cache-cache qui rythme quotidiennement cette zone très fréquentée, le «Pont Sénégal 92» défie encore les lourdes charges.
Causer le moins de désagréments possible
Emprunter l’édifice usé par l’âge sera bientôt un vieux souvenir dans la mesure où l’infrastructure vit ses dernières heures avant sa démolition prévue aujourd’hui, après plus de deux décennies d’existence et surtout après une période qui a fait craindre pour la sécurité des usagers.
Aux alentours, le dispositif est en place pour faire face aux éventuels désagréments qui découleront de cette démolition. Les engins ont déjà pris position sur les lieux pour construire les bretelles de contournement qui seront aménagés à cet effet afin d’assurer la fluidité du trafic.
Entre les interpellations des ouvriers et les instructions données à d’autres, Moussa Sèye, ingénieur et conducteur des travaux de la Compagnie sahélienne d’entreprises (Cse) en charge du chantier, explique que tout est mis en œuvre pour causer le moins d’ennuis possibles aux usagers.
« Nous sommes en train de mettre en place le plan de déviation que nous allons terminer aujourd’hui (Ndlr, hier). Nous avons déjà ouvert la bretelle de Grand Médine devant servir de déviation et qui va également être une route du projet » (lire encadré sur le plan de déviation). Une nouvelle infrastructure mise en place pour compléter le processus qui compte également une première bretelle « finalisée depuis trois jours ».
Ce dispositif permettra d’avoir une plus ample mobilité, puisque la circulation se « fera à sens unique sur des bretelles à deux voies », alors que véhicules et piétons se bousculaient sur le pont vétuste. La circulation sera également facilitée, selon M. Sèye, par les agents positionnés sur les deux intersections de l’autoroute pour un passage alternée sur les deux trajets.
Des automobilistes compréhensifs
Les travaux du futur «échangeur de l’Emergence» sont prévus pour une durée de 12 mois, renseigne l’ingénieur. Une période pendant laquelle les conséquences de la démolition se feront ressentir. En particulier par les chauffeurs de la gare routière qui jouxte le pont. Les transporteurs seront déguerpis pour être relogés un peu plus loin, aux abords du stade Léopold Sédar Senghor.
Entre les voitures, l’on s’affaire ici à vider les lieux pour se conformer à la décision de l’autorité publique visant, à travers la réorganisation du trafic dans cette démolition, le bonheur des citoyens. « Nous faisons partie d’un ensemble qu’est le Sénégal. Et nous nous conformerons à toute décision visant à améliorer le quotidien des citoyens », a déclaré Serigne Thiaw, secrétaire général du Regroupement des chauffeurs de la gare routière.
Et selon lui, la construction de «l’échangeur de l’Emergence» milite en cette faveur. Seulement, les chauffeurs soutiennent que l’endroit qui leur a été affecté pour accueillir leurs activités est exigu. Une situation tout de même gérable, d’après les automobilistes qui assurent être en mesure de trouver la parade pour mieux s’organiser afin de poursuivre convenablement leurs activités.
Dans ce sens, ils ont rencontré, jeudi, le sous-préfet des Parcelles assainies et le maire de la commune de Patte d’Oie. « C’est pour préparer le voisinage puisque nous quittons la commune de Grand Yoff, où nous avons fait plus de 20 ans », pour s’installer dans la commune voisine.
Les autres usagers de la route, conducteurs et passagers, se félicitent également de la construction du nouvel échangeur. Ils ont à l’esprit les longues files de voitures qui se bousculent sur le pont aux heures de pointe, M. Fall, au volant de son véhicule, soutient que quel que soit la durée des travaux, c’est une bonne chose de remplacer le pont Sénégal 92.
« Les gens doivent prendre leur mal en patience et permettre de bien faire les choses. Surtout que c’est pour laisser place à une infrastructure plus moderne et qui va faciliter le trajet ». Ce que semblent dire également ces passagers, lesquels s’inquiètent de la vétusté de l’ouvrage.
D’où leur souhait de voir s’ériger la nouvelle infrastructure en lieu et place du pont. En attendant, ce seront 12 mois à se familiariser avec le circuit provisoire mis en place pour enjamber l’autoroute et relier les deux parties de la capitale.
«LA FISCALITE ACTUELLE NE PERMET PAS A PLUSIEURS COMMUNES DE FAIRE FACE AUX DEPENSES TRANSFEREES»
AMADOU BA POSE LE DEBAT SUR L’ACTE 3 DE LA DECENTRALISATION
Il n’y a aucun doute pour le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Ba. Avec l’Acte 3 de la décentralisation, il faut fondamentalement revoir la question des recettes pour aider véritablement les communes qui sont dans des difficultés, du fait des compétences transférées. Le ministre Ba pointe même l’échec futur de l’Acte 3.
S’exprimant, hier, lors de l’examen du projet de loi N°27-2014 relatif au Waqf, Amadou Ba, ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, a déclaré : «Aujourd’hui, c’est clair, la fiscalité actuelle ne permet pas à plusieurs communes de pouvoir faire face aux dépenses transférées. C’est impossible. On me dira qu'il faut élargir l’assiette, mais c’est la chose la plus difficile à faire. Ici, on préfère régler tout avant de payer les impôts, tandis que dans les grandes démocraties on préfère payer les impôts avant de faire autre chose», a expliqué le ministre pour qui, même si les crédits nécessaires pour les communes ont connu une hausse, il y a une réflexion dont on ne peut pas faire l’économie. Cela, étant donné qu’il y a un nombre de communes beaucoup plus important.
Amadou Ba agite l’échec futur de l’Acte 3
En effet, pour le ministre des Finances qui pose ainsi le débat sur les manquements de cette réforme, la question est de savoir «quelle fiscalité pour l’Acte 3 de la décentralisation» il s’agit. «Si on fuit ce débat, dans les années à venir, il va falloir constater l’échec de l’Acte 3. Les villes avaient une fonction de redistribution, elles collectaient l’essentiel de l’impôt et le redistribuaient aux communes d’arrondissement. Maintenant, est-ce que cette logique tient toujours au moment où les communes d’arrondissement sont des communes de plein exercice. Il y a un débat», a-t-il fait remarquer.
«Nous avons 50 entreprises qui donnent 80% des recettes»
Quoi qu’il en soit, selon Amadou Ba, avec cet Acte 3 de la décentralisation, ce débat mérite d’être posé le plus rapidement possible. «C’est une question qu’il faut dresser froidement. En tout cas, il faut une répartition autre que la répartition actuelle. Ça, c’est incontournable. Nous avons 50 entreprises qui donnent 80% des recettes, c’est des options sur lesquelles il faut réfléchir», a soutenu Amadou Ba.
DES AVANCÉES SIGNIFICATIVES EN ATTENDANT UNE RENCONTRE LUNDI
RENCONTRE GOUVERNEMENT-SYNDICATS D'ENSEIGNANTS
Maguette Ndong et Mamadou Gueye |
Publication 25/04/2015
Beaucoup espéraient, hier, un dénouement de la crise scolaire à l’issue de la rencontre entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants. Même si plusieurs avancées ont été notées, il reste que la question de l’indemnité de logement est encore sur la table. Mais le gouvernement souhaite plutôt revoir le système de rémunération des agents de l’Etat.
Au terme de leur rencontre d’échanges d’hier, le gouvernement et les syndicats d’enseignants ont décidé de se retrouver lundi prochain. Ce sera peut-être l’ultime rencontre entre les deux parties pour espérer voir les élèves reprendre le chemin de l’école.
D’ores et déjà, des avancées significatives ont été notées sur les principaux points de revendications des enseignants. « Sur les cinq questions majeures, les quatre sont derrière nous », a indiqué, hier, le ministre de la Fonction publique, Viviane Laure Elisabeth Bampassy.
En effet, l’indemnité de logement semble toujours être le point d’achoppement entre le gouvernement et les enseignants. A ce titre, le ministre a rappelé que l’Etat ne peut pas encore prendre d’engagement du fait de la nécessité de faire un « cadrage macro-économique ». En somme, le gouvernement souhaite « repenser » le système indemnitaire de l’ensemble des agents de la Fonction publique.
Mme Bampassy a souligné qu’une étude a été commanditée et le pré-rapport est attendu au mois de mai 2015. « Nous irons vers le partage avec les différents secteurs de la Fonction publique pour voir quelle est la physionomie que nous allons donner à notre système de rémunération, afin qu’il soit juste et équitable », a-t-elle expliqué.
A son avis, cette option ne signifie nullement «une fuite en avant»de la part de l’Etat. Nonobstant, « le gouvernement ne souhaite guère prendre des engagements qu’il ne pourra pas appliquer d’ici un an », a renchéri le ministre.
Les syndicats partagés
Face à cette réponse du gouvernement, les syndicats d’enseignants semblent partagés. Pour Abdoulaye Ndoye, du Cusems, « aucune avancée significative » n’a été notée par rapport à cette question de l’alignement de l’indemnité de logement, soulignant que son syndicat est resté sur sa faim.
Mais, Mamadou Lamine Dianté, du Grand cadre des syndicats de l’enseignement, adopte une attitude mitigée, préférant retourner discuter avec sa base avant de revenir lundi prochain. « Nous n’avons pas de sentiment de satisfaction ou d’insatisfaction à donner », a-t-il dit.
Concernant les autres points de revendications, le gouvernement a donné des gages et des délais d’exécution précis. Ainsi, pour ce qui concerne la validation, la loi a été votée et promulguée, et le décret d’application sera signé au retour du chef de l’Etat qui est en voyage.
Cependant, le Premier ministre Mohammad Boun Abdallah Dionne a donné des instructions pour que le ministre de la Fonction publique reçoive les dossiers dès le 15 mai. S’agissant de la formation diplômante, le
ministre de l’Education va débuter la formation dès le mois d’août 2015. Pour ce qui est de l’habitat social, le gouvernement a fait de « réelles avancées », selon Viviane Bampassy, avec notamment l’immatriculation de la Zac de Kounoune. « Les attestations des enseignants attributaires sont envoyés au receveur des domaines de Rufisque qui a commencé à travailler sur les baux de ces parcelles », a-t-elle expliqué.
3.500 actes à résorber
A propos des régions, une enveloppe de 800 millions de FCfa sera dégagée par le gouvernement pour l’aménagement des Zac, dont celle de Kantène, à Ziguinchor. Le schéma d’aménagement sera livré le 15 mai prochain. Abordant la question des lenteurs administratives, le chef du gouvernement a exhorté le ministre de la Fonction publique à travailler sur un plan de résorption de la délivrance des actes.
« Aujourd’hui, a expliqué Viviane Bampassy, nous avons 3.500 actes préparés et concernent près de 28.000 enseignants. Ces actes ont une incidence financière. Premier ministre a donné des instructions au ministre du Budget pour la mise en place d’un dispositif de résorption de ces actes ».
Enfin, pour ce qui est de la gestion démocratique du personnel, la commission existante sera redynamisée afin de travailler, de façon transparente, avec les enseignants. Toutefois, cette démarche participative dans la gestion du personnel enseignant ne doit aucunement remettre en cause le pouvoir discrétionnaire de l’autorité.
Durant cette rencontre présidée par le Premier ministre, il y avait pas moins de huit ministres autour de la table et les facilitateurs, à savoir des députés, des membres du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ainsi qu’un comité du dialogue social.
LA CAISSE DE SÉCURITÉ SOCIALE APPELLE À LA PRÉVENTION
En 2014, la Caisse de sécurité sociale a enregistré environ 2 500 accidents professionnels, lesquels ont engendré 50 000 jours perdus pour un coût de réparation d’environ 4 milliards de francs Cfa.
Environ 2 500 accidents du travail, soit 50 000 jours de perdus pour un coût global d’environ 4 milliards de francs Cfa, ont été enregistrés en 2014 par la Caisse de sécurité sociale. Celle-ci a tenu jeudi, la deuxième édition de ses journées scientifiques, qui lui servent de cadre d’échanges, sur la problématique des accidents et risques professionnels, afin de promouvoir une bonne culture de prévention et minimiser les accidents sur les lieux de travail.
Selon Cheikh Ousmane Diop, représentant des travailleurs, la prévention des risques professionnels réduit le nombre d’accidents du travail et le cas échéant, le coût des accidents professionnels. «Si les accidents et les maladies professionnelles ont un coût, la prévention est un investissement rentable», a appuyé Aristide Tino Adediran, vice-président du Conseil national du patronat (Cnp).
Cheikh Ousmane Diop a ajouté lui, que «ce sont des mutilés ou des morts d’hommes, mais aussi des circuits qui peuvent bloquer la compétitivité des entreprises». Avant de réclamer la mise en œuvre des recommandations, issues des états généraux de 2013.
Il s’est par ailleurs félicité de l’adoption par le président de la République du plan d’action issu du Pacte national de stabilité et d’émergence, chiffré à 3 milliards de francs Cfa.
Présidant la rencontre, Odile Faye Diédhiou, représentante du ministre du Travail, du dialogue social, des organisations professionnelles et des relations avec les institutions, a invité la Caisse sociale de sécurité à continuer d’appuyer techniquement les comités d’hygiène et de sécurité au travail et à sensibiliser les chefs d’entreprise dans le sens de veiller à assurer la formation continue de leurs agents dans le but de garantir la sécurité et la santé dans tous les lieux de travail
«EN MATIERE D’ENERGIES RENOUVELABLES, LE SENEGAL EST A L’AVANT-GARDE»
Coordonnateur du Salon international des énergies renouvelables et de l’environnement en Afrique (Siera), Ibrahima Ndoye affirme que le Sénégal, qui se fixe comme objectif «d’atteindre un taux de pénétration des sources d’énergies renouvelables et des biocarburants d’au-moins 15% dans la consommation intérieure d’énergie d’ici à 2020», est à l’avant-garde sur le continent en la matière.
Dans le cadre de leur plan d’activités, les organisateurs du Salon international des énergies renouvelables et de l’environnement en Afrique (Siera) se sont retrouvés, hier, autour d’un colloque pour échanger sur les différentes filières du secteur des énergies renouvelables et du sous secteur de l’environnement. Cette rencontre qui regroupe les professionnels, les chercheurs, les autorités publiques, les représentants d’organismes internationaux et les bailleurs de fonds, vise à promouvoir, vulgariser et développer les énergies renouvelables en Afrique. Aussi, voir comment accroître les moyens d’exploitation et d’utilisation du potentiel du continent, tout en préservant l’environnement.
Selon Ibrahima Ndoye, coordonnateur du Siera, «au Sénégal, beaucoup d’études qui ont été effectuées dans ce domaine révèlent qu’en matière d’énergies renouvelables, notre pays fait partie des pionniers et se trouve à l’avant-garde. Le seul problème qui ralentit un peu la bonne marche de ce secteur se trouve au niveau de l’application des lois. Mais je pense qu’avec le Pse, qui réserve une grande partie au mix énergétique, les énergies renouvelables ont de beaux jours dans l’avenir». Raison pour laquelle, dit-il, «il est maintenant temps de passer à l’action et de mettre en valeur la pratique des potentialités énergétiques de l’Afrique».
Pour sa part, Hamadou Sy, directeur de cabinet du ministre de l’Energie et du Développement des énergies renouvelables, estime que «le sous-secteur des énergies renouvelables représente un enjeu considérable, relativement à l’atteinte des objectifs d’amélioration de l’indépendance et de la sécurité énergétique au Sénégal, mais également à l’échelle continentale. C’est ce qu’il faut comprendre dans l’option prise par le gouvernement sénégalais de développer les énergies renouvelables. Et l’impérieuse nécessité de sécuriser l’approvisionnement énergétique et de réduire la dépendance aux importations de combustibles fossiles».
Il précise aussi que «la vocation du ministère de l’Energie et du Développement des Energies renouvelables du Sénégal est d’apporter des solutions durables et accessibles pour non seulement assurer un ravitaillement énergétique satisfaisant, mais aussi et surtout pour créer les conditions d’un développement harmonieux des énergies renouvelables au Sénégal. Cependant, ce développement qui se doit d’être parfaitement maîtrisé est un impératif pour concilier nos objectifs de lutte contre le changement climatique et nos objectifs de sécurité d’approvisionnement en énergie».
Un objectif de 15% de sources d’énergies renouvelables en 2020
«Et cette démarche lancée par le Siera nous permettra de répondre à ce double besoin de nos populations qui, si elles veulent effectivement jouir d’une fourniture constante en énergie, ont également de plus en plus conscience de l’importance, pour elles, que la problématique du changement climatique soit correctement prise en charge», ajoute t-il.
«La transition énergétique est un facteur de dynamisme pour notre économie, pour sa compétitivité et pour sa croissance. C’est surtout que nous en sommes tous conscients, un levier pour la préservation de notre environnement et de notre planète. Elle doit être une des priorités de l’Afrique. Car, ne nous trompons pas, l’environnement est l’affaire de tous», souligne M. Sy, selon qui, «la transition énergétique s’articulera essentiellement par la diversification des sources de production d’électricité en vue de baisser les coûts en faisant recours, notamment au charbon, au gaz naturel et aux énergies renouvelables».
En effet, l’objectif affiché du Sénégal c’est «d’atteindre un taux de pénétration des sources d’énergies renouvelables et des biocarburants d’au moins 15% dans la consommation intérieure d’énergie d’ici 2020». Et face à ce défi, le ministère de l’Energie s’engage également, pour donner à ce sous secteur un nouvel élan, en concordance avec la quête de sécurité énergétique, une dynamique qui s’inscrit dans la durée et qui est à la hauteur des ambitions du développement durable.
«MACKY SALL, SON PROBLEME EST LIE AU CASTING DE CEUX QU’IL RECRUTE POUR L’AIDER DANS LA COMMUNICATION»
PAPE ALCALY BEN MOUHAMED DIOUF, EXPERT EN MARKETING POLITIQUE
Directeur général d’un cabinet spécialisé dans l’événementiel politique, Pape Alcaly Ben Mouhamed Diouf est un professeur de Marketing et communication politique dans un Institut de la place. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il analyse la communication du Président Macky Sall qui a récemment reconnu qu’il y a des failles dans la communication gouvernementale.
Récemment, le président de la République a relevé des failles dans la communication gouvernementale. En tant qu’expert en communication, comment analysez-vous cette sortie ?
Je pense que c’est un aveu d’échec de la part d’un président de la République de dire que sa communication a des failles. Le mieux, c’est de se séparer de ceux qui gèrent sa communication. Ce qui se passe, c’est que la plupart des chefs d’Etat africains s’entoure de journalistes, parce qu’ils ont besoin de plaire aux journalistes qui ne les caressent jamais dans le sens du poil et ont toujours la plume trempée dans le vitriol. Ils s’entourent de journalistes pour satisfaire la communication, alors que la communication moderne est multidisciplinaire. En dehors des journalistes, il y a les bloggeurs et autres. Il y a des journalistes qui n’ont pas cette équipe pluridisciplinaire, c'est-à-dire les vendeurs. Pour vendre, on n’a pas besoin de journalistes, car les journalistes ne s’intéressent qu’au train qui vient en retard. S’ils s’intéressent à la communication du président de la République, c’est parce que le Président a un temps de retard par rapport à ce monde. Si on veut vendre un programme, c’est le travail d’une équipe de marketing et de publicitaires qui doivent être accompagnée par des journalistes. La liste peut ne pas se limiter là, il peut même y avoir des sociologues, mais le gros problème des chefs d’Etat, c’est qu’ils confient leur communication à des journalistes qui ne font que dire ou répéter ce qu’il ont vu. Il y a une différence, si on veut vendre un bien tangible, comme l’autoroute lla Touba, et un bien non tangible, comme la Couverture maladie universelle. Et cela, le journaliste ne le maîtrise pas, ce sont des concepts que maîtrise tout étudiant en marketing. Donc, le gros problème de tous ces présidents africains, Macky Sall y compris, c’est que la communication est confiée à des journalistes ou des chroniqueurs.
Pourtant parmi les communicants du Palais, certains ont fait marketing et communication politique, et malgré tout, le problème demeure toujours…
C’est parce qu’il ne peut rien faire à part dire que le Président a fait cela ou organiser une conférence de presse kilométrique. Ce qui n’est pas possible, car les gens vont finir par dormir dans leur fauteuil
Est-ce à dire que les rencontres avec la presse qui tirent en longueur sont aussi un autre problème de communication ?
Cela n’est plus de la communication, ça devient un monologue bidirectionnel. Si je prends l’exemple de Barack Obama, quand il fait ses conférences de presse, l’introduction dure en moyenne 10 minutes ou moins, et le format de toute la rencontre avec la presse ne dépasse pas une heure. Le Président français, il fait des conférences de presse qui durent 2 heures 30 minutes. Mais, si vous regardez les dernières conférences de presse de François Hollande, elles ont été beaucoup réduites. Maintenant, les conférences de presse, c’est dans le format 1 heure ou 1 heure 30 minutes. Là, nous avons typiquement le cas d’une conférence de presse sénégalaise.
Vous avez, tantôt, conseillé à Macky Sall de se débarrasser de ses chargés de communication. Est-ce la solution ?
Se débarrasser, c’est beaucoup. Mais, il faut qu’il étoffe son staff de communication globale. Cela ne s’arrête pas à la communication tout court. La communication globale, c’est très large, c’est y intégrer d’autres professionnels comme des spécialistes en marketing, des sociologues, des publicistes. Il faut revoir les choses. Il y a toujours eu ces problèmes de communication au niveau de la Présidence. Pourtant, Macky Sall a été Premier ministre sous Wade, mais il a hérité de ses problèmes de communication. Sous Wade, il y a avait une overdose de communication. Le Président communiquait sur tous les sujets.
Qu’est-ce qui explique réellement ce problème de communication au niveau de la Présidence ?
A mon avis, pour qu’un Président communique vraiment bien, il faudrait que le Président, lui-même, se débarrasse de son parti. C’est la première chose. En Guinée, la Constitution a inscrit que lorsqu’on est Président, on démissionne de son parti. A partir du moment où on dit qu’on devient Président de tous les Sénégalais, il n’y a pas de communication bicéphale. Parce que là, ce qui se passe, c’est que cette bicéphalie pousse le Président à mal communiquer, il doit communiquer pour son parti. Ce qui a été à l’origine des dérapages par rapport à sa conception de la transhumance. Lorsque Macky, le président de la République, communique sur la transhumance, il le fait au profit de son parti, mais pas au profit du peuple. Tant que le Président du Sénégal sera affilié à son parti, il aura des problèmes de communication, parce qu’il faudra qu’il communique aussi bien pour son parti que pour le pays, et ce n’est pas la même chose. Le parti et le pays sont deux choses totalement disproportionnées.
Vous avez dit tout à l’heure qu’avec Wade, il y a eu une overdose de communication. Mais, si nous prenons le cas d’Abdou Diouf, il ne faisait pas beaucoup de communication. Malgré cela, il avait des problèmes de communication…
C’est vrai que Diouf était un technocrate, alors que Wade est un intellectuel, un avocat par essence. Et c’est vrai que les avocats ont tendance à toujours communiquer, c’est l’art de leur métier. L’avocat n’a pas une obligation de résultats, mais de moyens. Ce qui explique les dérapages au niveau de l’overdose de la communication de Wade. Ce dernier qui a regroupé des diplômes un peu partout avait tendance à mettre son grain de sel dans tout. Macky Sall, son problème est lié au casting de ceux qu’il recrute pour l’aider dans la communication. Ces personnes ont tendance à se mettre en avant. Ils sont là, d’abord, pour eux, pour briller, avant de faire briller leur client qui est le président de la République. Ils ont tendance à s’exposer dans les médias et autres. Je crois que ce sont des personnes qui sont là pour se vendre et non pour vendre leur client.
Mais, est-ce que Macky Sall n’est pas lui aussi un peu responsable de cette situation, parce qu’on a constaté, lors de sa dernière sortie, qu’il est allé contre la volonté de son chargé de communication, en ouvrant une dernière liste de questions ?
Je crois que s’il a fait cela, c’est parce que qu’il est conscient que ses chargés de communication ne sont pas de bons professionnels. Parce qu’un Président qui a un bon chargé de communication, lorsque ce dernier dit que c’est terminé, ça s’arrête là. Mais, s’il fait autre chose, c’est parce que ce sont ses chargés de communication qui ne se font pas respecter.
Parlons maintenant du ‘je’ de Macky Sall. Il aime utiliser le terme ‘je’ dans ses discours. Quelle analyse en faites-vous ?
Ce sont les ‘je’ d’un chef de parti. Comme je l’ai déjà dit, tant que le Président sera chef de parti, il aura toujours tendance à dire ‘je’, c'est-à-dire, c’est mon parti, c’est moi le président de l’Apr, et je dégomme qui je veux. C’est une attitude politicienne qui fait abstraction de son Premier ministre, de son gouvernement. On a l’impression que le Président est en même temps ministre, Premier ministre.
Et c’est ce qu’il reprochait à Me Wade…
Voilà. Macky est quand même l’élève de Wade.
A côté du chef de l’Etat, il y a le porte-parole du gouvernement. Certains disent qu’il a un problème de communication, surtout après sa sortie par rapport à la réduction de la durée du mandat présidentiel ?
Me Oumar Youm est un porte-parole qui a deux casquettes. J’ai toujours déploré qu’au Sénégal qu’il y ait une pléthore d’avocats dans les gouvernements. Ces Maîtres qui ne sont pas là que pour donner des leçons à leurs élèves ont tendance à confondre leur profession d’avocat. Je pense qu’actuellement, il y a un manque de confiance. Car s’ils étaient sûrs de gagner l’élection, ils allaient accepter les 5 ans. Mais, puisque la date fatidique approche de plus en plus, et ils ne sont pas sûrs de gagner cette élection, les sorties se multiplient. Ils ne peuvent compter que sur les voix de Niasse. Tant qu’ils ne sont pas rassurés, je peux certifier que Macky Sall n’ira pas à la Présidentielle en 2017.
Est-ce que vous êtes en train de dire qu’il n’y aura pas de référendum pour réduire la durée du mandat présidentiel ?
En ce moment, ils font les études, et il n’y a pas de date retenue. Il n’y a aucune certitude, même concernant la date.
Pourrait-il s’en sortir en faisant un «Wax waxeet» ?
Si j’étais son conseiller, je lui demanderais de se dédire et de faire deux ans de plus, s’il veut parachever ses réalisations, même s’il devient impopulaire. Sa parole n’engage que sa propre personne, et personne d’autre. C’est lui le Président, mais c’est une parole. On peut se tromper. L’erreur est humaine.
Que pensez-vous de la communication de Me Wade ?
Wade est un très grand communicant, il a été pendant longtemps dans l’opposition, et cela l’a forgé. Maintenant, il est dans l’opposition avec un clou dans le pied, parce que ses réactions peuvent s’expliquer par le fait que beaucoup d’entre-eux sont en prison. Wade est un ancien chef d’Etat qui est toujours chef d’Etat. Ses déplacements sont ceux d’un chef d’Etat, et ses journées sont des journées de chef d’Etat. Donc, il a tendance à croire qu’il est toujours chef d’Etat, surtout que Macky Sall a été son Premier ministre. Donc, on peut comprendre cet excès de zèle.