Selon Père Armel de l’église de Bountou Pikine, l’adultère est un péché dans la religion chrétienne. Et même, l’un des dix commandements indique que l’adultère est interdit.
Avec ces dix commandements, dans l’ancien testament existant du temps de Moise, l’ordre avait été donné pour qu’une femme prise en train de commettre l’adultère, soit tuée à coups de cailloux. Mais, estime-t-il, avec l’arrivée de Jésus Christ, il est requis qu’une femme prise en flagrant délit d’adultère ne soit pas tuée, mais aidée à surmonter les causes qui l’ont poussées à s’adonner à la pratique. En cas, d’adultère, l’église soutient que le coupable n’est pas la femme uniquement, mais son amant aussi.
Ainsi affirme, Père Armel, une femme qui s’engage dans une relation adultérine, doit être motivée par diverses raisons, la punir ne fait qu’augmenter ses problèmes. «Une femme mariée et qui s’entend bien avec son mari, n’a pas besoin de commettre l’adultère», soutient-il.
Père Armel trouve que la meilleure solution à ce problème est de connaître les raisons afin que des solutions puissent être trouvées. En définitive, il soutient que l’église est contre l’adultère, mais ne punit pas les gens qui font la pratique.
OUSTAZ ALIOUNE SALL, ISLAMOLOGUE ET PRECHEUR A SUD FM
"Avant toute punition, il faut que l'infidélité de la femme soit attestée par 4 témoins venant d'horizons divers"
De l'avis de l'islamologue et prêcheur à la radio Sud Fm, Oustaz Alioune Sall, l'adultère est banni par la charia, loi musulmane et qui ordonne que, "si 4 témoins venant d'horizons divers et sans aucun lien attestent de la véracité des faits reprochés à la femme mariée, qu'elle soit simplement tuée à coups de cailloux".
Oustaz Alioune Sall juge que le phénomène ne résulte pas de l'essor des technologies de l'information et de la communication, car existant depuis longtemps. Pour lui, seule la maitrise des enseignements religieux peut résoudre le problème.
L'islamologue trouve, par ailleurs, que les parents doivent très tôt donner leurs filles en mariage. Oustaz Alioune Sall juge que les raisons qui poussent une femme mariée à être infidèle à son conjoint sont les mariages tardifs et le refus des parents à donner leurs filles à la personne de leur choix.
Par ailleurs, poursuit-il, "si dans une société, il est retenu qu'une femme doit s'habiller à sa guise, dire ce qu'elle souhaite et faire tout ce qu'elle a envie et fait tous ses loisirs, le phénomène ne peut pas manquer d'être récurrent dans la société".
Oustaz Alioune Sall estime qu'il y a dans le physique de la femme, des choses qui attirent et dans ce cas, elle doit s'habiller de manière à couvrir toutes ses formes. La cupidité, le matérialisme et le fait d'être pressé constituent d'autres raisons qui poussent les femmes à commettre un tel péché, ajoute le prêcheur.
Selon le sociologue, Djiby Diakhaté, l’existence de l’adultère dans la société sénégalaise résulte d’une crise des valeurs qui émane de l’éloignement de l’individu par rapport à certains faits importants pour une cohésion sociale.
Qu’est-ce qui explique l’infidélité féminine ?
L’adultère résulte de la crise des valeurs. Et cette crise, trouve sa réponse dans l’éloignement. L’éloignement de l’individu par rapport à la famille qui a toujours été la cellule sociale de base à l’intérieur de laquelle on inculque à l’individu des principes éthiques qui par la suite donnent une orientation aux conduites de la personne. Ce qui fait que lorsque l’individu sort de la famille, il n’a pas honte mais, a le scrupule de faire certaines choses. Cela veut dire qu’il a intégré des principes, des valeurs qui intérieurement l’obligent à avoir un type de comportement qui satisfait l’honneur de la famille toute entière. Aujourd’hui, la famille a tendance à ne plus assumer ses responsabilités et sa mission de formation par rapport à l’individu. Le deuxième éloignement, c’est par rapport aux modèles.
Nous sommes dans une société qui développe des contre-modèles. Au Sénégal, l’honnêteté est devenue un délit, cela veut dire qu’on est en train de prendre des contre-modèles comme des modèles. Naguère, la femme avait comme référence : sa mère ou sa grand-mère qui étaient de bonnes épouses. Aujourd’hui, ce sont des contre-modèles qui sont offerts aux jeunes, notamment à travers la télévision et Internet. Il y a aussi, l’éloignement par rapport aux ressources. La pauvreté gagne du terrain. Le mal-vivre prend des proportions élevées. Lorsque la pauvreté se développe dans un contexte où la famille ne joue plus son rôle et que les modèles sont des contre-valeurs, à partir de ce moment là, il y a des dérapages.
L’adultère s’explique aussi par la recherche de ressources dans un contexte de pauvreté de plus en plus accrue. Il y a aussi l’éloignement par rapport à la communauté. Dans les sociétés traditionnelles, il était difficile de poser des actes déviants parce que la communauté surveillait tout le monde. On ne pouvait pas se permettre de verser dans la marginalisation parce qu’après on était en prison communautaire. La prison n’était pas un espace carcéral, éloigné, mais c’est dans la communauté qu’on vous enfermait. Personne ne parle avec le coupable, ni souhaite être son ami et à partir de ce moment, la femme est emprisonnée. Aujourd’hui, il n’y quasiment pas de surveillance communautaire. Il y a une sorte d’anonymat qui a tendance à se développer notamment dans les espaces urbains et périurbains. Les déviants bénéficient d’une marge de liberté de plus en plus grande. Ces phénomènes d’éloignement nous ont installés dans une situation où l’adultère a tendance à être légitimée.
Quelles sont les conséquences de l’adultère sur le couple et la société ?
La conséquence est d’abord un sentiment de frustration aussi bien du côté de l’homme que de la femme. L’adultère déséquilibre le couple. Si par ailleurs, le couple a des enfants, il est clair que s’ils sont au courant, c’est un choc terrible qu’ils vivent. Ce qui peut constituer un handicap. Pour leur développement. Il y a souvent des enfants qui auront des difficultés à faire de bons résultats à l’école ou sont incapables d’avoir de bonnes décisions psychologiques ou encore un bon comportement parce qu’ils ont été profondément choqués de ce qu’ils ont entendu de leurs parents. L’infidélité est un manque à gagner économique qui peut être important pour la société. En réalité, le couple qui a été déstabilisé par le phénomène d’adultère, s’il travaille n’aura pas toute la concentration pour faire sa tâche convenablement. L’adultère fait naître chez le conjoint un niveau de stress très élevé. Il peut devenir un problème de santé publique. Il existe des personnes qui ont des maux divers, des problèmes d’équilibres psychiques, car ils ont le stress lié à la vie du couple et à son instabilité.
Existe-t-il un lien entre culture et l’infidélité ?
On peut considérer que lorsqu’une culture est très permissive, libérale et l’acteur est libéré dès le bas âge, cela peut être la porte ouverte à certaines formes de délinquance. Par contre dans une culture plus exigeante, plus austère, plus regardante et en même temps plus inclusive et mettant l’accent sur le fait que tout le monde doit être ensemble, développe l’esprit de communauté, cette culture ne laisse pas une grande place à des actes déviants de ce genre. Malheureusement, avec le phénomène d’occidentalisation, le Sénégal est en train de développer des cultures libérales, ce qui fait que l’acteur revendique un espace d’autonomie beaucoup plus grande qui consiste à dire : je suis libre, je fais tout ce que je veux. Personne n’a le droit de s’immiscer dans ma vie privée. Maintenant très tôt, des jeunes ont leur appartement et ça ne choque plus personne.
Quel est l’impact des réseaux sociaux sur le phénomène ?
Il y a des moyens de communication qui facilitent les rencontres et les contacts et dès fois même les négociations. Cela crée un nouvel espace qui vient s’infiltrer dans la culture et qui occupe une place de plus en plus grande, notamment les jeunes scolarisés vivant dans les centres urbains. Ce qui fait que maintenant cela devient un peu difficile de savoir la vraie prostituée. Aujourd’hui, il y a une prostitution qui se fait à distance dans l’intimité et la discrétion la plus totale.
Existent-ils des solutions à l’infidélité féminine ?
La solution est d’aller vers le phénomène de proximité. Il faut rompre avec l’éloignement et aller vers la proximité. Il faut que le ministère de la famille joue sa partition en termes de renforcement des ménages. C'est-à-dire, qu’est-ce qu’on peut faire pour que les ménages puissent disposer de suffisamment de ressources dés le bas âge. Il faut aussi revoir l’école sénégalaise, il faut qu’on ait une école sénégalaise et non une école au Sénégal. Une école qui reflète les modèles sénégalaises et soutient la culture. Une école d’ouverture et d’enracinement. Il faut aussi appuyer les promoteurs et producteurs culturelles. Il faut qu’on cesse de penser que la culture c’est simplement le folklore. La culture est une identité qu’il faut défendre. Faire en sorte que le théâtre local et le cinéma se développent. Il faut aussi qu’il ait une production culturelle vivante qui permet de contrecarrer ce qui vient de l’extérieur. Il est aussi nécessaire d’avoir des politiques publiques orientés vers la lutte contre la pauvreté.
«L’INFIDELITE FEMININE SE PORTE BIEN ET A DE BEAUX JOURS DEVANT ELLE»
PROFESSEUR OUMAR NDOYE, PSYCHOTHERAPEUTE AU SERVICE DE PSYCHIATRIE DU CENTRE HOSPITALIER ET UNIVERSITAIRE DE FANN
De l’avis du professeur et psychothérapeute à la psychiatrie du centre hospitalier et universitaire de Fann, Oumar Ndoye, l’adultère est une pratique en pleine propagation dans la société sénégalaise. C’est un phénomène, dit-il dans cet entretien, qui risque de perdurer, eu égard à ses causes.
Qu’elle est l’ampleur de l’infidélité féminine dans la société ?
L’infidélité féminine se porte très bien au Sénégal et elle a de beaux jours devant elle.
Pourquoi affirmez-vous cela?
Il existe deux explications, une psychiatrique et l’autre sociale.
La psychiatrie comment l’expliquez-vous ?
Selon la psychiatrie, il existe beaucoup de choses qui expliquent la recrudescence de l’adultère. On explique le phénomène en partant de l’enfance. Très tôt, l’enfant a des stades de développement qui sont ponctués par le sexuel d’une manière générale. La première forme de sexualité chez un enfant est l’allaitement. Quand l’enfant tète le sein de sa mère à un certain moment, il commence à se rendre compte que le sein ne procure simplement pas du lait, mais aussi du plaisir. C’est ainsi que l’enfant demande le sein des fois et tète jusqu’à s’endormir. Par ailleurs, quand on veut plus lui donner le sein, il trouve quelque chose d’extraordinaire. Il met le doigt dans la bouche pour remplacer le sein. Le doigt devient ainsi, la première activité masturbatoire. Après ce stade, Il y a d’autres étapes, le stade anal par exemple. Ce sont ces stades qui vont déterminer la vie sexuelle de l’adulte.
Tout se joue avant 6 ans comme l’explique le complexe d’Œdipe. A 5 ans, le garçon est plus prêt de sa mère que de son père et la fille plus prête du père que de la mère. C’est un jeu de triangulation vraiment important. La petite fille de 5 ans qui va essayer d’attirer son père et va presque jalouser sa mère, car son père représente quelque chose d’énorme. Plus tard, quand elle va être mariée, cette fille va toujours être dans la recherche de cet homme idéal, qu’a été son père. La femme qui se marie commence à avoir des relations intimes avec son époux, mais quelque part, pour elle, ça peut être même considéré comme des rapports incestueux. Il y a par exemple des femmes qui appellent leur mari « papa ». Psychologiquement, elles peuvent être dans cette recherche de la relation idéale qu’elles ont voulu avoir avec le père. Le mari peut représenter ainsi le père et à un certain moment, la relation supposée incestueuse entre le mari qui est considéré comme père n’est plus pertinente d’où la possibilité d’aller chercher ailleurs une relation normale.
S’agissant des pratiques sociales, qu’est-ce qui explique qu’une femme sente l’envie d’être avec un homme autre que son mari ?
Il y a plusieurs facteurs. Il peut y avoir la possibilité d’une vengeance : la femme sénégalaise voyant que son mari est infidèle et n’y peut rien, a envie de se venger. Ça peut être aussi l’ennui, (le fait de se sentir inconsidérée). Le mari couche à peine avec son épouse, ceci peut être une raison d’aller voir ailleurs. Une autre raison peut aussi être les fréquentations. Une femme qui est dans les masses, les associations, les comités, sous forme d’influence peut être entraînée vers cette forme d’infidélité. Il peut y avoir aussi, un problème financier. Il y a de plus en plus de familles où les hommes ne donnent pas ce qu’ils devraient donner et la femme peut être intéressée par l’argent et aller vers quelqu’un qui peut lui en fournir de temps en temps. Il y a aussi deux formes d’infidélité : L’infidélité sexuelle et l’infidélité affective. L’homme dans son infidélité est généralement sexuel. Il part satisfaire son besoin avec une femme qui lui plait et avec qui, il peut satisfaire son désir. La femme quant à elle, mélange un peu les deux : le sexuel et l’affectif.
La raison la plus fondamentale est que le sexe est maintenant libéré au Sénégal. Et la contraception y a contribué. Le planning familial a libéré la femme sénégalaise. Désormais elle sait qu’elle peut faire l’amour sans être enceinte. Les femmes sont aussi libérées par les films pornographiques, la télévision, les séries, mais aussi Internet. J’affirme cela, parce que l’homme traditionnel sénégalais quand il faisait l’amour il éteignait la lumière et tout se passait dans l’obscurité. Il ne s’occupait pas de sa femme. L’homme satisfaisait son besoin et c’est terminé. On ne se souciait pas de la femme et celle-ci se contentait de ce qu’on lui offrait. Ainsi, c’est comme si quelque part elle n’a pas droit au plaisir.
Aujourd’hui ce qui se passe, c’est comme si dans cette obscurité, il y a un faisceau lumineux qui est apparu et la femme a vu le jour. La femme sénégalaise a appris ces dernières années que le corps pouvait jouir et sentir du plaisir. Quand elle discute avec des amis elle se rend compte qu’il y a des choses que le mari ne lui donne pas et il y a une raison fondamentale d’aller voir ailleurs. Quand les hommes ne s’occupent pas bien de leurs femmes et que ces dernières savent que c’est possible d’avoir un orgasme, le pas à faire n’est pas grand. Certes, il existe des tabous religieux, mais celles qui sont infidèles sont des croyantes aussi. Mais seulement, à un moment donné, elles se disent pourquoi pas et essayent ainsi par curiosité. Elles entendent leurs collègues, leurs copines et leurs amies dirent que cela s’est bien passé. La maltraitance, la violence etc., peuvent jeter la femme dans les bras de l’autre.
Existe-t-il des femmes qui viennent en consultation dans votre structure pour infidélité ?
Bien sûr.
Comment se comportent-elles?
Lors de la première séance, elles ne diront jamais être venues en consultations pour infidélité, mais elles viennent pour des rapports conflictuels avec leur mari. Ce n’est qu’après que l’on arrive à l’infidélité. Elles ne viennent pas par hasard pour déclarer leur infidélité, mais c’est dans cadre d’un travail que l’infidélité peut sortir et nous dans notre position, il n’est pas de notre rôle de les condamner. Nous ne sommes pas là pour les juger. Il y a certes des fois des remords, mais le corps est fait pour vibrer et que la sexualité, est importante. La sexualité ce n’est pas pour avoir des enfants, un couple sans sexualité ne fonctionne pas bien.
S’il n’y a pas une bonne sexualité dans le couple en général, il y a des difficultés. Et là survient le dilemme. Certaines femmes ne veulent forcement pas divorcer et souhaitent vivre avec leur mari, mais elles ont un gros problème parce qu’elles ne jouissent pas avec leur mari et la difficulté est comment le dire au mari. Le plaisir que peut avoir une femme n’est pas que vaginal. Il peut venir de plusieurs zones érogènes. Le mari en général n’explore pas, l’amant quant à lui prend plus de temps. La femme ne fait que passer du bon temps avec l’amant. L’orgasme de plaisir ne peut être possible que dans un climat de paix et de sérénité.
A quel moment du mariage, la femme devient-elle infidèle à son époux ?
Dans les premières années du couple en général, il n’y a pas d’infidélité. Mais au bout de la quatrième année, peuvent commencer certaines difficultés et cette infidélité peut être bénéfique pour le couple.
Comment ?
Certaines études ont montré que l’infidélité sauve le couple. A un moment donné, cela ne va pas dans le couple, la femme ne se sent pas bien, elle va se trouver un amant. L’infidélité vient compenser l’insuffisance notée chez le mari. La discussion est importante et les couples ne discutent plus. Le mari ne comprend pas les problèmes de sa femme et au lieu d’aller vers le divorce, la femme va trouver un amant qui va lui apporter ce qui lui manque dans son couple.
Généralement où est-ce que la femme rencontre pour la première fois son amant ?
Les études montrent que l’infidélité se passe souvent avec des gens du travail. La femme quand elle part au travail, elle veut être coquette, les Sénégalaises par essence aiment s’habiller d’une certaine façon pour charmer qui ? Elles ne le font pas pour charmer quelqu’un, mais en tout cas, elles souhaitent qu’on les trouve belles. C’est pour cela que toutes les études montrent que le premier lieu d’infidélité est le milieu professionnel et ses dérivées. Les amants sortent la plupart du cas du lieu de travail. Il y’a aussi d’autres endroits telles que les salles de gymnastique, et toutes les autres occasions ou les gens sont mélangés et cela s’explique.
Quelle est l’explication ?
Il y a des maris qui n’accordent pas d’intérêt à leurs femmes. Cela veut dire si la femme est coquette pour aller au bureau, apprécies-la avant que d’autres ne le fassent. Parce que si le mari ne le fait pas, d’autres vont le faire. Toutes les femmes sont sensibles aux appréciations, même si elles ne le montrent pas. Et psychologiquement cela peut jouer. La même personne, le même homme lui dit toujours vous êtes coquette et bien habillée à un certain moment quand la femme s’habille, elle pense à cette homme. Pis, la femme passe plus de temps avec ses collègues du bureau qu’avec son mari.
Comment prévenir l’infidélité féminine ?
Il faut que l’homme ait toujours en tête le phantasme de départ, ce qui l’a poussé à épouser la fille. Quand on veut se marier avec quelqu’un on a toujours des phantasmes avec cette personne. Que ça soit sa beauté, sa richesse ou son comportement et se dire que cette flamme qui m’a habité jusqu’à vouloir me lier avec cette femme, il faut que je l’entretienne toujours. Elle doit être comme la flamme olympique qui ne s’éteint jamais. Les sentiments, l’intérêt de la femme pour l’homme doivent être à l’image de cette flamme. Le jour où cette flamme s’éteint, la femme ira ailleurs.
La femme a besoin d’être considérée comme une femme. Elle a besoin de sentir qu’elle est encore belle, désirable et coquette. Malheureusement, à un moment donné, les hommes considèrent la femme comme la mère des enfants et ça s’arrête là. Les hommes ne voient plus chez leur femme beauté et coquetterie. Même quand elle s’habille, l’homme ne dit rien. Il faut accorder à sa femme, les attributs, les sentiments qu’on avait dès le départ. Et avec ça en général, la femme reste. La prévention peut être possible, mais seulement si la femme sente son mari comme au début de leur union. Au Sénégal malheureusement au bout de 10 ans de mariage, beaucoup de choses sont banalisées. La femme est sensible aux flatteries. Il faut que l’homme s’occupe de sa femme et surtout aussi lui parler. Il faut que les gens osent parler de leur sexualité.
L’ADULTERE MOTIF D’ECLATEMENT DE COUPLES ET DE DIVORCE
Dans la banlieue, les cas d’adultère sont récurrents. Le phénomène est même en passe de devenir une mode, même s’il constitue un sujet tabou. L’adultère constitue un des facteurs qui font éclater beaucoup de couples. Les causes de ces pratiques sont multiples et l’adultère constitue aussi un motif de divorce au tribunal.
Pour cet homme sous le couvert de l’anonymat, le phénomène gagne de l’ampleur à cause de la société qui embrasse la philosophie du libéralisme. « Nous ne vivons plus dans un monde des valeurs, mais de saveurs, raison pour laquelle les problèmes d’adultères font souffrir bon nombre de maris qui supportent difficilement les ‘’sorties’’ de leurs épouses. Une souffrance qui consume intérieurement ces maris cocus jusqu’au divorce ».
Et d’ajouter : « si on parle de l’adultère, on fait allusion aux normes, mais actuellement on parle du monde de ‘’Beguée’’(de l’avoir), un monde de récréation, un monde d’instinct bafouant les fondamentaux de la vie», lance notre interlocuteur qui semble dire que la perversion des mœurs gagne du terrain. Pour cet autre interlocuteur, c’est l’impuissance sexuelle qui pousse les femmes mariées à chercher un autre homme dans la clandestinité pour une partie de plaisir : « Nous avons été témoin d’une histoire de divorce. La femme qui a enregistré 30 ans de mariage a demandé le divorce pour retrouver un homme plus valide sexuellement », renseigne notre interlocuteur.
Louis Mendy de pointer du doigt les longs voyages des maris qui peuvent durer plusieurs années : « Récemment un cas s’est produit dans ma localité. La femme d’un modou-modou qui s’est faite enceintée par un voisin. Un motif pour le mari de répudier son épouse. .Voyez-vous un mari qui fait plusieurs années à l’extérieur alors qu’il avait consommé le mariage sexuellement avant de partir .Si la femme n’est pas bien psychologiquement elle risque de s’adonner à l’adultère avec ses ex copains » révèle Louis.
Et de renchérir pour évoquer le problème des mariages forcés qui envoient la fille dans les bras de son amant pour des parties de plaisir : « Les mariages forcés font que la femme mariée de force , sorte pour aller rencontrer la personne de son choix au péril de son mariage. Des rencontres qui aboutissent à des actes sexuels. Dés fois au vu et au su de tout le monde », souligne Louis .
La pauvreté pousse aussi les femmes mariées à s’adonner à la prostitution pour nourrir leur famille .Des cas avérés d’adultère et souvent les maris sous la contrainte de la facilité, laissent leurs femmes s’adonner à telles pratiques.
A la barre l’on s’abstient d’en parler…
Sur le plan juridique, bon nombre de divorces découlent d’une histoire de sexe, mais les deux conjoints s’abstiennent de l’évoquer durant les procès ou lors des médiations, parce que le sujet est considéré comme tabou, révèle un juriste. Beaucoup de plaintes atterrissent au tribunal, mais souvent ce sont des condamnations avec sursis. Il est très difficile d’établir des preuves pour ces cas d’adultère, renseigne toujours un juriste même si ce dernier confirme que des cas sont enrôlés pour demande de divorce.
L’adultère par ignorance
Par ignorance des femmes commettent l’adultère. Il arrive qu’une femme divorce d’avec son mari sous le coup de la colère. Cette dernière se remarie sans pour autant d’abord chercher un certificat de divorce, les enfants qui naissent de cette nouvelle union sont considérés comme des enfants adultérins aux yeux de la loi. Si son premier mari brandit un certificat de mariage devant le juge, le délit de bigamie est constaté sur place. Selon une juriste, la femme a le droit d’aller se faire établir un certificat de mariage, sans s’accompagner de son mari au tribunal mais doit adopter le régime de polygamie, renseigne une juriste.
Y’a-t-il une jurisprudence pour ces cas d’adultère où l’établissement de preuves par l’homme n’est pas une chose facile ? Même pour la religion islamique pour confirmer l’adultère, il faut que forcement plusieurs personnes issus de milieux différents constatent de visu la forfaiture pour dire qu’il y a adultère. L'adultère en banlieue casse les couples et implante le malaise dans beaucoup de familles.
Même si la question n’est pas souvent soulevée dans les places publiques, l’infidélité des femmes mariées est de plus en plus constatée dans la société sénégalaise. Le fait alimente souvent les discussions dans les quartiers et les réseaux sociaux. Les personnes interrogées donnent les raisons de la propagation de cette pratique dans une société où souvent la sexualité est un sujet tabou. L’occidentalisation de la société fait le lit de certaines libertés qui riment souvent, hélas, avec libertinage. Résultat des courses, l’épouse revendique son espace de liberté, de vie privée à l’intérieur du couple. Un espace dont l’accès est strictement interdit au mari légitime.
Femmes infidèles ou épouses volages qui trompent leur mari pour diverses raisons. Le fait existe avec son cortège de justifications ou d’explications. Toutefois, les raisons qui poussent une femme mariée à se trouver un amant sont diversement appréciées. Mariama Gueye, la quarantaine dans les liens du mariage depuis plusieurs années, reste bouche bée après l’évocation du sujet. Et pourtant, reconnait-t-elle, « il y a des femmes mariées avec des enfants qui ont des amants ». Interrogée sur les motifs, elle estime que « certains maris ne s’occupent pas bien de leurs femmes. Comment imaginez-vous qu’une femme avec des enfants soit laissée à elle-même sans dépense quotidienne ni rien. Si elle n’a pas de caractère, elle se jette dans les bras du premier venu, et pis il y’a des prétendants têtus dont le statut de femme mariée ne décourage point, ils sont prêts à tout pour assouvir leurs désirs ». Toujours, trouve-t-elle, « souvent avant de se marier, certaines filles ont plusieurs copains qui les couvrent de cadeaux. Et une fois dans les liens du mariage elles ne voient plus ces cadeaux, alors ces femmes mariées se donnent les moyens de les avoir et la plupart du temps, le choix est fait. Elles retournent vers l’ex petit ami».
Lamine Dieng, quant à lui soutient : « une femme infidèle n’inspire pas le respect pour sa personne et même pour son mari. Celles qui s’adonnent à cette pratique n’aiment pas leur mari ». Et de renchérir en soutenant que souvent ce sont les hommes qui poussent leurs femmes à se comporter ainsi : « On demande aux femmes d’avoir des astuces pour le bien du couple, mais un homme doit aussi en avoir. Il y a des maris qui ne font rien pour ravir leurs épouses et le stress quotidien est nuisible à la vie du couple ». Les raisons évoquées ne sont pas les seules causes de l’infidélité féminine. Seynabou Lô, avec son large sourire, donne son avis sur le sujet : « il est difficile souvent, pour une fille, d’être fidèle avec un homme qui a l’âge de son père et qui souvent a plusieurs épouses ». Mieux, poursuit-elle, « même si actuellement les gens se marient avec la personne de leur choix, il faut aussi que les parents s’accordent avec leurs filles et leur laisser la liberté de vivre avec celui qu’elles aiment ». Seynabou estime que le premier signe d’infidélité est d’être avec son mari et penser à un autre homme.
L’infidélité de la femme est aussi due, ajoute-t-elle, aux absences répétées des époux : « Il y a des maris qui sont rarement aux côtés de leurs épouses. C’est l’exemple des immigrés qui restent plusieurs années à l’étranger. Et quand ils reviennent au pays, c’est juste pour ne passer que des mois au Sénégal ». De l’avis de Makhtar Faye, il y a une perte de repères dans la société, « Autrefois, les femmes se souciaient toujours de ce qui peut résulter de leurs actes. Elles étaient pudiques et se respectaient. Actuellement elles portent ce qu’elles veulent et laissent apparaître leurs rondeurs à la vue de tous ». Et pis, soutient-il, « la manière de vivre favorise aussi l’infidélité masculine ou féminine. Les amants se retrouvent dans des appartements en cachette ou dans des hôtels ou auberges. Il suffit d’un simple coup de fil ou d’un message». La vie dans le couple a aussi ses exigences et le conjoint a le devoir de subvenir aux besoins de son épouse. Selon Amadou Bodian, « il y a des femmes que leur époux n’arrivent pas à satisfaire donc elles sont obligées d’aller chercher ailleurs ».
La relation adultérine résulte aussi des fréquentations dans le lieu de travail. A en croire, Mame Mbayang Fall, « il y a des femmes sous le chantage de leurs patrons et par crainte de perdre leur travail, s’engagent dans une relation, méprisant du coup leur vie de couple».
LE PRESIDENT DE LA BID HONORE AU TITRE DE DR HONORIS CAUSA
Le président de la Banque islamique de développement (Bid), Dr Ahmad Mohamed Ali Al-Madani a été honoré, hier mercredi 8 avril, par l’université Cheikh Anta Diop de Dakar au titre de Dr Honoris Causa. Cette initiative a été prise par la Faseg de le proposer à l’assemblée délibérante de l’université, a confié le recteur de l’Ucad, Ibrahima Thioub.
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a reçu, hier un hôte de marque. Il s’agit du Dr Ahmad Mohamed Ali Al-Madani. Le Président de la Banque islamique de développement a été honoré au titre de Dr Honoris causa, hier, lors de la cérémonie de remise du titre qui lui est attribué, grâce aux différentes actions que le récipiendaire a menées notamment pour les «Les nouveaux défis de l’éducation en Afrique de l’Ouest et le rôle du bilinguisme».
La cérémonie a été marquée par les présences du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Mary Teuw Niane, des doctorants et des ambassadeurs. Selon le Recteur de l’Université de Dakar, Ibrahima Thioub, le récipiendaire Dr Al-Madani, leur a proposé de s’entretenir de l’éducation bilingue, de langue et de système éducatif.
«L’université est réellement mobilisée pour la promotion effective des valeurs dont l’éducation est porteuse. Il en est des universitaires comme des élèves de daaras», a soutenu le recteur de l’université de l’Ucad. Toujours dans son témoignage, Ibrahima Thioub a fait savoir que «le milieu dans lequel il évolue et la conscience de l’énormité des tâches qui l’attendent, font de l’universitaire un homme éloigné des certitudes et des affirmations et plutôt orienté vers les inquiétudes et les interrogations».
«Il n’hésite pas à poser les problèmes les plus brûlants et les plus délicats pour les aborder avec la prudence de la stricte méthode qui n’avance rien sans invoquer des textes précis ou fournir des preuves irréfutables», a renchérit le recteur de l’Ucad de Dakar.
Le Pr Thioub n’a pas manqué de constater qu’ «au-delà de son caractère salutaire, l’éducation est, en définitive acte de charité, acte d’amour». Le Pr Thioub a salué «l’heureuse initiative prise par la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de proposer à l’assemblée délibérante de notre université d’honorer le Dr Ahmad Mohamed Ali Al-Madani».
D’après le Pr Mbaye Thiam de l’école des bibliothécaires archivistes et documentalistes de l’Université de Dakar, le Dr Ahmad Mohamed Ali Al-Madani a été élevé au titre de Dr Honoris Causa «pour son engagement au service de l’éducation». Après avoir occupé le poste de ministre et délégué à l’éducation dans son pays pendant trois ans, le récipiendaire a rejoint la présidence de la Bid où il a engagé d’importants projets pour le soutien à l’éducation, à la formation, à l’enseignement et à la recherche en général.
Selon le Pr Mbaye Thiam, «c’est sous ce rapport que le Dr Ahmad Mohamed Ali Al-Madani rapporte une attention particulière à l’enseignement intégral, c’est-à-dire les enseignements traditionnels dans les différents pays à partir de langues nationales, mais aussi les langues d’emprunt comme l’arabe associé aux langue coloniales». C’est la raison pour laquelle, «il a décidé d’appuyer avec la Bid, le projet de modernisation des daaras du Sénégal, le projet d’appui à l’enseignement du Coran et de connaissances islamiques au Sénégal et surtout décliner un ensemble de programmes de coopération avec l’Université de Dakar pour l’échange de Professeurs, d’enseignants et de chercheurs dans les deux sens», a justifié le Pr Mbaye Thiam.
«IL N’Y A PAS DE RETOMBEES ET JE NE VOIS PAS COMMENT ON PEUT ETRE SATISFAIT»
THIERNO BOCOUM SUR LES RESULTATS JUGES PROBANTS DU PSE
Le résultat du Plan Sénégal émergent (Pse), jugé probant par le chef de l’Etat Macky Sall, avant-hier ne peut pas être considéré comme tel, dans la mesure où il n’y a pas encore de retombées et qu’on est toujours à l’état des projections. De l’avis de Thierno Bocoum, porte-parole du parti Rewmi, le gouvernement a toujours faussé sur ses taux de pronostics et qu’il reste du chemin à faire pour que le pays soit sur les rampes de l’émergence.
«Pour l’instant, il n’y a pas de retombées et je ne vois pas comment on peut être satisfait de quelque chose qui n’a pas encore de retombées», a déclaré Thierno Bocoum, porte-parole du parti Rewmi. Joint au téléphone par la rédaction, le député rewmiste s’est inscrit en faux contre le bilan jugé probant du Plan Sénégal émergent (Pse) par le chef de l’Etat, Macky Sall, mardi dernier lors de la réunion de partage des résultats dudit plan. A en croire le protégé d’Idrissa Seck, «Il (le gouvernement) parle de bilan satisfaisant sur des projections et non sur la réalité du terrain». Enfonçant le clou, M. Bocoum a trouvé que «c’est un bilan qui ne respect aucun indicateur. Normalement, le bilan doit être établi sur des aspects palpables et déjà entérinés».
C’est qui n’est pas le cas, selon lui, parce «qu’il y a énormément de boulots qu’ils n’ont pas réglé. Il y a le problème de l’investissement, de l’environnement des affaires. Il y a aussi le problème de la surtaxe sur les entreprises. On est à 30% contrairement aux autres pays de la Cedeao». A cela s’ajoute, selon lui, un problème de rentabilité des investissements publics. «D’après un document de la Banque mondiale, 40% des investissements publics ne nous permettent pas d’avoir un capital», renseigne-t-il. Autant de facteurs bloquants qui lui ont fait dire que le pays risque de se confronter à des problèmes liés au poids de la dette, dans la mesure où le Pse est basé sur l’emprunt.
En outre, le porte-parole de Rewmi a trouvé que l’Etat fausse toujours ses taux de pronostics et que ces derniers ne sont pas avérés. A l’en croire, «en 2013, ils avaient tablé sur 4%, ils étaient à 3,5%. En 2014, ils avaient tablé sur 4,9% et ils étaient à 4,5%». Suffisant pour le conseiller municipal aux Parcelles de dire «donc aujourd’hui, s’ils nous parlent de 5,4% en 2015, on n’est pas obligé de les croire d’autant plus que tous les pronostics ont toujours faussé».
Par ailleurs, s’attaquant au Pse, tant vanté par le pouvoir, Thierno Bocoum a déploré l’attitude de l’Etat qui a tendance à jubiler à l’état de promesse de ses projets. Pour lui, «cela a commencé depuis le Yoonu Yokkuté. On a tellement chanté le Yoonu Yokkuté pour dire ‘’voilà la voie qui va nous sortir du sous développement’’. Quelques mois après ils ont enterré le Yoonu Yokkuté». A son avis, c’est sa mise en œuvre et les résultats qui pourront apporter quelque chose aux populations.
«LE REVEIL RISQUE D’ETRE DOULOUREUX POUR CEUX QUI DORMENT DEBOUT»
BABACAR GAYE, PORTE PAROLE DU PDS SUR le BILAN DE LA PREMIERE ANNEE DU PSE
Le bilan du Pse, jugé satisfaisant par le chef de l’Etat, Macky Sall lors de la réunion de partage des résultats dudit plan le mardi dernier, ne trouve pas l’assentiment de l’opposition, en l’occurrence le Parti démocratique sénégalais (Pds). Babacar Gaye, porte-parole dudit parti a trouvé incrédible les chiffres avancés par le chef de l’Etat sur la croissance économique. A son avis, «il est illusoire d’espérer compter parmi les pays dits émergents d’ici 2035», dans la mesure où les pré-requis structurels n’existent pas encore. Pour lui, «le réveil risque d’être douloureux pour ceux qui dorment debout».
Hier, le gouvernement de Macky Sall a tiré un bilan satisfaisant du Plan Sénégal émergent en une année d’exécution. Selon les résultats présentés, au plan macro-économique, le PIB est passé de 1,7% en 2011, à 4,5% en 2014, avec une projection à 5,4% en 2015. Il est aussi noté la réduction du déficit budgétaire, la maitrise de l’inflation et du niveau de la dette, ainsi que la hausse des recettes budgétaires. Quelle lecture faites-vous de ces chiffres avancés par le gouvernement de Macky Sall ?
C’est de l’auto-flagellation. Quelle crédibilité et quelle signification peuvent avoir ces chiffres contredits par tous les documents officiels existants (DPG des différents Premiers Ministres, Loi de finances rectificative de décembre 2014) pour le pauvre paysan qui ne parvient pas à vendre ses maigres récoltes, la femme de Casamance, du Fouta et de Kaffrine qui meurt en donnant la vie faute de gynécologue ou de sage femme, l’étudiant assassiné pour une modique bourse de 24.000 francs que le Gouvernement peine à payer?
Qui plus est, cette croissance qui finira par devenir une arlésienne, n’a pas d’impact sur la vie quotidienne du sénégalais car elle est portée par les secteurs marchands contrôlés par le capital français (BTP, Banques, Energie, Télécoms....). Avant de parler d’Émergence économique, il faut d’abord régler la question de l’indépendance économique. Or, le Sénégal est économiquement dépendant des lobbys colonialistes et de l’environnement mondial où l’Afrique au sud du Sahara, a peu de place.
Aujourd’hui, avez-vous le sentiment que le PSE est vraiment sur la bonne voie après une année d’exécution, et que les Sénégalais peuvent espérer voir leur pays emprunter les rampes de l’émergence ?
Permettez-moi d’abord de recentrer le débat sur le Plan Sénégal Émergent qui n’est que la version finale de la synthèse de la SNDES, de la SCA. Contrairement aux déclarations du Président Macky Sall qui tente d’endormir les sénégalais dans des projections à long terme, le PSE est bel et bien un plan court-termiste car son programme d’actions prioritaires couvre le quinquennat 2014-2018 quand bien même il se projetterait à l’horizon 2025.
Sous ce rapport, tous les économistes sérieux ont émis des réserves quant à la formulation du Programme Sénégal Émergent positionné comme l’outil de planification d’une économie émergente à l’image des Bricks, la Corée du Sud, du Mexique et Singapour. En effet, selon M. Mouhamed A. B Dionne, Premier Ministre du Sénégal, le triptyque de l’Emergence serait la transformation structurelle de l’économie, une société solidaire et inclusive et l’Etat de droit; et les six (6) moteurs du PSE pour enclencher le développement du pays, l’agriculture, l’élevage, l’habitat social et la construction, l’économie sociale et solidaire, faire du Sénégal un Hub tertiaire régional et multiservices, ainsi que l’amélioration du capital humain.
Or, il est constant que les critères de l’Emergence Economique sont tout autres, et renvoient à des indicateurs plus qu’à des projets et programmes. Et selon Philippe Hugon, professeur émérite, chercheur à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), pour qu’un pays soit sur les rampes de l’émergence, il faut un taux de croissance économique fort et soutenu, un marché intérieur dynamique, une diversification de la production (primaire, secondaire, tertiaire et services), un bon taux de couverture des importations par les exportations, une intégration au système financier international par une capitalisation boursière dynamique, un État conscient de son rôle stratégique pour le développement, beaucoup d’investissements dans la Recherche et le Développement et une forte capacité à protéger le territoire pour la stabilité, la sécurité des investissements, des biens et des transactions commerciales.
Franchement, est-ce qu‘il est décent de parler de Sénégal Émergent sans ces pré-requis structurels? D’autant que tous les experts s’accordent à suggérer que pour lancer le processus de l’émergence économique, il faut agir sur trois leviers qu’il est fastidieux de détailler ici. Il s’agit d’une gouvernance politique apaisée, d’une administration républicaine et performante ainsi que d’une intégration harmonieuse entre les instituts de recherches et les entreprises créatrices de richesses. En conclusion, il est illusoire d’espérer compter parmi les pays dits émergents d’ici 2035.
Quand le Chef de l’Etat demande à ses ministres et aux partenaires techniques et financiers de faire un bilan sans complaisance du PSE, de ne pas faire de l’autosatisfaction, et d’accélérer la mise en œuvre des projets du PSE, quelle appréciation politique faites vous de telles invites ?
Cela traduit le niveau très alarmant des acquis par rapport aux attentes du Président de la République à qui on a vendu un pompeux PSE à coûts de milliards. Un bilan sans complaisance de l’état d’avancement de ce mirifique plan, risque de créer beaucoup de désillusions. Il ne s’agit pas de mettre en œuvre les projets du Plan Triennal d’Investissements Publics pour réaliser l’émergence; c’est beaucoup plus compliqué que cela. Je pense en toute honnêteté qu’il fallait commencer par les réformes structurelles de notre économie avant de parler de projets et de programme d’actions prioritaires. Qui plus est, les 11.000 milliards annoncés hypothèquent pour longtemps encore le financement des différents projets prévus dans la première phase 2014-2018. Le réveil risque d’être douloureux pour ceux qui dorment debout.
Ouagadougou, 8 avr 2015 (AFP) - La grève générale lancée mercredi par les syndicats burkinabè et des associations de la société civile pour protester "contre la vie chère" a été faiblement suivie à Ouagadougou, où la plupart des entreprises et services publics sont restés ouverts, a constaté l'AFP.
Banques, assurances, services des impôts et hôpitaux fonctionnaient presque normalement en milieu de journée. Les commerces étaient ouverts et le marché central de Ouagadougou toujours bien achalandé.
Seuls l'université de Ouagadougou, la plus grande du pays avxec 50.000 étudiants, les lycées, collèges et quelques écoles primaires sont restés fermés. Quelque 5.000 personnes se sont rassemblées dans la capitale pour un meeting "contre la vie chère".
Les syndicats et organisations de la société civile ayant convoqué la grève exigent notamment la réduction du prix du carburant et des biens de première nécessité ainsi qu'une augmentation des salaires.
"Les travailleurs de la fonction publique et des entreprises privées refusent la vie chère. Les populations dans les campagnes réfutent le pillage éhonté de nos maigres ressources minières", a lancé à la tribune le président de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère (CCVC), Chrysogone Zougmoré.
La CCVC demande également qu'un mandat d'arrêt soit délivré contre l'ex-président Blaise Compaoré et son frère François, qu'elle accuse de crimes économiques et de sang, et que les fonds détournés par les dignitaires du régime déchu soient saisis.
Blaise Compaoré a été renversé fin octobre par la rue, qui l'accusait notamment de népotisme et de mainmise de son clan sur les richesses du Burkina. La grève se tient au lendemain de l'arrestation de sept ministres et barons de l'ancien régime pour "malversations".
Une loi excluant des prochaines élections les anciens cadres pro-Compaoré a également été adoptée mardi. "Il faut éviter la chasse aux sorcières", a lancé M. Zougmoré, qui a dit attendre une justice "équitable" pour les cadres interpellés.
Des milliers de personnes ont marché à Bobo Dioulasso, la deuxième ville du pays, et des manifestations ont eu lieu à Ouahigouya (nord-ouest) et Koudougou (ouest), ont indiqué des habitants à l'AFP.
Mercredi dernier, le Premier ministre Isaac Zida a accusé les grévistes impliqués dans les fréquents mouvements sociaux des dernières semaines d'installer "un climat d'anarchie, comme pour défier ouvertement l'autorité de l'Etat".
Le gouvernement "s'opposera désormais" avec "fermeté et responsabilité" à "toute tentative de déstabilisation, d'où qu'elle vienne", a averti M. Zida.