Président du cercle des intellectuels soufis, Serigne Fallou Dieng n'y va pas du dos de la cuillère pour cracher ses vérités sur la situation actuelle du pays marquée surtout par le verdict du procès Karim Wade. Dans cet entretien accordé à EnQuête, le jeune marabout qui dresse les bilans à mi-mandat du président de la République et du maire de Touba, dénonce également les tentatives d'instrumentalisation de la ville de Bamba aussi bien par l'opposition que par le pouvoir.
L'espace politico-judiciaire est dominée par le procès de Karim Wade dans le cadre de la répression de l'enrichissement illicite. Le verdict est tombé le 23 mars dernier. Comment analysez-vous tout cela ?
J'ai un sentiment de soulagement par rapport à un jugement exemplaire, eu égard aux méfaits pernicieux de la délinquance et de la déprédation économique. Seulement, ce soulagement est un peu étreint par une compassion humaine vis-à-vis d'un compatriote sacrifié par son père de président qui le responsabilisait plus que de raison. Donc pour nous, Karim et son père vivent les revers d'une gestion calamiteuse et gabegique des deniers publics. Une gestion sur fond de népotisme, de corruption et de favoritisme. A ce titre, le cercle des soufis pense que ceux qui soutiennent que le dossier de Wade fils est vide ne dispensent que des platitudes. On sait que le secret bancaire et les logiques clientélistes ont empêché les commissions rogatoires de faire convenablement leur travail. Le cercle des intellectuels exhorte la justice sénégalaise à continuer les poursuites contre tous les présumés coupables de délit d'enrichissement illicite, afin que jamais de telles pratiques ne puissent avoir droit de cité au Sénégal. Nous espérons aussi que la Cour suprême ne va pas confisquer par compromis par la main gauche ce que la main droite a donné en première instance. Je tiens enfin, et surtout, à rappeler que ceux qui disent que Macky n'a pas déféré à la demande du khalife général en faveur de Karim, ont oublié qu'Abdoulaye Wade non plus n'avait pas obtempéré à l'injonction du khalife général des mourides d'alors, El Hadji Bara Mbacké Falilou, en faveur de Macky. On se rappelle que Wade n'avait pas accepté la réconciliation sollicitée par le Khalife général des mourides, El Hadji Bara.
Vous êtes un talibé mouride, de surcroît membre de la famille de Cheikh Ahmadou Bamba. Touba, contrairement à la volonté et au souhait de son fondateur, est sujet aujourd'hui à une instrumentalisation à outrance des politiques et politiciens. Quel commentaire cela vous inspire ?
D'abord, tous ceux qui instrumentalisent Touba et Serigne Touba dans des projets politiques desservent le combat de Serigne Touba. Il a allégorisé la foi, l'unicité d'Allah comme étant le sabre qui découpe les cordites des associateurs, des mécréants. Le marabout a fait la part des choses. Aujourd'hui, les rapports Touba-pouvoir sont tumultueux, confus et malsains. Parce qu'il y a beaucoup de vociférations autour de la nécessité d'une implication religieuse dans la définition et l'exécution des politiques publiques. Cela ne pose pas de problèmes, mais la vocation initiale de nos religieux est de témoigner l'image de Dieu dans un monde de plus en plus sécularisé et de s'investir dans le redressement moral en vue de vivre ensemble dans une société de paix. Les relations sont malsaines parce que tout le monde sait que depuis l'avènement de Me Abdoulaye Wade, les rapports entre Touba et le pouvoir sont déviés du droit chemin pour arpenter les voies d'un clientélisme et collaborationnisme politico-religieux de nature à réveiller au sein du microcosme religieux et milieux maraboutiques les démons de la division et des querelles intestines.
Que faut-il alors faire pour remédier à cette situation ?
Un centralisme démocratique fait défaut dans le milieu religieux. Parce que les marabouts passent leur temps à réclamer un statut religieux alors qu'ils ne veulent pas se conformer à un centralisme démocratique. En réalité, la ruée vers les délices du pouvoir, les deniers publics, par les marabouts et les querelles sur certains émoluments matériels tels que les passeports diplomatiques et autres strapontins, ne peuvent en aucun cas être une revendication religieuse. D'ailleurs, le fondateur du mouridisme disait que la recherche effrénée de richesse et de faveurs matérielles conduit inévitablement à la corruption et à la concussion. Ce qui lui importait était et reste la promotion et le rayonnement du savoir islamique. Toute personne, de surcroît marabout, aimait-il à dire, qui s'adonne à cela va directement et inévitablement vers le jardin des machinations sataniques.
Le 25 mars dernier a marqué les 3 ans de Macky Sall à la tête du pays. Quelles appréciations faites-vous de son bilan à mi-mandat ?
Je souhaite d'emblée lever une équivoque. Nous tenons à signaler que nous ne sommes d'aucune obédience politique, encore moins du camp du pouvoir, nous avons toujours participé au combat citoyen. Donc nous avons notre mot à dire sur la marche du pays. Je pense que Macky Sall a fixé un cap des réformes institutionnelles. Même si celles-ci connaissent un début de satisfaction, les promesses ne sont pas encore tenues. En outre, le président a satisfait une revendication récurrente comme la reconnaissance du Bac arabe. Sur le plan social, il y a beaucoup d'améliorations. Les prix des denrées de première nécessité sont maîtrisés. Tout cela constitue des points positifs dans son bilan, mais loin d'être suffisant. Toutefois il y a un revers de la médaille : Le secteur privé se plaint beaucoup et ne se frotte pas encore les mains. Les multinationales continuent à piller nos ressources au détriment des privés locaux. La France continue également d'avoir une mainmise sur l'économie nationale. L'ancienne puissance coloniale continue de se tailler la part du lion sur les marchés publics au détriment des entreprises locales. Ce qui n'est pas du tout favorable pour la relance d'une économie locale. Enfin, la rupture n'est pas encore enclenchée. Les inégalités sociales persistent encore dans beaucoup de domaines.
Abdou Lahad Ka a fait 5 ans à la tête de la collectivité locale de Touba. Comment jugez-vous son bilan, d'abord en tant que Pcr, ensuite en tant que Maire ?
Je déplore l'opacité qui entoure les passations de marché publics. Le fait que Touba dispose de fait d'un statut particulier ne l'exonère pas de la nécessité de respecter les règles de la transparence. D'ailleurs les critères qui régissent l'octroi des passations des marchés publics de l'ARMP doivent être appliqués à la gestion d'Abdou Lahad Ka. Touba ne doit pas être une exception ou un singleton institutionnel au point de faire fi des droits des populations de connaître la gestion de leur municipalité qui bénéficie en fait de l'argent public. Dès lors, le maire Abdou Lahad Ka se doit de rendre compte régulièrement au même titre que les autres collectivités locales du pays. On ne doit pas le disculper ou le dédouaner des règles de la bonne gouvernance. Il doit se soumettre aux contrôles intempestifs et réguliers des missions de contrôle de l'État. Et en plus, on doit en effet cesser l'amalgame qui consiste à se réfugier derrière le khalife. Surtout que ce dernier ne gère pas les deniers.
Mais l'actuel maire a reçu la visite de l'IGE en 2010
Certes il a eu à recevoir la visite de l'IGE, mais tout le monde pense que c'était un audit de complaisance. Les résultats ne sont toujours pas publiés.
Et sur le plan des réalisations?
Sur le plan des réalisations, on ne note pas grand-chose. L'éclairage public est insuffisant, l'approvisionnement en eau est déficitaire dans certains endroits de la ville. Enfin les infrastructures routières et d'assainissement connaissent une disparité. Les populations sont desservies en faveur des chefs religieux.
Tout récemment, le khalife général a lancé un appel en direction des jeunes marabouts en les exhortant à retourner dans les Daara, les mosquées et les champs et de se taire. Quels commentaires faites-vous de cet appel ?
Tout homme honnête a constaté qu'il y a beaucoup de jeunes marabouts qui passent leur temps à pérorer dans la presse. Tout citoyen a droit à la liberté d'expression, mais encore faudrait-il défendre une cause noble et citoyenne. On note une manipulation politique, politicienne tous azimuts. Du pouvoir comme de l'opposition. Maintenant, ce qu'on constate est que les politiciens se battent par marabout interposé. Chaque chapelle politique a son mouvement de jeunes marabouts qui la défend. Mais ce que je déplore le plus, c'est le fait que la communauté mouride, connue pour sa propension à la production intellectuelle, soit en léthargie. La production intellectuelle et culturelle mouride marque le pas. Les jeunes marabouts, petits-fils de Bamba, ont tous pratiquement baissé les bras, préférant déserter les daara, les champs et les mosquées pour les luxueux appartements, les boîtes de nuit. Ils privilégient maintenant les choses mondaines, les sinécures aux sacerdoces. Tout cela est le résultat de la pratique corruptive des 12 ans de pouvoir de Me Abdoulaye Wade. C'est ce qu'a bien compris le khalife, Cheikh Sidy Mactar Mbacké, en essayant de restaurer les vraies valeurs du mouridisme. Le Khalife n'a cherché à viser personne. Il est maintenant temps de faire une introspection et un examen des consciences.
PAR SAMBOUDIAN KAMARA*
MAUVAIS CONSEILLERS
Sont-ils des desperados ou des émissaires du chef de l'Etat ? On n'imagine pas un seul instant la réalisation du scénario qui verrait Macky Sall revenir sur sa volonté de réduire son mandat de deux ans
Quand Me Oumar Youm, porte-parole du gouvernement, parle en public, devant des journalistes, traduit-il la pensée du président de la République ou exprime-t-il une opinion dépouillée de toutes les charges liées à ses actuelles fonctions ? Si le ministre des Collectivités locales parlait pour et au nom de Macky Sall, alors c'est grave.
La réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans "n'est pas justifiable", a déclaré dimanche dernier à Fatick le ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l'Aménagement du territoire. Quelques heures plus tôt, le maire de Matam, Mamadou Mory Diaw, avait appelé à voter "non" au référendum sur la réduction du mandat présidentiel. Ce que mijotent certains cercles de l'Apr ne sent pas bon.
Encore une fois, la question se pose : sont-ils des desperados ou des émissaires du chef de l'Etat ? On n'imagine pas un seul instant- on ne saurait l'envisager- la réalisation du scénario qui verrait Macky Sall revenir sur sa volonté de réduire son mandat de deux ans et ne pas tenir la présidentielle en 2017.
Les arguments de ceux qui veulent que le président de la République se dédise, qu'il fasse du "wax waxeet" comme Me Wade, avec tout ce que cela a causé comme dégâts, tiennent en ce qui suit.
Me Oumar Youm : "Il faut qu'on pose le débat de la réduction du mandat au sein du parti (Alliance pour la République). Nous pensons que sur le plan économique, politique, constitutionnel, ce n'est pas justifiable. A part la valeur démocratique en termes de symbolisme, je ne vois pas ce que la réduction du mandat peut apporter au Sénégal, aux Sénégalais. Ce qui est exceptionnel doit mériter notre attention et notre regard. Aucun chef d'Etat, sauf en cas de maladie ou d'empêchement, de démission, n'a eu à réduire son mandat."
Il ajoute : "Le Sénégal ne peut pas être une exception. Le président de la République ne peut pas être une exception au moment où nous avons amorcé le virage de l'économie du Sénégal. Nous sommes en plein sur les rampes de l'émergence. On s'est demandé est-ce qu'on était dans le bon droit d'appeler les Sénégalais à un référendum sur la réduction du mandat du président de la République. Il faut qu'on se pose la question pourquoi réduire son mandat pour en réclamer un autre et pourquoi exposer tant de frais, tant d'argent, tant d'énergie, tant de finances pour renouveler un mandat, le réduire et demander par la suite que les Sénégalais lui refassent confiance."
Un autre renchérit, il s'agit du Dg de l'ONAS, Alioune Diop, responsable Apr à Balacoss (Saint-Louis), qui en remet une couche. Explication de texte : "Nous voterons Non au référendum", dit-il. Selon lui, une jurisprudence pourrait se faire si Macky Sall tient parole en renonçant aux deux ans, en ce sens que cela pourrait autoriser un jour, un autre à étirer dans l'autre sens son mandat par voie référendaire.
Leur entreprise est vaine. On ne peut pas venir regarder les Sénégalais dans le blanc des yeux et leur dire qu'on est "en politique", que tout peut arriver, qu'un reniement de Macky Sall pourrait être "géré", que cela n'aurait aucune conséquence négative au plan politique, sur la crédibilité même de celui qui incarne la volonté populaire, que cela ne remettrait pas l'opposition sur les rails, que la tension sociale ne serait pas à son comble, bref que le régime de Macky Sall ne serait pas décrédibilisé.
Ce n'est pas possible avec Macky Sall tant l'homme a quand même construit sa carrière politique sur l'éthique et la défense de certaines valeurs. Qu'on soit contre lui ou pas, il faut le lui reconnaître. Depuis sa prise du pouvoir, les actes qu'il pose sont basés sur la dignité, la mesure, la sobriété, le respect de la parole donnée. Il est irresponsable de demander au président Macky Sall de revenir sur sa décision. Ceux qui lui veulent du bien ne doivent pas entretenir cette idée (…).
Le peu que nous connaissons de l'homme nous porte à croire qu'il ne peut commettre ce qui serait (le conditionnel est le temps de la sécurité) une grave faute politique, grosse de dangers. Et gagner 2019, dans ce cas de figure, ne serait plus évident. Macky Sall ne se dédit pas. Du moins, tout au long de sa carrière politique, jusqu'au sommet de l'Etat, il ne l'a jamais fait. Faire du "wax waxeet" n'est pas envisageable. L'Apr a plus à gagner en tenant la présidentielle en 2017.
*Journaliste
EXPROPRIATION... OU PRESQUE
Rachat de trois immeubles aux abords du Palais pour loger les éléments de la sécurité présidentielle - Frustration des habitants parmi lesquels un Français qui occupe un étage depuis plus de 40 ans
Nous écrivions dans ces colonnes que l'État avait bouclé une opération d'achat de trois immeubles situés au centre-ville de Dakar. Une transaction qui s'élève à 18 milliards de francs Cfa et qui concerne précisément 1360 mètres carrés au sol et 8 000 mètres carrés, si l'on prend en compte la superficie totale des appartements.
Si l'immeuble le plus intéressant du point de vue de la surface est situé au 24 Avenue Léopold Sédar Senghor et appartient à la société d'assurances AMSA, les deux autres immeubles, niveau 5 et 6, du même propriétaire, sont situés à la rue Victor Hugo. Selon nos interlocuteurs, c'est toute la sécurité du Palais qui va être logé dans cette zone très sensible où le stationnement est hyper réglementé. Et pour quelles raisons ?
"Il est arrivé qu'on ait eu besoin en urgence d'un membre de la sécurité alors qu'il habite loin…", confie une source qui ajoute que les appartements vont donc servir à loger les gendarmes et autres personnes commises à la sécurité du Président. Les hommes de sécurité avec qui nous nous sommes entretenus n'évoquent que l'aspect Logement, Proximité et Commandement.
Déménagements forcés…
Toutes choses qui semblent bien justifier le déguerpissement des occupants des lieux qui ont tous (ou presque) reçu leur papier pour vider les lieux. Dans le lot des personnes concernées, le Français Jean Paul Castanet qui crèche depuis plus de 40 ans au 8ème étage de l'immeuble Tunisair (pub gratuite) qui fait face au Palais.
Sans doute qu'il fait partie des personnes qui vont le plus être frustrées par ce déménagement massif et forcé ; notifié par lettres de congés. Comme une vraie massue pour les occupants des lieux, personnes physiques comme entreprises…
Il faut préciser que cette transaction qui a été évidemment bénie par la fameuse Commission domaniale de la Direction des Impôts et domaines ne fera sans doute pas l'objet d'une loi de finances rectificative, contrairement aux rumeurs qui circulent dans certains salons bien informés de Dakar.
De sources dignes de foi, la transaction est déjà prévue dans le budget. Est-ce donc un coup calculé à l'avance ? Non, répond-on du côté du ministère de l'Economie et des Finances où l'on avance bien que ce type d'opérations est toujours anticipé dans les chiffres du Budget.
Mamadou Cissé est désabusé. Il a mal. Le cœur serré. Le principal du Cem de Agnack (18 km de Ziguinchor), fait le décompte des cas de grossesses répertoriés dans son établissement, la mort dans l’âme. Sa cour n’est pas épargnée par les nombreux cas de grossesses et de mariages précoces.
«Depuis le début de l’année, nous avons enregistré 11 cas de grossesses dont deux filles mariées», regrette Mamadou Cissé.
Aujourd’hui, l’une de ses plus grandes préoccupations, c’est «l’avenir» de ces filles. Ce qui est sûr, dit le principal du Cem de Agnack, c’est que le cursus scolaire de ces filles est entre parenthèses, alors qu’elles sont entre la 5ème et la 3ème. Quid des responsables de ces cas de grossesses ?
Si les hommes armés (rebelles et soldats loyalistes), les élèves du Cem et d’autres jeunes de la localité sont indexés, les enseignants sont mis hors de cause. Pour Cissé d’ailleurs, c’est un motif de satisfaction, d’autant plus que les enseignants de son établissement ont un âge relativement jeune.
Même si au Cem de Agnack, des résultats positifs sont perceptibles, grâce au club Evf, avec la réduction des mariages précoces, beaucoup d’efforts restent à faire. Raison pour laquelle, la responsable de la Santé de la reproduction de la région médicale de Ziguinchor, Mariama Sarr Diop fait l’apologie des causeries dans les écoles, qui peuvent impacter sur les résultats.
«Une dizaine de filles tombe au moins chaque année enceinte dans les établissements scolaires. A mon avis, il faut un centre adolescent dans chaque district», plaide-t-elle.
DES CAUSES PROFONDES À L’ORIGINE DE RÉALITÉS TENACES ET INQUIÉTANTES
NOMBREUX CAS DE GROSSESSES ET MARIAGES PRÉCOCES EN MILIEU SCOLAIRE
Vingt pour cent (20%) des accouchements en Casamance concernent les filles âgées de 18 à 19 ans. Ce qui fait que l’écrasante majorité des filles tombe enceinte avant la classe de Terminale. Pas mal d’autres indications ont été données par la responsable de la Santé de la reproduction à la Région médicale de Ziguinchor, qui estime que les causes de grossesses et mariages précoces en milieu scolaire sont profondes et inquiétantes.
Existe-t-il une thérapie miracle aux phénomènes comme les mariages et grossesses précoces, qui gangrènent la région naturelle de la Casamance ? De Bignona à Oussouye en passant par Ziguinchor et sa périphérie, ces cas exponentiels inquiètent les acteurs de l’école et de la santé, interpellent les parents et mobilisent les partenaires du Sénégal.
20% des accouchements concernent les filles de 18 à 19 ans
L’avant-goût de ce qui se passe dans les zones précitées est parti de la région médicale de Ziguinchor où la responsable de la Santé de la reproduction peint un tableau sombre. Une situation qui fait froid dans le dos.
Mariama Sarr Diop regrette qu’au niveau régional, les taux de grossesses et de mariages précoces dans les Cem et lycées dépassent l’entendement. «20% des accouchements concernent les filles de 18 à 19 ans. Dans les lycées, une bonne partie des filles tombe enceinte avant la Terminale», gémit Mme Diop.
Ce qui n’est pas sans conséquences : grossesses nos désirées et difficiles, recrudescence des avortements provoqués avec son corollaire, taux important de mortalité et de morbidité maternelles, cas de fistules obstétricales entre autres...
D’où la nécessité selon Mariama Sarr Diop, d’accentuer le plaidoyer auprès des parents et de sensibiliser davantage les élèves à travers les clubs Evf (Education à la vie familiale). Seulement à propos des parents, le plaidoyer risque de n’être efficace qu’à très long terme, du moins si l’on se fie aux préoccupations de la responsable Sr de la région médicale de Ziguinchor. Mme Diop indique en effet, que dans ces zones, les grossesses précoces sont quasiment banalisées, même si elle précise néanmoins, que c’est selon les communautés et les ethnies.
De la responsabilité des parents
Elle explique que dans certaines communautés (on se garde de les citer pour ne pas stigmatiser), être une adolescente de 14 à 17 ans et avoir un enfant n’est pas mal vu par les parents, qui se chargent volontiers d’élever l’enfant au moment où la maman retourne dans les salles de classe. Il y a même des parents qui réfèrent la fille déjà mère et sans époux, aux services de santé pour l’encourager à se soumettre à la planification familiale, pour ne pas rapprocher ses grossesses.
Des croyances locales vont jusqu’à présenter la fille déjà mère et sans époux, comme celle-là qui a plus de chance de trouver un mari, parce qu’elle a déjà fait ses «preuves», en ayant un enfant «très jeune.»
Naturellement, on ferait vite de jeter la pierre aux parents, mais Mariama Sarr Diop est formelle : «les parents savent que les adolescents pour la plupart, ont une pratique sexuelle très intense, raison pour laquelle, ils les encouragent à recourir à la contraception.» Ce n’est pas bien sûr tous les parents qui le font, mais ceux qui parlent en leur nom n’y voient pas d’inconvénient si c’est seulement la protection de la fille qui est recherchée.
Après avoir reconnu l’acuité des grossesses et mariages précoces en Casamance, Ousmane Diémé et Alpha Barry, respectivement président de l’Association régionale des parents d’élèves de la Casamance et Secrétaire général de l’Association des parents d’élèves et étudiants du Cem de Tété Diadhiou à Ziguinchor assurent qu’il y a un plaidoyer qui est développé.
«On organise des réunions sectorielles dans toutes les écoles pour sensibiliser les parents d’élèves, surtout contre les mariages précoces, mais on les encourage également à discuter avec les enfants sur leur sexualité, parce que c’est important. On leur demande de veiller sur les enfants de 10 à 15 ans si l’on sait que c’est durant cette tranche que l’enfant apprend beaucoup de choses à l’école et dans la rue.
On leur demande aussi de surveiller davantage les enfants qui sont de la 6ème à la 3ème parce qu’ils sont très exposés durant cette phase. On comprend aussi qu’avec la pauvreté, certains d’entre nous donnent leur fille en mariage sans se rendre compte du préjudice qu’ils peuvent causer à la fille», indique Ousmane Diémé.
Alpha Barry va plus loin en déclarant avoir plusieurs fois organisé des séances d’animation en tant que structure, pour inviter les jeunes à mettre des préservatifs au moment de l’acte sexuel, s’ils ne peuvent pas s’abstenir.
Manifestement, ils reconnaissent tous leur impuissance, devant ces phénomènes, avant de solliciter des moyens qui leur permettront en tant que parents d’élèves élus au niveau régional, de sensibiliser davantage leurs pairs qui sont entre Oussouye, Bignona ou encore Ziguinchor.
LES JOURNAUX COMMENTENT LE BILAN DE LA PREMIÈRE ANNÉE DU PSE
Dakar, 8 avr (APS) – Les journaux reçus mercredi à l’APS traitent en priorité la première année de mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE) à la faveur d’une rencontre de partage des résultats et d’évaluation de ce programme de développement censé conduire le Sénégal à l'émergence à l'horizon 2035.
Une réunion de partage des résultats du PSE a été conduite mardi au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio par le chef de l’Etat Macky Sall, en présence notamment du Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, de la présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Aminata Tall, et plusieurs membres du gouvernement.
Des représentants de la société civile et du secteur privé, des membres du corps diplomatique accrédité au Sénégal, entres autres personnalités intervenant dans la mise en œuvre du PSE, ont également pris part à cette réunion.
Pour Le Soleil la mise en œuvre du PSE a été ‘’une première année satisfaisante’’. Après un peu plus d’un an de mise en œuvre, le Plan Sénégal émergent a fait l’objet d’une réunion d’évaluation (…) pour partager les premiers résultats déjà engrangés et de proposer des recommandations pour lever les contraintes constatées'', explique Le Soleil.
‘’Il y a un engagement du gouvernement à changer de paradigme dans la gestion des politiques publiques’’, écrit le journal qui rapporte les propos de Bintou Djibo, co-présidente du Groupe des partenaires techniques et financiers qui interviennent dans le financement du PSE.
‘’Mais évitons de tomber dans l’autosatisfaction’’, souligne le président Macky Sall à la Une de Direct info. Le journal qui fait part d’un ‘’tableau de bord global pour assurer une planification et un pilotage dynamiques des opérations’’, déclare que les autorités ne veulent pas ‘’tomber dans le piège de l’autosatisfaction’’.
‘’Il nous faut travailler vite et bien en modèle +fast track+ (…) mais malgré les résultats probants, nous ne devons pas tomber dans le piège de l’autosatisfaction’’, a notamment dit Macky Sall dans Direct Info.
‘’PSE : un an après, Macky tempère et bannit l’autoglorification’’, titre Rewmi Quotidien. ‘’Nous devons accélérer l’exécution des réformes phares afin d’améliorer le climat des affaires et renforcer le dialogue public-privé’’, mentionne Le Populaire qui titre: ‘’Macky accélère le PSE en mode fast-track’’.
L’Observateur fait part d’une hausse de la circulation fiduciaire par rapport à l’année 2012. Ce qui fait dire au journal Le Quotidien qu’il y a une augmentation de l’argent en circulation. ‘’Entre 2013 et 2014, la circulation passe de 620 à 685 milliards de francs CFA’’, rapporte le journal, avec ce titre: ‘’Amadou Ba peint un Sénégal liquide’’.
Libération insiste sur les projets phares du PSE comme la Cité du savoir, les logements sociaux, les universités, les chemins de fer, le centre anticancéreux pour annoncer que ‘’70 conventions de financement ont été déjà signées pour un montant global de 1.283,4 milliards de francs CFA’’.
Pour la mise en œuvre de tous ces projets, Sud Quotidien renseigne que le président de la République a tendu la main au secteur privé pour son implication dans le déroulement des opérations.
LA 3EME EDITION RESTE UNE RESURGENCE DES VALEURS UNIVERSELLES
La ville de St-Louis va accueillir la troisième (3ème) édition du festival international de la paix : « Live Peace - Rencontres des cultures du monde ». Cette terre séculaire de paix et de téranga (hospitalité) légendaire, une ville symbolique, tricentenaire classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco est un exemple, réussi de coexistence pacifique des cultures et du brassage religieux
La 3ème édition du festival « Live peace » est une célébration de la culture de la paix. L’édition de cette année se fera à travers un forum et un camp de la paix. Elle rassemble des artisans de la paix, des jeunes et citoyens du monde autour du thème: « Jeunes et Femmes dans l’agenda de développement Post-2015 des Nations Unies: enjeux, défis et perspectives ».
Les festivaliers veulent faire du patrimoine culturel un des leviers du développement local de Saint-Louis du Sénégal et de l’Afrique. Ce festival qui se tiendra du vendredi 10 au dimanche 12 avril 2015 à Saint-Louis est organisé par l’organisation « coopération, développement et action » (Codeva).
L’initiative vise à construire un « pont » entre les cultures du monde et le développement et relier les hommes. Ces révélations dérivent d’un communiqué, parvenu à la rédaction de Grand Place. « Live Peace» est avant tout un état d’esprit dynamique, un évènement de bonne cause, un mouvement global d’éducation, de construction citoyenne, de pluralité des expressions créatives et un instrument international et communautaire de promotion pour une culture de paix durable.
Mais aussi, une forme de relations internationales plus humaines, un dialogue des cultures et une résurgence des valeurs universelles.
«Ce Forum est un événement citoyen, éducatif, humanitaire, inclusif et solidaire original et unique, chargé de symboles. Il est juste un besoin nouveau d’émergence d’une culture de non violence, de dialogue des cultures et une volonté citoyenne de lancer librement au monde des messages d’universels, concernant l’aspiration de l’humanité à la paix», retrace la source.
Ce festival de trois jours est donc, une diversité de manifestations culturelles gratuites et ouvertes à tous. Ainsi, des scènes d’animations artistiques et des activités créatives, pédagogiques sont au menu du programme. Il s’agit des arts vivants/musique, danse, théâtre, poésie / slam, et des forums, des ateliers, des expositions, des projections de film.
Et, de la gastronomie, une randonnée pédestre se fera au village du festival. Live Peace Festival, ainsi basé sur la restauration du dialogue entre les cultures et les civilisations, d’après le communiqué, contribue à la réconciliation de l’humanité transcendante. Il est également de fil conducteur du renouveau du pacifisme, un « rendez-vous du donner et du recevoir ».
EUMEU SENE ET BALLA GAYE2 RATTRAPÉS PAR LEUR PASSÉ
PROFANATION DE TOMBE, MARABOUTAGE, ATTAQUES MYSTIQUES…
L’arène fait de nouveau face à ces vieux dé- mons. L’affaire de la profanation de la tombe de la mère d’Emeu Sène continue de soulever la polémique alors que les deux lutteurs, impliqués, se retrouvent pour la énième fois concernés. Si ce ne sont pas les accusations du camp de Tapha Tine portées contre l’école de lutte Balla Gaye, ce sont celles d’Emeu Sène à l’encontre de Modou Lô et des journalistes.
Balla Gaye2 accusé pour la énième fois….
La sortie de sa mère va certainement, calmer les esprits mais ne va en rien enlever le doute qui plane toujours dans les esprits. Accusé par le chef de file de l’écurie Tyshinger de profanation de la tombe de sa maman, Bala Gaye2 est vite sorti de son mutisme après sa défaite pour nier toute implication dans les faits reprochés à son camp.
Non sans dénoncer, par la même occasion, l’attitude diffamatoire de son «pire» adversaire et bourreau du dimanche. Balla Gaye2 est ainsi rattrapé par une sombre histoire qu’il a déjà connu lors de son duel face à Tapha Tine.
En effet, l’entraineur du géant du Baol, Omez Diagne avait déjà accusé le lion de Guédiawaye de maraboutage à son domicile, après avoir découvert du sang versé devant sa maison et sur son véhicule. Une plainte sans suite s’en était suivie au commissariat de Golf à Guédiawaye et le camp de Bala de Balla Gaye avait nié en vrac ces accusations, l’interprétant comme de pures allégations. Tyson s’était, lui aussi, plaint d’attaques mystiques de la part du camp de Balla Gaye2 sans suite.
Pour autant, le fils de Double Less a eu à faire les frais de ces attaques «mystiques» si l’on se rappelle des propos de l’Imam de Malifara en prélude de son duel face à Yékini. Il a, lui aussi, eu à faire les frais de ces accusations. Almamy Niabaly avait soutenu lors d’un entretien avec la presse que «Yékini avait marabouté Balla Gaye2 et qu’il a œuvré en vain pour la défaite de leur fils».
«Des sacrifices faits par la suite avait permis de sauver in extrémis Balla Gaye2», selon les propos de l’Imam.
Emeu Sène, toujours dans l’habit de la victime, mais…
Emeu Sène n’est pas à ses premières accusations. En effet, ce n’est pas la première fois que l’ancien poulain de Mohamed Ndao Tyson accuse ses adversaires de pratiques mystiques. On se rappelle déjà des accusations portées contre le Rock des Parcelles assainies au lendemain de leur combat qui avait tourné à l’avantage de ce dernier.
Accusé à tort par Emeu Sène d’avoir volé son ngimb et de faire des tours mystiques avec un commando armé devant son domicile, Modou Lô avait préféré donner une leçon de morale au Pikinois en disant que «si les accusations d’Emeu Sène étaient vraies, c’est sans doute parce qu’il a été négligeant à ce point».
Suffisant pour clore le débat et amener Emeu Sène à la raison. Il faut ajouter à ce fait la déclaration d’Emeu Sène au micro de la 2stv, selon laquelle il a été trahi par un journaliste, créant du coup un grave malaise dans le monde de la lutte surtout chez les chroniqueurs sportifs. Ces derniers étaient sortis par voie de la presse pour laver leur honneur dans cette affaire.
Souvent dans la peau de la victime, Emeu Sène a été, toutefois, accusé par un ancien lutteur de Boul Faalé d’attaques mystiques qui auraient brisé sa carrière. Il s’agit de Coly Faye actuellement pensionnaire de l’écurie Lepay Bakh. Ce dernier avait toujours crié que «c’est Emeu Sène qui l’avait marabouté pour prendre sa place à l’écurie Boul Faalé».
Ce petit détour dans les archives a permis de constater qu’Emeu Sène n’a pas toujours été dans la posture de victime. Les jours à venir vont, sans doute, permettre d’apporter des éclairages sur cette affaire qui plonge la lutte à nouveau dans ses profonds tourments.
«ON NE PEUT PAS TROUVER LA RÉUSSITE DANS UN CIMETIÈRE»
HABIB SAGNA, GESTIONNAIRE DU CIMETIÈRE ST LAZARE DE BETHANIE SUR LA PROFANATION DES TOMBES
La profanation des tombes fait à nouveau débat suite à la déclaration d’Eumeu Sène à la suite de son combat contre Balla Gaye 2. Le Chef de file de l’écurie Tayshinger a révélé qu’on aurait profané la tombe de sa mère. Gestionnaire du cimetière Saint Lazare de Béthanie depuis 2013, Habib Sagna est revenu sur ces allégations du lutteur de Pikine. Dans cet entretien, il parle de la sé- curité dans les cimetières et nie toute corruption envers les gardiens de ces lieux. Mieux, Habib Sagna appelle les Sénégalais à se retourner vers Dieu.
Comment appréciez-vous les déclarations d’Eumeu Sène sur la profanation de la tombe de sa mère ?
C’est dommage d’entendre ces déclarations dans les medias. Mais, les sénégalais doivent se rendre à l’évidence. Ils doivent s’orienter vers Dieu. Je ne comprends pas pour des questions de sport, de victoire ou de défaite qu’on aille profaner une tombe. Nous tous, nous allons un jour retourner vers Dieu. Il est inutile de pratiquer ces choses. Même si l’Africain croit beaucoup aux mystiques et franchement cela n’en vaut pas la peine.
Qui dit profanation parle de manque de sécurité. Qu’en est-il de la sécurité dans les cimetières ?
La sécurité dans les cimetières n’est pas parfaite à 100 %. En effet, vu le nombre de visiteurs qu’on accueille quotidiennement, on ne peut pas contrôler tout le monde encore moins savoir ce que chaque personne qui entre ici à l’intention de faire. N’empêche, on a 6 gardiens qui font la ronde et qui, dès qu’ils voient quelqu’un de suspect, ils l’approchent pour savoir l’objet de sa visite.
Est-ce que les gardiens sont payés pour faire ce travail parce qu’on soupçonne souvent des faits de corruption dans les cimetières ?
Ils sont des agents de la ville de Dakar. Je ne dirais pas qu’ils sont payés suffisamment, mais ils perçoivent une rémunération. Au Sénégal, même si on a des millions, on a toujours besoin d’un plus. Il faut que les sénégalais sachent encore une fois que dans chaque cimetière, il n’y a que des personnes responsables. Ce sont des gens qui gagnent dignement leur vie. Qu’on arrête de dire des choses qui ne sont pas vraies, avoir des préjugés négatives sur nous, parce que nous avons des familles et nous avons aussi des défunts ici ou ailleurs. Pour dire qu’il n’y a pas de corruption. Ce n’est pas vrai. Un gardien ou un fossoyeur de cimetière ne fera jamais cela. Un intrus peut être. A quoi sert cette corruption si nous tous nous savons qu’on va mourir un jour. Qui va donner des milliards pour profaner la tombe de la maman d’une autre famille. Mais, depuis que je suis là, j’ai vu beaucoup de choses sauf de la corruption.
Lesquelles ?
En longeant les allées du cimetière, je peux tomber sur un gris-gris placé à coté d’une tombe. Et automatiquement, je sais que c’est quelqu’un qui l’a déposé sur place. On est au Sénégal, et les gens sont capables de faire ces genres de choses sur instruction de leurs marabouts. Mais, on les ramasse et on les jette. Pour nous, ça n’a pas d’importance le destin de l’homme est déjà tracé. On est en Afrique et particulièrement au Sénégal, les gens croient au mystique.
Est-ce que vous avez eu à arrêter des personnes venues profaner des tombes ?
Non. Mais une fois, un garçon, venu assister à un enterrement, a été accusé par une dame de vouloir déposer un objet à côté de la tombe. Cependant, cela n’a jamais été prouvé. Je n’ai pas vu ce dont parlait la dame. Moi, je ne juge que les faits qui sont avérés. Toutefois, au Sénégal tout est possible. Il faut se rendre à l’évidence et avoir une pensée vers Dieu. Il faut que les gens sachent que le destin de toute personne dépend de Dieu. Je peux vouloir des millions mais je ne les chercherais pas dans les cimetières. Je préfère les chercher ailleurs, dans une autre vie. On ne peut pas trouver la richesse de la vie dans un cimetière. Dieu seul détient la clé de la réussite d’une personne et non les marabouts. Parce qu’à l’entrée du cimetière en regardant tous ces gens qui sont là, nous sentons nettement que nous aussi, nous serons comme eux.
Est-ce que la sécurité des cimetières ne doit-elle pas être renforcée ?
Si, parce que garder un cimetière est difficile. La sécurité doit être renforcée surtout pour un aussi grand cimetière où il n’y a que 6 gardiens. Les autorités doivent nous aider sur la sécurité. Une sécurité n’est jamais parfaite. Il faut toujours l’améliorer, la renforcer. Surtout pour nous qui travaillons ici, ce n’est pas du tout facile parce que personne ne souhaite que son fils soit gardien dans un cimetière.
Qu’est ce qui vous a le plus marqué dans votre travail?
C’est l’enterrement des personnes dont on ne connait pas leurs identités et qui n’ont pas quelqu’un pour les accompagner. Dès fois même, il m’arrive de pleurer pour des étrangers qui viennent au Sénégal et qui meurent. Les Sapeurs pompiers retrouvent leurs corps 4 jours après. Lesquels sont en état de putréfaction. Toute personne souhaite être entourée de ses proches à sa mort. Alors que pour eux, il n’y a que les sapeurs pompiers et la gendarmerie. On ne connait rien d’eux et ils sont dans des situations qu’on ne peut même pas raconter. Mais, on accepte car on ne s’est pas ce que le destin nous réserve.
Comment gérez-vous ces deux mondes différents en tant que gestionnaire de cimetière ?
Dès fois, il m’arrive de ne pas dormir la nuit. Tous les jours, on assiste à l’arrivée d’un disparu. Et en tant qu’être humain, qui a des frères et des sœurs, on se pose la question de savoir pourquoi ça ne m’est pas arrivé ?
Là, on prend un recul et on pense à soi-même. Je rentre chez moi et je suis complètement out. Les détails de la vie et la réalité des cimetières ne vont pas de pairs. Je me dis que ce qui est arrivé à cette famille, peut m’arriver demain. C’est pourquoi, des gens comme moi n’arrivent pas à communiquer beaucoup. On parle peu à la maison. Parfois, on me parle des choses de la vie, mais je suis ailleurs.
Dernièrement, il y a eu beaucoup de profanation au cimetière Saint Lazare de Béthanie…
Ce n’était pas de la profanation mais plutôt des vols ciblés sur des croix en bronze car les voleurs pensaient gagner beaucoup d’argent avec.
CES JUGES QUI VONT SCELLER LE DESTIN D’HISSENE HABRÉ
DR. NKOSAZANA DLAMINI-ZUMA, AMADY DIOUF, MOUSTAPHA BA ET PAPE OUSMANE DIALLO
La nomination des juges pour le procès d’Hissène Habré a eu lieu, hier. L’audience prévue en juillet sera présidée par Nkosazana DlaminiZuma avec comme assesseurs, Amady Diouf et Moustapha Ba. Là où, et Pape Ousmane Diallo devient un juge suppléant.
C’est officiel. Un juge burkinabè va présider le procès de l’exhomme fort de N’Ndjamena, Hissène Habré prévu au mois de juillet prochain au Sénégal. La Présidente, Dr. Nkosazana Dlamini-Zuma aura à ses côtés Amady Diouf et Moustapha Ba, tous deux sénégalais, comme juges assesseurs, et Pape Ousmane Diallo, aussi du Sénégal, comme juge suppléant.
A travers un communiqué rendu public hier, Human Rights Watch fait savoir que la nomination des juges pour conduire le marque le début de la dernière ligne droite avant les audiences. Pour le conseiller juridique pour Human Rights Watch, Reed Brody, « le procès de Hissène Habré pourrait marquer un tournant pour la justice en Afrique».
Egalement, en relation avec les victimes de Habré depuis 1999, il poursuit : «pour la première fois, des juges issus de différents pays africains vont juger, au nom de l’Afrique, des crimes présumés commis par un dirigeant africain contre des victimes africaines».
En fait, le 6 avril 2015, la présidente de la commission de l’Union africaine (Ua) a nommé du Burkina Faso, ancien juge au Tribunal pénal international pour le Rwanda (Tpir), comme Président de la Chambre africaine extraordinaire d’Assises au sein des juridictions sénégalaises. est actuellement juge au sein du Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux, créé pour clôturer les travaux du Tpir et du (Tpiy).
Il a auparavant été juge au Tpir de 2003 à 2009. En tant que membre de la délégation du Burkina Faso, il a également participé à la ré- daction du Statut de Rome, document fondateur de la Cour pénale internationale. Il a par ailleurs occupé les fonctions de juge et de procureur à différents niveaux du système judiciaire du Burkina Faso et a travaillé au sein du ministère de la Justice.
Amady Diouf est conseiller technique au ministère de la Justice en charge des affaires criminelles. Il a occupé précédemment le poste de substitut général par intérim près la Cour d’appel de Kaolack.
Moustapha Ba est président de la chambre correctionnelle au tribunal régional de Dakar.
Il a occupé précédemment le poste de président par intérim du tribunal régional de Fatick. Pape Ousmane Diallo est l’actuel conseiller à la Cour d’appel de Saint-Louis au Sénégal.
Il était précédemment président du tribunal départemental de Rufisque puis conseiller à la Cour d’appel de Dakar. La Chambre africaine extraordinaire (Cae) d’Assises de la Cour d’Appel de Dakar est composée d’un Président, de deux (2) juges titulaires de nationalité sénégalaise et de deux (2) juges suppléants de nationalité sénégalaise nommés par le Président de la Commission de l’Union africaine sur proposition du Ministre de la Justice du Sénégal.
Le Président de la Chambre est ressortissant d’un autre Etat membre de l’Union africaine Reed Brody d’affirmer qu’« après une instruction de 19 mois, les quatre juges d’instruction des Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises avaient le 13 février qu’il y avait suffisamment de preuves pour que Habré soit jugé pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture».
Pour rappel, «Hissène Habré est accusé de torture pendant son régime, de 1982 à 199. Renversé par l’actuel président Idriss Deby Itno, il a fui le Tchad pour se réfugier au Sénégal».
Et, après une campagne de 22 ans menée par les victimes, «les Cae ont été établies au sein des juridictions sénégalaises en février 2013 afin de poursuivre les crimes le plus graves commis durant son régime.
Les Chambres ont Habré en juillet 2013 de crimes contre l’humanité, torture et crimes de guerre et l’ont placé en détention provisoire», lit-on dans le document. A signaler que Le 25 mars 2015, une cour criminelle au Tchad a 20 agents de sécurité du régime de Hissène Habré pour torture et assassinat.