Un séminaire sur les plates-formes et architectures de la TNT au Sénégal s'est tenu hier à Dakar. Il est organisé par le comité national de la transition de l'analogie au numérique (Contan) et le groupe Excaf télécom. Une occasion pour faire le point sur l'évolution du passage au numérique.
Le17 juin prochain, les diffuseurs sénégalais passeront de l'analogie au numérique. A trois mois de la date butoir, le comité national de pilotage de la transition de l'analogique vers le numérique (Contan) assure que les délais seront respectés. Lors d'un séminaire tenu hier à Dakar en collaboration avec le groupe Excaf Telecom chargé d'exécuter le projet, le directeur exécutif du Contan Amadou Top en a fait la promesse.
"Nous sommes prêt pour le passage de l'analogie au numérique. Pour l'essentiel nous sommes confiants. Nous avons mis tout en œuvre", a-t-il affirmé. En effet, les régions de Dakar et de Thiès sont entièrement couvertes tel que l'a démontré hier, à travers un schéma, Excaf. L'objectif aujourd'hui est d'arriver à la couverture de toutes les capitales régionales avant fin avril comme l'a annoncé M. Top. Ce qui est fort possible si l'on se fie aux explications de l'exécutant du projet. Excaf atteste que l'installation d'un site prendrait trois jours, compte non pris des éléments de génie civil.
En outre, arriver à gagner le pari de tout installer en fin avril permettrait au Contan d'avoir un mois et demi d'avance sur le deadline. La balle est donc dans le camp des propriétaires de chaînes de télévision. Car si au soir du 17 juin 2015, les télévisions ne se mettent pas au numérique, les ménages ne les percevront plus. Un plan B n'est pas conçu à cet effet. Par conséquent, il faut que tout le monde suive l'évolution en même temps.
Par ailleurs, avec ce passage obligatoire, les télévisions doivent absolument développer des contenus locaux de qualité. Un projet de loi sur le sujet est d'ailleurs prévu. "Il va falloir promouvoir l'industrie audiovisuelle au Sénégal et en faire une véritable industrie", selon M. Top. Ce qui passerait inévitablement par une meilleure prise en charge de la production locale.
Ce qui développerait l'industrie cinématographique. Car l'un des problèmes majeurs qui plombe l'essor du septième art au Sénégal est le manque de canaux de diffusion. Avec cette obligation de diffusion audiovisuelle, le Sénégal pourrait rivaliser avec "Nollywood" par exemple. Encore que ce ne sont pas les réalisateurs qui manquent. Ainsi pourrait se développer "un écosystème avec des réalisateurs, des metteurs en scène, toutes sortes de services qui interviendraient dans la production", d'après M. Top.
Aussi, des réflexions se font autour de l'arrêt d'un pourcentage de production obligatoire pour les différentes chaînes. Pour l'instant, il est retenu qu'un minimum de production locale soit intégré de manière canonique.
LES AVOCATS DES COPRÉVENUS DE KARIM CRIENT LEUR DÉSARROI
Les conseils de Mamadou Pouye dit Pape, et Ibrahim Aboukhalil dit Bibo, sont "outrés" par le verdict du juge de la Crei à l'encontre de leurs clients. Une procédure "irrégulière" et des sanctions pécuniaires "démesurées" qu'ils comptent annuler avec la formation d'un pourvoi en cassation à la Cour suprême.
Suite et pas fin du verdict du procès pour enrichissement illicite ! Après ceux de Karim Wade lundi, les avocats des coïnculpés ont fait face à la presse hier. Ils dénoncent la forme, le fond, le déroulement du procès ainsi que les lourdes sanctions infligées à leurs clients. Un verdict marqué du sceau de l'extrême, selon les conseils des coïnculpés de Wade-fils.
"Comment s'acquitter d'une amende de 138 milliards ? Personne au monde ne peut payer une telle somme. 200 millions d'euros ! Est-ce que c'est sérieux ? Et comme si ça ne suffisait pas, on leur confisque leurs biens", s'indigne Me Corinne Dreyfus-Schmidt, avocate d'Ibrahim Aboukhalil dit Bibo. La présidente de l'Association française des avocats pénalistes trouve que toutes ces décisions n'ont pour autre finalité que de "déposséder Bibo de son patrimoine acquis de longue date".
Pour Me Papa Leyti Ndiaye, les deux coaccusés "ont commis le crime d'avoir eu du succès sur le plan économique. Le symbole de la justice, c'est la balance, mais avec cette décision, nous sommes en plein dans la démesure", déplore-t-il.
Le paiement solidaire de 10 milliards à l'Etat de la part des prévenus est un subterfuge de la Cour "qui ne voulait pas débouter l'Etat" de sa demande de 250 milliards, selon Me Baboucar Cissé. Le doyen des avocats dans cette affaire, Me Moustapha Ndoye représentant Mamadou Pouye, s'inquiète quant à lui de l'accueil du verdict dans le monde des affaires. "Nous représentons les sociétés privées. L'enrichissement illicite concerne les personnes qui ont un mandat public.
Les privés ont été installés dans cette procédure alors qu'ils ne sont pas concernés. On prend les biens des privés pour les attribuer à une personne publique", dénonce l'avocat pour qui cette décision est un précédent dangereux pour les libertés et les affaires. De son avis, il se pose un problème d'imputabilité car "avant de justifier l'origine licite, il faut d'abord imputer un patrimoine".
"Le pourvoi en cassation, seul espoir"
Preuves inexistantes, motivations insuffisantes, témoignages fragiles... la défense a revisité toutes les failles de cette procédure et dénoncé les violations de la loi. Pour elle, cette affaire bat de tristes records dont celui de la détention préventive la plus longue pour un délit : 22 mois au lieu de 6, en plus des montants exorbitants assortis à la peine d'emprisonnement.
"Après 27 commissions rogatoires et des batteries d'investigations, aucune preuve n'a permis d'établir un lien entre Karim Wade et Bibo. Il n'y a aucun flux financier entre les deux comptes", déclare Me Ndiaye, avec une lettre de la banque de Monaco de juillet 2013 à l'appui. Les preuves testimoniales sont "légères pour entrer en voie de condamnation", estime Moustapha Ndoye. Le dernier espoir de la défense réside dans le pourvoi en cassation.
"Nous avons formé un pourvoi contre l'arrêt d'hier (avant-hier) que nous contestons formellement. Ces décisions ne seront pas appliquées tant que la Cour suprême n'aura pas rendu un avis définitif", lance Me Dreyfus-Schmidt. Un recours suspensif en déphasage avec les propos du ministre de la Justice dans sa conférence de presse d'avant-hier.
La défense qui se plaint de n'être toujours pas en possession de l'arrêt pour connaître les motivations du juge envers leurs clients, fonde beaucoup d'espoir sur cette ultime voie de recours. "Nous espérons que la Cour suprême dira le droit en toute indépendance", déclare Me Baboucar Cissé.
PAR PAPE SAMB
KARIM WADE CONDAMNÉ, UNE VICTOIRE À LA PYRRHUS POUR MACKY SALL
«Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de la haine, des préjugés et de l’étroitesse d’esprit».
Nelson Mandela. «Pensées pour moi-même»
La Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), en prononçant son arrêt du 23 mars 2015, condamnant Karim Wade et ses co-prévenus, à de lourdes peines, a signé l’arrêt de mort de Macky Sall dans le cœur de bon nombre de Sénégalais épris de justice et de respect des droits humains.
Ce verdict tend à prouver que Macky Sall, qui n’est pas un descendant d’esclaves, confirme qu’il est bien l’esclave de la France, en ce qu’il vient d’exécuter à la lettre les ordres de son maître François Hollande, relayés par Son Excellence Jean-Félix Paganon, ambassadeur de France au Sénégal.
Maintenant, la question qui mérite d’être posée est la suivante : Qu’est-ce que le Sénégal gagne dans tout ça ? Rien, pardi ! Par contre, le Président Macky Sall vient d’assouvir un dessein sournois et cynique qui le consumait à petits feux : prendre sa revanche sur Abdoulaye Wade et le Parti démocratique sénégalais (Pds).
En cela, le chef de l’Etat doit être traduit devant la Haute cour de justice pour haute trahison. La haute trahison ici, c’est d’avoir détourné et travesti le sens du vote des Sénégalais qui l’ont investi de leur confiance et l’ont élu pour qu’il fasse avancer le Sénégal, et non pour utiliser le pouvoir placé entre ses mains pour en faire un instrument de vengeance.
Ils doivent être nombreux aujourd’hui, les Sénégalais à s’arracher les cheveux et à se mordre les doigts pour avoir cru de bonne foi, au moment de glisser leur bulletin de vote dans l’urne, le 25 mars 2012, que le candidat Macky Sall était un moindre mal. Le moins mauvais de tous.
Pour en revenir à la question soulevée plus haut, le Président Macky Sall vient de solder ses comptes personnels avec ses anciens frères libéraux. Qu’il savoure à fond sa victoire. En revanche, il a installé le pays dans une zone de turbulences dont nul ne connaît l’issue. Pour sûr, Macky Sall joue avec l’avenir du Sénégal en distribuant à tour de bras des tickets d’entrée à Rebeuss aux membres du Pds.
«La prison, c’est dur !» disait Bara Gaye1, à la suite de son élargissement après six mois de bagne. Et c’est parce que «Macky Sall ne connaît pas la prison» (Me Abdoulaye Wade dixit) qu’il y envoie les gens avec une légèreté déconcertante.
Il est vrai que Macky Sall a toujours été aux abonnés absents quand les vaillants Libéraux du Pds, au plus fort du Sopi guerrier, faisaient face courageusement à la soldatesque du régime du Parti socialiste et montaient au front pour en découdre avec la flicaille du Président Abdou Diouf. Macky Sall, militant simple puis président de la Cellule Initiatives et Stratégies (Cis) du Pds s’est toujours arrangé pour trouver une excuse, en «portant malade» ou en prétextant un alibi bidon pour se défiler. Le gars ne connaît pas donc les rigueurs de la prison. Ceci explique cela.
Cela dit, il faut que le Président Macky Sall se le tienne pour dit : rien ne pourra lui éviter d’être bouté hors du Palais présidentiel à la toute prochaine élection présidentielle s’il persiste dans cette voie d’emprisonnement tous azimuts et de violation des droits et libertés des citoyens sénégalais.
Comment le Président Macky Sall peut-il dénier aujourd’hui à Karim Wade d’avoir été enrichi par son propre père de président de la République, le Président Abdoulaye Wade, alors que lui-même, Macky Sall, de ses propres aveux, reconnaît qu’il n’est redevable des honneurs qu’il a reçus et de sa haute fortune qu’à la bonté des Wade et à leur générosité (Souleymane Jules Diop dixit) ?
Avec l’affaire des 7 milliards du Fonds Taïwanais, Macky Sall a montré qu’il a trempé les deux mains à fond et à plein dans le cambouis, et ne peut donc être blanc comme neige dans ce qui est accusé au régime du Président Abdoulaye Wade dans lequel il a trusté des postes plus qu’importants pendant 8 ans au moins, et est donc comptable du bilan de ses actuels adversaires. Le moment venu, il lui faudra passer à la barre. Mais, il ne perd rien pour attendre.
Comment alors conférer un quelconque crédit à une traque conduite par quelqu’un sur qui pèsent de sérieux et graves soupçons d’enrichissement illicite tel que cela transparaît dans sa déclaration de patrimoine? Certes, le Président Macky Sall jouit actuellement d’une immunité du fait de son statut de chef de l’Etat.
Mais, qu’il sache que, immédiatement après son départ du pouvoir, il sera à son tour traqué, pourchassé et acculé dans ses derniers retranchements pour rendre gorge lui aussi, sans rémission, de toutes les prévarications qui sont les siennes.
Que son successeur s’appelle Khalifa Sall, Idrissa Seck, Abdou laye Baldé, Pape Diop, El Hadji Malick Gakou ou Karim Wade, le Président Macky Sall ne pourra pas manquer d’être traduit devant «sa» Crei. Comme un effet boomerang. Et ce jour-là, il comprendra qu’on ne récolte que ce qu’on a semé.
Seulement, le Président Macky Sall ne doit pas être le seul à trinquer. Tous ses ouailles qui font la bamboula et se sucrent sur le dos des Sénégalais verront la gestion antérieure des structures à eux confiées sous le régime de Macky Sall, auditées de fond en comble : Cheikh Kanté (Port autonome de Dakar), Pape Maël Diop (Agence des aéroports du Sénégal), Diène Farba Sarr (Apix),
Pape Dieng (Senelec), Sory Kaba (Faise), Amadou Hott (Fonsis), Doudou Kâ (Fongip), Mansour Faye (Délégation à la solidarité familiale), Cheikh Oumar Anne (Coud), Me El Hadji Omar Youm (Société nationale de recouvrement) pour ne citer que ceux-là. Naturellement, les ministères et les innombrables agences seront passés au crible. Sans compter les dossiers Petrotim, Arcelor Mittal et Kosmos Energy qui seront réexhumés.
Maintenant, si le Président Macky Sall pense que les Sénégalais sont satisfaits de la façon dont il gouverne actuellement le Sénégal, il se trompe. Si le Président Macky Sall pense que ses agissements peuvent lui garantir un second mandat, il se fourvoie. Si le Président Macky Sall pense qu’il pourra échapper à la justice de son pays, il se goure. Ce sera un prêté pour un rendu.
Elu à l’âge de 51 ans, pour opérer des ruptures de fond, le Président Macky Sall ne peut réaliser de succès si éclatants au point de combler le gouffre dans lequel il a entraîné le Sénégal à travers la haine et les ressentiments qu’il a marqués au fer rouge dans le cœur des Sénégalais qui, divisés comme jamais ils ne l’ont été par le passé, ne font plus mystère aujourd’hui de leur affection à la loi du talion. Et c’est parti pour un cycle infernal et ininterrompu de vendetta au rythme des changements de régimes au Sénégal.
Cela étant, à supposer que Karim Wade se soit enrichi illicitement et ait planqué les deniers publics dans des paradis fiscaux, quelle est la garantie de l’Etat que lesdits fonds seront rapatriés ? Encore que, comme le dit à juste propos l’écrivain Boubacar Boris Diop : «On ne développe pas un pays en récupérant de l’argent détourné, on développe un pays en empêchant que l’argent public soit impunément détourné».
Maintenant, entre l’emprisonnement de Karim Wade, dans les conditions que l’on sait, et le basculement du Sénégal dans le chaos né de l’instauration de fait de la loi de la jungle par le Président Macky Sall, où se situe l’intérêt supérieur du Sénégal ?
La peine de 6 ans de prison et le paiement illusoire de 138 milliards de francs Cfa par Karim Wade, feront-ils du Sénégal un pays émergent ? Rien n’est moins sûr.
In fine, en infligeant une telle peine à Karim Wade, Macky Sall a fini de jeter en prison le candidat régulièrement investi par le Pds à la prochaine élection présidentielle. Un prisonnier politique. Un redoutable et redouté challenger. C’est aussi la vitrine démocratique sénégalaise qui craquelle et qui se fissure. Un ingrédient de plus dans le passif du bilan de Macky Sall.
Pour rappel, Karim Wade était diabolisé et condamné alors qu’il était encore au pouvoir, lorsque s’élevaient déjà dans les rangs de l’opposition de l’époque les insinuations fabriquées de toutes pièces de «projet de dévolution monarchique» ou de «ministre du ciel et de la terre». Le Président Macky Sall avait-il besoin de faire tout ce cinéma pour en arriver à ce verdict du 23 mars 2015 ?
Avait-il besoin de récuser l’arrêt de la Cour de la justice de la Cedeao du 22 février 2013 en interdisant à Karim Wade & compagnie de sortir du territoire national ? De lui faire subir d’interminables interrogatoires à la Section de recherches de la Gendarmerie nationale ou à la Commission d’instruction de la Crei ? De lui servir deux mises en demeure successives ? De le faire cueillir manu militari chez lui par une escouade de gendarmes armés jusqu’aux dents ? De faire chasser du Tribunal un de ses avocats ? De le faire agresser par un maton dans le box des accusés ? De faire perdre des milliards de francs Cfa au trésor public pour payer les honoraires d’avocats et d’experts, des commissions rogatoires internationales ou pour le fonctionnement d’une Crei qui avait déjà le verdict depuis le début ?
Aujourd’hui que Karim Wade est condamné à une lourde peine qui a ému jusque dans les rangs de l’Apr, une seule personne, à notre connaissance, s’est réjouie publiquement de la décision du juge Henri Grégoire Diop : Bara Tall, propriétaire de l’entreprise Jean Lefevbre/Sénégal.
Pourtant, s’il y a un Sénégalais qui doit raser les murs, se faire moins visible et demander pardon à tout le peuple sénégalais, c’est bien Bara Tall, actuel patron de la société Talix.
Voilà un chef d’entreprise qui doit porter sur la conscience, tous les jours, les morts et les blessés survenus sur le tronçon Fatick-Kaolack, long de 45 km. La route de la mort. Les usagers de cet axe routier n’en peuvent plus de souffrir, de s’indigner et de laisser la vie sur ce semblant de route «(...) parsemée de nids de poule qui provoquent de grandes secousses et de nombreuses déviations. Les accidents qui surviennent sur cette route ne se comptent plus, car les automobilistes sont obligés de slalomer pour éviter les nombreux nids de poule qui jalonnent cette route.
Non seulement les voyageurs qui empruntent ce tronçon vivent sous la hantise des accidents, mais il est fréquent de voir des véhicules rendre l’âme du fait du mauvais état de cette route». Source : La Tribune n° 763 du vendredi 18 avril 2014, page 5.
Le sort de Bara Tall, aujourd’hui, devrait être sa traduction devant les Tribunaux pour homicide involontaire car sa responsabilité dans tous les accidents mortels sur l’axe Fatick-Kaolack est entièrement engagée. Au contraire, le Président Macky Sall l’a réhabilité. Cité comme témoin à charge dans le procès Karim Wade, Bara Tall, bavant de haine, a tout fait pour enfoncer ce dernier, solder des comptes et prendre une revanche contre quelqu’un qu’il considère comme le responsable de la faillite de son entreprise.
Il n’est pas aussi superflu de rappeler que durant la période d’emprisonnement de Bara Tall (22 novembre 2006-31 janvier 2007), relative- ment à «l’affaire des chantiers de Thiès», le Premier ministre et chef du gouvernement de la République du Sénégal qui avait donné son onction, n’était autre qu’un certain...Macky Sall. Aujourd’hui, après le grand tintamarre fait par Boune Abdallah Dionne en décembre 2014, pour le lancement des travaux de réfection de cette route, rien n’est fait à ce jour, l’Etat du Sénégal s’étant payé la tête des pauvres populations de ces localités. Ainsi va le Sénégal sous Macky Sall.
Maintenant, Karim Wade peut prendre sa condamnation avec philosophie. Comme un mal pour un bien. Il doit faire sienne2 la réflexion de Amélie Nothomb : «Il n’est pas rare que le trajet le plus court pour prendre le pouvoir passe par la prison». Le credo des Sénégalais épris de justice ne doit pas aussi beaucoup différer de celui de Henry David Thoreau3 qui disait : «Sous un gouvernement qui emprisonne un seul être injustement, la juste place du juste est aussi la prison».
C’est d’autant plus pertinent qu’aujourd’hui, avec la vague d’arrestations dans leurs rangs, et la condamnation de Karim Wade en plus, la radicalisation est de mise du côté du Pds où, loin de les décourager, la prison a renforcé leur détermination à poursuivre cette lutte jusqu’à la victoire.
En attendant, c’est Macky Sall qui a remporté la première manche. Mais, c’est une victoire à la Pyrrhus, car le chef de l’Etat en sort plus que jamais fragilisé dans la mesure où le dialogue politique est au point mort pour laisser la place à la confrontation et à la croisade, là où le président de la République avait besoin de stabilité pour dérouler tranquillement son Plan Sénégal émergent.
Au surplus, le régime de Macky Sall ferait une grosse erreur en pensant que, du moment où le pire qui était annoncé en cas de condamnation de Karim Wade, ne s’est pas produit – il y a eu tout juste quelques échauffourées à Fann-Résidence – il peut baisser la garde et dormir sur ses lauriers. Le calme qui a suivi l’énoncé du verdict, loin de traduire une passivité ou une indifférence des populations, dénote d’une maturité des Sénégalais dont le sens de discernement leur permet de maîtriser le timing, de se faire à l’idée qu’il ne sert à rien de se livrer à des actes irresponsables, répréhensibles et mal à propos.
Les Sénégalais ont pris conscience que le système démocratique dans lequel ils évoluent leur donne la possibilité de s’exprimer en toute légalité à l’occasion des échéances régulières que sont les élections. En responsables avisés, ils gardent la patience, rongent leurs freins et attendent ce moment propice pour faire sa fête, à l’homme politique à sanctionner, et qui l’aura amplement mérité, avec cette arme de destruction massive qu’est le bulletin de vote.
Au soir du verdict qui condamne Karim Wade à 6 ans de prison ferme et à payer une amande de 138 milliards F CFA, le ministre de la Justice Me Sidiki Kaba a annoncé la poursuite des autres procédures, dans la traque des biens dits mal acquis. Comptes et mécomptes d'une course-poursuite.
Karim est tombé lundi, à qui le tour maintenant ? La question renferme toute sa pertinence, surtout que le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Me Sidiki Kaba a donné le ton, en annonçant au soir du verdict la relance des autres procédures. Les yeux sont aujourd'hui rivés sur les conclusions des avocats de l'Etat qui, de retour d'une enquête effectuée en 2013 en Europe, avaient fourni une liste de 25 personnes visées par la procédure.
Parmi eux, figurent deux hommes d'affaires sur lesquels pèsent de très sérieux soupçons et d'anciens dignitaires de l'ancien régime. La mise à contribution d'un système dénommé Tracfin, conçu pour traquer les fauteurs de crimes économiques, lutter contre les circuits financiers, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, a également été annoncée.
Dans les jours à venir, de potentiels candidats pourraient être inquiétés. Les regards se tournent vers l'ancien ministre et collaborateur de Karim Wade, Abdoulaye Baldé dont la commission d'instruction de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) a mis la main sur les comptes bancaires, les biens meubles et immobiliers. L'ordonnance de saisie concerne tous ses biens et ceux de son épouse. La mesure de saisie
conservatoire est ordonnée par le juge d'instruction pour sauvegarder les biens de la partie civile, en attendant de finir son instruction. Précision : cela n'implique pas que la personne concernée a définitivement perdu ses biens. La procédure contre Abdoulaye Baldé a été enclenchée, le 11 juillet 2014, par le parquet spécial. Il doit ainsi justifier ses biens évalués à 5 milliards F CFA. Tahibou Ndiaye fait aussi l'objet de poursuite même s'il a bénéficié d'une liberté provisoire. D'anciens ministres, comme Ousmane Ngom, Samuel Sarr et Oumar Sarr sont également dans le viseur de la CREI. Au moment où Aïda Ndiongue, ancienne dignitaire du Pds, dont le patrimoine est estimé à 46 milliards, est détenue depuis plusieurs mois.
Plus de cent milliards restitués pour 3000 milliards disparus
Dans la traque des biens mal acquis, toutes les portes n'ont pas été fermées par l'Etat. Les présumés "illicitement enrichis" ont la possibilité de rembourser, pour échapper à la justice. Mais, cela suffit-il pour échapper ? Car dans bien des cas, la restitution n'a pas empêché l'emprisonnement. Placé sous mandat de dépôt le 3 décembre 2012, l'ex-Dg du Cadastre, Tahibou Ndiaye, en est une illustration, lui qui avait bénéficié d'une liberté provisoire pour avoir payé près de 3,6 milliards, avant d'être à nouveau emprisonné.
Ndèye Khady Guèye, du Fonds de promotion économique (FPE), emprisonnée en février 2014, a pu retrouver la liberté en payant une caution de 1,5 milliard de FCFA. C'est aussi le cas de Moustapha Yacine Guèye qui a rendu 1 milliard 550 millions F Cfa et de l'ancien Directeur général du Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC), sous mandat de dépôt, depuis le 25 juin 2012. Amadou Kane Diallo a "restitué" 20 millions de F CFA et une villa estimée à 81 millions F CFA pour recouvrer la liberté.
A ce jour, plus d'une centaine de milliards ont été recouvrés, sur les 3000 milliards CFA dilapidés. Le 29 mai 2013, alors ministre de la Justice, Mimi Touré avait remis un chèque de 1 milliard de francs Cfa au ministre du Budget. Auparavant, 500 millions de F Cfa et 900 millions de F Cfa avaient été respectivement remis au ministre du Budget et à la Caisse de dépôt et de consignation.
MACKY DÉCRÈTE L'ARRÊT DES BAUX ET PROJETS IMMOBILIERS DANS LES NIAYES
Le président de la République veut préserver la zone des Niayes contre l'urbanisation galopante notée à Dakar. D'où son invite aux services du cadastre et des domaines d'arrêter d'accorder des baux pour des projets immobiliers dans cette zone à vocation agricole.
Le ministre de l'Agriculture et de l'Équipement rural, lors d'une visite il y a quelques mois, avait constaté que la zone des Niayes était agressée par des promoteurs immobiliers. Pape Abdoulaye Seck était choqué, selon ses propres termes, par "cette urbanisation sauvage et galopante qui n'est pas pour favoriser la matérialisation des objectifs qui sont assignés au secteur agricole", avant d'ajouter qu'il allait rendre compte aux plus hautes autorités et que "des décisions seraient prises avec célérité".
Aujourd'hui, une voix, plus autorisée déplore ce qui se passe dans les Niayes. Le président de la République, qui a présidé hier à Diamniadio l'ouverture du symposium international de la Banque de l'habitat du Sénégal (Bhs) sur le thème : "pôles urbains : enjeux et mise en œuvre", demande l'arrêt de l'agression foncière sur cette zone à vocation agricole.
"L'expansion doit tenir compte de la préservation des zones à vocation agricole comme les Niayes. Il faut protéger les Niayes. Il faut arrêter de donner des baux et des projets immobiliers sur la zone des Niayes", appelle le chef de l'Etat. Car, aux yeux de Macky Sall, l'urbanisation galopante dans nos villes et les contraintes foncières doivent pousser les gens à mieux penser à "une occupation plus rationnelle de l'espace" ou même à "construire de plus en plus en hauteur et à nous accommoder de la vie en appartement".
Exonération des droits de douane et TVA à Diamniadio
Hier, le président de la République a encore réitéré son invite au secteur privé national à venir développer des projets dans la nouvelle ville de Diamniadio. Il promet même de mettre à leur disposition "les assiettes restantes" pourvu que ces privées aient "des programmes à démarrer sans délai".
Par contre, il n'a pas manqué de menacer de "retirer les assiettes foncière à ceux qui, depuis un an, n'ont pas pu entamer la moindre action". Pour mieux inciter le privé national à s'intéresser au pôle urbain de Diamniadio, le chef de l'Etat a révélé que l'Etat va bientôt procéder à une "exonération des droits de douanes, de la TVA sur le pôle ainsi que sur le droit d'enregistrement".
"Venez présenter les projets, on vous donne des assiettes foncières. C'est l'occasion", appelle le président Sall. Toutefois, après autant de facilitations, il demande aux promoteurs "de s'atteler activement à la mise en œuvre de programmes de logements de qualité, accessibles à tous les Sénégalais et payable selon leurs revenus".
LE DILEMME DE WADE
Maintenir la candidature de Karim ou convocation d'un nouveau congrès d'investiture
La condamnation de Karim Meïssa Wade à six ans d'emprisonnement ferme perturbe les plans du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de son leader. Abdoulaye Wade, de l'avis de bon nombre d'observateurs de la scène politique, s'est pris dans son propre piège, en favorisant l'investiture de son prisonnier de fils comme le candidat du Pds à la prochaine présidentielle.
Au lendemain de la condamnation de Karim Meïssa Wade à six ans d'emprisonnement ferme par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), les choses semblent se compliquer pour le Parti démocratique sénégalais (PDS) et pour son leader. Selon bon nombre d'observateurs de la scène politique sénégalaise, Me Abdoulaye Wade fait désormais face à un dilemme cornélien.
Entre maintenir le choix porté sur son fils pour porter l'étendard du Pds à l'élection présidentielle de 2017 tout en corsant la lutte menée au niveau international pour sa libération, ou convoquer un congrès extraordinaire pour se choisir un nouveau candidat, Abdoulaye Wade et son parti ont peu de possibilités qui s'offrent à eux. "Globalement, les possibilités qui s'offrent au Pds sont très minimes et grosses de dangers", a estimé hier Papa Fara Diallo.
Selon l'enseignant chercheur en science politique à l'université Gaston Berger de Saint-Louis, "les membres du Parti démocratique sénégalais, en investissant Karim Wade comme leur candidat en 2017, étaient plus dans une logique de jouer une carte désespérée leur permettant de continuer à imprimer une nouvelle pression au pouvoir, qu'à se trouver une alternative crédible à même de vaincre Macky Sall en 2017". "Les libéraux savaient que Karim Wade serait condamné et que la peine pourrait aller au-delà des prochaines élections, mais ils se sont plus souciés d'apporter une réponse politique au procès qu'ils estiment politique de Karim Wade", souligne l'analyste politique.
Condamné à six ans d'emprisonnement ferme, le candidat du Pds reste pour autant toujours dans la course à la présidentielle de 2017. "Dans la mesure où Karim Wade n'a pas été privé de ses droits civiques et politiques, il reste toujours dans la course à la présidentielle de 2017 pour la simple raison qu'il reste électeur et éligible. Mais si et seulement si il est gracié par le président de la République", déclare Papa Fara Diallo.
De l'avis de ce dernier, "le chef de l'Etat peut décider, lors des prochaines fêtes de l'indépendance, d'accorder une grâce présidentielle à Karim Wade qui, auquel cas, pourrait participer à l'élection présidentielle de 2017 comme le candidat du Pds". Seulement, s'empresse-t-il de préciser, "cette éventualité qui reste dans l'appréciation discrétionnaire du président de la République, Macky Sall, ne semble pas être envisageable vu l'état actuel des relations entre pouvoir et opposition".
En dehors de cette éventualité, Papa Fara Diallo estime que Karim Wade pourrait également bénéficier d'une liberté provisoire. Mais selon lui, cette éventualité ne pourrait se concrétiser que si "la Cour de cassation casse le verdict et renvoie le dossier à la Crei qui va rejuger l'affaire".
Au-delà de ces deux éventualités, le Parti démocratique sénégalais n'a autre alternative que de convoquer de nouvelles primaires pour se choisir un autre candidat, estime pour sa part l'analyste politique Ibou Sané. "Ce qui reste au Pds, c'est d'organiser de nouvelles primaires pour se trouver un nouveau candidat. Il y a des personnalités au niveau du parti comme Souleymane Ndéné Ndiaye qui peuvent être des candidats crédibles", soutient le politologue.
Qui reste persuadé que "cela risque d'être très difficile pour le Pds en ce sens que le candidat qui sera choisi sera considéré comme un candidat par défaut". "Les Sénégalais ne prendront pas au sérieux le nouveau candidat qui sera choisi par le Pds. Abdoulaye Wade a montré à l'opinion publique et internationale que seule l'accession de son fils au pouvoir l'intéresse. Et de ce point de vue, il conforte la thèse de ceux qui disaient qu'il voulait perpétrer une dévolution monarchique du pouvoir le 23 juin 2011", déclare Ibou Sané.
L'UE REPREND LA COOPÉRATION AVEC LA GUINÉE-BISSAU AVANT UNE CONFÉRENCE À BRUXELLES
Bruxelles, 24 mars 2015 (AFP) - L'Union européenne a définitivement levé mardi les restrictions imposées sur la coopération avec la Guinée-Bissau après des troubles en 2011, à la veille d'une conférence internationale à Bruxelles pour attirer l'aide vers ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.
Les présidents bissau-guinéen José Mario Vaz et sénégalais Macky Sall sont attendus mercredi à Bruxelles pour cette conférence organisée avec l'UE et l'ONU. Le pays, qui a promis un programme de réformes et de mesures de développement sur dix ans, espère recevoir en retour des promesses d'aide.
"L'UE reprend pleinement sa coopération avec la Guinée-Bissau", a indiqué le Conseil de l'UE, qui représente les Etats, dans un communiqué. Les restrictions avaient été imposées en juillet 2011 en réaction à une mutinerie militaire en avril 2010, prélude à une période d'instabilité.
Elles avaient déjà été mises en suspens par l'UE en juillet 2014 après des élections jugées "libres et crédibles" dans le pays en mai. La Guinée-Bissau s'est dotée le 4 juillet 2014 d'un gouvernement dominé par le parti du président José Mario Vaz.
Il s'agit de la dernière étape du retour de ce pays instable à la légalité institutionnelle, au terme d'une période de transition d'un peu plus de deux ans après un nouveau coup d'Etat.
"L'UE encourage la Guinée-Bissau à rester unie et à continuer ses efforts pour renforcer les institutions démocratiques et l'Etat de droit, réformer le secteur de la sécurité et combattre la corruption, l'impunité et le trafic de drogue", a indiqué le Conseil, rappelant que des discussions sont en cours avec le pays pour son inclusion dans le Fonds européen pour le développement.
La programmation de ces financements sera "finalisée dans les mois qui viennent", a promis le commissaire européen chargé du Développement, Neven Mimica.
LES ENFANTS QUI NE VONT PAS À L'ÉCOLE, UNE BOMBE À RETARDEMENT AU NIGERIA
Kano (Nigeria), 25 mars 2015 (AFP) - Sous un soleil de plomb, Bello Shehu, 12 ans, vend des sachets d'eau potable aux automobilistes coincés dans les embouteillages de Kano, la plus grande ville du nord du Nigeria.
"Ma famille est pauvre et je dois vendre de l'eau pour les aider", explique Bello qui a quatre frères et soeurs, et passe ses journées à respirer les fumées d'échappement au beau milieu des embouteillages. "Mon père est vieux et sans emploi.
Ma mère tresse les cheveux des femmes mais le peu de revenus qu'elle en tire n'est pas suffisant pour nourrir la famille", raconte-t-il. Bello n'est pas un cas isolé dans cette région frappée par la pauvreté. Ici, les enfants travaillent pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Plus de 10 millions d'enfants ne vont pas à l'école au Nigeria -- le chiffre le plus élevé au monde, selon les Nations unies. Beaucoup d'enfants du nord du pays, à majorité musulmane, n'ont pas le choix.
Les écoles ont été fermées ou détruites au cours des six dernières années de combats entre l'armée nigériane et le groupe islamiste armé Boko Haram.
Le gouvernement doit au plus vite prendre des mesures d'urgence pour empêcher toute une génération d'être privée d'éducation, mettent en garde les experts.
"Ces enfants qui ne vont pas à l'école peuvent être recrutés facilement pour commettre des actes criminels", prévient Mohammed Dongel, qui dirige une commission chargée de rouvrir les écoles primaires dans l'Etat de Borno, le plus touché par le conflit.
Boko Haram recrute grâce à "l'ignorance, la pauvreté et le manque d'éducation", explique-t-il. "Nous sommes assis sur une bombe à retardement". - L'école prise pour cible - La rébellion de Boko Haram et sa répression par l'armée ont fait plus de 13.000 morts et plus de 1,5 million de déplacés.
Borno, Yobe et Adamawa sont les trois États du Nigeria les plus touchés. La santé, l'agriculture et l'éducation sont complètement dévastées. Sur les 1.357 écoles primaires de Borno, pour 495.000 élèves, seulement 400 ont rouvert, affirme M. Dongel.
Boko Haram (dont le nom signifie "l'éducation occidentale est un péché"), farouchement opposé à l'éducation laïque, a multiplié les attaques contre les écoles, les élèves et les enseignants.
Dans le nord-est du Nigeria, 52,4% des hommes et des garçons de plus de 6 ans n'ont jamais été à l'école, selon un récent rapport d'une ONG nigériane, l'Africa Health, Human and Social Development Information Service.
Ce chiffre grimpe à 61,1% pour les filles. "Une exclusion et une marginalisation à cette échelle engendrent un très important ressentiment" et amènent "de possibles sympathisants pour Boko Haram", souligne le rapport.
Les forces de sécurité nigérianes, jusque récemment dépassées dans les combats contre le groupe, ont engagé des centaines de jeunes hommes sans emploi et sans éducation comme miliciens supplétifs. La plupart sont des adolescents, simplement armés d'arcs et de flèches, de bâtons et de gourdins. Ce qu'ils vont devenir, une fois la rébellion terminée, est une question récurrente.
- Uniformes et repas gratuits -
Des efforts sont faits dans le nord pour relancer l'éducation, avec un système d'enseignement mixte alliant un enseignement coranique à des matières "occidentales".
Par exemple, les autorités de l'État de Borno encouragent des élèves à être assidus en leur fournissant gratuitement des uniformes et un repas par jour, indique M. Dongel.
Le gouvernement et ses partenaires internationaux essaient en particulier d'améliorer l'assiduité des filles, car 60% d'entre elles ne vont pas à l'école dans le nord. Des programmes de formation des enseignants ont été mis en place et un plan pour la sécurité des écoles, soutenu par l'ONU, a bénéficié de 30 millions de dollars.
Début mars, la première pierre a été posée pour reconstruire l'école de Chibok, dans l'État de Borno, où plus de 200 jeunes filles avaient été enlevées par Boko Haram l'an dernier et dont on est toujours sans nouvelles.
Le Forum des Anciens de Borno qui réunit des militaires et miliciens à la retraite a prévenu que la reconstruction de la communauté serait un processus long, car "le traumatisme mettra des années à être surmonté".
Le ciel et la terre. Les nuages et le sol. Caricaturés ainsi, ces deux extrêmes peuvent résumer la vie publique de Karim Wade. Cette fois-ci, c'est le crash. 6 ans de prison ferme et 138 milliards de F Cfa d'amende !
Cependant, c'est sans doute une grande carrière politique qui s'annonce car les Sénégalais sont prompts à porter haut leurs hommes publics qui ont des déboires judiciaires. Mais qui est cet homme qui a réussi à tenir un pays en haleine depuis son milieu carcéral ? Il est surtout ce qu'on appelle un "golden boy".
Un "trader", entre banques, places boursières et paradis fiscaux, ne devient pas en général un grand homme politique, car il ne sait pas durablement serrer les mains, mettre les mains dans le cambouis, se préoccuper des autres, ou avoir des préoccupations différées de celles liées à ses actions en bourse. Le profit n'est en général que sa seule préoccupation.
Par exemple, on ne le verra pas aller vers Médina Yoro-Foulah ou Windou Thiongoly inaugurer une case de santé ou des abris provisoires devant servir d'école pour des fils de paysans ; jeter quelques sous pour tracer des pare-feux dans le Djolof.
Par contre, les palaces londoniens ou parisiens, les jets privés, le jet-ski, les tours de Dubaï, les joailliers d'Anvers, ou les palais africains, sont bien connus de ceux qu'on appelle ici les "traders". Ils sont nombreux en Afrique, et estiment que ceux qui sont peu portés vers l'argent manquent d'ambition. C'est bien connu, il ne faut pas généraliser, mais ils ont un trait commun : un insatiable appât du gain.
Entre 2001 et 2012, Karim Wade faisait "la pluie et le beau temps"; après le départ de son père du palais présidentiel, il va aller dans les sous-sols. Le 17 avril 2013, il va découvrir la vie carcérale. Le candidat du Pds à la prochaine présidentielle n'a pas bonne météo par les temps qui courent.
Il le pensait trottinette, c'est un Caterpillar qui est passé sur ses ambitions, car en 2011, le 23 juin, des manifestants investissent la Place Soweto et décident de dire non à un projet de loi qui, à tort ou à raison, voulait faire de lui le successeur de son père. La consigne était claire dans l'esprit de beaucoup de Sénégalais : ce qu'on a appelé la dévolution monarchique du pouvoir était en route dans ce processus politique.
On risquait de se retrouver avec un schéma à l'équato-guinéenne (père président fils vice-président et dauphin constitutionnel) ou à la Senghor avec Abdou Diouf en 1980, ou carrément comme dans les monarchies où on sait d'avance qui va succéder à qui, sans que le suffrage universel soit pris en compte, autrement dit donc les citoyens consultés.
Les détracteurs de Karim Wade retiennent qu'il n'a jamais remporté un bureau de vote, encore moins un centre, depuis que l'accession de son père au pouvoir l'a jeté dans le bain électoral.
Dans tous les cas, l'Histoire est constante : le peuple sénégalais n'a jamais plébiscité quelqu'un qui n'avait auparavant "mouillé" le maillot. Même Abdou Diouf était descendu dans l'arène en 1983, après avoir hérité le pouvoir de son mentor, Senghor.
Quand les Dakarois refusent de voter en masse pour son fils, lors des municipales de 2009, lui refusant à l'occasion l'accession à la tête de la mairie de Dakar, le tout puissant président de la République d'alors, Me Abdoulaye Wade, lance un message sibyllin aux Sénégalais. En substance, il leur dit : "Vous pouvez lui refuser vos suffrages, mais je peux le nommer où je veux !" La messe était dite.
Karim Wade et ses amis avec qui il vient d'être condamné par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei) ont toutefois des supporters. Beaucoup de partisans. Mais c'est leur mentalité qu'il faut mettre en avant. La recherche de la fortune est avant tout le crédo des golden boys. Ils ont un profil psychologique identique.
Ce sont des traders. Ils ne mesurent en général leur réussite qu'au niveau de la masse de leurs comptes bancaires. Ce n'est pas pour rien que la presse financière spécialisée a créé le concept de "comptes vautours". L'esprit des golden boys peut se résumer en ceci : "On est les plus intelligents, les plus ambitieux, les autres ne doivent vivre que pour servir, et il faut profiter de toutes les opportunités."
Courtier de banque à Londres, avant qu'il n'ait été porté au pinacle par son père, Karim Wade est bien dans ses cordes. Les énormités que lui reproche la Crei ont quand même montré une chose : c'est un bon financier, apparemment très doué dans le montage financier.
Mais peu de golden boys terminent avec ce label. Ils finissent souvent "silver".
Depuis quelques temps, certains membres de l’opposition politique sont en train de critiquer les trois ans de pouvoir du Président Macky Sall, ce digne fils du Sine, une contrée bénie des dieux car étant le lieu de naissance ou d’origine des trois Présidents sur les quatre que notre pays a connus. Il s’agit de Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf dont les ancêtres sont nés dans le département de Fatick et de Macky Sall né à Fatick même et qui, contre vents et marées, veut mener le Sénégal vers l’émergence.
Mais avant de faire le bilan de 1095 jours de pouvoir, regardons un peu dans quel état se trouvait notre pays après 12 ans de déstructuration de l’Etat que Léopold Sédar Senghor a bâti et que son successeur le Président Abdou Diouf a consolidé.
Pour les observateurs, la situation dans laquelle le régime libéral du Président Abdoulaye Wade avait plongé le Sénégal était prévisible. En effet, Idrissa Seck, alors numéro 2 du Parti démocratique (?!) sénégalais, après la constante Abdoulaye Wade, nous rapportait ces propos terribles tenus par ce dernier nouvellement élu, je le cite : «Nos soucis d’argent sont terminés» (sic).
Ces étonnants propos rapportés par l’actuel président du parti Rewmi, alors homme fort du régime libéral, ne sont pas dignes d’un homme à qui tout un peuple venait de confier son destin. Plutôt que de penser à de l’argent, cet instant devrait être un moment de réflexion sur comment faire pour satisfaire les nombreuses sollicitations du peuple après 40 ans de régime socialiste.
Mais il n’en fut rien, au contraire, les Sénégalais ont assisté à une série de déstructurations de tout ce que le régime socialiste avait mis en place pour construire un État moderne. La promotion dans l’administration ou dans la diplomatie était obtenue selon l’humeur du pape du Sopi, Abdoulaye Wade, pour ne pas le nommer.
On se souvient encore de cette matinée où, passant devant une opération de «Set Settal» à la Sicap, le Président Wade en nomma l’initiatrice Déléguée générale à la Propreté par décret, dès son retour au Palais.
Dans l’administration, il n’y avait plus de salaires ni d’indemnités réglementaires. C était à la tête du client. Qui ne se souvient pas de la nomination de cette dame à la tête du ministère de l’Education nationale alors que celle-ci n’était titulaire que du Brevet élémentaire du premier cycle du second degré ? Heureusement qu’elle a été, après coup, déchargée de la....lourde charge.
En ayant hérité d’un tel régime, il va sans dire que l’entame du mandat de Macky Sall ne pouvait pas être de tout repos. C’est ainsi que mesurant l’ampleur de la tâche, il a constitué une équipe pour répondre aux préoccupations des populations. Des mesures d’urgence ont été prises par son gouvernement et dont le social est au cœur du dispositif.
Nous voudrions, à titre illustratif, en citer quelques unes : le projet d’équipement du monde rural qui passe de 200 millions de francs Cfa en 2012 à 5 milliards de francs Cfa en 2013 et celui de la reconstitution du capital semencier dont la dotation, de 350 millions en 2012, est passée à 5 milliards de nos francs en 2013, pour connaître une nouvelle hausse en 2014.
Plusieurs autres projets ont été initiés dont celui du Programme de lutte contre les inondations qui avait nécessité dans l’immédiat 66 milliards de francs Cfa pour devoir atteindre 700 milliards dans le moyen et long termes, très précisément dans les 10 prochaines années. Les Sénégalais ont noté que l’année dernière, il n’y eut presque pas d’inondations grâce aux travaux entamés en 2013 et 2014 et qui se poursuivent de nos jours.
On ajoutera à ce bilan les bourses annuelles de 100 000 francs Cfa qui ont été allouées dans un premier temps à 50 000 familles et qui devront, à terme, être étendues à 250 000, chaque année ce nombre étant revu à la hausse. Que l’on ne s’y trompe surtout pas. Il s’agit là, en effet, d’une importante source de revenus pour ces modestes Sénégalais dont la plupart gagnent beaucoup moins, souvent après une année de dur labeur dans les champs. C’est donc une masse d’argent significative qui ira à ces populations majoritairement rurales qui vivent dans la pauvreté certes, mais dans la dignité.
Pour rester dans le monde rural on y ajoutera le Programme d’autosuffisance en riz pour 2017 que nos cousins Al pulaar ont célébré l’autre jour dans la banlieue dakaroise, une manifestation que, du reste, les sérères ont prévu d’envoyer dans le dictionnaire des Guinness. Ce programme d’autosuffisance en riz est un programme phare dans le cadre de la réduction de nos importations de denrées alimentaires à coup de milliards de nos maigres francs Cfa.
La baisse des prix des denrées de première nécessité participe de l’amélioration du niveau de vie des Sénégalais et plus de dix produits ont connu une baisse substantielle par la volonté du président de la République. Le ministère du Commerce s’est inscrit dans cette tendance baissière et nous voyons et constatons avec bonheur que des affiches dans certaines villes du pays appellent à produire ce que l’on mange et à manger ce que l’on produit.
L’on retrouve également le social dans le logement où une loi est venue réglementer le loyer au grand bénéfice des locataires souvent à la merci de logeurs peu scrupuleux. Il faut ajouter à cela un Fonds de garantie pour l’habitat social qui prévoit la construction de 12 000 logements par an.
Les salariés ne sont pas en reste avec une importante réduction de l’impôt sur le revenu depuis le 1er janvier 2013 et la suppression, pour tous, de la vignette automobile qui était perçue annuellement par l’Etat et qui pesait sur le budget des familles.
Toutes ces mesures accompagnent le Plan Sénégal émergent qui ambitionne, dans les prochaines décennies, de mettre notre pays dans l’orbite du développement pour le bonheur de nos concitoyens.