Khary Diène Gaye a décliné les défis qui attendent le sport en cette année 2025. Invitée sur le plateau de la 2Stv, la ministre des Sports a apporté des réponses sur de nombreuses questions qui agitent dans le football, le basket, l’hippisme les arts martiaux. Tout comme la préparation des prochains Jeux olympiques de la Jeunesse ( JOJ) Dakar 2026 auxquels le Sénégal accordera une attention particulière. Autant de chantiers que son département, soutiendra-t-elle, entend prendre à bras à le corps.
Arts martiaux : « un dojo national est une priorité »
« Nous nous avons constaté que le dojo nationale a déjà été démoli. C’est un dojo qui faisait partie du patrimoine historique du Sénégal. Dans nos programmes prioritaires et sectoriels, nous n’avions pas intégré la construction d’un dojo national. On avait plutôt mis l’accent sur les infrastructures de proximité au niveau des communes. Il s’agit avec l’accompagnement des maires, d’avoir des dojos municipaux. Mais, il faut qu’elle soit chapeauté par un dojo national. Mais nous prenons note parce que c’est une doléance de beaucoup de judokas. J’ai personnellement déplore la disparition de ce dojo. Un dojo national est une priorité.
« Il y a beaucoup de tiraillements dans les arts martiaux »
« Je lance un appel à tous les acteurs des arts martiaux à l’unité. Il y a beaucoup de tiraillements. C’est humain d’avoir des divergences mais les efforts et les énergies sont éparpillés, l’Etat est contraint d’avoir plusieurs interlocuteurs. Il y a quelques semaines, j’ai reçu une délégation du CNP de Viet vo dao et d’autres associations . Je leur ai demandé de s’unir et d’essayer au cours de l’année 2025 d’enclencher une procédure de mise en place d’une fédération, une structure unifiée. Ce qui nous permettra d’avoir un seul interlocuteur et rendre plus efficace nos interventions. Nous avons vu qu’il y a beaucoup de problèmes au Karaté. Il y a eu des plaintes au niveau de l’Ofnac et au parquet. Il y a une procédure enclenchée. Quand la justice est saisie, j’attends et à quand il y a une décision définitive, nous n’hésitons pas à appliquer la réglementation qu’il faut et de façon très rigoureuse ».
L’hippisme doit être encadré
« Nous avions constaté que la plupart des infrastructures sportives étaient concentrées à Dakar. Il y a tout une économie qui tourne autour de l’hippisme. Il y a le palefrenier, le maréchal ferrant le jockey…. Tout cela doit être encadré. Au niveau du département des sports, nous avons un programme de formation des ressources humaines. Il y a aussi une stratégie de mise en œuvre chaque année. Cette année, il y a un plan de travail afin de voir quel plan de formation cibler. Les fédérations et les groupements doivent faire parvenir au ministère des sports leurs besoins. Elles sont délégataires de missions publiques ».
« Un réel plaisir de voir toutes ces sélections nationales se qualifier aux différentes compétitions »
«. C’est un réel plaisir de voir toutes ces sélections nationales se qualifier aux différentes compétitions. Je démarre par la Coupe d’Afrique au Maroc 2025. Je prie pour que le trophée revienne inchAllah au Sénégal ainsi que toutes les autres équipes nationales et notamment féminines. Effectivement, le football, le sport de façon général, a toujours été accompagné par l’État, en termes d’infrastructures, de formation et de compétitions sportives. A chaque fois qu’une équipe nationale se déplace pour les compétitions l’État s’implique. Que ce soit le football ou les autres disciplines sportives, D’ailleurs, d’autres disciplines s’offusquent et déplorent souvent l’hégémonie du football. Parce qu’on entend souvent les milliards qui sont injectés dans cette discipline quand le Sénégal joue la Coupe du monde ou la Coupe d’Afrique. Comme d’habitude, l’Etat adoptera la même posture dans l’accompagnement des sélections nationales dans les compétitions internationales. Parce qu’il y a quelque chose qui est au cœur de notre projet et sur cette base que le peuple nous a accordé sa confiance. C’est la politique de souveraineté. Nous estimons que le sport fait partie de ce qui nous permet d’ affirmer notre souveraineté. L’Etat ne se détourne pas de tout ce qui peut contribuer au rayonnement de notre pays au niveau africain et international».
« La livraison du stade léopold senghor est prévue au mois de mars 2025 »
« Sur la loi de finances 2025, il faut rappeler que le budget qui a été voté pour notre ministère, c’est en fonction de ce que nous allons mettre en œuvre. Nous sommes à l’ère des budgets programmes. Ce ne sont pas les budgets qui doivent justifier les actions mais c’est le contraire. Vous exprimez les besoins. Le Sport tout comme la culture a besoin d’infrastructures de proximité. La concentration des infrastructures à Dakar ne favorise pas le sport scolaire et universitaire. Nous voulons accroitre son développement et mieux le redynamiser. Et ce sont les infrastructures de proximité qui peuvent les régler. J’ai déjà fait une visite de chantiers de stade de Sédhiou et Kédougou. Ma tournée n’est pas encore terminée. Il y a 11 chantiers qui sont engagés entre 2016 et 2017. Ce sont des chantiers comme celui de Me Babacar Sèye de Saint Louis. Il y a d’autres comme le Stade de Nguéniène, de Malika etc. Il y a 11 stades sur la table de mon bureau. Certains ont une avance pour le démarrage. Il y a eu des décaissements mais aucun n’est achevé. Il faut signaler qu’il n’y a aucune infrastructure budgétaire. Chaque année depuis 2016, il y a des allocations budgétaires destinées aux chantiers. Même s’il n’y en a pas eu cette année. N’empêche que nous allons prendre en charge ces chantiers parce que les populations en ont besoin. A Sédhiou, j’ai constaté que les acteurs sont en colère puisqu’ils se déplacent ailleurs pour organiser les manifestations sportives. Il y a des débuts de solutions sur ces chantiers qui étaient supposés être terminés. Aujourd’hui, on aurait dû se pencher à la construction de stades adossés aux normes de la Caf et Fifa et pouvoir organiser la Coupe d’Afrique des nations en 2029. La livraison du stade Léopold Senghor est prévu au mois de mars 2025 »
Contrat de pape thiaw : « nous allons avoir une discussion avec la FS »
« Je viens de recevoir une lettre signée par le président de la Fédération sénégalaise de football. Elle est datée du 27 décembre. Il m’a informé des décisions du comité exécutif. J’aurais une entrevue avec lui cette semaine et nous allons avoir une discussion. Je rappelle que c’est la fédération qui choisit le sélectionneur et c’est l’Etat qui, en tant qu’employeur paye. Le sport est une priorité car c’est une vitrine et il permet surtout d’accompagner la jeunesse sénégalaise. C’est grâce à la culture et au sport que tu peux accompagner ta jeunesse, inculquer tes valeurs culturelles, traditionnelles et de pouvoir renforcer leur appartenance à la nation sénégalaise. Il y a rien de tel que d’entendre retentir l’hymne nationale dans les compétitions internationales. L’Etat ne ménagera aucun effort pour que les compétitions internationales puissent rayonner au niveau africain et mondial. Les équipe nationale de football et les autres disciples sont en bonnes voies.
« Nous rendons un vibrant hommage à Aliou Cissé»
« La page Aliou Cissé est tournée. Nous lui rendons un vibrant hommage. Il vraiment hisser le drapeau du Sénégal sur le toit de l’Afrique. On se projette aujourd’hui sur l’avenir. J’espère qu’il y aura une prochaine Coupe d’Afrique. Je félicite aussi la Fédération sénégalaise de football et l’encadrement techniques de l’équipe nationale car le Sénégal a pu se qualifier à la CAN »
«L’organisation des fenêtre Fiba ne faisait pas partie de l’arbitrage budgétaire… »
« Si les fenêtres de la FIba ont pu se tenir à Dakar, c’est parce que l’Etat l’ a autorisé. Il n’était pas obligé pare que leur organisation ne faisait pas partie de l’arbitrage. Mais conformément à la vision du président de la République et l’importance que l’on accorde à la participation des équipes nationales aux compétitions internationales, on a décidé de les accompagner. La sortie du sélectionneur Ngagne de Sagana sur la condition de préparation ? je crois qu’il n’ a pas été bien informé. Je crois que le président de la Fédération sénégalaise de basket avait bien compris. Il n’y a pas eu une question de primes. Déjà, l’Etat n’était pas déjà obligé d’accompagner ces fenêtres, mais a tenu à octroyer les primes. Il fait dire que j’ai amené une réforme dans le ministère et qui s’inscrit dans le « Jub jubal et Jubanti ». C’est ce qui se faisait est que l’on se déplaçait avec des espèces sonnantes et trébuchantes. J’ai dit que désormais les versements des primes vont se faire à partir du trésor public et les joueurs donnent leurs numéros de compte. Pour le football, il n’a pas de souci ».
« L’État accorde une importance particulière JOJ Dakar 2026 »
« Les JOJ 2026 se profilent à l’horizon. Nous sommes à moins de 24 mois. Ce sont des jeux dont l’organisation a été confiée à notre pays depuis 2018 et reporté en 2022 du fait de la pandémie de la covid-19. Cela fait partie de notre héritage. J’ai pris à bras le corps le dossier. Avant de le faire, au plus niveau, le président de la République et le Premier ministre ont accordé une importance particulière à ces Jeux olympiques de la Jeunesse pour pouvoir relever le défi de l’organisation mais aussi de la participation de nos athlètes. Ne pas l’assurer, c’est briser notre souveraineté. Quand on a reçu le contrat d’hôte des Jeux, le Sénégal s’est engagé à hauteur de 35, 970 milliards. C’est le contrat d’hôte. C’est la ville de Dakar qui accueille mais c’est le Sénégal qui organise. Si l’Etat n’avait pas donné son onction, il n’y aurait pas de JOJ dans notre pays et le CIO choisirait un autre pays. A côté de cette contribution du Sénégal, il y a un financement de l’Agence française de développement ( AFD). C’est un prêt et je le précise, ce n’est pas un don. Il est consenti à l’Etat du Sénégal. Il s’élève à 39 milliards pour la réalisation des sites qui vont organiser les compétitions comme le stade Iba Mar, la piscine olympique et les infrastructures de proximité prévues à Diamniadio, les pistes équestres et à Saly. On doit avoir toute la mobilisation de toute la jeunesse autour de ces Jeux. Le président de la République m’a donné des instructions pour le budget de l’Etat soit maîtrisé. Sur les 35 milliards alloué depuis 2018, il y a 19 milliards qui ont été mobilisés par le Comité d’organisation des JOJ. C’est la situation de référence que nous avons trouvé à notre arrivée. Pour la participation de nos athlètes, le ministère des sports a eu des séances de travail avec les Fédérations. Nous avons élaboré u programme de préparation qui démarre en ce mois de janvier. Ce sera le top départ. Il y a des stages, des formations. Ce programme a déjà été budgétisé. Je rappelle que j’ai la responsabilité de veiller à la bonne utilisation des ressources. Nous avons ainsi tenu un conseil interministériel sous la houlette du Premier ministre et un pré-conseil. Un certain nombre de résolutions au nombre de 40. Je suis chargée d’assurer le suivi. Il faut ajouter que nous attendons encore la contribution du CIO.
DIOMAYE ENGAGE LA RATIONALISATION
La situation de prolifération des partis politiques à laquelle, le Sénégal fait face depuis plusieurs années sera bientôt un vieux souvenir.
Le chef de l’Etat a prononcé ce mardi 31 décembre 2024 son tout premier message de fin d’année à la nation. Lors de ce discours de plus de 16 minutes, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye déplorant « l’inflation notée des partis politiques, favorisée par une application trop laxiste des textes en vigueur » a annoncé la tenue, dans un avenir proche, des concertations dans le but d’apporter plus de lisibilité, plus de transparence et plus de rationalisation du système politique sénégalais.
La situation de prolifération des partis politiques à laquelle, le Sénégal fait face depuis plusieurs années sera bientôt un vieux souvenir. En effet, dans son discours de fin d’année à la nation prononcé le mardi 31 décembre dernier, le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a fait part de son intention d’assainir la scène politique. En effet, estimant dans ce premier discours de fin d’année à la nation avoir minutieusement décrypté le puissant message venu du fond des urnes de la grande majorité des sénégalais qui lui ont « prêté » les clés pour ouvrir les portes du changement systémique ainsi que les fenêtres de la transformation nationale, dans la droiture, la probité et l’exemplarité jub, jubal, jubbanti ! ».
Le chef de l’Etat a annoncé l’ouverture prochaine des concertations avec les acteurs sur notre système politique. « L’inflation notée des partis politiques, favorisée par une application trop laxiste des textes en vigueur, a conduit à une fragmentation excessive et une inflation préoccupante, préjudiciable à une respiration démocratique de qualité » a déploré le Président Faye qui annonce dans la foulée que « dans un avenir proche, des concertations sur notre système politique se tiendront dans le but d’y apporter plus de lisibilité, plus de transparence et plus de rationalisation ».
Véritable serpent de mer du système politique sénégalais, la question de rationalisation des partis politiques et leur financement a rythmé la vie politique national ces dernières années. De quatre formations légalement reconnues sous Senghor, à 45 durant les 20 ans du régime Diouf, les partis politiques ont connu une explosion sous Wade (188) et Macky Sall (339) qui a fini de gommer les lignes de démarcation idéologique, laissant place à un engagement mû par des intérêts personnels (transhumance). A la veille de chaque élection, cette question de la rationalisation des partis politiques et leur financement s’est toujours invitée au débat depuis les années 1990.
En effet, régis par loi n° 81-17 du 6 mai 1981 qui a été modifié en 1989 avec l’introduction de dispositions interdisant « tout financement provenant de l’étranger » sous peine de dissolution pour tout parti qui reçoit directement ou indirectement des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal ». Les propositions de modification de cette loi pour l’adapter au contexte politique sénégalais actuel ont toujours été bloquées par les différentes majorités qui se sont succédé au pouvoir. Inscrite parfois au menu des concertations des acteurs politiques sur la revue du processus électoral, organisées à la veille de chaque élection, elle n’a jamais fait l’objet de consensus. Conséquence, les partis politiques continuent de pousser comme des champignons dans des conditions très douteuses. Car, beaucoup d’entre eux ne tiennent pas de congrès annuels encore moins ne transmettent aux services du ministère de l’Intérieur leurs états financiers. A cela, il faut ajouter la problématique de la participation aux élections.
En effet, contrairement aux dispositions de cette loi sur les partis politiques, la moitié des formations politiques créées au cours de ces dernières années ne font pas de la conquête et la conservation du pouvoir leur finalité. Le mercredi 3 avril dernier, dans son tout premier message à la nation à la veille de la fête du 4 avril, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye avait annoncé une batterie de mesures qu’il entend mettre en œuvre, incessamment, avec notamment la rationalisation des partis politiques et leur financement. Mais aussi l’inscription sur le fichier électoral concomitamment à la délivrance de la pièce nationale d’identité qui va certainement impacter sur la question de l’inscription des primo-votants. Pour arriver à ces réformes, le chef de l’Etat avait également annoncé de larges concertations avec la classe politique et la société civile seront organisées.
Mame Boye Diao est l'invité de Issa Tine dans Moment de Vérité du Mercredi 01 Janvier 2025 Sur WalfTv
QUAND UN HOMME TUE UN AUTRE, C’EST QU’IL A TUE SON PROPRE FRERE
L’évêque du diocèse de Ziguinchor, Monseigneur Jean-Baptiste Valter Manga, qui a dit la messe du 1er janvier 2025 à Diongol, en cette journée de la paix a appelé les uns et les autres à cultiver le pardon et à ne jamais ôter la vie humaine
L’évêque du diocèse de Ziguinchor qui a dit la messe du 1er janvier 2025 à Diongol, en cette journée de la paix a appelé les uns et les autres à cultiver le pardon et à ne jamais ôter la vie humaine. Monseigneur Jean-Baptiste Valter Manga demande de faire des villages, des lieux où se construit la paix pour une Casamance réconciliée.
– Diongol symbole d’une paix retrouvée a abrité dans la matinée du 1er janvier 2025, la messe solennelle consacrée à la journée mondiale de la paix en cette solennité de la sainte Vierge Marie. Cette localité a été autrefois contrôlée par les porteurs d’armes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc). Situé derrière les villages de Diaboudior, de Soutou (petit Paris), Brindiago et très loin de Ziguinchor, le village de Diongol longtemps éprouvé par le conflit armé a communié dans la joie. Fini les moments de braise dans cette bourgade de l’arrondissement de Sindian, commune de Suelle qui chante désormais l’hymne à la paix.
Hier, l’évêque du diocèse de Ziguinchor est allé à la rencontre de ce peuple qui, par le passé, a eu à connaître un exil forcé du fait du conflit armé. Dans son homélie riche en enseignements, Mgr Jean-Baptiste Valter Manga a appelé à cultiver le pardon et à préserver la vie humaine. «Ce jour est consacré à la paix. Je suis venu à Diongol pour donner un sens à ce que j’entends faire tout au long de mon ministère pastoral. Il y a quelques années, Diongol a vécu dans la souffrance à cause de la guerre. Vous êtes dans une situation difficile depuis des années ; et quand on parle de Diongol, les gens ne pensent qu’à la guerre. Alors qu’il n’en est rien du tout», soutient le Pasteur de Ziguinchor.
Les populations de la commune de Suelle gardent encore les séquelles de la guerre. S’appuyant sur l’adresse à la Nation du Président de la République du 31 décembre 2024, le successeur de Mgr Paul Abel Mamba a, dans une parabole, demandé aux citoyens de faire en sorte que la terre puisse produire ce qui donne la vie et non ce qui produit la mort. Selon lui, cela demeure un impératif. «Il arrive que des gens s’entretuent. Mais, il faut savoir que, quand un homme tue un autre, c’est qu’il a tué son propre frère. Nous devons travailler pour une Casamance réconciliée et pacifiée», renchérit Mgr Manga.
Aussi, lance-t-il un appel solennel à tous les acteurs à œuvrer pour une paix durable au profit des générations futures tout en ayant en bandoulière, le pardon. «Nous refusons de léguer aux générations futures, les fardeaux du conflit. La paix, c’est aussi la capacité de pardonner, de tourner la page et de ne jamais oublier. Nous devons nous mobiliser pour bâtir une paix durable pour une Casamance nouvelle afin de rebâtir ce qui a été détruit par des années de conflit», prêche le Père évêque du diocèse de Ziguinchor, ordonné le 23 novembre 2024 au petit séminaire Saint-Louis. Avant de donner la bénédiction finale au peuple de Dieu ayant pris part à la célébration eucharistique, Mgr Jean-Baptiste Valter Manga recommande à tous, de cultiver davantage l’entente et la solidarité afin de libérer le peuple de toutes sortes de souffrance. Tour à tour, le chef de village de Diongol, Abdoulaye Goudiaby, le représentant du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (Grpc), Nouha Cissé et la présidente du Conseil d’administration de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance, Ndèye Marie Thiam ont estimé que la Casamance «meurtrie par la violence, avec son image balafrée» doit continuer à rester debout et résiliente. À la fin de la messe et des prises de parole, il y a un lâcher de colombes, signe d’une Casamance pacifiée et qui aspire à un avenir radieux.
Par Elhadji Ibrahima THIAM
ÉLARGISSEMENT DU COS-PETROGAZ, LE TEMPS DES ACTES
Le dialogue a des vertus dont l’une est de lever les équivoques sur des questions sujettes à interprétation, sources d’incompréhension. Le débat sur la gestion des ressources pétrolières et gazières passionne depuis les premières découvertes en 2015
Le dialogue a des vertus dont l’une est de lever les équivoques sur des questions sujettes à interprétation, sources d’incompréhension. Le débat sur la gestion des ressources pétrolières et gazières passionne depuis les premières découvertes en 2015.
Aujourd’hui que l’exploitation du pétrole de Sangomar a démarré (juillet 2024) et que le champ gazier Grand Tortue/Ahmeyim est entré en production (31 décembre 2024), la décision du président Bassirou Diomaye Faye d’accorder plus de place à l’opposition, à la société civile, aux syndicats et à l’Ordre national des experts au sein du Cos-Pétrogaz est à saluer. En réalité, il matérialiserait une idée annoncée depuis 2018, mais jamais appliquée jusqu’ici. En effet, les Concertations nationales sur le pétrole et le gaz, tenues à Diamniadio, cette année-là, avaient recommandé l’élargissement de cette structure à la société civile et à l’opposition.
En 2019, en pleine polémique suscitée par le documentaire de la Bbc sur la gestion du pétrole sénégalais, le gouvernement d’alors annonça la décision du chef de l’État d’aller dans le sens de ces recommandations. Mais, c’est resté lettre morte. Cette fois-ci, il faut souhaiter que cette décision passe comme lettre à la poste. Toujours est-il que le président Bassirou Diomaye Faye, comme pour prouver sa bonne foi, a clairement souligné qu’il a déjà pris un nouveau décret qui ira dans le sens d’avoir un Cos-Pétrogaz dont la composition sera plus conforme à la volonté présidentielle et aux réalités du moment.
En effet, le Hcct, le Cese et le ministre en charge du Pse qui en faisaient partie n’existent plus, alors que les ministères de l’Énergie et de Mines sont devenus une seule entité. Faut-il le rappeler, le Cos-Pétrogaz, créé en 2016, est le bras stratégique de l’État dans la gestion des ressources pétrolières et gazières en ce sens qu’il est chargé d’assister le président de la République et le gouvernement dans la définition, la supervision, l’évaluation et le contrôle de la mise en œuvre de la politique de l’État en matière de développement de projets pétroliers et gaziers. Les nouvelles autorités n’auront pas beaucoup de mal à désigner les membres de la société civile, les syndicats ainsi que les experts qui y siégeront, mais le choix de l’opposition risque d’être pour elles la quadrature du cercle. Qui choisir ? En tout cas, dans l’ancien décret, il était clairement indiqué que les modalités de désignation des représentants de la société civile et de l’opposition sont fixées par arrêté conjoint des ministres de l’Énergie et de l’Intérieur.
Cette équation expliquerait-elle pourquoi l’ancien gouvernement n’avait pas pu appliquer cette résolution ? Donnons notre langue au chat. Peut-être que le gouvernement actuel a déjà trouvé la bonne formule, celle qui serait moins sujette à contestation. Cependant, quel que soit le choix des nouveaux entrants, le plus important est de cultiver l’esprit participatif qui fonde cette décision. Les ressources naturelles appartenant au peuple, comme le stipule la charte fondamentale de notre pays, leur gestion doit être la plus inclusive possible. Il faudra aussi éviter d’en faire la chasse gardée d’un petit groupe d’institutionnels.
La voix de chaque composante de la Nation, à travers ses représentants, doit être audible si elle repose sur un esprit constructif. Tout porte à croire que le chef de l’État s’inscrit dans une dynamique consultative sur des questions qui engagent le destin du pays. Il l’a d’ailleurs mentionné dans son discours : « Nous avons choisi la concertation et la consultation comme fil conducteur de notre gouvernance afin de faire de chaque citoyen un acteur décisif de la rupture et de la construction nationale ». S’il le dit, on peut que le croire puisque les Assises de la justice et les États généraux du transport ou de l’industrie se sont déjà tenus, tandis que les Assises nationales des « daaras » et les concertations sur l’enseignement supérieur ainsi que dans d’autres secteurs sont annoncées. La gouvernance participative ne peut avoir que des vertus, alors cultivons la par le dialogue permanent.
Par Sidy DIOP
LE CERCLE VICIEUX DE LA CORRUPTION
«Aucune rupture n’est possible dans un environnement de corruption endémique ». Depuis sa prise de fonction, la lutte contre la corruption semble être un défi majeur pour le président de la République
«Aucune rupture n’est possible dans un environnement de corruption endémique ». Depuis sa prise de fonction, la lutte contre la corruption semble être un défi majeur pour le président de la République.
Une préoccupation martelée à longueur de discours et qui apparaît à l’aube de cette nouvelle année comme une orientation qui va structurer, de bout en bout, son action politique. Mais discours et les bonnes intentions ne sont pas toujours suffisants pour bousculer les habitudes. Le Président en est certainement conscient en décidant de donner plus d’épaisseur à cet axe central de sa gouvernance.
Les quatre lois sur la transparence et la bonne gouvernance, « bientôt soumises à la représentation nationale », devront y aider. Elles portent sur la protection des lanceurs d’alerte, la réforme de l’organe de lutte contre la corruption, l’accès à l’information et la déclaration de patrimoine. La généralisation de la déclaration de patrimoine à tous les agents de la fonction publique, « sans exception », est, à ce titre, une avancée majeure malgré l’ampleur de la tâche. La lutte contre la corruption est un enjeu central dans la gouvernance de notre pays.
Depuis plusieurs années, les scandales de détournements de fonds et de malversations publiques ont défrayé la chronique. Les autorités sénégalaises ont, certes, multiplié les initiatives pour éradiquer ce fléau, mais l’effort semble encore insuffisant face à la persistance de la corruption dans certains cercles de pouvoir et au sein de la société. C’est donc une bataille de longue haleine qui attend les nouveaux dirigeants. Le Sénégal a fait des progrès notables dans la lutte contre la corruption depuis la création, en 2012, de l’Office national de Lutte contre la corruption (OFNAC).
Cet organisme a permis de mettre en lumière plusieurs affaires de corruption, notamment dans la gestion des marchés publics et des ressources naturelles, et a contribué à la mise en place de mécanismes de transparence. Notre pays est également signataire de conventions internationales contre la corruption, telles que la Convention des Nations unies contre la corruption et la convention de l’Union africaine. Sur le terrain, l’Ofnac a ainsi joué un rôle important en menant des enquêtes, en publiant des rapports et en recommandant des actions correctives.
Des personnalités publiques ont été épinglées pour des actes de corruption, donnant l’impression que les autorités sont déterminées à changer les choses. De même, des réformes, comme la mise en place d’un code des marchés publics. Cependant, malgré ces avancées, la question de la lenteur des enquêtes et de l’impunité reste au cœur des critiques. De nombreuses affaires de corruption, notamment celles impliquant des personnalités politiques influentes ou des proches de l’ancien pouvoir, semblent se terminer en eau de boudin.
Les poursuites sont souvent perçues comme incomplètes, voire entravées, par des pressions politiques et des manœuvres d’intimidation. Le cas emblématique de toutes ces personnalités, accusées de détournement de fonds dans la gestion de la Covid, montre bien la difficulté d’aller au bout des affaires, même lorsqu’elles sont médiatisées. Système clientéliste Au-delà des mesures institutionnelles, le principal obstacle à la lutte contre la corruption réside dans le système politique et économique du pays, profondément marqué par un clientélisme encore très ancré. Dans le cadre de ce système, les relations personnelles et les réseaux de soutien politique prennent souvent le pas sur la transparence et l’intégrité.
L’interconnexion entre les élites politiques et économiques crée un climat où la corruption devient une pratique courante, parfois même perçue comme une norme, indispensable pour naviguer dans le monde politique. Les campagnes électorales, qui sont souvent financées par de grandes fortunes privées, alimentent ce cercle vicieux. Le phénomène du « Sénégal Inc. », où les affaires privées se confondent avec les affaires publiques, est un exemple parfait de cette porosité. Dans ce contexte, les accusations de corruption ne manquent pas, mais elles se heurtent fréquemment à des structures de pouvoir difficile à démanteler.
La grande affaire du président de la République sera certainement de transformer cet État d’impuissance en un véritable État de droit où tous sont soumis à la loi. On l’entend bien : « Si nous voulons le changement, nous devrons résolument être prêts à nous réformer nous-mêmes, dans nos comportements face au bien public, et dans notre manière de servir la collectivité ». Le chemin est encore long et parsemé d’embûches, mais une grande volonté politique peut permettre de renverser cette dynamique et de créer un environnement où la transparence, la justice et la bonne gouvernance deviennent les normes et non les exceptions.
RATIONALISATION DES PARTIS POLITIQUES, UN VASTE CHANTIER
Depuis quatre décennies, le pays assiste à une inflation continue du nombre de formations politiques. La transhumance politique et l'émergence de 'partis télé-centres' ont fini par discréditer le système aux yeux des citoyens
Le chef de l’État a appelé, lors de son message à la nation, à la veille du Nouvel An, à une rationalisation des partis politiques. Cette rationalisation pourrait présenter des avantages en termes de renforcement de la démocratie et de l’efficacité du système politique.
En effet, le pluralisme politique poussé à l’extrême déteint négativement sur la démocratie. Le paysage politique sénégalais donne l’impression d’une cohue avec plus de 300 partis et mouvements politiques légalement constitués. Le mouvement n’est pas récent. Il a commencé, en 1981, avec le multipartisme intégral. La mesure avait permis à des partis qui étaient dans la clandestinité de se formaliser. Mais les vicissitudes de la politique ont accentué la création de partis politiques avec les scissions notées dans des formations politiques traditionnelles (Rassemblement National Démocratique, Parti Démocratique Sénégalais, Parti africain de l’indépendance).
Si pour le Pds, les dissidences étaient encouragées par le Parti socialiste, dans un souci de fragiliser un adversaire ; dans les autres formations politiques, les frustrations découlaient d’un problème de démocratie interne qui est à l’origine de la perte du pouvoir par le Parti socialiste, en 2000, après le congrès sans débat de 1996. Avec la première alternance, on pensait que le phénomène allait ralentir voire s’estomper. Que non ! On assiste à la création tous azimuts de partis ou mouvements politiques. Un stratagème trouvé pour rallier le parti au pouvoir.
Le phénomène avait atteint une ampleur telle que les expressions transhumance politique et partis télé-centres ont enrichi le vocabulaire politique. La presse a beaucoup contribué à la floraison des partis politiques. Des individus sans aucune représentativité politique ou à l’expertise douteuse sont surmédiatisés. Ils occupent les colonnes des journaux, les plateaux des radios et télés. Les médias sénégalais aiment ces personnages qui défendent urbi et orbi le pouvoir ou tirent à tout va sur le régime. Nombreux parmi ces saltimbanques de la politique ont pu trouver un emploi ou ont été promus à des postes de responsabilité. Les effets pervers du pluralisme politique ont entrainé un affaiblissement des partis politiques, une perte de confiance des citoyens.
Le paysage politique est devenu illisible pour la majorité des Sénégalais. Il a généré également des professionnels de la politique et accentué les clivages. La société n’a jamais été aussi politisée qu’aujourd’hui. Aucun segment n’est épargné. Au Sénégal, le politique fait et défait les carrières ; enrichit ou appauvrit. De plus en plus de Sénégalais ont goûté aux délices du système et s’y arcboutent. Solidement. Ils ne lâcheront pas facilement prise. Si leurs intérêts sont remis en cause, leur jeu découvert, ils crieront sur tous les toits que la démocratie est mise en mal et leurs droits fondamentaux bafoués. Pourtant dans cette cohue, l’électeur sénégalais est resté constant. À chaque élection, il indique clairement la voie à suivre par son vote utile. Les dernières élections législatives l’attestent. Sur 41 listes, quatre ont remporté le scrutin dans un département (Pastef, Takku-Wallu, Jàmm ak Njerin, Andu Nawle). Les autres doivent leur présence l’hémicycle par le mode de scrutin notamment le système du plus fort reste. Si cette volonté de rationaliser les partis politiques se matérialise, un pas important sera franchi dans la consolidation de la démocratie et de l’État de droit au Sénégal.
MULTIPLE PHOTOS
LES UNES DE LA PRESSE DE CE JEUDI 2 JANVIER 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Vox Populi, Le Soleil, Le Verdict News, Yoor-Yoor Bi, l'EnQuête, L'Observateur, Record, Le Quotidien, L'As Quotidien, Libération,
Ken Bugul et Diary Sow ont transformé leur marginalisation en espace de création, leur solitude en force d'écriture. Leurs voix, entrecroisées lors du Salon du livre au féminin, dessinent une cartographie nouvelle de l'émancipation féminine
Dans l'écrin prestigieux du Musée des Civilisations noires, le Salon du livre au féminin a offert une plongée saisissante dans les méandres de la construction identitaire. Au cœur de cet événement littéraire devenu incontournable dans le paysage culturel sénégalais, deux voix de la littérature africaine, Ken Bugul et Diary Sow, ont partagé leurs réflexions sur ce processus complexe et permanent qu'est la quête de soi.
Le panel, orchestré par Amina Seck, a révélé comment l'identité se forge dans la résistance et la résilience. Ken Bugul a évoqué son parcours marqué par l'absence d'héritage affectif, transformant ce vide initial en force créatrice. De son côté, Diary Sow a décrit sa lutte contre les assignations sociales traditionnelles, illustrant comment le refus des conventions peut devenir le terreau fertile d'une identité authentique.
La marginalité, thème récurrent dans leurs témoignages, s'est dessinée non pas comme une fatalité mais comme un espace de liberté paradoxal. Qualifiées parfois de "folles" pour avoir osé défier les normes établies, ces femmes ont transformé leur mise à l'écart en opportunité d'émancipation. Leurs récits démontrent comment la société utilise souvent l'étiquette de la folie pour discréditer celles qui osent s'écarter des chemins tracés.
L'exil, qu'il soit géographique ou intérieur, est apparu comme un puissant catalyseur de la quête identitaire. Les intervenantes ont souligné comment le déracinement, malgré ses défis, peut devenir une terre fertile pour la reconstruction de soi. Face aux discriminations multiples - en tant que femmes, en tant qu'Africaines - elles ont développé une résilience qui nourrit leur créativité et leur engagement.
La littérature émerge comme un vecteur essentiel de cette quête identitaire. Le parcours de Ken Bugul, dont l'œuvre "Le Baobab fou" lui vaudra un doctorat honoris causa, illustre comment l'écriture peut transformer une expérience personnelle en héritage universel. Cette reconnaissance académique témoigne de la portée d'une œuvre qui transcende les frontières culturelles et générationnelles.
Ce dialogue intergénérationnel a mis en lumière une vérité fondamentale : la quête identitaire n'est jamais achevée. Elle se poursuit à travers les âges, les expériences, les rencontres, dans un processus de déconstruction et de reconstruction permanente. Les échanges de ce Salon ont démontré que cette quête, bien que profondément personnelle, résonne collectivement, tissant des liens invisibles entre les générations de femmes qui osent réinventer leur destin.