Pour la première fois de sa jeune carrière, El Hadji Malick Diouf, âgé de 19 ans, a été convoqué en équipe nationale sénégalaise par le sélectionneur Aliou Cissé. Le défenseur latéral gauche, actuellement joueur du SK Slavia Prague, représente une promesse pour l’avenir du football sénégalais. Aliou Cissé, lors de sa conférence de presse ce vendredi, a justifié ce choix en évoquant le bon début de saison du jeune joueur et l’importance de préparer la relève sur les ailes.
Selon Cissé, Diouf est un joueur en pleine ascension, évoluant déjà à un bon niveau pour son âge. Avec la volonté de renforcer l’équipe nationale, notamment sur le côté gauche, le sélectionneur voit en lui un joueur capable de s’imposer à long terme. « C’est l’avenir de l’équipe et le faire venir très tôt pour qu’il s’imprègne du groupe est très bon », a déclaré Cissé, exprimant ainsi son optimisme pour cette nouvelle génération de talents sénégalais.
Né à Ziguinchor le 28 décembre 2004, Diouf a commencé sa formation à l’Académie Mawade Wade avant de se lancer dans une carrière professionnelle en Europe. Après un passage remarqué au club norvégien Tromso IL, il rejoint le SK Slavia Prague en janvier 2024. Rapidement, il se distingue par ses performances solides et devient un titulaire régulier, marquant quatre buts en 17 apparitions.
Sa convocation en équipe nationale marque une étape importante dans sa carrière. Il est appelé à défendre les couleurs du Sénégal lors des matchs de qualification pour la CAN 2025 contre le Burkina Faso et le Burundi. Cette sélection souligne son potentiel et son importance croissante au sein du football sénégalais.
Avec cette première convocation en équipe nationale, El Hadji Malick Diouf s’impose comme l’un des jeunes joueurs les plus prometteurs de sa génération.
ÉLIMINATOIRES CAN 2025, LA LISTE DES 26 JOUEURS SÉLECTIONNÉS PAR ALIOU CISSÉ
Le Sénégal affrontera les Étalons du Burkina Faso le 6 septembre 2024 à Dakar, puis se déplacera à Lilongwe, au Malawi, pour affronter le Burundi le 9 septembre.
Le sélectionneur de l’équipe nationale A, Aliou Cissé, a publié vendredi la liste des 26 Lions retenus pour les rencontres contre le Burkina Faso et le Burundi, comptant pour les premières journées des éliminatoires de la CAN 2025.
Le Sénégal affrontera les Étalons du Burkina Faso le 6 septembre 2024 à Dakar, puis se déplacera à Lilongwe, au Malawi, pour affronter le Burundi le 9 septembre.
Ces deux rencontres marqueront le début de la campagne de qualification pour la 35ᵉ édition de la Coupe d’Afrique des Nations, qui se tiendra au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026. En plus du Burkina Faso, du Burundi et du Sénégal, le groupe L des éliminatoires comprend également le Malawi.
Quarante-huit équipes s’affronteront lors des éliminatoires, dans l’espoir de décrocher l’une des 24 places pour la phase finale de la CAN 2025.
Le tirage au sort, basé sur le dernier classement FIFA du 20 juin, a constitué 12 groupes de quatre équipes, les deux premières de chaque groupe se qualifiant pour le tournoi continental.
Un agresseur armé d’un pistolet débarque et emporte l’argent…
Une agression en plein jour s'est produite hier à Médina Gounass, commune du Département de Guédiawaye. Un homme armé d’un pistolet et encagoulé a fait irruption dans la maison de l’homme d'affaires Amadou Oury Diouf pour tenir en respect les membres de sa famille. Le cambrioleur réclame un sac qui contient de l'argent. Face au refus des membres de la famille, l'assaillant dégaine son pistolet et tire à bout portant sur le commerçant avant de s'emparer du sac et prendre la fuite avec sa moto Jakarta. Les personnes qui tentaient de le poursuivre ont été stoppées par les tirs de sommation du malfrat. Cette agression a installé la peur dans cette localité de la banlieue. Nos sources renseignent que l'homme d'affaires atteint par une balle est interné à l'hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff. La Police de Guédiawaye qui était sur les lieux pour faire le constat a ouvert une enquête.
Révélations sur le meurtre à Yeumbeul Bène Baraque
L’enquête du meurtre à Yeumbeul Bène Baraque a été bouclée hier par le commissariat de police de Yeumbeul Nord. Selon nos sources, T. Lelou l’oncle a tué son neveu M. Lelou, pour une histoire de clé. Ainsi le mis en cause sera déféré aujourd’hui au parquet du tribunal de Pikine Guédiawaye. L'enquête sur ce drame qui s’est produit mardi dernier vers les coups de 19 heures chez la famille Lelou a permis d’en savoir plus sur le mobile du crime. En effet, pour une banale histoire de clé de chambre, T. Lelou a poignardé à mort son neveu âgé de 18 ans, qui a rendu l'âme avant d'arriver à l'hôpital. Devant les enquêteurs du commissariat de Yeumbeul Nord, le mis en cause a tenté de se défendre. A l’en croire, c’est lors d'une dispute avec son neveu pour sa clé de chambre que celui-ci lui a asséné un tesson de bouteille. Il a riposté en le poignardant. L. Lelou soutient qu’il n'avait pas l'intention de le tuer. Toutefois, les témoins ont donné une autre version en soutenant qu’il y a eu un temps entre le premier acte et le second. « Il est parti prendre un couteau et attendre sa victime pour le poignarder », a indiqué un témoin à la police. Les résultats de l’autopsie révèlent que la victime a reçu trois coups de couteau dont deux à la poitrine et un à l'abdomen. Le présumé meurtrier, T. Lelou, sera déféré aujourd’hui au parquet du tribunal de Pikine Guédiawaye pour meurtre.
La Cour suprême vide l’affaire de la bande de filaos
La Cour suprême a tranché hier l’affaire de la bande de filaos. En effet, Lamine Diagne, directeur exécutif de l’association pour la Justice Environnementale (AJE), avait attaqué devant cette Cour le décret approuvant et rendant exécutoire le plan d’urbanisme de détails déclassant une surface de 150,58 hectares dans la partie nord de Guédiawaye relative à la déclassification de la bande de filaos. La Cour a rejeté la requête de l’Agent judiciaire de l’Etat. Le plaignant se dit surpris par le verdict.
Un garçon de 15 ans mortellement poignardé par son camarade
C'est la consternation à Guia, un village situé à près de 5 kilomètres de Podor. Un garçon répondant au nom d'Amadou Hanne a été poignardé à mort par Al Ousseynou Diallo, son camarade du même âge. Selon des informations de soleil digital, le drame a eu lieu hier soir, après une banale dispute entre les deux garçons. Le présumé meurtrier a été arrêté par la gendarmerie de Podor.
Oumar Ampoï Bodian acquitté dans l’affaire Boffa Bayotte
La chambre criminelle de la Cour d’appel de Ziguinchor a confirmé jeudi la réclusion criminelle à perpétuité prononcée en première instance à l’encontre du journaliste René Bassène, et acquitté Oumar Ampoï Bodian, membre présumé du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), dans l’affaire de la tuerie de Boffa Bayotte, a constaté l’Aps. Mais, Me Pape Samba Sow a signalé que la décision a été confirmée relativement à la complicité d’assassinat pour René Bassène et la peine de réclusion criminelle à perpétuité confirmée. Selon Me Sow, le journaliste dispose d’un délai de 15 jours pour faire appel et contester la décision de la Cour d’appel. « Je suis très satisfait parce que je défends Oumar Ampoï Bodian. J’étais convaincu qu’il n’était pas coupable. Aujourd’hui, nous sommes très satisfaits. Et c’est dommage pour René Bassène », a-t-il réagi. Il a précisé qu’après ce verdict en appel, la seule voie qui s’offre au journaliste est le pourvoi en cassation. Le journaliste René Bassène et Oumar Ampoï Bodian, membre présumé du MFDC, avaient été condamnés, le 13 juin 2022, à la réclusion criminelle à perpétuité dans l’affaire de la tuerie de Boffa Bayotte. Le Tribunal de grande instance de Ziguinchor avait également condamné à cette même peine le chef de guerre César Atoute Badiate, dans le cadre de cette même affaire remontant au 6 janvier 2018. Les accusés étaient poursuivis pour 14 chefs d’inculpation, dont association de malfaiteurs, participation à un mouvement insurrectionnel et complicité d’assassinat.
Diomaye porte le combat pour la Palestine…
Recevant hier le Premier ministre Pedro Sanchez, le Président Diomaye a salué la démarche de l’Espagne qui a reconnu l’Etat de Palestine. «Le Sénégal réitère sa condamnation ferme de la situation catastrophique à Gaza où la population vit une tragédie et fait face au mépris des règles élémentaires par la puissance occupante. Le Sénégal appelle à nouveau à un cessez-le-feu immédiat et la solution de deux Etats seule gage d’une paix durable dans la région», affirme le président de la République Bassirou Diomaye Faye.
Visite du Général Mbaye Cissé à Niaguis
Le Chef d'état-major général des Armées (CEMGA) a séjourné en Casamance du 28 au 29 août. En visite de travail dans la région de Ziguinchor, le Général Mbaye Cissé a remis d'importants lots de denrées alimentaires aux populations des villages environnants de la commune de Niaguis. Ce geste symbolise l'engagement des Armées à accompagner le retour définitif des populations dans leurs localités après des années de déplacements forcés, renseigne la Dirpa. Le Général Cissé a également supervisé la mise en place d'une opération de soins et de consultations médicales gratuites en présence des autorités civiles locales. Cette initiative a été largement saluée par les bénéficiaires qui ont exprimé leur gratitude. Le Chef d'état-major général des armées était accompagné d'une forte délégation, notamment le chef d'état-major de l'Armée de Terre. D’après la même note, ils ont pu constater les efforts considérables déployés par les forces armées pour assurer la sécurité et le bien-être des populations, marquant ainsi un pas important vers la stabilité et le développement durable dans cette région du pays.
Plaidoyer pour l’eau potable et l’assainissement
La Plateforme des organisations de la Société civile pour l’Eau et l’assainissement du Sénégal (POSCEAS) a organisé hier une réunion du comité scientifique du projet Diss’eau, en partenariat avec GRET. Ce projet vise à contribuer à l’amélioration de l’accès de toutes et de tous à des services d’eau potable et d’assainissement améliorés, performants et durables, par une participation citoyenne renforcée et renouvelée. Le projet Diss’eau avait d’abord pour objectif de renforcer la société civile, à travers la Posceas, dans son rôle de veille, d’interpellation, de dialogue et de contribution via la mise en œuvre de méthodes et d’outils innovants de mobilisation des citoyens pour des services d’eau plus performants, plus inclusifs et plus durables. Cette collaboration entre la Posceas, le Gret et de nombreux acteurs du secteur a permis de mettre en place une dizaine de plateformes régionales de la société civile, spécialisées sur les questions d’eau et d’assainissement, mais aussi de co-construire et d’expérimenter des outils innovants. Le projet a conduit surtout une recherche axée autour de deux questions de recherche dont l’une porte sur la capacité des organisations de la société civile à exercer une influence sur la formulation, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, et l’autre sur les conditions et défis pour une appropriation sociale durable des innovations sociales.
L’ex-commissaire Keita au sortir de son audition
L’ancien commissaire Cheikhna Keïta a été entendu pour une seconde fois par les limiers de la Division des investigations criminelles (Dic). L’ex-commissaire de police a indiqué qu’il a clairement signifié aux enquêteurs qu’effectivement, il est l’auteur de cette vidéo pour laquelle il a été convoqué, mais qu’il n’a fait que commenter les éléments sur les relations entre le Président Diomaye et le Premier ministre, qui ont été largement relayés sur les réseaux sociaux. Etant donné que le commentaire est libre, il n’y a rien qui puisse m’être reproché», a-t-il déclaré à Dakaractu en réitérant sa volonté de «rester debout» pour défendre le peuple, quoi qu’il advienne.
Abdou Karim Sall tire la sonnette d'alarme
Le maire de la commune de Mbao a effectué une visite chez les populations impactées par l'avancée de la mer. Abdou Karim Sall qui a fait un tour au cimetière de Mbao qui se trouve à Thiéckène, a constaté une situation catastrophique car des tombes sont détruites et des ossements humains déterrés par les eaux. L’ancien ministre de l'Environnement a rappelé qu'il y avait un projet dans le cadre de la résilience face aux effets des changements climatiques. Ainsi le programme «WACA» devait prendre en charge la corniche Est, la corniche Ouest, l'île de Gorée, la Casamance etc.. Seulement depuis le début des études, il dit constater que pour la Corniche Ouest, il y avait un programme en cours ; c'est pourquoi elle n'a pas été prise en charge. Ainsi il avait demandé à ce que ces fonds soient réorientés, de Petit Mbao en passant par Grand Mbao jusqu'à Rufisque. Ce programme de résilience devait restaurer les plages. Abdou Karim Sall exhorte le gouvernement à prendre à bras-le-corps cette problématique en pensant également à reloger les sinistrés, en attendant qu'une solution définitive soit trouvée.
Par Amadou Lamine SALL
SENEGAL LIBÈRE-TOI
La vérité est que la démocratie seule et la voie des urnes montrent le vrai chemin du salut ! Les coups d’Etat ne sont pas des écoles de liberté
Voilà ce que semble être le message des occupants du pouvoir au Burkina, au Niger et au Mali. Comme eux, ils semblent vouloir dire au Sénégal de dégager de la tutelle française et vite ! Sans oublier de dégager également de la Cedeao ! Comme eux ! En somme, la vraie Afrique en devenir, ce sont eux ! Totalement faux et utopique !
Il serait temps de leur rappeler le nom d’un certain lieutenant Jerry Rawlings, surnommé «Jésus Junior», qui, après deux coups d’Etat militaires, céda le pouvoir à un gouvernement civil. Puis, il démissionna de l’armée et instaura le multipartisme en engageant son pays, le Ghana, dans un solide processus de démocratisation. Auparavant, il avait été élu président de la Cedeao -sourire de l’histoire- ! Le pouvoir passa entre les mains de l’opposition conduite par John Kufuor, élu au suffrage universel. Depuis 2000, le Ghana vit dans une alternance démocratique admirable que l’on doit au Lieutenant Jerry Rawlings ! A méditer !
Au Sénégal, les éphémères «prairies» du pouvoir n’ont jamais été conquises par des tirs de mitraillettes, et ne le seront pas. Il s’y ajoute que la paix avec les autres peuples du monde y est un outil d’élévation, de civilisation, de maturité, de sécurité, de défense nationale et de coopération gagnante ! Il faut se mobiliser non pour la guerre, mais pour la paix, en ne cédant rien de sa souveraineté. Les coups d’Etat militaires en Afrique ont tellement fait l’amour avec la dictature et l’absolue précarité, qu’ils ont enfanté le chaos ! Sous les régimes militaires, il n’existe ni avocat, ni juge, ni journaliste, ni peuple. Le chef est le tout et décide de tout ! Il a décidé d’être à lui tout seul le peuple, sans l’avis du peuple. Et puis, comble du malheur : souvent, le chef a lu à peine «Mamadou et Bineta».
La vérité est que la démocratie seule et la voie des urnes montrent le vrai chemin du salut ! Les coups d’Etat ne sont pas des écoles de liberté ! Méfions-nous de «l’infinie patience des pauvres ! Jamais une politique n’a été jugée sur ses intentions. Elle n’est jugée que sur ses résultats». Les peuples ne sont pas des «veaux » ! Ceux qui le croient, sont toujours punis !
Ecoutez encore Senghor quand on lui posa la question de savoir pourquoi le Sénégal n’avait jamais connu de coup d’Etat militaire : «Dans un pays où les officiers et les sous-officiers lisent le latin et le grec, il ne peut y avoir de coup d’Etat. Ce sont les petits caporaux qui font des coups d’Etat.» Quand je pense à ce que Senghor, poète, penseur, professeur, soldat, homme d’Etat, a laissé à l’Afrique, je me souviens de cette cruelle vérité : «La punition des grands hommes, c’est ce que l’on fait de leur héritage.»
Il n’existe pas et ne s’appliquera pas, ce que les putschistes africains modernes -qu’ils se souviennent des vœux populistes et de la gloire éphémère de leurs anciens prédécesseurs- et les civils révolutionnaires modernes -sincères mais utopistes- appellent la nouvelle ligne de mire ou le nouveau système ! Ce qui existera et adviendra ne peut et ne pourra que s’appeler d’un mot : «recentrage» ! Tout le reste ne sera que «démarche ondoyante, ambiguïté élevée à la hauteur d’un projet politique» ! En revanche, nous sommes tous d’accord qu’il faut changer la donne dans nos pays ! Elle est dans la nature excessive des pouvoirs du président de la République ; de la politisation de l’Administration centrale qu’il faut vite réformer, comme celle de l’Administration des Finances et du système judicaire ; réformer la pléthore de ministres au gouvernement ; réformer l’extrême prolifération de structures et de présidents directeurs généraux dont ni les compétences, ni les charges, ni les missions ne sont évaluées annuellement pour en mesurer l’efficience et la qualité des résultats ; stopper le remplissage à haut débit d’une Fonction publique laissée à elle-même et qui court vers l’implosion budgétaire non maitrisable -Abdoulaye Wade nous dit, vrai ou faux, : «On n’a jamais vu des fonctionnaires développer un pays !» ; se pencher sur le chômage naturel des jeunes sans niveau scolaire et sans formation professionnelle adaptée ; corriger le cruel manque de pont entre l’Etat et le secteur privé national et étranger, pour sceller un pacte de coopération gagnant-gagnant ; refonder vite notre système d’enseignement et éducatif ; mettre en œuvre une «hostilité irréductible» à la violence et au crime sous toutes ses formes ; respecter et honorer la presse, surtout celle qui se respecte et qui respecte et honore son métier, ses missions. Dans son essai «Carthage ne sera pas détruit», Dziri écrit ceci : «Le journalisme mineur ou inférieur : un cancer pour la démocratie. Il y a la dérive totalitaire du journalisme à sensation par opposition au journalisme à réflexion plutôt que de passion, d’interrogation plutôt que d’acquiescement, de lucidité plutôt que d’émotion.» La presse sénégalaise est parmi les premiers gendarmes de notre démocratie ! Voyez comment les urgences comme les périls sont nombreux ! Il nous faut vite une cohérence de développement nationale tenable et performante ! Il nous faut des consensus, mais sans faiblesse. Il nous faut vite des lois d’exception !
Diomaye et son Premier ministre ont un drôle de pain sur leur planche face aux lignes dures des «caporaux» du Mali, du Burkina et du Niger ! La révolution de là-bas, chez leurs frères en treillis et celle d’ici au Sénégal, n’est pas du même fuseau horaire, pour en dire le moins. Mais comment sauver les meubles avec ses voisins ? Oser leur montrer le «Jubanti !», c’est-à-dire conseiller les frères soldats au pouvoir à retourner chez le Peuple, dans les urnes et une égalité pour tous. Tout le reste ne constituerait que le raffinement d’un échec programmé !
Notre cher pays, le Sénégal, n’échappe pas à une tragique complexité politique et sociale. Il nous faut rebâtir. On peut aisément reconnaitre, alors que l’on se trompe, que Senghor et tous ses successeurs au pouvoir avaient une expérience coloniale opposée à celle de leur successeur d’aujourd’hui. Que non ! En vérité, Senghor a toujours clamé et dénoncé le poison et le mal colonial de ceux qui vous «donnent de la main droite et de la main gauche enlève la moitié». -Les mots sont de lui ! Diouf comme Wade, comme Macky ont résisté, mollement, ouvertement ou malicieusement, mais toujours avec la discrétion diplomatique qui sied et sans faiblesse, pour trouver politiquement le consensus qui ne conduit pas à la rupture brutale, bruyante et totale avec la France. Qui connait Abdoulaye Wade connait son orgueil, ses colères, son ton libre et cassant face aux «Toubabs» ! En vérité, aucun Sénégalais, par son sang et son héritage, son orgueil, sa fierté et sa dignité, n’est enclin à accepter la tutelle, la soumission, la honte, l’agenouillement, la domination !
L’histoire l’a démontré !
Senghor le premier, qui nous a menés à l’indépendance dans la paix, qui nous a écrit un hymne national patriotique et fédérateur et qui a donné à notre Armée nationale sa légendaire devise : «On nous tue, mais on ne nous déshonore pas.» En effet, l’honneur libère de toute captivité dégradante ! Remettons les montres à l’heure ! D’ici cinq ans, quoiqu’il advienne, Diomaye ne rompra pas ses relations diplomatiques et économiques avec la France. En un mot, la France ne dégagera pas dans la confrontation et le duel, mais elle sera appelée à être plus discrète, plus intelligente, plus respectueuse, moins gourmande et morveuse, et moins léonine ! Le Sénégal ne s’est jamais aplati devant la France, et la France le sait ! La vérité, qu’on le veuille ou non, qu’on le reconnaisse ou non, est que nous avons fait ensemble des enfants avec la France, du fait de notre longue histoire commune. En famille, on se parle. Sans émotion. Avec respect ! L’exploitation honteuse ne peut pas toujours primer sur la justice et l’équité dans les échanges.
Si la France nous donne des fleurs et que de ces fleurs nous faisons germer des fruits sur nos terres, elle doit comprendre qu’à table, on ne se nourrit pas de fleurs. Elle doit comprendre qu’elle ne peut pas nous laisser un panier de fruits et partir avec la récolte achalander ses propres marchés. Jusqu’ici, la puissance coloniale a eu le mérite et l’honnêteté de nous mettre en face de sa force, de sa voracité, de son diktat. L’Afrique ne veut plus être ni colonisée, ni recolonisée, ni soumise, ni dominée, ni abaissée, ni courtisée, ni séduite, ni aimée, ni convaincue. Elle veut être libre et décider d’elle-même de son développement et de son destin ! Rien ne peut plus être comme avant ! Charles de Gaulle vient sans doute véritablement de mourir et définitivement ! Son empire a vécu. Finies les emplettes à un cauris de la France, en Afrique !
Puisse-t-elle cependant garder sa prodigieuse puissance culturelle, artistique et littéraire comme un trésor de l’humanité ! Elle a honoré la création ! Elle a grandi l’esprit ! Elle a fasciné la terre ! Dire que c’est un Cardinal qui créa l’Académie française, célébrant ainsi les arts et les lettres ! Dire que c’est un Général qui, le premier, créa un ministère de la Culture en terre de France ! Oui, «le meilleur endroit pour aimer le monde» est au cœur des bibliothèques, des bouquinistes des quais de Seine, des musées, des théâtres, des opéras, des vides greniers, des cafés littéraires, des bistros, de Paris ! La France est une jouissance de la culture, une fête de l’esprit ! Sous Senghor, le Sénégal avait de la même manière taillé son «manteau royal» à la culture.
D’autre part, il nous faut au-delà d’une République et d’une Nation déjà édifiées par Senghor, revivifier une patrie - le pays se fissure-, c’est-à-dire un puissant sentiment d’appartenance qui «nourrit un esprit public, c’est-à-dire la subordination volontaire de chacun à l’intérêt général, condition sine qua non de l’autorité des gouvernements, de la vraie Justice dans les prétoires, de l’ordre dans les rues, de la conscience des fonctionnaires».
La politique est un terrifiant lieu de mémoire ! Evitons alors toute surdité «spirituelle» ! Un pays comme le nôtre a besoin de cette soif du divin qui est le meilleur gilet pare-balles contre toute vanité et contre tous ceux qui «n’ont pas le courage d’être heureux». Le Sénégal a muté. Notre beau pays est devenu bruyant et sombre, cruel et épineux, conflictuel et haineux, sectaire et gluant, sec et intolérant. Ce n’est pas nous. Ce pays-là n’est pas le nôtre, et il ne le sera pas. Tout y semble si faux et si mensonger, que nous sommes arrivés à nous demander si le Sénégal porte toujours son nom de Sénégal ! Tout ou presque y est inavoué, maquillé, travesti, à scruter, à vérifier, à corriger pour se protéger d’une complicité coupable qui vous met en mal avec votre éthique. Une armée d’hyènes vêtue de peau d’antilope a pris d’assaut notre pays.
Veillons !
Toujours ne pas s’éloigner du divin. C’est le Pape François qui nous rappelle ces mots du poète Paul Celan : «Celui qui apprend vraiment à voir, s’approche de l’invisible.»
Par Abdoul Aly KANE
LE SÉNÉGAL TIRAILLÉ ENTRE L’AES ET LA CEDEAO
Quelle que soit l’option qui sera retenue à brève échéance, l’alliance sécuritaire entre pays d’Afrique de l’Ouest ne devrait pas induire ipso facto la réalisation d’une intégration économique sous-régionale
Selon les théoriciens néo-libéraux, grands défenseurs de l’ordre occidental établi, l’Afrique du 21ème siècle serait au cœur du développement économique mondial, prenant la suite des pays asiatiques, centres de la fabrique des produits industriels du monde durant le 20ème siècle.
Ce grand mensonge a été accompagnée d’une littérature économique abondante de théoriciens occidentaux du développement à usage d’endormissement, dont nos dirigeants se sont inspirés pour bâtir à la va vite, des programmes économiques du style « Plan Sénégal Emergent » ou « Plan Gabon Emergent ».
Aujourd’hui, ce narratif ne tient plus ainsi que les concepts qui l’accompagnent considérés comme des atouts (« Dividende démographique », « croissance à deux chiffres » « émergence économique » , « classe moyenne » etc..).
La réalité est que l’Afrique demeure encore figée dans un rôle de pourvoyeur à faible coût de matières brutes transformées hors du continent et de réceptacle des produits industriels et agricoles fabriqués ailleurs.
A la place du narratif occidental, l’Afrique parle de transformation industrielle de ses ressources naturelles, de transformation structurelle de l’économie, de développement économique endogène et d’intégration économique régionale.
Les discours des dirigeants du monde sur l’Afrique deviennent plus clairs. « Nous sommes là pour nos intérêts », dit de façon explicite le président Macron. Dans la ligne de la préservation des intérêts français nés du partage de Berlin, le général Lecointre, ancien chef d’état-major des armées de France, a fait une déclaration qui résonne encore : « Le destin de la France se joue entre la Méditerranée et l’Afrique. On va essayer de convaincre les Européens d’intervenir collectivement. Nous ne devons pas laisser un continent s’enfoncer dans le chaos et la guerre civile, avec la destruction des appareils d’Etat et de gouvernements. L’Europe se transformera en entité politique, et ira défendre ses intérêts y compris au moyen de l’engagement de ses armées ».
Ces propos sont en droite ligne d’une conception des rapports entre la France et l’Afrique faisant de l’ancienne puissance coloniale le propriétaire légitime des ressources naturelles du continent, ce que les indépendances formelles avaient fini par faire oublier.
La guerre entre la Russie et l’Ukraine a joué un rôle de déclencheur dans ce passage d’un poker menteur à la clarification des positions sur l’Afrique. La menace du président russe d’affaiblir la France en soutenant les régimes souverainistes de son pré-carré, en réaction aux sanctions et au soutien de celle-ci à l’Ukraine, a fait dériver le conflit européen vers le continent.
Un pas de plus a été franchi avec la récente déclaration de diplomates de l’ambassade l’Ukraine au Sénégal suggérant « un soutien clair à l’attaque perpétrée dans le Nord Mali par des rebelles Touaregs et des membres du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) contre les Forces Armées du Mali (FAMa) ». Cette déclaration grave, sans aucune condamnation du camp occidental, aura suffi pour acter le transfert du champ de bataille européen en Afrique.
Le champ de bataille russo-ukrainien transféré en Afrique
Rappelons que cette situation n’est pas inédite car, en 2022, la même ambassade d’Ukraine avait déjà fait appel aux jeunes Africains pour qu’ils s’enrôlement dans l’armée de ce pays à partir de notre territoire. Cela avait conduit le ministre des affaires étrangères de l’époque, Mme Aissata Tall Sall, à émettre une note de protestation en direction des autorités consulaires ukrainiennes.
On peut en déduire qu’il y indiscutablement dans ces propos et actes une volonté manifeste d’opposer le Sénégal au Mali considéré comme l’allié de la Russie. La guerre entre les pays de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) et les rebelles « touaregs, djihadistes terroristes » connait un regain d’intensité en cette année 2024. C’est dans ce contexte de guerre qu’il faut apprécier les différends entre la CEDEAO et les pays de l’AES. Concernant la CEDEAO, 50 ans d’existence auront largement suffi pour constater son échec à bâtir une économie régionale intégrée, un de ses objectifs majeurs.
A l’examen des flux commerciaux entre Etats membres (12 15%, contre 60% entre l’Europe et la CEDEAO) l’intégration économique sous-régionale est restée au stade de velléité. Aujourd’hui, l’organisation communautaire est confrontée au défi sécuritaire dans son espace. Par le passé, elle est militairement intervenue dans des pays membres en proie à des crises politiques ou des guerres civiles (ECOMOG au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée Bissau, en Gambie, en Côte d’Ivoire).
Là, il s’agit de faire face à la menace terroriste contre laquelle l’ancienne puissance tutélaire avait mené des opérations (opérations « Serval » et « Barkhane ») qui n’avaient pas abouti à l’éradication de la menace.
Dès lors, on peut comprendre que les populations des pays agressés aient érigé le besoin de sécurité en priorité absolue, avec comme conséquence le soutien aux coups d’Etat militaires, quitte à reléguer au second plan les principes de conquête du pouvoir par la voie démocratique. Ces coups d’Etat au Mali, au Burkina et au Niger ont été populaires parce que considérés par les populations comme l’ultime recours contre les forces terroristes.
Fallait-il manifester de la tolérance envers ces régimes ayant pris le pouvoir par des méthodes aux antipodes de la démocratie (coups d’Etat) mais bénéficiant du soutien des peuples, ou alors les sommer de rentrer dans les casernes et de restaurer l’ordre démocratique préexistant ? Ce même si ces régimes se sont montrés impuissants à vaincre le terrorisme.
La CEDEAO a choisi la seconde option et, ce faisant, s’est mis à dos la jeunesse, principale composante des populations d’Afrique. Une jeunesse qui s’est sentie laissée à elle-même, n’ayant par conséquent d’autre alternative que de se souder aux seules forces qu’elle croit en mesure de défendre l’intégrité territoriale et la sécurité des populations.
A cet effet, la CEDEAO a ordonné, le 10 août 2023, le déploiement de sa «force en attente» pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger sans pour autant apporter de solutions sur la question sécuritaire à laquelle ce pays membre est confronté, ce qui a constitué une grave erreur. Aujourd’hui, après le déploiement d’une panoplie de sanctions contre les « golpistes », la CEDEAO revient pour demander le retour de ces pays en son sein, alors que ces derniers ont entretemps créé l’Alliance des Etats du Sahel.
La problématique de l’utilité de la « vieille dame » se pose désormais dans les termes suivants : A quoi sert une organisation communautaire qui ne vous assiste pas lorsque votre existence est menacée, et au contraire vous inflige des sanctions économiques et financières pendant que vous êtes en danger ? La demande de retour en son sein des pays dissidents est-elle liée à un changement profond de l’organisation sur les questions de l’économie et de la sécurité ?
L’économie, mère des batailles de l’intégration régionale
Quid de l’ECO ? Quid de l’intégration économique régionale que la CEDEAO était censée réaliser depuis 1975, via la création d’un espace économique homogène ? Concernant l’intégration économique, la réorientation des flux commerciaux en direction des membres de la CEDEAO est la principale condition de sa faisabilité.
Ces questions exigent des réformes à mener sans tarder, et des actes forts pour convaincre. Il s’agit d’œuvrer en urgence pour faire de l’organisation le fer de lance d’un développement économique sous-régional endogène, mais également la principale force de sécurité en Afrique.
Au plan économique, de larges concertations d’opérateurs privés, de responsables étatiques et d’institutions financières régionales et internationales doivent être lancées. Elles devront être précédés par l’organisation d’états généraux du commerce intra régional afin d’identifier les opportunités de renforcement des flux commerciaux en question.
La question sécuritaire demande, quant à elle, des réflexions approfondies sur la problématique de la mutualisation des moyens de défense, à l’instar de ceux mis en œuvre entre les pays de l’AES.
Le Sénégal n’est pas (pas encore) dans la ligne de feu du terrorisme, bien qu’il doive redoubler de vigilance ; d’aucuns affirment d’ailleurs que son statut de nouveau pays pétrolier le prédispose à entrer dans le cercle des pays africains nantis en ressources naturelles, alors qu’il n’aurait aucune légitimité à en bénéficier.
Des déclarations de ce genre sont un appel à peine voilé aux forces obscures qui font le malheur des populations africaines au Nigéria, dans les pays de l’AES, en Libye et partout ailleurs dans le monde.
Les peuples des pays de l’AES plaident pour l’entrée du Sénégal dans cette organisation, suite au changement de régime ayant porté au pouvoir des adeptes du souverainisme panafricain. Des réponses claires ont été données à ce souhait par le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, sur lesquelles il ne nous semble pas utile de revenir. En réalité la question se pose dans les termes suivants : Faut-il casser la CEDEAO parce qu’elle serait prise en otage par des chefs d’Etat non adeptes de la rupture avec une France impérialiste, pour créer (ou rejoindre) une nouvelle organisation ?
Une 3ème voie ne devrait toutefois pas être exclue, à savoir rester dans la CEDEAO pour en changer le logiciel de fonctionnement au profit d’une véritable intégration régionale et d’une sécurité renforcée pour la défense de l’intégrité territoriale des pays membres et la sécurité de leurs populations.
Quelle que soit l’option qui sera retenue à brève échéance, l’alliance sécuritaire entre pays d’Afrique de l’Ouest ne devrait pas induire ipso facto la réalisation d’une intégration économique sous-régionale. Cette intégration économique devra être examinée en fonction de dynamiques de croissance et de développement, sous-tendues par des entreprises nationales (grandes, moyennes et petites) ouvertes sur le marché sous-régional afin de générer des flux commerciaux et financiers, des partenariats aptes à réorienter le commerce extérieur centré sur l’Europe vers la sous-région.
Au plan sécuritaire, les sanctions de tous ordres visant à isoler les pays de l’AES du reste de l’Afrique de l’Ouest, sous le prétexte de non-respect par le Mali, le Burkina et le Niger des principes démocratiques d’accès au pouvoir, doivent être levées, car l’heure est à l’union contre la menace terroriste.
SENEGALAIS ET PSYCHOLOGUES, DIAGNOSTIC D'UN DESAMOUR
Le recours à un psychologue permet de traverser de nombreuses épreuves liées aux difficultés de la vie. Malgré ces avantages, bon nombre de Sénégalais restent réticents à faire appel à ces thérapeutes même en cas de nécessité.
Le recours à un psychologue permet de traverser de nombreuses épreuves liées aux difficultés de la vie. Malgré ces avantages, bon nombre de Sénégalais restent réticents à faire appel à ces thérapeutes même en cas de nécessité.
La psychologie est une discipline qui souffre de nombreux préjugés en Afrique. Le stéréotype du « psy » perçu de ce côté-ci du continent comme étant celui qui soigne uniquement les «malades mentaux » » est ancré dans l’esprit de nombreux Sénégalais. Le psychologue n’est donc pas perçu comme un professionnel de référence, même si son apport peut être bénéfique dans certaines situations, comme le confirme Maria Sow, rencontrée dans les deux voies de Niary Tally. Avec sa mine joviale et un tempérament taquin, cette femme de 29 ans garde de mauvais souvenirs de sa dépression nerveuse. « Durant mon séjour en Europe, j’ai failli devenir folle à cause du confinement. La solitude et le dépaysement m’avaient fortement affectée. Loin de mon pays, je commençais à développer des signes de sociophobie et des tendances suicidaires. C’était très compliqué », confie-t-elle. Assise sur un tabouret à l’intérieur d’une gargote, notre interlocutrice assure que le recours à un psychologue lui a sauvé la vie. « J’ai commencé à me sentir mieux dès que j’ai consulté un spécialiste. Ses conseils et recommandations m’ont permis de retrouver mes esprits et de rester positive », ajoute-t-elle. Selon Maria Sow, les thérapies du psychologue peuvent être un moyen de remonter le moral et de se remettre de certains aléas de la vie.
« Le seul moyen de retrouver ses esprits » ?
« Il y a certaines situations où seule l’intervention d’un psychologue peut permettre de retrouver ses esprits »,soutient-elle, un sourire aux lèvres. Aux yeux de cette ancienne émigrée, l’ignorance est le principal obstacle à la consultation d’un « psy » en cas de besoin. « Avec si peu de visibilité, la méconnaissance continue d’entourer cette discipline. Les nombreux préjugés font que la population n’en voit pas l’utilité », déclare Maria. Elle ajoute : « Beaucoup souffrent de dépression et n’arrivent pas à en parler. Ce silence te détruit de l’intérieur ».
Un peu plus loin, dans une ruelle de Ouagou Niayes, Iba Seck exprime un avis similaire à celui de Maria. Ce sémillant jeune homme d’une trentaine d’années discute tranquillement avec ses amis dans une ambiance conviviale, tandis que la fraîcheur matinale fouette leurs visages décontractés. En chemise blanche et pantalon déchiré au genou, il considère que le non-recours à un psychologue par une majorité de la population s’explique en grande partie par l’ignorance.
« Un signe de faiblesse »
« Les gens sont souvent analphabètes et ne savent même pas à quoi sert la psychologie », dit-il en souriant. Selon lui, le recours à un psychothérapeute peut être immédiatement interprété de manière négative par nos compatriotes. « Nous vivons dans une société où consulter un spécialiste pour des problèmes mentaux est souvent perçu comme un signe de dépression, de faiblesse ou même de folie », explique-t-il sans hésitation.
En face de lui, Fadel Diop exprime un avis similaire. Assis sur le trottoir, il affirme que les Sénégalais ont une perception négative de tout ce qui concerne la psychologie et la psychiatrie. « Notre société a ses réalités. En plus de la réticence à consulter un spécialiste, il y a cette idée selon laquelle un psychologue pourrait aggraver les choses avec ses méthodes thérapeutiques », avance-t-il. De taille moyenne, une casquette sur la tête, il souligne que la psychologie pourrait être un moyen de résoudre plusieurs problèmes qui affectent actuellement la société. « Le recours à un psychothérapeute peut aider à résoudre divers problèmes qui secouent les mœurs actuelles, comme les relations de couple, de famille et le bien-être en général », énumère-t-il. Selon lui, beaucoup de personnes ignorent que le psychologue ne traite pas seulement les patients souffrant de maladies mentales ou de dépression. « La psychologie peut également aider à résoudre les conflits et à mieux gérer des aspects connexes comme les émotions, le traumatisme et le stress », avance-t-il. Et de se désoler que la psychologie soit souvent perçue comme une discipline européenne et que ses principes et outils ne s’appliquent pas toujours aux réalités culturelles africaines. « En Afrique, la vie en communauté permet de mieux gérer nos problèmes avec l’appui des proches, contrairement à l’Occident », soutient-il.
La famille comme bouclier
Rencontrée aux HLM 1, clé à la main, vêtue d’un body fleuri, Soda Lam estime que la santé mentale est un sujet peu abordé au sein des foyers sénégalais. « La dépression est souvent perçue comme une maladie de “Blancs”, et nous considérons la psychologie comme quelque chose de propre à la société occidentale », dit-elle. Teint clair, une forte poitrine, des traits lissés et une perruque péri-oxydée, cette jeune femme d’une vingtaine d’années souligne qu’à force de regarder des films étrangers, beaucoup de membres de la société croient que le psychologue ne peut résoudre que les problèmes des Occidentaux. « Dans de nombreuses séries étrangères, les individus souffrant de dépression ou de traumatisme sont souvent soignés par des psychologues », soutient-elle. Cette perception est à l’origine de la réticence de certains dans notre pays à avoir recours aux psychologues. « Les gens n’ont pas l’habitude de se dévoiler facilement ou d’exposer leurs problèmes à un inconnu. Ils préfèrent se confier aux membres de leur famille ou à leurs amis pour surmonter des situations difficiles », confie Soda. Selon elle, dans notre pays, l’entourage joue un rôle de soutien en cas de difficultés ou d’épreuves. « Nos proches agissent en première ligne pour la santé mentale individuelle. Ils sont là pour écouter, conseiller et soutenir, contrairement à la société occidentale où la solitude prédomine souvent », ajoute la jeune femme. Surtout que, précise-t-elle, en lieu et place du « psy », le recours à un marabout reste la pratique la plus répandue. « Nous vivons dans une société où les guérisseurs traditionnels sont souvent perçus comme omnipotents, même dans des domaines où ils ne sont pas compétents », constate-t-elle pour s’en désoler.
Les marabouts « psychologues » des Africains !
Un rapport de mars 2019 de la Division santé mentale du ministère de Santé et de l’Action Sociale (Msas) soulignait l’insuffisance des ressources humaines, de personnels qualifiés dans la prise en charge psychiatrique, de budget alloué à la santé mentale et l’indisponibilité des psychotropes.
Rencontré dans le jardin des HLM 1, Mamadou Dieng est plutôt sceptique. La trentenaire préfère relativiser la nécessité de consulter un psychologue. « À quoi bon se confier à quelqu’un qui ne fait qu’augmenter vos soucis ? » s’exclame-t-il après avoir exprimé plusieurs griefs. Avec des yeux marron et des rastas en bataille, ce jeune homme au look peu commun estime que la société africaine en général a ses propres croyances. « L’Afrique a ses réalités, qui sont différentes de celles des Occidentaux », déclare-t-il. Selon lui, chaque peuple a ses coutumes et ses mythes propres. « Le recours à un marabout pour résoudre nos problèmes personnels est fortement influencé par les pratiques en vigueur dans notre milieu d’origine et par l’éducation que nous avons reçue. C’est ancré dans notre culture », soutient-il.
Ses propos ne souffrent d’aucune ambivalence, à l’instar de ceux de Yéyah Ndiaye, une Saltigué rencontrée dans son domicile à Grand-Dakar. Le ton particulièrement narquois, elle déclare : « La psychologie, c’est souvent pour les Blancs. La société occidentale a ses réalités. En Afrique noire, les guérisseurs traditionnels et les marabouts sont incontournables depuis des lustres. Nous sommes, en quelque sorte, les psychologues de la société africaine ». Vêtue d’une tunique rouge parsemée de cauris, la guérisseuse souligne que certains problèmes sont trop complexes pour nécessiter l’intervention d’un psychothérapeute. « Il y a des situations où seule l’intervention d’un marabout peut être la solution pour régler des problèmes en urgence », affirme-t-elle, faisant référence aux « Ràb » (esprits) domiciliés dans des « Tuur » (autels familiaux), qui peuvent tourmenter les gens ou leur poser des problèmes complexes, exigeant des offrandes ou des sacrifices comme à l’époque de leurs ancêtres. Toutefois, elle reconnaît qu’il existe des problèmes pour lesquels seuls les psychologues ont les compétences nécessaires pour trouver des solutions.
« Avec les grandes urgences médicales à traiter, la santé physique est privilégiée par rapport à la santé mentale », (Hélène Bazin)
Hélène Bazin, psychologue clinicienne et psychothérapeute à Dakar, explique que le non-recours à un psychologue peut s’expliquer par l’éducation reçue dès l’enfance. «On apprend dès notre arrivée au monde, à travers les modèles que sont nos parents ou les personnes qui nous élèvent et nous entourent. Nous nous modelons en grande partie sur cette base, en observant la manière de se comporter et de voir les choses des adultes de référence », déclare-t-elle.
Selon Madame Bazin, lorsque les enfants n’apprennent pas à exprimer leurs émotions et leurs peines, cela crée des blocages et des souffrances qui réapparaissent à l’âge adulte. Son constat c’est que beaucoup de personnes consultent souvent un psychologue en dernier recours, après avoir essayé d’autres solutions. « Ce sont essentiellement des femmes qui viennent se faire consulter, parfois après avoir eu recours à d’autres approches plus traditionnelles », confie-t-elle. Selon la psychothérapeute, l’atout d’un psychologue réside dans le sens de l’écoute, la bienveillance et la confidentialité, permettant d’aider la personne sans jugement. Cela contredit, selon elle, les rumeurs selon lesquelles la psychologie serait une discipline exclusivement occidentale.
« Toute personne en souffrance psychologique peut avoir besoin d’une aide ponctuelle et se tourner vers un professionnel de la santé mentale. Les psychiatres et les psychologues travaillent souvent en parallèle pour aider les patients », avance Mme Bazin. Elle souligne que la santé mentale reste un parent pauvre de la santé au Sénégal. «Avec les grandes urgences médicales à traiter, la santé physique est souvent privilégiée par rapport à la santé mentale », ajoute-t-elle. Pour Mme Bazin, il est essentiel de considérer les deux dimensions de la santé avec le même niveau de préoccupation. Idéalement, il faudrait aborder les deux aspects de la santé avec une attention égale, conclut-elle.
CESE-HCCT, LA CHAISE ELECTRIQUE ?
C’est quand même un peu vicieux de demander à des adversaires de vous aider à vous débarrasser de choses qu’ils avaient eux-mêmes mises en place. Dans ce cas, on leur ferait faire tout bonnement un tour à Canossa.
C’est quand même un peu vicieux de demander à des adversaires de vous aider à vous débarrasser de choses qu’ils avaient eux-mêmes mises en place. Dans ce cas, on leur ferait faire tout bonnement un tour à Canossa. Benno Bokk Yakar n’a que deux options face à la révision constitutionnelle. Coopérer ou résister. Se montrer conciliant ou croiser le fer. Dans tous les cas, l’initiative de la dissolution du Conseil économique et du Haut Conseil ne peut aller loin sans dialogue politique en amont. Il faut nécessairement un compromis dans la configuration actuelle où le pouvoir est minoritaire à l’Assemblée nationale. Mais à entendre les deux camps et l’animosité mutuelle qui les anime, on se persuade que le dialogue de sourds a de beaux jours devant lui. Pour l’essentiel, le personnel politique sénégalais n’a pas le sens de l’État ni de l’écoute. Ne voyant que ses intérêts immédiats et mesquins, il ne prête point d’oreille compatissante pour discuter, négocier avec l’autre. «Je n’ai pas vos idées mais je me bats pour que vous puissiez les exprimer», disait l’autre. On n’est pas à ce niveau de raffinement. À l’entame du propos, on a pointé la malice de l’exécutif qui peut répliquer à son tour par un cinglant «honni soit qui mal y pense». On ne fera pas ici de populisme. On ne dira non plus de manière péremptoire que Cese et Hcct se valent et ne servent à rien. Mais on est sûr d’une chose. Ils n’ont aucun pouvoir. Ils ne votent pas de loi ni de budget. Ils n’ont même pas le poids d’un sénat dont le Président présidait le congrès en cas de besoin. Les rapports d’activité déposés périodiquement par les assemblées consultatives ne font qu’ajouter à la bureaucratie, la théorie et la littérature. Sans grande prise sur la réalité, elles entrent en droite ligne dans la politique gabégique en cours dans le pays depuis des décennies. Non contentes de contribuer à vider les caisses, ces institutions dont l’oraison funèbre pourrait être prononcée ne sont pas démocratiques. La plupart des membres qui y siègent sont le fait du prince. Le reste émane du suffrage indirect. Le peuple n’y est pour rien. Voilà d’ailleurs qui explique l’impopularité atavique qui les frappe. Pour éviter l’impasse qui serait un camouflet pour le pouvoir, il faut que chacun prenne de la hauteur. Ceux qui gouvernent ne doivent pas donner le sentiment de vouloir humilier les autres. Ceux qui s’opposent tout en ayant une majorité à l’hémicycle devront se garder de blocage systématique. Mais au final, ce sont nos propres turpitudes qui nous rattrapent. Le moment du retour à l’orthodoxie avec des élections générales ou présiden- tielle, législatives, voire locales se tiennent en même temps est arrivé. On fait des économies. On se passe de campagnes électorales permanentes. La démocratie n’est plus caricaturée en anarchie. Et surtout, on a assez de clarté et de lisibilité dans le jeu politique qui n’en finit pas de mourir par manque de clairvoyance de part et d’autre.
La sécurité est fille de la prévention
La mort est la punition pour tout ce qui vit. Les vivants quittent ce bas monde de plusieurs façons. Ils meurent de vieillesse, de maladie, d’accidents, de noyades, de catastrophes naturelles, d’homicides ainsi de suite. Le double meurtre de Pikine qui relève d’une véritable boucherie ne peut être prévenu par aucune police ou gendarmerie. La prévention est pourtant le mot-clé. Dans un contexte de croissance continue de la démographie où le bien et le mal explosent au même rythme, la vigilance au niveau étatique doit être décuplée. Le retour de l’autorité, des patrouilles et de la tolérance zéro est inévitable. Dans une phase de production de pétrole et de gaz où le pays n’est plus le même, aucun effort, aucune vigilance n’est de trop pour la sûreté et la sécurité globale. Dans une situation de grave crise économique, sociale et des mœurs, toute forme de laxisme est une mise en danger de la vie d’autrui. Les nouvelles équipes ont d’abord été mises en place pour remettre de l’ordre dans le pays. Mais on ne voit pas encore une main de fer dans ce domaine. Gouverner, c’est peut-être procéder à la mise à mort d’institutions controversées mais c’est d’abord et avant tout prévenir.
L’ASSEMBLÉE NATIONALE EN SURCHAUFFE
Le débat sur la suppression du HCCT et du CESE a atteint son paroxysme jeudi. Dans une atmosphère électrique, les députés pro-gouvernement ont défendu une mesure "nécessaire", tandis que l'opposition a dénoncé un "coup de force institutionnel"
L’Assemblée nationale a lancé hier, lors de l’ouverture de sa deuxième session extraordinaire de l’année 2024, le processus devant déboucher sur l’examen du projet de loi portant dissolution du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) et du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE).
L’Assemblée nationale a ouvert sa deuxième session extraordinaire de l’année 2024 convoquée par le président de la République conformément à l’article 63 de la Constitution. Ce processus devra aboutir à l’examen du projet de loi portant dissolution de deux institutions : le Conseil économique social et environnemental (CESE) et le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT).
Après avoir annoncé l’ouverture de cette session extraordinaire, convoquée par le chef de l’État par décret, Amadou Mame Diop, le président de l’Assemblée nationale, a indiqué que les présidents des groupes parlementaires allaient se réunir « immédiatement » pour déterminer la suite de la procédure. Lors de l’ouverture de la session extraordinaire, hier, 98 députés étaient présents. En principe, ils devront s’entendre sur les dates de l’examen du projet de loi en commission technique et en séance plénière. Cette réforme constitutionnelle, qui supprime ces deux organes consultatifs jugés « budgétivores » et « inutiles », s’inscrit dans le cadre d’une transformation de la gouvernance publique et de la rationalisation des dépenses, selon le président de la République en Conseil des ministres, mercredi dernier. « Cette proposition s’inscrit dans le cadre du renforcement des réformes constitutionnelles, de l’amélioration continue du processus de prise de décision des pouvoirs publics, et de la rationalisation systématique des charges de l’État, différents piliers de la doctrine de transformation de la gouvernance publique, voulue à travers la mise en œuvre accélérée du programme de gouvernance dénommé : le Projet », a expliqué à cette occasion le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye.
Selon Amadou Ba, député de la minorité Yewwi Askan Wi (YAW), c’est une promesse électorale qui est en train d’être honorée. « La suppression du HCCT et du CESE est normale dans la mesure où cela était inscrit dans le programme du président de la République lors de la campagne électorale. Ce n’est pas une stratégie, ni une tactique, mais un engagement que nous avions promis aux Sénégalais », explique-t-il. Amadou Bâ estime qu’il est essentiel que les 15 milliards alloués à ces deux institutions soient réaffectés à d’autres programmes dans le cadre de la future loi des finances. Le député rappelle que de nombreuses institutions ont été dissoutes sans bruit parce qu’elles relevaient d’un décret, notamment la Commission pour le Dialogue des Territoires. « Ces deux institutions nécessitent, étant donné qu’elles sont inscrites dans la Constitution, une révision constitutionnelle pour être supprimées. Nous n’avons pas vu, dans le projet de révision constitutionnelle, une volonté de création d’une nouvelle institution pour les remplacer », ajoute-t-il comme pour répondre à des détracteurs qui estiment que d’autres institutions pourraient être créées à la place de celles qui vont être supprimées.
Des opposants dénoncent la manœuvre du président de la République
Comme on pouvait s’y douter, la dissolution du CESE et du HCCT ne fait pas l’unanimité parmi les députés de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY, ancienne majorité présidentielle). Lesquels sont confrontés à un dilemme, une équation alambiquée et difficile à résoudre. Pour résoudre cette situation complexe posée par les nouveaux maîtres du pays, la majorité parlementaire avait réuni ses députés mardi pour mieux préparer le « suicide » politique auquel, selon eux, le Président Faye les invite. Si certains voient à travers ce projet de loi un traquenard tendu par l’exécutif, d’autres considèrent que cette dissolution est une question de survie politique. En effet, que ce texte soit voté ou non, le Président Diomaye pourra, tôt ou tard, dissoudre l’Assemblée nationale pour consolider son pouvoir. « C’est un piège qu’ils nous (Ndlr, les gens du pouvoir) ont tendu. Si nous refusons de voter, ils vont essayer de retourner l’opinion contre nous en affirmant que nous ne sommes motivés que par des intérêts personnels », rappelle un député de Benno sous couvert de l’anonymat. « Nous ne sommes pas nés pour être députés. Personnellement, quel que soit le projet que Diomaye Faye présente à l’Assemblée nationale, je voterai contre. Soit on fait de la politique, soit on en fait pas. Sonko ne nous a jamais rien pardonné. Par conséquent, nous devons créer un contre-pouvoir avec notre majorité », fulmine une députée de l’APR.
Dans une lettre adressée aux députés, Abdou Fall, ancien ministre d’État, s’est prononcé sur le projet de loi portant suppression du CESE et du HCCT. M. Abdou Fall a tenu à être clair en affirmant ceci : « Qu’on me prouve que ces missions, parmi d’autres, du Conseil Économique, Social et Environnemental ne sont d’aucun intérêt pour ces dirigeants actuels, dont la plupart font leur baptême de feu dans la décision politique au niveau le plus élevé de notre État. » Selon lui, à ce moment précis, d’autres sujets de fond devraient mobiliser les élites et les citoyens de notre pays. « Le Président Bassirou Diomaye Faye en a décidé autrement en convoquant d’urgence le Parlement, juste pour la dissolution de deux institutions de la République, le Conseil Économique, Social et Environnemental et le Haut Conseil des Collectivités Territoriales », poursuit-il
Abba Mbaye, député de Taxawu Sénégal, s’est exprimé après l’ouverture de session extraordinaire hier. Selon lui, cet acte posé par le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, montre que le Sénégal n’est pas encore une grande démocratie. « Notre pays sera une vraie démocratie stable lorsque nous aurons des institutions crédibles et stables. Nous ne pouvons pas concevoir que chaque régime qui arrive au pouvoir essaie de mettre en place ses propres institutions. Nous avons vu le Sénat, le Haut Conseil... », détaille-t-il. Selon lui, il est temps de s’accorder sur le type d’institutions que notre pays souhaite avoir. « Le débat aujourd’hui, c’est de discuter sur le caractère des institutions que nous voulons. Les autorités ne peuvent pas proposer des textes pour supprimer des institutions sans pour autant nous dire ce qu’elles vont mettre en place. Elles veulent avoir la majorité pour pouvoir instaurer les institutions du Projet. Nous n’avons pas besoin de cela. Qu’elles arrêtent de nous parler des 15 milliards. La démocratie n’a pas de prix ! », s’exclame le député qui fut pourtant un allié de Pastef dans le cadre de la coalition Yewwi Askan Wi.
Un consensus avant la dissolution
Si la suppression des deux institutions place la majorité parlementaire (opposition) dans une situation inconfortable pour certains, d’autres dénoncent une décision précipitée, prise sans consensus préalable. Selon Doudou Wade, ancien président du groupe parlementaire libéral et démocratique (Parti Démocratique Sénégalais), les missions consultatives de ces deux institutions, en particulier en matière de développement social, sont importantes. « Si l’on met de côté la mission du HCCT, le CESE pourrait parfaitement assumer ses responsabilités. En revanche, éliminer le CESE laisserait le HCCT incapable de remplir cette mission », souligne-t-il, en ajoutant que 90 % des pays disposent d’un Conseil économique ou d’institutions similaires. « Et comme la majorité des pays en ont un, je préfère que nous en ayons aussi plutôt que de nous en priver », précise-t-il.
Le Parlement est dominé par la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) et ses 82 députés élus lors des législatives du 31 juillet 2022. Il est enfin à préciser qu’une majorité des 3/5 des suffrages exprimés (par les députés présents) est nécessaire pour amender la Constitution. Dans le cas où ils seraient tous présents, il faudrait 99 voix pour que le projet de loi portant dissolution du CESE et du HCCT soit adopté.
LE PARTI DE GBAGBO INVITE L’ETAT A REDUIRE SON TRAIN DE VIE
Toussaint Toutou, vice-président exécutif du PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo, s’est prononcé ce jeudi 29 août 2024, sur la gouvernance de Alassane Ouattara, exhortant à la diminution du train de vie de l’Etat.
Toussaint Toutou, vice-président exécutif du PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo, s’est prononcé ce jeudi 29 août 2024, sur la gouvernance de Alassane Ouattara, exhortant à la diminution du train de vie de l’Etat.
« Tous les prix flambent sur le marché, le PPA-CI pense que la vraie solution est la politique d’un vrai contrôle, une maîtrise des prix par le ministère du Commerce, ce qui n’est pas le cas et qui deviendra le cas en 2025, si le PPA-CI revient au pouvoir », a dit M. Toussaint Toutou, face à la presse.
« Que le chef de l’Etat et le gouvernement diminuent leur train de vie. Que le chef de l’Etat, qui est le premier garant des institutions, commence par donner le ton en diminuant son fonds spécial de souveraineté (…) à des proportions acceptables », a ajouté M. Toutou.
Il a soutenu que ces mesures devraient « permettre au trésor public d’amasser une cagnotte », surtout que pour le chef de l’Etat, « le fonds de souveraineté est distinct du budget de la présidence, qui est passé de 80 à 100 milliards de FCFA ».
Outre la diminution de son fonds de souveraineté, « nous demandons aussi que le chef de l’Etat vende au moins un de ses aéronefs présidentiels », a-t-il lancé. Et de s’interroger « à quoi sert-il d’avoir plusieurs avions présidentiels puisqu’un avion a une espérance de vie d’au moins 35 à 40 ans ».
Dans cette veine, le PPA-CI demande que le président Alassane Ouattara « réduise le nombre de ministres et ne conserve que les ministres à portefeuille ». De même, que le chef de l’exécutif supprime les postes de ministre gouverneur.
Le parti de Gbagbo milite pour une réduction du nombre des institutions. Toussaint Toutou a déploré qu’ « un pays en développement comme le nôtre qui ne compte qu’environ 30 millions d’habitants, ait 17 institutions, alors que des pays comme les Etats-Unis ou la France en ont entre cinq ou six ».
Il a relevé, par ailleurs, que l’Union européenne avait attribué, en 2015, à la Côte d’Ivoire, la somme de 200 milliards Fcfa pour s’occuper des jeunes, mais « les jeunes Ivoiriens représentent 68% des demandeurs d’asile en Occident, malgré les aides extérieures ».
« Aujourd’hui, l’appartenance au régime RHDP (pouvoir) et/ou à la région du Nord sont les principaux critères d’avancements professionnels et de nomination. Ces critères excluent toutes les ressources humaines, compétentes, non originaires du Nord », s’est-t-il insurgé.
Par conséquent, ce système amène ceux qui se sentent exclus à faire valoir leurs talents ailleurs, a-t-il poursuivi. Il partagera que « sur les 33 sénateurs (nommés), 16 sont issus du nord et les 17 autres sont issus du RHDP » qui a raflé pratiquement toutes les communes de Côte d’Ivoire.
« Pour le PPA-CI, la Nation se construit avec tous ses fils et toutes ses filles ; il n’est pas bon de pratiquer pour ces emplois ce système d’un autre âge, basé sur l’appartenance régionale dans un pays qui se veut être une nation », a-t-il avancé.
Toussaint Toutou a demandé à « la justice d’enquêter et de sanctionner les ministres ou les directeurs de sociétés (publiques) responsables de détournements scandaleux, auxquels tout le monde a assisté depuis l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara », car « les exemples sont légions ».
Par Moussa KAMARA
NOS RAPS
Le car rapide, ah ce que j’ai adoré ce moyen de transport décadent et obsolète, menacé depuis plus de vingt ans de disparition mais qui résiste toujours mais continuant de trimbaler ses passagers infortunés de la banlieue vers Colobane, Médina ...
Le car rapide, ah ce que j’ai adoré ce moyen de transport décadent et obsolète, menacé depuis plus de vingt ans de disparition mais qui résiste toujours mais continuant de trimbaler ses passagers infortunés de la banlieue vers Colobane, Médina et à la lisière du centre-ville. Mais aussi dans le sens inverse !
Ces guimbardes qui transportent des hommes et des souvenirs, beaucoup de souvenirs, résistent tant bien que mal aux Tatas, aux taxis, aux clandos, à Dem Dikk et maintenant au Brt et au Ter. Face à cette concurrence féroce, la parade de ce duo de choc, le chauffeur et l’apprenti-receveur, le saucissonnage du trajet entre Dakar et la banlieue. Ce duo, des larrons en foire, ne voue aucun respect aux gens qu’il transporte.
Sièges déchirés et délabrés, sans confort, ce terme est inconnu de l’équipage de ce véhicule qu’on oublie depuis belle lurette de chaperonner, d’entretenir. Dans ces cercueils roulants, pas étonnant qu’il y ait plus de passagers debout qu’assis. Le conducteur qui a les yeux sur la route n’a pourtant d’oreilles que pour son apprenti-receveur qui le mène à la baguette. Parce qu’il est le véritable maitre à bord. Indifférent aux récriminations des passagers auxquels il répond souvent par des réparties salaces et souvent désobligeantes.
Voyager à bord de ces guimbardes procure une photocopie du degré d’insolence des apprentis-receveurs et, par ricochet, de notre société. Ne vous avisez jamais de prendre un car-rapide si vous n’avez qu’une seule pièce dans les poches. Non seulement les prix sont très fluctuants mais vous avez plus de chance de ne pas arriver à destination. Le plus cocasse dans un car de transport, c’est quand l’apprenti a affaire à un passager aussi roublard que lui ou qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.
Habitué à se coltiner des passagers qui maugréent mais cèdent toujours, le voilà penaud devant plus coriace que lui. A la grande satisfaction des autres passagers, gloussant de bonheur de voir un Superman les venger par procuration. Malheureusement, une fois n’est pas coutume, ces Supermen se font rares ! Les miens désapprouvent mon entêtement à vouloir prendre ces rafiots qui roulent toujours malgré leur âge, mais mon plaisir est total quand je descends sain et sauf de ces cars de transport en commun. Qui font partie des souvenirs enfouis au plus profond de nous. Pendant longtemps les cars-rapides ont meublé les rues des quartiers de Dakar et de la banlieue, desservant des coins et recoins qu’ils étaient seuls à fréquenter. Prendre un car rapide me procure une dose de vigueur et d’ardeur. Aujourd’hui que le choix dans le transport est vaste et moderne, un musée des transports serait le bienvenu. Nul doute que le car-rapide ou « rap’s » y aurait une place de choix !