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10 avril 2025
L'AÏD-EL-FITR EXPLIQUÉE
Prières, dons aux plus pauvres, nouveaux vêtements et repas festifs : l'Aïd-el-Fitr, qui conclut le mois de Ramadan ce 30 mars, constitue un moment essentiel de la spiritualité et du vivre-ensemble pour la communauté musulmane
(SenePlus) - Ce dimanche 30 mars 2025, les musulmans de France célèbrent l'Aïd-el-Fitr, marquant la fin du mois sacré du Ramadan. Cette journée festive, caractérisée par des prières collectives, des échanges de vœux et de cadeaux, représente un moment important du calendrier islamique, comme le rapporte le journal Le Monde.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a annoncé dans un communiqué du 25 mars que, « conformément aux données scientifiques », la date de l'Aïd-el-Fitr était fixée au dimanche 30 mars 2025.
La Grande Mosquée de Paris a confirmé cette date après la traditionnelle "Nuit du doute", durant laquelle a lieu l'observation de la Lune. Le recteur de l'institution avait d'ailleurs souligné sur X l'importance de cette tradition en déclarant qu'« ignorer cette nuit sous prétexte que la technologie moderne nous permet des calculs précis serait comme négliger l'appel à la prière simplement parce que nous avons des montres ou des appareils connectés ».
Le Monde précise également que "l'Arabie saoudite, terre des lieux saints de l'islam, a également annoncé lundi que l'Aïd-el-Fitr débuterait mercredi, de même que le Qatar et les Emirats arabes unis", illustrant ainsi les différences d'observation selon les pays.
Le journal explique que la date de l'Aïd-el-Fitr recule d'environ dix jours chaque année dans notre calendrier grégorien, car elle est déterminée selon le calendrier de l'hégire, qui ne compte que 354 ou 355 jours par an. Selon ce calendrier, qui débute avec le départ du prophète Mahomet de La Mecque en 622 de l'ère chrétienne, nous sommes actuellement en l'an 1446.
Cette fête marque la fin du mois de Ramadan qui avait commencé le 28 février 2025. Comme le détaille Le Monde, la journée est "marquée par une prière à la mosquée, mais aussi des échanges de vœux, de pâtisseries, de thé et de petits cadeaux".
Le quotidien ajoute que "traditionnellement, les croyants revêtent de nouveaux vêtements, s'offrent des présents et s'acquittent d'une aumône, la zakat al-fitr, destinée aux pauvres". Cette aumône obligatoire varie selon les instances religieuses : la Grande Mosquée la fixe à 7 euros par personne, tandis que le CFCM recommande 9 euros. Le média Saphir News, cité par Le Monde, rappelle que "le Ditib, instance qui représente les musulmans turcs, a réévalué le montant de la zakat de 10 à 15 euros en 2024".
Le Monde précise également la distinction importante entre l'Aïd-el-Fitr et l'Aïd-el-Kébir. L'Aïd-el-Fitr est également appelée Aïd-el-Séghir, signifiant "petite fête", par opposition à l'Aïd-el-Kébir (ou Aïd-el-Adha), la "grande fête".
Cette dernière commémore le sacrifice relaté dans le Coran et l'Ancien Testament, où Abraham, sur le point de sacrifier son fils par obéissance divine, voit l'enfant remplacé par un bélier grâce à l'intervention d'un ange. Pour marquer cet événement, les musulmans pratiquent un abattage rituel de mouton, contrairement à l'Aïd-el-Fitr où cette pratique n'a pas lieu.
Seules la prière et la formule de vœux ("Aïd Moubarak", ou "joyeuse fête") sont communes aux deux célébrations.
En France, contrairement à d'autres pays à majorité musulmane, cette journée n'est pas fériée, rappelle Le Monde, bien qu'elle constitue l'une des fêtes les plus importantes pour les fidèles de l'islam.
LES NOUVEAUX GLADIATEURS DE L’ARÈNE MÉDIATIQUE
Dans un paysage politique sénégalais souvent dominé par les invectives et les polémiques, deux hommes se démarquent par leur rigueur intellectuelle et leur éloquence: Amadou Ba de Pastef et Pape Malick Ndour de l'APR
Le débat public sénégalais, autrefois marqué par des joutes oratoires nourries et des confrontations d’idées, semble aujourd’hui s’enliser dans la médiocrité. Entre attaques ad hominem, polémiques stériles et postures clivantes, l’espace politique peine à produire des figures capables d’élever le débat. Pourtant, deux hommes politiques, bien que distincts par leur affiliation partisane, se démarquent par leur rigueur intellectuelle, leur éloquence et leur capacité à privilégier l’argumentation aux invectives : Amadou Ba (Pastef/Les Patriotes) et Pape Malick Ndour (APR).
L’un, jeune député brillant, juriste aguerri, incarne la nouvelle génération de Pastef, portant une parole structurée et une maîtrise rare des questions constitutionnelles. L’autre, économiste chevronné, ancien ministre et président de conseil départemental, défend avec verve les réalisations de l’ancien régime tout en maintenant un niveau de débat élevé. Opposés politiquement, ils partagent une même exigence : celle de substituer la réflexion à la polémique, la cohérence à la démagogie.
Amadou Bâ, député et membre de la mouvance présidentielle, s’est très tôt distingué par son verbe facile et sa maîtrise des questions constitutionnelles. Un contradicteur redoutable mais jamais complaisant, il se distingue par son calme olympien et sa préférence pour l’argumentation solide plutôt que pour les attaques personnelles. Très à l'aise en français comme en wolof, il mise sur la substance plutôt que sur les débats superficiels, les exemples concrets plutôt que sur les digressions inutiles.
Récemment, alors que certains cadres de Pastef appelaient au boycott du groupe GFM suite aux « insultes » du chroniqueur Badara Gadiaga contre lui et Ousmane Sonko, le parlementaire a choisi une autre voie. Au lieu de suivre cette interdiction populiste, il a accordé une longue interview à L'Observateur (quotidien du groupe GFM). Ce face-à-face lui a permis de revenir en détail sur la proposition de loi interprétative sur l’amnistie, un texte qu'il porte depuis plusieurs semaines. Il a déployé une véritable campagne de communication autour de cette proposition, multipliant les interventions médiatiques et les publications sur sa page Facebook afin d’expliquer ses positions.
Face à la polémique suscitée par cette proposition, Amadou Bâ a présenté plusieurs amendements pour tenter d’en clarifier la portée. Prévu pour un vote le 2 avril 2025, le texte a suscité de vives protestations et des appels à manifester.
Mais loin de se limiter à cette question, le député s’attaque à d'autres chantiers législatifs. Parmi ses propositions figurent une loi sur le foncier visant à interdire toute délibération foncière dans des zones stratégiques afin de lutter contre la spéculation, ainsi qu'une modification terminologique sur les finances publiques. Il propose notamment de remplacer l’expression « deniers publics » par « deniers du Peuple » ou « deniers de la Nation » afin de souligner que ces fonds appartiennent avant tout aux citoyens.
Le natif de Thiès ne compte pas être un parlementaire passif. Son activisme contraste fortement avec un autre député et un autre Amadou Bâ, ancien Premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle de 2024. Ce dernier semble être éclipsé par l'autre. Légalement, il a été élu député suppléant lors des législatives de 2022 et a pris la place de Birame Soulèye Diop lorsque celui-ci a été nommé ministre. Son rôle fut encore plus crucial lors de l’élection présidentielle de 2024, où il a été le mandataire du candidat Bassirou Diomaye Faye.
Son aisance médiatique et son expertise en droit en font une figure incontournable du Pastef. Militant de la première heure, il a occupé la tête de liste du parti à Thiès au dernier scrutin en novembre 2024. Il nourrissait de grandes ambitions pour l'hémicycle, qu’il estimait avoir besoin d’une « cure de jouvence ». Juriste de formation, il est titulaire d'un DEA obtenu à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et a poursuivi ses études en France à l’Université de Reims. Pendant 20 ans, il a vécu dans l'Hexagone, où il s’est investi dans l’accompagnement juridique des demandeurs d’asile, des sans-abris et des jeunes en situation de précarité.
Ces années d’engagement auprès des plus démunis lui ont donné une perception affinée des inégalités, tant en Afrique qu’en Occident. Lui-même le dit : « Cela m’a permis de comprendre toutes les difficultés de l’Afrique et des autres pays sous-développés. » Flegmatique, de taille élancée et au regard perçant, il est imperturbable face aux critiques. Lorsqu’il est attaqué sur sa personne, il répond soit par le silence, soit avec une courtoisie qui désarme ses détracteurs.
Avec une vision ancrée dans la justice sociale et le développement du pays, il continue de tracer son sillon au sein de l’Assemblée et au-delà.
Pape Malick Ndour : le nouveau fer de lance de l’opposition
Depuis la chute du régime de Macky Sall, peu de figures du camp présidentiel déchu ont su maintenir une présence aussi active sur la scène politique que Pape Malick Ndour. L’ancien ministre de la Jeunesse s’est illustré par une implication continue dans l’espace public, prenant le flambeau des marrons-beige à un moment où la majorité des cadres de l’Alliance pour la République (APR) ont préféré se terrer face à la montée en puissance de Pastef.
Pape Malick Ndour n’est pas un novice en politique. Avant la défaite de l’APR aux élections présidentielles de 2024, il était déjà une figure incontournable des débats publics. Pourtant, il était souvent éclipsé par d’autres porte-parole du régime, comme Seydou Guèye ou Pape Mahawa Diouf, qui captaient davantage l’attention médiatique. Aujourd’hui, en l’absence de ces ténors, il occupe une place centrale dans le camp de l’opposition.
Régulièrement invité sur les plateaux de télévision, il est devenu un ardent défenseur du bilan de Macky Sall et un contradicteur redoutable du nouveau pouvoir. Ses interventions, marquées par une solide maîtrise des dossiers économiques et budgétaires, lui confèrent une crédibilité que peu d’opposants parviennent à égaler. Son camarade de parti, Mouhamed Faye, souligne que Pape Malick Ndour « a toujours aimé participer à des débats riches en politique, économie et développement », une passion qui transparaît dans chacune de ses prises de parole.
Une voix imposante contre les accusations du FMI et de la Cour des comptes
L’un des dossiers les plus sensibles sur lesquels Pape Malick Ndour s’est positionné ces derniers mois concerne les révélations du Fonds monétaire international (FMI) sur une supposée dette cachée de 7 milliards de dollars sous le régime de Macky Sall. L’ancien ministre a vivement contesté ces accusations, affirmant que le rapport de la Cour des comptes était « infondé et partial » car il n’aurait pas respecté « le principe du contradictoire », privant ainsi les anciens responsables de la possibilité de défendre leur gestion.
Lors d’une interview sur France 24, il a réaffirmé sa position : « Ce sont des accusations infondées et mensongères. » Selon lui, les difficultés économiques actuelles du Sénégal ne sont pas dues aux choix budgétaires du précédent gouvernement, mais à des erreurs de gestion du nouveau régime.
Dans un contexte où le débat public est souvent marqué par des postures populistes, Pape Malick Ndour se distingue par une approche plus technique. Économiste de formation, il privilégie l’argumentation chiffrée et documentée, ce qui le rend difficile à contredire sur les sujets liés aux finances publiques. Contrairement à d’autres figures politiques qui préfèrent les polémiques stériles, lui choisit de camper son discours sur des thématiques substantielles.
Un parcours politique et académique impressionnant
Né en 1984 à Mbadakhoune, dans la région de Kaolack, il a gravi les échelons de la politique sénégalaise avec une ascension fulgurante. Il est, à ce jour, le plus jeune président de Conseil départemental de l’histoire du Sénégal.
Son engagement politique remonte à ses années étudiantes. Titulaire d’un Master 2 en économie, avec une spécialisation en économie monétaire, financière et bancaire à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), il s’est très tôt intéressé aux questions de finances publiques. Il a également obtenu une maîtrise en analyse et politique économique à l’UCAD. Cette expertise lui a permis d’intégrer le ministère de l’Économie et des Finances, où il a contribué à plusieurs travaux stratégiques.
Sur le plan politique, il a été Coordonnateur National Adjoint et Porte-parole du Mouvement des Élèves et Étudiants Républicains (MEER). Membre fondateur de l’APR, il est également un responsable actif de la Coordination des Jeunesses Républicaines (Cojer) et un cadre influent dans le département de Guinguinéo. Depuis décembre 2008, il milite sans relâche au sein de l’Alliance pour la République.
Une nouvelle figure de l’opposition face au pouvoir en place
Dans un paysage politique sénégalais en recomposition, où l’opposition peine à structurer une riposte efficace face au gouvernement de Bassirou Diomaye Faye, Pape Malick Ndour apparaît comme l’une des rares figures capables de mobiliser et d’incarner un discours cohérent.
Contrairement à d’autres anciens dignitaires du régime de Macky Sall, qui ont choisi la prudence, il n’hésite pas à affronter directement le pouvoir en place. Il dénonce régulièrement ce qu’il considère comme des manipulations du gouvernement actuel, notamment sur les réalisations économiques du précédent régime. À chaque intervention, il rappelle que c’est sous Macky Sall que le Sénégal est sorti du groupe des 25 pays les moins avancés.
Son franc-parler et sa capacité à argumenter avec rigueur font de lui un acteur incontournable du débat public. Régulièrement vêtu d’une chemise et d’une cravate, ou d’un blazer décontracté, il cultive une image d’homme sérieux et accessible. Son aisance sur les sujets économiques lui confère un avantage indéniable dans une opposition qui manque cruellement d’experts dans ce domaine.
Pour beaucoup d'observateurs, s'il continue sur cette lancée, il pourrait bien s’imposer comme l’un des leaders de la future opposition sénégalaise. Dans un contexte où le débat politique est souvent réduit à des attaques personnelles, il privilégie la substance et la clarté des idées.
Face à un gouvernement qui cherche encore ses marques, il se positionne déjà comme un sérieux contradicteur. Reste à voir s’il parviendra à fédérer autour de lui une opposition encore en quête de repères. Mais une chose est sûre : avec son énergie et son expertise, il est bien parti pour jouer un rôle clé dans les années à venir.
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UNE HOMONYMIE AUX CONSÉQUENCES TRAGIQUES
Le corps d'Ibrahima Traoré, décédé en France, a été confondu avec celui d'un autre défunt et inhumé à Dakar. Sa famille, sans nouvelles depuis plus de deux semaines, témoigne de son désarroi face au silence des autorités
La famille Traoré vit un véritable cauchemar depuis plus de deux semaines. Selon leur témoignage, le corps d'Ibrahima Traoré, décédé le 2 mars dernier d'un arrêt cardiaque au Centre Hospitalier de Corbeil-Essonnes, a été confondu avec celui d'un autre défunt et envoyé par erreur au Sénégal où il aurait été inhumé.
"Il est où mon mari ? Il est où Ibrahim Traoré ?" Ces questions déchirantes, Fatumata Traoré les répète depuis que sa famille a découvert avec stupeur l'absence du corps de son époux lors de la toilette mortuaire prévue avant l'inhumation. La scène décrite par les proches est traumatisante : ils se sont retrouvés face à un corps qui n'était manifestement pas celui d'Ibrahima.
"Mon père faisait 1,85m, il était chauve," explique l'une des enfants du défunt. "On nous montre un homme avec les cheveux afro, qui ne ressemble pas du tout à ça." Face à cette découverte, la confusion a rapidement fait place à la colère et à l'incompréhension.
Selon les explications fournies par l'établissement hospitalier, une erreur d'identification aurait été commise, possiblement en raison d'une homonymie partielle. Les deux défunts portaient le nom de Traoré. Le corps d'Ibrahima aurait ainsi été envoyé à Dakar le 7 mars et y serait enterré depuis, loin de sa terre natale du Mali où il souhaitait reposer, près de sa mère à Sikasso.
"Ils nous ont détruit, ils ont détruit ma famille," témoigne sa fille. Plus de deux semaines après cette terrible méprise, la famille n'a toujours aucune nouvelle concernant le rapatriement du corps, malgré une lettre du Centre Hospitalier Sud-Francilien reconnaissant l'erreur et promettant "de tout mettre en œuvre pour organiser un rapatriement rapide".
"Comment peut-on faire notre deuil ?" s'interroge un autre membre de la famille. "Je n'arrive même plus à dormir." Pour Fatumata, son épouse depuis 40 ans, la douleur est double : "La mort nous a vraiment séparés, mais une autre douleur s'y ajoute : la perte du corps."
Face à cette situation exceptionnelle et dramatique, la famille exige désormais un test ADN pour confirmer l'identité du corps enterré à Dakar. Elle a également engagé un avocat pour porter plainte contre l'hôpital, la morgue et la société de pompes funèbres impliquées dans cette affaire.
"C'est trop, même dans un film, même dans une série, jamais, jamais je n'ai entendu ça. Improbable," la fille du défunt.
LES STARS TEXTILES DE LA KORITÉ
L'effervescence règne dans les ateliers de couture dakarois à la veille de l'Aïd el-Fitr. Les maîtres tailleurs, débordés par les commandes, révèlent les tendances de cette année : bazin riche, super cent et lafaya se déclinent en différents modèles
L’ambiance de fête à l’approche de l’Aïd el-Fitr ou Korité, marquant la fin du mois de ramadan, est perceptible chez les tailleurs, où les clients se pressent, certains pour passer leurs commandes, d’autres récupérer leurs habits déjà confectionnés avec les tissus en vogue.
Dans la capitale Dakar, à la Médina, près du centre-ville, par exemple, les ateliers ne désemplissent pas. On constate le volume de travail des tailleurs ces derniers jours au vu des tas d’habits trouvés sur des tables et des chaises à l’entrée des ateliers.
Des tailleurs interrogés par l’APS assurent avoir confectionné des tenues avec pour la plupart des tissus en super cent, en bazin riche très prisés. La dentelle et le coton brodé dit ”Lafaya” ne sont pas en reste, alliant modernité et tradition pour satisfaire les besoins de la clientèle.
A la rue 5 x Corniche, à la maison de couture d’Alpha Diallo, le maître tailleur et spécialiste d’habits pour hommes exprime déjà sa satisfaction.
Trouvé dans son atelier entrain de donner des directives à ses apprentis, Alpha Diallo souligne que les tissus comme le super cent ou encore le bazin sont les plus commandés par sa clientèle.
Il note que ces tissus sont mis en valeur selon le goût de chaque client, avec une attention très soutenue. La tendance actuelle les pousse à proposer des tenues modernes sur lesquelles ils ajoutent plusieurs décorations, selon la technique de ‘’fil à fil’’.
‘’Nous utilisons des bons tissus que les clients apportent et nous les valorisons avec une bonne décoration à la technique de fil à fil par exemple’’, indique le maître tailleur.
Pour cette Korité, il déclare que les hommes font très souvent la commande de costumes africains dont les prix varient entre 10.000, 25.000 et 50.000 Fcfa, l’unité.
‘’Tout dépend du modèle choisi par le client’’, a-t-il expliqué.
De l’autre côté de la rue 6 x 3, se trouve l’atelier de Seynabou Diop. Trouvée en plein repassage, cette dame, la trentaine révolue, fait savoir que les modèles sont réalisés, selon le choix de la cliente.
Spécialisée uniquement en tenues pour femme, elle témoigne que les robes en tissus comme Lafaya, le voile et la dentelle, font l’affaire actuellement.
Quand la tradition se marie à la modernité
‘’Actuellement les gens n’ont pas d’argent, quand ils apportent leur bazin par exemple, ils ne viennent plus avec les bazin riches. Il faut savoir que nous recevons beaucoup plus de commande pour les enfants, car ce sont eux qui sont plus mis en avant lors de la Korité’’, explique t-elle.
Habillé en trois pièces, Lamine Seye, ancien président de l’association des tailleurs sénégalais, affirme pour sa part que les nouvelles tendances pour cette Korité se réalisent dans un ‘’mariage entre la modernité occidentale et les tenues traditionnelles’’.
‘’Actuellement, on présente à nos clients pour cette Korité, des modèles qui sont en coupes modernes, qui sont entre le style européen et celui africain, surtout avec les Sénégalais. Les tissus sont modernisés avec la coupe’’, précise-t-il, ajoutant que ces derniers sont beaucoup plus prisés par des jeunes.
Lamine Sèye estime que les jeunes préfèrent des modèles à leur reflet. D’où, l’obligation pour les tailleurs de s’adapter à leur préférence en ‘’alliant modernité et tradition’’.
‘’Ils viennent parfois avec du super cent ou du bazin riche, avec lesquelles nous essayons de rassembler le côté traditionnel et celui moderne. Nous leur proposons des costumes tailleurs, avec des garnitures, etc.’’, a-t-il expliqué.
Hormis les jeunes, M. Sèye confectionne également des tenues pour enfants, notamment des filles, qu’il propose à 5000 ou 10.000 Fcfa pour la main d’œuvre, selon le choix du modèle.
Grande de taille, Babacar Diop, ce tailleur qui comptabilise 40 ans d’expérience, confectionne uniquement des tenues d’adultes pour cette Korité.
Selon lui, son expérience lui permet d’offrir un ‘’bon rendu’’ à ses clients de plusieurs nationalités. Pour cette Korité, il affirme que son atelier fait tout pour rendre ses clients étrangers notamment maliens et ivoiriens ”heureux”.
‘’Nous proposons et créons des modèles qui sont rares et différents pour nos clients, avec des tissus comme le bazin geztner, le super cent, lafaya’’, a-t-il poursuivi.
LA KORITÉ CÉLÉBRÉE CE DIMANCHE
La Coordination des musulmans du Sénégal a annoncé que l'Eid el fitr sera célébré ce dimanche 30 mars 2025, suite à l'observation du croissant lunaire dans plusieurs localités du pays
Des musulmans sénégalais vont célébrer, dimanche, l’Eid el fitr ou korité, la fête marquant la fin du ramadan à l’appel de la coordination des musulmans du Sénégal pour l’observation du croissant lunaire.
Dans un communiqué dont l’APS a eu connaissance, la CMS signale qu’elle s’est réunie ce samedi 29 mars 2025 correspondant au 29 Ramadan 1446 H pour scruter la lune.
‘’Après avoir recueilli les informations en provenance de ses correspondants nationaux et internationaux, la commission vous informe que la lune a été aperçue au Sénégal à Agnam Ouro Ciré (Matam), à Ngane (Kaolack), à Aïdara (Toubacouta), Ndiawagne Ndiaye (Kėbémer)’’, annonce t-elle.
Dans le monde, le croissant a été aperçu en Côte d’Ivoire, au Mali, en Guinée, au Cameroun, en Ethiopie, au Tchad, en Arabie Saoudite, au Qatar, aux Emirats Arabes Unis…, ajoute la Coordination.
Par conséquent, indique t-elle, le dimanche 30 mars 2025 sera le 1er du mois lunaire ”Chawwal”, 1446 Н, correspondant à l’Eid de fitr.
Dans le monde, la célébration de l’Eid el fitr est prévue, dimanche, en France, en Arabie Saoudite, au Mali, aux Emirats Arabes Unis, entre autres.
Dans d’autres pays, l’Eid sera célébrée, lundi.
DES DEMANDEURS D'ASILE AUX ETATS-UNIS, PIÉGÉS AU PANAMA
Des camps dans la jungle aux abris précaires de Panama City, CNN a suivi le parcours de ces migrants pris au piège d'un imbroglio diplomatique. Expulsés des USA sans documentation selon leurs avocats, leur avenir s'écrit désormais dans l'incertitude
(SenePlus) - Selon un reportage de CNN, des dizaines de migrants se retrouvent dans une situation de limbes administratifs au Panama après avoir été expulsés des États-Unis sans possibilité de retourner dans leurs pays d'origine où ils craignent pour leur vie.
D'après l'enquête du média américain, cette situation découle directement du "plan d'expulsion massive de l'administration Trump", qui a exercé des pressions sur des pays d'Amérique latine comme le Panama pour qu'ils acceptent ces migrants. Les personnes concernées viennent notamment du Cameroun, d'Afghanistan, de Russie, de Chine et d'Éthiopie.
Une femme identifiée sous le pseudonyme d'Ambo, originaire du Cameroun, témoigne avoir quitté son pays "en raison de problèmes politiques". Elle explique à CNN : "C'est soit je serai condamnée, soit je passerai le reste de ma vie en prison." Comme beaucoup d'autres, elle est arrivée à la frontière américano-mexicaine le 23 janvier, espérant pouvoir demander l'asile.
La chaîne américaine rapporte comment ces migrants ont été embarqués dans un avion par les autorités américaines, pensant être transférés vers un autre centre d'immigration aux États-Unis. Ce n'est qu'à l'atterrissage qu'ils ont découvert leur destination réelle.
"Nous leur demandions pourquoi ils nous amenaient au Panama. Pourquoi sommes-nous au Panama ?", raconte Ambo à CNN, évoquant la confusion et le désarroi des personnes déportées.
Selon les informations recueillies par CNN, à leur arrivée, les migrants ont d'abord été conduits dans un hôtel de Panama City sous haute surveillance, avec un accès très limité aux communications extérieures. Ambo espérait encore qu'une solution soit trouvée : "Peut-être que l'immigration des États-Unis est venue au Panama pour écouter nos histoires, pourquoi nous sommes allés là-bas", avant de voir son "optimisme anéanti".
Plus tard, comme le précise le reportage, plus d'une centaine de ces migrants ont été transférés dans un camp isolé dans la jungle, loin des ressources de la capitale. Artemis Hazm Sada, une Iranienne qui a fui son pays après avoir changé de religion, décrit des conditions de vie déplorables : "La nourriture était vraiment dégoûtante. Les toilettes étaient très sales, sans intimité, sans porte. L'eau, même quand vous prenez une douche, provoque des démangeaisons."
Les avocats défendant ces migrants affirment que leurs droits ont été violés à chaque étape du processus. CNN rapporte leur position : "Quand ils sont arrivés en Amérique, et quand ils sont arrivés au Panama, ils n'ont jamais été autorisés à parler à un officiel qui voulait qu'un avocat entende leur histoire et leur situation. Et donc, même s'ils prétendent tous être des demandeurs d'asile, ils n'ont jamais eu le droit d'être entendus."
Début mars, le gouvernement panaméen a libéré les migrants du camp de la jungle, mais leur a délivré des permis temporaires pour trouver un autre endroit où aller, sous peine d'expulsion du Panama. Selon CNN, ces permis de 30 jours, qui expirent début avril, sont prolongeables jusqu'à 90 jours.
"Je ne pense pas pouvoir rester au Panama, mais maintenant la question est : où vais-je aller ?", confie Ambo, exprimant l'incertitude qui plane sur son avenir et celui des autres migrants.
Interrogé sur le sort de ces personnes après l'expiration des 90 jours, un responsable du ministère panaméen de la Sécurité n'a pas catégoriquement exclu des retours forcés, indiquant que "chaque cas sera examiné individuellement", rapporte CNN.
Le média américain précise avoir contacté le Service des douanes et de la protection des frontières américain (CBP) et l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) concernant ces vols d'expulsion. Selon CNN, le CBP a affirmé que "ces migrants ont été légalement traités et expulsés, et ont reçu la documentation appropriée dans une langue qu'ils comprennent". Cependant, les avocats des migrants au Panama "nient que les migrants aient reçu une quelconque documentation", souligne le reportage.
Pour ces personnes comme Salam, une Éthiopienne qui a confié à CNN ne plus avoir de famille dans son pays car "ils sont déjà morts", ou Artemis qui risque "une longue peine de prison, ou à la fin, la mort" en Iran pour avoir changé de religion, le retour dans leur pays d'origine équivaut à une condamnation à mort.
L'ARÈNE RETROUVE SES GARDIENS
Les combats bénéficieront à nouveau d'une couverture sécuritaire officielle dès le 1er avril. Le ministère de l'Intérieur met ainsi fin à une mesure exceptionnelle instaurée mi-février suite à des débordements
(SenePlus) - Selon un communiqué de presse officiel émis par la Direction Générale de la Police Nationale le 27 mars 2025, la suspension de la couverture sécuritaire des combats de lutte traditionnelle sera levée à compter du 1er avril 2025.
Cette décision intervient après une série de concertations entre les acteurs du monde de la lutte, le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, et le ministère de l'Intérieur et de la Sécurité publique. Ces discussions ont abouti à un accord sur tous les points soulevés, avec des engagements fermes pris par les parties concernées quant au respect des recommandations établies.
La suspension avait été instaurée le 18 février 2025 par le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique suite à des "manquements et événements regrettables" survenus lors d'un combat entre les lutteurs Franc et Ama Baldé. Cette mesure s'appliquait à l'ensemble du territoire national.
Le ministère de l'Intérieur invite désormais tous les acteurs concernés à respecter strictement les engagements pris lors des discussions.
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LA NATION REND HOMMAGE À ME KHOUREYCHI BA
La communauté judiciaire, politique et religieuse s'est rassemblée samedi à l'hôpital Principal de Dakar pour honorer la mémoire de l'avocat décédé le 26 mars à Istanbul. Il a marqué l'histoire judiciaire du pays par son engagement indéfectible
Autorités politiques, judiciaires, religieuses, confrères, parents et amis ont pris part, samedi, à l’hôpital Principal de Dakar, à la cérémonie de levée du corps de Me Khoureychi Ba, saluant un avocat d’une ‘’grande dignité’’, qui défendait ‘’la veuve éplorée’’, ‘’l’orphelin esseulé’’ et des ‘’clients plus célèbres’’.
Me Cheikh Khoureychi Ba, figure emblématique du Barreau sénégalais, est décédé, mercredi 26 mars, à Istanbul, en Turquie, des suites d’une maladie, à l’âge de 69 ans.
Il a fait partie du pool des avocats de Pastef, alors dans l’opposition, et qui luttait contre des affaires juridico-politiques ayant donné lieu à de graves crises au Sénégal entre 2021 et 2024. Avec ses confrères Bamba Cissé et Ciré Clédor Ly, il faisait partie des ‘’avocats du peuple PASTEF’’, qualificatif donné par les militants du parti fondé par l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko, et le président de la République, Bassirou Diomaye Faye.
Mes Ciré Clédor Ly, Said Larifou (Comores), Juan Branco (France) étaient présents à la cérémonie de levée du corps aux côtés d’autres membres de la famille judiciaire.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a rendu hommage à un homme d’une ‘’grande dignité’’, qui était au service de son prochain. Il rappelé la présence de Me Ba aux côtés des militants de son parti Pastef. Selon lui, Me Khoureychi Ba faisait partie de ceux qui ‘’sont toujours présents pour tout le monde’’.
Au nom du président de la République, il a présenté les condoléances du gouvernement et de la nation à la famille du défunt.
L’avocat Me Ousseynou Fall a relevé que son confrère était un avocat d’une ‘’’grande dignité’’, qui incarnait ‘’la compétence, le courage et la culture’’.
Me Cheikh Khoureychi Ba, selon lui, incarnait ‘’l’avocat au vrai sens du mot’’, celui qui ‘’est appelé au secours et ne demande rien en retour’’. Il avait toutes les qualités requises chez un avocat, ‘’la dignité, la probité, l’honneur, le courage et l’humilité’’, a-t-il dit.
Selon le Bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Cheikh Khoureychi Ba, ‘’c’est plusieurs vies menées au travers de combats multiformes dans sa quête de vérité et de justice’’.
”Il est bien réducteur de ramener la dimension exceptionnelle de l’homme à l’aune d’un de ses clients les plus célèbres. Toute ton œuvre, ton sacerdoce t’ont conduit à fréquenter la veuve éplorée, l’orphelin esseulé, l’étranger en errance et angoissé, les caves surpeuplées pour répondre à l’appel de la justice’’, a-t-il déclaré dans son éloge funèbre.
Cette cérémonie de levée du corps était ‘’un moment émouvant, d’une très grande tristesse’’, selon Me Ciré Clédor Ly, soulignant que le nombre de personnes présentes ‘’témoigne de la dimension de l’homme’’.
Me Cheikh Khoureychi Ba était ‘’un homme d’une grande spiritualité’’, ‘’un avocat qui excellait dans son art, la plaidoirie à l’écrit comme à l’oral’’, a dit son confrère.
Me Ciré Clédor Ly a rappelé que Me Cheikh Khoureychi Ba ‘’a mené des combats très jeune’’ pour la défense des libertés et de la démocratie au Sénégal, soulignant qu’’’il n’y a jamais eu de changement ou d’alternance sans qu’il y ait l’empreinte de Khoureychi Ba’’.
‘’C’était une personne inconnue de ce pays (…). Cet homme avait aussi une dimension internationale’’, a-t-il dit, rappelant qu’il a défendu des hommes et des femmes en Afrique et même en Europe. Selon lui, ‘’peu de personnes savaient qu’il était malade, mais il a tenu jusqu’au bout’’.
ZAKAT AL-FITR OU « MOUROUM KOOR», UNE AUMÔNE QUI PURIFIE LE JEÛNE
Ce pilier islamique obligatoire, également connu sous le nom de "Mouroum Koor", doit être versé par chaque musulman à la fin du mois de Ramadan afin de purifier le jeûne des imperfections commises et d'aider les plus démunis à célébrer dignement l'Aïd
Le jeûneur doit s’acquitter, obligatoirement, de la Zakat al-Fitr comme cela est enseigné par l’Islam. Sens et portée d’un pilier. Explications.
En Islam, la Zakât al-Fitr, également connue sous le nom de Sadaqat al-Fitr (Charité de la fin du Ramadan) est une obligation islamique essentielle qui se déroule à la fin du mois de Ramadan. Elle sert de purification pour ceux qui ont jeûné, en expiant les manquements mineurs commis, et elle offre également un soutien aux pauvres et nécessiteux pour qu’ils puissent célébrer l’Aïd al-Fitr. Le 4e pilier de l’Islam parle de la zakat.
Dans le livre « Minhaj al-Mouslim (La Voie du Musulman » à la page 217, il est écrit que la Zakât al-Fitr est une obligation pour tous musulmans. Au verset 103 de la sourate Tawba,
il est dit: « Prélève de leurs biens une Sadaqa par laquelle tu les purifies et les bénis, et prie pour eux ».
La sourate Baqara (La Vache) nous rappelle, au verset 267, ce qui suit: « Ô les croyants! Dépensez de meilleures choses que vous avez gagnées (…) ».
En effet, la quantité requise pour la Zakat al-Fitr est d’un Sa’ de la nourriture de base du pays, telle que le blé, l’orge, les dattes ou les raisins secs, et un Sa’ est estimé à environ 3 kg. Selon l’école de pensée de l’Imam Malik, de l’Imam Shafi’i et de l’Imam Ahmad ibn Hanbal, il n’est pas permis de payer la Zakat al-Fitr en espèces tandis que l’Imam Al-Hassan al-Basrî, Omar ibn Abdul Aziz, Sufyan al-Thawri, l’Imam Abu Hanifa et leurs disciples considèrent qu’il est permis de la payer en espèces.
D’après Ibn ‘Abbas : « Le Messager d’Allah (paix et bénédictions sur lui) a imposé l’aumône de la rupture du jeûne, car elle purifie le jeûneur des paroles futiles et indécentes, de même qu’elle est une nourriture pour les pauvres. Celui qui l’accomplit avant la prière, elle sera une Zakât acceptée, quant à celui qui la donne après la prière, elle ne sera qu’une aumône parmi les aumônes ».
Dans une version, Ibn ‘Omar rapporta ceci: Le Messager ordonna de verser la Zakat Al-Fitr qui représente un Sâ’a de dattes ou d’orge. (Boukhari et Mouslim). Cela montre la prescription de la Zakat Al-Fitr et son obligation, du fait de cet ordre. C’est pourquoi Al-Boukhari a consacré dans son recueil authentique de Hadiths un Chapitre sur l’obligation de la Zakat Al-Fitr. Abou Al-‘Aaliya, ‘Atâ’ et Ibn Sirîne sont d’avis que la Zakat Al-Fitr est une obligation.
Les oulémas sont unanimes sur l’obligation de la Zakat Al-Fitr du mois de Ramadan. Ibn Al-Mondhir et d’autres rapportèrent le consensus des oulémas à ce sujet.
Par Bachir FOFANA
SONKO A GAGNÉ, LE SÉNÉGAL A PERDU
Les entreprises ferment et le pouvoir d’achat des ménages a littéralement fondu. Ce qui est paradoxal par contre, c’est de vouloir s’approprier les réalisations du pouvoir sortant tout en vouant aux gémonies les ex-dirigeants
Une bonne nouvelle pour les Sénégalais qui ressentent durement la difficile conjoncture économique. Serigne Guèye Diop, ministre de l’Industrie et du commerce, a présidé, ce jeudi 26 mars 2025, une réunion du Conseil national de la consommation, où il a annoncé une nouvelle baisse de 60 francs Cfa du prix du riz ordinaire. Au détail, le kilogramme passe de 410 à 350 F Cfa. La mesure sera officiellement entérinée par le président de la République, le 3 avril 2025. Il faut déjà dire que le cours mondial du riz a emprunté une courbe descendante depuis janvier 2024. De 660 dollars, le prix du riz est à 478 dollars la tonne au mois de février 2025, soit une diminution de 110 000 francs par tonne. C’est dire que cette baisse, qui est à saluer, ne saurait être mise au crédit des efforts de l’Etat en termes de subventions ou de renonciation à des taxes.
Cette bonne nouvelle arrive dans un contexte de polémique persistante suite à la publication du rapport de la Cour des comptes sur l’état des finances publiques de 2019 à 2023. En effet, la mission du Fmi, qui était très attendue, est restée dans le diplomatiquement correct. Ceux qui attendaient, dans le communiqué final, les termes «validation», «confirmation» ou même leurs synonymes, ont vite déchanté, car le Ptf s’est juste contenté de «constater», de «revoir» ou de «corriger» les «graves lacunes dans le contrôle budgétaire et la reddition des comptes, soulignant l’urgence de mettre en œuvre des réformes structurelles. La mission (du Fmi) a cherché à mieux cerner l’ampleur des écarts et les insuffisances juridiques, institutionnelles et procédurales qui les ont rendus possibles. Les discussions ont également porté sur l’identification de mesures correctrices pour améliorer la transparence budgétaire, renforcer le contrôle des finances publiques et la récurrence de telles pratiques». Tout au plus, le Fmi s’attend à «des réformes audacieuses et crédibles» pour un «retour rapide à l’objectif de déficit budgétaire fixé par l’Uemoa», mais surtout «placer la dette publique sur une trajectoire durablement décroissante». Et dans ce sens, des «mesures prioritaires (qui) incluent la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques coûteuses et non ciblées» sont attendues, pour ne pas dire exigées.
«Dites-nous comment vous avez fait pour nous berner»
Et devant la demande des nouvelles autorités pour un nouveau programme appuyé par le Fmi, celui-ci se dit être «prêt à accompagner le Sénégal» à condition de tirer «les enseignements de l’audit (de la Cour des comptes) (...) Les discussions sur un éventuel nouveau programme débuteront dès que des mesures correctrices auront été engagées pour remédier aux déclarations erronées, et peu après l’examen du dossier par le Conseil d’administration du Fmi». En langage moins diplomatique, le Fmi dit aux autorités : «Si vous dites que les comptes sont maquillés, dites-nous comment vous avez fait pour nous berner. Et apportez les corrections sur vos supposées falsifications avant toute nouvelle collaboration selon nos conditions, c’est-à-dire la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques coûteuses et non ciblées.» Donc le Fmi a indirectement rejeté les accusations de falsification de la dette et du déficit par Ousmane Sonko. Est-ce la raison pour laquelle Edward Gamayel et ses collègues ont été reçus par les plus hautes autorités, sauf le Premier ministre ? En tout cas, le communiqué du Fmi ne l’a pas cité parmi ceux qui ont eu des échanges avec son équipe. «Au cours de sa visite, l’équipe a rencontré Son Excellence M. Bassirou Diomaye Faye, président de la République, M. Ousmane Diagne, ministre de la Justice, M. Abdourahmane Sarr, ministre de l’Economie, du plan et de la coopération, M. Cheikh Diba, ministre des Finances et du budget, ainsi que plusieurs hauts responsables de l’Administration. L’équipe a également eu des échanges fructueux avec des représentants des syndicats, de la Société civile et des partenaires au développement.» C’était bien l’une des très rares fois depuis l’histoire de la coopération avec les institutions de Bretton Woods, que le chef du gouvernement n’a pas daigné recevoir une mission du Fonds, surtout dans un contexte aussi sensible !
La réputation ternie du Sénégal
Et suite à la mission du Fmi, Jeune Afrique informe que les eurobonds sénégalais échéant en 2048 ont enregistré une décote de 35% à la Bourse de Londres, avec des taux d’intérêt grimpant à près de 15%, un record historique pour le pays. Un taux presque usurier qui témoigne que le Sénégal poursuit inexorablement sa descente aux enfers dans les méandres de la finance internationale.
C’est vraiment dommage pour le Sénégal. Pourtant, ce pouvoir a hérité d’une situation extraordinairement favorable, marquée par une alternance démocratique largement saluée à l’échelle internationale. Il disposait ainsi d’un capital diplomatique exceptionnel qu’il aurait pu exploiter intelligemment pour «vendre» une nouvelle image du pays, renforcer sa visibilité sur la scène internationale et attirer davantage d’investissements et de partenariats stratégiques. Malheureusement, Pastef n’a pas su capitaliser sur ces atouts comparatifs pour impulser une dynamique positive à leur gouvernance. Ce manque de vision stratégique à l’international est d’autant plus regrettable que le contexte était propice à un repositionnement ambitieux du Sénégal dans le concert des nations.
En lieu et place de cela, ce pouvoir a préféré se lancer dans une entreprise de dénigrement du pouvoir sortant, qui a eu comme conséquence la réputation ternie du Sénégal. L’on a sorti cette histoire de «dette cachée» reprise par les médias internationaux (Rfi et France 24) qui ne se sont pas posé les questions essentielles : comment a-t-on pu cacher 7 milliards de dollars, soit près de 5 mille milliards de francs Cfa dont les créanciers existent ? Dont le remboursement est effectif ? Et dont les montants sont traçables dans des comptes à la disposition de tous les corps de contrôle ? Qui dit dette, dit débiteur et créancier. Donc qui sont ces créaciers qui ont bien voulu se cacher ?
Une dette «cachée» de 5000 milliards est en réalité bien traçable
En septembre dernier, dans notre chronique «Sonko n’aime pas le Sénégal», nous disions : «Ce gouvernement, à commencer par son chef, se doit d’être plus sérieux. Il ne faut pas mettre la politique politicienne trop en avant, au risque de nuire à la crédibilité du Sénégal, avec des répercussions immédiates sur la notation du pays et sur les taux d’intérêt.» Le temps semble nous donner raison car cette polémique montre que le 26 septembre 2024, quand Ousmane Sonko faisait face à la presse pour accuser le pouvoir sortant d’avoir menti sur les chiffres, il mettait sciemment en danger la souveraineté nationale, de par ses accusations sans fondements qui ont eu le don de ruiner la signature, le crédit et le prestige du Sénégal.
Le Fmi sait très bien que la dette supposée «cachée», qui s’élève à environ 5000 milliards, est en réalité bien traçable dans les livres du secteur parapublic, comme la Sar, Petrosen, le Port autonome de Dakar, à l’Aibd, à Air Sénégal ou à la Senelec, entre autres… Elle s’appelle la dette du secteur parapublic ou «quasi-dette de l’Etat» qui n’a servi que de garantie. D’ailleurs, cette dette n’est pas traçable au Trésor. Mais l’organisme semble profiter du jeu du Premier ministre pour mettre enfin la pression sur le régime et imposer son agenda avec ses conditions draconiennes. Le Sénégal se retrouve désormais à la merci du Fmi, avec des conséquences sociales graves pour les populations. Avec l’abaissement de la note souveraine, la suppression annoncée des subventions et l’ajustement structurel qui se profile à l’horizon, le Sénégal se retrouve dos au mur. Sa crédibilité et sa signature en prennent un sacré coup. Dénigrer Macky Sall et son régime en valait-il la peine ? «Moi, je ne suis pas sûr que les Chinois, les Américains, les Français, les Arabes, les Japonais ou les Russes dévoilent les vrais chiffres de leur économie. Ni qu’Orange ou Microsoft publient leurs chiffres réels. Comment un Premier ministre ou un chef d’Etat peut-il flinguer la crédibilité de son propre pays sur la scène internationale juste pour régler des comptes politiques ? On s’est tiré une balle dans le pied ! Je ne comprends pas. Partout dans le monde, les dirigeants se battent pour rendre leur pays attractif. Si le Premier ministre avait dit : «on revient à l’orthodoxie financière», personne n’aurait été contre, mais il faut des actes concrets derrière. Or, qu’a-t-on fait ? Flinguer notre économie pour mettre Macky Sall et ses proches en prison, c’est léger comme motif. Quand tu discrédites la parole publique et l’Administration, tu te sabordes toi-même», dira Fadel Barro dans une interview à Seneweb. Ou veut-on masquer son incompétence et son immobilisme en cherchant des prétextes avec ce rapport ?
Les deux objectifs ratés de Sonko
Ousmane Sonko, en annonçant des comptes falsifiés, avait deux objectifs : dans le court terme, salir le régime de Macky Sall pour des gains électoraux, et ensuite, sur le long terme, s’attirer les bonnes grâces du Fmi là où l’ancien régime croisait le fer avec l’organisme pour maintenir les subventions. Echec et mat ! Le Sénégal continue d’emprunter à des taux très élevés et sur des délais très courts. Ce 25 mars, nous avons encore emprunté 250 milliards sur le marché de l’Uemoa. Pire, à l’issue de sa mission, le Fmi n’a pas lâché du lest et continue de geler sa coopération avec le Sénégal, sous réserve que le gouvernement prouve qu’il y a bien eu manipulation et maquillage, et qu’il signe le mémorandum officiel de l’arrêt des subventions. Et une Loi de finances rectificative se profile pour mieux serrer la vis sur les dépenses sociales. Le Sénégal sera obligé de supprimer les subventions et voir les prix de l’électricité, du carburant, du gaz butane et des denrées de première nécessité monter en flèche.
Des temps difficiles s’annoncent pour ce pays. Ousmane Sonko est tombé dans le piège par inexpérience et par volonté de nuire coûte que coûte à l’ancien régime, même s’il devait passer par abaisser la note souveraine du pays et fragiliser sa signature. Il a en partie réussi, car après un an de gouvernance du duo Diomaye-Sonko, pas un seul projet d’envergure n’a été lancé.
Les entreprises ferment et le pouvoir d’achat des ménages a littéralement fondu. Ce qui est paradoxal par contre, c’est de vouloir s’approprier les réalisations du pouvoir sortant tout en vouant aux gémonies les ex-dirigeants. L’horloge, elle, continue de tourner, et dans trois ans, ce pouvoir fera face au Peuple, seul juge de ses actions. Sonko sourit certainement des «ruines» qu’il a causées, et le Sénégal pleure. Sonko n’est vraiment pas le pendant africain de Mahatir Mohamed.