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18 novembre 2024
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17 NOVEMBRE, UN OBJECTIF QUI FAIT PEUR
Une majorité absolue ou écrasante :c’est l’obsession des partis pour ces législatives. Une ambition surprenante pour le Pr Abdoulaye Dieye étant entendu que la formation du gouvernement ne relève pas du score des partis politiques comme en France.
La campagne électorale en vue des législatives anticipées du 17 novembre bat son plein et les états-majors des partis affichent sans complexe leur objectif pour ce rendez-vous démocratique. Que ce soit du côté du pouvoir en place comme de l'opposition, on vise la majorité absolue comme si c’était le nec plus ultra pour le pays. Cela suscite un questionnement chez certains juristes comme le Pr Abdoulaye Dieye.
Les dispositions constitutionnelles ont tout prévu pour que le president de la République ait une majorité à l’Assemblée pour mener sa politique. Toutefois, pour les législatives du 17 novembre 2024, chaque camp a clairement exposé ses ambitions : avoir une majorité plutôt «absolue » au Parlement.
Au vu de cet objectif affiché de part et d’autre, le Pr Abdoulaye Dieye, spécialiste du droit public se demande si les acteurs ont une bonne connaissance des préconisations de leur constitution qui a tout prévu pour que le president de la République ait une majorité puisque c'est lui qui détermine la politique de la nation et qui par le biais de son Premier ministre forme le gouvernement. Autrement «une majorité absolue » ou « majorité écrasante » à quelle fin ?
En effet, si le pouvoir cherche une « majorité écrasante », c’est sans doute pour imposer sa « dictature » à tous au Parlement sans avoir besoin de débattre sur des questions importantes.
Quant à l’opposition, si elle rêve, elle aussi d’une « majorité absolue », ce n’est pas pour faciliter la tâche au pouvoir. Mais pour sans fin bloquer des projets de loi proposés par la majorité et prendre en quelque sorte sa revanche. D’ailleurs un de ses représentants de l’opposition, en l'occurrence Barthelemy Diaz, le maire de Dakar, l’a tout de go avoué sans sourciller.
Ou sera donc le débat démocratique dans tout ça ? Le pays, en sortira-t-il gagnant de quelque manière si chacun veut imposer sa discature? En tout cas le Pr Abdoulaye Dieye n'arrive pas à comprendre des postures des uns et des autres.
COP29, LA QUESTION CRUCIALE DU FINANCEMENT CLIMATIQUE AU CŒUR DES DÉBATS
Alors que les engagements de 100 milliards de dollars annuels tardent à être respectés, la pression monte pour établir un nouveau pacte financier, indispensable à l’adaptation et la résilience face aux crises climatiques.
Ce lundi, s’ouvre à Baku, en Azerbaïdjan, la 29e Conférence des Parties (COP29) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Les discussions s’annoncent tendues autour de la question du financement, véritable pierre angulaire de la lutte contre le changement climatique. Malgré les engagements pris en 2009 par les pays développés de verser chaque année 100 milliards de dollars aux pays vulnérables, cet objectif reste difficile à atteindre, soulevant des inquiétudes quant à la réalisation des efforts collectifs de préservation du climat, notamment en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, actuellement frappées par de graves inondations.
La vice-présidente du Groupe de travail II du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Zinta Zommers, déclare que la COP29 est avant tout une « COP sur le financement du climat ». Selon elle, les impacts des changements climatiques s’aggravent et les financements actuels, bien en deçà des besoins, ne suffisent plus à faire face aux crises. « En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, plus de 7 millions de personnes sont touchées par des inondations dans 16 pays, exacerbant les vulnérabilités de populations déjà démunies », précise-t-elle.
Face à cette situation alarmante, le Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires des Nations unies a débloqué 38 millions de dollars pour des actions d’urgence. Toutefois, cette contribution, bien que significative, est largement insuffisante. Zommers souligne que les financements nécessaires pour répondre aux enjeux d’atténuation, d’adaptation et de résilience face aux chocs climatiques pourraient avoisiner les 4 000 milliards de dollars par an.
Au-delà des défis financiers, les changements politiques dans les grandes nations, en particulier aux États-Unis, constituent une autre source de préoccupation. L’incertitude autour de l’engagement des États-Unis, alors que Donald Trump pourrait influencer le débat avec ses positions climato-sceptiques, pourrait également affaiblir les efforts globaux. Ces tensions montrent l’urgence d’une mobilisation mondiale pour sécuriser un financement durable et ambitieux.
À Baku, les parties sont appelées à fixer un nouvel objectif collectif en matière de financement climatique. Ce dernier devra prendre en compte l’augmentation rapide des gaz à effet de serre et les événements climatiques extrêmes qui se multiplient. Alors que les crises humanitaires se font de plus en plus fréquentes, le besoin de solutions concrètes et d’un pacte financier renouvelé se fait pressant.
La COP29 se pose donc comme une conférence cruciale où la survie de millions de personnes dans les régions les plus vulnérables dépendra de la capacité des pays riches à tenir leurs promesses et à répondre au défi climatique avec les moyens nécessaires.
PAR Boubacar Boris Diop
DE POUSSIÈRE ET D'ÉTERNITÉ : POUR OUZIN ET CHACUN
EXCLUSIF SENEPLUS - Nés à quelques maisons d'écart, Babacar Mbow et Ousseynou Bèye ont partagé bien plus qu'une enfance. De leur bibliothèque de quartier aux luttes politiques, ils ont tracé un profond sillon dans la conscience nationale
Ceux qui ont connu séparément ces deux êtres d'exception pourraient s'étonner de les voir associés dans un seul et même hommage. Rien n'est pourtant plus naturel car "Chacun" et "Ouzin", nés à quelques maisons l'un de l'autre, ont été façonnés dans le même moule. Et ce moule, c'est tout simplement notre enfance médinoise placée sous le signe d'une saine insolence et d'une curiosité intellectuelle précoce. Il est dès lors aisé de comprendre pourquoi je conçois avant tout cet exercice - dont l'impérieuse nécessité n'a jamais fait l'ombre d'un doute dans mon esprit - comme un amical devoir de mémoire.
C'est avec émotion que l'espace culturel "Kër Maam Sàmba" de Ngor a accueilli le 18 octobre 2024 une cérémonie du souvenir dédiée à Serigne Babacar Mbow. Le choix a été ainsi fait de marquer non pas l'anniversaire de sa disparition mais plutôt celui de sa naissance et l'événement a été un hymne à une vie où l'action a constamment été, pour parler comme le poète, "la sœur du rêve". Pape Samba Kane avait du reste donné le ton en rappelant dans un bel article les années libertaires de "Chacun", celles où, cheminant avec nonchalance parmi les gars de la marge, il s'était soudain mis à prendre plus au sérieux la solidarité avec les déclassés que la lutte des classes qui l'avait pourtant hanté pendant les décennies précédentes. En cette fin de journée à "Kër Maam Sàmba" il a certes été question du bâtisseur de Mbàkke-Kajoor mais aussi, bien évidemment, de celui que j'appelle "Ponkalum Ndeem-Maysa" dans Doomi Golo, autrement dit le géant de Ndem-Meissa, également glorifié par Seydina Insa Wade qui lui fut très proche. Et comme bien souvent, la phrase si inspirée de Mao Wane a été reprise en écho : "Nous avons tous fait un seul et même rêve et "Chacun" a réalisé ce rêve."
Le très turbulent camarade Mao ne croyait pas si bien dire et je m'en vais expliquer ce que j'entends par là.
Autour de leur seizième année, des gamins de la rue 5 X Blaise Diagne et environs sont tombés amoureux d'un coin de terre dans un village de la Petite-Côte dénommé Samgedj - orthographe hélas non garantie - au point de vouloir faire de ces quelques hectares en friche une somptueuse latifundia. Pendant des nuits et des journées entières notre imagination quelque peu déréglée a fait s'élancer vers les cieux des milliers de plants d'orangers, de manguiers et même d'arbres fruitiers exotiques et nous avons discuté tout feu tout flamme de la meilleure manière de prendre soin de notre chimérique bétail et de rentabiliser la volaille qui ne l'était pas moins. C'était complètement fou car autant que je me souvienne nous ne nous sommes rendus sur place que deux fois. Qui étaient donc ces adolescents pas vraiment tranquilles ? Ouzin et son jumeau Assane alias "Grand Laze" étaient de l'aventure, de même que "Ben" Diogaye Bèye ou le regretté Makhtar Mbaye-Doyen ; votre humble serviteur était lui aussi dans le coup tout comme, bien entendu, "Chacun" ainsi que le plus sauvage anarchiste jamais enfanté par la Medinaa, feu Assane Preira Bèye qui avait d'ailleurs trouvé un nom assez conquérant pour notre juvénile utopie : "Ëllëg Samgedj !". Dans cette affaire, c'est Preira qui avait été à la manœuvre du début à la fin tandis que, chose intéressante, le futur Maître de Ndem restait plutôt en retrait. On peut même se demander si Babacar Mbow y a seulement repensé au moment où Sokhna Aïssa et lui faisaient d'un somnolent village du Bawol un formidable lieu de vie et d'initiatives sociales aussi originales les unes que les autres. C'est que le bien curieux épisode de Samgedj est probablement sorti de toutes les mémoires et il ne m'est revenu à l'esprit que ces jours-ci, lorsque ces adieux à deux amis très chers m'ont obligé à me replonger dans mes plus lointains souvenirs. Mais, même évanescent, ce moment reste capital en ce qu'il permet de mieux comprendre les fantastiques réalisations ultérieures du disciple de Cheikh Ibra Fall de même que le parcours militant exemplaire d'Ouzin.
Et nous n'en étions pas à une extravagance près : à une époque où la mode était aux "Assoc's" et où l'on ne pouvait presque draguer aucune fille si on ne se faisait pas appeler Bebel, Johnny ou Elvis, nous avons créé, bien avant les actuelles ASC, le "Culture et Loisirs Club". Les deux principaux animateurs du CLC étaient déjà "Chacun" et Ouzin. On aura peut-être du mal à le croire mais ce club d'enfants éditait un journal culturel - ronéoté, cela va de soi - qui affichait sur la couverture de chaque numéro la même phrase de David Diop, qui sonnait déjà comme le cri de ralliement de prétentieux artistes en herbe : "La littérature est l'expression d'une réalité en mouvement, elle part de la réalité, la capte, saisit ce qui n’est que bourgeon et l'aide à mûrir." On devinera sans peine pourquoi ce magazine s'appelait "Le bourgeon"... Peut-être s'en trouve-t-il encore deux ou trois exemplaires dans les archives de l'IFAN où, sérieux comme ce n'était pas permis, nous allions parfois le déposer.
Le CLC avait également monté une bibliothèque au domicile des Bèye et les samedis après-midi nous y organisions dans la cour des séances de lecture collective à haute voix. Nous choisissions de préférence de courts récits comme L'étranger de Camus ou Sous l'orage de Seydou Badian Kouyaté afin de nous réserver le temps d'en discuter un peu avant de clore la session. Je me souviens que La métamorphose de Kafka nous avait vivement impressionnés et que Tchen, le héros de La condition humaine fascinait tout particulièrement Ouzin. Je ne serai nullement surpris de l'entendre des années plus tard reprendre au détour d'une discussion philosophique la phrase que Malraux met dans la bouche de son jeune révolutionnaire tourmenté et impatient que l'on a d'ailleurs dit inspiré par Chou-En-Laï : "Heureusement, on peut agir..." Sacré camarade Ouzin ! Je peux témoigner que jusqu'aux dernières heures de ta vie, le 21 juillet 2024, tu ne t'es jamais réveillé un seul matin sans te demander ce que tu pourrais bien faire ce jour-là pour aider les personnes de ton entourage ou rendre meilleure la société sénégalaise.
Notre bibliothèque était cependant bien pauvre comparée à celle de la "Maison des Jeunes et de la Culture" - sise alors à l'actuel emplacement de la mosquée omarienne. Nous y avions pratiquement élu domicile. Ravis de notre assiduité, Médoune Diop, son directeur, membre actif de l'UPS que nous traitions de réactionnaire sans savoir exactement ce que cela voulait dire, nous avait autorisés à y monter un ciné-club. Si j'ai bonne mémoire, Et la neige n'était plus d'Ababacar Samb Makharam et Hiroshima, mon amour d'Alain Resnais furent les deux films les plus fréquemment mis en discussion lors de ces soirées ouvertes au public. C'est là que nous avons vu le maladroit Sarzan de Momar Thiam - d'après le conte éponyme de Birago Diop - et À bout de souffle de Godard. C'était quelque chose, sa séquence finale, cette fuite éperdue, apparemment vers nulle part, de Belmondo... Tant de romans et de films, objets de nos vives querelles, ont en grande partie contribué à faire de Ben Diogaye Bèye un cinéaste, de Serigne Babacar Mbow un essayiste et de moi-même un romancier.
C'était la grande époque du PAI clandestin et le fait que des gamins d'un quartier populaire aussi emblématique que la Medina aient un tel penchant pour les débats d'idées ne pouvait pas échapper à l'attention de ses chasseurs de têtes. C'était d'autant plus évident que Magatte Thiam, une des éminentes figures de ce parti marxiste-léniniste, était apparenté à la famille Bèye tout comme d'ailleurs un autre de ses camarades, le futur avocat Charles Guissé. Ils venaient nous initier patiemment aux splendeurs du matérialisme dialectique et dans la foulée un cercle de discussion plus politique et social que littéraire fut mis en place. En plus des visites régulières de Magatte Thiam et Charles Guissé, nous y reçûmes plusieurs fois un aîné comme Amady Ali Dieng et en une occasion au moins un certain Abdoulaye Wade. Aucun de nous n'a jamais milité au PAI mais c'est bien cette formation politique qui a envoyé notre ami Assane Preira, jeune scientifique surdoué, faire ses études d'ingénieur dans la petite ville de Lauchhammer en Allemagne communiste. Il lui avait fallu transiter par le Mali de Modibo Keita et je me souviens comme si c'était hier de nos adieux sur le quai de la gare de Dakar, une scène que j'ai du reste fidèlement rapportée dans Le Temps de Tamango.
Il est normal avec un tel départ dans la vie de se retrouver très vite pris dans le tourbillon de la politique et s'il est un moment de notre jeunesse où les destinées de "Chacun" et Ouzin se sont confondues au point de n'en faire qu'une, c'est bien celui-là. Tous deux ne croyaient qu'en l'action directe et n'ont jamais hésité à pousser ce désir de résultat concret et immédiat jusqu'à ses conséquences extrêmes. Le temps viendra où les énormes risques pris par Babacar Mbow pourront être racontés et - il est bon de le savoir - le frêle Ouzin a tenu tête des jours durant à des tortionnaires bien décidés à le faire passer à table. Ce qui différenciait ces deux-là, c'est que "Chacun" y allait toujours avec le cœur et une secrète conviction de la vanité de l'existence humaine alors que le "camarade Ouzin" était un pur cérébral, raisonneur en diable. Peu bavard mais trop humain pour être hautain, n'élevant jamais la voix, il n'en était pas moins animé en toutes circonstances par une viscérale envie de convaincre. Sa façon d'analyser avec une froide rigueur les phénomènes sociaux et les événements politiques, d'anticiper les probables contre-arguments de son interlocuteur pour les anéantir l'un après l'autre, forçait l'écoute de tous et sa capacité à emporter l'adhésion des uns et des autres en faisait rapidement un leader naturel dans les nombreux groupes dont il était toujours l'un des membres les plus déterminés. Lui et moi n'avons pas toujours été d'accord sur tout - loin s'en fallait - mais jusqu'à la fin j'ai accepté sans le moindre problème son autorité intellectuelle. Bien des fois il m'a dissuadé d'exprimer publiquement mes vues pas vraiment consensuelles sur tel ou tel sujet et a posteriori ses conseils, que j'ai toujours suivis sans rechigner, se sont avérés salvateurs. Merci, Maître, d'avoir si souvent su me retenir au moment où j'allais lâcher de grosses conneries. De n'être plus en mesure de me bagarrer avec toi sur telle ou telle question nationale m'amène parfois à douter, le temps d'un éclair, de la réalité de ta disparition. Cela cause une petite souffrance, fugace mais vive, qui donne presque envie de sourire de la bonne blague que pourrait bien être, à la fin des fins, notre présence sur cette terre.
Au milieu des années soixante, chaque fois qu'il y avait des troubles à l'université de Dakar, des réunions supposées clandestines se tenaient dans la vaste concession des Bèye dont une entrée donnait sur la rue 3 et l'autre sur la rue 5. J'ai le très net souvenir d'Abdoulaye Bathily, leader estudiantin en vue de l'époque, venant présider l'une d'elles. Les relations entre Ouzin et Bathily se sont prolongées bien au-delà de cette période, dans le feu des luttes syndicales, et l'ancien Secrétaire général de la LD a été l'un des premiers à m'appeler le matin même de la disparition d'Ouzin. Notre ami commun René Lake venait de l'informer de mes liens particuliers avec le défunt et il avait réussi par mon entremise à présenter directement ses condoléances à la famille, ce à quoi il tenait tout particulièrement. Les textes d'adieu de Bathily et Mansour Aw, écrits pour toute une génération, ont su dire avec force l'abnégation d'un citoyen à l'engagement sincère que chaque frère d'armes pouvait si aisément prendre pour un confident ou même pour un quasi frère de sang.
Quant à Serigne Babacar Mbow, il faut remonter aux toutes premières années de sa vie pour avoir une idée claire de son singulier destin. Je crois bien que c'est un de nos "grands" de la Médina du nom de Lamine Gaye qui, le voyant passer avec une jeune fille, lui a lancé sur un ton moqueur : "Ah ! C'est chacun avec sa chacune !" Cette innocente taquinerie allait être l'acte de naissance d'un surnom de légende. Ceux qui s'émerveillent aujourd'hui de son exceptionnel parcours doivent savoir que dès sa plus tendre enfance tout a réussi à "Chacun". En voilà un qui était vraiment né sous une bonne étoile ! Son père, l'austère et grave Omar Ndoya Mbow, était un entrepreneur prospère - je crois me rappeler qu'il avait construit entre autres le cinéma Al Akbar - et puisque nos parents à nous peinaient à joindre les deux bouts, nous n'étions pas loin de le considérer comme l'homme le plus riche du monde. Il y avait de quoi : alors que nous devions nous contenter de nos anangoo délavés et de nos culottes courtes, "Chacun" se pavanait déjà en costard et cravate dans les rues du quartier. En ce temps-là on croisait d'illustres basketteurs, footballeurs ou athlètes à chaque coin de la Medinaa - Ouzin et Grand Laze ont du reste été des internationaux de volley-ball et notre ami Djiby Diop passe aujourd'hui encore pour le plus grand handballeur sénégalais, voire africain, de tous les temps. Si je rappelle cette réputation de vivier de sportifs de la Medinaa, c'est pour montrer qu'il suffisait à "Chacun", ailier au pied gauche magique, de le vouloir pour devenir une des légendes du football sénégalais. Lamine Diack l'avait bien compris, qui s'arrangeait pour l'emmener lui-même tous les jours à l'entraînement du Foyer France Sénégal, revenant avec lui à "Niangène" après chaque séance. Mais Babacar Mbow, qui n'était pas du genre à laisser qui que ce soit décider de son itinéraire de vie, a très vite dévié de la voie ainsi tracée pour lui. Faire une carrière de footballeur ne l'intéressait juste pas et par la suite il a complètement cessé d'y penser. En voici une preuve parmi d'autres : alors que la passion du foot accompagne la plupart des fils de la Medinaa pendant toute leur existence, lui le plus doué d'entre tous ne savait sans doute plus distinguer à la fin de sa vie entre le grand Barça et l'Olympique de Ngor. Ce n'était cependant pas par arrogance car il ne se serait jamais permis de mépriser les choix des autres. Il était tout simplement passé à une autre dimension du réel, non pas supérieure - il n'y a aucune hiérarchie en matière de passions humaines - mais radicalement différente. Au plan politique aussi, Serigne Babacar avait complètement cessé d'être de notre bas monde. Ce n'est pas lui qu'on aurait pu intéresser aux querelles politiciennes qui nous excitent bien plus que nous ne voulons l'admettre. Je m'en suis bien rendu compte à l'occasion d'un séjour à Mbàkke-Kajoor en compagnie de Ndiack Seck, Pape Samba Kane et Ouzin. Au cours d'un petit aparté, il m'avait annoncé la visite d'une personnalité politique vouée aux gémonies - à tort ou à raison - par la rumeur publique. J'ai essayé de l'inviter à la prudence mais c'était peine perdue car il n'avait jamais entendu parler de ce monsieur dont le nom avait pourtant été sur toutes les lèvres au cours des mois précédents !
Dans notre génération, les choix partisans définitifs ont été souvent précédés ou accompagnés par la mise en place de clubs culturels très politisés, "Lat-Dior" chez Ouzin à la Medinaa, "Africa" chez Ousmane William Mbaye à Jëppël et "Frantz Fanon", sans aucun doute le plus important et le mieux organisé, à notre maison familiale des HLM1. Babacar Mbow résidait toujours à la Medinaa et était donc théoriquement membre de "Lat-Dior". Mais il refusait déjà de se laisser brider et circulait librement d'un club à l'autre. Il était accueilli partout à bras ouverts et se comportait non pas comme le copain de tout le monde mais bien comme le meilleur copain de chacun, soit dit sans jeu de mots. Il faut savoir que le "Chacun" de ce temps-là respirait la joie de vivre avec ses moqueries, sa tendance à foutre le bordel et ses formidables éclats de rire. Il n'en était pas moins fasciné par des forces secrètes soupçonnées d'on ne sait quelles sombres manigances pour infléchir nos choix de vie. Quand donc avait-il pris la décision de ne jamais se laisser impressionner par personne ? Cette force de caractère se traduisait par un goût prononcé pour les défis plus ou moins absurdes. C'est ainsi qu'au cours de "vacances révolutionnaires" dans un village du Saalum, voyant un charmeur de serpents à l'œuvre, il fendit la foule et sous le regard ahuri du magicien, s'empara du reptile et se mit à l'enrouler autour de son cou. La légende s'en est un peu mêlée puisqu'on a affirmé par la suite que le charmeur de serpents est mystérieusement décédé au cours de la même nuit ! Ce qu'il faut surtout retenir de cette histoire, c'est la force mentale de "Chacun" qui lui a permis, dans les moments cruciaux de son existence, d'imposer sa volonté aux êtres et aux événements. En tant qu'écrivain, je peux bien avouer aujourd'hui que je n'ai pas eu à aller chercher bien loin les personnages les plus désaxés - au sens le plus strict, et pas forcément péjoratif, du terme - de mes romans. J'avais pour ainsi dire "Chacun" à portée de plume. Ou Assane Preira. Ou "Ben". Et la Léna de mon premier livre de fiction s'inspire d'une militante à la beauté quasi surréelle avec son éternelle coiffure afro, une pasionara en quelque sorte, dont nous étions tous follement amoureux. Eh bien, "Chacun" en était plus follement amoureux que nous tous au point de la surnommer dans ses moments de rêverie poétique "La femme sans chair".
Un autre souvenir de ces années tout à fait spéciales.
En 72 ou 73, "Chacun" est venu passer près d'un mois à la maison que Souleymane Ndiaye "Jules" et moi-même avions louée sur la rue de France à Saint-Louis. La police était sur ses traces à l'époque et il devait poursuivre sa route vers la Mauritanie où il comptait se faire oublier. Tout s'est bien passé et à vrai dire Jules et moi n'étions de dangereux agitateurs qu'entre les murs de nos salles de classe du lycée Charles de Gaulle. L'histoire aurait toutefois pu se terminer par un désastre puisque, via un cousin inspecteur au commissariat de la Pointe-Nord que nous hébergions, notre domicile était très fréquenté par des policiers et l'un d'eux, devenu un copain, ne nous quittait presque jamais, campant littéralement chez nous de l'aube à minuit. Eh bien, j'apprendrai quelque trente ans plus tard, en lisant un article de Mamadou Oumar Ndiaye, que le bonhomme était accusé d'avoir battu à mort Omar Blondin Diop à la prison de Gorée et que les potentiels commanditaires de son crime l'avaient affecté à Saint Louis pour qu'il s'y fasse oublier ! Cela faisait éprouver un sentiment étrange de se rappeler après plusieurs décennies à quel point "Chacun" - qui de toute façon ne nourrissait jamais de préjugés envers un être humain - appréciait ce policier. Je tiens à ajouter pour être juste que ce dernier, décédé lui aussi il y a quelque temps, a toujours nié les accusations formulées contre lui.
Si Babacar Mbow a su enfanter des mondes, c'est parce qu'il était fondamentalement un poète. Parmi les vers qu'il aimait marteler avec une force inouïe, pour son propre plaisir ou celui de son entourage, ceux-ci sont restés gravés dans ma mémoire : "Affaires en foule/Remue-ménage et phénomènes/Le jour s'en va peu à peu déclinant/J'aime la patrie de Lénine au bord de la Volga/J'aime la patrie de Lénine militante et combattante." Que pouvait bien signifier ce bout de texte si délicieusement rythmé ? Selon "Chacun", il provenait d'un poème de Maïakovski mais je ne le croyais qu'à moitié. Il y avait sûrement un peu de lui là-dedans. Quoi qu'il en soit, j'ai toujours trouvé une si mystérieuse beauté à ces vers que j'ai profité du premier prétexte narratif pour les glisser tels quels dans Le Cavalier et son ombre.
Tout cela montre pourquoi l'idée d'un colloque sur Serigne Babacar Mbow, soulevée à "Kër Maam Sàmba", fait si pleinement sens. Il avait réussi sans se forcer à faire de sa vie réelle une œuvre d'art tout en transformant ses cogitations parfois délirantes en œuvres concrètes, d'une remarquable utilité publique.
Il paraît que quand Ouzin nous a quittés, Djiby Diop - l'ex-champion de handball mentionné plus haut - a interpellé les compagnons d'enfance présents : "Qui d'entre nous a jamais entendu Ousseynou Bèye sortir une insulte de sa bouche ?" (Kan ci nun moo mas a dégg Uséynu Béey mu saaga ?) C'était une question à la fois simple et extrêmement brillante, du genre de celles qui vous imposent un temps d'arrêt pour faire défiler dans votre esprit les scènes de la vie d'un être humain et dans ce cas précis finir par admettre que eh bien, aussi incroyable que cela puisse paraître, personne n'a jamais vu Ouzin s'emporter ou encore moins se laisser aller à proférer des obscénités. Cela s'appelle avoir de la classe. J'ajouterai simplement que c'était tout aussi inconcevable pour "Chacun" et ce, longtemps avant qu'il ne devienne Serigne Babacar Mbow. Bien que fermement attaché à ses certitudes, il jugeait indigne de lui de se montrer agressif et on pouvait même parler à son propos d'une certaine douceur. S'il a très tôt considéré Assane Preira Bèye comme son frère jumeau - par l'âge et par un goût partagé pour les dérapages métaphysiques - "Chacun" avait le plus grand respect pour la puissance intellectuelle et la force de conviction d'Ouzin.
Quelques semaines après la disparition de Serigne Babacar, Codou, Ndiack et moi-même avons rendu visite à Ouzin et Penda à Kër-Masaar. Ils nous ont alors appris que "Chacun" et Sokhna Aïssa étaient venus y passer une journée avec eux. À l'évocation de ce qui avait été de toute évidence une pudique cérémonie des adieux, le regard d'Ouzin a brillé d'un singulier éclat - je ne l'oublierai jamais - et nous avons tous reparlé ce dimanche-là de "Harlem", de Ndeem-Maysa et de Mbàkke-Kajoor, c'est-à-dire de l'essentiel. De ce qui, en triomphant du temps et de la mort, donne paradoxalement à toute vie humaine du sens et un parfum d'éternité.
LE PARQUET S'INTERROGE SUR LES CIRCONSTANCES DE LA MORT DE MOUSTAPHA BA
L'ancien ministre des Finances, décédé lundi en France, fait l'objet d'une enquête post-mortem ordonnée par le Procureur de Dakar. Une autopsie devrait permettre d'éclaircir les causes exactes de cette disparition
Le Procureur de la République près le Tribunal de Grande instance hors classe de Dakar a annoncé l’ouverture d’une enquête pour rechercher les causes du décès de l’ancien ministre des finances et du budget, Mamadou Moustapha Ba.
‘’Conformément aux dispositions de l’article 66 du code de procédure pénale, une enquête pour rechercher les causes de la mort a été ouverte et à cet effet, une autopsie a été ordonnée’’, a indiqué le procureur dans un communiqué rendu public, samedi.
Le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar déclare avoir été informé du décès survenu en France de Monsieur Mamadou Moustapha Ba ancien Ministre des Finances et du Budget.
Selon lui , ”les renseignements reçus sur les circonstances du décès comportent des éléments qui justifient que des diligences soient menées en vue de déterminer les causes de la mort’’.
Mamadou Moustapha Ba est décédé en France, lundi, des suites d’une maladie.
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UNE HEURE POUR CONVAINCRE AVEC AMINATA TOURÉ
Une heure pour convaincre avec Aminata TOURE - Présidente mouvement pour l'intégrité le mérite et l'indépendance
Vous savez bien que je commence à durer dans l’arène politique. En 1993 déjà, j’étais directrice de campagne de Landing Savané à l’élection présidentielle de cette année là. Et c’est la première fois que je vois un candidat tête de liste battre campagne sur WhatsApp. Et je suis sûre que celui qui n’est pas venu battre campagne ne viendra pas voter le jour de l’élection. Je comprends d’ailleurs ce qui le quitte et qu’on accuse de transhumer vers le pouvoir. Ils sont certainement fâchés de son comportement. Macky Sall a failli à sa mission. Il devait faire comme le Président Abdou DIOUF par exemple et prendre du recul. Il ne l’a pas fait et pire il ose s’attaquer ouvertement à successeur et son Premier ministre en lieu et place de leur rendre l’ascenseur. Ces derniers pouvaient le bloquer après sa passation de service juste à cause des nombreux scandales de son régime que vous entendez. Ils pouvaient lui demander de clarifier tout cela avant de partir. Il ne l’a pas fait et il essaie de vilipender son pays. Il met même mal à l’aise le Maroc qui l’accueille avec son comportement là. Les Marocains sont extrêmement gênés actuellement. Tu ne peux pas être un opposant assumé et avoir ce comportement là dans son pays. Mais, son comportement peut être assimilé à quelqu’un qui a peur. À juste titre d’ailleurs vu que plus 80 personnes ont perdus la vie sous son magistère à cause du troisième mandat. Vous avez même le Président du Conseil constitutionnel dire en Europe qu’il avait dit au Président Macky Sall qu’il n’avait pas droit au troisième mandat. C’est dommage qu’il ne l’avait pas publié parce que s’il l’avait publié on aurait pas vécu tout ce problème là Jusqu’à qu’il y ait des morts. Il a même dit dans une interview que oui si je ne m’engage pas ces gens là vont prendre le pays en otage. Mais tout le monde sait qu’il a peur qu’on gagne avec plus de 99 députés pour pouvoir mettre en place la haute cour de justice. Parce que c’est seulement cette haute cour de juste qui peut le poursuivre pour haute trahison lui et poursuivre aussi ses ministres. On doit le sanctionner pour ça pour ne pas avoir de la grandeur.
Quelqu’un comme Amadou Ba, ce n’est pas un grand problème. Lui il n’est pas un politicien. Il va être battu dans son propre bureau de vote, dans son commune et dans son département. Je vous avais dit en octobre 2023 qu’il ne serait même pas au deuxième tour. Certains me disaient que j’étais excessif. Je le disais parce que je savais qu’il n’était pas un politicien mais aussi parce qu’il était trempé à fonds dans les scandales du régime de Macky Sall. Les sénégalais vont le remettre à sa p’ace le 17 novembre. Président Bassirou Diomaye Faye a bien dit qu’il ne protègera personne. Que tu sois de Pastef, de Mimi24 ou de l’Apr. C’est fini ça. Alors pour matérialiser la rupture, il faut voter massivement notre liste. On ne va pas voter pour ceux qui ont pris leur argent. Il faut clarifier les dettes exorbitantes et où est passé notre argent. Moi le Président Macky Sall m’a audité pendant 3ans durant même quand j’étais sa tête de liste nationale. Et il n’a rien pu voir sur moi. Je lui ai fait face quand je suis venu dans l’opposition sans sourciller. Il n’a rien pu me faire parce que je suis clean.
Saam Sa Kaadu
Ce sont qui encore ?
Barthélémy, Bougane, Anta Babacar, etc…
Sans minimiser qui que ce soit, parce que même le Seigneur ne le veut pas, quand la poussière disparaîtra on saura qui et qui. Eux ils savent bien que le 24 mars, les sénégalais ont élus massivement le Président Bassirou Diomaye Faye. Les Sénégalais comprennent que quand le Président Bassirou Diomaye Faye avait voulu dissoudre la CESE et le HCCT pour mettre leurs budgets dans d’autres priorités, ceux qui avaient la majorité l’ont bloqué. Les sénégalais savent que pour que le Président de la République veut mettre en œuvre ses réformes il faut impérativement qu’il est une majorité à l’Assemblée nationale avec au moins 99 députés. Personnellement j’ai foi en voyant cette mobilisation des sénégalais qu’on aura minimum 150 députés
LE GRAND FLOU DE L’AVENIR MILITAIRE FRANÇAIS AU SENEGAL
Si Sonko juge leur présence "incompatible avec la souveraineté", Diomaye adopte une approche plus pragmatique. Jean-Marie Bockel, émissaire d'Emmanuel Macron, attend le verdict des législatives pour engager les discussions
(SenePlus) - Dans un entretien accordé à RFI cette semaine, Jean-Marie Bockel, ancien secrétaire d'État et Envoyé personnel du président Emmanuel Macron pour la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, dévoile les contours de sa mission diplomatique, notamment concernant l'avenir de la présence militaire française au Sénégal.
La question sénégalaise apparaît particulièrement délicate dans ce dossier. Alors que plusieurs pays comme le Tchad, le Gabon et la Côte d'Ivoire ont déjà fait l'objet de discussions avancées, le Sénégal reste en attente. "Il y a eu ces déclarations qui ne nous ont pas échappé", reconnaît Jean-Marie Bockel, faisant référence aux propos du Premier ministre Ousmane Sonko sur l'incompatibilité entre souveraineté nationale et présence de bases militaires étrangères.
Toutefois, la position sénégalaise semble plus nuancée qu'il n'y paraît. Lors de sa visite à Paris le 20 juin, le président Diomaye Faye a tempéré cette approche. "Il a eu l'occasion de dire au président Macron, qui évoquait la possibilité de partir, que non, qu'il fallait simplement nous laisser le temps d'établir une position claire sur le devenir de la base militaire", rapporte l'envoyé spécial.
Cette transformation s'inscrit dans une refonte plus large du dispositif militaire français en Afrique. M. Bockel précise : "Nous devons garder un dispositif socle qui permette, au niveau de l'accès, de la logistique, de la capacité, de remonter en puissance [...] chaque fois que c'est nécessaire, à la demande du partenaire."
La France semble privilégier une approche qualitative plutôt que quantitative, comme le souligne une citation rapportée par M. Bockel d'un président africain : "Ce qui compte, ce n'est pas le nombre de soldats français demain dans ma base, c'est ce qu'on va pouvoir faire encore mieux ensemble."
Pour le Sénégal, les discussions concrètes devraient s'engager après les élections législatives de novembre. "Au lendemain de l'élection du mois de novembre, il y aura un moment important où les responsables sénégalais pourront dire aux responsables français 'voilà ce que nous souhaitons, le moment est venu pour en parler'", indique Jean-Marie Bockel.
L'ancien secrétaire d'État distingue clairement "ce qui peut être dit dans une période de changement" et "ce qui pourra se faire au lendemain d'une élection", suggérant que la position finale du Sénégal pourrait être plus pragmatique que les déclarations initiales ne le laissaient présager.
Par Assane SECK (Seckane)
TRANSFORMER LES RISQUES DE SUBMERSION MARINE, D’EROSION COTIERE ET DE DEBORDEMENTS DE FLEUVES OU DE LACS EN OPPORTUNITES MAJEURES ET PAR DIFFERENTS NIVEAUX
La transformation en opportunités va au-delà de la lutte contre des menaces. Ceci, grâce au renforcement de la concentration ou centralisation, de la déconcentration et de la décentralisation.
1. Contexte Le risque peut être considéré comme étant le danger face à l’exposition.
La submersion marine (inondation temporaire des zones côtières) et l’érosion côtière (recul du trait de côte) sont des menaces majeures d’une ampleur mondiale et d’une gravité à la fois aiguë et chronique parce que pouvant détruire dans le court au long terme des maisons, écoles, routes, rails, usines, hôtels, lieux de culte, cimetières… Les débordements de fleuves (fleuves qui quittent leur lit naturel) ou de lacs, eux, causent, entre autres, des inondations, des destructions de maisons, des pertes de cultures agricoles et de bétail, des décès. Les changements climatiques à causes anthropiques font partie des causes de ces problèmes. Mais à problèmes anthropiques d’une rare ampleur et gravité, solutions anthropiques appropriées majeures. Pour lutter contre la submersion marine et l’érosion côtière, Castelle (2024) donne quatre (4) solutions consistant à mettre en place des ouvrages de défense : lutte active avec des digues de protection et autres ; des mesures souples qui accompagnent les processus naturels : gestion des dunes, rechargement de plages… ; des solutions fondées sur la nature : restauration des écosystèmes littoraux ; des replis stratégiques : relogement des populations pour qu’elles ne soient plus exposées à la submersion marine et à l’érosion côtière. Nous pensons que ces solutions sont applicables aux débordements de fleuves ou de lacs.
En plus de ces solutions, nous proposons de transformer les risques de submersion marine, d’érosion côtière et de débordements de fleuves ou de lacs en opportunités majeures et par différents niveaux. Pour ce faire il faut, entre autres, créer des structures gouvernementales dédiées et renforcer les collectivités territoriales. Ceci, parce qu’il faut, entre autres, du personnel aux niveaux central et déconcentré (les agents ou soldats des côtes et des rives par exemple) pour travailler en synergie avec les populations, les autorités locales ; il faut aussi rechercher davantage de financements qui impliqueront les populations dans les activités ; last but not least, il faut aussi renforcer la décentralisation territoriale car les collectivités territoriales sont aussi des acteurs-clés de la lutte contre la submersion marine, l’érosion côtière et les débordements de fleuves ou de lacs. Donc une lutte par différents niveaux.
2. Lutte par différents niveaux
2.1. Niveau central
A défaut d’un ministère dédié, avoir une direction générale des côtes et des rives par exemple, composée de directions et chargées de transformer en opportunités les risques de submersion marine, d’érosion côtière et de débordements de fleuves ou de lacs vu leurs enjeux ou problématiques aigus et chroniques. Cette structure centralisera des données afférentes comme les localités touchées ou exposées, recherchera des partenaires avec qui mener le travail dont des paysagistes et des aménagistes, recherchera des financements, accompagnera les collectivités territoriales concernées. Au niveau national, un centre de formation pourrait former, renforcer les capacités dans la lutte contre la submersion marine, l’érosion côtière et les débordements de fleuves ou de lacs, développer le capital humain dans ce domaine.
2.2. Niveau déconcentré
Avoir des structures, des agents au niveau déconcentré chargés de transformer en opportunités les risques de submersion marine, d’érosion côtière et de débordements de fleuves ou de lacs en faisant un travail de proximité avec les populations, les autorités locales et autres structures déconcentrées. Ces agents ou soldats des côtes et des rives mettront en œuvre les solutions de terrain en rapport avec les acteurs concernés, rechercheront des financements aussi. Ces agents essaieront, entre autres, de reprendre à la mer, par exemple, les portions de plage pouvant être reprises, ils maîtriseront continuellement des longueurs et largueurs des plages et des rives touchées, ils œuvreront pour l’hygiène et la salubrité publique des plages et des rives en rapport avec les populations et les structures concernées.
2.3. Niveau décentralisé
Au niveau des collectivités territoriales, des municipalités comme des conseils départementaux luttent activement contre la submersion marine et l’érosion côtière. Au Sénégal par exemple, la localité de Djifer fait partie du département de Fatick. Dans ce département, «le Conseil départemental a un projet de réalisation de 40 digues anti-sel pour lutter contre l’avancée de la mer…» (Aps, 2024, 6 sept). Le Conseil départemental de Keur Massar est en train de consolider les dunes de ses côtes avec des plantations d’arbres sur des kilomètres, en rapport avec les Eaux et forêts. Ces bonnes et belles actions sont à accompagner par qui de droit, doivent faire tache d’huile. Toujours au Sénégal, pour la commune de Bargny et la ville de Rufisque par exemple, toutes les deux sont exposées et luttent contre la submersion marine et l’érosion côtière avec les moyens disponibles. Pour renforcer les collectivités territoriales, nous proposons que les communes de Bargny, Diamniadio, Minam, Sendou, Sébikhotane, Yenn… soient regroupées dans un nouveau département qui sera le sixième département de la région de Dakar. Ce nouveau département pourra lutter aussi contre la submersion marine et l’érosion côtière. En effet, vu les infrastructures que les communes de Bargny et Diamniadio accueillent ou accueilleront, ces communes, dans un nouveau département, pourront devenir des villes avec des communes d’arrondissement. Ces nouvelles collectivités territoriales démultipliées seront des forces majeures dans la transformation en opportunités majeures des risques de submersion marine, d’érosion côtière et de débordements de fleuves ou de lacs. Même si les côtes de la ville de Rufisque sont protégées par de gros galets (grosses pierres), les mesures de défense sont toujours à renforcer (il n’y a pas de risque zéro) et des brise-lames (par exemple) par endroits pour cette belle côte ne sont pas à exclure. Tout ceci nécessitera des recherches de financement du côté des collectivités territoriales (municipalités de communes et de villes, conseils départementaux). Ces communes, villes et départements seuls ou en intercommunalité, en inter-ville ou en interdépartementalité transformeront en opportunités majeures les risques de submersion marine, d’érosion côtière et de débordements de fleuves ou de lacs. Lou kéna mane, niar loumou néw néw nio koko dakh.
Aussi par différents niveaux, la transformation en opportunités majeures des risques de submersion marine, d’érosion côtière et de débordements de fleuves ou de lacs créera aussi des emplois, des revenus pour les populations. La transformation en opportunités va au-delà de la lutte contre des menaces. Ceci, grâce au renforcement de la concentration ou centralisation, de la déconcentration et de la décentralisation.
NOUS ALLONS METTRE EN PLACE UNE COMMISSION ECONOMIQUE CONJOINTE
La secrétaire d’Etat adjointe américaine aux Affaires africaines, Molly Phee, a participé à la Biennale de Dakar, mais également dirigé une délégation de diplomatie commerciale chargée de présenter des entreprises américaines au Sénégal. Entretien...
Propos recueillis par Dialigué FAYE |
Publication 09/11/2024
D’une pierre deux coups. Lors de sa visite à Dakar, la secrétaire d’Etat adjointe américaine aux Affaires africaines, Molly Phee, a participé à la Biennale de Dakar, mais également dirigé une délégation de diplomatie commerciale chargée de présenter des entreprises américaines au Sénégal. En marge de ces activités, elle a accordé un entretien au journal Le Quotidien, au cours duquel la diplomate revient sur les relations entre les Etats-Unis et le Sénégal, la Vision Sénégal 2050, mais aussi la nouvelle commission économique conjointe que les Etats-Unis et le Sénégal comptent mettre en place.Vous séjournez à Dakar pour les besoins de la Biennale. Vous êtes accompagnée d’une forte délégation d’acteurs culturels, mais également d’hommes d’affaires. Expliquez-nous les raisons de cette combinaison ?
C’est pour être réactifs par rapport à la demande du Président Faye et de son gouvernement. En visite à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies, le Président Bassirou Diomaye Faye a rencontré le secrétaire d’Etat Antony Blinken pour lui expliquer la nouvelle vision de développement du Sénégal. La Vision Sénégal 2050 met beaucoup l’accent sur le secteur privé et l’investissement privé, et accorde une place importante aux nouvelles technologies. A New York, il a aussi rencontré des entreprises américaines, notamment Meta et Google. Il s’est rendu en Californie pour visiter des entreprises. Et il a demandé aux Etats-Unis de travailler pour que les entreprises américaines viennent au Sénégal. C’est pourquoi je suis là juste après sa demande, parce que nous croyons que sa vision va aider à créer un Sénégal plus fort. J’ai choisi cette semaine aussi à cause de la Biennale. Les Etats-Unis ont un pavillon à la Biennale de cette année.
Parlez-nous de votre agenda.
Pour les premiers jours de mon séjour à Dakar, les rencontres étaient avec des Ong, écouter des ministres et entendre directement les objectifs du gouvernement, et présenter les membres de la délégation au gouvernement du Sénégal, pour qu’ils expliquent comment ils peuvent contribuer au développement du Sénégal. Et je peux dire qu’il y a beaucoup d’engouement, parce que ces entreprises ont beaucoup de talents et je crois qu’elles peuvent faire la différence ici.
Par rapport à la Vision Sénégal 2050, quels sont les points qui vous ont plus marqués ?
Il y a des points dans la Vision Sénégal 2050 que nous admirons. Par exemple, le fait qu’il insiste sur la bonne gouvernance, sur la transparence. Le gouvernement a eu l’audace de revoir son programme avec le Fmi (Fonds monétaire international) et nous savons que le gouvernement est dans une phase de transition. Il faut qu’il travaille à faire face à ce défi budgétaire. Nous soutenons cette décision d’être transparent, parce qu’elle crée une bonne base pour l’économie nationale. Le gouvernement doit essayer de résoudre le déficit. Mais nous avons confiance au Sénégal. Ma visite de cette semaine avec des entreprises, c’est pour réaffirmer cette confiance au Sénégal.
La renégociation de certains contrats dans le secteur extractif est également envisagée par le gouvernement. Etes-vous en phase avec cette décision aussi ?
Je n’en ai pas beaucoup entendu parler, ces derniers mois au Sénégal. Mais, les Etats-Unis appuient l’exploitation responsable des ressources et plaident pour que les bénéfices aillent aux populations. C’est un objectif que nous appuyons. Nous avons de grandes entreprises américaines qui sont au Sénégal et qui ont signé des contrats dans la légalité, et nous espérons que ces contrats seront respectés. Cela va donner un signal aussi bien aux entreprises américaines qu’aux autres entreprises d’autres pays. Le respect des contrats va les encourager à venir investir dans le pays.
Vous avez rencontré certains ministres, Ong et directeurs généraux. Quel a été le message phare que vous avez partagé avec eux ?
Le sujet dont j’ai parlé dans toutes mes rencontres, c’est l’accord que nous avons avec le gouvernement du Sénégal de mise en place d’une commission conjointe économique. La première réunion sur ce projet aura lieu le 21 novembre 2024 à Washington. Nous avons décidé de créer cette commission pour avoir un cadre formel de discussion entre les gouvernements américain et sénégalais, entre les hommes d’affaires américains et sénégalais. Bien sûr, nous avions déjà eu ces discussions, mais cette nouvelle commission va aider à les faire progresser. Les trois sujets sur lesquels on mettra l’accent seront l’agriculture, les technologies et l’environnement des affaires.
Comment l’idée de la création de cette nouvelle commission est-elle née ?
Quand le nouveau gouvernement a pris fonction, l’ambassadeur a soulevé l’idée de la création de la commission et en juillet, quand je suis venue avec le secrétaire d’Etat adjoint, on en a encore parlé avec le gouvernement.
Est-ce qu’on peut s’attendre à un changement de paradigmes par rapport aux relations entre les Etats-Unis et le Sénégal ?
Je crois que nous avons déjà des relations positives. Nous avons une très longue histoire de partenariat et d’amitié entre les peuples américain et sénégalais. Je peux vous en donner des exemples. Le premier exemple, c’est le Corps américain de la paix. Depuis des années, des Américains viennent pour vivre avec des Sénégalais afin de contribuer au développement du pays. Cette relation de peuple à peuple est très importante. Ensuite, l’Agence américaine pour le développement international (Usaid) abat un travail très important au Sénégal, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la sécurité alimentaire. Nous avons aussi le Mcc (Millenium challenge corporation) que vous connaissez. Le Sénégal est en très bonne position concernant ce programme qui amène des investissements. Le premier compact avait porté sur l’agriculture et la construction de routes au Sénégal. Le compact en cours porte sur l’énergie, notamment l’amélioration de l’accès à l’électricité, du transport et de la gouvernance. Et vous savez combien l’énergie est importante dans tous les aspects de la vie des populations.
Actuellement, nous sommes en discussion avec le gouvernement pour un troisième compact, qui sera axé sur l’économie bleue. Le quatrième exemple que je voudrais donner par rapport à la coopération entre le Sénégal et les Etats-Unis, c’est l’U.S. international Development finance corporation (Dfc). Elle injecte des financements très importants dans les projets. Le dernier projet qu’ils sont en train de financer, c’est sur la conservation de produit.
Comment cette commission pourrait-elle aider à faire progresser cette coopération ?
C’est une bonne question. Pour moi, cette commission va forcer aussi bien les Etats-Unis que le Sénégal à continuer le dialogue, à se parler, à poser des actions concrètes. Je pense que cette commission va nous amener à prendre le meilleur des Etats-Unis et l’associer avec le meilleur du Sénégal. Nous avons beaucoup de choses à offrir et nous pouvons faire une grande différence.
Où en est-on avec la mise en œuvre de l’Ago ? Cette loi ne semble pas porter ses fruits pour certains pays comme le Sénégal.
Je suis contente que vous posiez cette question. C’est un problème, et on en parle dans l’administration. Ce programme permet de mettre des préférences douanières. L’objectif de base était de quitter l’aide humanitaire et d’amener les entreprises africaines à entrer dans le commerce, avoir accès au marché américain, il y a 20 ans. Et je pense que son impact est très populaire dans les pays où il s’applique. Le défi auquel on fait face actuellement, c’est de voir le Congrès américain la renouveler en 2025. Conformément à cette loi, on doit tenir une réunion chaque année, soit aux Etats-Unis, soit en Afrique. L’année dernière, la réunion s’est tenue en Afrique du Sud, et pendant cette réunion, le Président Biden a sorti une déclaration où il disait qu’il soutient très fortement le renouvellement de la loi. Nous sommes en discussion continue avec le Congrès pour le renouvellement de la loi. Et nous profiterons de l’occasion pour la retravailler, afin qu’elle soit plus calibrée par rapport aux besoins du Sénégal spécifiquement.
Faute d’emploi, nous assistons à une émigration massive de jeunes et même de femmes vers d’autres horizons. Quel commentaire cela vous inspire ?
J’ai trois idées concernant ce problème. La première chose, c’est que les Etats-Unis sont un pays d’immigration. Notre société a été enrichie avec l’immigration. Ma famille a immigré aux Etats-Unis. Je crois fermement que l’immigration est une force. Mais elle n’est pas un processus facile. Souvent ça signifie qu’il faut quitter sa famille, rencontrer des situations très dangereuses. C’est normal que chaque personne ait le choix de sa résidence.
Et nous admirons la vision du nouveau gouvernement. Il parle de souveraineté, justice et prospérité. C’est pourquoi je pense que les entreprises américaines peuvent aider à faire face à ce problème. Les entreprises américaines sont différentes de celles d’autres pays, parce que quand elles viennent dans un pays, elles veulent avoir un impact. Cela, en cherchant à avoir un partenariat avec une entreprise locale. Nous allons chercher à savoir quel genre de formation offrir, quelle technologie partager. Nous cherchons à employer des Sénégalais et créer de bons emplois. Et nous cherchons évidemment à travailler à Dakar, mais aussi hors de Dakar, en Casamance par exemple.
Par Bachir FOFANA
BENNO BOKK PASTEF EN MARCHE
Mame Boye Diao, Doura Baldé et 6 autres maires du département de Kolda, ou les 14 du département de Mbacké, dont Gallo Ba, ancien ministre de la Fonction publique, Papa Banda Dièye de Tambacounda, Malick Sall, …, telle est la liste non exhaustive
Mame Boye Diao, Doura Baldé et 6 autres maires du département de Kolda, ou les 14 du département de Mbacké, dont Gallo Ba, ancien ministre de la Fonction publique, Papa Banda Dièye de Tambacounda, Malick Sall, ancien ministre de la Justice…, telle est la liste non exhaustive de transfuges de l’ancien parti au pouvoir pour les nouvelles prairies vertes de Pastef. Adji Mbergane Kanouté est, pour l’instant, la dernière d’une longue liste de responsables du pouvoir défait en mars 2024 qui ont décidé de soutenir la liste de Pastef aux Législatives. Vu les positions antérieures qu’elle tenait, notamment quand le Premier ministre refusait de faire sa Déclaration de politique générale, et surtout le respect et la considération qu’elle avait gagnés aux yeux de l’opinion, sa transhumance en a surpris plus d’un et les arguments avancés sont plus légers qu’un duvet de canard. Dire que le Doyen Alla Kane «mérite un soutien sans réserve pour représenter le Peuple qu’il n’a jamais cessé de défendre», c’est quand même prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.
Mais au fond, Pastef est resté constant dans sa démarche abjecte consistant à conquérir le pouvoir par tous les moyens, y compris des moyens immoraux. Et ce, malgré les déclarations par-ci et par-là de rejet du nomadisme politique. «S’il faille s’allier avec ceux pour qui nous sommes entrés en politique, mieux vaut abandonner la politique et aller faire autre chose.» Cette déclaration du leader de Pastef à la veille des Législatives en 2017 sera pourtant suivie d’une alliance avec Khalifa Sall et Karim Wade, après avoir chanté les louanges de Wade-Père, à qui la guillotine avait été promise pour avoir mal géré ce pays, comme tous les anciens présidents de la République entre 2019 et 2024. Et l’on tentera de tout justifier par le «contexte».
Les discours de circonstance est le propre de Pastef. «Je rappelle la position historique de notre parti. Pastef reste ouvert à collaborer avec tous les Sénégalais convaincus par le projet et soucieux de son succès. En revanche, il reste fermé à toute personne impliquée dans une gestion scandaleuse d’une responsabilité publique ou ayant fait montre d’un zèle excessif dans l’inimitié contre le parti, ses leaders ou ses membres.» Puis le discours devient plus conciliant : «Que ceux qui veulent nous rejoindre restent dans leur base.» Mais au fond, qui a décidé qu’un tel a les mains propres ou les mains sales ?
La peur de perdre les Législatives…
Face au rejet systématique du phénomène, Pastef veut nous vendre qu’un «cercle est un carré» en faisant de la sémantique. Aujourd’hui, dans le camp présidentiel, les transhumants sont appelés «alliés», «soutiens». Fadilou Keïta est même monté au créneau pour préciser que «Pastef n’a pas accueilli de nouvelles adhésions. Pastef n’a enregistré aucune transhumance. En revanche, le mouvement a reçu plusieurs soutiens, notamment de la part d’élus et d’acteurs politiques issus du Pds, de l’Apr et d’autres partis». C’est vrai. Entre péripatéticienne, prostituée, racoleuse, on ne parle pas de la même chose. Pastef se voulait chantre de la restauration de la morale et de l’éthique en politique, et de ne jamais accepter la transhumance. Mais aujourd’hui, Sonko et ses partisans ont hissé la transhumance à une échelle qui pourrait tuer pour longtemps la morale, l’honneur et la dignité des hommes politiques. Pastef est en effet devenu le Mbeubeuss (décharge d’ordures) de l’espace politique au point de travestir la dynamique de JubJubal-Jubanti prônée par le Président Bassirou Diomaye Faye en se lançant dans une course effrénée à l’adoption et à la domestication de fauves et reptiles qui ont parcouru et dragué tous les partis aux alentours. On est en droit de se demander pour qui se prennent ces acteurs politiques qui se livrent poings et pieds liés à l’ennemi à abattre il y a seulement quelques mois ? On doit aussi se demander pour qui ces mêmes acteurs prennent leurs militants, compagnons et électeurs ? Ou la peur de perdre les Législatives pour Pastef vaut-elle toutes ces contorsions pour ravaler son vomi en ouvrant le bal de la racaille ?
Au fond, Pastef a beau chercher à se démarquer, mais la réalité est simple et déconcertante à la fois : même pipe, même tabac. En effet, la politique au Sénégal, ce n’est pas une affaire d’idéologies ou de conviction. Le projet de société, le programme économique, n’en parlons même pas ! C’est toujours une affaire d’hommes ! Il y a juste deux partis au Sénégal: le Parti au pouvoir (Pap) et le Parti des opposés (Pdo). Le Pap, c’est aujourd’hui Pastef et ses alliés qui attendent leurs «pastilles». Ceux qui partent les rejoindre attendent leur «part du gâteau» au nez et à la barbe des «défenseurs historiques du Projet». Et, en face du Pap, il y a le Pdo dispersé, désorganisé, qui se cherche et qui se cherche un leader ou un guide. Macky Sall aurait pu être ce bon guide, mais il a préféré faire une campagne électorale WhatsApp. C’est-à-dire faire du télétravail. Et bizarrement, cela semble satisfaire ses partisans.
Au Sénégal personne ne veut changer le système
Finalement, ce n’est pas une affaire d’hommes, c’est une affaire de système. Effectivement, ce sont les hommes qui font le système, mais au Sénégal personne ne veut changer le système. C’est du «ôte-toi de là que je m’y mette» seulement. Ceux qui combattent le pouvoir, pour l’écrasante majorité, ils ne cherchent qu’à s’emparer du système pour perpétuer ce qu’ils avaient dénoncé hier. N’at-on pas dénoncé les chargés de mission des institutions hier pour voir aujourd’hui Pastef en nommer presque une cinquantaine d’un seul coup ?
Et tant que le système ne change pas, les acteurs politiques seront toujours attirés par les lambris dorés du pouvoir, perçu comme un moyen de se servir plutôt que servir la collectivité, l’intérêt général. Les hommes au pouvoir seront toujours tentés de conserver ce pouvoir, quitte à faire les choses les plus abominables. Ansoumana Dionne, président de l’Assam, a bien raison de pointer la transhumance comme «une autre forme de maladie mentale». «En politique, si la fidélité ou le respect de la parole donnée sont totalement bafoués par les personnes qui sont censées diriger notre pays, il y a de quoi s’inquiéter concernant la stabilité, la cohésion sociale dans la Nation.» Et d’ajouter : «Et, ce sont nos acteurs politiques qui, malheureusement, sont à l’origine de la promotion du mensonge et d’autres contre-valeurs qui, sans nul doute, risquent de plonger notre pays dans une catastrophe économique. Il faut d’abord être un hypocrite, au vrai sens du terme, pour accepter de vendre son propre honneur pour des privilèges (…). Notre société d’aujourd’hui, fondée sur la promotion de la médiocrité, l’injustice, la méchanceté, entre autres, est à revoir en profondeur.»
La politique est noble, mais les politiciens sénégalais sont ignobles. Et il ne faut pas désespérer de vivre dans une République où les valeurs sont au centre de la gouvernance politique. Mais ce n’est pas avec Pastef, malheureusement.
POST SCRIPTUM
C’est le lieu de rendre hommage à Mamadou Moustapha Ba. Ce grand commis de l’Etat qui a consacré sa vie à servir son pays. Les hommages fusent de partout, l’ancien comme l’actuel président de la République, Amadou Ba, de même que de haut responsables du Fmi. C’est le lieu aussi de distinguer l’hommage que le Cemga Mbaye Cissé lui a rendu parmi le lot. Mais également de s’interroger sur le silence de Cheikh Diba et du ministère de l’Economie. Peuvent-ils rendre hommage à quelqu’un que, il n’y a guère longtemps, le chef du gouvernement taxait de faussaire sous leur silence approbateur ?
LES ANNONCES DU CHEF DE L’ETAT EN MATIERE DE DEFENSE A LA UNE DE LA PRESSE
Les annonces du chef de l’Etat en matière de défense et de sécurité, à l’occasion de la Journée des Forces armées, et la campagne électorale
Les parutions de ce week-ent évoquent les annonces du chef de l’Etat en matière de défense et de sécurité, à l’occasion de la Journée des Forces armées, et la campagne électorale.
”Le Sénégal affiche ses ambitions d’autonomie” dans le domaine de la défense, affiche à la Une Le Soleil, soulignant que lors de la journée des Forces armées, le Président de la République a réaffirmé sa volonté de voir ”se développer une industrie nationale de défense. Un protocole d’accord d’un montant de 35 milliards de francs Cfa (a été) signé entre le gouvernement et la société d’industrie Sénégal de véhicules militaires pour établir une usine d’une capacité de 1000 véhicules militaires par an à Mbacké”.
”Des l’installation de la nouvelle Assemblée nationale, un projet de loi sur la défense et la sécurité nationale fixant les grandes orientations de l’architecture de notre défense, adaptées au contexte actuel sera réexaminé”, a déclaré le chef de l’Etat dans des propos rapportés par L’As, qui note également que ”Diomaye annonce une industrie de défense”.
Selon Le Quotidien, ”Diomaye veut mieux armer les Forces de défense et de sécurité”. Le journal souligne que pour renforcer l’autonomie des Forces armées, ‘’Diomaye annonce un projet de loi sur la défense et la sécurité nationales’’.
Libération rapporte que ”le gouvernement du Sénégal et la société industrie Sénégal de véhicules militaires ont signé un protocole d’accord pour la mise en place d’une industrie de défense”. ”35 milliards de FCFA pour l’implantation d’une industrie de défense à Mbacké”, selon le journal.
La campagne électorale pour les législatives du 17 novembre bat son plein dans les quotidiens.
”Encore 07 jours de campagne électorale et les citoyens sénégalais se prononceront, lors du scrutin du 17 novembre, pour l’élection des 165 députés devant composer la quinzième législature. Après deux semaines d’une mobilisation globalement terne des populations, les 41 listes en lice entament la dernière ligne droite pour gagner la confiance des électeurs et faire siéger le maximum de candidats à la mythique place Soweto qui abrite l’Assemblée nationale du Sénégal”, note Sud Quotidien.
EnQuête met en exergue ”les enjeux de la bataille” ‘à Dakar, Pikine et Saint Louis. ”Les Législatives arrivent à grands pas. C’est le branle-bas dans les 54 circonscriptions électorales que compte le Sénégal, dont 46 sur le territoire national. Si chaque circonscription a son importance, certaines revêtent un cachet particulier, en raison notamment de leurs poids démographiques et électoraux très importants. Il en est ainsi des départements de Dakar et Pikine qui, avec Touba, ont le plus grand nombre de députés sur la liste majoritaire. Soit 7 pour Dakar et 5 pour Pikine et Touba. Sans oublier Mbour et Thiès qui comptent chacun 4 députés”, écrit le journal.
WalfQuotidien se fait écho des ”violences politiques à Diourbel’’ et fait état de ‘’guerre des plaintes’’ entre Ousmane Sonko (Pastef) et Anta Babacar Ngom (Samm sa Kaddu).
”Une bataille judiciaire s’annonce entre Pastef et la coalition Samm Sa Kaddu. Les deux camps ont, chacun en ce qui le concerne, déposé plainte pour tirer au clair les violences survenus, le 05 novembre dernier à Diourbel, lors de l’accrochage de leurs convois”, signale Walf.
Le même journal rapporte que ”la ville de Dakar est partie pour être l’épicentre de la campagne électorale de la coalition Samm Sa Kaddu, la semaine prochaine. Dans un document de presse, l’équipe du maire de la capitale, Barthélémy Dias, informe que la tête de liste de la dite coalition fera des meetings, porte à porte, caravane, focus group, etc”.