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23 avril 2025
Culture
À MÉDINA BAFFÉ, L'ORPAILLAGE PÂLIT L'HÉRITAGE CULTUREL
Autrefois, les festivités et évènements culturels faisaient florès dans le village. Aujourd’hui, cette localité est l’ombre d’une périphérie où la culture est délaissée par les jeunes tournés vers les activités de l’orpaillage, à la quête d’un mieux-être
Autrefois, les festivités et évènements culturels faisaient florès dans le village de Medina Baffé. Aujourd’hui, cette localité qui est devenue une commune en 2014, n’est que l’ombre d’une périphérie où la culture est délaissée par la jeune génération tournée plutôt vers les activités de l’orpaillage, à la quête d’un mieux-être. La culture survit difficilement à cette ruée vers les sites d’orpaillage qui ont fini de gagner toutes les localités du département de Saraya, n’épargnant pas la contrée de Médina Baffé. La relève culturelle est loin d’être bien assurée dans cette commune habitée uniquement par les Djallonkés qui font partie des minorités ethniques de la région de Kédougou.
Avec ses 15.000 habitants, Médina Baffé, commune située dans le département de Saraya, à 98 kilomètres de Kédougou, est presqu’à la périphérie du Sénégal. La Guinée est à une quinzaine de kilomètres de là. À certains endroits, bien moins. Le Mali aussi est tout près. Cette commune frontalière est habitée entièrement par les Djallonkés, une ethnie à la culture très riche. Mais aujourd’hui, la réalité sur le terrain prouve toute autre chose. Ici, la culture meurt à petit feu, faute de relève de la part des jeunes générations plutôt orientées vers la recherche de l’or, à travers les sites d’orpaillage qui abondent dans la zone. « Auparavant, la culture se portait très bien ici. Mais de nos jours, nous avons un énorme problème car les gens n’accordent plus du temps à la culture. La première cause, je trouve que c’est la recherche de l’or. Les gens passent tout leur temps aux « diouras » (sites d’orpaillage). Avant, quand on était plus jeunes, il y avait beaucoup d’événements et de veillées culturels surtout à la fin de la saison des pluies », se rappelle Sadio Danfakha, maire de la commune de Medina Baffé. Il se souvient également de la ferveur culturelle qui s’emparait de la localité lors des cérémonies de circoncision. Toutes choses qui ont tendance à disparaître, regrette-t-il. « Mais imaginez-vous, il y a juste une semaine, il y a eu la circoncision d’un grand nombre d’enfants mais il n’y a eu aucun cérémonial culturel. On ne pouvait pas imaginer cela dans un passé récent. C’est vrai qu’il y a aussi l’école qui a créé une fissure dans la promotion de la culture. Il n’y a pas eu un transfert de connaissances chez les jeunes. Mais il faut dire aussi que les jeunes ne semblent pas s’intéresser non plus à la culture », renchérit le maire de la commune.
Si Médina Baffé peut espérer compter sur les initiatives entreprises par l’association des minorités ethniques de la région avec qui la communauté a noué un partenariat pour mieux préserver la culture Djallonké, il reste évident qu’il y a du chemin à parcourir pour y parvenir. « Car présentement, il n’y a aucun évènement culturel qui se déroule dans le village », souligne Saibo Danfakha.
Souleymane Samoura, la quarantaine, était un grand danseur lors des évènements culturels. Il est, aujourd’hui, le président du conseil communal de la jeunesse de Médina Baffé. Il se rappelle les années glorieuses culturelles auxquelles ils prenaient part lui et ses camarades de classe d’âge. Seulement, « de nos jours, pour la préservation de la culture, c’est compliqué car il y a un abandon notoire de notre héritage culturel dans la localité, à cause de l’orpaillage principalement. Mais aussi du fait d’un manque d’unité, d’esprit de collectivisme. On se rassemblait et l’on organisait des évènements culturels très denses. Il y avait une parfaite unité entre les jeunes et le respect de l’aîné. Les choses ont changé maintenant », se désole-t-il. Avant de poursuivre : « j’ai vécu ces moments d’intenses évènements culturels, ça me manque énormément aujourd’hui. On assurait, en tant que jeunes, les danses à travers les masques, on battait les tam-tams durant une semaine. Il y avait un mysticisme extraordinaire lors des veillées culturelles ». Il arrivait même à Souleymane Samoura et ses camarades d’aller exprimer leur talent de danseur au-delà des frontières de Médina Baffé et même du Sénégal. « Je me rendais dans les villages environnants jusqu’en Guinée même pour danser. J’ai participé à énormément d’évènements culturels. Nous dansions de la nuit au petit matin. Les évènements culturels se préparaient pendant des mois en amont. C’était des moments très denses. Il n’y a pas eu, hélas, cette transmission culturelle aussi. La jeunesse d’aujourd’hui ne connait pas ces moments forts. Tout ça c’est du passé aujourd’hui », dit-il non sans amertume.
Cependant, certains villages de la commune à la lisière de la frontière avec la Guinée, sont épargnés par l’orpaillage. « Là-bas, il y a toujours des pratiques culturelles très vivaces. Aujourd’hui, ce sont d’ailleurs ces villages qui viennent assurer certains rares événements culturels ici à Médina Baffé. On est obligé même de les payer pour leur prestation. Alors que notre Médina Baffé était très ancré dans la culture et organisait des évènements culturels très courus. Je me rappelle qu’à la veille de la circoncision, par exemple, seules les personnes âgées assistaient aux veillées culturelles. C’était risqué pour nous autres d’y prendre part. C’était très mystique », soutient Souleymane, un trémolo dans la voix qui en dit long sur la nostalgie qu’il éprouve très certainement quant à la disparition de ces moments de retrouvailles culturelles.
L’esprit «« khoobédi » et le redoutable masque « wolondin kindindé »
Ces masques sortaient lors des cérémonies de circoncision sous la protection de l’esprit « khoobédi ». Il restait en dehors du village deux jours avant la circoncision. Le deuxième jour qui coïncide au jeudi, il vient à la place publique. « La journée, des danseurs sillonnent le village et les maisons pour faire des quêtes. La nuit, la danse se poursuit jusqu’au petit matin du vendredi et l’on circoncit les jeunes. À l’aube du vendredi, un masque qui s’appelle « wolondin kindindé » fait son apparition. Quand il apparaît, tout le monde reste dans les cases. Personne ne doit le voir sauf les circoncis. Il fait le tour du village. C’est à la fin que les gens sortent de leur cachette », explique le vieux Saibo Camara, notable et ancien danseur redoutable Djallonké.
Makhan Camara, notable coutumier de Médina Baffé se rappelle, lui aussi, ces moments culturels que vivait le village. Le matin, les parents, hommes et femmes sortent danser pour manifester leur satisfaction. Ils apportent aux circoncis des cadeaux. Après quelques semaines, les circoncis reviennent au village et l’on organise des pratiques culturelles secrètes qui vont même jusqu’à définir l’avenir des circoncis. Ils portent leurs nouveaux habits et ils vont remercier tous ceux qui les ont accompagnés dans l’épreuve qu’ils ont subie. « Les jeunes étaient regroupés par classe d’âge, notamment ceux qui ont été circoncis ensemble. Ces groupes s’organisaient pour nettoyer tout le village et les alentours. Les filles étaient chargées de préparer les repas. C’était des évènements qui se tenaient sur trois jours. Chaque groupe avait un chef à qui chacun vouait un respect strict. Le dernier jour, la nuit, on danse jusqu’à l’aube. Il y avait un esprit de solidarité. C’était vraiment le collectivisme », indique-il.
Alpha Samoura, un jeune du village, se souvient, lui aussi, des activités qu’ils menaient pour le compte de la communauté. « Il arrivait, parfois, que les jeunes du village se lèvent et organisent des veillées culturelles et des travaux champêtres avec l‘appui des chefs coutumiers. Ils organisaient, par la suite, la nuit tombée, des danses pour manifester leur totale réjouissance », confie-t-il.
Mais aujourd’hui, Médina Baffé semble avoir perdu cette splendeur culturelle. « Tout ce qui se passait avant, n’existe plus maintenant. Les veillées culturelles nocturnes ont été remplacées par les soirées dansantes. Il y aussi l’association des minorités ethniques qui organise des évènements culturels auxquels nous prenons part. Pour préserver de telles choses, il faut un transfert culturel. Mais le problème c’est que les jeunes ne s’en occupent plus. Ils ont délaissé la culture au profit de la recherche de richesses. Les « diouras » (sites d’orpaillage) ont largement contribué à ce délaissement », renseigne le notable et chef coutumier Makhan Camara. Tout au plus, « les gens cherchent à s’enrichir et n’ont plus le temps. Il y a même un abandon de l’agriculture. L’école aussi a joué un rôle négatif sur la culture locale avec un certain complexe nourri par les jeunes », dit-il, peiné.
Difficile ancrage culturel des filles
Les femmes de Médina Baffé tentent vaille que vaille de maintenir le flambeau légué par leurs ainées. « Aujourd’hui, seules les femmes continuent un peu à organiser des veillées culturelles de danse », de l’avis du notable Makhan Camara. Ainsi, Simiti Keita, responsable coutumière de Médina Baffé, fait partie de ses dames qui contribuent à la préservation de la culture djallonké dans sa localité. « Nous continuons à pratiquer la culture. Nous avons grandi avec, vécu avec depuis l’enfance. Nous ne pourrions délaisser notre culture. Surtout à notre âge. Nous ne pouvons que consolider cela. Mais les jeunes filles ne sont aujourd’hui préoccupées que par les soirées dansantes après l’école. Si une veillée culturelle que nous organisons arrivait à coïncider avec une soirée dansante, le choix est vite fait par les filles : c’est la soirée dansante », admet-elle. « D’ailleurs de nos jours, les filles ne savent ni danser ni chanter », ajoute Simiti Keita avec un large sourire. Quant au rôle des femmes lors des cérémonies de circoncision, Simiti indique qu’elles se préparaient et accompagnaient la danse des masques avec des chansons. Seulement, « aujourd’hui, avec l’abandon de l’excision et des animations culturelles lors des circoncisions, beaucoup de choses disparaissent. Lors des mariages, il y a des danses appelées « Koumbana » que seules les femmes pratiquent. Et ici, à Médina Baffé, il n’y a plus de batteurs de tam-tam. Même si l’on voulait organiser cette danse, ce sera voué à l’échec. À moins qu’on aille chercher les batteurs dans les villages environnants », soutient-elle.
NDOULOUMADJI, LE COMBAT CONTRE UN TABOU A LA PEAU DURE
Au Sénégal, certaines localités seraient interdites de séjour aux autorités publiques. Au Fouta, quelques villages, comme Ndouloumadji Founébé, localité d’origine du chef de l’État, ont ce "statut". Mythe ou réalité ?
Au Sénégal, il se dit que certaines localités sont interdites de séjour aux autorités publiques. Au Fouta, quelques villages, comme Ndouloumadji Founébé, localité d’origine de l’actuel chef de l’État, ont ce « statut ». Pour ses habitants, tout ceci n’est qu’un mythe qu’il entreprennent de déconstruire. Mais la tâche n’est pas facile. Certains tabous ont la peau dure.
Soumis aux rigueurs d’un climat chaud une bonne partie de l’année, le Fouta respire, en cette période d’hivernage, un bon bol d’air frais. Les pluies régulières enregistrées depuis le début du mois d’août ont fortement contribué à atténuer la canicule dans cette partie nord du pays. C’est donc sous un climat clément qu’on débarque, vers 13 heures, à Ndouloumadji Founébé, situé dans le département de Matam, commune de Nabadji Ciwol. Si le nom de ce village commence à être connu du commun des Sénégalais, c’est parce qu’il est la terre de d’origine des parents de l’actuel Chef de l’État, Macky Sall. Ce qui est moins connu, par contre, sauf peut-être dans le Fouta, c’est que Ndouloumadji figure sur la liste des localités au Sénégal où il serait « dangereux » pour une autorité de poser les pieds, au risque de tomber dans la déchéance.
Trouvé dans son domicile situé à quelques encablures du marché, le Chef de village, Ibrahima Mamadou Ly dit « Thioyli », n’y va pas par quatre chemins pour démentir vigoureusement cette allégation. « Tout ce qui est dit sur ce village est archifaux. Ce sont des jaloux et des personnes de mauvaise foi qui avancent ces propos diffamatoires. Ndouloumadji Founébé est une terre d’accueil pour tout le monde sans exclusif. Je le jure sur le Tout-Puissant que ce sont des mensonges que des gens malintentionnés véhiculent ! », martèle-t-il. Pour étayer sa thèse, le chef de village liste les personnalités qui ont foulé le sol de Ndouloumadji sans conséquences. « Moustapha Touré, ancien vice-président de l’Assemblée nationale aux temps d’Abdou Diouf, a séjourné à Ndouloumadji. Cheikh Fadel Kane, l’ancien Cheikh Hamidou Kane Mathiara. Me Abdoulaye Wade était venue jusqu’ici pour recueillir des prières avant son accession à la magistrature suprême. Cheikh Niane qui fut gouverneur de Matam et un ami est venu lui aussi dans le village sans qu’aucun malheur ne lui arrive », soutient-il.
Visiblement agacé au plus haut point par ces allégations sur son village, Ibrahima Mamadou Ly dit « Thioyli » ajoute qu’Abdoulaye Sally Sall, Maire de la commune de Nabadji, vient souvent à Ndouloumadji Founébé. D’ailleurs, à l’en croire, c’est lui-même qui supervisait les travaux de construction des trois maisons que Macky a construites ici. Indexant toujours les « mauvaises langues, le chef de village rappelle que lorsque Abdoulaye Sally Sall a eu son accident à Boynadji, certains se sont précipités pour dire que c’était à Ndouloumadji juste pour donner du crédit à cette thèse sur ce village. « Tout ça pour ternir l’image de Ndouloumadji. Et pourtant, le Président Macky Sall est passé lui-même ici quand il était ministre. Je pourrai même dire que son séjour ici a été décisif dans son accession au pouvoir. Parce que c’est durant ce passage que le Khalife de Sadel, Thierno Abdoul Aziz Dieng, lui a envoyé un émissaire pour lui faire savoir qu’il sera un jour Chef de l’État. C’est donc paradoxal si l’on veut nous faire croire que Ndouloumadji est une localité dangereuse pour les autorités », avance le chef de village, qui parle plutôt de « terre bénie ». Ancien émigré, Ibrahima Mamadou Ly dit « Thioyli » a passé 12 ans en France avant de revenir définitivement au bercail. Il est chef de village depuis 1987. Depuis, il s’attèle à déconstruire cette « image » sur Ndouloumadji Founébé. Chez lui, l’homme de 79 ans, reconverti dans le commerce après son retour de l’Hexagone, reçoit sous un vaste auvent comme on en trouve un peu partout dans les vastes concessions au Fouta.
Avant de commencer la discussion, Ibrahima Mamadou Ly fait appel à son Diagaraf, le conseiller spécial du chef de village. Il s’appelle Djiby Demba Sall, oncle paternel du Chef de l’État. Il corrobore les propos de l’autorité du village. À l’image de ses ancêtres « Seddo Sebbé », il est d’un tempérament très chaud. Ce sexagénaire a d’abord rappelé les réalisations du Président Macky Sall dans le village. Selon lui, l’actuel président de la République est très « fier de ses origines » et son principal souhait, c’est rendre la monnaie à ce village qui a vu naître son père. Un message sans doute destiné à ceux qui manifestaient lors de la tournée économique du Chef de l’État au mois de juin dernier dans le Fouta. « C’est de la jalousie dont il s’agit », affirme Djiby Demba Sall. Avant d’enchaîner : « Il n’y a absolument rien dans ce village qui cause du tort à une autorité. Toutes ces rumeurs qui circulent ne sont que pur mensonge », souligne-t-il sans état d’âme. Il illustre son allocution en évoquant la venue de Zahra Iyane Thiam qui, après son séjour, a été nommée ministre. « C’est de la méchanceté », ajoute-t-il. Et il conclut en remerciant Macky Sall pour tout ce qu’il a fait dans le village comme les casiers rizicoles qui permettent aujourd’hui à toute la zone de s’activer dans l’agriculture.
Ndouloumadji Founébé compte aujourd’hui 7 600 habitants, selon le chef de village. Il existe bien avant l’avènement de l’Almamy Abdoul Kader Kane qui, par la suite, est venu tracer la mosquée de la localité. Comme son nom l’indique, Ndouloumadji Founébé tire son nom des jumeaux « founébé » en pular. Ce sont les jumeaux Assane et Aliousseynou qui ont quitté Ndouma, une localité située en Mauritanie, qui sont à l’origine du nom du village. Ils étaient des érudits du Coran. Ils étaient des savants. Cette localité a une forte communauté dans la diaspora. Beaucoup d’infrastructures ont été réalisées grâce aux immigrés
MBOUR : CIRCONCISION ET SEPTEMBRE MANDINGUES SUR FOND DE COVID 19
La Collectivité Mandingue de Mbour a démarré hier, dimanche 29 août, ses activités initiatiques dans un contexte de pandémie covid-19 marquées par la rentrée des circoncis dans la case de l’homme
La Collectivité Mandingue de Mbour a démarré hier, dimanche 29 août, ses activités initiatiques dans un contexte de pandémie covid-19 marquées par la rentrée des circoncis dans la case de l’homme. Le cérémonial a commencé sur un fond de recommandations et de privations pour fait d’observation d’un protocole sanitaire et des gestes barrières.
En effet, sous la direction du président Boubacar Diambang et du secrétaire général de la Collectivité Mandingue, Mamadou Aïdara Diop, les Mandingues partis des jardins du service départemental de Mbour ont des prières pour la protection des circoncis, la paix et un bon hivernage en plus d’une disparition de la covid-19. Une procession a suivi dans les différents quartiers abritant les différents sites implantés par les cellules.
Les sages de la Collectivité Mandingue ont insisté sur le protocole sanitaire imposant le nombre de quinze circoncis par cases d’initiés. Le port de masque exigé a fait les premiers pas et la règle serait de les voir perdurer sur cinq semaines, le temps de l’initiation des circoncis. Devant chaque case d’initiés, des lave-mains sont installés et le protocole sanitaire affiché demandant le respect des gestes barrières.
Les différents sites et cellules ont reçu de la Collectivité Mandingue, chacune, 7 lave-mains, 69 bassines, 7 caisses de javel, 7 caisses de savon, et 1 caisse de masques, un don ou contribution du service départemental d’hygiène de Mbour. Auparavant, le préfet de Mbour, Mamadou lamine Mané avait remis aux membres de la Collectivité Mandingue un lot de 2000 masques et 90 bouteilles de gel.
L’autre originalité de la période des circoncisions des jeunes mandingues est relative à la 1ère édition du septembre Mandingue, un partenariat de la collectivité Mandingue avec la municipalité de Mbour. Le maire Fallou Sylla est attendu sur le lancement officiel le 1er septembre. au menu des activités programmées, figure une cérémonie officielle suivie de conférences et débats sur la culture mandingue. Une exposition permanente sur les différentes facettes de la culture mandingue est retenue. Les jeunes sont invités à s’associer à une randonnée pédestre accompagnée d’une opération de reboisement. Un tournoi de football entre les différentes cellules va être organisé. la Grande nuit du Mandé va clôturer les activités du septembre Mandingue.
NDATÉ YALLA MBODJ, HÉROÏNE DE LA RÉSISTANCE À LA COLONISATION PAR FAIDHERBE
Longtemps oubliée de l’histoire sénégalaise et africaine, dernière grande reine du royaume du Waalo commence à être petit à petit réhabilitée grâce à la mobilisation d’historiens et de sociologues
Elles ont combattu l’oppression coloniale ou s’érigeaient et s’érigent encore contre la domination masculine. Elles portent haut le combat contre les mutilations génitales ou les stéréotypes de genre. Portrait de ces résistantes, souvent dans l’ombre, voire oubliées de l’histoire….
Au Sénégal, Ndaté Yalla Mbodj est la dernière grande reine du royaume du Waalo entre 1846 et 1855 - un royaume dans la vallée du fleuve Sénégal, au nord du pays. Mais elle est surtout la première à résister à la conquête coloniale française dirigée par le général Faidherbe à la moitié du 19ᵉ siècle.
Longtemps oubliée de l’histoire sénégalaise et africaine, elle commence à être petit à petit réhabilitée grâce à la mobilisation d’historiens et de sociologues.
Peuplée uniquement de Sérères avec comme activités principales la pêche et l’agriculture, cette localité est mystique. Aucune autorité n’y entre sans autorisation, au risque d’être destituée
Marie Bernadette SÈNE et Mouhamadou SAGNE |
Publication 28/08/2021
Marsoulou, en plus de ses fromagers mythiques où des séances de prières sont organisées pour bénir et protéger les habitants du village, est également une terre bénite dont le sable soigne des blessures au couteau. Merveille aux facettes multiples, Marsoulou la lointaine est une île entourée d’une végétation luxuriante. Des fromagers et des manguiers offrent un beau paysage aux visiteurs. Située entre les deux fleuves, le Sine et le Saloum, la localité est un paradis terrestre, mais difficile d’accès.
Après avoir bravé des kilomètres pour rallier le village touristique de Ndangane Sambou, puis une traversée en pirogue d’une dizaine de minutes, on foule le sol de Marlodj. De là, il faut encore faire un périple de 15 mn en charrette pour joindre Marsoulou. Le charretier, Baye Fall, c’est son nom, fait de bonnes affaires avec ce mode de transport hippomobile à travers ses navettes dans les îles de Mar. En contact avec les piroguiers de l’autre rive, à Ndangane campement, qui font traverser les voyageurs pressés, son téléphone ne cesse de sonner pour des besoins de location. L’autre alternative qui s’offre au visiteur, c’est de prendre «le courrier», c’est-à-dire la pirogue qui assure quotidiennement, toutes les deux heures, la navette à partir de Ndangane village vers l’île de Marlodj. «Plusieurs voyageurs préfèrent l’attendre puisque le prix du transport est fixé à 300 FCfa», nous explique ce jeune habitué des lieux, en partance pour l’île de Marlodj.
Mais à Soulou ou Marsoulou, le village est paisible. Le gazouillement des oiseaux est le son qui accompagne les voyageurs hormis les pas du cheval. Avec des bâtis uniquement en dur, la localité respire le calme et la sérénité. Mama Thior est le patriarche et Imam du village. Trouvé sous l’arbre à palabre dans sa maison, en compagnie de son jeune frère Mamadou Thior, le chef de village et Lamine Mané, un notable, ils acceptent de nous conter l’histoire de la création de Marsoulou.
Un Socé nommé Kanguel a fondé le village
Ce village, selon l’Imam et patriarche, Mama Thior, «a été fondé par un Socé du nom de Kanguel, un conquérant qui avait quitté le Gabou en compagnie de sa sœur Sokhna et de son neveu Pambal. Ils étaient poursuivis par le roi de l’époque pour avoir colorié un poulet». Ainsi, poursuit l’Imam, «pour échapper à la sentence, ils quittent Gabou, traversent Sankkoyangue, Chounang, Walycounda, Kalycounda, Ndiambilor, Albatar, Pakao avant d’arriver à Sangomar et à Diakhanoor (actuelle Palmarin). De là, ils rencontrent Maïssa Waly Dione Mané qui est allé créer le village de Mbissel, tandis que Kanguel et sa famille continuent le voyage avec Sounkarou, jusqu’à Ndangane». Une fois sur place, ils sont rattrapés par la faim. Ils décident alors d’aller chasser. C’est ainsi qu’avec leurs flèches, ils touchent un gibier qui est tombé mais qui s’est ensuite relevé. «En boitant, le gibier traverse le fleuve. Il sera suivi par les chasseurs Sounkarou et Kanguel jusqu’à une île déserte. Sounkarou allume un grand feu et retourne avec son ami Kanguel. Le lendemain, il revient et trouve que le feu avait consumé tout sur son passage jusqu’à deux km à la ronde et décide d’y habiter. Son ami allume un autre feu qui s’est étendu jusqu’à 5 km plus haut et où il décide d’y vivre avec sa famille», fait savoir le chef du village.
Sous un fromager, ajoute l’Imam Thior, «Kanguel jetait des petites racines d’arbres qu’il utilisait pour soigner. À la fin de chaque séance, il demandait à son fils ou à sa femme en socé d’aller jeter le restant des racines sous le fromager : Ta Soulingo. Et, c’est ainsi qu’est venu le nom de Marsoulou».
Un village où l’autorité n’est pas la bienvenue
Soulou est un village riche de ses secrets et pouvoirs mystiques reconnus de tous, avec une population estimée à près de 500 âmes et qui s’étend sur 3,5 km de long et 1,5 km de large. Ici, comme dans beaucoup de villages du Sine, on incarne aussi ses pouvoirs et interdits. C’est un petit village de pécheurs et d’agriculteurs qui a jalousement conservé le legs des anciens. «En effet, dans notre localité, toute personne incarnant l’autorité ne doit pas y séjourner au risque d’être destituée», nous renseigne Imam Mama Thior. Il explique l’origine de ce don. «Comme je l’ai dit tantôt, le fondateur de ce village était un guérisseur et un savant. Il voulait protéger sa terre, c’est pourquoi il a fait en sorte qu’aucune autorité ne puisse y séjourner. Ici, quand une autorité venait, elle s’arrêtait à l’entrée du village et envoyait un messager pour qu’on appelle le chef. Ce dernier allait à sa rencontre. Mais si par malheur l’autorité entre dans le village, elle risque d’être poursuivie par des abeilles qui la feront ressortir d’ici. Si elle réussit à entrer dans le village, une fois de retour, elle sera destituée de ses fonctions. Jusqu’à présent, les enfants de ce village qui portent des tenues (militaires, gendarmes, policiers, douaniers, sapeurs-pompiers, préfet ou autres) en arrivant au village, se déshabillent à Ndangane avant de fouler la terre de leurs ancêtres», révèle le vieux Mama Thior, Imam de Marsoulou. Il ajoute que «d’aucuns disent que cela n’existe plus, mais personne ne veut prendre le risque en essayant d’enfreindre cet héritage que nos ancêtres nous ont légué, et cela on n’y peut rien».
Kanguel, le fromager béni
Kanguel est le nom du génie protecteur de Marsoulou. D’après Mamadou Thior, le chef de village, il avait demandé à être enterré sous le fromager et avait garanti aux populations que les prières qui seront dites sur sa tombe seront exaucées. «Kanguel est notre protecteur. Il est à l’entrée du village. C’est lui qui a fondé l’île de Marsoulou. Il avait demandé à être enterré au pied du fromager. Il avait garanti à sa descendance que toutes les prières qui seront formulées sur sa tombe seront exaucées. Depuis lors, nous nous rendons là-bas régulièrement pour prier et demander nos vœux qui sont toujours exaucés. Des centaines de personnes viennent ici solliciter des prières devant sa tombe».
Le chef de village d’ajouter aussi que Sokhna, la sœur de Kanguel, est enterrée non loin de là. Et son domaine, c’est la protection des enfants. «Dans le village, aucune femme ne porte son enfant sur son dos sans sa bénédiction, sinon il sera gravement malade. La femme à l’obligation de venir sur sa tombe, on fait les sacrifices nécessaires avant qu’elle n’ait le droit de porter son enfant sur son dos. C’est pareil pour le sevrage. La femme devra obligatoirement retourner auprès de la tombe de Sokhna pour obtenir sa bénédiction avant le sevrage, sinon l’enfant ne sera pas bien portant».
Le sable soigne une coupure de couteau
Dans les mystères de l’île de Marsoulou, il y a le secret lié à son sable. Alors qu’ailleurs les blessés sont évacués dans les hôpitaux ou structures de santé, à Marsoulou, un blessé au couteau est juste soigné par le sable. «L’autre richesse de Marsoulou est la terre. Telle que vous le voyez, le sable constitue pour nous de l’or. Car, ici, quand une personne est blessée par un couteau, on ne court pas voir un médecin. La seule chose que les ancêtres nous ont légué, c’est de prendre un peu de la terre et de la mettre sur la plaie. Ce petit geste guérit la plaie. La personne blessée n’a pas besoin d’aller à l’hôpital pour ça. Marsoulou a un legs que nous avons essayé de garder, malgré la présence de la religion», a indiqué Mama Thior, l’Imam du village.
MOHAMED MBOUGAR SARR, POUR UNE LITTÉRATURE SANS MASQUE ET SANS FRONTIÈRE
L'écrivain sénégalais révélé par le prix Prix RFI "Stéphane Hessel de la Jeune écriture francophone" en 1994, vient de publier "La plus secrète mémoire des hommes" (Philippe Rey/Jimsaan)
Mohamed Mbougar Sarr, né en 1990 au Sénégal, révélé par le prix Prix RFI "Stéphane Hessel de la Jeune écriture francophone" en 1994, vit en France et a publié plusieurs romans : "Terre ceinte" (Présence africaine, 2015, prix Ahmadou-Kourouma et Grand Prix du roman métis), "Silence du choeur" (Présence africaine, 2017, prix Littérature-Monde – Étonnants Voyageurs 2018) et "De purs hommes" (Philippe Rey/Jimsaan, 2018).Il vient de publier "La plus secrète mémoire des hommes" (Philippe Rey/Jimsaan) .
AU ROYAUME DES SPÉCIALISTES DES FRACTURES OSSEUSES
Niché dans la commune de Sakal, Baralé-Ndiaye est un petit village qui n’abrite pas moins de 1000 âmes. Ici, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner en un temps record, toutes les maladies liées au fonctionnement des os
Niché dans la commune de Sakal, Baralé-Ndiaye est un petit village qui n’abrite pas moins de 1000 âmes. Ici, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner, en un temps record, toutes sortes de maladies liées au fonctionnement des os. Cette localité du département de Louga, située à 10 kms de la ville de Mpal, continue de recevoir, tous les jours et jusqu’à des heures très avancées de la nuit, des centaines de patients qui viennent des quatre coins de notre pays et même de l’étranger, pour bénéficier de cette science mystérieuse.
La matinée s’écoule lentement, accablante et épuisante. Difficile de mettre les pieds à Baralé-Ndiaye, sans tomber sous le charme de son paysage atypique, sans être ébloui par les lumières vives de son panorama splendide. Ici, une partie de la strate arborée peut être comparée à une armée de gendarmes en faction, aux arêtes tranchantes qui s’effritent parfois en un bruit sec de cristal brisé. Autour de Baralé, le roc et la forêt sont d’un seul tenant. On note partout des fissures qui festonnent sur la rocaille, précises, bien échancrées et béantes. Dans les champs, la nature est verdoyante, luxuriante. En file indienne, des chenilles poilues sont en quête de végétation. Des cantharides et autres insectes floricoles sèment la pluie et le beau temps.
Parfois, le climat devient supportable et la tiédeur lourde du vent nous apporte des senteurs d’herbe humide. S’il change brusquement, le souffle étouffant de l’été nous exaspère. Il y a de quoi conspirer avec un silence assourdissant et hostile que nous retrouvons entre cette nature paisible et cet habitat sommaire.
Nos premiers interlocuteurs, notamment des jeunes à la fleur de l’âge, qui devisent tranquillement à l’ombre d’un arbre, nous demandent avec déférence d’intercéder en leur faveur et auprès du chef de l’État et du Gouvernement, en vue de permettre aux populations de ce village de bénéficier d’un projet d’aménagement, de ralentisseurs, appelés communément dos d’âne. « Nous enregistrons régulièrement des accidents mortels sur cette route nationale 2 qui traverse notre terroir, les véhicules utilitaires et de transport en commun continuent de rouler à une allure vertigineuse et de causer toutes sortes de collision, nos enfants sont fauchés mortellement par ces guimbardes, nous sommes traumatisés par cette situation », disent-ils.
Ces jeunes sont accueillants, détendus et un peu taquins. Tout en nous indiquant le domicile du chef de village, ils se mettent à rire à gorge déployée. Le plus petit a une plaie d’argent au tibia, qui le poigne et qui lui paraît mortel. Mais il n’en a cure. Il fait de grandes foulées pour nous montrer la voie à suivre. Nous devons encore braver la poussière et la chaleur pour progresser vers le domicile des spécialistes des fractures osseuses. Ici, nous avons la température d’un âtre, qui monte d’un cran et nous fait suer à grosses gouttes.
Il est 14 heures. Le temps qui nous est imparti pour musarder dans les rues, ruelles et artères de ce patelin, s’en va à vau-l’eau. Actuellement, dans ce village, du fait de cette pandémie du Coronavirus, le temps n’est pas sujet à caution, à controverse. Il n’est pas très clément et les populations ont tendance à mener une vie cloîtrée. L’étranger n’a qu’à s’adapter à cette chaleur accablante et le problème est résolu. C’est pourquoi, dès notre arrivée, on nous a conseillés de nous désaltérer à tout moment et de prendre du paracétamol pour bloquer l’évolution des céphalées et des migraines.
La science mystique du charognard
Baralé existe depuis 1860. Selon le chef de village, Ousmane Ndiaye, il a été fondé par Mandiaye Arame Thiendou, qui venait du Djolof. Baralé est un terme wolof qui signifie « abondance » ou « prospérité ». Le fondateur avait beaucoup de biens, notamment, un cheptel très important. Ses proches avaient l’habitude de dire : « Da-Fa-Baralé ». Ce qui pourrait se traduire par « il est nanti ». Ce grand éleveur s’était installé d’abord à Barale Tiendieng, puis il était allé à Gouye Ndiaye, situé à 900 mètres de l’actuel village. Là, il fut attaqué par une panthère qu’il parvint à tuer sans difficulté. C’était tout juste avant la prière de « takussan » (fin d’après-midi).
C’est en épiant un charognard que Mandiaye Arame Thiendou aurait eu ce pouvoir de ressouder des os fracturés. Il dormait à l’ombre d’un baobab lorsqu’un petit charognard tomba par terre. Le grand charognard ne l’ayant pas trouvé dans le nid, se précipita pour lui donner à manger en bas. Au même moment, il se rendit compte que son petit s’était fracturé une patte. Tout en lui donnant la becquée, il formulait des prières intenses pour le guérir. Pendant quinze jours, Arame Thiendou s’arrangea pour assister discrètement à cette scène. Il était réputé grand marabout, à l’époque, et avait le don de décoder le langage ésotérique dans lequel le grand charognard faisait ses prières mystiques. Au bout de 15 jours, il se rendit compte que le petit pouvait ainsi voler. Mais ce fut son fils, Mar, qui exploita réellement cette science mystique que possédait ce charognard, en l’appliquant régulièrement au bétail. Daour, le frère de Mar, hérita de ce pouvoir et le transmit à ses descendants.
« Nous n’avons que nos prières »
À 15 heures, nous sommes déjà dans le domicile du chef de village. Ousmane Ndiaye, assisté de son fils Mamadou Ndiaye, nous explique qu’il n’est pas très difficile de faire disparaître une entorse « qui n’est qu’une simple blessure au muscle, du ligament ou du tendon ». Le remède : « nous mesurons la partie qui fait mal avec un bout de bois, dès que le malade rentre chez lui, nous commençons à faire des incantations mystiques sur ce bois qui est bien conservé quelque part dans notre concession, au bout de quinze jours, il reviendra nous dire qu’il ne ressent plus la moindre douleur ». Cependant, a-t-il souligné, « il arrive que le malade ne soit pas bien traité chez nous et on lui demande tout simplement de retourner voir les médecins. Il faut que les gens sachent que nous n’avons que nos prières. Nous n’avons pas ces équipements médicaux très sophistiqués qu’on ne trouve qu’à l’hôpital ».
Ces « spécialistes » formulent les mêmes prières pour soigner un muscle étiré ou un os cassé, ont-ils fait savoir. « Le malade ne se présente qu’une seule fois chez nous. Tout ce qu’on fait pour le guérir, on le fait sur ce bout de bois. S’il s’agit de fractures ouvertes, de fractures où l’on peut voir, à l’œil nu, l’os fracturé ou les fragments osseux, on ne fait aucun geste, on n’y touche pas. Là, on est obligé de sommer le malade d’aller de toute urgence à l’hôpital régional où il peut bénéficier d’un traitement chirurgical. Il ne faut plus que nos concitoyens entretiennent cette rumeur persistante, selon laquelle nous sommes prompts à soigner tous les types de fractures ».
« Si nous constatons une discontinuité des os, due à des batailles rangées, des rixes, des coups violents, à un accident d’une rare violence, de certains faux pas, aux manœuvres brusques, aux traumatismes, nous tentons de faire quelque chose pour soulager la souffrance du malade », fait savoir le chef de village. Ousmane Ndiaye est formel et catégorique lorsqu’il nous fait comprendre qu’il ne prend jamais le risque de prendre en charge les fractures costales, dues à une rupture des côtes, celles du crâne et de la colonne vertébrale. « Il est hors de question, pour nous, de nous substituer aux chirurgiens, aux véritables spécialistes des fractures, qui détiennent une science qui est très différente de notre savoir-faire. S’il y a quelques problèmes à la cheville, à la cuisse, à l’avant-bras, aux doigts, au fémur, au tibia, au péroné, à l’humérus, au radius, au cubitus, on peut réagir ».
Témoignages concordants
À Baralé, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner, en un temps record, toutes sortes de maladies liées au fonctionnement des os. Selon Madjiguène Ndiaye, membre de la famille, « même les enfants qui sont au lycée et qui sont les petits-fils d’Arame Thiendou, ont hérité de cette science mystérieuse qui leur permet de replacer et de ressouder les os ».
Un automobiliste en train de changer son pneu au bord de la route, ne s’est pas fait prier pour nous dire qu’il connaît ce village. « Ils nous ont aidé un jour à soigner deux de nos parents qui avaient des maux de tête et des douleurs atroces au bassin. Nous avons vu également de nombreux patients fracturés et qui ont été finalement bien traités dans ce terroir », témoigne-t-il.
Partout, dans ce village, les témoignages sont unanimes, concordants et nous assurent que les tradipraticiens de ce terroir réalisent des merveilles. Penda Diop, originaire de Mpal, qui a pu rejoindre récemment le domicile conjugal dans ce village, n’hésite pas à nous faire savoir que cette médecine traditionnelle est une réalité dans cette partie du département de Louga. « Elle permet jusqu’à présent de soulager la souffrance de nombreux malades qui viennent d’horizons divers », assure-t-elle. De l’avis de M. Souley Fall, enseignant domicilié à ce village, « les populations de Baralé, malgré une demande sociale exponentielle, restent dignes, et nourrissent l’espoir de voir un jour leur village se développer. Cela, eu égard au passé glorieux de leur localité, à sa belle histoire et au rôle prépondérant qu’elle joue dans la mise en œuvre de la politique de l’État en santé publique. Dans la mesure où la pratique des Ndiayène de Baralé est normée et suit des trajectoires claires, nettes et précise dans les soins ».
À Baralé, nous confie Dame Ndiaye, ouvrier agricole, seuls les hommes et les jeunes gens soignent les fractures. « C’est un cercle masculin, car la souffrance exprimée par le visage du patient, pendant la remise en place des os, fait que les femmes craquent souvent. Cependant, à Golbi Ndiaye, les femmes s’exercent à soigner », précise-t-il.
Interdiction de faire des massages
Plus explicite, le fils du chef de village, Mamadou Ndiaye, développe un langage plus simple. « Après le diagnostic, nous mesurons la partie qui fait mal avec un bout de bois ; attelle de bambou sur une bande de tissu pour éviter l’irritation de la peau. Mais, pas n’importe lequel. Nous utilisons le « khat ». Le malade ne se présente qu’une seule fois chez nous. Surtout s’il habite très loin de Baralé. Tout le travail mystique porte sur ce bout de bois que nous gardons soigneusement dans une chambre, chez nous. Puis, le malade, arrivé chez lui, est tenu d’arroser deux fois par jour la partie qui fait mal avec de l’eau froide », renseigne-t-il. Le plus souvent, poursuit-il, il est formellement interdit au malade de faire des massages. Au bout de quinze jours, le problème est résolu. S’il s’agit d’une fracture de la jambe, le traitement peut s’effectuer dans un délai de trente jours. Tout dépend de la nature de la fracture et de l’âge du patient ». Les recommandations et les conseils donnés doivent, selon Mamadou Ndiaye, être scrupuleusement respectés par les patients qui ne doivent pas trop bouger. « Le traitement à l’hôpital, par le plâtre, peut prendre parfois 45 à 90 jours. Il nous arrive de recevoir des malades qui se sont déjà adressés à une structure sanitaire », affirme-t-il.
Aujourd’hui, les « spécialistes » des fractures osseuses continuent de faire la renommée de Baralé. Ce village a besoin de ralentisseurs, d’un projet d’extension du réseau électrique, d’un poste de santé, d’un centre social pour les femmes, d’un foyer pour les jeunes, de financements pour des activités génératrices de revenus.
L’UNIVERSITE D’INDIANA MET LA MAIN SUR PAULIN SOUMANOU VIEYRA
Après le fonds documentaire de Sembene Ousmane, le Black film center, Archive (Bfc/A) de l’Université d’Indiana, aux Etats-Unis, vient de récupérer les archives de Paulin Soumanou Vieyra.
Après les archives de Ousmane Sembene, ce sont celles de Paulin Soumanou Vieyra qui prennent le chemin du Black film center de l’Université d’Indiana aux Etats-Unis. Le fils du cinéaste a en effet fait don des 450 kg d’archives laissées par son père à cette institution. Selon Stéphane Vieyra, c’est une façon de s’assurer que le travail de son père «ne soit pas perdu».
Après le fonds documentaire de Sembene Ousmane, le Black film center, Archive (Bfc/A) de l’Université d’Indiana, aux Etats-Unis, vient de récupérer les archives de Paulin Soumanou Vieyra. L’Agence de presse sénégalaise (Aps), à qui le fils du cinéaste a confirmé l’information, souligne qu’il s’agit de documents audiovisuels et papiers de Vieyra, composés notamment de films, de photos, d’archives papiers, d’interviews, de manuscrits d’un volume total de 450 kilos, soit sept cantines, transférés de Tours en France à Indiana aux EtatsUnis. «Il était important que ce travail ne soit pas perdu. Quel que soit l’endroit où il est hébergé», a dit Stéphane Vieyra qui se réjouit que désormais «toute l’Afrique pourra et doit accéder à ces archives».
Selon le plus jeune fils de Soumanou Vieyra qui assurait la gestion de ce fonds depuis le décès du cinéaste en 1987 par le biais de Psv/Films, la structure qui détient les droits du patrimoine de son père, «la condition la plus importante (pour nous) était que l’Afrique puisse disposer de ces archives et c’est ce qui va se passer». Stéphane Vieyra qui a cédé ces archives sans contrepartie financière, contrairement aux archives de Sembene vendues par ses héritiers, perpétue ainsi son combat de vulgarisation des travaux de son père. «Avec ce don, nous espérons que les nombreux manuscrits inédits laissés par mon père pourront être publiés et traduits en anglais», déclare Stéphane Vieyra, jusque-là conservateur des archives cinématographiques et documentaires de son père. «J’ai visité les installations de leurs archives en 2019 et les responsables étaient ravis d’accueillir les archives de Vieyra. On a discuté des modalités. Nous, nous avions une idée très particulière, c’est-à-dire que les archives de Vieyra sont inestimables. On ne pouvait pas déterminer une valeur marchande», a expliqué Stéphane Vieyra à l’Aps.
Ainsi, l’accord signé avec l’université américaine garantit à la famille de conserver ses droits et d’être la seule à autoriser toute exploitation de ces documents. Mais l’accord permettra aussi la traduction et la publication des deuxièmes tomes de deux ouvrages majeurs écrits par Paulin Soumanou Vieyra sur l’histoire du cinéma africain et sur Sembene. Stéphane Vieyra explique que de nombreuses demandes ont été adressées à l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) en France et à différents organismes pouvant s’occuper des archives, les traiter et les numériser. Et c’est là que le Bfc/A a fait la différence, puisque ce département de l’Université d’Indiana s’est donné les moyens d’offrir un service entièrement dédié aux archives. Au Sénégal, en 2012, Stéphane Vieyra avait organisé un hommage national à son père dont la bibliothèque personnelle avait été offerte à la Bibliothèque universitaire de Dakar. «A l’époque, on ne pouvait pas conserver ni numériser ces documents écrits et audiovisuels» à Dakar. Et visiblement, les choses bougent très lentement puisque du côté de la direction de la Cinématographie, on semble tout ignorer de cette histoire.
Premier Africain francophone à réaliser un film
Né le 31 janvier 1926 à Porto Novo au Bénin, Paulin Soumanou Vieyra est entré dans la postérité pour avoir été le premier Africain francophone à réaliser un film. Afrique sur seine a été réalisé en compagnie d’autres jeunes cinéastes comme Mamadou Sarr et Jacque Melo Kane. Ce film, réalisé alors qu’il étudiait le cinéma à l’Idhec, ancêtre de la Femis, a bouleversé les codes de l’époque et proposé un regard nouveau de l’Africain sur la métropole. Membre fondateur de la Fepaci et du Fespaco, Paulin Soumanou Vieyra était également le principal collaborateur de Sembene dont il a aussi été le producteur pour des films comme Le mandat, Ceddo ou Xala.Il est l’auteur d’un premier tome de l’ouvrage Le cinéma africain, des origines à 1973.
«LE FAIT DE LAISSER CES ŒUVRES QUITTER LE CONTINENT EST SCANDALEUX»
Entretien avec Maguèye Kassé, enseignant chercheur, critique de cinéma
Après Sembene, ce sont les archives de Paulin Soumanou Vieyra qui finissent à l’Université d’Indiana. Cela pose le problème de la conservation de la mémoire de nos grands hommes, de nos artistes. Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour que cela ne se reproduise pas ?
Je n’ai rien contre le fait que des universités étrangères, américaines en l’occurrence, organisent des colloques de cette nature pour approfondir les questions relatives à la naissaissance, au développement et aux orientations du cinéma africain. Je rappelle d’ailleurs que la famille Vieyra avait organisé au Musée du Quai Branly une rencontre à laquelle j’avais été invité. Stéphane Vieyra a fait beaucoup d’efforts avec Psv Films pour faire connaître le cinéma de son père. Il a eu le mérite de revisiter toute l’œuvre cinématographique de son père en digitalisant, en mettant sous Dvd, ces œuvres. Tout seul, il a eu à cœur de prendre en charge le legs cinématographique de son père et de le faire connaître à travers le monde. Maintenant, qu’est-ce qui s’est passé pour que ce fonds se retrouve à Indiana University ? Je ne sais pas. En arrivant làbas, je n’ai fait que constater sa présence dans des espaces aménagés pour ça. Il est évident que la recherche documentaire va en être facilitée. Mais le problème que vous posez est un problème de fond. Pourquoi les pays africains ne croient pas au cinéma africain et ne se donnent pas les moyens nécessaires pour le garder ici dans des espaces aménagés, comme d’autres le font ? Ce qui est scandaleux à mon avis, c’est que nos gouvernants ne prennent pas la précaution nécessaire pour préserver cette mémoire. Pour Sembene, on ne sait pas ce qui a été transféré à Indiana dans le détail. Mais c’est le fait même de laisser ces œuvres quitter le continent qui est proprement scandaleux. Je trouve que nos gouvernements africains n’ont pas pris l’exacte mesure de la nécessité de préserver notre patrimoine historique, notre mémoire collective. Paulin et Sembene sont quand même deux amis, deux précurseurs, deux personnalités du cinéma qui ont contribué à faire émerger un cinéma original et qui n’emprunte rien à ce qui se fait hors du continent africain pour asseoir les bases d’une véritable cinématographie africaine. Loin de moi l’idée de jeter la pierre à Stéphane Vieyra qui a mené un combat titanesque pour faire connaître les œuvres de son père. Ce qui n’est pas le cas pour Sembene et ses enfants.
Est-ce une question d’infrastructures, de moyens financiers ou de volonté politique ?
C’est d’abord une question de volonté politique et de connaissance de l’importance que cela revêt. Et ensuite de prendre une décision politique, garder chez soi ces trésors et créer les conditions d’une préservation par des infrastructures. C’est comme l’initiative qui a été prise par la direction de la Cinématographie pour les archives du cinéma sénégalais avec la restauration de centaines de films, de documentaires. Je regrette qu’à l’exposition de ces travaux il n’y ait pas eu beaucoup de personnes. En Tunisie, j’ai visité leurs infrastructures sur deux étages et trois sous-sols. Ils font la restauration du cinéma tunisien, mais aussi maghrébin et d’autres cinémas du monde. C’est pour les cinéphiles, la recherche, pour faire connaître l’évolution du cinéma dans un cadre universel. Et nous gagnerions à avoir des accords de coopération avec eux pour bénéficier de cette expertise, apprendre d’eux et créer les bases d’une coopération pour la préservation de nos mémoires collectives. Vieyra est à la fois Béninois et Sénégalais et la direction de la Cinématographie de l’époque avait fait un colloque sur lui. Mais ce n’est pas l’affaire d’une direction. C’est celle d’un ministère, d’un gouvernement parce que n’oublions pas que Vieyra a quand même travaillé à la télévision nationale. Il a été un précurseur d’un cinéma qui parlait des réalités sénégalaises. Ce sont des choses à saluer. On aurait gagné à mettre davantage l’accent sur ce que Paulin Soumanou Vieyra a apporté à la mémoire collective sénégalaise.
Et là, il y a Ababacar Samb Makharam et d’autres dont il faudrait peut-être prendre en charge l’héritage avant qu’il ne soit trop tard…
Bien sûr ! La jeune génération de cinéastes ne connaît pas Ababacar Samb Makharam, Tidiane Aw ou Mahama Johnson Traoré et d’autres encore. Cela participe d’un patrimoine à faire connaître, à faire fructifier par la jeune génération. Il y a tellement de choses qui militent en faveur d’une synergie d’actions pour la préservation de notre mémoire collective que ce n’est pas normal qu’on n’ait pas donné les moyens à ceux qui sont chargés de cela de poursuivre cette œuvre de leurs parents. Aujourd’hui, qu’est-ce qui est fait pour Safy Faye, la première femme réalisatrice ? C’est un problème de fond qui se pose et il y a beaucoup de choses à faire pour que nos œuvres ne restent pas en dehors du continent africain et qu’elles soient à la portée de tout le monde. C’est une question éminemment politique, c’est une question de stratégie à mettre en œuvre, une question d’infrastructures aussi avec toutes les conditions requises pour la préservation, la restauration et la mise à disposition du public, mais pour que aussi les jeunes comprennent que nos Nations ne sont pas nées ex nihilo
PROCÈS CIRQUE NOIR
Entendus par le juge, les mis en cause ont reconnu les faits qui leur sont reprochés. Après les avoir bien sermonnés, il a requis à l’encontre du producteur, Adama Ndiaye alias Go, 2 ans de prison ferme.
Le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar a jugé, ce vendredi, l’affaire « Cirque noir », du nom de cette série dont la bande annonce a fait l’objet de polémique.
En effet, le producteur et les cinq acteurs présentés au juge sont poursuivis pour diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs et outrage public à la pudeur. Entendus par le juge, les mis en cause ont reconnu les faits qui leur sont reprochés. A les croire, ils voulaient juste faire une bande annonce « choc » pour faire le buzz.
Sur le rapport sexuel, la fille a soutenu qu’il s’agissait juste d’une « simulation ». Toutefois, ils se sont excusés devant le tribunal et devant les Sénégalais. Invité à faire ses réquisitions dans cette affaire, le maître des poursuites n’a pas été tendre avec les mis en cause. Après les avoir bien sermonnés, il a requis à l’encontre du producteur, Adama Ndiaye alias Go, 2 ans de prison ferme.
Concernant les acteurs, le représentant du ministère public a requis contre eux 2 ans dont 1 an de prison ferme. Intervenant en dernier lieu, la défense a plaidé la relaxe pour les acteurs et une application bienveillante de la loi pour Adama Ndiaye.
Pour mémoire, la bande de jeunes a été arrêtée suite à une plainte de l’ONG islamique Jamra et ses alliés du Comité de défense des valeurs morales (CDVM). Le producteur, les actrices et acteurs (Wizzy, O. G., Kital, Foltz, Lamsa et Diagne Roi) sont accusés d’avoir contourné la réglementation en lançant sur internet un teaser à caractère pornographique. Délibéré : le 3 septembre.