Babou Ndao «Le Médiateur» vient de publier son ouvrage intitulé «Héros sans médaille». Dans son livre, il partage avec le lecteur les soubresauts, péripéties et hauts faits d’armes d’une carrière longue de 30 ans au sein des douanes Nous vous proposons quelques extraits de l’ouvrage mis à disposition par l'auteur.
incident avec la Première Dame
Le livre relate les situations auxquelles sont confrontés des agents de Douane. Et surtout, lorsqu’ils traitent des importations de hautes personnalités du pays. Il est revenu sur la réception d’un contenaire de Mme Elisabeth Diouf, alors première dame. Contenaire que les gardes de celle-ci ont voulu ouvrir sans fournir aucun papier légal.
«Les conteneurs avaient été déchargés dans le magasin et Mme Diouf était venue elle–même les visiter. Quand les gardes ont voulu ouvrir, je leur ai demandé les documents. Ils n’en avaient pas. Le seul document qui valait à leurs yeux, c’était la première dame. Elle était à quelques mètres et nous regardait. Je me suis avancé vers elle et lui ai expliqué comment cela se passait et, qu’en ouvrant les conteneurs, ils étaient en infraction. Elle me demanda combien de temps cela prendrait pour faire les papiers. Je lui répondis qu’avec elle, ce devrait être à la vitesse de l’éclair», relate l’auteur.
L’avion chargé de lingots d’or
Aussi, dans les feuilles de son ouvrage, M. Ndao parle de la grande corruption à laquelle le douanier est confronté sur le terrain. «J’entrai donc, m’assis sur le siège du pilote et mis la main dessous. J’attrapai le premier lingot et je l’exhibai comme un trophée. Il m’arracha le lingot, le remit à sa place et me dit : ‘‘Ton prix est le mien. Tes gars qui sont dehors n’ont rien compris. On descend calmement de l’avion et tu as plus de cent millions et je peux t’assurer que tu auras ta part sur mes prochains voyages’’. Dehors, le chef de brigade, impressionné, présentait ses excuses en m’appelant. Le Monsieur me regardait dans les yeux pour me convaincre, en me disant que le Monsieur debout dehors était son frère et son comptable qui me donnerait les 150 millions tout de suite. Je m’étais levé du siège et, passant ma tête par-dessus l’épaule du monsieur, j’appelai le chef et lui dis: ‘‘L’or est là. Je l’ai pris’’».
L'éthique et la responsabilité à la Douane
L’auteur n’a pas occulté les problèmes d'éthique notés dans le métier. En effet, il a mis le curseur sur ces pratiques qui gangrènent le métier: «La brigade commerciale, j’y avais fait un stage et c’est là – bas où j’avais été frappé par la collusion entre les Douaniers et la fraude. C’était là – bas que j’avais compris qu’entre ce qu’on nous enseignait à l’école sur l’éthique et la responsabilité, il y’ avait un énorme fossé qui est un système de fraude et d’enrichissement qui avait ses règles bien au – dessus de celles de la législation douanière.» La suite, dans le livre.
L’AFRIQUE RESTE DANS LA CONTINUITE
L’on parle souvent d’une nouvelle ère pour les cinémas d’Afrique. La question était ce samedi au cœur d’un webinaire organisé par le Centre Yennenga de Grand-Dakar en collaboration avec l’Agence africaine culturelle (Aac55).
Peut-on parler d’une nouvelle ère pour les cinémas d’Afrique ? Pour répondre à cette question, le Centre Yenenga et l’Agence africaine culturelle (Aac55) ont organisé ce samedi un webinaire. Cet évènement marquait aussi pour le centre créé par Alain Gomis, le lancement d’une opération de crowfunding destiné à parachever le financement de ses activités.
L’on parle souvent d’une nouvelle ère pour les cinémas d’Afrique. La question était ce samedi au cœur d’un webinaire organisé par le Centre Yennenga de Grand-Dakar en collaboration avec l’Agence africaine culturelle (Aac55).
Pour Mamadou Dia, réalisateur du film Baamum Nafi, il faudrait plutôt parler de «continuité». «On a toujours cette idée que maintenant, il y a une nouvelle ère dans le cinéma en Afrique. Mais c’est toujours un continent qui fait de très beaux films comme Touki Bouki. Donc parler de nouvelle ère, ce n’est pas toujours rendre l’hommage qui sied aux ainés.» Le double Etalon d’or du Fespaco est bien d’accord avec cette approche. «On a vraiment besoin d’eux», souligne Alain Gomis qui regrette que ces aînés soient quelque peu marginalisés, ce qui les empêche de faire des films. «Des fois on oublie qu’il y a des anciens qui sont toujours là et qui eux finissent par avoir de plus en plus de mal à faire des films. On ne construit pas un cinéma avec une seule génération. Il faut au moins trois générations», estime le réalisateur et fondateur du Centre Yennenga de Dakar.
Aujourd’hui, l’industrie cinématographique sénégalaise se construit pas à pas. Et constate Mamadou Dia, «un long métrage entier peut se faire au Sénégal maintenant avec des connaissances sénégalaises. Ce n’est pas une nouvelle ère mais une continuité». Il salue en outre le rôle des aînés. «Si on fait des films maintenant, c’est parce que la connaissance existe et elle existe parce que les aînés ont formé des gens». Alain Gomis qui a pu bénéficier des conseils avisés de Djibril Diop Mambety, a expliqué les circonstances particulières de cette rencontre.
«Après avoir vu Touki Bouki, j’ai tout enchaîné et j’étais fasciné par le cinéma de Mambety. Sa façon de raconter, de mélanger des choses et d’être en même temps très personnel. J’avais l’impression qu’il me parlait à moi», raconte-t-il. Désireux d’échanger avec le «Prince de Colobane», Alain Gomis n’hésita pas à l’appeler. «Il y avait son numéro dans l’annuaire. Je l’ai appelé et il m’a dit de passer. J’y suis allé. Je venais d’écrire mon scenario Lafrance et je lui ai donné. Je suis revenu le lendemain et les autres jours et on a parlé de beaucoup de choses mais rarement de cinéma. De façon détournée, sans vraiment parler de cinéma, il m’a appris beaucoup de choses. Il avait cette aura, cette force qui permet de transmettre des choses sans vraiment en parler», témoigne Alain Gomis.
Financement participatif pour le Centre Yennenga
Ce webinaire animé par la journaliste de France 24, Fatimata Wane, a aussi vu la participation de Mati Diop et Dieudonné Hamadi, réalisateur congolais. Il s’agissait pour le Centre Yennenga de lancer une opération de financement participatif. Dédié à la création, la diffusion et la formation cinématographique, le Centre Yenenga va accueillir des 2021, une première promotion qui sera formée à la post-production. «Grâce aux soutiens du Fopica, de la Ville de Dakar et de l’Agence française de développement (Afd), le projet est déjà financé à hauteur de 90%. La campagne de levée de fonds vise à couvrir les 10% restants, soit 50 000 € (32 millions de francs Cfa)», explique la coordonnatrice du centre, Fama Ndiaye. Les dons serviront à financer la programmation artistique et culturelle du centre avec des ateliers et des projections gratuites, les frais d’hébergement et de restauration des bénéficiaires des formations non-résidents de Dakar, l’achat de matériel dédié́ à la projection et aux tournages et des travaux d’aménagement du lieu.
par Christian Guehi
WAÏYYENDI M'A TUER, L’HISTOIRE DES COUPS BAS DANS LA SPHÈRE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE EN AFRIQUE
Ousseynou Nar Gueye met en scène une réalité qu’il connait très bien à travers une belle histoire dont l’architecture est réussite. Il y a un excellent lien entre les différents secteurs d’activités dans ce texte et l’auteur
Né en 1972 à Yaoundé au Cameroun, d’un père bijoutier et consul honoraire du Sénégal, Ousseynou Nar Gueye est un ingénieur de projets, expert en propriété intellectuelle, éditorialiste et communicant. Ces qualités, vous les retrouverez dans l’œuvre du Sénégalais parce qu’elles lui collent à la peau. Expert de l’organisation des producteurs phonographiques du Sénégal, on le retrouve également au Conseil National du Patronat du Sénégal dans l’industrie musicale. Ousseynou Nar Gueye a publié sa première nouvelle dans le cadre du concours mondial «3 heures pour écrire », organisé par l’association française Presse en 1999, ou il se classe troisième de la sélection « Français Langue étrangère. ‘’Waïyyendi m'a tuer*" qui vient de voir le jour en cette année 2021 est en coédition avec la librairie numérique et kiosque digital "Youscribe proposé par Orange".
Résumé
Dans ‘‘Waïyyendi m’a tuer*’’, Karbala est le bras droit de Waïyyendi, qui est la star du ‘‘champ des chants à rythme ternaire’, musique que seuls ses habitants savent apprécier et danser, en raison de son caractère syncopé, qui agit comme un exorcisme sur eux et leurs angoisses existentielles au pays de Nittie, sur le continent dénommé la Négritie. L’intrigue débute dans ce roman quand Karbala s’oppose à deux co-sociétaires de son patron au sein d’une association sur la question de la stratégie pour la loi sur la rétribution indirecte des chants. Karbala s’oppose aussi à son patron Waïyyendi quand celui -ci prend le parti des sociétaires en question. Dès lors, Karbala réclame le paiement d’une ‘‘hache d’argent’’ à Waïyyendi, et de diverses prestations aux deux autres co-sociétaires, Baaboune Kathé et Akiboul. Dans un retournement de situation, il s‘ensuit un procès intenté par les trois contre Karbala. Karbala gagne le procès. Et il se met à harceler les trois protagonistes pour être payé. Des fans fortunés de Waïyyendi paient des sbires, actionnés par l’homme d’affaires Badoulaye, pour faire taire définitivement Karbala et le tuer. La seule issue pour Karbala pour échapper est de devenir ‘’fou’’. C’est l’histoire de cette chasse à l’homme contre Karbala que Ousseynou Nar Gueye raconte avec beaucoup d’images dans son texte.
Parlons de son texte…
Le roman d’Ousseynou Nar Gueye aborde les thèmes de l’amour, de l’amitié, de la politique et des luttes pour le pouvoir temporel. L’amitié est ici traitée comme une valeur suprême qui une fois trahie peut donner lieu à toutes les révoltes des concernés. L’amour est exposé comme un moteur essentiel à l’activité sociale et professionnelle, dont il est l’aiguillon. La description de personnages inspirés de personnalités politiques contemporaines donne lieu à une analyse de la société dans laquelle vivent les protagonistes du roman, société qui n’en ressort pas grandie mais pour laquelle malgré tout, on sera tenté de garder de la tendresse, pour ses travers, pesanteurs et tabous, finalement risibles et attachants.
‘’Waiyyendi m’a tuer*’’ ce roman de 128 pages est en réalité un véritable instantané des faits qu’on rencontre fréquemment dans le milieu de la propriété intellectuelle dans le domaine de la musique ou parfois les médias jouent un véritable rôle de propagande.
Ousseynou Nar Gueye qui connaît bien ce milieu de la propriété intellectuelle met en relief un conflit qui en réalité continue de faire rage en Afrique. Quand le Sénégalais évoque la notion de propriété, nous essayons de le voir dans un sens plus grand et large avec les problèmes du foncier qui continuent de faire des malheureux comme Karbala.
Ousseynou Nar Gueye à la page 12 commence son récit ainsi : « Avec les faits, plus on fait bref et mieux c’est. Seule valait la peine d’être contée l’histoire, c’est-à-dire l’histoire derrière les faits ». Ousseynou Nar Gueye à travers cette histoire met en relief le conflit sur la perception de la notion de propriété intellectuelle. Son récit à la page 15 montre cela. « la propriété, c’était le vol. Kadd, le grand fromager avait compris avant tout, au fil de ses pérégrinations mondiales, que non, la propriété ne pouvait être le vol ; la propriété était le début de la civilisation… Waïyyendi, grand Kadd-fromager l’avait écouté, puis avait dit : - Tu es le premier, en ce Champ des Chants ternaires du pays de Nittie, qui me décrit aussi bien que je l’ai compris, que la propriété est la loi qui seule peut fonder une société et civiliser les rapports entre nous ».
Je veux ici emprunter les mots de Darren Olivier qui disait que « la plupart des praticiens en la matière de propriété intellectuelle ignorent tout de la manière dont est assurée l’application des droits de propriété intellectuelle en Afrique ». Dès lors, il en résulte que les investissements de propriété intellectuelle sur le continent sont vus avec une certaine appréhension ou que l’Afrique donne l’image d’un endroit où le respect des droits de propriété intellectuelle n’est pas une condition pour faire des affaires. L’œuvre d’Ousseynou Nar Gueye le démontre nettement avec un rapport de fort et de faiblesse entre Karbala et Waiyyendi.
Si on suit bien les faits rapportés par Ousseynou Nar Gueye a ce romain « Waiyyendi m’a tuer* » il est clair qu’il y a des changements car on s'aperçoit que Karbala gagne son procès où il n’était pas demandeur. Gueye entame bien ces orientations lorsqu’ ‘il veut pointer du doigt un fait. Par exemple, il parle ici de l’ignorance du consommateur culturel face aux complots contre les personnes créatrices de concepts qu’on peut identifier comme des « Karbala ». « Le grand public ne le sait peut-être pas mais dans les salons feutrés où les réputations se font et se défont, en une formule lapidaire, et où siègent les rois autoproclamés de la société, beaucoup aujourd’hui sont traités comme « Karbala », de ‘‘fou à lier’’ par les rois de l’arbitrage des élégances sociales. Les coups bas y sont réels dans cette sphère de la propriété.
Les médias….
En sa qualité de journaliste, Gueye fait bien de parler du rôle des médias et surtout de leur impact négatif à fabriquer une opinion publique grâce à la « Une » d’un journal. Il le dit ici clairement. « La véritable faute de ‘‘Fitt La Flèche’’ (un quotient) pour ce photomontage n’était point morale, mais d’abord déontologique. Car, disait l’éminent bobardier, dans des propos repris par une gazette au nom lunaire : ‘‘le photomontage n’était pas mentionné comme tel sur la photo’’. Ousseynou Nar Gueye se sent beaucoup plus à l’aise quand il parle de la musique, de la propriété intellectuelle et de la pratique du journalisme dans ce vaste champ des droits d’auteurs. Car ces sont des questions qu’il a dans le sang.
Ousseynou Nar Gueye sait jouer avec les mots surtout les figures de styles qu’il adorait sans doute dans ces années de collège au Cameroun et au Sénégal. Dans une écriture aux scansions parfois hypnotiques, ‘‘Waïyyendi m’a tuer*’’ fait la part belle à l’onirisme, dans un style gourmand de mots et de créations métaphoriques inspirées du wolof ; avec un goût prononcé pour le troussage de la langue française. Ousseynou Nar Gueye utilise beaucoup de style qui donne un certain humour à son récit. « La bouche de Waïyyendi parlait à mon oreille. La bouche de Waïyyendi, mon oreille ; ma bouche, l’oreille de Waïyyendi » ou encore « Aventure journal et journal d’aventure ».
En conclusion, Ousseynou Nar Gueye avait raison de dire « Ce qui était à Dieu avait été rendu à Dieu. Ce qui était à César, que Baaboune avait pris, n’était point rendu à César. Car seul Waïyyendi était César, dans le Champ des Chants de Nittie. ». Une chose était sûr c’est que ce qui était à la terre retournait à la terre. Et « Baaboune et Karbala devaient s’expliquer devant Allah » même si « Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ses choses ici-bas » envers Baaboune et Karbala qui devait suivre son destin selon que Allah avait décidé.
Critique….
« Waïyyendi m’a tuer* » est en réalité le reflet des maux constants dans la rétribution dans la sphère de la propriété intellectuelle en Afrique. Ousseynou Nar Gueye met en scène une réalité qu’il connait très bien à travers une belle histoire dont l’architecture est réussite. Il y a un excellent lien entre les différents secteurs d’activités dans ce texte et l’auteur. En expert des questions de propriété intellectuelle, Ousseynou sait présenter les faits et en faire une histoire. Sa maîtrise de la technique rédactionnelle et sa connaissance de l’univers de la musique et des médias sont visibles. On le voit à travers cette première œuvre « Waiyyendi m’a tuer* ». Ousseynou réussit les prémisses avec brio. Ces observations sont pertinentes. Il est bien difficile d’admettre que Ousseynou a négligé de considérer les questions de propriété intellectuelle et de rétribution autour de la musique.
Personnellement je trouve que le sujet de la propriété intellectuelle et la rétribution en Afrique est un sujet d’actualité qui mérite d’être mis sur la table des débats. En tant qu’Ivoirien ‘’Wayyendi m’a tuer*’’ est aussi la photographie des nombreuses malheureuses contestations entre les artistes et le Bureau ivoirien du droit d’auteurs où les coups bas ne manquent pas dans la rétribution. Certains artistes sont morts sans avoir touché un seul sous de leur droit et parfois quand la distribution doit se faire… c’est là qu’il faille inviter la presse et la justice. Et ces choses-là Ousseynou Nar Gueye le sait et en est témoin. ‘’Wayyendi m’a tuer*’’ est une œuvre qui a toute sa place dans les bibliothèques des « grands écrivains » africains comme Senghor. ‘’Waïyyendi m’a tuer*’’ est un roman que je vous recommande. Son adaptation au théâtre ou au cinéma sera l’une des plus excellentes choses qui puisse arriver à cet excellent roman.
LE FESPACO REPORTÉ SINE DIE EN RAISON DU COVID-19
Le principal festival du 7e art en Afrique qui devait se tenir fin février au Burkina Faso, a été comme le Festival de Cannes ou la Berlinale reporté, dans un contexte de rebond de l'épidémie en Afrique de l'Ouest
Le Fespaco, principal festival du 7e art en Afrique qui devait se tenir fin février au Burkina Faso, a été comme le Festival de Cannes ou la Berlinale reporté, dans un contexte de rebond de l'épidémie de Covid-19 en Afrique de l'Ouest.
Le Conseil des ministres burkinabè a "adopté la décision de reporter la tenue du Fespaco à une date ultérieure", a déclaré le porte-parole du gouvernement Ousseni Tamboura lors d'un point presse vendredi à Ouagadougou.
Le Burkina Faso, où 10.423 cas de Covid-19 ont été confirmés depuis le début de la pandémie pour 120 décès, connaît comme le reste de l'Afrique de l'Ouest une deuxième vague plus importante que la première.
"Au regard de la situation sanitaire, tant au plan national qu'international, liée à là pandémie du coronavirus, il sera difficile de tenir le Fespaco à bonne date", a ajouté M. Tamboura.
"Il ne sera pas facile pour nous de décider d'une (prochaine date) parce que cela est lié à l'évolution de la situation sanitaire", a souligné le porte-parole du gouvernement, également ministre de la Communication.
Le Fespaco, principal rendez-vous du cinéma en Afrique, se tient tous les deux ans à Ouagadougou.Chaque édition voit des films de tous formats entrer en compétition pour briguer la récompense suprême, l'Etalon d'or.
Depuis 1969, date de sa création, il rassemble à Ouagadougou des dizaines de milliers de spectateurs et acteurs du milieu du 7e art.
Le festival a contribué à faire connaître les plus grands réalisateurs africains comme Ousmane Sembene, Souleymane Cissé, Idrissa Ouedraogo ou Abderrahmane Sissako et reste aussi une formidable vitrine pour des jeunes talents tant devant que derrière la camera.
"Très peu de productions prévues ont été réalisées" depuis le début de la pandémie, a détaillé un communiqué du Conseil des ministres."Des tournages de films ont été soit arrêtés, soit reportés ou simplement annulés causant d'énormes pertes sur toute la chaîne de production cinématographique".
- Seule manifestation de rayonnement mondial -
Ce report est annoncé deux jours après celui du Festival de Cannes, plus important festival de cinéma au monde, qui se tient traditionnellement en mai mais reporté au mois de juillet.
Premier festival à démarrer l'année, la Berlinale, qui devait initialement se tenir du 11 au 21 février en Allemagne, a également été contraint de reporter son édition à début mars, où la compétition se tiendra en ligne en raison de la pandémie.
Lors de la 26e édition du Fespaco burkinabè tenue en 2019, le film rwandais "The Mercy of the jungle" (La miséricorde de la jungle), de Joël Karekezi, avait remporté l'Etalon d'or.
L'édition 2019, cinquantenaire du Fespaco, avait par ailleurs été marquée par la révélation d'agressions sexuelles contre les femmes dans le monde du cinéma africain, dans le sillage du mouvement de libération de la parole des femmes #MeToo, et son équivalent #Balancetonporc en France.
Comme d'ordinaire, en marge du festival fin février devait se tenir le 20e Marché international du cinéma et de l'audiovisuel africains (MICA), une bourse de programmes audiovisuels africains et sur l'Afrique ouverte aux professionnels.
La grande fête du cinéma africain est depuis plusieurs années la seule manifestation de rayonnement mondial du Burkina, pays sahélien très pauvre aspiré dans la spirale du jihadisme sous-régional.
D'abord cantonnés dans le nord du Mali, des groupes jihadistes affiliés pour certaines à Al-Qaïda et d'autres à l'organisation Etat islamique ont depuis essaimé dans la sous-région sahélienne, notamment dans le nord et l'est du "pays des hommes intègres".
La situation sécuritaire ne cesse de s'y dégrader depuis 2015.L'Etat, peu présent, n'arrive pas à enrayer la spirale de violences qui ne fait que s'accentuer malgré des interventions internationales.
Figure incontournable des Arts visuels au Sénégal, Viyé Diba est également formateur à l’Ecole Nationale des Arts. En ces moments de doutes avec la crise sanitaire, Le Témoin a échangé avec ce dynamique artiste qui a formé une génération de créateurs.
M. Diba, les Arts visuels sont-ils affectés par la pandémie ?
La pandémie est d’origine chinoise comme le qualifiait l’ancien Président Américain, Donald Trump. Suffisant pour qu’elle soit mondiale. Sa vitesse d’expansion suit celle de ses cousins objets de tout genre exposés sur les trottoirs des Allées du centenaire. La Chine est l’usine du monde et joue un rôle de premier plan dans les relations internationales. La maladie suit cette même logique d’expansion économique. Inutile dès lors de se poser la question sur notre affectation par le fléau. Le simple ajournement de la Biennale qui en est découlé explique à suffisance la catastrophe. A cette occasion, le Sénégal et les arts visuels du continent ont perdu énormément. La Biennale, événement culturel le plus important sur le continent, place notre pays sur la carte du monde pour au moins un mois. Les artistes du monde viennent y faire leur marché à la rencontre de galeristes, collectionneurs, programmeurs d’évènements artistiques, critiques d’art. Tous les grands médias du monde s’y donnent rendez-vous. La prudence est de mise et plombe tous les évènements de notre secteur. Les ventes sont rares et cela s’explique par cette incertitude. Mais détrompez-vous les moments de crise sont toujours propices à l’introspection, aux interrogations. Une esthétique nouvelle est en perspective. Pas dans l’anecdote, mais dans la profondeur du langage esthétique. Car ce qui se dessine pour notre humanité est du sérieux, loin de la plaisanterie. Chacun doit revenir à sa réalité profonde. Nous sommes des Africains, des sociétés de fusion qui sont appelées à se transformer en celles de la distance, de l’isolement tout en étant solidaires. Les philosophes et sociologues sont interpellés. Nous devons changer de nature de sociétés. L’esthétique de la distance et de l’isolement, en un mot, le monde est en mode dents de chien. Notre visage s’est transformé en un espace de figuration de la bouche et du nez, les yeux jouant le rôle de sentinelle avec les oreilles en embuscade. Un autre être humain est né. Les mots comme masque, et distanciation sociale ou physique introduisent une nouvelle civilisation.
En ce moment d’incertitudes, on n’entend plus les acteurs d’autres corps de discipline artistique que vous, les acteurs des arts visuels ?
Cette situation de clandestinité professionnelle chez une bonne partie des artistes visuels est antérieure à la pandémie, même si cette dernière l’a amplifiée. L’échelle de la communication sociale a changé, les médias sont entrés dans une autre dimension, les arts visuels, à part la partie multimédia, sont une discipline très particulière. Les arts du spectacle ont pris le pouvoir. Une autre stratégie est à méditer. Le Sénégal doit faire le choix ,qu’il porte un événement qui lui a donné un leadership à consolider afin de rentabiliser ses efforts. L’avènement de l’alternance de 2000 a introduit un autre leadership politique qui a fait son effet sur le secteur. L’essentiel des artistes qui comptent sont à l’international et ont déserté le terrain national. La pandémie est peut-être une aubaine pour un retour en zone afin d’occuper à nouveau le terrain. C’est souhaitable. Un autre type de relation avec l’État s’impose. Cela mérite des études sérieuses. L’État est une fabrique de citoyens, de mentalités et de postures.
Ceci reste valable pour la Sodav ou on semble croire qu’elle reste une propriété des seuls musiciens ?
C’est juste une impression compréhensible, mais loin de la réalité. Toutes les filières s’y côtoient et font bon ménage. Son ancêtre, le BSDA, au départ, était largement dominé par les Lettres à cause de la personnalité de son créateur, le poète- président. La Sodav est un laboratoire interdisciplinaire à conserver et à développer. J’y siège comme membre du conseil d’administration. Pour la première fois, les arts visuels ont pu bénéficier de payement des droits avec une vingtaine de millions. La Sodav doit simplement mettre l’accent sur cette diversité dans sa stratégie de communication.
Qu’est qui explique cette dissonance pour vous ?
C’est encore juste une question de communication…
Revenons sur votre secteur, le marché de l’Art serait-ce une utopie ? Il se pose le problème de la cotation des artistes surtout que chez nous, on ne sait pas qui est qui. Les gens fonctionnant au feeling de l’artiste…
Le marché est toujours un instrument d’un système. Ce qui se passe chez nous est le reflet du système économique en place. Une situation regrettable dans un pays qui est le siège de la Biennale. Un grand gâchis. Le travail qui mérite d’être fait est celui de la professionnalisation de l’environnement de la biennale. Les artistes, le monde de l’économie, les médias et les artistes sont interpellés. Le marché dans tous les pays du monde est fabriqué par un environnement juridique de circonstance. Les artistes doivent se mettre à l’œuvre. Un certain engouement est cependant perceptible à travers des initiatives privées à saluer. Plusieurs galeries et autres lieux d’arts se mettent en place. Les pouvoirs publics doivent appuyer ce courant. Cette situation de confusion est propre à tous les secteurs. Les médias aussi sont interpellés.
Cette situation ne fausse -t- elle pas les règles du jeu?
En effet, mais le Sénégal est un pays qui fonctionne à plusieurs vitesses. Un budget conséquent pour la Biennale. Félicitations pour le Protecteur des Arts ! Mais et surtout l’affectation de l’ancien palais de justice annoncée pendant l’ouverture de la Biennale de 2018 pour en faire un Palais des Arts. Bravo, c’est le sens de l’histoire. Ce bâtiment est le laboratoire qui a vu naître l’État sénégalais par la puissance de l’institution judiciaire qu’il incarnait aujourd’hui et qui fait notre fierté. En faire un lieu du futur par la Culture est simplement une œuvre de grande facture historique. Sa position géographique le recommande comme premier rempart pour notre belle capitale contre l’anonymat. La communauté des arts tous secteurs confondus doit se mobiliser pour ce projet gigantesque. Une mesure qui grandit notre institution judiciaire, nous avons souvenance de ces discours inoubliables d’Isaac Foster, de Keba Mbaye mais aussi d’Ousmane Goundiam dans son mémorable propos et la tonalité à la prestation du président Abdou Diouf en 1981, les versets de Coran qu’il avait prononcés résonnent encore dans ce bâtiment. Oui Monsieur le Président, votre choix est historique. Notre pays doit se mettre à cette hauteur.
Dans une ville qui accueille la biennale de l’art, n’est-ce pas paradoxal qu’il n’existe que peu de galeries et que les expositions soient épisodiques ?
C’est un peu regrettable. Une mobilisation de tous s’impose : Etat, Artistes, monde de l’économie et médias. Il y a de la place pour tout le monde et le pays est plus important que nous tous..
Un musée d’art contemporain a été le vœu des plasticiens, vous retrouvez vous sur le contenu du musée des civilisations noires ?
Le Musée des civilisations noires suit sa trajectoire et il n’est pas le musée d’art contemporain que nous demandions. Ce dernier abrite des expositions d’arts contemporains certes, mais son orientation est autre chose. Le musée d’art contemporain est la suite logique pour un pays qui est l’initiateur de la Biennale de l’art contemporain africain. Pour être rentable, tout une logistique et infrastructures doivent accompagner cet évènement. Il n’est pas seulement un lieu d’exposition, mais une projection des sociétés africaines qui se dessine à travers les langages utilisés par ces artistes. Aider à comprendre le monde, afin de le déconstruire et le reconstruire. Le musée d’art contemporain est le projet le plus pertinent pour notre pays vu sa posture.
Beaucoup d’édifices publics sont construits, les artistes sont-ils associés dans le cadre de l’embellissement des lieux ?
C’est une situation ambigüe. Le président a montré la direction pour le centre Abdou Diouf. Mais depuis le début des années 2000, nous constatons que plusieurs sociétés nationales et autres projets publics ont acquis des œuvres dans des conditions qui restent à éclaircir. Il suffit de faire un tour dans ces édifices pour constater. La loi de 1968 et son décret d’application sont très clairs, mais ça aussi, c’est le Sénégal. Les artistes doivent se mobiliser pour l’effectivité de l’application de ces lois et décrets.
Diba reste il toujours cet artiste engagé ?
Je ne comprends pas ce vocable, je me laisse aller au gré de l’évolution de la société et du monde. Le monde est fluctuant voire dynamique. L’artiste est un voyageur qui est entraîné par ce courant. Son rôle est de rester perméable aux énergies ambiantes et de restituer ces énergies sous forme d’œuvres d’art. Oui, je suis toujours en mouvement en complicité avec ce monde et le langage de circonstance. Je me questionne comme tout le monde pour comprendre ce monde qui tient ce langage inaudible. Se projeter dans le futur avec la science et la technologie, mais aussi, je m’étonne pour ce même monde qui s’engage sur une voie de son propre anéantissement. Un jeu intéressant. Oui, je suis toujours engagé dans cette direction, un artiste n’est pas seulement un producteur de jolies choses puisque le mot beau est trop noble. Être artiste est une question de gentleman et l’art est un problème éminemment d’éthique.
Quel sens donnez-vous à votre travail artistique ?
Etre à la hauteur de l’humain.
LA MÉDINA, UNE GALERIE À CIEL OUVERT
Collages, peintures, graffitis… Dans la Medina, des dizaines d’artistes investissent les murs des maisons et redonnent une seconde vie au cœur historique de Dakar
Sur la façade en bois de la petite maison à un étage, un regard fixe le passant. L’œil gauche est niché entre deux fenêtres grillagées ; le droit, à moitié dissimulé par une bâche qui traîne dans la rue. Le visage de l’enfant, de même que la petite boucle d’oreille qui pend à son oreille, sont bien visibles. La fresque a été peinte en 2015 sur l’une des plus vieilles maisons de la Médina par le collectif Sabotaje Al Montaje, qui réunit des grapheurs originaires des Canaries.
Collages de photographies, peintures murales, graffitis… Il suffit de déambuler dans le quartier pour profiter des dizaines d’œuvres plaquées sur les portes et les façades des maisons. Ici des femmes noires à la coiffure afro, aux robes tout droit sorties de l’époque de Louis XIV, s’apprêtent à monter dans un palanquin aux couleurs des cars rapides dakarois (Doline Legrand Diop, 2018) ; là un chat allongé attend paresseusement que des humains imprudents se fassent piéger par une souricière où les francs CFA tiennent lieu de fromage (Marto, 2016). « Mais depuis que le chat est là, il n’a encore attrapé personne », plaisante Mamadou Boye Diallo.
Des murs qui racontent une histoire
À 32 ans, ce Dakarois est le fondateur de l’association Yataal Art (« Élargir l’art »). Depuis sa création, en 2010, une centaine d’artistes de toutes nationalités sont venus peindre les murs du quartier. « Les fresques murales, elles sont d’abord pour les maisons elles-mêmes, explique Mamadou Boye Diallo. Pour rendre l’art accessible, il fallait bien le faire sortir des musées et des belles galeries, et l’amener jusqu’aux quartiers défavorisés. L’art que l’on défend est un art vivant. L’après-midi, les habitants sortent devant les fresques pour partager le thé, c’est devant ces œuvres que les gens baptisent leurs enfants, qu’ils se marient… Ce sont des murs qui racontent une histoire. »
En 1914, quand les colons décident d’installer leur administration sur le Plateau, ils déplacent (« déguerpissent », dirait-on aujourd’hui) les populations noires aux portes du centre-ville, donnant ainsi naissance à la Médina. Il s’agissait selon eux de prévenir une épidémie de peste. Foyer d’une population hétéroclite, le quartier verra naître des artistes iconiques tels que le chanteur Youssou N’Dour et le percussionniste Doudou N’Diaye Rose.
Dans une ville où la rue sert souvent de vitrine aux artistes, la Médina revendique sa spécificité. « À Dakar, le street art se pratique surtout le long des routes, sur des infrastructures publiques. Nous, c’est différent. On travaille sur d’anciennes maisons détériorées auxquelles on donne une seconde vie. Les artistes n’ont besoin d’aucune autorisation de la ville, juste celle des habitants de la maison sur laquelle ils travaillent, puisque c’est une propriété privée », revendique Mamadou Boye Diallo.
Bouche-à-oreille
L’un des artistes le plus représenté – et le plus connu – du quartier est aussi un enfant de la Médina. Toute la journée, Pape Diop peint, avec ce qu’il peut (café, huile de moteur, mégots de cigarettes) et sur tout ce qu’il trouve (murs, sols, morceaux de bois ou cartons). Son personnage de prédilection ? Serigne Touba [guide spirituel et fondateur du mouridisme]. Marginal pour certains, génie incompris pour d’autres, il a exposé ses œuvres en 2019 à l’Institut français de Dakar.
Dans son roman « La saveur des derniers mètres », l’écrivain et universitaire sénégalais raconte les voyages et les visages qui lui permettent de se reconnecter avec lui-même
On y parle d’Afrotopia, son désormais fameux essai. Peut-être parce que c’est l’un des fils conducteurs qui, depuis quatre ans, a mené Felwine Sarr dans plusieurs coins du monde. Des aéroports, des villes, des chambres d’hôtels, des édifices, des monuments, des musées, des salles de spectacles mais aussi des rues qu’il arpente non sans contemplation. Autre fil conducteur : sa routine sportive mêlant jogging – dont les derniers mètres sont le miel de l’existence pour qui a soif de liberté – et le budo, art martial qu’il pratique depuis des années.
Et puis, il y a feu le Vieux colonel, son père, qui repose dans le jardin de Baaback, à Niodior, île sénégalaise où Felwine, « celui que tout le monde aime » en langue sérère, a vu le jour en 1972. Ceux qu’il croise – avec qui il échange en silence ou de vive voix, ceux dont il se souvient ou ceux qu’il jauge – permettent à l’écrivain sénégalais, qui enseigne désormais les humanités à l’université de Duke, en Caroline du Nord, de mieux saisir le rythme du monde dans lequel il se déplace.
« Maintenir la lumière allumée »
Mexico, Istanbul, Lisbonne, Dakar, Niodior, Saint-Louis du Sénégal, Port-au-Prince, Yaoundé, Conakry, Kampala, Naples, Cassis, Le Caire, etc. De la philosophe américaine Judith Butler au poète-éditeur haïtien Rodney Saint-Eloi ; des membres du Bembeya Jazz au joueur de kora Ablaye Cissoko ; du militant camerounais Prince Kum’a n’Dumbe III à l’écrivaine haïtienne Yannick Lahens ; de la chercheuse française Bénédicte Savoy à son compatriote tout aussi écrivain Mbougar Sarr. Pour ne citer qu’eux…
« Partout dans le monde, des femmes et des hommes de bonne volonté travaillent à maintenir la lumière allumée. J’en ai rencontré à Alger, à Lannion, à la Villette à Paris, à Ouaga et ici, à Lisbonne », écrit Felwine Sarr.
La saveur des derniers mètres est un carnet de voyages un peu particulier. C’est qu’en filigrane, le long de ses routes empruntées à pied ou en joggant – car « l’effort est (sa) loi » et la place du Souvenir de Dakar son dojo –, Felwine Sarr se dévoile. Qui est ce héraut de la nouvelle pensée africaine animé par les spiritualités ? Qui est cet adepte d’arts martiaux qui aura compris grâce à feu son instructeur qu’« il faut quitter les lieux en ayant donné toujours plus que l’on a reçu, sans amertume »?
EXCLUSIF SENEPLUS - Un guide, une référence, un modèle de rigueur et de vertu, tout à la fois tolérant et ouvert sur les opinions mais ferme et intransigeant sur les codes de conduite - Hommage à un fils de Saint-Louis
" Ce sont les bons aristocrates qui font les bons démocrates " disait Talleyrand...
Aussi paradoxal que cela apparaisse à première vue, la démocratie est bien une affaire d'aristocrates ... Pas dans le sens de celui qui s’attribue et revendique un privilège de naissance pour lequel il n’a aucun mérite, mais dans celui qui fonde sa fierté sur son sens du travail bien fait, du souci permanent de l’excellence et de la dignité. Et qui, du coup, élève le goût de l’effort et les exigences de qualité aux rangs de valeurs subliminales...
C’est Abdoulaye Chimère Diaw, tel que nous l'avons connu et vécu depuis une adolescence partagée avec ses enfants par le hasard de rencontres dont seule la vie a le secret.
Makhtar Chimère Diaw et Mame Mariteuw Chimère, plus connu sous le petit nom de Bébé Mame, ont été en effet des camarades de promotion et amis du Lycée Van Vollenhoven, actuel lycée Lamine Gueye. Ensemble, nous avons partagé un parcours ininterrompu depuis lors au point d'en arriver à une fraternité assimilable à des liens de sang.
Il n’était pas seulement pour nous un père qu’on respecte par devoir. Il a été plutôt pour ses enfants et neveux de sang et d’adoption à la fois un parent attentionné et généreux, mais surtout un guide, une référence, un modèle de rigueur et de vertu, tout à la fois tolérant et ouvert sur les opinions mais ferme et intransigeant sur les codes de conduite.
Premier Sénégalais Directeur général des impôts et domaines du pays après une belle carrière de cadre métropolitain sous l’empire du régime colonial, il a fait partie de la génération des hommes et femmes bâtisseurs de l’Etat du Sénégal indépendant.
Sa présence au coeur de l'etablishment de cette époque ne devait en rien justifier à ses yeux que les jeunes contestataires fougueux que nous étions dans la dynamique post 'soixante huitarde " soient aliénés du libre choix des termes de leur engagement militant.
Le 4ème étage de l’immeuble du bloc fiscal, sa résidence de fonction, a été des années durant un des sièges de notre petite organisation clandestine de l’époque où Mame Mariteuw gardait précieusement l'une des rares machines ronéo avec lesquelles étaient dactylographiés les tracts incendiaires qui circulaient sous les manteaux en cette période agitée du régime du Président Senghor.
Dans nos débats politiques passionnés de cette époque, je garde le souvenir des commentaires de Pape Amadou Chimère tôt arraché à notre affection qui, tout en partageant notre refus de la démocratie confisquée, n'en trouvait pas moins notre radicalisme excessif. Il aimait bien nous provoquer en nous jetant à la figure : " Si on suit Abdou Fall et Bébé Mame dans leur logique, c’est à croire que les ministres vont devoir se retrouver avec des " deux chevaux" comme voitures de fonction ! ! "
C'est dans cette ambiance de débats animés et contradictoires sans entrave qu’il suivait de loin que le Père Chimère a puissamment contribué à forger en nous ce goût de la liberté, de l’étude et de la culture. Cette chaleureuse proximité avec lui nous donnait le privilège de profiter, très jeunes, de ses abonnements à des revues et grands journaux français tels que le Monde que Bébé Mame mettait fraternellement dans les archives du groupe.
Je reste convaincu que cette fraîcheur intellectuelle entretenue de tout temps aura été parmi les facteurs explicatifs de l’exceptionnelle résilience mentale qui lui permit de garder sa lucidité jusqu’au terme des 99 années qu'il a pleinement vécues.
Un parcours exemplaire à tout point de vues. Au sommet de la hiérarchie administrative en France, en Afrique et dans son pays. Député, Maire de sa ville natale et Vice-Président de l’Assemblée Nationale. Président co-fondateur d'un des fleurons du bâtiment et du génie civil au Sénégal et en Afrique. Une vie spirituelle d'une grande intensité dans le coeur de la Tidjania Sénégalaise.
Pour avoir servi son pays avec autant d’éclat sur tous ces fronts, Abdoulaye Chimère Diaw aura mené une vie utile dans la lignée des grands hommes dont les destins se confondent avec ceux des nations qui les ont vus naître. Il convient de toujours rappeler que l'histoire d'une nation se construit à travers le récit des grands événements qui jalonnent son parcours, mais elle s'écrit également à travers l'action de grands personnages qui marquent leur époque par des parcours exceptionnels drapés du sceau de l’exemplarité. Un sens aigu de l’Etat qu’il a servi avec loyauté jusqu’au bout. Un patriote intransigeant attaché à sa culture qui se confond au demeurant avec sa religion et passionnément attaché à son terroir. Un homme du monde, intime à la fois de Jacques Chirac et Pierre Mauroy. Un chef d’entreprise accompli qui aura légué à son pays un puissant outil de production.
C’est tout cela Abdoulaye Chimère Diaw qui aura tôt compris comme l'écrit Tolstoi dans "guerre et paix " : " L'existence de la mort nous conduit, soit à renoncer à la vie, soit à donner à notre vie un sens que la mort ne peut effacer ". Ce qu'il aura assurément réussi avec brio et panache. Élégant et racé jusqu’au bout. En Grand Monsieur !
Abdou Fall est un ancien Ministre d'État. Il est actuellement le président du conseil d'administration de l'Apix
SHINE TO LEAD PREND LA REVANCHE DES JEUNES FILLES EN SCIENCES
L’initiative Shine to Lead/JiggenJangTekki, qui œuvre depuis 2017 pour l’accompagnement des jeunes filles scientifiques de familles modestes, a procédé au lancement de sa nouvelle cohorte de lycéennes devant bénéficier de ses bourses d’excellence
Pour la première fois, l’association a recruté ses lauréates dans la région de Saint-Louis, où 10 jeunes filles du lycée AmethFall ont été sélectionnées pour intégrer le programme. Les représentantes de l’initiative ont effectué un déplacement à Saint-Louis et ont profité de l’occasion pour remettre des fournitures scolaires aux nouvelles recrues. Les kits scolaires sont composés de sacs contenant des livres et des outils didactiques de Maths et Physique Chimie, de romans, de polos, etc. Ces jeunes filles intègrent ainsi officiellement la cohorte de nouvelles lauréates des bourses de Shine to Lead. Avec ses moyens modestes et limités, c’est pour la première fois que Shine to Lead sélectionne de nouvelles boursières hors de la région de Dakar.
Les dons octroyés entrent dans le cadre des bourses d'excellence que Shine to Lead accorde à des jeunes lycéennes des familles défavorisées, mais très prometteuses dans les sciences. En effet, chaque année depuis son lancement, l’association constitue des cohortes de nouvelles boursières, en fonction de ses moyens. Les lauréates bénéficient des cours en ligne, d’un programme de mentorat de femmes leaders en plus des bourses. Le contexte de la crise sanitaire étant une réalité, l’association y a intégré cette année les masques et du gel.
«Nous sommes ravies d’apporter cette contribution de Shine to Lead. C’est une première cohorte. Nous avons un grand espoir de pouvoir continuer d’année en année à la faire grossir», a promis Rokhaya Solange MbengueNdir, vice-présidente de Shine to Lead avant de rappeler le but de cet accompagnement de l’association. «L’objectif c’est que ces jeunes filles, plus tard, puissent elles aussi inspirer, accompagner leurs petites sœurs. C’est grâce justement à tous ces outils, à cet accompagnement de toutes les parties prenantes qu’elles réussiront à être des femmes leaders qui demain vont diriger notre pays», a ajouté Mme MbengueNdir.
Après réception des fournitures, la proviseure du lycée, Madame AdiaraSy a salué ce geste et le choix porté sur son établissement, le lycée Ameth Fall. «Nous sommes très ravis d’accueillir aujourd’hui Shine to Lead (STL) représentée par mesdames Rokhaya Solange MbengueNdir et Clara Fanahimanana. J’en profite pour remercier l’association au nom du personnel, de l’ensemble des élèves et au nom des dix filles». Émues et enthousiastes, les récipiendaires n’ont pas caché, elles aussi leurs sentiments et pour que l’accompagnement ne soit rompu, elles ont remercié STL et fait la promesse à Shine to Lead de ne pas décevoir. «Je suis vraiment honorée, heureuse et fière de faire partie du programme de Shine to Lead qui met en avant l’éducation des filles, nous booste pour que nous allions de l’avant et fait tout son possible pour que nous puissions nous nous construire un bel avenir», a dit NdèyeAnta Diagne, une des bénéficiaires. Oumou Mouhamadou Daff, pour sa part, se félicite du choix de son lycée. «Nous vous remercions d’avoir choisi notre lycée et nous vous promettons de faire de notre mieux pour continuer dans l’excellence, pour prouver que nous méritions l’appui que vous nous apporter».
Depuis 2017, Shine to Lead a apporté son appui à 90 jeunes filles des milieux défavorisés de la région de Dakar et sa banlieue. Faute de grands moyens, l’association appuie un nombre très réduit de jeunes filles, mais c’est un appui fort qualitatif à travers ses différents programmes comme le Mentorat. Il s’agit d’un Programme dont le but principal est d’attribuer un mentor à chaque boursière, afin de la soutenir et de lui assurer un suivi personnel pendant l’année scolaire. La finalité est de coacher et de motiver les lauréates afin qu’elles deviennent demain des leaders, tant sur le plan personnel qu’au sein de leurs communautés respectives. Les mentors sont elles-mêmes des modèles de leadership féminin réussi, agissant dans différentes sphères de la société sénégalaise, explique l'association sur son site.
Shine to Lead prend la revanche des filles en sciences.
Lancé en 2017, Shine to Lead est une initiative qui soutient une catégorie de lycéennes et les accompagne dans le développement de leur leadership. Portée par de braves femmes qui sont elles-mêmes un modèle d’engagement et de leadership, l’initiative vise à offrir des bourses d’excellence à des jeunes filles brillantes issues de milieux défavorisés au Sénégal à partir de la classe de seconde. La finalité est d’accroître les chances de ces jeunes filles de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions et de développer leurs capacités de leadership, explique l’association sur son site.
Les bourses octroyées aux bénéficiaires couvrent les frais d’inscription, les frais de scolarité, les fournitures et livres scolaires, les frais de transport, le trousseau, des livres sur des thèmes liés au développement personnel, des frais personnels (exemple : les garnitures. En Afrique, les statistiques montrent qu’une jeune fille sur dix ne va pas à l’école pendant ses menstrues ne disposant pas d’assez de fonds pour acheter des protections périodiques).
La pertinence de l’engagement de Shine to lead se comprend quand on sait que l’un des domaines dans lesquels les filles sont victimes d’injustice, notamment dans les pays pauvres et les sociétés traditionnelles, demeure le droit à l'éducation. Souvent, les normes sociales favorisant l’inégalité entre les sexes privent les filles du droit à l’apprentissage. Quand les filles ont la chance d’accéder à l’éducation, terminer le cursus, il reste une autre paire de manches. Elles ont beau avoir toute la volonté du monde, faire des performances honorables en termes de rendement scolaire, mais l’environnement, parfois, ne plaident pas en leur faveur : manque de moyens, longs trajets pour aller à l’école, manque d’encadrement et au pire des cas mariage précoce et autres obstacles associés.
L’initiative de Dakar de l’an 2000
C’est au vu de cette situation que l’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles (UNGEI), un partenariat d’organismes voués à la promotion de l’éducation des filles, a été lancée en 2000 lors du Forum mondial sur l’éducation à Dakar par le Secrétaire général de l’ONU d’alors, Feu Kofi Annan. Mais l’UNGEI mise plus sur l’éducation de base, une fois que le primaire est terminé, il faut que le collègue et le lycée soient assurés et enfin le supérieur. Il est donc urgent surtout pour les jeunes filles dévouées et qui ont un fort potentiel, que tous obstacles soient levés sur le chemin pour qu’elles puissent avancer sereinement. C’est en cela que se trouve la pertinence de Shine to lead, une association modeste qui travaille sans trompette ni tambour et qui épaule des jeunes des séries scientifiques depuis 2017.
Avec un tel appui, le risque d’abandon est écarté et il y a de fortes chances que ces lycéennes terminent leurs études secondaires et accèdent aux études supérieures sans trop de soucis. Leur succès est aussi le succès de leur famille, de la société de manière générale puisqu'elles participeront sans nul doute à la construction du pays.
LES FRERES TOURE, YOUSSOU NDOUR ET LE MICRO SANS FIL !
Dans un pays aussi pauvre économiquement que le Sénégal, seule la richesse culturelle peut donner la joie de vivre. Et l’enthousiasme de se défouler. D’où l’importance des grandes manifestations sportives et musicales.
Dans un pays aussi pauvre économiquement que le Sénégal, seule la richesse culturelle peut donner la joie de vivre. Et l’enthousiasme de se défouler. D’où l’importance des grandes manifestations sportives et musicales. Jusque dans les années 80 et 90, les concerts des fêtes du 04 avril, de la Tabaski, de la Korité, du 25 décembre et autres 1er janvier ont toujours rythmé notre jeunesse. Et qu’on le veuille ou non, Youssou Ndour et le Super Etoile de Dakar avaient fini par « monopoliser » toutes ces dates à travers des méga-concerts aussi bien au stade Demba Diop qu’au théâtre national Daniel Sorano. Grâce à son sérieux et son professionnalisme, l’artiste planétaire Youssou Ndour, à travers ses rendez-vous annuels de Tabaski ou de Korité — mais aussi de fêtes de fin d’année — constituait le pôle d’attraction et un lieu de convergence pour tous les fêtards et mélomanes du Sénégal. Comme quoi, tout chanteur ou promoteur concurrent qui s’aventurait à jouer une date coïncidant avec celle du roi du Mbalax, allait tout droit vers un…fiasco.
Le groupe TouréKunda a constitué l’exception en ces annéeslà ! La preuve par l’année 1984 où le groupe Touré-Kunda débarqua, un après-midi de Tabaski, au stade de Demba Diop. A la clé, un impressionnant camion-podium rempli de 20 tonnes d’instruments de musique et de matériels de sonorisation. Une logistique ultramoderne que les mélomanes et spectateurs venaient de découvrir pour la première fois à Dakar. De même que les responsables et intendants du stade Demba Diop qui multipliaient les manœuvres acrobatiques pour faire rentrer, sans succès, le camion-podium dans l’enceinte du stade. Ce jour-là, ajoute Sixu, les logisticiens et techniciens français du groupe Touré-Kunda avaient tout essayé jusqu’à dégonfler les pneus, mais ils n’ont pas réussi à faire entrer le camion dans le stade. Il a fallu l’intervention du président Abdou Diouf pour autoriser la démolition d’une partie du portail de Demba Diop trop étroit pour la circonstance. Rien que cette instruction « fuitée » du président de la République suffisait pour faire monter l’engouement et l’effervescence autour de ce concert historique. Voir de près, en chair et en os, les frères Touré qui faisaient vibrer la France et l’Europe, c’était une occasion à ne pas rater ! Pendant ce temps, nous rappelle-t-on, certaines stars et divas de la musique sénégalaise s’activaient dans les coulisses — et jusqu’en basse et haute Casamance ! — pour se faire inviter à ce méga-concert à Demba Diop.
Contrairement à Youssou Ndour qui avait eu l’honneur et le privilège d’être convié sur scène par les frères Touré eux-mêmes. Il vrai que You n’était pas en terrain inconnu dans ce mythique stade pour l’avoir toujours conquis à guichets fermés ! Mais cette fois-là, toutefois, il fallait à notre You national s’adapter aux nouveaux instruments de pointe de la marque «T-K». Et surtout au fameux « micro sans fil » révolutionnaire offrant plus de liberté sur scène. « Micro sans fil » ? Un exercice très difficile pour un Youssou Ndour habitué à chanter et sauter avec un micro doté d’un long fil qu’il trimballait sur l’estrade. Cette Tabaski de l’année 1984-là à Demba Diop, l’auteur, compositeur et interprète du Super Etoile de Dakar avait été mis à l’épreuve de la toute-nouvelle technologie. A chaque fois que You s’élançait sur un refrain avec le « micro sans fil », il tentait par intermittence de se défaire du « fil » qui n’existait que dans son imagination. Un « tic » d’un novice qui, bien que discret, avait fini par provoquer l’hilarité générale d’un public à la fois ébahi et sidéré.
Le grand Youssou Ndour et son « fil » encombrant qu’il essayait de camoufler par des jeux et sauts de scène, c’était là tout un spectacle ! Au finish, la brillante prestation du roi du Mbalax avait eu raison de ce « micro sans fil » insaisissable. Avec un sourire nostalgique, Sixu Tidiane, l’un des frères TouréKunda se souvient de cette anecdote: « Il faut comprendre qu’à l’époque notre ami Youssou Ndour n’avait pas l’habitude des micros sans fil. Mais aujourd’hui, il en connait mieux que nous ! » relativise l’homme aux rastas avant d’ajouter : « D’ailleurs, je profite de l’occasion pour magnifier l’immense talent et le professionnalisme démesuré de Youssou Ndour qui n’a pas encore fini de séduire le monde de la musique ».
Abdou Diouf et les…lettres de créances
Dans les coulisses du sommet FranceAfrique de Vittel (France) en 1983, le président de la République d’alors du Sénégal, Abdou Diouf, avait promis aux frères TouréKunda qu’il allait s’investir pour le succès de leur première tournée africaine baptisée « Paris-Ziguinchor ».
Pour ce faire, durant l’étape de Dakar, il avait donné des instructions fermes aux membres du gouvernement concernés pour que tous les concerts et spectacles du groupe Touré Kunda soient exonérés de taxes. Même les droits de douane et les frais de manutention pour faire sortir le camion-podium du port de Dakar avaient été pris en charge par la présidence de la République » révèle Sixu en guise de reconnaissance à l’endroit de l’ancien chef de l’Etat, Abdou Diouf. Et pour la réussite de cette tournée africaine, le même président avait élevé au rang d’ambassadeurs culturels les frères Touré pour pouvoir les recommander auprès de ses homologues chefs d’Etat africains. « Le président Abdou Diouf nous avait même donné des lettres de recommandation, pour ne pas dire des « lettres de créances » afin de faciliter l’organisation de nos concerts en Gambie, en Côte d’Ivoire, au Mali etc. A travers cette grande tournée africaine, nous avons réussi à prouver à Angélique Kidjo, Salif Keita, Youssou Ndour, Manu Dibango et d’autres stars du continent que c’était possible de s’imposer en France et dans le reste du monde pour le rayonnement de notre patrimoine culturel » commente encore Sixu.
Pour preuve, dès son retour en France fin 1984, le groupe Touré-Kunda croule sous le poids des concerts et spectacles à l’échelle mondiale qui l’ont conduit au Japon, aux Usa, au Mexique, en Chine etc. En 40 ans de carrière, les frères Touré ont animé, à travers le monde, plus de 2.000 concerts et spectacles. Ce sans oublier les prolongations que jouent actuellement Sixu et Ismaïla. « Pas plus tard que l’année dernière (Ndlr 2020), nous avons joué en dehors de la France. Et on continue encore à jouer » indique Sixu sans pour autant reconnaitre que le mythique groupe Touré-Kunda a perdu son lustre d’antan. Après le décès d’Amadou et la « rébellion » d’Ousmane, le parfum de la décadence se fait sentir.
Que de beaux souvenirs !
A l’entame de cette série de concerts sanctionnés par de nombreux prix et distinctions, les célèbres auteurs et compositeurs de « Emma », « Amadou Tilo », « Natalia », « Toubab Bi », « Ninki Nanka », « Salam », « Santhiaba » et autres tubes, ont fait un retour mémorable au terroir des ancêtres, la Casamance. Ce concert tenu au stade Aline Sitoe Diatta semblait avoir pour but non seulement de communier avec leur public mais aussi de bénéficier des prières et de la bénédiction des « anges gardiens » qui ont vu naitre et grandir les frères Touré. Aux premières loges de ce concert, le père Daby Touré ayant à ses cotés les grands notables et dignitaires de Ziguinchor. « Mes frères Ousmane et Ismaila vous le diront, la présence de notre cher Papa au concert reste et demeure un de nos plus beaux souvenirs. En provenance de la mosquée après la prière de Guéwé (nuit), mon père, en compagnie des imams et oulémas du quartier, s’est dirigé vers le stade alors que le concert venait de démarrer. Tout souriant, notre Papa nous avait interpellés pour nous demander d’ouvrir gracieusement les portes du stade aux milliers de sans-tickets. Aussitôt, nous avons accédé favorablement à sa demande. Malgré le manque à gagner, nous nous étions exécutés. Cette autorité dont fit montre notre père ce soir-là marquera à jamais le groupe Touré-Kunda » assure Sixu en exclusivité au « Témoin ».
Sixu, les dreadlocks et le veuvage
Sur scène, Sixu Tidiane se distinguait du reste de la fratrie par ses dreadlocks. « Ah tiens, celui-là, le rastaman c’est Sixu Tidiane! » s’écriaient les fans du groupe Touré-Kunda. Quant à Ismaïla, rien ne permettrait de le confondre avec Sixu. Apparemment, ils ne se ressemblent pas. En tout cas, pas pour certains ! Et pourtant, ils sont presque des « jumeaux » puisque nés, de mères différentes (coépouses) il est vrai mais vingt-deux jours d’intervalle seulement ! Comme signe distinctif, Ismaïla se cache éternellement derrière ses lunettes de vue. Mais aujourd’hui, si Sixu porte des lunettes, on risque de le confondre avec Ismaïla ! Pour cause ? Parce que, tout simplement, Sixu s’est débarrassé de ses dreadlocks. Pourquoi ? « Après le décès mon épouse, mes enfants ne pouvaient plus tolérer que je supporte le fardeau des dreadlocks. Et j’ai coupé les fameuses tresses !
D’ailleurs, votre dirpub Mamadou Oumar Ndiaye et l’ancien ministre Ousmane Ngom connaissaient très bien ma défunte épouse (Ndlr, c’était la fille de l’ancienne ministre socialiste de la Santé, Dr Marie Sarr Mbodj) qui les avait invités à déjeuner lors d’un de leur passage à Paris. Mes deux invités étaient en compagnie de ma tante Ciré Ndiamé, une ancienne militante du Pds. C’était en 1988 au quartier Belle-ville où j’habitais à l’époque. Juste pour dire que seul le décès de mon épouse pouvait me séparer de mes dreadlocks » explique Sixu.
Selon les mauvaises langues, si Ousmane a quitté le groupe, c’est parce que l’ex-manager français Olivier faisait une répartition inéquitable des fonds. Interrogé sur cette rumeur malveillante, l’ex-homme aux rastas répond sans ambages : « C’est faux ! Notre manager Oliver n’est pour rien dans le départ d’Ousmane. C’est un problème entre frères Touré comme il peut en exister dans toutes les familles. D’ailleurs, c’est toujours avec beaucoup de désolation que j’évoque le départ d’Ousmane. Car j’ai tout fait avec insistance pour qu’il revienne dans le groupe mais sans y parvenir, hélas ! C’est toujours regrettable de se séparer d’un frère dans le cadre du travail... » se désole Sixu à propos du clash intervenu entre lui, Ismaïla, d’un côté, et Ousmane Touré de l’autre...