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3 décembre 2024
Culture
par Fadel Dia
QUAND RFI FAIT LA LEÇON AUX RADIOS AFRICAINES
Nos indépendances ont ajouté à la balkanisation de nos pays celle de nos langues. Les émissions de RFI en mandenkan et en fulfulde nous rappellent à tous qu’une langue n’est pas une nationalité, qu’elle est avant tout une culture...
L’implantation à Dakar des antennes de Rfi en mandenkan et en fulfulde et le démarrage effectif d'un programme renforcé dans ces deux conglomérats linguistiques représente un événement majeur dans notre paysage médiatique. On ne peut donc que regretter que la presse ouest-africaine en général et sénégalaise en particulier, ne lui ait pas consacré la place qu'il méritait.
Le choix de la capitale sénégalaise pour accueillir cette structure n’allait pourtant pas de soi. Dans la sous-région, notre pays n’est pas en effet celui qui abrite les communautés mandenkan et fulfulde les plus nombreuses ni même les plus mobilisées pour la défense de leurs cultures respectives et nos médias, radios et télévisions, ne leur consacrent qu’une faible part de leurs programmes, quand ils ne les ignorent pas tout simplement.
A défaut de Bamako, black listée par la France, Abidjan, pour le mandenkan, ou Conakry, pour le fulfulde, auraient été des choix plus objectifs car même si ces dernières capitales ne se trouvent pas dans leurs aires géographiques traditionnelles, les populations de langue dioula et peule y exercent une forte influence en raison de leur poids culturel ou économique. On peut donc dire que le choix de Dakar est, d’une certaine manière, une forme d’illustration de « l’exception sénégalaise », le signe que, grâce à la relative sérénité de sa vie politique, à l’esprit de tolérance de ses populations et à leur cohésion sociale, notre pays mérite sa réputation de terre d’accueil et de stabilité. C’est donc une fois encore, l’occasion d’inviter nos politiques, et tout particulièrement nos dirigeants, à préserver cet acquis et à en faire le fondement même de notre culture politique... Mais l’important est bien ailleurs que dans cette faveur accordée à notre pays et qui, peut-être, a d’autres motivations moins avouables.
L’important, c’est d’abord le seul fait que ces émissions, diffusées depuis une terre africaine, soient placées sous la responsabilité de femmes et d’hommes locuteurs des deux langues, formés au métier de journaliste, initiés aux méthodes modernes et ouverts au monde extérieur. Cela nous change des « animateurs » formés sur le tas et dont quelques-uns ont été choisis par leur entregent plus que par leur compétence, ou des « communicateurs traditionnels »souvent enclins au travestissement ou à la laudation, et qui constituent le gros des troupes de ceux qui servent les langues locales sur nos antennes.
Avec Rfi, les auditeurs en fulfulde ou mandenkan ont désormais accès aux mêmes informations que ceux qui l’écoutent en français et peuvent participer à des émissions interactives calquées, par exemple, sur le modèle d’émissions aussi populaires que « Appel sur l’actualité » ou « Alors on dit quoi? ». C’est un changement de qualité significatif car, au Sénégal comme dans les autres pays de la région, les émissions en langue locale, même lorsqu’elle est appelée pompeusement « langue nationale » alors qu’elle s’est à peine émancipée de son vieil statut colonial de langue vernaculaire, tournent généralement autour des faits divers, quand elles ne se contentent pas de faire du folklore ou de la pseudo histoire.
Enfin, et ce n’est pas anodin, l’offre éditoriale de Rfi en mandenkan et en fulfulde est à la fois indépendante des pouvoirs locaux, politiques mais aussi religieux, plus fiable et plus pluridisciplinaire puisque tous les sujets sont abordés : la jeunesse, la santé, le genre, l’économie, l’environnement et bien sûr l’actualité, sans compter la revue de presse... Mais le plus important, c’est sans doute que ces émissions brisent le carcan colonial dans lequel étaient enfermées nos cultures et nos parlers et qui a fait que nos indépendances ont ajouté à la balkanisation de nos pays celle de nos langues. Les chaînes de radio sénégalaises qui émettent en wolof ne se préoccupent guère du wolof diffusé en Gambie, quand elles ne le tournent pas en ridicule, le mandingue propagé par nos radios ne profite pas non plus des subtilités engrangées par le malinké de Guinée ou par le dioula de Côte d’Ivoire.
La situation est encore plus rocambolesque pour les populations de langues peules qui constituent, peut-être à une exception près, des groupes minoritaires,, éparpillés sur un vaste archipel. Les émissions de Rfi en mandenkan et en fulfulde nous rappellent à tous qu’une langue n’est pas une nationalité, qu’elle est avant tout une culture...
Evidemment, pour parvenir à cet exploit, il a fallu que Rfi se dote de nouveaux moyens, mais elle s’est surtout donné du temps en augmentant les crédits horaires consacrés aux deux langues, tout en facilitant le relais de ses émissions par les radios communautaires et en offrant même à ses auditeurs la possibilité de la suivre sur les réseaux sociaux et sur les ondes courtes...
La balkanisation de nos langues, amplifiée par le fait qu’elles ne sont pas généralement enseignées à l’école et qu’elles n’ont pas de supports écrits, a eu pour conséquence de faire d’elles, non des traits d’union entre les populations qui les véhiculent, mais des idiomes nationaux, reconnaissables par leurs accents ou leur vocabulaire... Je ne peux pas me prononcer sur les sentiments des auditeurs de Rfi en mandenkan, mais je ne crois pas me tromper en affirmant que ceux qui l’écoutent en fulfulde sont partagés entre la curiosité et l’émotion face à la confrontation, toute pacifique, de parlers d’une même famille qui, à leur grand désespoir, s’écartent les uns des autres au fil des jours. Ils sont sensibles aux efforts que font les journalistes venus du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso ou de Guinée pour d’abord se comprendre entre eux avant de se faire comprendre par leurs auditeurs et de construire par petites touches une lingua franca compréhensible par tous. J’espère que leurs auditeurs sont prêts, à leur tour, à fournir le même effort, à se plier au même exercice et à s’apercevoir qu’ils parlent tous la même langue.
D’ores et déjà, on peut dire que pour la première fois et sur une même radio les différences s’estompent entre pulaar, fulfulde, fulani et que chaque parler enrichit l’autre. Pour la première fois enfin, une chaîne de radio de grande diffusion émet chaque jour, sept jours sur sept, et deux heures durant dans une langue parlée par des dizaines de millions de personnes réparties dans près de quinze pays. C’est une double révolution.
LA CRISE SECURITAIRE AU MALI FAVORISE LE TRAFIC DES BIENS CULTURELS
Le trafic illicite des biens culturels a pris une nouvelle dimension avec l’éclatement de la crise au Mali, en 2012, au moment où les pays européens s’engagent à rendre au continent des objets de haute valeur dérobés généralement, pendant la colonisation
Le trafic illicite des biens culturels a pris une nouvelle dimension avec l’éclatement de la crise au Mali, en 2012, au moment où les pays européens s’engagent à rendre au continent des objets de haute valeur dérobés généralement, pendant la colonisation.
Selon le directeur général du Musée national, Dr Daouda Keïta, après la crise de 2012 au Mali, le trafic des biens culturels s’est intensifié avec l’effondrement de l’Etat dans certaines régions. Une bonne partie des sites et biens culturels était à la merci des prédateurs. « Lorsque les objets sont volés, détruits ou retirés de leur contexte historique, ils sont souvent perdus à jamais », explique-t-il.
En 2014, le site de Goudji Touréla, à Ségou, dans le Centre du Mali, a fait l’objet de fouilles illicites par un réseau de vendeurs de biens culturels africains. Cela du fait de l’effondrement de l’administration publique en charge de la protection des biens culturels. Pendant cette période, des milliers d’objets ont été emportés et vendus à des collectionneurs ou amateurs d’art africain.
Le directeur du Musée national relève que les pilleurs sont bien organisés en réseau. « Des pilleurs ont fait des fouilles et des antiquaires ont acheté sur le site », a révélé Dr Keita.
Des milliers d’objets africains ont été emportés vers de grands musées. Le conseiller technique au ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Dr Mamadou Cissé, en charge du patrimoine culturel, soutient que le phénomène a eu un coup d’accélérateur pendant la crise sécuritaire. Les sites de Djenné-Djeno et du Delta central ont fait l’objet d’un grand pillage. Plusieurs autres sites dans le Septentrion et dans le Sud ont également subi le même sort. « L’année dernière, certains responsables de services techniques ont été menacés par les prédateurs », a annoncé l’archéologue Cissé.
Certains individus profitent de la crise sécuritaire pour sauter les verrous. Ils entretiennent une grande complicité avec un réseau d’antiquaires et de collectionneurs de l’art africain. Cette hypothèse est confirmée par les archéologues et historiens maliens que nous avons rencontrés.
Les turbulences enregistrées au Mali, depuis mars 2012, à la suite d’un putsch, expliquent amplement cet état de fait. Parce qu’il y a eu l’occupation des deux tiers du territoire national par des groupes armés qui ont procédé à une destruction massive et au pillage des biens culturels.
Suite aux pillage et trafic illicite de biens culturels vers d’autres horizons, les autorités maliennes, en partenariat avec l’Unesco et d’autres partenaires techniques et financiers, ont multiplié les initiatives et les actions pour barrer la route aux prédateurs de notre identité culturelle. En réponse à cet engagement commun, les autorités françaises ont, également, promis de restituer 16 objets. Un lot de six objets sera restitué dans un premier temps. La seconde phase de restitution portera sur les dix autres.
Cette décision de restitution intervient après le rapport d’une équipe de chercheurs engagée par le président français, Emmanuel Macron, qui s’appuie sur le rapport de Felwine Sarr et de Bénédicte Savoy. Ce document d’inventaire en trois volumes de 863 pages établit que 6.910 objets, en provenance du Mali, ont été inventoriés dans les collections du Musée du Quai Branly qui dispose de milliers d’objets africains d’une valeur inestimable.
Dans le souci de bien accueillir ces objets et de les garder dans des conditions optimales, le département de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme a initié plusieurs projets, dont l’organisation, en décembre, d’un atelier de réflexion pour faire l’état des lieux dans les musées et institutions en vue d’assurer une bonne condition de conservation de ces biens restitués.
Il s’agissait, également, de faire des propositions concrètes sur le sort des œuvres à rapatrier. Les autorités en charge de la question entendent exploiter toutes les opportunités pour ramener une bonne partie de nos objets identitaires et mettre en place un mécanisme pour contrarier les trafiquants de biens culturels dans le noir dessein qu’ils nourrissent d’aliéner notre patrimoine culturel. C’est dans cette vision globale de protection des biens culturels que le ministère en charge de la Culture a organisé un autre atelier sur la restitution des biens culturels africains sous le thème : “Quels objets et quelles stratégies pour le Mali” du 26 au 28 décembre 2018 à Bamako. La restitution des biens culturels est un long processus qui est en cours depuis des décennies. Cette campagne a été lancée par le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), en décembre 2013.
Selon une source officielle, en dépit d’un accord bilatéral entre le Mali et les Etats-Unis sur la gestion des biens culturels, le puissant réseau de fournisseurs des grands musées et collectionneurs continue de prospérer. « Il s’attaque, parfois, à visage découvert aux textes et conventions sur le pillage des biens culturels », selon notre source.
Les Africains se souviendront longtemps du discours prononcé par le président français, Emmanuel Macron, dans l’amphithéâtre de l’Université Joseph Ki-Zerbo, en novembre 2017. M. Macron a rappelé l’exigence de restituer au continent africain ses biens culturels.
« Je veux que, d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique », a dit le président français. Il exprimait sa détermination à réparer une forme d’injustice vis-à-vis de l’Afrique qui a été dépouillée, selon les historiens, de ses biens culturels mais aussi de documents de traditions orales pendant la colonisation. Ces dernières années, les crises récurrentes dans certains pays africains ont accentué ce trafic.
La protection, la réhabilitation et la sauvegarde des biens culturels demeure une préoccupation essentielle du Mali qui a ratifié des conventions de l’Unesco, notamment celles de 1954 sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé et de 1970 sur les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicite des biens culturels. Pourtant, le patrimoine culturel malien continue d’être menacé. Certains spécialistes estiment que c’est le moment de revoir en détail la situation.
FERMETE - Le rapport d’un deuxième atelier recommande que les autorités maliennes adoptent une position ferme contre l’attribution des biens culturels d’El hadj Omar Tall et son fils Ahmadou au Sénégal, étant entendu que ces biens sont issus du Mali. Il recommande, aussi, aux autorités de contester, dans certains cas, le choix des communautés comme interlocutrices en lieu et place des Etats souverains.
D’autre part, le rapport préconise la « remise solennelle aux États africains concernés des inventaires d’œuvres issues de leur territoire (selon les frontières actuelles) et conservées actuellement dans des collections publiques françaises ».
Les premières étapes de cette restitution consistent à entrer en possession des biens culturels indispensables à la réécriture de l’histoire de l’Afrique, à la consolidation de sa cohésion sociale et au raffermissement de son identité, notamment les butins ou trésors de guerre pris sur les personnalités emblématiques dans des lieux emblématiques entre 1940 et 1978, à savoir des biens régaliens de l’Etat malien.
par Pape Ndiaye
«LE TEMOIN» ORPHELIN !
Le père de la chronique de Cheikh Ngaïdo Ba n’est plus. une figure emblématique du paysage culturel et cinématographique sénégalais nous a joués un sale tour…nage ce dimanche 17 janvier
Le père de la chronique de Cheikh Ngaïdo Ba n’est plus
Au début de sa chronique hebdomadaire, débutée lorsque le président Macky Sall accédait à la magistrature suprême, notre dirpub Mamadou Oumar Ndiaye lui avait accordait gracieusement une surface rédactionnelle d’un quart (1/4) de page à ne pas dépasser. Au fur et à mesure que s’intensifiaient l’engagement et la passion de Cheikh Ngaido Ba à soutenir l’action politique du président Macky Sall, sa chronique a grignoté de l’espace pour occuper pendant de longs mois une demi page (1/2) de notre journal.
Toujours plus inspiré, voire exalté, Ngaïdo en est venu à coloniser carrément une page entière. « Une page alors qu’il avait débuté par un quart de page ? Cette chronique ne cessera jamais de me poser des problèmes ! » s’étranglait régulièrement notre graphiste monteur qui avait du mal à trouver de l’espace dans les éditions du « Témoin » où devaient sortir les textes de Ngaïdo. Lorsqu’on le suppliait de réduire, voire charcuter, le nombre de caractères de la « Chronique », Cheikh Ngaido nous répondait tout de go : « Jamais ! Débrouillez-vous pour me trouver une page car je suis le « Pca » du Groupe Le Témoin.
Mieux, il s’agit d’une chronique républicaine voire citoyenne visant à soutenir le président Macky Sall. Dites à Mamadou Oumar que rien n’est de trop pour soutenir le Président. Allez circulez ! » Nous envoyait paître notre défunt chroniqueur avec beaucoup d’humour, histoire de montrer son autorité et son influence au sein du « Témoin ». Après coup, la rédaction s’est rendu compte que la chronique de Cheikh Gaindo Ba était loin d’être consacrée à un domaine particulier de l’actualité politique, économique et culturelle mais plutôt une « rubrique» d’amitié et de fidélité à l’endroit du président Macky Sall.
Autant dire que Cheikh Ngaïdo Ba était un esprit libre, engagé et fidèle en amitié ! Sa disparition entraîne hélas la disparition de la chronique de Cheikh Ngaido Ba rendant « Le Témoin » orphelin… Au delà du « Mackysme » au sens partisan du terme, Cheikh Ngaïdo Ba était un homme de culture, un grand seigneur des arts. Durant toute sa vie, il défiait tous les aléas pour maintenir encore vivace cette flamme de la culture qui l’a habité jusqu’à sa mort. « Notre ami Ngaïdo » comme on l’appelait affectueusement, était aussi un brillant historien, un grand bibliothécaire de Dakar de la belle époque !
A chaque fois qu’on décidait de fouiller dans les archives de l’ancienne capitale de l’Aof ou Dakar des années coloniales, Cheikh Ngaïdo Ba n’hésitait à apporter sa contribution et sa connaissance qui nous permettaient d’enrichir nos articles. Notre tristesse est immense de voir disparaitre pour de bon ce grand homme que nous ne regretterons jamais d’avoir connu. Puisque sa disponibilité, sa générosité, son ouverture et son enseignement ont renforcé notre culture dans tous les domaines.
Hélas, Cheikh Ngaido Ba, une figure emblématique du paysage culturel et cinématographique sénégalais nous a joués un sale tour…nage ce dimanche 17 janvier qui restera décidément gravé en lettres noires dans l’histoire du Sénégal !
NDIAGA LOUM COMBLE UN VIDE EN PUBLIANT UN LIVRE AU CANADA
Le nouvel ouvrage se penche sur un sujet rarement abordé : la place des communications internationales dans l’histoire des sciences sociales
Le professeur Ndiaga Loum, du Département des sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), a publié ce 11 janvier un nouvel ouvrage dans lequel il se penche sur un sujet rarement abordé : la place des communications internationales dans l’histoire des sciences sociales. Pour réaliser ce livre, le professeur Loum s’est d’ailleurs entretenu avec un ancien directeur général de l’UNESCO. Intitulé « La communication internationale dans l’univers global des sciences sociales. Suivi d’un dialogue inédit avec l’ancien Directeur Général de l’UNESCO », le livre est publié par JFD Éditions.
Les motivations ayant conduit à la publication de cet ouvrage majeur sont expliquées par le Pr Ndiaga. « J’ai bénéficié dans le passé de subventions pour étudier le processus de validation de la solidarité numérique dans les champs de la communication, du développement et des relations internationales. Mais après 15 années de travaux et des expériences de collaboration avec des organisations dédiées à ces questions, j’ai constaté que rares ou quasi inexistants sont les ouvrages qui posent la problématique de la place des communications internationales dans l’histoire des sciences sociales. Il y avait donc ici, d’un point de vue épistémologique et heuristique, un manque à combler, c’est le but principal de cet ouvrage », souligne le juriste, politologue, communicologue, et professeur titulaire à l’Université du Québec en Outaouais (UQO).
Le professeur Loum ajoute : « Quand j’ai fini de rédiger 250 pages avec neuf chapitres, un autre constat et un autre questionnement ont resurgi : la première fois dans l’histoire que les Etats-Unis ont quitté une instance des Nations-Unies, en l’occurrence l’UNESCO, c’était à cause de la communication, je me suis demandé pourquoi cela est très peu traité voire oublié dans la littérature scientifique en relations internationales?
Pour résoudre cette question, je me suis dit qu’il ne faudrait pas recourir à des sources secondaires différentes et parfois contradictoires. J’ai décidé alors d’aller à la source directe, interroger un témoin oculaire de ces événements, l’ancien Directeur Général de l’UNESCO de 1974 à 1987, Amadou Mahtar Mbow, concepteur du Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC), qui plus est, initiateur de la première Commission dite McBride sur l’internationalisation des problèmes de communication. »
De ces rencontres a émergé l’idée d’un dialogue inédit sur le jeu diplomatique déployé pour inscrire la question du déséquilibre mondial de l’information dans l’agenda de la communauté internationale, les enjeux idéologiques dans un contexte de guerre froide et qui ont contribué quelque part à polluer ce débat sur le nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC), les pressions exercées par les Etats-Unis qui ont fini par quitter l’UNESCO, la dimension économique des télécommunications, l’indépendance des experts etc.
Au bout du compte, conclut le professeur Loum, « on a un ouvrage de près de 300 pages qui constitue un capital scientifique de départ, pour pouvoir élaborer ensuite sur cette matière complexe et dynamique ».
Moustapha BOYE (Source UQO/Nouvelles)
LE TIEBOUDIÈNE, PLAT DE RÉSISTANCE ET DE RÉSILIENCE
En lice pour entrer au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco, le tieboudiène est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Par le savoir-faire qu’il exige, mais aussi par son histoire
Servi fumant sur une nappe plastifiée, proposé dans un plat collectif installé à même le sol d’une cour ou disposé sur les tables coquettement dressées des plus grands palaces de Dakar… Il y a mille lieux où déguster le tieboudiène, et à peu près autant de manières de le préparer.
Dans chaque région, commune ou foyer du Sénégal, « il n’y a pas deux personnes qui cuisinent le tieboudiène de la même façon », prévient Alioune Badiane, rapporteur de la Commission art, culture et civilisation du colossal projet d’Histoire générale du Sénégal, en cours d’écriture.
Exercice de style
Prérogative essentiellement féminine, la préparation du « tieb » est donc un exercice de style. Une recherche permanente d’originalité et de saveurs. Qu’il s’agisse de l’ajout de crevettes dans le riz, de l’utilisation de mollusques ou de boulettes de poisson dans le bouillon, voire de tamarin dans la sauce, « chaque femme a son “femm”, son astuce pour ajouter du goût », explique la Sénégalaise Aïssatou Mbaye, créatrice du blog culinaire « AistouCuisine ».
À l’origine, Penda Mbaye
Pour remonter aux origines du plat le plus emblématique du Sénégal, il faut remonter au siècle dernier. L’histoire naît dans le populaire quartier des pêcheurs de Guet Ndar, à Saint-Louis, alors capitale de l’Afrique occidentale française (AOF). Dans ce coin de la ville où, chaque jour, les pirogues débarquent le poisson pêché, une cuisinière s’est fait connaître pour son riz au poisson : Penda Mbaye (1904-1984). Selon les récits glanés par la commission de L’Histoire générale du Sénégal auprès des anciens et des descendants de Penda Mbaye, un gouverneur l’aurait approchée pour lui demander de cuisiner pour ses convives.
« Lors des cérémonies familiales ou officielles, il fallait contenter les invités par la quantité de nourriture, mais aussi par l’originalité du plat. Penda Mbaye a eu l’idée de colorer le riz, non pas avec le concentré de tomates que l’on trouve dans la plupart des tieb aujourd’hui, mais avec des tomates cerises, plus colorées et plus goûteuses. Le riz blanc est alors devenu le riz rouge », raconte Alioune Badiane.
Emedia a appris le décès du cinéaste Ngaïdo Ba. Il est décédé des suites de maladie, ce dimanche, à l’hôpital Principal de Dakar. Ngaïdo Ba est aussi le père de l’animatrice de iTv, Sofia Ba.
Après ses études couronnées de succès à l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) en France, Cheikh Ngaido Ba, panafricaniste, rentre au bercail pour servir son pays. Patriote ardent, il a contribué à enrichir le contenu de la télévision nationale, naissante à l’époque.
Réalisateur de 1972 à 1977 à l’Office de la radio et télévision du Sénégal (Orts) devenu plus tard la Radiotélévision Sénégalaise (RTS), son riche potentiel en audiovisuel et cinéma l’a définitivement poussé à se lancer dans le septième art. Il réalise en 1978 le long métrage « Rewo dande mayo » co-produit par le Sénégal et la Mauritanie. Et pendant plus d’une dizaine d’années, Ngaïdo Ba assiste de grands cinéastes sénégalais tels que Ababacar Samb Makharam, Tidiane Aw, Momar Thiam, Mahama Johnson Traoré....
Né le 10 juin 1949, Il appartient à la troisième génération de cinéastes sénégalais. Formé sur le tas, il a commencé par être assistant d’autres metteurs en scène sénégalais comme Mahama Traoré, ou Ababacar Samb. En 1974, il entre à la télévision sénégalaise comme réalisateur, et dans le même temps met en scène deux courts-métrages : Tablo Ferray et Arret Car.
Le premier s’intéresse aux « déguerpis », ces habitants des quartiers misérables de Dakar, qu’on ne cesse de repousser au fur et à mesure que la ville grandit. Le second, de même, est un film à base sociologique, malheureusement non-terminé, faute de moyens.
Avec d’autres cinéastes, il a créé un foyer de recherches dans lequel, ensemble, ils s’attachent à réfléchir à l’expression cinématographique, à une écriture spécifique. Entre 1972-1976, il était réalisateur-producteur à l’ORTS (Office de Radio Télévision du Sénégal), l’ancêtres de l’actuelle RTS (Radio Télévision Sénégalaise). Il devint plus tard le Président des cinéastes Sénégalais associés (CINESEAS).
Ngaïdo Ba était également membre du Conseil économique social et environnemental (CESE). Et était à la tête de la Commission de l’artisanat, de la Culture, du Tourisme et des sports du CESE.
L’EXPOSITION DES ŒUVRES DE LÉONARD DE VINCI S’INSCRIT DANS ‘’LA PROMOTION DE LA DIVERSITÉ’’
Le professeur Hamady Bocoum s'exprimait lors de l'exposition des 17 chefs d’œuvres du peintre italien Léonardo De Vinci (1452-1519), dont ‘’La Joconde’’ et la fresque de ‘’la Cène’’, ouverte samedi, au Musée des civilisations noires (MCN) à Dakar
Dakar, 16 janv (APS) – L’exposition des 17 chefs d’œuvres du peintre italien Léonardo De Vinci (1452-1519), dont ‘’La Joconde’’ et la fresque de ‘’la Cène’’, ouverte samedi, au Musée des civilisations noires (MCN) à Dakar, s’inscrit dans ‘’la promotion de la diversité et du dialogue des cultures’’, a souligné son directeur général, le professeur Hamady Bocoum.
Elle offre à voir ainsi en un seul lieu, par le biais d’une reproduction numérique rendue possible par la ‘’RAI Com’’ (la branche commerciale de l’audiovisuel public italien), les plus célèbres tableaux du génie de Florence.
Parmi les tableaux exposés, il y a le portrait de ‘’La Joconde’’ dont l’original se trouve au musée du Louvre à Paris, ‘’l’Annonciation, ‘’La Cène’’ qui reproduit la fresque murale de l’Eglise de Santa Maria delle Grazie à Milan, Les ‘’Vierges de Roger’’ dont l’une est à Paris (France) et l’autre à Londres (Royaume Uni).
Chaque toile est accompagnée d’un panneau expliquant le contenu et les conditions de réalisation de l’œuvre.
‘’Ce qui est intéressant dans ce que nous sommes en train de faire ici, cette exposition de Léonardo de Vinci, c’est la promotion de la diversité et surtout le dialogue des cultures et des approches’’, a déclaré M. Bocoum lors de la conférence de presse virtuelle via zoom.
‘’Le Musée des civilisations noires se veut un espace de rencontre universelle de toute les civilisations. Ce qui était important dans le corpus de Senghor, c’est l’universel. C’est avec beaucoup de plaisir que nous recevons Léonardo De Vinci’’, estime le directeur du MCN, qui a co-animé cette rencontre avec l’ambassadeur d’Italie au Sénégal, son Excellence Giovanni Umberto de Vito.
Selon lui, ‘’l’Afrique est presque sevré des artistes classiques’’.
‘’(…) autant en Europe il y a la possible de voir l’art africain, autant en Afrique il doit y avoir des possibilités de regarder les chefs d’œuvres de l’art européen, asiatique. Je crois que c’est cela la mondialisation culturelle. La mondialisation, il n’y a plus les indigènes et les autochtones, mais la culture monde’’.
Etaient aussi présents la directrice de l’Institut culturel italien à Dakar, Cristina Di Giorgio, le directeur artistique Lucas Gismondi, le commissaire associé Ousseynou Wade.
L’exposition ‘’Opéra Omnia Léonardo’’ qui signifie ‘’Toutes les œuvres complètes de Léonard’’ en latin, dont le coup d’envoi a été donné samedi à 16 heures par le directeur du musée des civilisations noires et l’ambassadeur d’Italie au Sénégal, boucle la tournée mondiale de la célébration des 500 ans de l’artiste, à Dakar
Elle permet aux visiteurs d’être en immersion avec le travail du génie de Florence à travers ces 17 tableaux les plus célèbres de son œuvre.
‘’La Cène’’, une fresque de 9 sur 4,5 mètres placée dans le hall d’entrée du MCN, laisse voir et admirer le ‘’dernier souper’’ de Jésus entouré de ses disciples, où il révèle qu’avant l’aube l’un d’eux va le trahir.
Si on s’approche de près et avec l’aide de la technique du rétroéclairage qui spécifient ses œuvres de Léonardo De Vinci, on peut voir que le peintre a su rendre compte de la réaction et des mouvements des disciples réunis autour de cette table.
Dans la salle où les 16 autres toiles sont accrochées sur les cimaises, une scénographie de Fodé Camara de ‘’Tawfeex design’’, on peut admirer les tableaux de portraits de musiciens, de femme : ‘’Le Cénacle’’, ‘’L’adoration des mages’’, entre autres.
Le rétroéclairage des œuvres donne aux visiteurs une autre ambiance des lieux.
Selon l’ambassadeur d’Italie au Sénégal Giovanni Umberto de Vito ‘’ Léonardo De Vinci a toujours associé son esprit d’innovation, de recherche et l’importance de la science avec la réalité sociale et avec la reconnaissance de la diversité du monde’’.
‘’Léonardo De Vinci a été aussi influencé par des penseurs de religion musulmane. Il y a beaucoup d’histoires sur la biographie du peintre, on dit que sa mère était peut-être d’origine d’Afrique du Nord, il n’y a pas de preuve sûr, et les témoignages disent que c’était un homme très ouvert qui avait une connaissance de la diversité du monde’’.
Cette exposition utilise beaucoup les nouvelles technologies et, selon le directeur artistique Lucas Gismondi, ‘’vise à permettre aux gens du monde d’admirer dans les meilleures conditions de lumière, d’espace de la salle, la vie artistique d’un peintre en l’occurrence ici Léonardo De Vinci au même endroit et en même temps’’.
‘’Vous savez que +La Joconde+ est au musée du Louvre à Paris, Les vierges de Roger une à Londres et l’autre à Paris. Ici on peut admirer toutes les œuvres complètes en même temps et on peut s’approcher’’, poursuit-il.
Il estime qu’un mélange de techniques différentes a été utilisé pour ces œuvres, ‘’la vision la plus naturelle, la plus près de l’originale, a été élaborée pour permettre de régler le niveau de lumière, le point de blanc à choisir selon l’ambiance où l’œuvre va être accrochée’’, explique le directeur artistique.
Le Musée des civilisations offre à voir jusqu’au 28 février prochain cette exposition en virtuel et en présentiel en respectant les mesures barrières et la distanciation sociale en cette période de pandémie liée au Covid-19.
‘’Toutes les mesures barrières sont prises pour faire en sorte que le public qui sera là, mais très limité, soit en toute sécurité. Nous avons travaillé avec le bureau +Véritas+ et l’Agence de promotion touristique’’, a rassuré le Professeur Bocoum.
par Ibrahima Thioye
VIDEO
AMY COLLÉ DIENG A VENGÉ LES SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Combien de fois Youssou Ndour a-t-il mis des Sénégalais en transe ou déclenché des frissons chez nous tous ? Lors du Grand Bal du 31 décembre 2020, c’est Amy Collé, sa « fille », qui nous venge en l’« emmenant chez Ardo »
Ce texte fait suite au visionnage de la vidéo YouTube du duo Youssou Ndour-Amy Collé Dieng extraite du Grand Bal du 31 décembre 2020.
Youssou a laissé une bonne place à Amy Collé (à partir de 5 min 23). Le résultat est un chef-d’œuvre de mbalax. En l’examinant de près, on y découvre des réactions émotionnelles ou instinctives insoupçonnées et croustillantes.
Mbaye Dieye Faye, l’homme jovial, nous montre qu’il est très sensible. Il avait les larmes dans la voix en évoquant les décès récents de Balla Gaye et de Doudou Seck. Youssou Ndour, majestueux dans la première partie, a tremblé de tout son corps au moment où Amy Collé lui faisait des éloges (à partir de 7 min 34, sur 1 seconde). C’est comme s’il avait reçu une décharge électrique. À partir de 8 min 00 et sur une période de 45 secondes pendant laquelle Amy Collé le compare au meilleur des étalons d’une course de chevaux, on dirait un homme en transe qui ne sait plus où il met les pieds.
Combien de fois Youssou a-t-il mis des Sénégalais en transe ou déclenché des frissons chez nous tous ? Cette fois-ci, c’est Amy Collé, sa « fille », qui nous venge en l’« emmenant chez Ardo ». Assane Thiam et Jimmy sont les rares qui sont au courant du « traitement » infligé à leur boss par Amy Collé. Je crois qu’il le leur a avoué par autodérision ; Youssou ne peut pas manquer d’humour avec ses musiciens dont certains sont devenus des « potes » de plus 40 ans de vie commune.
Mbaye Dieye Faye
Mbaye Dieye Faye est un as de l’animation. Il a étalé toute sa classe. Il sait créer la bonne ambiance. Il a accueilli Amy avec des compliments et l’a soutenue durant toute la chanson avec des « ndeysane » et des « lahilaha ihlala ». Il sait recadrer en y mettant la manière. Il demande gentiment à Amy de se dresser face à la caméra, car le monde entier est en train de la regarder.
On note chez Mbaye Dieye une grosse sensibilité ; à un moment, l’émotion lui a étranglé la voix. C’est quand il a évoqué le nom d’Ibou Ndiaye Niokhobaye en rendant hommage aux deux disparus (Balla Gaye et Doudou Seck). Il s’est ressaisi très vite en tendant la perche à Youssou Ndour. Quand il dit « ndeysane » ou « lahilaha ihlala », je crois qu’il exprime sincèrement un sentiment d’admiration.
Youssou Ndour
Youssou Ndour, l’artiste planétaire, mêle art et efficacité. C’est un artiste leader. Il a une très belle voix et il sait puiser dans le répertoire musical traditionnel wolof, qui est très riche. Dans ce titre, on retrouve des classiques : « Socé Demba Majiguène, Thieyacine Demba ak Mar », « Bismilahi ñoo ngi door ree », « Gawlo Jamm nga yendo, jamm nga fanane ».
Très rigoureux, dès l’entame de la prestation d’Amy, il lui indique du doigt de se mettre face à la caméra. On voit également que c’est d’une main de maître qu’il supervise le travail collectif. Il donne des directives précises, suivies par les membres de l’orchestre.
Je crois qu’il a été touché par les éloges d’Amy Collé. Celle-ci a commencé en rappelant son identité et les liens historiques qui les lient. À 7 min 28 précises, elle entonne dans une envolée sublime : « Majiguèèèène Ndouuuur, Ndeye Soxnay sa yaye » ; Youssou met sa main gauche sur son nez, comme par pudeur ou kersa. Lorsqu’elle ajoute « Elimanay sa Baye », il tremble de tout son corps pendant une seconde, entre 7 min 34 et 7 min 35. C’est peut-être cela qu’Elhadji Mansour Mbaye appelle « yaram bouy daw ». Pour masquer cela, il se met à danser. À partir de 8 min 00, Amy Collé est toujours dans sa lancée élogieuse, entrecoupée d’un vrai solo des trois percussionnistes, en comparant Youssou Ndour au meilleur des étalons. Sur une période de 45 secondes à partir de 8 min 00, on dirait un homme en transe qui ne sait plus où il met les pieds. Il ne danse pas, il ne marche pas, il titube.
À 9 min 00, Youssou s’entretient avec Assane Thiam et Jimmy Mbaye. Sans pouvoir l’attester avec certitude, je crois qu’il leur a dit que la petite l’a vraiment touché (qu’elle l’a emmené chez Ardo). Ces derniers commencent à rigoler, mais vers 9 min 07, au moment où Amy entonne « Ndeye Soxna Mboupay sa yaye », Assane et Jimmy se tordent de rire, comme pour dire : « Mais elle va le tuer… ».
Le cas échéant, ce monsieur serait d’une grande maturité, car accepter sa vulnérabilité et en rire avec les autres est simplement un signe de sagesse. À partir de 9 min 23, on note une reprise en main de la situation par Youssou Ndour. Cela également est une marque d’élévation : je tombe, mais je me relève vite. L’homme dont Néneh Cherry disait qu’en l’écoutant, elle avait la chair de poule, est aussi vulnérable que nous tous.
À partir de 10 min 08, Amy étale une autre dimension de son art. Elle y reprend « Ndeye Soxna Mboup moy sa yaye kou la ci way nga contane ». Jimmy Mbaye acquiesce comme pour dire : « Tu ne sais même pas combien tu as raison ». Elle y évoque également son amour du Prophète. Là, Youssou est au comble du bonheur (voir la position à 10 min 39). Et toujours dans la même lancée, et de façon très affectueuse, elle entonne : « Yaye sama Baye, so mané wayal ma waye ».
Mais vers 11 minutes, il s’est passé quelque chose qui mérite l’attention. Amy entonne « Art bi dafa yatou lol… » ; Youssou devait assurer les chœurs, mais rien ne sort du micro. Est-ce une étreinte émotionnelle ? Est-ce un problème du micro ? Est-ce le souhait de la star planétaire de laisser le maximum de place à Amy Collé ? Je penche plus pour un problème technique, car le micro s’active subitement quelques minutes plus tard. Jimmy Mbaye, comprenant la difficulté sur les chœurs, s’adresse aux choristes pour leur demander d’élever la voix.
Amy Collé Dieng
Amy Collé Dieng est une muse poussée par son côté émotionnel visiblement très développé, sa sensibilité et un lyrisme exceptionnel. Sa voix est magnifique, puissante, touchante et on sent qu’elle est complètement connectée à son cœur. Elle est une fan inconditionnelle de Youssou et dans ce duo (ou trio), en s’appuyant sur cette chanson, « Léteuma », elle fait l’éloge de son idole. Le résultat est époustouflant et très émouvant. Elle est incontestablement la star sur ce son et c’est certainement ainsi que Youssou l’a voulu.
Elle est accueillie comme une reine par Youssou et Mbaye Dieye Faye. Elle est authentique, naturelle et son corps est en accord parfait avec la musique du début à la fin. Quand elle lance son « Majiguèèèène… », tout son corps accompagne l’expression vocale. Idem quand elle lui indique son attachement au Prophète. Ne dit-elle pas que le vrai amour est éternel, sinon ce n’est pas de l’amour ? Tout cela dégage une beauté exquise.
Il lui est très difficile de respecter cette consigne de se mettre face à la caméra, car elle se soucie plus du moment agréable qu’elle est en train de passer devant son idole. Mais aussi, on est plus à l’aise en face d’une personne à qui on adresse des éloges. La réplique qu’elle apporte à Mbaye Dieye Faye, qui lui demande de se mettre en face de la caméra, est simplement belle, touchante, et subtile : « Wayé Diakarlo ak mome damay nekh ».
On aurait dû trouver une autre caméra qui serait fixée sur Youssou et dont l’image serait derrière les autres caméras. Amy aurait été beaucoup plus à l’aise. Les téléspectateurs sénégalais seront indulgents, car ils comprendront certainement la position d’Amy. On aurait dû également lui procurer le type de micro que porte Mbaye Dieye. Amy est très expressive et elle a besoin de tout son corps pour chanter. Voyez sa position à 9 min 54, les deux mains sont soulevées ; on dirait qu’elle est au sommet du bonheur.
Très contente à la fin, elle l’a exprimé ainsi : « Kou contanoul contanna nax mangi fi ci Youssou Marie Sene ». Je crois que c’est la note la plus touchante de ce duo. Youssou montre son admiration en soulevant la main gauche. Il l’avait fait quand Amy Collé entonnait son : « Eéééééhhhh, Eééééééh deglou lene ma… ». Il m’est très difficile d’interpréter la réaction de Youssou lorsqu’Amy Collé lançait son « Fassou narou gor ». Il a soulevé les deux mains comme pour s’adresser à l’orchestre, histoire de mettre en valeur la voix d’Amy. Mais est-ce simplement cela ? Mbaye Dieye Faye montre son admiration en disant « ndeysane » ; Youssou l’exprime en soulevant la main.
Commentaires/Enseignements
Nous avons assisté à une séance épique entre deux ndananes qui se vouent une admiration réciproque. Sur YouTube, les auteurs des commentaires apprécient cette prestation et magnifient la voix sublime d’Amy Collé. Youssou est une super star reconnue, un géant de la musique mondiale, l’homme des trois générations. C’est pourquoi les esprits se sont focalisés surtout sur Amy et nombreux sont ceux qui demandent à Youssou d’aider cette fille qui est une valeur sûre de la chanson sénégalaise.
Je crois que ce serait une bonne idée de recruter Amy Collé au sein du Super Étoile, en lui offrant un cadre où elle pourra s’exprimer et étaler tout son art, avec des engagements de production régulière (en duo ou en solo) et la possibilité de monter son orchestre personnel d’ici quelques années. Elle pourra compléter sa formation d’artiste sous l’aile protectrice de son mentor et gagner en maturité et en capacité de leadership. Ce serait un excellent cadeau que Youssou ferait au peuple sénégalais, voire au monde entier.
Pourquoi Youssou est-il l’homme des trois générations ? C’est qu’il fait de belles synthèses de sonorités entre ce qu’il y a de mieux dans notre répertoire musical traditionnel et la musique moderne. Le talent artistique ne suffit pas. Youssou est un leader éclairé. Il a cet art de mettre en place des écosystèmes générateurs de valeur. N’ayant plus rien à prouver, il lui revient maintenant de léguer progressivement son patrimoine musical aux plus jeunes, au grand bonheur des mélomanes du monde entier.
J’ai visionné la vidéo à plusieurs reprises sans avoir la certitude sur tous mes propos. Nous sommes des humains, sujets à l’erreur, mais nous sommes également des humains, sujets à la transe et à l’extase depuis la nuit des temps. Et quand notre sensibilité est touchée, chacun l’exprime à sa façon. Les uns pleurent de joie, d’autres ne tiennent plus sur leurs jambes, il y a également ceux qui se dépouillent de tout ce qu’ils ont (argent, bijoux, etc.).
Youssou avait l’habitude de se placer du côté de « l’arroseur ». Cette fois-ci, c’est lui qui est « arrosé » par une fan inconditionnelle qui, peut-être, n’a même pas conscience de ce qui s’est passé. Elle pense qu’elle est la plus heureuse. C’est certainement le cas au niveau de la durée. Amy était toute rayonnante du début à la fin. Mais Majiguène Ndour a atteint des pics de joie dans cette vidéo. Ayant accumulé près de 45 ans d’expérience, il a plus d’une corde à son arc. Je parie que ce titre l’a énormément marqué ce 31 décembre 2020.
JE PENSAIS VRAIMENT MOURIR
Covid, l’actrice Halima Gadji connue sous le nom de Marième Dial, testée positive...
Elle a partagé le mauvaise nouvelle sur son compte Instagram. Halima Gadji connue sous le nom de Marième Dial, a été testée positive à la Covid 19."Hello tout le monde, j’ai chopé le Covid 19 et jusqu’à présent, je suis encore malade. Cette maladie est vraiment sérieuse, je me sentais tellement mal que j’avais du mal à respirer et à me déplace", lâche-elle sur sa story. Dans la deuxième partie de son post, l’actrice sensibilise les Sénégalais: "Faites très attention svp. Ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai pu réellement me sentir bien loin de ma famille. Je pensais vraiment mourir. Faites-vous dépister pour plus d’assurance."
PAYS DE LA DANSE DU VENTRE, EN EGYPTE, LES ETRANGERES DOMINENT LA SCENE
Des passionnées viennent du monde entier, en particulier d’Europe de l’Est et d’Amérique latine, pour pratiquer cet art millénaire en Egypte, considérée comme son lieu de naissance.
Aux alentours de minuit, la danseuse du ventre russe Anastasia Biserova virevolte énergiquement sous les regards captivés des invités d’un mariage au Caire. Vêtue d’un costume vert vif bordé de sequins, elle ondule ses hanches et son étole rose pâle aux rythmes de tambour derbouka, de violon et de synthétiseur d’un petit orchestre, selon une vidéo qu’elle a postée sur les réseaux sociaux. A l’instar de nombreuses danseuses étrangères, celle qui vit en Egypte depuis quatre ans est parvenue à s’y faire un nom. «Aucun pays au monde n’apprécie la danse du ventre comme l’Egypte», confie-t-elle à l’Afp. «Il y a une tendance croissante à inviter des danseuses (…) étrangères aux mariages, dans les discothèques ou à d’autres événements.»
Des passionnées viennent du monde entier, en particulier d’Europe de l’Est et d’Amérique latine, pour pratiquer cet art millénaire en Egypte, considérée comme son lieu de naissance. Elles dominent désormais la scène dans ce pays conservateur. Les danseuses égyptiennes sont de plus en plus rares, en raison de la mauvaise réputation de cette pratique jugée immorale et de la répression croissante menée tous azimuts par les autorités. Et les restrictions dues à la pandémie de coronavirus, notamment l’interdiction des grands rassemblements et la fermeture des discothèques, ont asséné un coup supplémentaire. De nombreuses danseuses ont néanmoins maintenu le lien avec leur public en publiant sur les réseaux sociaux des vidéos de performances filmées pendant le confinement.
Ambivalence
Devenue une vedette des réseaux sociaux ces derniers mois, la Brésilienne Lurdiana a mis du temps à se faire à l’ambivalence des Egyptiens envers son métier. Son art est apprécié, mais elle n’est souvent pas considérée «comme une professionnelle», relève la trentenaire. «Ils croient que je n’ai pas eu une bonne éducation et que je ne fais que montrer mon corps pour de l’argent». La danse du ventre avait pourtant gagné ses lettres de noblesse au début du 20e siècle. Les scènes de danse constituaient un passage obligé pour le cinéma égyptien, immortalisant en noir et blanc des danseuses et actrices légendaires telles Tahia Carioca, Samia Gamal ou Nagwa Fouad. Dina Talaat, l’une des plus grandes danseuses égyptiennes encore en vie âgée aujourd’hui de 55 ans, estimait en 2017 que le «regard de la société» était responsable de la déshérence de cette tradition. Pour Chaza Yéhia, auteure d’un livre sur l’histoire de la danse du ventre, cette discipline n’a jamais été considérée que comme un divertissement que les femmes respectables ne pratiquent pas. Une perception «renforcée par la culture populaire et par les films qui ont représenté les danseuses du ventre comme des séductrices, des prostituées ou des briseuses de ménage», relève l’historienne. Toujours plus conservatrice, l’Egypte ne constitue plus l’éden d’autrefois pour ces danseuses. Accusées par les autorités de porter «atteinte à la pudeur» ou d’«inciter à la débauche», plusieurs danseuses, chanteuses de pop et influenceuses ont été arrêtées et poursuivies en justice ces dernières années pour avoir publié des vidéos de danse sur les réseaux sociaux.
Cette répression n’a pas épargné les danseuses étrangères.
En 2018, la Russe Ekaterina Andreeva – alias Gohara – a été brièvement détenue pour avoir porté une tenue jugée trop affriolante. Parées de costumes étincelants mettant leurs formes en valeur, les danseuses sont souvent critiquées pour leur allure jugée vulgaire. A l’origine, un délassement pratiqué entre femmes, la danse du ventre s’est particulièrement développée au 21e siècle, explique Mme Yéhia. «Les danseuses étaient alors appelées ‘’awalem’’, soit les instruites», en allusion à leur «connaissance poussée en danse et en chanson». Mais awalem et raqassat (danseuses en arabe) ont aujourd’hui une résonance scabreuse. Les scènes de danse «ont titillé l’imagination de l’Occident» pendant l’époque coloniale et les «écrivains et peintres occidentaux ont illustré leurs propres fantasmes (…), puis cherché à ce qu’ils deviennent réalité», explique-t-elle. A la même période, les costumes ont été modifiés pour répondre au goût du public européen et des mouvements d’autres danses ont été incorporés. Et récemment, le style musical s’est aussi transformé. La musique arabe traditionnelle s’efface progressivement face au «mahraganat» ou électro-chaâbi.
Cette musique populaire mélangeant rythmes orientaux rapides et refrains auto-tunés (effets de voix robotiques) est considérée comme obscène par les autorités et a été interdite en février par le Syndicat égyptien des musiciens, sans grand effet. La profession de danseuse orientale porte les stigmates de tous ces changements. Surtout les danseuses égyptiennes, jugées plus sévèrement que les artistes étrangères qui continuent de tenter leur chance au Caire. «L’Egypte est tout simplement le pays de la danse du ventre. Les étrangères doivent venir ici pour comprendre pleinement et pour pratiquer», affirme l’Ukrainienne Alla Kouchnir.