Les critiques ont fusé jusque dans le vestiaire du Real Madrid après la publication de photos de l'anniversaire de son attaquant Cristiano Ronaldo, organisé samedi après la déroute face à l'Atletico, selon la presse.
"La fête de la discorde", titrait lundi le journal sportif Marca, ajoutant que "les images de la soirée n'ont pas plu du tout aux capitaines madrilènes" Iker Casillas et Sergio Ramos.
Après la défaite (4-0) essuyée par le Real Madrid face à son rival madrilène de l'Atletico samedi, la star portugaise du Real Cristiano Ronaldo a fêté ses 30 ans en compagnie notamment de joueurs comme Keylor Navas, Pepe, Fabio Coentrao, Luka Modric, Sami Khedira ou le Colombien James Rodriguez, récemment opéré du pied.
La polémique a surgi lorsque le chanteur colombien Kevin Roldan, également invité, a diffusé des photos sur les réseaux sociaux montrant Ronaldo et plusieurs de ses invités souriants en pleine célébration.
Certains des joueurs ayant assisté à la soirée ont aussi mis des photos en ligne, selon le journal sportif catalan Mundo Deportivo.
"Les réseaux sociaux se sont enflammés (...) avec les critiques féroces de supporteurs", affirme le journal As, ajoutant que le hashtag #lafêtedudéshonneur (#lafiestadeladeshonra) lancé par les internautes a figuré parmi les dix mots-clés les plus discutés sur Twitter à partir de la mi-journée.
L'agent de Cristiano Ronaldo, le Portugais Jorge Mendes, s'est dit "très en colère" face à la diffusion des images, concernant un moment "complètement privé".
L'agent, également chargé d'autres joueurs comme le gardien du Manchester United David de Gea ou de l'entraîneur José Mourinho, a ajouté sur la radio Cadena Ser que Ronaldo était "affligé par la défaite".
"Les deux premières heures, les gens les ont passées à l'encourager parce qu'il était triste à cause de la défaite", a-t-il assuré.
Selon le journal sportif catalan Sport, certains des joueurs qui ne sont pas allés à la fête "demanderont au Portugais et à ses coéquipiers fêtards qu'ils s'expliquent".
Le Real Madrid est toujours leader du Championnat d'Espagne mais ne compte plus, après le naufrage face à l'Atletico, qu'un point d'avance sur le FC Barcelone (54 contre 53), l'Atletico Madrid étant troisième avec 50 points.
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ANGELIQUE KIDJO REMPORTE LE GRAMMY DU ‘’MEILLEUR ALBUM DE MUSIQUE DU MONDE’’
Dakar, 9 fév (APS) – La Béninoise Angélique Kidjo a remporté le Grammy du ‘’Meilleur album de musique du monde’’, lors de la 57-ème soirée des Grammy Awards tenue dimanche soir au Staples Center de Los Angeles, pour son album ‘’Eve’’ (429 Records, 2014), annonce le site Internet de la manifestation.
Angélique Kidjo était en concurrence avec Toumani Diabaté et son fils Sidiki, pour leur album ‘’Toumani & Sidiki’’ (World Circuit), Wu Man, Luis Conte & Daniel Ho, pour ‘’Our World In Song’’ (Daniel Ho Creations & Wind Music), Sérgio Mendes, pour Magic (OKeh) et Anoushka Shankar, pour ‘’Traces Of You’’ (Deutsche Grammophon).
C’est la deuxième fois que Kidjo reçoit une récompense de l’académie américaine. En février 2008, elle avait reçu un Grammy Award dans la catégorie ‘’Meilleur album contemporain de musique du monde’’ pour son album ‘’Djin Djin’’.
Dans cette catégorie ‘’Meilleur album de musique du monde’’, la musicienne béninoise succède aux Sud-Africains de Ladysmith Black Mambazo, qui avaient remporté en février 2014 – pour leur disque ‘’Live : Singing For Peace Around The World’’ (Ladysmith Black Mambazo) - le Grammy du ‘’Meilleur album de musique du monde’’, ex-aequo avec les Gipsy Kings.
C’était la quatrième fois (record pour un groupe ou artiste du continent) que Ladysmith Black Mambazo inscrivait son nom au palmarès de cette prestigieuse récompense musicale, après 1988 (‘’Meilleur enregistrement folk traditionnel’’), 2005 et 2009 (‘’Meilleur album de musique traditionnelle’’).
Le Grammy, né de la vision de musiciens professionnels et de labels à Los Angeles, qui ont senti le besoin de créer une structure pour représenter les créateurs, est devenu la plus prestigieuse reconnaissance dans le monde de la musique. Il est remis par l’Académie américaine de l’enregistrement créée en 1957 par la ‘’National Academy of Recording Arts and Sciences’’.
Le chanteur Youssou Ndour est à ce jour le seul Sénégalais à avoir remporté une récompense aux Grammy. Son album ‘’Egypt’’ (Nonesuch, 2004) a été récompensé du trophée de ’’Meilleur album de musique du monde’’ en février 2005.
Los Angeles, 8 fév 2015 (AFP) - La chanteuse Angelique Kidjo, l'une des plus grandes stars de la musique africaine, a gagné dimanche son second Grammy récompensant le meilleur album de musique du monde pour "Eve", dédié aux femmes d'Afrique, auxquelles elle a rendu hommage.
"Cet album est dédié aux femmes d'Afrique, leur beauté et leur résilience", a déclaré la chanteuse béninoise en recevant son prix. "Femmes d'Afrique, vous êtes formidables!", a-t-elle dit.
"Pour moi, la musique est une arme de paix et aujourd'hui plus que jamais les artistes ont un rôle à jouer dans la stabilité du monde", a-t-elle ajouté sur la scène du Staples Center de Los Angeles en recevant son prix, après une petite danse de joie à l'annonce qu'elle avait gagné.
Kidjo, qui concourrait notamment face au chanteur brésilien vedette Sergio Mendes, qui vit principalement à New York, est retournée au Bénin pour travailler sur "Eve" et a voyagé avec un enregistreur pour capter les rythmes et harmonies des choeurs de femmes.
Elle a aussi voyagé ailleurs en Afrique et au total a enregistré plus de 100 femmes, dont sa mère. "Je voulais que le monde ne voit pas les femmes africaines seulement à travers le prisme du viol et de la misère. Elles ont aussi une vie décente. Quand je suis là-bas les femmes me demandent +mais quoi, les femmes occidentales n'ont jamais de difficultés?+", a-t-elle expliqué devant les journalistes.
L'album comprend une série de collaborateurs éclectiques comme l'Orchestre philharmonique du Luxembourg ou le groupe de rock indépendant Vampire Weekend. Kidjo avait déjà remporté un Grammy pour l'album "Djin Djin" en 2007, auquel ont collaboré le guitariste légendaire Carlos Santana et la star R&B Alicia Keys.
Elle a précisé travailler à présent avec le compositeur Philip Glass. La chanteuse de 54 ans est connue pour son militantisme, notamment sa lutte contre le changement climatique et pour l'amélioration de la santé publique en Afrique de l'ouest frappée par l'épidémie de fièvre hémoragique Ebola
DE THURAM À CHEIKH ANTA
29e anniversaire de la disparition de l’égyptologue : Extrait du livre de l’ancien footballeur international français Lilian Thuram, "Mes étoiles noires : de Lucy à Barack Obama", pages 27, 28 et 29
(SenePlus.Com, Dakar) - Dans son livre Mes étoiles noires : de Lucy à Barack Obama (Éd. Philippe Rey, 2010), l’ancien international français Lilian Thuram fait un petit clin d’œil à Cheikh Anta Diop. Aux pages 27, 28 et 29 ("Pharaons noirs"), le footballeur à la retraite rappelle comment les travaux de l’égyptologue sénégalais, dans un contexte où il subissait les critiques de chercheurs européens, ont redonné au Noir sa place dans l’histoire de l’Égypte. Pour le 29e anniversaire de la disparition de Cheikh Anta Diop, décédé le 7 février 1986, www.seneplus.com vous propose in extenso l’intégralité de ce passage, court mais bref, du livre de Thuram.
"... Quant à la nature et aux origines de l'héritage de l'Égypte ancienne, elles constituent toujours un sujet de controverse. Évoquer l'Égypte des pharaons noirs soulève toujours autant de passions et une montagne de préjugés.
"Le pionnier de l'école africaine, celui par qui le scandale est arrive, est Cheikh Anta Diop (1923-1986), scientifique sénégalais dont les recherches contribuent à réintégrer l'Égypte dans l'histoire générale africaine. Sa thèse, selon laquelle la civilisation égyptienne appartient au monde négro-africain- l'impérialisme occidental ayant "blanchi" la prestigieuse Égypte aux seules fins de maintenir la colonisation-, déclenche en 1954 un tollé dans le milieu universitaire français.
"La position de Cheikh Anta Diop sur l'Égypte noire s'explique par sa rigueur scientifique et ses engagements politiques : combat contre l'apartheid en Afrique du Sud, pour la démocratie et la laïcité au Sénégal. La parution de Nations nègres et culture, en 1954, 'étandard d'une révolution culturelle que les Nègres agitaient sous le regard d'une puissance coloniale se résignant mal à lâcher ses territoires d'outre-mer' (selon Lilyan Kesteloot, historienne de la littérature africaine), déclencha l'enthousiasme des écrivains de la négritude. Aimé Césaire qualifia ce livre du 'plus audacieux qu'un Nègre ait jusqu'ici écrit et qui comptera, à n'en pas douter, dans le réveil de l'Afrique'.
"Jusqu'au années 1950-1960, les historiens européens, occidentaux et arabes n'ont pas cessé de traiter l'ancienne Égypte comme une partie des racines de leur propre histoire et non comme une partie de l'Afrique elle-même. Le résultat, c'est que l'Égypte ancienne a été coupée de l'Afrique noire.
"L'attribution des grandes œuvres de la civilisation ç une mythique migration blanche n'est pas nouvelle. Au XIXe siècle, la découverte de la magnifique civilisation du Zimbabwe déclencha une vive réactions des savants du monde entier. 'La cité n'a pas été construite par des Africains, car le style de construction est trop élaboré : c'est l'œuvre de colons phéniciens ou juifs', affirmait l'Allemand Karl Mauch en 1871. Quant à l'archéologue anglais Theodore Bent, il concluait vers 1890 que la civilisation du Zimbabwe était l'œuvre de 'descendants d'envahisseurs blancs venus du Nord'.
"Il faudra attendre le XXe siècle pour que des égyptologues comme Jean Leclant, professeur au Collège de France, et Jean Vercoutter, de l’université de Lille, entament un remarquable travail sur l’Antiquité nubienne et déclarent, lors de l’important collogue international du Caire en 1974, que l’Égypte est ‘africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser’. Les thèses de Cheikh Anta Diop sont enfin acceptées, du moins en partie.
"En effet, alors qu’au Etats-Unis ses travaux sont cités et reconnus, un certain nombre de chercheurs européens les taxent encore d’‘afro-centristes’. Ils lui reprochent une posture idéologique et non scientifique ; ils l’accusent d’avoir ‘noirci’ l’Égypte afin de réveiller la conscience des Noirs africains en leur faisant miroiter un illusoire passé prestigieux. N’étant pas expert, il ne m’appartient pas d’établir la part du vrai ; mais il n’empêche que les textes nous montrent que le royaume de Koush et le royaume d’Égypte n’étaient pas étanches, leurs échanges pas seulement marchands, leurs cultures et leurs populations traditionnellement mixées. Quant à la possibilité de règnes alternants, elle est démontrée par le règne de la XXVe dynastie.
"Malgré le profond changement de perspective qu’a apporté le travail de Cheikh Anta Diop, l’éloignement dans le temps et la lecture occidentale maintiennent encore l’histoire de l’Égypte dans une certaine obscurité. Les règnes des pharaons noirs n’ont pas livré tous leurs mystères.
"Volney, orientaliste et philosophe français, au retour d’un voyage en Égypte en 1783, avait écrit : ‘Quel sujet de méditation de voir la barbarie actuelle des Coptes, issus de l’alliance du génie profond des Égyptiens et de l’esprit brillant des Grecs, de penser que cette race d’hommes noirs aujourd’hui notre esclave et l’objet de nos mépris est celle-là même à qui nous devons nos arts, nos sciences, et jusqu’à l’usage de la parole…"
Ils ne sont plus à présenter. De "Yaatal guew" à "Lonkotina", Pape et Cheikh revendiquent 15 ans de présence scénique assidue et riche en tubes. Pourtant, leur parcours n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.
Tout les différencie sur le plan physique. L’un est longiligne, plus extraverti et est celui qui pousse la chansonnette. L’autre est râblé, introverti et joue les notes de la guitare basse. Par contre, sur le plan musical, ils partagent tout ou presque.
D’ailleurs, c’est cette même passion pour la musique qui explique que depuis plus de 30 ans, ils ne se séparent plus comme deux frères siamois. Ils, c’est Papa Amadou Fall et Cheikhou Coulibaly, plus connus sous le nom de scène de Pape et Cheikh.
L’entrée de ce duo sur la scène musicale sénégalaise s’est faite, en 2001, au rythme de "Yatal guew", le titre phare de leur album "Yaakaar". Un hymne à l’union des cœurs dans un contexte où le Sénégal était en pleine mutation politique et sociale. La première alternance politique venait d’être réussie et les élections législatives s’annonçaient.
Depuis, le duo n’a plus quitté le devant de la scène musicale sénégalaise grâce à un savant mélange de mbalakh et de folk. Un mariage de raison dans un pays où le mbalakh dicte sa loi et laisse peu de place à la musique de leurs débuts: l’acoustique.
Pape et Cheikh, c’est l’histoire de deux gamins originaires de Kaolack et qui ont débarqué à Dakar au milieu des années 1990 pour réaliser leur rêve : se faire un nom dans la musique. Plus de vingt ans après, le bilan est plus que flatteur.
Mais le duo se refuse à toute flagornerie. Eux qui sont allés au devant des obstacles pour les franchir un à un, ils savent que, dans la vie, il faut toujours garder la tête sur les épaules."On sait d’où l’on vient et ce que nous avons enduré pour en arriver là.
On ne déviera pas du chemin qu’on s’était tracé au début : faire notre musique avec sérieux et conviction", confie Pape. Qui n’oublie pas que, des quolibets, ils en ont fait l’objet, des huées, ils en ont reçues et des portes leur ont été fermées. Mais à force de pousser le destin jusque dans ses derniers retranchements, ils sont parvenus à se faire une place sur la scène. Et ils ne comptent pas y redescendre de sitôt.
"Nous restons nous-mêmes, nous ne concurrençons personne, nous ne sommes le numéro deux de personne, nous sommes nous-mêmes. Nous n’avons aucune pression. Notre souci, c’est d’avoir une musique avec une grande durée de vie avec des messages intéressants pour ceux qui l’écoutent", insiste Pape de sa voix rocailleuse. Pape est né à Dakar, Cheikh à Kaolack.
Au gré des pérégrinations de son père qui était cheminot, Pape se retrouve à Kaolack. Au quartier Kaznak où ils habitaient tous les deux, les deux musiciens se lient d’amitié.
Une amitié d’une vie. Les deux compères baignent dans une atmosphère remplie de mélodies et de rythmes sérères, wolofs, mandingues dans laquelle ils se sont nourris pour donner une identité à leur musique.
Une enfance rythmée parla musique Ensemble ou séparément, ils s’essayèrent à tous les genres avant de, définitivement, opter pour le folk avec une forte dose de sonorités mbalakh. Dans cette ambiance folklorique, ils commencent à inoculer le virus de la musique.
Les années passant, leur passion pour la musique grandit. Pape saute sur toutes les occasions pour faire entendre sa voix à travers des reprises de chansons célèbres comme "Thioro baay samba" de Thione Seck.
D’ailleurs, c’est en fredonnant cet air, au cours d’un concours, qu’il a été retenu pour intégrer une chorale à Kaolack. C’est le déclic, lui qui, très tôt, a déserté les bancs de l’école en classe de Cm2 alors que Cheikh, lui, a poursuivi ses humanités jusqu’en 2ème année à la Faculté de Droit de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Seulement voilà, cet attachement pour la musique n’est pas vu d’un bon œil par les parents des deux artistes. Dans un contexte où musique rimait avec débauche, cuite, voire drogue, il y avait de quoi, en effet, refuser que son enfant entre dans ce cercle.
"Nous ne sommes pas de familles de griots et puis, c’est vrai, la musique n’avait pas bonne presse car certains artistes ne renvoyaient pas une bonne image. Mais, quand même, nous avons pu convaincre nos parents de nous laisser vivre notre passion. Je pense que l’avenir nous a donné raison", avance, d’une voix timide et posée, Cheikh.
Au début des années 1990, les deux gamins débarquent à Dakar. Pape pour apprendre le métier de tailleur et Cheikh pour continuer ses études secondaires. Avec d’autres amis, ils se cotisent pour acheter une guitare qu’ils se passaient à tour de rôle.
La bande d’amis décide, quelques mois plus tard, de s’inscrire en cours du soir à l’Ecole des beaux-arts afin de se perfectionner. Deux ans plus tard, ils en ressortent avec le bagage technique nécessaire et, dans la foulée, leur premier orchestre est mis sur pied. Ils l’appellent "Samtamouna", un nom tiré du vocabulaire sérère.
A cette époque, la plupart de leurs chansons étaient dans cette langue qui, pourtant, n’est pas celle de leur naissance. "On a commencé à sillonner les villages sérères pour des prestations. Il nous est arrivé de faire des tournées de 45 jours à l’intérieur du pays", se souvient Pape.
Les années difficiles
Mais l’aventure tourne court quand certains membres du groupe, pour des raisons diverses, décident d’abandonner la musique. Pape décide de s’installer dans les Îles du Saloum où il monnaie ses talents de chanteur alors que Cheikh prend le chemin de Saly où il joue des variétés.
De temps à autres, les deux amis se retrouvent pour faire des prestations ensemble notamment lors des vacances de fin d’année. Ce, jusqu’au jour où Michael Soumah les découvre et les invite à son émission radiophonique Sono mondial.
Les choses s’enchaînent pour le duo de Kaolack. Ils assurent la première partie des Frères Guissé au Centre culturel français, passent ensuite à l’émission de Fatou Sakho sur la Rts et décident de rebâtir leur groupe "Pape et Cheikh".
De petites prestations en petites prestations, le duo se bonifie mais cherche toujours sa voie. Et c’est difficilement qu’il parvient, parfois, à se faire accepter dans une boîte ou club pour une prestation. Et pour cause : "Nous n’avions pas encore sorti un album alors qu’à l’époque, c’était en quelque sorte le passeport, le laissez passer pour jouer dans certains endroits. Nous avons vu beaucoup de portesse refermer sur nous à cause de cela".
Mais ce n’est que partie remise. Les deux compères sont loin d’être gagnés par le découragement. L’adversité fouettant souvent l’esprit, Pape et Cheikh ont la lumineuse idée de faire enregistrer les morceaux qu’ils avaient chantés lors de la première partie des Frères Guissé. Le produit est proposé au studio Jololi géré par Bouba Ndour.
Après l’avoir écouté, ce dernier leur fait signer un contrat. Le duo entre en studio en 1999, mais le grand public n’entendra parler du groupe qu’en 2001, pour dire que l’album "Yaakaar" et surtout la chanson fétiche "Yaatal guew", qui a fait leur succès, ont dormi deux ans dans les tiroirs. En chœur, les deux artistes reconnaissent qu’ils ont été surpris par ce succès.
"Vous savez, cette même chanson que les gens applaudissent, il nous est arrivé de la jouer en boîte Samedi 31 janvier et dimanche 1er février 2015 Amis d’enfance, duo de talent Ils ne sont plus à présenter. De "Yaatal guew" à "Lonkotina", Pape et Cheikh revendiquent 15 ans de présence scénique assidue et riche en tubes.
Pourtant, leur parcours n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Par Elhadji Ibrahima THIAM et qu’on nous hue. C’est pourquoi nous gardons toujours la tête froide quelle que soit l’ampleur du succès que nous pouvons connaître", souligne Pape.
Après "Yaakaar", quatre autres albums sont venus grossir le répertoire de Pape et Cheikh. Il s’agit notamment de "Yaay", de "Mariama"sortie à l’international, de "Yeurmandé" qui est une autoproduction et enfin "Esprit live" dont le titre phare, "Lonkotina", est en train de faire un tabac.
La parenthèse politique de 2007
Dans la quête de leur propre identité musicale, la rencontre de Pape et Cheikh avec le musicien canadien, Mac Fallow, a été décisive. Sur les conseils de ce dernier, après la sortie du premier album, le duo a décidé de diversifier ses sonorités en apportant un peu plus de rythme.
"A un certain moment, les gens voulaient nous enfermer dans un carcan. Quand on dit Pape et Cheikh, automatiquement, ils pensaient à un certain genre musical. Alors nous voulions leur montrer que nous avions plus d’un tour dans notre besace", explique Pape.
Et cela était d’autant plus facile pour eux que Cheikh rappelle que dès leur tendre enfance, ils ont baigné dans une atmosphère de diversité culturelle : "Nous avons subi beaucoup d’influence musicale allant du folk au reggae en passant à l’acoustique, à la musique traditionnelle.
C’est la somme de toutes ces influences que nous essayons de faire ressortir dans notre musique. Ainsi, nous pouvons toucher un plus large public". A propos de public, il faut souligner qu’une partie a mal accueilli, en 2007, la chanson "Gorgui doliniou" dédiée à l’ancien président Abdoulaye Wade lors de la campagne présidentielle de cette année-là.
A l’époque, les spéculations sont allées bon train. D’aucuns, se fondant sur la prodigalité légendaire de l’ancien pensionnaire du palais de l’avenue de la République, n’ont pas hésité à accuser Pape et Cheikh d’avoir prêté leurs voix contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Pape balaie d’un revers de la main et évoque le respect de la parole donnée. "Nous n’avons fait que respecter notre promesse.
En effet, en 2001, sur les 21 partis ou listes engagés dans les élections législatives et qui utilisaient cette chanson, seul Wade nous a payés des droits d’auteurs. En retour, nous lui avions promis de l’accompagner en faisant une chanson pour lui.
C’est ce que nous avons fait, malheureusement beaucoup de gens n’ont pas compris", explique-t-il. Les critiques à leur endroit furent acerbes, mais les deux artistes ont su faire le dos rond et laisser passer la tempête
Ils sont les pères de la world music et les premiers musiciens africains à avoir trois disques d’or successifs. Touré Kunda a bercé les générations des années 1980 et a su s’imposer en France. Un projet de "créa sud", une association française, les ramène au Sénégal pour une série de concerts. Après une conférence de presse tenue hier à l’institut français Léopold Sédar Senghor, le plus jeune des deux frères s’est confié à EnQuête. Cheikh Tidiane étale toute sa frustration pour avoir été zappé du Fesman et de bien d’autres rencontres tenues au Sénégal.
Au niveau national on n’a aucune nouvelle des Touré Kunda. Cheikh et Ismaïl sont où et dans quoi ?
On est là et on va très bien Macha Allah. On tourne beaucoup en Europe et partout à travers le monde. On a toujours envie de venir au Sénégal mais je me suis rendu compte et je l’ai dit d’ailleurs à mon frère qu’il y a beaucoup de festivals qui se passent ici, mais on dirait qu’on nous a boycotté ou qu’on nous a oublié. Je me suis posé beaucoup de question face à cette situation. Cela a duré longtemps quand même qu’on n’a pas joué ici. Dieu a fait qu’on est venu avec cette équipe-là pour prester à Ziguinchor, Dakar et Saint-Louis.
Cela vous a fait quoi de ne pas être invité au dernier Fesman ?
Cela m’a beaucoup choqué. Cela m’a beaucoup choqué vraiment. J’ai trouvé ça inadmissible (il répète deux fois inadmissible). Je suis sûr qu’il y a quelque chose derrière. J’ignore ce que c’est exactement mais ce n’est pas normal que le grand festival mondial des arts nègres se tienne sans Touré Kunda. On a vu des Tchèques et beaucoup d’autres nationalités prendre part à ce festival sans nous. Je vais vous avouer quelque chose : les organisateurs nous ont contacté, nous avons demandé une petite somme, c'est-àdire 7000 euros (4 590 000 F CFA) pour ce festival au moment où les autres ont perçu 50 mille euros (32 800 000 F CFA). Ainsi les organisateurs ont préféré donner aux autres qu’aux fils du pays. On a vu des voitures qui quittaient la présidence avec des mallettes d’argent qu’on donnait à des artistes en leur demandant de signer après. C’était énorme. L’argent ne nous intéresse pas pour jouer au Sénégal. On a chanté l’hymne du premier festival mondial des arts nègres. Mon frère et moi en étions épatés. Mais lors de la dernière organisation, je crois qu’on nous a boycottés de manière délibérée. J’ai l’impression qu’il y a des voleurs dans l’organisation qui donnent de l’argent à qui ils veulent et empochent le reste. Croyez-moi, c’est ce qui se passe.
Vous étiez donc frustré ?
Cela m’a beaucoup frustré. On s’est dit tous les deux qu’on va acheter des billets et venir assister au festival. On est descendu au Méridien Président. Mais il fallait voir les artistes comment ils vivaient tous. Il y a eu un énorme gaspillage alors que certains artistes n’étaient pas encore payés. On a après quitté Dakar et on est allé à Ziguinchor, notre ville natale. Le maire de Ziguinchor Abdoulaye Baladé avait invité Salif Keïta et Alpha Blondy qui sont nos amis. Ils nous ont vus et nous ont invités. J’ai failli refuser. Après je me suis dit non, je vais le faire pour la Casamance. Ils s’étaient débrouillés pour avoir du son même si c’était du son pourri venu de Dakar. On est resté après une semaine avant de rentrer en France. J’en veux personnellement aux organisateurs du Fesman. Ce n’est pas logique ce qu’ils ont fait. Même s’ils considèrent qu’il y a de meilleurs artistes que nous à travers le monde, nous sommes le Touré Kunda et nous valons quelque chose quand même. Cela, je ne peux pas le leur pardonner. "Bayi naa leen ak Yàllà."
Vous attendiez-vous à être invités lors du sommet de la francophonie tenu à Dakar au cours duquel des artistes ont presté ?
On s’attendait à tout. Je vous rappelle qu’il y a tellement de festivals qui se sont déroulés ici au Sénégal et auxquels on pouvait être invités. C’est quelque chose qui est voulu. Ils ne nous invitent pas mais on reste malgré tout touss. Ce pays est le nôtre.
Touré Kunda, c’était d’abord deux membres, puis trois ensuite quatre et maintenant deux. Qu’est-ce qui se passe dans votre groupe ?
On est des frères de sang mais on n’a pas la même culture. Ismaïl et moi, on est les premiers à avoir quitté la famille Touré pour aller en Europe. Les mentalités ne sont pas pareilles. On a balisé le terrain. On leur a tout donné. On leur a dit : venez. Et on leur a ouvert les portes ; ils sont entrés et ils sont sortis. Mais la porte reste toujours ouverte;
Donc ils ne sont partis parce que juridiquement le Touré Kunda, c’est deux personnes : Ismaïl et vous ?
Non pas du tout, même si le Touré Kunda, juridiquement, c’est deux personnes. Eux sont partis depuis plus de quinze ans.
Vous avez fait la première d’un très grand artiste Carlos Santana. Qu’est-ce que cela a apporté de plus à votre carrière ?
Cela nous a permis d’avoir un Grammy Award. Carlos Santana, c’est quelqu’un qui nous aime. Il adore notre musique. On écoutait beaucoup Carlos avant de le rencontrer et de le connaître. On peut dire que ce sont deux cœurs qui se sont rencontrés.
Après la sortie de votre album Natalia, vous avez organisé une tournée aux Usa et cela devait vous permettre de conquérir le public américain. Certains sont d’avis que les choses n’ont pas bien tourné. Qu’en est-il exactement ?
En vérité tout s’est bien passé. Nous sommes les seuls noirs africains à avoir joué au Carnegle Hall. Il n’y en a pas en Afrique. C’est comme l’Olympia à Paris.
Touré Kunda était très proche de Bocandé, comment avez-vous vécu sa disparition ?
C’est vrai. Bocandé était un ami. Je ne pouvais même pas appeler ici pour présenter mes condoléances tellement j’étais attristé. J’ai simplement appelé ses enfants. J’étais à Ziguinchor. Je suis allé au cimetière. J’ai prié pour les morts mais particulièrement pour lui et nos parents.
Qu’est-ce qui s’est passé entre Touré Kunda et la danseuse Seynabou Diop ?
Beaucoup de choses je dirais, ah oui ! Nabou on l’a amenée au Sénégal parce qu’elle était ivoirienne d’abord. Elle a dansé pour le groupe et tout le monde a apprécié ses prouesses sur scène. Elle a apporté un plus dans ce que nous faisions. Elle ne parlait pas wolof. On lui a appris ça. Elle est venue ici, on l’a aidée à avoir la nationalité sénégalaise. Si on pouvait faire autre chose pour elle, on l’aurait fait.
Pourtant elle a dit qu’un ressort s’est cassé et que c’était de votre faute. Elle n’avait plus de vos nouvelles. Qu’en est-il réellement ?
Oui, parce qu’elle est venue ici. Elle est rentrée au Sénégal. Nous, nous sommes restés là-bas. Nous avons lu ce qu’elle a dit dans les journaux. Mais je refuse de m’y épancher. Elle nous a cassés. Elle est notre sœur. On l’aime. On l’admire. On ne va pas entrer dans les détails. On a vécu de très bons moments avec Nabou.
Revenons à votre carrière, vous deviez normalement lancer la danse lambada accompagnée d’une chanson. Finalement, cela ne s’est pas fait. On vous a pris vos musiciens qui l’ont fait, que s’est-il passé avec le producteur ?
(Rires). Vous êtes trop renseignée, mais on n’a pas de producteur. Touré Kunda a toujours été son propre producteur. On a travaillé avec des gens qui distribuaient nos albums et l’un d’entre eux est venu avec un morceau. On lui a demandé : c’est qui l’auteur de cette chanson ? Il nous a répondu qu’il n’y en avait pas. C’était impossible pour nous. Le gars a insisté. On l’a amené chez notre avocat. Par la suite, il a voulu nous mettre en mal avec les musiciens alors que Touré Kunda, c’est Ismaïl et moi. Le gars nous devait de l’argent. Je lui ai dit : tu nous paies d’abord et ensuite on verra. Quand il a vu qu’on était exigeant, il a pris des musiciens qui sont partis avec lui avant d’être à nouveau virés.
Vous n’avez pas eu de regrets après le succès de la chanson et de la danse ?
Non j’ai dit "niaw". Ils ont eu divers procès à cause de cette chanson. Le gars a gagné de l’argent avec ce tube mais les auteurs ont après porté plainte. Que Dieu nous préserve de ce genre de chose illégale. C’est Dieu qui nous a sauvés sur ce coup-là.
Comment appréciez-vous l’évolution de la musique sénégalaise ?
Elle s’arrête au mbalax. Je ne parle pas pour moi ou pour Touré Kunda mais je trouve que la musique casamançaise est variée par rapport à celle du nord. Il y a plusieurs cultures dans le sud. La Casamance, c’est un melting pot. Il ne faut pas la laisser derrière. Ce sont de très belles sonorités qu’on trouve là-bas. Le mbalax n’est pas exportable.
Mais si le mbalax est arrivé aujourd’hui à imposer son diktat, n’est-ce pas un peu de votre faute, vous qui avez quitté le navire ?
J’avoue qu’on tourne beaucoup mais quand les jeunes viennent nous voir, on les conseille. Moi, je ne suis pas rentré au Sénégal. J’ai ma famille en France et je viens ici quand j’ai des vacances. On essaie d’aider les artistes du mieux qu’on peut. Ce sont des gens comme Hilaire Chaby qui sont sur place et qui font beaucoup de bonnes choses pour les jeunes musiciens. J’espère être sur place bientôt pour pouvoir aider les jeunes. En attendant qu’ils se prennent en charge. J’ai deux neveux qui se démerdent tous seuls et qui s’en sortent tant bien que mal. Youssou et Alpha Blondy nous demandaient des conseils et on faisait de notre mieux. On ne peut pas leur donner du matériel mais les conseiller. Ils peuvent se débrouiller et s’en sortir même s’ils restent à Ziguinchor. Ils ne sont pas obligés de venir à Dakar.
Vous étiez engagé dans la résolution du conflit casamançais quel acte concret avez-vous posé ?
On est toujours très engagé. Lors de notre voyage à Ziguinchor, on est allé voir deux personnes très engagées dans le combat et qui tenaient vraiment à l’indépendance. Elles ont renoncé et souhaitent le retour pour la paix. Elles sont même montées sur scène avec nous pour que tout le monde voient qu’elles voulaient vraiment la paix. On espère que les autres feront comme elles. Dans chaque album de Touré Kunda, il y a une chanson pour la paix en Casamance. On ne va pas arriver à la paix en donnant de l’argent aux gens du maquis. Il faut parler. Il faut dialoguer. On espère que Macky Sall réussira là où Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont échoué.
L’exposition du photographe Paul Jolicœur se tient actuellement à l’Institut français de Dakar, et ce jusqu’au 27 février. Intitulée « Impressions », elle se concentre sur la ville de Saint-Louis et plus particulièrement sur le quartier des pêcheurs de Guet Ndar.
Photographier Saint-Louis, c’est pour l’artiste une manière de «rendre hommage à ses habitants ».A travers la série « Impressions », le photographe québécois, Paul Jolicœur, s’est particulièrement attaché à capturer des images du quartier des pêcheurs à Saint-Louis : Guet Ndar.
Pour un photographe, on peut facilement imaginer que cette ville est un régal. Elle grouille de vie, de couleurs, de lumières, et use de ses charmes liés à son histoire, ses rues, ses bâtiments coloniaux en décrépitude.
Quartier populaire, Guet Ndar semble, à travers la collection de photographies, être animé continuellement. Présentées dans une salle toute en longueur ouverte et où l’air circule, les images plongent peu à peu le visiteur au cœur du quartier. Plus on avance, plus on a le sentiment de s’enfoncer dans le quartier, de mieux le connaître.
On se l’imaginerait presque autour de nous. Les photographies peuvent être considérées comme des arrêts d’images sur la vie des habitants, leurs bousculades, leurs véhicules…
Une pancarte affichée dans l’exposition précise qu’avec le brouhaha quotidien, « presque impossible de réellement distinguer tout ce qui se passe. Nos yeux, notre cerveau, se laissent vite submergés par un trop plein d’informations.
Déjà occupé à marcher et à circuler entre les gens et les véhicules sans bousculer ou se faire bousculer, on a pas le temps de réellement apprécier tout ce qui se passe… ». La plupart des images représentent les habitants du quartier, hommes, femmes, tous âges confondus.
C’est leur quotidien qui est montré. Il y en a qui sont à la boutique, d’autres se coiffent, des enfants jouent, des femmes font le ménage et certains sont simplement en train d’attendre. Mais aucune des photographies n’est figée.
Pour certains clichés, le photographe a décidé de les encadrer ensemble. Elles peuvent être la synthèse d’une même action. Ainsi, le modèle d’une photographie à une autre poursuit son action, telle une animation ralentie.
En plus du cadre et du paysage, cela rend les personnages encore plus vivants. L’exposition compte une multitude de photographies, en format paysage pour la plupart. Les champs de vision, souvent larges, permettent de contextualiser chaque situation, chaque modèle.
Pour le photographe, un travail de terrain de trois années a été nécessaire avant de présenter sesœuvres.De2011 à 2014, il a dû effectuer de nombreux voyages à l’île de Saint-Louis. Ainsi, une immersion a été nécessaire pour mener à bien son projet. C’est la proximité qui définit cette collection. Proximité entre le photographe et son sujet. Proximité entre son sujet et le visiteur.
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'' JE NE FAIS PAS DE L’ART POUR EN VIVRE, CAR ON NE PEUT PAS VIVRE DE LA MUSIQUE''
JEAN RACINE MBAYE, ARTISTE, COMPOSITEUR…
Binta. G DIATTA et Mbayang Sarr FAYE |
Publication 28/01/2015
Se démarquer, c’est s’identifié parmi les autres… C’est cette posture que le compositeur Jean Racine Mbaye a adopté pour faire connaître et aimer sa musique aux Sénégalais du Sénégal. Vêtu d’un smoking noir, élégant et beaucoup de charme, le dandy est à cœur ouvert avec Grand Place au restaurant du centre culturel français de Dakar. La musique, pour lui, est, en quelque sorte, un rêve qu’il a enfin réalisé parce qu’il l’a nourrit depuis son enfance. Dans une ambiance détendue, Jean Racine Mbaye s’exprime avec assurance et liberté.
Que diriez-vous de vous-même à qui vous demande de vous présenter ?
Que je m’appelle Jean Racine Mbaye, originaire de Kaolack. Après mon bac, obtenu il y a une quinzaine d’années, je suis parti en France pour y faire mes études. A la base et au cours de ce parcours universitaire, j’ai eu à apprendre de la guitare. Et par la suite, j’ai eu un contrat avec une maison de disques française sous le label de laquelle j’ai sorti deux albums, avant de revenir au Sénégal, il y à une année.
Et votre nouvel album Afrodandy ?
Afrondandy est un album constitué de douze titres dont deux titres inédits que j’ai enregistrés entre Paris et Dakar et les dix autres titres sont des titres déjà sortis en France. L’objectif de cet album est de faire connaissance artistiquement avec les Sénégalais et de leur présenter la musique que je fais.
Pourquoi Afrondandy est-il uniquement sorti au Sénégal, contrairement à vos deux premiers albums dont vous avez tirés des titres pour constituer ce nouvel opus ?
Encore une fois, les Sénégalais ne me connaissent pas en tant que musicien. Je voulais qu’il découvre ce que j’avais déjà produit car j’ai sorti des albums en France mais je n’ai jamais eu le temps de venir ici et de présenter ces titres. J’ai fait donc une sélection des dix titres que je préférais en plus des 2 nouveaux titres, dont l’une, dédié à ma mère est en wolof (Soralelma). Et le tout pour faire un album nouveau avec un nom nouveau.
Lors de votre point de presse, vous aviez évoqué votre amour pour le dandysme, c’est quoi ce concept ?
Je recrée cet esprit qui est le dandysme. Ce dernier est un phénomène culturel du 19e siècle en Occident. Les dandys étaient des gens très beaux, classe, à l’extérieur et qui à l’intérieur adorent les arts. Mais moi, je voulais créer un dandysme à l’africaine dont l’objectif est de donner un message positif émanant de l’Afrique. Car, ce qu’on voit aujourd’hui est une image assez négative de l’Afrique, alors qu’en Afrique, il y a des gens qui vivent ce dandysme avec des accoutrements très classe et un amour immense pour l’art.
En voulant faire connaissance avec le public sénégalais, vous apportez un autre style musical et non le mbalakh sénégalais, pourquoi ?
Je ne sais pas faire du mbalakh et mes influences, à l’origine, c’était Tracy Chapman : des choses assez pop. Mais quand j’ai appris à jouer de la guitare, j’ai commencé avec de la musique pop. Je ne sais pas faire du mbalakh, en réalité. En revanche, j’aime bien l’écouter, surtout Rakadiou, le dernier morceau de Pape Diouf. Ce qui est intéressant au Sénégal ce n’est pas que tout le monde fasse la même chose, il est bien qu’il y ait le mbalakh, mais aussi qu’il y ait de l’acoustique et d’autres genres. Il faut que la palette soit élargie et que la musique au Sénégal soit plurielle.
Au Sénégal, on a tendance à dire que la musique ne nourrit pas son homme, n’est-il un risque pour vous de quitter l’Europe pour venir vous produire ici ?
D’abord, je veux juste me présenter aux Sénégalais. Je ne fais pas de l’art pour en vivre, car ce n’est pas possible ; on ne peut pas vivre de la musique. Ma dé- marche est totalement artistique. Je veux juste créer. Par contre, pour vivre, je fais autre chose, je suis en occurrence manager dans une entreprise, ici au Séné- gal ; c’est mon travail parallèle. Je fais deux choses à la fois, même si c’est difficile. Et si on vit de la musique en attendant que notre producteur nous aide à y arriver, tu risques de ne rien faire. Moi, je prends le risque de travailler pour financer mon art.
Comment alliez-vous travail et musique ?
J’ai de la chance d’être manager, car je suis un peu flexible par rapport à mon temps. Donc je peux allier les deux. Jusqu’ici, je le fais et sa marche. C’est surtout que je n’ai presque pas le choix, car pour faire mon art comme je veux, je veux être mon propre patron et j’en paye le prix en travaillant la journée et montant sur scène le soir.
Quels sont vos projets pour les jeunes sénégalais, vu la recrudescence du chômage dans le pays ?
Je n’ai pas concrètement de projet spécifique pour les jeunes sénégalais, mais si je peux peu me permettre, j’ai juste un conseil à leur donner : c’est de bien se focaliser sur l’éducation. Si j’ai rendu hommage à ma mère dans « Soralelma » c’est parce qu’elle ma donné l’éducation. Les jeunes doivent savoir que la clé de la réussite, c’est les études. Car l’éducation rend libre. Certains des titres de l’album sont sexy, ne craignez vous pas heurter la sensibilité de certains sénégalais avec la chanson « Faisons l’amour » ? (Rire)Non, le message frontal de « Faisons l’amour » est charnelle, certes. Mais il ne faut pas seulement voir cet aspect-là ; c’est un message de concorde, de l’appel à la paix et à la rencontre en général. Ce n’est pas seulement sensuel.
Quel genre de musique produisez-vous ?
Le style musical, c’est le groove afro-folk. C’est un nom que j’ai créé pour déterminer ce que je fais. Mon problème est que je fais plusieurs styles musicaux à la fois et j’essaye de trouver des dénominateurs communs. Et le groove, c’est la façon de tourner la musique, l’afro renvoi à mes origines africaines et le folk parce que je travaille avec des guitares folk. Ce qui me plaît, c’est la mélodie qui permet d’atteindre la sensibilité des gens.
Y a-t-il une possibilité de mixer un jour le mbalakh et le groove afro-folk ?
Justement ! Moi, je suis un artiste et l’art c’est la subjectivité totale ; on ne prévoit pas ce que l’on doit faire, c’est les rencontres qui font les choses. Je ne dirai jamais que je ne ferais pas du mbalakh, mais si l’occasion se présente, je pourrais en faire.
Qu’est-ce qui vous inspire lors de la conception de vos titres ?
L’inspiration peut être des rencontres, une relation amoureuse ou de la tristesse. Oui, je suis quelqu’un de très mélancolique et des fois, lorsque je suis triste, bien au coin quelque part, je pense à créer une chanson. Je suis un sentimental de nature.
Vous qui parlez d’enracinement comme votre nom Racine, qu’êtes-vous venu rechercher au Sénégal ?
Moi, au bout de quinze ans en Europe, j’avais fait le tour et clairement l’Afrique me manquait ; je voulais retrouver la poussière, la terre d’où je viens et refaire des rencontres. J’avais envie de retrouver ma famille et continuer à créer mon art. On a vu Jean Racine sur scène comme un artiste polyvalent, chanteur, guitariste percussionnistes…
C’est quoi votre secret ?
Je travaille beaucoup et j’aime la musique. Dès que je vois une guitare, je me mets à jouer et c’est quelque chose qui me fascine. Je cherche toujours à faire des accords avec ma guitare pour créer des sons. Je suis un artiste tout simplement. Alors, le style dandysme, c’est s’habiller classe.
Quel est le prix à payer pour être au top ?
L’attirail total peut aller jusqu’à 300 000 francs Cfa. Mais, j’ai la chance de le faire, car je peu le faire, je n’attends pas de vendre des disques pour pouvoir me payer tout ce que je veux. Et c’est cet équilibre-là qui est intéressant. Je paye le prix de mes choix.
Quels sont vos projets artistiques ?
D’abord, je suis revenu pour rencontrer des musiciens pour enregistre un troisième album. Et parallèlement, on est en train de donner des concerts. On fait aussi le maquettage de mon nouvel album qui sera enregistré au Mali dans le studio de Salif Keita.
Pourquoi le Mali et non le Sénégal dont vous voulez faire connaissance avec le public ?
Le Sénégal, je l’ai déjà fait. Et moi je ne fais pas ce que j’ai déjà fait, je veux découvrir d’autres choses. J’adore la musique mandingue et je vais aller découvrir ce que fait Salif Keita et rencontrer aussi des musiciens maliens. Qui sait ? Demain j’irai peu être en Afrique du Sud. Je veux sortir quatre albums dans différent pays qui s’appellera Afrodandy 1, 2, ,3 et 4.
Qu’avez-vous à dire à vos collègues artistes sénégalais ?
Il ne faut pas qu’ils oublient que la musique est un art. Quand on fait de la musique, on est obnubilé par le fait de juste faire sortir des chansons qui vont plaire au public, alors que quand on fait de l’art, il faut le faire par amour. Et c’est ce qui permet d’être indépendant et de ne pas dépendre du nombre de disques vendus. Il faut travailler et trouver d’autres moyens pour aller de l’avant comme l’a fait Youssou Ndour qui a créé des entreprises.
Comment est Jean Racine ?
Je suis quelqu’un de très stressé, très nerveux, des fois, optimiste ; pessimiste ; et je suis tout et son contraire. Je travaille beaucoup pour atteindre mes objectifs et je peux tout changer du jour au lendemain. Je peux me lever demain et trouver un autre métier intéressant et je me donne les moyens de le faire, m’enrichir et passer à autre chose. C’est la folie !
Jean Racine est-il un cœur à prendre ?
Je ne suis pas marié et suis totalement disponible à qui veut. Je suis célibataire sans enfant.
Xalam signe son come back avec Waxaati. Mythique et pleins de souvenirs, ce vieux groupe, connu pour sa bonne musique des années 60 à nos jours, renait de ses cendres après une longue pause. Un retour en force marqué par un nouvel album qui ouvre une nouvelle pé- riode pour Ibrahima Coundoul, leade vocal, et les autres. Musiciens et instrumentistes ont accepté de prendre la machine à remonter le temps pour revisiter les souvenirs.
C’est le genre de rencontre qui reste gravée dans votre mémoire et rythme toute votre vie. Une bande de gamins, frappant les portes du troisième âge avec les multiples sonorités qu’ils ont composé dans les années 60. Henry Guillabert, Moustapha Cissé, Cheikh Tidiane Tall, et Ibrahima Coundoul s’émerveillent en réécoutant la musique du mythique Xalam.
On oublie même parfois qu’ils sont les créateurs de ces sublimes mélodies qui les font danser comme au bon vieux temps. L’un des plus vieux groupe musical vient de sortir, un nouvel album de 12 titres: Waxaati.
La présentation de cet album a été une occasion pour ces artistes de jouer le rétro de leurs vies de musiciens centrées autour d’un groupe plus connu sous le nom de Xalam.
Créé en 1966 par un groupe d’amis, Xalam était au dé- part un orchestre de passionnés de musique qui jouaient de variété pour gagner leur vie. Et c’est vers la fin de l’année 1974 qu’ils ont dé- cidé de travailler pour le premier album du groupe.
Deux ans de durs labeurs dans des conditions rocambolesques qu’ils ont relaté avec plaisir, plus de 40 ans après. «On jouait de la variété en reprenant les musiques des autres. A un certain moment, on a décidé d’arrêter pour créer notre propre musique et pour y arriver, il fallait obligatoirement faire une rupture.
C’est ainsi que nous avons commencé des recherches qui nous ont amené à puiser dans notre folklore, la musique traditionnelle qu’on a associé à d’autres genres musicaux. Mais cette période était très difficile parce que nous avions décidé de ne pas dépendre de nos parents.
Et comme ont ne jouait plus de la variété, nous nous sommes retrouvés sans argent et on mangeait des cacahouètes », a révélé Henry Guillabert qui est le premier à raconter une de ces petites histoires vécues par les membres de Xalam. Histoires qui, par la force des choses, deviennent presque «privées» et qu’ils ne se racontaient qu’entre amis jusqu’à aujourd’hui.
Henry Guillabert
«On a travaillé pendant 2 ans. C’est-à-dire fin 1974. Depuis 1977, pour la sortie de notre album. On ne cessait de répéter. On invitait nos amis aux répétitions et ils nous prédisaient un grand tabac, notre première sortie. Le jour du concert, nous avions le Grand El Hadji Ndiaga Mbaye pour jouer la première partie.
La salle était pleine et nous avions refusé du monde. Ndiaga Mbaye monte sur scène et fait une prestation époustouflante pendant 1 heure. Après une courte pause, le temps qu’on se mette en place, le speaker annonce Xalam, les diables du rythme.
On fait une entrée historique, parce qu’on est entré par les portes réservées au public, les uns vêtus de tenus traditionnelles d’ethnies sénégalaises comme les bassaris, les diolas, les mandjacks etc. Le public n’en revenait pas et les gens se demandaient d’où ils sortent ces gars là ?
Ce sont des fous ou quoi ! Ce sont des broussards ! On démarre avec une intro que le public n’a pas apprécié. Et après 3 morceaux, ils ont commencé à quitter la salle par vagues de 4 personnes puis 6 personnes etc… Et d’un seul coup, c’est devenu un mouvement de masse et en quelques minutes on s’est retrouvé avec 30 personnes dans la salle. Plus de 1000 personnes ont quitté la salle et nous ont laissé avec 30 personnes qui étaient en réalité des amis qui criaient: «Allez Xalam, ils n’ont rien compris, Vous êtes les meilleurs…»
C’est vrai qu’on avait récolté de l’argent mais personne n’a écouté notre musique. Et c’était un choc. Et quand on est rentré, la question qui revenait souvent était la suivant : Est-ce qu’on ne s’est pas trompé de chemin?
C’était un choc et si on n’était pas soudé, il y’aurait certainement des gens qui allaient quitter. Mais c’est aussi à partir de ce moment qu’on s’est dit qu’on ne nous comprend pas chez nous. Maintenant on va jouer pour l’étranger. Et on a transféré notre vision pour jouer à l’étranger».
Apres Guillabert, Ibrahima Coundoul, chanteur leader du groupe, partage avec nous un événement survenu lors d’une prestation en 1981 au festival du diaz club méditerrané «lorsqu’on est venu jouer, un grand pianiste du nom de Arielle Danko est venu trouver Henri Guillabert et lui a demandé avec étonnement, comment faisait t-il pour utiliser le piano ?
Henry lui a répondu que nous travaillons l’harmonie africaine. Très impressionné par la maîtrise, l’aisance et les connaissances d’Henry, Danko affirme qu’il a fait un livre avec les mêmes notes que Henry venait de jouer.
Ce fût pour eux une grande satisfaction, parce qu’après tous les grands musiciens sont venus chanter dans les morceaux de Xalam », a raconté Ibrahima. Pour Coundoul, c’était un grand moment et une satisfaction professionnelle. «Ce qui prouve que l’on faisait un grand travail», a –t-il pré- cisé.
Quant au percussionniste vocal, il garde en mémoire l’enregistrement de l’album ‘’Gorée’’. Pour Moustapha Cissé, c’est lors de cet enregistrement qu’ils ont gagné beaucoup plus d’estime dans leur travail. Il raconte : « Stéphane, ingénieur de son qui s’occupait de notre enregistrement était aussi celui qui s’occupait de l’enregistrement du futur album des Rolling ‘Stones.
Et c’est dans ce studio que Mick Jagger est tombé par hasard sur nos chansons. Et il demanda à Stéphane qui sont-ils ? Il lui répondit que ce sont des africains qui viennent du Sénégal. Le même jour, il confesse à Stéphane qu’il n’avait jamais écouté une musique pareille.
Un soir de l’année 1986, le téléphone sonna, je décroche et quelqu’un me dit : c’est Mick Jagger des Rolling Stone. Croyant avoir affaire a un faiseur de malin, je lui dis : je suis James Brown et il fallu qu’il prenne un ton beaucoup plus sérieux en me précisant qu’il était à Paris avec Stéphan pour que je me rends compte que c’est bien lui au bout du fil.
C’était pour un entretien qui, par la suite, nous a permis de jouer dans un album sans titre que nous avons bouclé en 2 mois de répétition. Une rencontre qui nous a permis de participer au 25 ans des Rolling Stone.»
Malgré les différentes histoires vécues par eux, ils sont tous conscient que le Xalam est un long chemin, un voyage qui ne s’arrê- tera jamais parce qu’il y a des gens qui ont commencé avec le Xalam quand ils jouaient de la variété.
Certains ont arrêté quand le Xalam à commencé à jouer du mbalaakh. D’autres sont venus après et sont repartis quand un autre genre musical a été choisi ainsi de suite. Aujourd’hui, avec Waxaati, une nouvelle période s’ouvre pour l’un des plus vieux
Le ministre de l’Environnement et du Développement durable Abdoulaye Bibi Baldé est un homme calme et qui affable et avance masqué. Derrière son visage innocent se cache un esprit libre, un taquin, un amoureux du football, de l’économie et des violons du Fouladou. Mais ce qui énerve le maire de Kolda, c’est l’hypocrisie. Sa colère se manifeste à travers son visage qui s’empourpre. «L’AS» vous fait découvrir les facettes du ministre et maire de Kolda.
Son physique fait de lui un piètre footballeur, mais Abdoulaye Bibi Baldé porte le ballon rond dans son coeur. A ses heures perdues à Kolda dont il est le maire ou à Dakar, Abdoulaye Bibi Baldé taquine le ballon. «Nous avons organisé un match des Conseillers municipaux de Kolda contre ceux du département », a-t-il confié dans son bureau hissé au troisième étage de l’imposant bâtiment du ministère de l’Environnement et du Développement durable. «Au moins j’ai marqué un pénalty, même si on a perdu la rencontre», dit-il le sourire en coin, avant d’avouer qu’il a raté une occasion.
Grandi sous l’aile protectrice d’un père politique, Bibi n’en est pas pour autant un passionné de la politique. Pour le tombeur de l’ancien maire Bécaye Diop, «la politique est une science extraordinaire! Et les politiques sont des acteurs atypiques». Il semble intrigué par le marigot politique où cohabitent caïmans, crocodiles et autres……vipères. L’édile de la capitale du Fouladou profite de l’accalmie politique après son âpre combat aux locales contre le cacique Bécaye Diop, le voltigeur Fabouly Gaye et le téméraire Mame Boye Diao. «Vous savez, c’est en politique seulement qu’on dit qu’on peut tout en sachant qu’on n’y parviendra pas. Même si tu sais d’avance que tu vas perdre, tu diras que tu vas gagner (rires)», dit en riant le natif du 10 décembre 1974 à Kolda.
A ceux qui disent qu’il est timide, Bibi répond : «Je ne suis pas aussi timide que les gens le croient». «Il est taquin», confie sa secrétaire, confirmée par son ancien condisciple Dr Oumar Sané qui déclare : «Bibi est même trop taquin. Il dégage un air de quelqu’un de timide, mais il est loin de l’être». C’est au village de Dabo érigé en commune depuis 2009 que le maire de Kolda a grandi. «Je suis entré à l’école en octobre 1983 à Dabo. En 1989, j’ai fait la classe de 6e à Dabo qui venait d’étrenner son nouveau collègue». Le Bfem en poche en 1992, son père l’envoie auprès de son oncle professeur de Physique et Chimie. «Mon papa m’a envoyé à Saint-Louis, peut-être à cause de l’adolescence. Même si à Dabo j’étais le premier de ma classe. De la 6e à la 3e,. Il voulait que je suive des études scientifiques. Donc, il fallait m’éloigner de Kolda pour m’éviter des va-etvient entre Kolda et Dabo. J’y ai fait la seconde et la classe de première en série D», rapporte-t-il. Coup du destin, il fera sa terminale à Kolda.
Parmi ses anciens condisciples, il cite trois médecins : Dr Oumar Sané (Vélingara), Dr Boubacar Fall (urologue à l’hôpital Le Dantec) et Dr Boubacar Kandé (Médina Yoro Foulah). «Après le bac en 1995, j’ai choisi de suivre des études en sciences économiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où j’ai eu mon Diplôme d’études approfondies (Dea) en macro économie appliquée», soutient Bibi. Ce parchemin lui ouvre les portes de la Fonction publique où il est recruté comme économiste. Mais le désir d’aller encore plus haut le démange et il s’inscrit au Cesag où il décroche le Diplôme d’études supérieures spécialisées (Dess) en économie de la santé. Ce parchemin très prisé dans son cartable, Abdoulaye Bibi Baldé peut désormais frapper à la porte des Nations Unies. C’est ainsi qu’il a effectué un court passage (un an) au Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap).
«Le statut de fonctionnaire ne vous donne pas une certaine liberté. C’est pourquoi lorsqu’il y a eu un appel à candidatures pour un poste à la Faculté des sciences économiques en 2008, j’ai postulé. J’ai abandonné le statut de fonctionnaire international pour l’enseignement, parce que j’ai toujours
pensé que le fonctionnaire n’est pas autonome de pensée et d’action. Dans la Fonction publique, on vous interdit de faire par exemple de la consultance et de donner certaines informations à la presse etc. Moi, j’ai toujours voulu être libre et autonome», martèle-t-il. Quid de ses rapports avec ses subordonnés ? «Je ne suis pas directif», dit-il. «Le ministre est très facile d’accès et il écoute ses collaborateurs», révèle sa secrétaire. Son ancien conseiller en communication Bachir Fofana témoigne dans le même sens. «Il a une approche presque familiale avec ses collaborateurs. Il n'hésite pas à faire le tour des bureaux pour serrer la main à ses collaborateurs », révèle-t-il.
D’où vient Le sobriquet de bibi ?
«C’est un nom trouvé par ma grand-mère qui me chérissait beaucoup. Depuis lors, les gens m’appellent Bibi. C’est mon nom de guerre. A Kolda, si tu ne demandes pas Bibi tu ne peux pas me retrouver », révèle-t-il. Son élégance et son teint clair font qu’il ne passe pas inaperçu et il était la terreur des jeunes filles au campus universitaire. «Je suis un homme normal. Je fais les choses avec modération. Je n’étais pas un saint c’est vrai, mais je n’étais pas non plus quelqu’un qui met les pieds partout. Je savais où mettre les pieds», consent Bibi en affichant la banane. «Je partais à la Cité Claudel comme tous les étudiants», ajoute-t-il. Toutefois, Bibi n’était pas un rat des boîtes de nuit, même si de temps à autre il y allait pour décompresser en bonne compagnie, pour danser le zouk qu’il adore.
Un féru du vioLon peuLh (riiti)
Très attaché à sa culture, Bibi ne résiste pas au violon (riiti) du Fouladou. Il en raffole. Le violon l’atteint dans son for intérieur. «Le violon peulh, c’est très fort», confesse l’édile de la capitale du Fouladou. Il se souvient de son voyage d’études en 2010 à Clermont Ferrand (France) où il a craqué un jour. «J’y ai séjourné plus d’un mois. Un jour où j’écoutais les violons du Fouladou, j’ai versé des larmes (rire), alors que j’avais la possibilité de rentrer à tout moment. Ça m’avait rappelé beaucoup de choses. Parce que j’avais laissé mon papa malade. Les griots chantaient ma famille, mon père… », rapporte-t-il. Selon la clameur populaire, il est issu d’une famille maraboutique. « Non, d’une famille royale peut-être. Parce que mes grands-pères paternel et maternel étaient des chefs de canton », rectifie-t-il.
Rencontre avec MACKY SALL
«Je ne sais pas vraiment comment j’ai chopé le virus de la politique», dit-il. Car son père, alors secrétaire général de section de Salikégné du Parti socialiste, lui a toujours déconseillé de faire de la politique. Ce qui fait qu’il n’a jamais milité dans un parti, jusqu’à l’université. «Mon père m’avait demandé d’apprendre d’abord, avant de faire la politique», confie-t-il. C’est en 2010 qu’il a décidé de se jeter dans le marigot politique. «Un jour, je me suis dit : tient ! Je dois aller voir Macky Sall pour militer dans son parti. J’ai vu que c’est un homme avec qui je peux travailler. Son accueil, sa disponibilité m’ont beaucoup marqué. Je pensais que notre rencontre n’était pas évidente, mais c’est allé très vite», affirme M. Baldé. C’est Chérif Lahid Aïdara qui lui a permis de réaliser son rêve de rencontrer Macky Sall et de militer à l’Alliance pour la république (Apr). «Le Président m’a dit qu’il y a une équipe qui a déjà commencé à réfléchir sur notre programme économique Yoonu Yokkuté et aussitôt il m’a mis en rapport avec Thierno Alassane Sall. J’ai été l’un des rédacteurs du Yoonu Yokkuté avec Thierno Alassane Sall, Aladji Ly. Plus tard en 2011, Mimi Touré nous a rejoints», rappelle le ministre de l’Environnement. «C’est ainsi qu’un week-end, je suis allé à Kolda et j’ai réuni ma famille pour l’informer de mon engagement politique. Aussitôt j’ai monté deux comités au quartier Bantaguel», dit-il. . «Le Président m’a appelé un jour, alors que j’étais à l’université, pour m’annoncer son souhait de me voir rejoindre l’équipe gouvernementale. J’ai eu une grosse émotion vraiment. Je pensais que le Président m’a oublié, mais je me suis dit que s’il m’avait oublié, il ne m’aurait pas appelé. Il pensait à moi, même si on ne se voyait pas», révèle-t-il. «J’ai fait la meilleure campagne de commercialisation d’arachide», dit-il fièrement. Puis le voici nommé ministre du Plan. Aujourd’hui, Abdoulaye Bibi Baldé s’occupe de l’environnement qui est «horizontal et qui regorge de beaucoup d’enjeux», notamment les changements climatiques et la désertification.
Ses amis dans Le gouvernement
«Moi je refuse d’être dans un clan. Je considère tous les ministres comme des collègues. Mais, j’ai des relations particulières avec Thierno Alassane Sall, parce que le Président Macky Sall m’avait confié à lui pour militer au sein de la structures des cadres». Comme tout bon enseignant, Baldé serait très radin même s’il s’en défend. «Je ne suis pas de cet avis. Je ne suis pas radin, peut-être rationnel. Je dépense utile. Il se trouve aussi que la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a !», rectifie Bibi. Un de ses collaborateurs considère cette rationalité comme de l’avarice. Bibi n’est pas un passionné, un fougueux. Il est un homme mesuré. «J’ai mon rythme à moi. Pour faire les choses on n’a pas besoin de se précipiter. Parce qu’il y a deux issues : victoire ou échec. J’ai intégré les deux possibilités ». Son défaut se situe à ce niveau, selon certains de ses collaborateurs. «L'un de ses défauts, c'est sa nature à prendre tout son temps quand il doit se décider», nous souffle-t-on. «Il est difficile de savoir s’il est content ou pas. Il est très nuancé», soutient Dr Sané.
Si bibi s’énerve, son visage s’empourpre
Qu’est ce qui peut énerver Bibi ? Son ancien conseiller en communication répond : «c'est l'hypocrisie. Lors d'une réunion avec le Premier ministre Abdoul Mbaye, un des conseillers techniques, pour se mettre en valeur, avait raconté des choses qui n'existent pas. A la fin de la réunion, Bibi est allé directement dire au conseiller technique : «lingua def yéfou naafèkh la » (Ce que tu as fait, c’est de la fumisterie) ». S’il est énervé, son visage s’empourpre. En plus, ajoute Bachir, «il ferme le poing gauche et se mord les lèvres». Ne lui parlez pas de choses mystiques, il n’en a pas peur. Est-il blindé mystiquement ? «On disait que la mairie de Kolda est mystique et dangereuse. Mais je dis que si l’on meurt dans le champ de son père, on n’a pas à avoir honte. Ceux qui craignent les choses mystiques, peut-être, qu’ils ne sont pas originaires de Kolda. Parce que nous autres Koldois, nous partageons les mêmes réalités, les mêmes personnes (Ndlr, marabouts)», dit-il.
Ses anciens maîtres qui ont façonné son caractère
M. Ndiaye, c’est son maître qui l’a beaucoup marqué. Il aimait parler des différentes cultures du Sénégal et suivait ses potaches jusqu’à la maison pour voir s’ils apprenaient leurs leçons. «On s’est parlé au téléphone il n’y a pas longtemps, c’est un homme qui connaît le Sénégal. J’ai rencontré aussi un ancien maître, M. Thiam, à l’hôpital. Mon Prof de Physique chimie en classe de 4e, Monsieur Kébé aussi m’a marqué», soutient Bibi qui affirme que ses références en politique sont Macky Sall et Barack Obama. «Ma seule ambition politique c’est d’accompagner le Président Macky Sall (rire) pour qu’il ait un second mandat. Je ne peux pas avoir plus que ça. Parce qu’il y a un temps pour la politique», précise Bibi qui trouve infernale la cadence des politiques. «A ce rythme je prendrai la retraite à 55 ans. Je veux retourner à l’Université», affirme le maire de Kolda, marié et père de 3 enfants.