Trois jours après son succès sur Balla Gaye 2, c'est toujours la joie et l'allégresse chez Eumeu Sène. Parents, amis, et proches sont encore présents pour savourer et fêter la victoire de leur idole. C'est dans cette atmosphère bon enfant que le tombeur du fils de Double Less nous a reçus hier dans son domicile sis à Petit Mbao. Pour un entretien vérité. Vêtu d'un pantalon blouson de couleur blanche, assorti d'un capuchon bleu, le chef de file de l'écurie Tay Shinger a abordé avec EnQuête toutes les questions qui alimentent les discussions dans le milieu de la lutte. La profanation de la tombe de sa maman, Emeu dit en détenir les preuves, son combat avec Yékini, il n'en veut plus. En revanche, il se dit prêt à affronter Modou Lo ou Bombardier, avant de prendre sa retraite. Mais en attendant, le leader de Tay Shinger qui ne fait pas mystère de ses relations avec Malick Gackou, se rend aujourd'hui en Gambie, pour dit-il remercier son ami et "marabout" Yaya Jammeh.
Des informations ont fait état de votre état de santé fragile avant le combat de dimanche dernier. Il paraît que votre père a même voulu que vous déclariez forfait. Qu'en est-exactement ?
Quatre mois avant le combat, je suis tombé malade. J'avais une forte fièvre qui avait inquiété toute ma famille. J'ai été voir les médecins et suivi un traitement qui m'a permis de tenir. Le jour du combat, mon père pensait que je ne serais pas en mesure de lutter. Il a essayé de me demander de déclarer forfait. Car il tenait à préserver ma santé. Mais étant donné que j'avais déjà pris des engagements, je me devais de les honorer. Je lui ai manifesté ma ferme volonté de lutter. C'était une question d'honneur pour moi, même si je trainais des lourdeurs.
Vous êtes parvenu à prendre le dessus sur votre adversaire. Mais sous le coup d'une forte émotion, vous ne vous êtes pas privé de faire état de la profanation de la tombe de votre mère. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Je puis vous assurer que cela ne résulte pas d'une imagination féconde. Je ne l'ai pas inventé. C'est la pure vérité. Et je le jure.
Avez-vous les preuves de telles accusations ?
Je ne suis pas du genre à inventer des histoires, encore moins à débiter des sornettes. Je suis un musulman et le Prophète (Psl) dit qu'un musulman peut commettre des erreurs mais qu'un vrai musulman ne ment jamais, qu'il n'a pas ce droit. C'est un péché capital pour un musulman. J'ai des éléments probants qui légitiment mes propos. Quand des esprits jugent que je n'aurais pas dû avancer de tels propos, c'est parce que cela ne les affecte pas directement. Tout individu aurait été choqué s'il s'était agi de son parent a fortiori de sa maman. J'étais très attaché à ma mère, je lui voue une haute considération. J'ai eu du mal à faire son deuil de sorte que je passais des nuits sur sa tombe après son décès et ce, pendant deux semaines. Je n'arrivais pas à dormir. J'étais bouleversé, éberlué de découvrir qu'on a osé lui manquer de respect en profanant sa tombe. Je n'en revenais pas.
Mais ne pensez-vous pas que cela aurait été plus dramatique si vous aviez essuyé une défaite lors de ce combat ?
Si j'avais perdu le combat, j'en aurais fait table rase. Car cela pouvait être interprété diversement. J'aurais fait un black out total. Mais j'ai tenu, après ma victoire, à faire cette déclaration dans le souci de ramener les gens à la raison, mais aussi de conscientiser le public sur des pratiques qui vicient le monde de la lutte. Car je pense que la gloire ne vaut pas de telles bassesses. Le sens du fairplay doit être de rigueur dans la lutte à l'image des autres disciplines sportives. On n'a pas le droit de blesser son prochain. Il fallait que je fasse le vide. J'étais choqué en raison de la place de choix qu'occupe ma mère dans ma vie, mais il me fallait évacuer, dire ce qui me fait mal. Le Prophète (Psl) proscrit la colère, mais l'essentiel pour moi, c'était d'exprimer mes sentiments en cette occasion et après, de passer à autre chose.
Votre adversaire Balla Gaye 2 a juré ne pas être l'auteur d'un tel acte. Et selon certaines indiscrétions, l'entourage des lutteurs a tendance souvent à poser des actes à l'insu de leur idole. Quelle appréciation en faites-vous ?
C'est possible mais je ne pense pas que pour les beaux yeux de son champion, un supporter ou un membre du staff ose s'offrir une telle liberté. Je ne peux pas trop m'avancer sur le sujet. Je ne vais plus me prononcer d'ailleurs sur la question. Mon adversaire est encore sous le coup de la jeunesse, il n'a que 30 ans, il tend vers la maturité. Je l'encourage à continuer sa carrière ; il apporte vie et tonus à la lutte avec un style qui lui est particulier.
L'on associe la lutte au mysticisme, pensez-vous que certaines pratiques mystiques sont à même de galvaniser le lutteur ? Sont-elles indispensables pour vous ?
Je dirais que les prières sont indissociables de la lutte. On en a toujours besoin pour se prémunir. D'ailleurs, l'islam reconnaît l'existence de ces pratiques mystiques, c'est tout le sens des sourates "An nass" et Al falaq". Ce sont des réalités qu'on ne doit pas occulter. Mais cela ne doit pas servir de prétexte pour baliser la voie à des pratiques malsaines que réprouve la morale. Les prières des saints et autres hommes de Dieu produisent toujours des effets de même que celles de nos parents. Hormis ce volet, le lutteur doit miser sur ses entraînements et ses forces physiques et mentales.
Avez-vous souvenance d'un combat où vous vous êtes senti atteint mystiquement ?
Je dirais que je ne suis pas du genre à cultiver un tel état d'esprit. Si je perds un combat, je me dis que j'ai failli à mes entraînements. J'ai été gravement malade, mais en aucun moment je ne me suis fait à l'idée que j'étais atteint mystiquement. J'ai préféré solliciter les services d'un médecin. Parfois, si mon état de santé m'inquiète, il peut m'arriver de jeûner ou d'organiser un récital du Coran. Je ne manque jamais de prier et demander une aide divine. Car il faut se faire à l'idée que lorsqu'on a tendance à agresser mystiquement son prochain, on est vulnérable à toutes sortes d'attaques. Tel est le décret divin. Ce que ma maman n'a eu de cesse de me dire.
Vous avez l'habitude de citer votre défunte maman dans vos propos, on sent sa présence soutenue dans votre vie. Vos rapports dépassaient-ils le cadre maternel ?
C'est vrai, elle a occupé une place de choix dans ma vie. Elle était ma mère, ma conseillère, ma confidente mais une guide spirituelle pour moi. Nous passions beaucoup de temps ensemble, elle priait souvent pour moi et me prodiguait des conseils avisés. Ses leçons de sagesse influaient sur mon comportement, ses conseils marquent au fer rouge mon esprit. On parlait beaucoup de religion et on abordait toutes les questions de la vie.
Vous avez toujours rêvé d'un combat avec Yékini. C'est toujours à l'ordre du jour ?
Non ! Je ne pense pas l'affronter...
Pourquoi ?
Je suis en train de réfléchir, je dois d'abord me reposer mais je pense que ce combat n'aura pas lieu.
Vous avez partagé la même chambre avec Yékini durant les compétitions de lutte sur le plan africain. Est-ce la raison pour laquelle vous ne voulez pas l'affronter pour un combat ?
C'est vrai que nous entretenons des relations amicales basées sur l'estime. C'est quelqu'un que j'apprécie pour sa simplicité. Yékini est très attaché à sa religion ; il dirigeait nos prières. Nous partageons des valeurs communes. Nous avons eu à partager la même chambre à maintes reprises.
Pourtant vous aviez accepté d'en découdre avec l'enfant de Bassoul ?
Je ne veux pas trop m'épancher sur cela aussi. Et puis le contexte a beaucoup changé.
Qu'en est-il pour Modou Lo et Bombardier ?
C'est un scénario envisageable. Je peux lutter avec chacun de ces deux lutteurs. Modou Lo me doit d'ailleurs une revanche.
Qui d'autres êtes-vous disposé à affronter ?
N'importe quel lutteur ! Je suis prêt à faire face à tout lutteur.
Même Balla Gaye 2 ?
(Rires). Pas lui ! Non ! Je n'y pense pas. On ne pourra lutter de nouveau que dans 6 ans. Mais étant donné que je n'envisage pas de faire encore un tel nombre d'années dans l'arène, je pense que c'est impossible. J'aspire à effectuer le pèlerinage à La Mecque, histoire de raffermir ma foi et de vivre intensément la Sunna.
Votre adversaire a préféré se rendre aux Etats-Unis pour s'entraîner, vous avez pris l'option de rester au pays, qu'est-ce qui justifie cette décision ?
Je pense que c'est la rigueur qui doit primer sur toute autre considération. Je n'ai pas jugé utile de quitter ce pays pour préparer ce combat, car la lutte est notre sport national. Elle fait partie de notre patrimoine culturel. Je ne vois pas ce que l'extérieur peut m'apporter de plus dans ma préparation
Votre carrière a démarré sous l'aile protectrice de Tyson, mais suite à une brouille qui a conduit à votre séparation, vous avez mis en place "Tay Shinger". Est-ce qu'il y a d'autres ténors derrière cette écurie ?
Oui. Je peux vous donner l'exemple de Tyson 2, Nguer... je ne peux citer tout le monde mais des lutteurs de calibre sont dans mon écurie. Je suis optimiste quant à l'avenir de l'écurie.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous auriez pu dépasser ce stade n'eussent été les écueils et déceptions qui ont jalonné votre parcours ? Qu'en est-il réellement ?
C'est dur, j'ai connu de dures épreuves de la vie, mais j'ai toujours eu à affronter des lutteurs de renom. Très tôt, j'ai engagé des combats difficiles. J'ai aussi connu de grandes déceptions et des séparations douloureuses avec des proches, au vu et au su de tous. J'essaie de ranger ces épisodes de ma vie aux oubliettes, car parfois c'est important d'oublier pour ne pas emmagasiner des rancunes.
Aujourd'hui quelle est la nature de vos relations avec Tyson ?
Je lui souhaite tout ce qu'il y a de meilleur.
Peut-on dire que la page Mouhamed Ndao est définitivement tournée ?
Oui !
Suite à votre combat avec Modou Lo, vous faisiez l'objet de critiques déplaisantes. Qu'en est-il maintenant ?
J'ai beaucoup évolué, je prends les choses avec du sérieux car je pense qu'une introspection est importante pour tout individu. Je n'aime pas me focaliser sur des détails et je n'aime pas voir les gens de mauvaise humeur. Mais j'ai décidé de conjuguer cette tranche de ma vie au passé.
Est-ce à dire qu'Eumeu Sène a changé de comportement et tient compte maintenant de ses fréquentations ?
Dans la vie, la prudence est de taille. Je l'ai compris. C'est pourquoi je ne veux plus revenir sur certaines choses.
Quoi par exemple ?
Comme je l'ai dit plus haut, j'ai connu beaucoup de déceptions et de difficultés dans ma carrière, mais aujourd'hui j'ai tournée la page. Car je ne désire pas remuer le couteau dans certaines plaies qui ont commencé à se cicatriser.
Que pensez-vous du recours au dopage par certains lutteurs qui cherchent ainsi à booster leurs performances ?
Je ne peux cautionner de telles pratiques car je tiens au caractère sacré de la vie, je tiens à mon hygiène de vie, j'aimerais vivre longtemps. Je suis convaincu qu'un régime alimentaire doublé d'une bonne pratique sportive peut induire des résultats positifs. Le sportif ne peut avoir le même train de vie que le non-sportif. Une vie structurée autour de la récupération, d'une alimentation saine et d'un entraînement solide est, pour moi, le meilleur moyen pour doper ses performances. Je suis un régime normal, je suis un professionnel. Quand on me remet une avance, je l'investis dans ma préparation, ce n'est pas une somme destinée aux marabouts.
Le Cng doit-il procéder à des contrôles anti-dopage avant le jour des combats ?
La lutte n'est pas un sport individuel, elle n'a pas encore une portée mondiale. On a intérêt à revoir nos comportements.
Mais en tant que chef d'écurie, comment comptez-vous procéder pour sensibiliser vos pairs ?
Je pense que ces produits ne sont pas commercialisés au Sénégal. Ils sont interdits d'accès au Sénégal.
Ah bon ! Les consommateurs contreviennent alors à l'ordre ?
Tout individu qui s'aventure à les vendre est passible de la même sanction qu'un trafiquant de drogue. Ces médicaments sont strictement contrôlés.
A votre avis, où est-ce que les Sénégalais se procurent ces médicaments dopants ?
Les produits dopants n'entrent pas au Sénégal, on vend des comprimés tels que "gnay bi", "24h". On a beau mettre l'accent sur le contrôle, ce sera sans succès car les gens l'utilisent. Mais il est facile de reconnaître le lutteur qui consomme de tels produits, ne serait-ce que par sa physionomie qui se déforme. Il n'a plus la carrure d'un véritable sportif car il est dépourvu de musculation. Il s'essouffle facilement. Les cinq comprimés ne coûtent pas beaucoup. Je demande au Cng de sévir et de décourager une telle vente. Cela n'en vaut pas la peine car après 5 ans de consommation, la personne devient méconnaissable.
Pour en revenir à votre combat de dimanche dernier, certains amateurs prédisent une sanction du Cng suite au coup de poing que avez infligé à Balla Gaye 2 après le coup de sifflet de l'arbitre. Quel commentaire cela vous inspire ?
Je ne partage pas cet avis. Car je n'ai pas entendu un coup de sifflet. Je suis trop fair-play pour agir de la sorte. S'il y a quelqu'un qui doit se plaindre, c'est bien moi. Et pour cause, dans la première action, j'ai devancé Balla Gaye, il a fait trois appuis ; on n'était pas sorti du cercle, donc l'arbitre n'avait pas à arrêter l'action....Tant que les deux lutteurs sont dans le périmètre, l'arbitre ne doit pas siffler. Un seul pied est sorti, j'étais dans une meilleure posture que Balla Gaye qui ne pouvait s'échapper, il a fait un quatre appuis.
Donc Balla Gaye 2 est tombé une première fois...
Oui ! Il a fait quatre appuis, les images télévisuelles peuvent le confirmer. Là, j'ai tenu à me lever et à fixer l'arbitre mais il n'a pas réagi. Mais j'ai pris le soin de continuer le combat, j'ai donné des coups, attaqué mon adversaire sous le contrôle de l'arbitre qui n'a rien dit. Je me serais retenu si j'avais entendu un coup de sifflet. Qu'on visionne les images prises par les différentes télévisions, l'opinion publique sera édifiée. C'est lors du dernier coup qu'il s'est dirigé vers moi. J'ai battu mon adversaire à deux reprises, j'ai continué jusqu'au coup de sifflet de l'arbitre. Mais je ne pense pas avoir failli à l'ordre.
On parle de vos relations avec le président gambien. Vous devez d'ailleurs vous rendre en Gambie. Qu'est-ce qui vous lie à Yaya Jammeh ?
Yaya est un père pour moi, c'est un ami, un tout. On s'était vu suite à ma défaite face à Modou Lo.
Où ? En Gambie ?
Effectivement ! J'ai même sollicité ses prières à l'époque, il a prié pour moi et a prédit ma victoire pour mon prochain combat. Il l'a dit avec assurance. Il ne s'est pas arrêté là, il m'a offert une somme d'argent subséquente. Il m'a donné des conseils et m'a fait comprendre que ma bonne humeur, mon commerce facile sont à l'origine du capital de sympathie que j'engrange. Il m'a encouragé à rester fidèle à cette conduite, à rester humble, correct et sympathique. J'ai tenu à transmettre ce message à mes frères lutteurs, de sorte qu'ils aient des comportements irréprochables, qu'ils s'évertuent à être des modèles de rectitude pour nos supporters constitués en majorité de jeunes.
On dit du président gambien qu'il est votre fidèle supporter ?
Comme je vous l'ai dit, c'est un père pour moi, une référence ; sa mère est diola, je suis sérère, on entretient un cousinage à plaisanterie. On se marre ensemble.
Vous envisagez de vous rendre en Gambie, avez-vous fixé une date et qu'est-ce qui est au programme ?
Dans les normes je dois y être ce jeudi (ndlr aujourd'hui). Je dois rencontrer Yaya Jammeh.
Des observateurs estiment que le chef de l'Etat gambien Yaya Jammeh bafoue les droits de l'Homme dans son pays, qu'il n'est pas un adepte de la démocratie. Avez-vous évoqué ce point lors de vos échanges ?
J'ai eu l'opportunité de sortir avec lui pour assister à une grande cérémonie. J'ai été surpris par l'accueil qui lui a été réservé, la sympathie qui lui est vouée. Je ne cherche pas à lui tresser des lauriers mais je ne peux faire des témoignages que sur la base de mes constats. Yaya Jammeh est adulé dans son pays. Il est très respecté et apprécié par les populations. Même durant un combat de lutte, il use d'un ton très taquin avec les lutteurs, il n'hésite pas à aller à leur rencontre pour les taquiner. C'est cette facette que j'ai découverte en lui.
Quid de vos rapports avec Malick Gackou à l'origine de toutes sortes de commentaires ?
Malick Gackou est un Pikinois pure souche, un homme de la banlieue comme moi. Il a soutenu Balla Gaye 2, mais je remarque aussi qu'il soutient tous les lutteurs.
Donc il a eu à vous apporter du soutien ?
Il a été d'une prodigalité sans faille durant tous mes combats. Le combat avec Balla Gaye 2 ne déroge pas à la règle. Il m'offre des tee shirts, des billets et m'assiste financièrement.
Qu'en est-il de votre dernier combat avec Balla Gaye 2 ?
Il a fait pareil. Je lui dois gratitude. Car c'est son argent, il n'était pas obligé de le faire, ce sont des gestes citoyens à saluer, il assiste la jeunesse. C'est un intellectuel, un ancien ministre qui soutient toute la banlieue.
En dehors de la lutte, Eumeu Sène mène-t-il des activités parallèles ?
Je ne vais pas me dévoiler, je suis sur des projets qui me tiennent à cœur, car une carrière dans la lutte est éphémère.
Le gouvernement sénégalais a émis l'idée d'un projet agricole pour les lutteurs. Etes-vous partant pour une telle initiative ?
Je suis au courant, je suis le dossier mais entre les discours et la pratique, il y a souvent un grand fossé, mais on attend, on espère qu'il y aura du concret. Pour l'heure, on est encore dans l'expectative.
Eumeu Sène est-il marié ?
Oui je suis marié. J'ai une femme et deux enfants.
Le titre de Roi des arènes, qu'est-ce que cela vous dit ?
Je suis satisfait de mon cursus dans l'arène. J'étais champion d'Afrique, c'est un titre continental qui est plus important à mes yeux.
Donc vous n'êtes pas obsédé par le titre de roi des arènes ?
Non non, juste que je l'ai promis aux Pikinois. Vu que je suis un homme de parole, je me donnerai les moyens d'honorer cette promesse par la Grâce de Dieu. Les Pikinois tiennent à ce titre de roi des arènes, ce serait un plaisir pour moi de le leur offrir. Mais je pense arrêter la lutte très tôt, c'est-à-dire avant 35 ans ; je passerai le relais à mes jeunes frères.
Quels types de relations entretenez-vous avec les promoteurs de lutte ?
Des relations professionnelles très saines. Nous avons de très bons rapports. Je remercie beaucoup Gaston Mbengue. J'étais sous contrat avec lui, mais il m'a libéré pour que je puisse lutter d'abord avec Modou Lo, ensuite avec Balla Gaye 2.
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STROMAE DÉNONCE L'ADDICTION AUX RÉSEAUX SOCIAUX DANS SON CLIP "CARMEN"
AFP - Stromae fait à nouveau le buzz. Actuellement en tournée en Amérique du Nord, le chanteur belge vient de dévoiler le clip de Carmen, titre extrait de son deuxième album studio, Racine Carrée, sur Buzzfeed Music.
Encore une fois, il réussit à surprendre avec ce dessin-animé satire des réseaux sociaux.
Dans ce clip réalisé par Sylvain Chaumet (Les Triplettes de Belleville), Stromae apparaît comme un personnage accro aux réseaux sociaux. Il se promène, mange et dort, toujours accompagné d'un oiseau bleu, symbole de Twitter.
Et, plus il passe du temps sur son smartphone, plus le petit oiseau se transforme en une bête vorace qui finira par le mener à sa perte.
La mélodie de base de "Carmen" est celle de l'opéra du même nom, joué en 1875. A cette époque "Georges Bizet comparait l’amour à un oiseau rebelle. 140 ans plus tard (et dans des messages de 140 caractères) l’amour est un oiseau bleu", a expliqué Stromae à BuzzFeed.
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LE "ROI DU RAÏ" CHEB KHALED CONDAMNÉ POUR PLAGIAT POUR SON SUCCÈS INTERNATIONAL "DIDI"
Le "roi du raï" Cheb Khaled vient d’être condamné par le tribunal de grande instance de Paris pour avoir plagié la musique d’un auteur algérien, Cheb Rabah, pour la composition de son plus gros tube international, "Didi".
"C’est un succès qui reposait sur un mensonge", a commenté mardi Me Jean-Marie Guilloux, avocat de Cheb Rabah. L’avocate de Cheb Khaled, Me Laurence Goldgrab, a annoncé son intention de faire appel du jugement qui devra cependant être exécuté.
Dans sa décision prononcée vendredi, le tribunal a notamment condamné Cheb Khaled, 55 ans, à restituer à Cheb Rabah les droits d’auteurs perçus pour la composition musicale de l’oeuvre "Didi", commercialisée à partir de 1991, au titre de son exploitation dans le monde, mais pour une période postérieure à juin 2003 en raison d’une prescription partielle.
Le chanteur a également été condamné à payer à Cheb Rabah une somme de 100.000 euros en réparation de son préjudice moral, et une autre de 100.000 euros en réparation des atteintes à son droit moral d’auteur.
Le tribunal a en effet considéré que Rabah Zeradine, dit Cheb Rabah, compositeur, auteur et interprète de raï, avait perdu une chance de gagner en notoriété importante du fait du succès de la chanson.
Le tribunal a enfin ordonné à la SACEM (société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) "de modifier toute sa documentation" concernant la chanson Didi pour faire désormais bénéficier Cheb Rabah d’une part des droits de reproduction mécanique et d’exécution publique "en tant que seul compositeur" de l’oeuvre.
Cheb Khaled avait déposé la chanson à la SACEM en 1992 en se déclarant seul auteur du texte et seul compositeur de la musique.
Le tribunal a également condamné solidairement la société d’édition musicale BMG VM Music France
- 'En haut des hit parades' -
La chanson "Didi" a connu un grand succès dans les pays arabophones et sur plusieurs continents, notamment en Europe où il est entré dans le haut des hit parades en France, en Belgique, en Espagne et en Asie. La chanson a également été utilisée dans un film de Bollywood et a été jouée lors de la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de football en Afrique du Sud en 2010.
Considéré comme "le roi du raï", Khaled Hadj Brahim Khaled, dit Cheb Khaled, a été le lauréat de nombreux prix prestigieux et a vendu plusieurs dizaine de millions d’albums à travers le monde.
"Il n’est pas contestable que la chanson Didi (...) a connu un véritable succès durant plusieurs années sur un territoire important", constate le tribunal dans son jugement. De ce fait, "s’il avait été décrit immédiatement comme étant le compositeur de la musique, M. Zeradine aurait perçu des redevances dont il convient à présent de le faire bénéficier", ajoute-t-il.
Selon l’experte Ruth Bensimon, citée par le plaignant, le titre Didi serait "largement inspiré" de la chanson "Eli Kan" diffusée au public à compter de 1988 et des chansons identiques "Angui" ou "Selmi" du même auteur exploitées elles à compter de 1994.
"Le juge s’est appuyé sur des indices mais en matière de contrefaçon il faut des certitudes. Et la réalité de l’existence de la chanson Eli Kan n’a pas été prouvée à l’audience", a estimé auprès de l’AFP l’avocate de Cheb Khaled.
CARLOU D TOUJOURS MARQUE PAR L’OPÉRA ''BINTOU WÉRÉ''
Dakar, 3 avr (APS) - Le musicien sénégalais Carlou D affirme être toujours marqué par sa participation en 2006 à l'opéra "Bintou Wéré", une expérience à l'origine, selon lui, de son option d'intégrer les instruments traditionnels dans le hip-hop qu'il pratique.
Avec cet opéra, "j'ai beaucoup appris, au niveau de la voix, de la puissance. Et aussi à intégrer les instruments traditionnels de chez nous dans le monde moderne où j'évoluais, c'est-à-dire le hip-hop", déclare-t-il dans une interview parue sur le site rfimusique.
"Ça m'a appris à rester moi-même. Avant, je me cherchais, j'avoue. Vouloir toujours sortir ce qui est le plus parfait en moi, c'est ce qui m'intéresse. Mais la curiosité nous met parfois sur de bons ou de mauvais chemins", dit-il.
Cette œuvre, dont la première mondiale avait eu lieu à Bamako le 17 février, s'inscrivait dans une politique d'ouverture du Théâtre du Châtelet à Paris. Elle consistait en un spectacle musical né de la collaboration d'artistes originaires des pays du Sahel.
La direction musicale est assurée par le chanteur sénégalais Wasis Diop, les costumes et décors relèvent de sa compatriote Oumou Sy et les compositions du Bissau-guinéen Zé Manel Fortes.
Le livret, en quatre langues (wolof pour le Sénégal, bambara pour le Mali, malinké pour la Guinée et créole africain pour la Guinée-Bissau et les anciennes colonies portugaises), est l'œuvre du Tchadien Koulsy Lamko.
L'idée de ce ''premier opéra africain'', avait été émise par le prince Claus des Pays-Bas (1926-2002), lors de la création de sa Fondation pour la culture et le développement en 1996.
"Bintou Wéré", également appelé ''opéra du Sahel'', s'inspire des multiples traditions musicales du Sahel et s'ancre également dans l'actualité du continent noir, à travers le thème de l'émigration des Africains en Europe.
Son héroïne, Bintou Wéré, interprétée par la Malienne Djénéba Koné, est une ancienne enfant soldat qui fait partie d'un groupe d'émigrants prêts à traverser le désert pour rallier l'Europe.
Peu après son accouchement, elle sera confrontée à un choix cornélien: assurer à son nouveau-né un droit d'asile en Europe ou le garder avec elle en Afrique.
"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années". Il fait sans doute partie des voix les plus "jeunes" du paysage musicale sénégalais. Mais fort de son expérience déjà bien consistante dans ce domaine, Ablaye Mbaye, non voyant, suit son chemin avec… une grande clairvoyance. Endurant, il garde encore, foi en bandoulière, un grand espoir dans la musique, un art qui le passionne, même s'il reste assez critique sur la musique telle qu'elle se pratique au Sénégal, le mbalax, le milieu du show bizz, l'homo senegalensis etc. En toute liberté avec un musicien pas comme les autres.
Où en êtes-vous, côté carrière?
Je suis toujours dans la musique, c'est ce que je fais et que je sais faire aussi. Maintenant, ce qui me tient le plus à cœur actuellement, c'est la réalisation de mon album. Il me reste juste un morceau à terminer pour le sortir. Et là, il me faut le faire le plus rapidement possible parce que les Sénégalais ont hâte de l'avoir. C'est cela mon projet.
Et vous voulez le sortir quand exactement ?
Dès que les enregistrements se terminent. J'ai souvent donné des dates que je n'ai pu respecter car l'homme propose et Dieu dispose. Tout ce que je peux dire, c‘est que sa sortie est imminente. J'attendrai juste le moment propice pour cela. Je ne veux pas aussi sortir un album juste pour qu'on dise que j'en ai sorti un. Il faut que je trouve des gens professionnels qui puissent le faire. Il me faut un support médiatique qui puisse porter le produit et lui assurer une bonne promotion.
Peut-on avoir une idée de ce que sera l'album ? La thématique et le côté instrumental…
Il y a beaucoup de thèmes qui y sont développés. Il y a un morceau titré "Parfum". Ça devait même être le titre éponyme. Mais les données ont changé même si je n'ai pas encore totalement renoncé à donner ce nom à l'album. Seulement, je me dis qu'il est possible que je trouve un nom plus adéquat.
Pourquoi "Parfum" ?
Parce que chacun sait que le parfum est au centre de la vie. Que l'on ait un bon ou mauvais souvenir, le parfum est là pour nous le rappeler. L'odeur d'un parfum reste toujours même si la personne qu'elle nous rappelle n'est pas là ou même n'est plus de ce monde. On se souviendra toujours d'elle dès qu'on sent les effluves de son parfum.
Peut-on retenir que "Parfum", ce sont vos souvenirs et vos senteurs personnels en tant que personne non voyante ?
Un chanteur raconte très souvent son vécu dans ses chansons et celui de ses proches. Peut-être aussi que "Parfum" est mon histoire personnelle. Qui sait ?
A vous entendre, on sent comme des parfums qui vous manquent, des parfums de personnes que vous avez connues ?
C'est vrai qu'il y a des odeurs de parfum qui me rappellent des souvenirs, des anecdotes. Il y a des senteurs bonnes comme il y en a de mauvaises vraiment. Mauvais et bons, c'est toujours relatif aux souvenirs associés à cela. Mais c'est la vie qui est comme cela, il y a des hauts et des bas… Mais bon, il n'y a pas que les "Parfums" dans mon album. Dans l'album, vous retrouverez différents titres dont "mane", "xamante", "su doon dëgg", sama goro". Il y a plein de thèmes qui y sont développés. Il y a également une reprise de "nii la démé" et de "sopé yi". Ce sont des titres qui m'ont marqué et ont marqué mon public.
L'on peut retenir aussi que le thème amour est très présent dans ce disque ?
Oui, vous retrouverez au minimum deux titres qui parlent d'amour. "Parfum" parle d'amour tout comme "xamante".
Avec qui avez-vous travaillé ? Avez-vous travaillé avec des personnes de qualité pour assurer un retour réussi ?
Oui, même si au début j'ai voulu précipiter les choses pour le sortir. Après, je me suis dit que cela fait déjà un bon moment que je n'ai pas sorti de produit, donc rien ne sert de courir et qu'il vaut mieux faire un produit de qualité. Maintenant, il y a des supports médiatiques qui accompagnent les productions musicales dans leur promotion. Je suis en train d'étudier les différentes offres qui me sont soumises. Je suis en pourparlers et je suis en train de voir à qui donner l'album. J'ai beaucoup travaillé avec Baba Hamdy sur cette production. Mais là, on est en stand by. Je suis en train de voir si je dois le continuer avec lui ou seul. Je suis très ouvert. J'écoute tout le monde. Mais la dernière décision m'incombe.
On a l'impression que le show-business est un milieu de requins où il manque de solidarité. N'avez vous pas la même impression que moi ?
J'avoue que cela est vrai. Je ne peux parler qu'à mon nom propre. Alors je sais que moi Ablaye Mbaye, je suis plus ami avec les instrumentistes qu'avec les chanteurs. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas avec les chanteurs. Mais il est clair que les instrumentistes sont plus sincères avec moi dans nos rapports. Je l'ai senti et je le sens encore. Je ne dirais pas qu'ils sont tous mes amis mais j'en compte des proches, de bons amis et des camarades. Les instrumentistes me disent souvent qu'ils veulent jouer avec moi parce que quand ils le font, ils sentent qu'ils sont avec un vrai chanteur. Il y a beaucoup de trahison et de tromperie dans notre milieu. C'est un milieu "sale".
Personnellement avez-vous été victime de ça ?
Oui, je l'ai vécu personnellement. J'ai vécu des trahisons avec des chanteurs qui m'ont fait de sales coups. J'ai une philosophie qui m'aide à avancer devant ces situations. Je me dis toujours que pire m'arrivera demain. La musique m'a appris beaucoup de choses...
Qu'avez-vous appris ?
J'ai appris qu'une personne, quoi qu'elle fasse, doit y croire avant tout. Il ne faut jamais baisser les bras. Même si tu dois te faire des ennemis pour ça, poursuis ton chemin même si ta logique n'est pas fondée pour les autres. Comme ça, quand tu réussis, tant mieux, dans le cas contraire, tant pis. Moi, en tout cas, je n'ai encore aucun regret. Je prends la vie comme elle vient. Je reste endurant et cela, c'est la musique qui me l'a appris. Mais le jour où je me rendrais compte que je ne pourrai pas réussir dans la musique, je laisserai tomber sans hésiter. J'organiserai une conférence de presse pour l'annoncer. Même si je vis des fois des choses qui me découragent, je reste quand même optimiste. J'ai toujours la force de continuer.
Que pensez-vous aujourd'hui de la musique sénégalaise ?
Mon métier m'a permis de savoir que les Sénégalais aiment la musique mais ne savent pas ce que c'est. Ils ne font pas la distinction entre les rythmes et les paroles. Pour moi, maintenant les mélomanes imposent leur volonté. C'est eux qui dirigent les chanteurs alors que ce devait être le contraire. Les Sénégalais nous poussent de plus en plus à arrêter de faire de la vraie musique. Les gens préfèrent de plus en plus un morceau de “taasu” avec des paroles sans aucun sens qu'un opus avec de la bonne musique et un texte riche. Ce sont ces chansons qu'on passe à la radio et à la télé. Je trouve que les mélomanes aiment la musique mais la tue en même temps.
Les animateurs y ont une part de responsabilité ?
Oui parce que nous partageons ce métier. C'est nous qui faisons la musique et c'est eux qui la promeuvent. Si on prend notre courage à deux mains, on pourrait renverser cette tendance. C'est vrai que les six premiers mois seraient difficiles, mais après ils s'habitueraient. Je ne suis pas d'accord avec ce qui se fait. Les mélomanes mènent la danse et ce n'est pas normal. Je pense que le moment est arrivé de tirer les choses vers le haut, vers plus de raffinement, plus de qualité. Je m'excuse mais c'est ce que je pense.
Comment voyez-vous donc l'avenir de la musique au Sénégal ? On a l'impression qu'après la génération des Baaba Maal, Ndiaga Mbaye et autres, c'est la décadence ?
Ces gens-là ont commencé un travail que nous devons continuer. Mais au lieu de ça, nous nous reposons sur ce qu'ils font. Ce qui n'est pas normal. Eux, avaient une radio pour la promotion et une chaîne de télévision. En décembre, ils sortaient tous un produit et c'était de la qualité. Chacun se disait que l'autre ne devait pas me ravir la vedette. Aujourd'hui, on a beaucoup de radios et de télés. Je me dis que même si on fait un peu moins que ces grands-là, on peut s'en sortir parce qu'on a plus d'opportunités qu'eux. Aujourd'hui, ce qui nous manque, c'est de travailler. Le temps que nos aînés consacraient à leur travail, nous ne le faisons pas. Les technologies avancées nous ont rendus paresseux. Si on avait travaillé, tant soit peu, on serait meilleur qu'eux. Ils ont beaucoup donné pour nous laisser quelque chose sur laquelle nous baser. On doit leur rendre la pièce de leur monnaie en faisant mieux qu'eux.
Vous ne semblez pas trop optimiste ?
Si vous faites attention, le couper-décaler est récent. Mais on met ça dans tous les clubs. La musique que font les Nigérians marche. Le ndombolo est bien vendu. Mais pour nous, le mbalax ne se vend pas aussi bien. Quand on va à l'étranger, c'est la communauté sénégalaise qui vient nous voir. Les Toubabs ne prennent en tournée que Baaba Maal, Youssou Ndour, Ismaïla Lô, etc. Mais les autres, ce sont les Sénégalais qui nous engagent pour qu'on joue pour eux. Maintenant si on va en Europe pour jouer la musique sénégalaise pour des Sénégalais, c'est qu'on n'a pas encore réussi à l'exporter. C'est possible avec notre musique mais il faut que le mbalax soit révolutionné.
C'est possible, Youssou Ndour l'a essayé ?
Youssou le tente mais lui-même quand il joue à l'extérieur, après de bonnes sonorités, il plonge son public dans le mbalax. Il les attire dans son monde. Il les rejoint d'abord dans leur style avant de les plonger dans ce qui lui appartient. Les Sénégalais savent bien jouer des musiques à la couleur acoustique. On n'a qu'à le faire. Des gens comme El hadji Diouf réussissent. Quand il a sorti son album, le parlement canadien l'a invité. Heureusement qu'Akon ne fait pas du mbalax mais réclame sa sénégalité. Il rehausse l'image des Noirs. Il paraît que Youssou va sortir un album avec Akon où il y aura du mbalax et du R'N'B. j'attends de l'écouter et de voir ce que ça donne. Il faut qu'on travaille notre musique. Ceux qui font de l'acoustique réussissent à l'étranger, c'est le cas de Dioguel Sakho, Wasis Diop, Yoro Ndiaye et tant d ‘autres. Ils exploitent cette musique. Cheikh Lô a pu jouer devant des centaines de milliers de personnes en Angleterre.
Au-delà de l'aspect musique, quel regard portez-vous sur la société sénégalaise ?
Je pense qu'on doit calmer les ardeurs et on doit être moins agités. J'entends tout le temps à la radio des gens proférer des menaces. Ce n'est pas bien. Je me dis que ces gens-là ne savent pas. Rien ne vaut la paix. Il faut que les gens se parlent. On ne peut rien avoir par la force. Quand il y a des guerres entre deux pays, les gens qui règlent les choses se retrouvent dans des salles climatisées pour trouver une solution. Ce ne sont pas les hommes armés qui règlent les choses. Donc la diplomatie doit être de rigueur en chacun de nous. Le dialogue est important. Ce Sénégal est le Sénégal de tous.
En tant que personne vivant avec un handicap, vous ne sentez pas une certaine violence venant de la société ?
Si, des fois je la sens. C'est quand je vois quelqu'un qui a pitié de moi. Celui-là ne m'aide pas, il m'enfonce. Quand on a pitié de quelqu'un, on ne voit jamais ses erreurs. On doit nous considérer comme tout être humain. On doit nous critiquer positivement ou négativement. C'est selon. On ne doit pas avoir pitié de nous. Les Sénégalais font la confusion entre la pitié et le soutien. Je suis contre cette pitié.
PAR JEAN MEÏSSA DIOP
POISSON D’AVRIL, MODE D’EMPLOI
Tant mieux si la presse veut bien plaisanter avec son public, mais qu’elle le fasse bien, mieux que certains gags d’une mièvrerie et d’une inconvenance effarantes
Le 1er avril (comme chaque année à cette date), une bonne partie de la presse (à travers le monde entier) a sacrifié à la désopilante tradition de servir à ses publics du poisson d’avril, c’est-à-dire une fausse information à objectif de plaisanterie. En fait, le poisson d’avril est ce que, dans le jargon des journalistes, on appelle un marronnier, c’est-à-dire un fait d’actualité, pas important dans certains cas, très important dans d’autres, qui revient à intervalle régulier, mais dont les lecteurs, auditeurs, téléspectateurs ne comprendraient pas qu’il ne soit pas traité en tant qu’actualité par la presse.
Beaucoup s’y laissent prendre selon l’ingéniosité des journalistes à concevoir ce canular qui doit dégager de la vraisemblance pour prendre des crédules à ce jeu. Il pourrait aussi receler plein d’humour, pas de cet humour forcé qui fait plutôt rire jaune ou qui ne fait pas rire du tout…
Mais plutôt de cet humour dont le polémiste et pamphlétaire français Jean Edern Hallier disait être «le tranchant de l’intelligence». C’est dire qu’il faut avoir de l’intelligence à revendre pour être un humoriste pertinent.
Mais, dans les colonnes de nombre de journaux sénégalais qui consacrent la page 2 de leurs éditions à des informations brèves et au style que leurs rédacteurs veulent truculentes, la pénurie d’humour ou l’inspiration pour ce style est compensée par des exagérations, des expressions toutes faites, récurrentes, inadaptées. Pour dire le moins. Rien de comparable avec cet inspiré poisson d’avril paru dans Wal fadjri ou Sud Hebdo (ancêtre de Sud Quotidien) de 1991 ou 1992 et «annonçant» la distribution gratuite de poulets aux abords du stade Iba Mar Diop ! Beaucoup de gourmands furent vus rôdant aux alentours- et pas juste pour vérifier, mais pour bénéficier de la manne et de l’aubaine.
Oui, le 1er avril 2015, nous avons entendu sur les radios, lu sur l’internet et les journaux de ces poissons d’avril trop grossiers pour faire rire. Cas, par exemple, de ce «Wade s’est suicidé» ! Ne pouvait-on pas trouver mieux que cette plaisanterie de mauvais goût et qui, en dernière analyse, n’en est pas du tout une.
Dans le poisson d’avril, on n’est pas loin de la diffusion de fausse nouvelle, un délit puni par le code pénal. Sauf qu’on plaiderait bien la bonne foi si le procureur s’autosaisissait de la faute ou qu’une victime décidait de l’attaquer en justice.
Le public semble être de moins en moins naïf, se met sur le qui-vive à chaque 1er avril et détecte avec sagacité les plaisanteries inscrites dans une certaine une tradition- à moins qu’il ne faille parler de convention sociale- née en France, en 1564. Le public n’est donc plus dupe et des internautes ont senti le canular du 1er avril dans l’annonce de l’annulation du combat Balla Gaye II-Eumeu Sène prévu pour le 5 avril, «Macky Sall (qui) fait libérer 'en catimini’ Karim Wade»- ce dernier étant incarcéré suite à une condamnation, le 23 mars dernier, à six ans de prison par la Cour de répression de l’enrichissement illicite.
Il y a surtout que la tradition du poisson d’avril s’essouffle. Quand une radio en fait, elle se voit obligée de révéler ce gag dans la journée même ; alors qu’un journal écrit ne le fait que vingt-quatre heures après, c’est-à-dire à son édition du lendemain- si évidemment la parution n’intervient pas un week-end. Les journaux périodiques, les mensuels notamment, en sont, pour ainsi dire exclus de cette «dégustation» du poisson d’avril. Le défunt Télé-Mag, le magazine mensuel des programmes de la Rts (Dieu que ce journal fut de bonne facture et digeste et riche !) l’expérimenta à ses dépens en servant un poisson d’avril qu’il ne put révéler qu’un mois après, au lieu du jour même du 1er avril !
Tant mieux si la presse veut bien plaisanter avec son public, mais qu’elle le fasse bien, mieux que certains gags d’une mièvrerie et d’une inconvenance effarantes.
À Dakar pour la première de sa dernière réalisation "Timbuktu", Abderahmane sissako a fait face à la presse sénégalaise vendredi avant la projection. Cette dernière s'est faite à guichets fermés même si elle a été déplacée au théâtre de verdure de l'institut culturel Léopold Sédar Senghor. Sept fois primé aux César, "Timbuktu" n'en demeure pas moins un film à polémique. Devant les journalistes, M. Sissako est revenu sur les conditions difficiles du tournage, le contenu du film, son passage au Fespaco, etc.
Cela vous fait quoi de voir votre film projeté à guichets fermés à Dakar comme cela a été d'ailleurs le cas à Ouagadougou lors du Fespaco ?
Un film est fait pour être vu. Une fois que c'est vu, cela touche celui qui l'a fait. Quel que soit le nombre de gens qui voit le film, un regard peut être multiplié par 100 ou 1000 même si c'est une seule personne qui regarde le film. Ce n'est pas le nombre qui est fondamentalement important mais c'est la rencontre avec le public. Malheureusement, nous faisons des films qui sont peu vus chez nous parce que la filière salle de cinéma n'existe pas. Ce qui s'est passé à Ouaga autour du film est quelque chose qui m'a beaucoup touché. Le public ouagalais est cinéphile. Ce n'est pas que mon film. Il courait aussi voir d'autres films. Le film était assez médiatisé. Cela a créé un certain intérêt. Je trouve ça formidable. Que cet intérêt existe ici à Dakar, cela veut dire qu'on peut faire des films en racontant nous-mêmes nos réalités, nos forces, nos faiblesses. Le cinéma, c'est ça. L'art en général, c'est ça. La projection de ce soir (ndlr : l'entretien a eu lieu vendredi dernier) revêt un caractère particulièrement important. Parce que le film est rarement vu en Afrique. A chaque fois qu'il y a une opportunité de le faire, j'en suis ravi parce que c'est très important pour moi.
Quand est-ce que vous avez pris la décision de faire ce film et comment s'est passé le tournage ?
La décision de faire ce film a été prise très vite. Vous savez que Tombouctou a été prise en 2012. C'est après l'occupation que l'idée de faire le film m'est venue. L'écriture du scénario, la recherche de financement ont suivi et ce n'était pas si évident que cela. Cette projection a une symbolique très importante. S'il y a quelqu'un qui a porté le film, c'est bien mon premier assistant, Demba Dièye. Sans lui, je pense très sincèrement que je n'aurais pas fait ce film. Nous étions à Tombouctou pour préparer le film. Nous étions prêts à tourner là-bas de façon naïve peut-être. Lorsque Demba se rendait à Tombouctou avec d'autres personnes, il y a eu un attentat suicide. Et cela a remis en question le fait de vouloir tourner sur place. J'avais mon plan B. je me disais que si cela ne pouvait pas se faire à Tombouctou, on allait tourner à Oualata qui est sa ville jumelle.
Le film, ce n'est pas sur Tombouctou. C'est avec cette rapidité, cette compétence que nous sommes partis en Mauritanie pour faire des repérages ensemble. Nous avons tourné difficilement. Tout tournage est difficile quand même. Mais c'était dans des conditions pas évidentes à cause du sujet. On était dans une zone de tension, le Sahel. J'avais besoin que l'Etat mauritanien s'engage à soutenir le film. Un engagement qu'on a eu et qui a rendu possible le film. Il y avait beaucoup d'étrangers sur le tournage. Il y avait des Sénégalais, des Burkinabés, des Maliens, des Tunisiens, un Algérien, une Belge, douze Français. Il fallait une décision réelle d'assurer la sécurité. Cela a été possible grâce au soutien de l'Etat mauritanien. Le scénario est clair, il défend des valeurs. Quand ces valeurs sont partagées par des gens, que cela soit l'Etat ou les techniciens qui se mettent en danger. Moi je trouve que beaucoup de gens ont été très courageux d'accepter, surtout les Européens, de venir en Mauritanie et de tourner pendant six semaines.
Timbuktu a failli ne pas passer au Fespaco à cause du sujet traité. Le jihadisme est sensible et les attentats terroristes sont devenus presque quotidiens. Avez-vous peur pour votre vie ?
Pour ce qui s'est passé à Ouaga, moi-même je n'ai toujours pas compris. Pour moi, cela aurait été une grande frustration. Lorsqu'un continent attend un film et qu'il ne l'a pas vu, c'est décevant. Le Fespaco est la plus grande rencontre du cinéma pour nous. Alors, ce serait comme priver tout un continent de ça. On s'est battu pour que ça passe. On saura plus tard peut-être ce qui s'est passé. Pour ma sécurité, je n'ai pas peur. Ce n'est pas moi qui suis dangereux. Mais il faut être vigilant. Ce qui s'est passé la semaine passée à Tunis, c'est l'horreur et ce n'est pas à cause du film. On a tué des gens qui étaient venus voir ce qu'il y avait de plus beau à Tunis, les valeurs artistiques de ce pays. Quand des gens viennent comme ça tuer d'autres gens, c'est parce qu'ils ne sont pas bien, donc il faut être vigilant. Evidemment, je fais attention.
Comment avez-vous vécu la polémique qui a suivi le sacre de Timbuktu aux César ?
Quelle polémique ! Les gens ont écrit des choses, je ne vous le cache pas. Ce que je trouve peut-être dommage. Car le film est une bonne chose pour le continent. L'Afrique brille avec ce film.
Pensez-vous qu'il est possible pour les Africains de faire des films sans fonds étrangers ?
Oui, je pense que c'est possible. Il faut changer peut-être de politique de façon générale. Je ne crois pas que cela concerne seulement le cinéma. De façon générale l'Afrique doit créer de nouvelles dynamiques dans d'autres domaines pour ne pas être "assistée" en permanence. Chaque cinématographie doit et peut se développer de l'intérieur. C'est vrai qu'il y a peu de structures en Afrique et peu de formations donc, c'est plus difficile. Mais on voit qu'il y a une dynamique intéressante pour le documentaire. On voit aussi de plus en plus de jeunes filles qui sont dans les documentaires parce que c'est moins coûteux et plus de liberté je dirais. Mais il faut nécessairement une vision politique de nos Etats. Ce qui est rare ou n'existe pratiquement pas. Ça traîne. Aucune cinématographie ne se développera avec l'aide extérieure. Je crois qu'il y a des films qui se font, mais c'est difficile. Et quand on sait qu'il y a un ministère de la Culture dans ces pays, c'est un problème. Comme disait le cinéaste Burkinabé Pierre Yaméogo, la société du cinéma africain ne marche pas comme le dispensaire ne marche pas non plus. Je crois que cette comparaison est intéressante.
Pensez-vous que Timbuktu est le meilleur de vos films ?
Le succès du film, ce sont des choses qui arrivent. Moi je ne suis pas quelqu'un de prolifique. Il y a plusieurs années entre mes différents films. Parce qu'aussi j'aborde ce métier avec un sentiment de responsabilité en considérant que le cinéma est très important pour un pays, un continent. Quand on a les moyens de faire des films ou la confiance des bailleurs, on peut faire un film. Mais pour moi, un film, c'est une réflexion sérieuse. Donc, je ne dirais pas que je ne peux pas raconter n'importe quoi, parce que le cinéma est magnifique dans sa diversité. Ce n'est pas dans ma nature de raconter des choses un peu légères ou autre chose. Je dirais juste que ces films-là, je vais les voir au cinéma. Je ne les fais pas.
La musique du film a elle aussi été très bien appréciée. Quels sont en général vos rapports avec la musique ?
Je crois que c'est la première fois que j'ai travaillé avec un compositeur de musique. J'y ai pensé tout de suite parce que, pour ceux qui ont déjà vu Timbuktu, il traite de trois sujets principalement. J'ai parlé des interdits pendant l'occupation des djihadistes. Et parmi ces interdits il y a la musique et le football. J'ai parlé du rapport avec la femme, le regard sur la femme. Et je voulais parler de justice. La question de l'absence ou non de la musique, j'ai beaucoup réfléchi sur ce sujet, et je me suis dit cette fois-ci, j'aimerais travailler avec un compositeur. Ma monteuse qui est une Franco-tunisienne m'a parlé d'un jeune compositeur tunisien qui est talentueux. Il me l'a présenté et nous avons travaillé. C'était une belle expérience parce que c'était comme si j'allais à l'école. Je parlais de musique ouverte. Mais je voulais faire en sorte que les instruments africains puissent exister. Il y a eu une écriture corrigée parfois. On a travaillé beaucoup sur ça. Le compositeur allait très vite dans le principe des maquettes. La séquence du football a été une séquence travaillée avec la musique parce que je voulais donner une dimension à cela. Aussi, dans le film je voulais montrer que ceux qui font ça n'habitaient pas ici. Que ce jihad était importé.
Pensez-vous que le sacre de Timbuktu est une ouverture pour la reconnaissance du cinéma mauritanien ?
Je pense qu'un succès entraîne toujours un désir chez les jeunes. Je me dis que ce n'est pas impossible et je l'espère aussi. Mais cela n'est pas suffisant, il faut une politique réelle. Cela n'existe pas donc ça va être difficile. Il y a un projet important qui est la création d'une industrie du cinéma, multimédias avec une dimension sous régionale. Cela permettra de former des jeunes.
Qu'est-ce qui voue lie à Dakar, la capitale sénégalaise ?
Moi, je viens à Dakar sans film déjà. C'est une ville que j'ai souvent traversée quand j'habitais au Mali. Pour aller en Mauritanie, je passais par le Sénégal. A chaque fois que je suis là, je suis content. Mais il y avait une volonté de l'institut français de montrer ce film. Pour moi, c'était important que des projections de ce film se fassent en Afrique. C'est dommage qu'on n'ait ici que deux ou trois projections parce que les droits n'ont pas été acquis de la part du distributeur ou de l'exploitant. Mais déjà, je trouve que c'est bien. Je suis très content que mon film rencontre un public. Il appartient au public. Et lorsque ce dernier s'approprie un film, il se passe quelque chose ce jour-là. Parce qu'on fait un film en ayant le sentiment d'avoir dit quelque chose mais sans jamais savoir s'il sera accueilli. Je suis content que mon film soit vu ici.
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DU JAMAIS VU !
Un sud africain va remplacer l'un des plus célèbres et respectés comédiens présentateurs télé Jon Stewart aux USA
Washington (AFP) - L'humoriste sud-africain Trevor Noah sera le nouveau présentateur de l'émission satirique américaine The Daily Show en remplacement de Jon Stewart, qui a raccroché les gants après 16 ans de bons offices, a indiqué l'émission.
Âgé de 31 ans, M. Noah a confirmé lui-même qu'il prendrait bientôt les rênes de cette émission quotidienne mêlant satire politique et humour potache et qui a fait de nombreux émules sur le globe, dont Le Petit journal sur Canal+.
«Personne ne peut remplacer Jon Stewart. Mais, grâce à la fantastique équipe du Daily Show, nous continuerons à faire le meilleur des shows», a-t-il lancé sur Twitter.
Mi-février, Jon Stewart, 52 ans, avait annoncé son départ de l'émission-vedette de la chaîne Comedy Central, après 16 années passées à fustiger les travers des politiques et railler sans relâche la chaîne conservatrice Fox News. La date exacte de son départ n'a pas été encore communiquée.
Gueule d'acteur et fine silhouette, son successeur a déjà quelques apparitions au Daily Show à son actif, mais le choix de cet humoriste sud-africain méconnu aux États-Unis constitue une surprise.
Lui-même a fait part de son incrédulité à l'annonce de sa nomination. «Vous n'y croyez pas pendant les premières heures. Vous avez besoin d'un bon petit verre, mais malheureusement vous êtes justement dans un endroit où ne pouvez pas vraiment en avoir un», a-t-il déclaré au New York Times, depuis Dubaï où il est en spectacle.
Né en plein Apartheid d'une mère sud-Africaine noire et d'un père suisse et blanc, M. Noah a assuré au New York Times ne pas avoir eu «une vie normale». «J'ai grandi dans un pays qui n'était pas normal», a-t-il ajouté.
Son continent d'origine était d'ailleurs au coeur de sa première apparition dans le Daily Show, début décembre, quand il avait astucieusement joué sur les clichés et représentations de l'Afrique aux États-Unis.
«Je n'ai jamais pensé que j'aurais plus peur de la police aux États-Unis qu'en Afrique du Sud. Ça m'a presque rendu nostalgique du bon vieux temps, au pays», avait-il lancé après la mort de plusieurs jeunes Noirs américains tués par la police.
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PPS VEUT FAIRE DE RUFISQUE LA CAPITALE DES CULTURES URBAINES
Rufisque, 28 mars (APS) - Le rappeur rufisquois Paul Pissety Sagna alias PPS a fait part samedi de son vœu de faire de Rufisque la capitale des cultures urbaines au Sénégal avec notamment la mise en œuvre de son projet Sunu Kaddu qui se fixe pour objectif de former les jeunes aux techniques des cultures urbaines.
‘‘Nous avons démarré depuis deux ans le projet Sunu Kaddu (Notre parole). Et pendant ces deux ans, nous avons tenu beaucoup d’ateliers. On a fait beaucoup des formations dont celle que nous avons faite avec les Américains. Il y a eu aussi une session de slam. Actuellement, on est en train de mettre sur place un club de slam ici à Rufisque’’, a relevé PPS.
Le rappeur s’exprimait lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion de la cérémonie de dédicace de son nouvel album ‘‘Xatim ak Kallama’’.
‘‘Il y a eu aussi une session de graffiti. Maintenant, nous voulons accélérer la cadence. Nous voulons désormais que tous les mois ou les deux mois se tiennent des sessions de formation au centre culturel Maurice Guèye dont les responsables sont nos partenaires. D’ailleurs toutes nos formations s’y tiennent’’, a-t-il annoncé, non sans solliciter l’appui des Rufisquois, plus particulièrement les autorités municipales.
‘‘Tout cela n’est que le début, mais nous demandons aux Rufisquois plus particulièrement les autorités municipales d’accompagner le projet, parce que pour moi c’est de ça dont Rufisque a besoin pour faire rayonner les cultures urbaines’’, a-t-il estimé.
‘‘Les infrastructures encore inexistantes’’ à Rufisque sont, selon lu, nécessaires pour ‘‘la formation des jeunes’’ qui doivent être au cœur des cultures urbaines.
‘‘Quand nous passons sur l’autoroute à péage, il y a des tableaux qui nous indiquent que Rufisque est une ville d’histoire et de culture, mais depuis longtemps nous remarquons qu’il n y a plus de manifestations culturelles dignes de ce nom dans la ville. Pour cela, il y a un besoin d’infrastructures pour former les jeunes’’, a soutenu PPS.
Elle est entrée dans la mode avec fracas un 31 décembre 2013 portant très haut une marque de lingerie qui rime avec son pseudo: DASH. De son vrai nom Aida Angélique Sall, jeune créatrice designer, compte parapher de son savoir faire le décor du show biz sénégalais. Pour y arriver, elle a dévoilé à Grand-Place les dessous de sa nouvelle collection et les accessoires qu’elle présentera le 5 avril. Entretien avec un «cœur à prendre».
Grand-Place: D’où vient cette appellation, Dash ?
Aida Angélique Sall: C’est une combinaison de mon prénom et de celui d’un ami décédé qui s’appelait Nesh. Ce n’est pas Dash tout court, mais plutôt Dash by Aas que se nomme la marque. C’est après son décès que m’est venue l’inspiration de créer cette marque. L’AAS, c’est juste mes initiales.
En tant que créatrice et designer où en êtes-vous avec les innovations ?
Actuellement, je me suis consacrée à des travaux consistant à confectionner des tenues hommes et femmes, des Lacoste, body, t-shirts etc. tout ce qui concerne le prêt à porter j’y évolue et aussi dans les accessoires. Et bientôt, je commencerai à confectionner les lingeries pour les femmes. Je fais une exposition vente de mes collections, des nouveautés que j’ai personnellement créées. Avant, je n’amenais pas des Lacoste ici, mais ça y est. Je les amène avec beaucoup d’autres accessoires comme des foulards. Je ne créais que des tenues pour homme mais maintenant c’est unisexe et ce 5 avril, je vais tout exposer.
Pendant un moment donné, on ne vous voyait plus. Pourquoi ?
Après mon défilé en 2013, j’ai eu à vivre des moments difficiles. Je suis restée pendant un an à vendre des choses sans communication. Quand j’ai débuté, j’ai fait des exploits et les gens ont commencé à connaitre Dash petit à petit. Il y avait mes affiches un peu partout et la communication passait bien. Après, je me suis rendu compte que tout se passait bien. C’est ainsi que j’ai décidé de me retirer et vendre quelques uns de mes créations en secret et diminuer la médiation jusqu’au moment où j’ai relancé mes activités pour ensuite continuer.
Est-ce parce que c’était la dèche comme le prétendaient certains ?
Des soucis d’argent arrivent parfois, ça ne peut pas manquer. Dés fois quand tu fais quelque chose et qu’il y a personne pour t’épauler, pas de sponsor ni de partenaires, tu te débrouilles seule, c’est difficile. Alors, j’ai fait un recule pour mieux sauter.
Et maintenant qui est-ce qui vous soutienne ?
(Rires). Bon, je ne vous dirais pas, mais sachez que je suis une fille dégourdie qui travaille dure depuis plus de 2 ans. Et grâce aux ventes, j’ai pu gagner de l’argent pour pouvoir financer mon évènement. J’ai des fournisseurs qui sont à Paris. Tout ce que je fais, ce sont eux qui les cousent et m les envoient.
Quel est l’objectif de cet événement ?
J’ai créé cette exposition pour faire connaitre ma marque et aussi vendre. Mais, le plus important est qu’à travers cette journée, je vais permettre aux jeunes stylistes et créatrices de se faire un nom auprès du public. Ces derniers n’ont pas toujours le courage de créer des expositions ventes, et je les booste sur ce coté là. Si j’ai les moyens de le faire, il est de mon devoir de les encourager. Après l’événement, je veux aider les enfants de la rue et les pouponnières.
Quelles sont vos activités en dehors de la mode?
A part la mode, je n’ai pas d’autres occupations. Je suis dans le milieu depuis que j’ai 18 ans car j’ai commencé la vente des vêtements quand j’étais encore au lycée. A cette époque mes principaux clients étaient mes camarades de classe. Mes copines venaient me solliciter pour bien s’habiller. Je me suis très vite imprégnée. Et j’ai arrêté mes études pour me consacrer à ma passion. J’estime que c’est un droit pour moi d’être créatrice designer.
Aujourd’hui qui sont vos clients ?
A vrai dire, je n’ai pas de clients filles. Les hommes, en plus d’être mes amis, sont mes fidèles clients. A l’origine, je créais des vêtements pour femme, mais ça ne marchait pas. Alors je me suis concentrée sur les hommes qui achètent plus sans se soucier du prix.
Donc vous étiez à l’école ?
Oui. Comme je l’ai dit tantôt j’ai arrêté, car j’aime l’argent et je veux réussir dans le milieu de la mode.
Quelles sont vos relations avec les autres stylistes ?
Juste leur dire qu’ils essayent de répondre à nos invitations. Il est important pour nous d’avoir leur présence dans les événements que nous organisons.
Quel message lancez-vous au ministre de la culture ?
On a besoin de leur aide puisqu’il est notre ministre de tutelle. Dès fois on ne dispose pas de tous les moyens. Il est, donc, nécessaire qu’il nous reçoive et qu’on leur fasse part de nos préoccupations.
Est-ce que Aida est mariée ?
Non, je suis un cœur à prendre. Je suis célibataire sans enfant et pas de projets de mariage en cours.