SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
24 novembre 2024
Politique
SÉMINAIRE GOUVERNEMENTAL, LA GRAVE MISE EN SCÈNE
La rencontre est passée presque inaperçue. Elle aurait eu lieu le vendredi 11 octobre sans que le public en soit informé. Il a fallu attendre plus de 24 heures pour que les officines du régime commencent à distiller des éléments de langage.
Plus de 24 heures après la tenue d’un séminaire d’échange et de partage du gouvernement sur le nouveau référentiel économique, les officines du régime partagent les éléments de langage relatifs notamment à l’exigence d’une gouvernance ‘’irréprochable’’.
La rencontre est passée presque inaperçue. Elle aurait été tenue le vendredi 11 octobre sans que le public en soit informé. Il aura fallu attendre plus de 24 heures pour voir les officines du régime en distiller des éléments de langage, partagés à grand renfort médiatique et par le biais des réseaux sociaux.
Selon ces éléments de langage, le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye aurait mis en garde ses collaborateurs au sein du régime. ‘’Nous devons être irréprochables’’, leur aurait-il asséné, comme s’il était exaspéré par les parfums de scandales de plus en plus nombreux pour un régime qui vient à peine de s’installer. Le président Faye ajoute : ‘’Si nous sommes pris à défaut dans le cadre de la gouvernance, le peuple sera désenchanté et nous ne pourrons plus le mobiliser’’, citent de nombreuses sources, dont le Bureau d’information gouvernemental (BIG).
Alors que l’on s’interrogeait sur l’authenticité de ces extraits sortis de nulle part et prêtés au président de la République, une vidéo a été publiée dans la soirée d’hier avec beaucoup de mise en scène. Un fond sonore grave, une tonalité très solennelle, un Diomaye Faye en véritable chef de guerre, qui rappelle avec beaucoup de sérieux les exigences de la bonne gouvernance. ‘’À partir de maintenant, peste-t-il, rappelons-nous les péripéties qui nous ont menés ici’’. Citant son Premier ministre et non moins le chef de son parti, il clame : ‘’Un programme, ça se défend. Des actions, ça se vulgarise. Un gouvernement, ça doit être solidaire, mais dans la vérité.’’
La peur de ne plus mobiliser les Sénégalais
À l’en croire, si l'un d'entre eux, en toute responsabilité et en toute connaissance de cause, décide, dans l'intimité de son bureau, de transgresser, il ne pourra entraîner personne dans une solidarité gouvernementale. À ce propos, il s’est voulu on ne peut plus clair. Du moins dans le discours. ‘’Ces choix doivent être assumés par les auteurs. Nous en souffrirons certes, parce que c’est tout le gouvernement qui sera attaqué. Mais nous devons tous savoir que ce que nous avons découvert à nos différents niveaux de responsabilités nous engage à faire en sorte que ce même schéma ne puisse se reproduire’’, a insisté le chef de l’État.
Ce discours, il faut le souligner, arrive dans un contexte où de hauts responsables du régime de la rupture sont cités dans des scandales à millions ou à milliards. L’un des derniers en date est l’affaire Aser (Agence sénégalaise d’électrification rurale) qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Dans cette affaire, plusieurs questions sont soulevées et n’ont jusque-là pas trouvé de réponses. Parmi ces interrogations : comment un régime, qui se dit souverainiste, peut-il écarter une société sénégalaise au bénéfice d’une étrangère ?
Quel sort pour les contrevenants du gouvernement
Dans leurs différentes réponses servies, le directeur général de l’agence publique et ses soutiens accusent la société sénégalaise AEE Power Sénégal d’être coupable de surfacturation, de fraudes sur des documents administratifs, entre autres griefs invoqués pour justifier son évincement du marché. Pendant ce temps, des faits similaires ont été reprochés à l’Espagnol – du moins en ce qui concerne la surfacturation - et cela n’a nullement justifié la remise en cause du contrat dans son intégralité. L’État qui a découvert, selon ses propres termes, des anomalies s’est contenté de renégocier le contrat avec la même entreprise.
Auparavant, l’affaire Onas avait éclaboussé le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement. Lors d’un passage à l’Assemblée nationale, le ministre de la Justice Ousmane Diagne affirmait : ‘’Une enquête complète a été ordonnée pour tirer au clair l’affaire de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas).’’ À en croire le garde des Sceaux, l’État s’emploie à faire toute la lumière dans cette affaire. ‘’Je peux vous assurer que sur mes instructions, une enquête complète a été ordonnée. Et je dis bien une enquête sur l’ensemble des faits. Et je peux vous donner ma parole que la lumière sera faite sur cette affaire’’, fulminait-il, réagissant à des questions des parlementaires.
Ces scandales qui dépècent la promesse d’une gouvernance ‘’irréprochable’’
Dans le même sillage, l’affaire des voitures de la RTS est aussi venue mettre un sacré coup aux promesses de ‘’gouvernance irréprochable’’ du régime. Cette fois, le directeur général de la boite semble avoir plus de chance par rapport à son ex-collègue de l’Onas limogé fissa dès que son nom a été cité dans une affaire de tentative de corruption. Les exemples sont loin d’être exhaustifs. Des dérives qui, peut-être, ont poussé le chef de l’État à éprouver le besoin de monter au créneau pour remonter les bretelles à ses collaborateurs, sans avoir à citer qui que ce soit.
Avec de tels écarts dans la gouvernance des affaires publiques, la réputation du régime de Pastef en a pris un sacré coup.
Ils sont nombreux, en effet, jusque dans les rangs de leurs soutiens, à exiger la lumière dans l’affaire Onas, certains ne manquant pas de réclamer en vain la démission ou le limogeage du ministre chargé du secteur de l’assainissement. Pour l’heure, seul le DG Cheikh Dieng a payé pour son poste, mais les responsabilités tardent à être situées. Comme s’il avait bien perçu le message, le chef de l’État a senti le besoin de rappeler à ses hommes que ‘’si le peuple est désenchanté’’, ils ne pourront ‘’plus le mobiliser’’. Dans ce contexte préélectoral, cela semble presque vital pour la survie du Projet qui sera présenté aujourd’hui au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio.
SÉNÉGAL 2050 N’A PAS POUR AMBITION DE COMPTER LE NOMBRE D’EMPLOIS CRÉÉS
El Hadji Mounirou Ndiaye, ministre conseiller et chef du bureau de suivi des politiques publiques, a présenté les grandes lignes du plan Sénégal 2050 lors de l'émission "Salam Sénégal" sur RSI.
Invité de l’émission matinale « Salam Sénégal » sur Radio Sénégal Internationale, le Professeur El Hadji Mounirou Ndiaye, ministre conseiller et chef du Bureau de suivi et d’évaluation des politiques et programmes publics, a présenté les grandes lignes du nouveau référentiel Sénégal 2050. Ce projet ambitieux, visant à transformer l’économie et les institutions du pays, s’inscrit dans une dynamique de transparence et de souveraineté économique.
Lors de son intervention, le ministre a souligné la volonté du nouveau gouvernement de mener une gestion transparente. « La démarche du nouveau gouvernement, c’est la transparence, le projet est là. On va faire sa présentation aujourd’hui, et on va dire aux Sénégalais là où on compte amener ce pays », a-t-il affirmé, insistant sur l’importance d’une communication claire autour de ce référentiel pour mobiliser l’adhésion de la population.
L’un des axes majeurs de Sénégal 2050 est de repenser la structure de l’économie sénégalaise, qui dépend en grande partie d’acteurs étrangers. Professeur Ndiaye a décrit une économie où 35 % de la valeur ajoutée est créée par des entreprises européennes, chinoises et marocaines. Bien que le projet ne rejette pas ces contributions, il priorise la promotion des entreprises sénégalaises et du secteur privé national. Selon lui, la souveraineté ne se limite pas à l’agriculture, mais s’étend à des secteurs clés comme le numérique et la science.
Le ministre a également précisé que le projet n’a pas été élaboré par des cabinets étrangers, mais par des experts sénégalais, ce qui garantit une meilleure prise en compte des réalités locales.
Les projets prioritaires incluent le développement du chemin de fer et la construction de « l’autoroute de l’eau », un projet destiné à renforcer la souveraineté alimentaire du Sénégal en stimulant la transformation agricole. Professeur Ndiaye a reconnu les défis auxquels le pays est confronté, mais il reste optimiste quant à la mise en œuvre de ces initiatives. « Même si on ne règle pas le problème de tous les Sénégalais, ils verront que le pays est sur la bonne voie », a-t-il déclaré.
Malgré les défis économiques, le Professeur Ndiaye a insisté sur la continuité de l’État et le rôle que le FMI et la Banque mondiale peuvent jouer dans le soutien au développement du Sénégal. Selon lui, la souveraineté nationale ne signifie pas la rupture totale avec ces institutions financières internationales, mais une transition progressive vers une autonomie plus complète.
Le ministre a également répondu aux plaintes du secteur privé qui se sont intensifiées depuis l’arrivée des nouvelles autorités. Il a affirmé que le secteur privé est l’une des priorités du projet Sénégal 2050 et que des mesures seront prises pour renforcer leur implication dans le développement économique.
Conscient de la situation économique actuelle, le Professeur Ndiaye a souligné que toute phase de transition comporte des difficultés et des périodes d’apprentissage. Il a exprimé sa confiance en la capacité du gouvernement à redresser le pays, notamment sur le plan institutionnel, en évitant les scandales connus sous les régimes passés. Selon lui, les élections législatives à venir seront cruciales pour mettre en place les réformes nécessaires à la refonte des institutions à travers le vote de nouvelles lois.
Le professeur a également souligné que Sénégal 2050 n’a pas pour ambition de compter le nombre d’emplois créés, comme le faisaient les régimes précédents, mais plutôt de susciter de réelles opportunités pour les jeunes, les pêcheurs et d’autres groupes socio-économiques clés. Le but est de créer des conditions favorables pour retenir les jeunes au Sénégal et leur offrir des perspectives d’avenir.
El Hadji Mounirou Ndiaye a mis l’accent sur la nécessité de changer les mentalités dès le bas âge, car selon lui, une transformation durable du pays passe par une évolution des comportements et des attitudes. Ce changement sera difficile, mais il est essentiel pour la réussite du projet Sénégal 2050.
RELATION AMOUR-HAINE TOUJOURS COMPLIQUEE
L'histoire politique du Sénégal est jalonnée de relations complexes entre ses anciens présidents. Si la transition entre Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf s'est faite en douceur, marquant une continuité politique...
L'histoire politique du Sénégal est jalonnée de relations complexes entre ses anciens présidents. Si la transition entre Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf s'est faite en douceur, marquant une continuité politique, les relations entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, puis entre Wade et Macky Sall ont souvent été tumultueuses. De la passation harmonieuse de pouvoir entre Senghor et Diouf à la rivalité acharnée entre Wade et Macky Sall, ces relations illustrent la complexité de la transmission du pouvoir et des alliances en constante évolution. Alors que Macky Sall revient sur la scène politique en 2024, le passé se mêle au présent, annonçant des élections législatives sous haute tension.
L’histoire politique du Sénégal est marquée par des transitions de pouvoir qui, bien qu’elles aient été pacifiques, n’ont pas toujours été sans tensions.
Une transition fluide entre Senghor et Diouf
Le 31 décembre 1980, Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal indépendant, démissionne volontairement et passe le relais à son Premier ministre Abdou Diouf. Cette transmission du pouvoir, bien qu’exceptionnelle en Afrique, est soigneusement préparée par Senghor. Cependant, elle n’est pas sans susciter des tiraillements au sein du Parti socialiste où plusieurs membres se voyaient comme de potentiels successeurs.
Malgré cette période de transition, la relation entre Senghor et Diouf est marquée par une certaine continuité. Les deux hommes ont travaillé ensemble pendant des années au sein du gouvernement et du Parti socialiste. Diouf, qui avait refusé de prêter allégeance à Senghor lors de la crise de décembre 1962 entre ce dernier et Mamadou Dia, avait été relevé de ses fonctions de gouverneur, mais cela n’a pas empêché le président-poète de lui accorder sa confiance par la suite.
Ainsi, après avoir été directeur de cabinet à la présidence de la République en 1963, Abdou Diouf finit par devenir Premier ministre, avant d’accéder à la présidence.
Son magistère, bien que marqué par une continuité politique, se distingue par une volonté de rupture avec l’héritage de Senghor, un processus que certains ont qualifié de ‘’désenghorisation’’. Il introduit notamment le multipartisme intégral et libéralise la presse, ouvrant ainsi le champ politique à plus de diversité.
Après sa démission, Senghor se retire totalement de la scène politique, vivant une retraite paisible en France. Son départ laisse à Diouf les coudées franches pour gouverner sans être éclipsé par la figure de son prédécesseur. Cette transition harmonieuse, dictée par des relations personnelles et politiques solides, contraste fortement avec les rapports tendus entre Diouf et Wade.
Les relations conflictuelles entre Diouf et Wade
Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont eu une relation nettement plus complexe, marquée par des décennies d’opposition politique avant que le ‘’Pape du Sopi’’ ne devienne président en 2000. Pendant 24 ans, il a été le principal opposant à Diouf, incarnant le changement et la contestation à travers sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (PDS).
Leurs rapports sont jalonnés d’affrontements politiques. En 1988, Wade est condamné à un an de prison avec sursis, pour son implication dans des troubles postélectoraux, et en 1993, il est arrêté pour son implication présumée dans l’assassinat de Me Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel.
Malgré ces tensions, il finit par être libéré et poursuit sa carrière politique.
En 2000, après sa défaite lors de l’élection présidentielle face au secrétaire général national du PDS, le président Diouf accepte les résultats des urnes et se retire dignement. Wade, reconnaissant, lui demande même de le représenter lors d’un sommet sous-régional, signe de respect envers son ancien rival.
Malgré cela, leurs relations ne restent pas totalement pacifiques. En 2002, le chef d’État s’oppose initialement à la candidature d’Abdou Diouf à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), mais finit par soutenir son prédécesseur, sous la pression de la France. Ce revirement illustre les ambiguïtés des relations entre les deux hommes, oscillant entre respect institutionnel et rivalité politique.
Après son départ du pouvoir, Abdou Diouf se retire progressivement de la vie politique sénégalaise, laissant le Parti socialiste aux mains de ses successeurs, notamment Ousmane Tanor Dieng. Contrairement à Senghor, bien qu’il soit membre de l’Académie française, Diouf, lui, choisit de rester impliqué sur la scène internationale en tant que secrétaire général de l’OIF, un poste qu’il occupera jusqu’en 2014.
Les relations tumultueuses entre Abdoulaye Wade et Macky Sall
La relation entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, deux figures emblématiques de la politique sénégalaise, ressemble à un feuilleton marqué par des épisodes de conflit, de réconciliation et de nouvelles tensions. Après des années d’animosité, leur rapprochement en 2019 avait laissé entrevoir une possible trêve. Mais derrière cette apparente réconciliation, se cachent des divergences profondes qui continuent de nourrir la complexité de leur relation.
Le 27 septembre 2019, un moment fort symbolique s’est déroulé, lorsque Macky Sall et Abdoulaye Wade sont apparus main dans la main à la mosquée Massalikoul Djinane, marquant ce qui semblait être la fin de leurs querelles politiques. Le président Sall, dans un geste de courtoisie, a même raccompagné ‘’le vieux’’ à son domicile, déclarant devant les caméras : ‘’Évidemment, il y a eu des contentieux, mais tout ça doit être dépassé. C’est pourquoi je lance un appel solennel au président Abdoulaye Wade à discuter avec moi du pays.’’
Cette main tendue marquait une tentative de réconciliation, après des années de tensions. En effet, depuis 2012, les deux hommes étaient devenus des adversaires acharnés. Macky Sall, qui avait servi loyalement sous Wade, n’a jamais pardonné son exclusion brutale du (PDS) en 2008. De son côté, Wade n’a jamais digéré l’emprisonnement de son fils Karim sous la présidence de Macky Sall, incarcéré pendant plus de trois ans. Ce qu’il a vécu comme une trahison.
Le protocole de Conakry
La rupture entre les deux anciens alliés est en grande partie due à la présidentielle de 2019. Wade, en réaction à la disqualification de son fils Karim à la course présidentielle, avait lancé un appel virulent à ses partisans pour saboter le scrutin. Ses déclarations incendiaires, demandant même de brûler les urnes et les cartes d’électeur, avaient fait craindre une escalade de la violence politique.
Une médiation d’urgence, renommée le ‘’protocole de Conakry’’, menée par des acteurs régionaux comme Alpha Condé, président de la Guinée, avait permis d’éviter le pire. L’ancien président avait été temporairement exfiltré à Conakry pour calmer les tensions, ce qui avait ouvert la voie à l’élection de Macky Sall pour un second mandat.
Malgré ce contexte de conflit, Macky Sall a décidé de rendre hommage à son ancien mentor, en baptisant le stade de Diamniadio du nom d’Abdoulaye Wade. Ce geste symbolique visait à apaiser les tensions, mais il n'a pas suffi à dissiper les rancœurs.
Macky Sall – Diomaye et Sonko : des comptes à solder
La surprise de l’annonce du retour de Macky Sall sur la scène politique en tant que tête de liste nationale de la coalition de l’opposition Takku Wallu Sénégal pour les législatives de novembre 2024, ne manque pas de relancer les hostilités. Ce retour en politique intervient alors que le nouveau régime, dirigé par le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, est déterminé à mener une ‘’reddition des comptes’’ visant l’ancien régime de Macky Sall. Mais surtout à asseoir leur pouvoir en obtenant une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Pour rappel, Diomaye et Sonko ont été emprisonnés par le régime de Macky Sall. Le Sénégal a vécu les pires crises préélectorales dans la confrontation entre ces derniers.
Malgré une accalmie après l’élection présidentielle, la situation reste tendue, tant il y a de contentieux à solder. Avec des enquêtes, des audits et des interdictions de quitter le territoire visant d’anciens dignitaires de son régime, Macky Sall et ses partisans font face à une pression croissante de la part du gouvernement en place.
Ousmane Sonko, figure centrale de l’opposition pendant les années Sall, voit en ce retour une opportunité de prendre une revanche personnelle et politique contre celui qui fut à l’origine de la féroce répression contre son parti.
Macky Sall, un retour sous haute tension
Le retour de Macky Sall dans le paysage politique a été accueilli avec des réactions mitigées. Ses partisans voient en lui un leader capable de ramener de la stabilité dans un contexte politique tendu. En revanche, ses détracteurs, notamment les victimes des répressions sous son régime, considèrent ce retour comme une provocation. Amnesty International a d’ailleurs rappelé que plus de soixante personnes ont perdu la vie lors des manifestations antigouvernementales entre 2021 et 2024, sous la présidence de Macky Sall.
Dans ce climat explosif, les partisans de Sonko ne cachent pas leur amertume face à la présence de Macky Sall sur la scène politique, voyant en lui le symbole de l’ancien régime corrompu. Ousmane Sonko, investi par le Pastef comme tête de liste pour les législatives, incarne désormais l’opposition frontale à Macky Sall, inversant ainsi les rôles par rapport aux années précédentes.
Les Wade et Macky, une alliance improbable aux législatives
Ironiquement, malgré leurs différends passés, les partis de Wade et de Macky Sall se retrouvent aujourd’hui dans la même coalition pour les élections législatives anticipées de novembre 2024. Cette alliance inattendue reflète la complexité de la politique sénégalaise, où les alliances se font et se défont au gré des intérêts électoraux.
Le retour de Macky Sall, malgré les critiques et les rancœurs qu’il suscite, ajoute une dimension nouvelle à ces législatives, déjà marquées par des enjeux de pouvoir cruciaux. Tandis que Sonko et son gouvernement poursuivent leur campagne de transparence et de reddition des comptes, l’ancien président se positionne comme un acteur incontournable de l’opposition, bien décidé à regagner le terrain politique qu’il a perdu.
Les relations entre les anciens présidents reflètent à elles seules les dynamiques complexes du pouvoir au Sénégal. De l’amitié à l’inimitié, en passant par des tentatives de réconciliation, ces figures de la politique sénégalaise ont traversé des décennies de collaborations et de conflits.
Leur trajectoire politique illustre les tensions qui existent au sein des élites sénégalaises, où le jeu des alliances et des rivalités ne cesse de redéfinir le paysage politique.
RELATION AMOUR-HAINE TOUJOURS COMPLIQUEE
L'histoire politique du Sénégal est jalonnée de relations complexes entre ses anciens présidents. Si la transition entre Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf s'est faite en douceur, marquant une continuité politique...
L'histoire politique du Sénégal est jalonnée de relations complexes entre ses anciens présidents. Si la transition entre Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf s'est faite en douceur, marquant une continuité politique, les relations entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, puis entre Wade et Macky Sall ont souvent été tumultueuses. De la passation harmonieuse de pouvoir entre Senghor et Diouf à la rivalité acharnée entre Wade et Macky Sall, ces relations illustrent la complexité de la transmission du pouvoir et des alliances en constante évolution. Alors que Macky Sall revient sur la scène politique en 2024, le passé se mêle au présent, annonçant des élections législatives sous haute tension.
L’histoire politique du Sénégal est marquée par des transitions de pouvoir qui, bien qu’elles aient été pacifiques, n’ont pas toujours été sans tensions.
Une transition fluide entre Senghor et Diouf
Le 31 décembre 1980, Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal indépendant, démissionne volontairement et passe le relais à son Premier ministre Abdou Diouf. Cette transmission du pouvoir, bien qu’exceptionnelle en Afrique, est soigneusement préparée par Senghor. Cependant, elle n’est pas sans susciter des tiraillements au sein du Parti socialiste où plusieurs membres se voyaient comme de potentiels successeurs.
Malgré cette période de transition, la relation entre Senghor et Diouf est marquée par une certaine continuité. Les deux hommes ont travaillé ensemble pendant des années au sein du gouvernement et du Parti socialiste. Diouf, qui avait refusé de prêter allégeance à Senghor lors de la crise de décembre 1962 entre ce dernier et Mamadou Dia, avait été relevé de ses fonctions de gouverneur, mais cela n’a pas empêché le président-poète de lui accorder sa confiance par la suite.
Ainsi, après avoir été directeur de cabinet à la présidence de la République en 1963, Abdou Diouf finit par devenir Premier ministre, avant d’accéder à la présidence.
Son magistère, bien que marqué par une continuité politique, se distingue par une volonté de rupture avec l’héritage de Senghor, un processus que certains ont qualifié de ‘’désenghorisation’’. Il introduit notamment le multipartisme intégral et libéralise la presse, ouvrant ainsi le champ politique à plus de diversité.
Après sa démission, Senghor se retire totalement de la scène politique, vivant une retraite paisible en France. Son départ laisse à Diouf les coudées franches pour gouverner sans être éclipsé par la figure de son prédécesseur. Cette transition harmonieuse, dictée par des relations personnelles et politiques solides, contraste fortement avec les rapports tendus entre Diouf et Wade.
Les relations conflictuelles entre Diouf et Wade
Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont eu une relation nettement plus complexe, marquée par des décennies d’opposition politique avant que le ‘’Pape du Sopi’’ ne devienne président en 2000. Pendant 24 ans, il a été le principal opposant à Diouf, incarnant le changement et la contestation à travers sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (PDS).
Leurs rapports sont jalonnés d’affrontements politiques. En 1988, Wade est condamné à un an de prison avec sursis, pour son implication dans des troubles postélectoraux, et en 1993, il est arrêté pour son implication présumée dans l’assassinat de Me Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel.
Malgré ces tensions, il finit par être libéré et poursuit sa carrière politique.
En 2000, après sa défaite lors de l’élection présidentielle face au secrétaire général national du PDS, le président Diouf accepte les résultats des urnes et se retire dignement. Wade, reconnaissant, lui demande même de le représenter lors d’un sommet sous-régional, signe de respect envers son ancien rival.
Malgré cela, leurs relations ne restent pas totalement pacifiques. En 2002, le chef d’État s’oppose initialement à la candidature d’Abdou Diouf à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), mais finit par soutenir son prédécesseur, sous la pression de la France. Ce revirement illustre les ambiguïtés des relations entre les deux hommes, oscillant entre respect institutionnel et rivalité politique.
Après son départ du pouvoir, Abdou Diouf se retire progressivement de la vie politique sénégalaise, laissant le Parti socialiste aux mains de ses successeurs, notamment Ousmane Tanor Dieng. Contrairement à Senghor, bien qu’il soit membre de l’Académie française, Diouf, lui, choisit de rester impliqué sur la scène internationale en tant que secrétaire général de l’OIF, un poste qu’il occupera jusqu’en 2014.
Les relations tumultueuses entre Abdoulaye Wade et Macky Sall
La relation entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, deux figures emblématiques de la politique sénégalaise, ressemble à un feuilleton marqué par des épisodes de conflit, de réconciliation et de nouvelles tensions. Après des années d’animosité, leur rapprochement en 2019 avait laissé entrevoir une possible trêve. Mais derrière cette apparente réconciliation, se cachent des divergences profondes qui continuent de nourrir la complexité de leur relation.
Le 27 septembre 2019, un moment fort symbolique s’est déroulé, lorsque Macky Sall et Abdoulaye Wade sont apparus main dans la main à la mosquée Massalikoul Djinane, marquant ce qui semblait être la fin de leurs querelles politiques. Le président Sall, dans un geste de courtoisie, a même raccompagné ‘’le vieux’’ à son domicile, déclarant devant les caméras : ‘’Évidemment, il y a eu des contentieux, mais tout ça doit être dépassé. C’est pourquoi je lance un appel solennel au président Abdoulaye Wade à discuter avec moi du pays.’’
Cette main tendue marquait une tentative de réconciliation, après des années de tensions. En effet, depuis 2012, les deux hommes étaient devenus des adversaires acharnés. Macky Sall, qui avait servi loyalement sous Wade, n’a jamais pardonné son exclusion brutale du (PDS) en 2008. De son côté, Wade n’a jamais digéré l’emprisonnement de son fils Karim sous la présidence de Macky Sall, incarcéré pendant plus de trois ans. Ce qu’il a vécu comme une trahison.
Le protocole de Conakry
La rupture entre les deux anciens alliés est en grande partie due à la présidentielle de 2019. Wade, en réaction à la disqualification de son fils Karim à la course présidentielle, avait lancé un appel virulent à ses partisans pour saboter le scrutin. Ses déclarations incendiaires, demandant même de brûler les urnes et les cartes d’électeur, avaient fait craindre une escalade de la violence politique.
Une médiation d’urgence, renommée le ‘’protocole de Conakry’’, menée par des acteurs régionaux comme Alpha Condé, président de la Guinée, avait permis d’éviter le pire. L’ancien président avait été temporairement exfiltré à Conakry pour calmer les tensions, ce qui avait ouvert la voie à l’élection de Macky Sall pour un second mandat.
Malgré ce contexte de conflit, Macky Sall a décidé de rendre hommage à son ancien mentor, en baptisant le stade de Diamniadio du nom d’Abdoulaye Wade. Ce geste symbolique visait à apaiser les tensions, mais il n'a pas suffi à dissiper les rancœurs.
Macky Sall – Diomaye et Sonko : des comptes à solder
La surprise de l’annonce du retour de Macky Sall sur la scène politique en tant que tête de liste nationale de la coalition de l’opposition Takku Wallu Sénégal pour les législatives de novembre 2024, ne manque pas de relancer les hostilités. Ce retour en politique intervient alors que le nouveau régime, dirigé par le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, est déterminé à mener une ‘’reddition des comptes’’ visant l’ancien régime de Macky Sall. Mais surtout à asseoir leur pouvoir en obtenant une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Pour rappel, Diomaye et Sonko ont été emprisonnés par le régime de Macky Sall. Le Sénégal a vécu les pires crises préélectorales dans la confrontation entre ces derniers.
Malgré une accalmie après l’élection présidentielle, la situation reste tendue, tant il y a de contentieux à solder. Avec des enquêtes, des audits et des interdictions de quitter le territoire visant d’anciens dignitaires de son régime, Macky Sall et ses partisans font face à une pression croissante de la part du gouvernement en place.
Ousmane Sonko, figure centrale de l’opposition pendant les années Sall, voit en ce retour une opportunité de prendre une revanche personnelle et politique contre celui qui fut à l’origine de la féroce répression contre son parti.
Macky Sall, un retour sous haute tension
Le retour de Macky Sall dans le paysage politique a été accueilli avec des réactions mitigées. Ses partisans voient en lui un leader capable de ramener de la stabilité dans un contexte politique tendu. En revanche, ses détracteurs, notamment les victimes des répressions sous son régime, considèrent ce retour comme une provocation. Amnesty International a d’ailleurs rappelé que plus de soixante personnes ont perdu la vie lors des manifestations antigouvernementales entre 2021 et 2024, sous la présidence de Macky Sall.
Dans ce climat explosif, les partisans de Sonko ne cachent pas leur amertume face à la présence de Macky Sall sur la scène politique, voyant en lui le symbole de l’ancien régime corrompu. Ousmane Sonko, investi par le Pastef comme tête de liste pour les législatives, incarne désormais l’opposition frontale à Macky Sall, inversant ainsi les rôles par rapport aux années précédentes.
Les Wade et Macky, une alliance improbable aux législatives
Ironiquement, malgré leurs différends passés, les partis de Wade et de Macky Sall se retrouvent aujourd’hui dans la même coalition pour les élections législatives anticipées de novembre 2024. Cette alliance inattendue reflète la complexité de la politique sénégalaise, où les alliances se font et se défont au gré des intérêts électoraux.
Le retour de Macky Sall, malgré les critiques et les rancœurs qu’il suscite, ajoute une dimension nouvelle à ces législatives, déjà marquées par des enjeux de pouvoir cruciaux. Tandis que Sonko et son gouvernement poursuivent leur campagne de transparence et de reddition des comptes, l’ancien président se positionne comme un acteur incontournable de l’opposition, bien décidé à regagner le terrain politique qu’il a perdu.
Les relations entre les anciens présidents reflètent à elles seules les dynamiques complexes du pouvoir au Sénégal. De l’amitié à l’inimitié, en passant par des tentatives de réconciliation, ces figures de la politique sénégalaise ont traversé des décennies de collaborations et de conflits.
Leur trajectoire politique illustre les tensions qui existent au sein des élites sénégalaises, où le jeu des alliances et des rivalités ne cesse de redéfinir le paysage politique.
VIDEO
NOUS ALLONS A L’ASSEMBLEE POUR DES LOIS ECONOMIQUES
Tête de liste de l’Union citoyenne Bunt bi pour les Législatives, Elhadj Ibrahima Mbow a peint, ce dimanche, sur Jdd de iTv et iRadio, un Sénégal en «catastrophe» qu’il urge de sauver par des lois économiques et des réformes institutionnelles.
Tête de liste de l’Union citoyenne Bunt bi pour les Législatives, Elhadj Ibrahima Mbow a peint, ce dimanche, sur Jdd de iTv et iRadio, un Sénégal en «catastrophe» qu’il urge de sauver par des lois économiques et des réformes institutionnelles. D’où d’ailleurs le sens de la candidature de ce membre de la coalition ayant porté Diomaye au pouvoir.
«Le Sénégal est un pays pauvre très endetté. Il va falloir repartir sur la dynamique économique. Pourquoi nous voulons aller à l’Assemblée ? Nous voulons y aller pour avoir des lois économiques, des lois sur le plan social, des réformes institutionnelles pour que la gouvernance économique soit la priorité numéro 1». C’est par ce tableau sombre qu’Elhadj Ibrahima Mbow, allié du régime, a justifié sa volonté de rejoindre l’hémicycle. Invité du Jury du dimanche (Jdd), face au journaliste Assane Guèye, la tête de liste de l’Union citoyenne Bunt bi passe ensuite du constat aux propositions. «On ne crée pas assez de richesses. Le Sénégal doit s’industrialiser. Parce que le monde rural est dans une situation très difficile. Nos jeunes prennent encore la mer, certains le désert. Le deuxième pilier, c’est notre l’Administration. On sait très bien qu’elle est bancale et couteuse. Il va falloir la réformer avec le numérique. Le troisième aspect où j’attends le Président Diomaye et son gouvernement, c’est l’aménagement du territoire. On a subi encore les inondations à Touba, dans le Fouta, dans le Sine-Saloum et c’est une catastrophe», a déploré l’ancien membre du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
«On n’a pas les moyens de se développer tout seul comme dit Sonko»
Si le leader du Pastef, lui, pense pouvoir se départir de l’aide internationale pour développer du pays, ce n’est pas le cas du Docteur en science de Gestion. «On ne peut pas se développer tout seul. Aucun pays du monde ne s’est développé tout seul. Je pense à l’Europe du nord, aux pays de l’Ocde, à l’Asie, à l’Alena, à l’Amérique du Sud et aux pays arabes. Notre note a été dégradée parce qu’économiquement on ne tient pas la route. Parce qu’on a fait de mauvais arbitrages budgétaires avec une mal gouvernance économique, notre Administration est couteuse et parasitée. Maintenant, quand le Premier ministre dit qu’on va se développer avec des ressources endogènes, je pense que c’est juste un symbole et une ambition. Mais on n’en a pas les moyens. Le téléphone que lui-même utilise, c’est des satellites qu’on ne maitrise pas encore», a ironisé Ibrahima Mbow.
Le sort des alliés du Pastef
Elhadj Ibrahima Mbow ne semble pas se réjouir du sort réservé aux alliés ayant contribué au triomphe du Pastef à la dernière Présidentielle. «Il faut le dire. Il y a des leaders éminents dans la Conférence des leaders de Diomaye Président. Des gens engagés, doués, qui ont des compétences. Mais quand je vois leurs écrits et leurs analyses, je me dis quel gâchis si on ne les utilise pas. J’espère que pendant la 15e Législature, ces forces vives vont être mises au service du pays», souhaite la tête de liste de l’Union citoyenne Bunt bi. De son coté, il propose des pôles de développement comme une offre politique. «Nous nous proposons 5 méga régions. Et là aussi nous sommes en phase avec le programme du Pastef. Chaque méga région doit avoir un conseil territorial et une autonomie financière. Dakar étouffe. Il faut 30 minutes de trajet pour faire 4 kilomètres», a-t-il critiqué.
LES PERIPETIES DU PROJET
De l'anti-système au cœur du pouvoir, le chemin a été semé d'embûches pour Ousmane Sonko et ses partisans. Critiqué, ralenti, mais jamais abandonné, le « Projet » se concrétise enfin sous la forme de la SND Vision 2050
Le référentiel des politiques publiques de Diomaye-Sonko sera présenté ce lundi au Cicad. Exit le Pse, place à la Snd Vision 2050 ! Bés bi revient sur les péripéties de ce «Projet» à long terme, vanté, critiqué, ralenti…
C’est l’un des mots-clés de la politique sénégalaise depuis près d’une dizaine d’années : le «Projet». Un produit vendu par son porteur, Ousmane Sonko qui, après sa radiation de la fonction publique, a choisi son chemin. Ses racines et son essence, selon ses animateurs, l’anti-système, franc Cfa, bases militaires… C’est sexy pour les jeunes, les activistes. Alors, telle une mise en bouche, ce projet de changement systémique domine les éléments de langage, parfois bien châtié chez les moins instruits qui prolongent le concept à leur manière : «prozet». Pastef entend se démarquer de l’establishment, des habitudes et des discours politiques. Et promeut le panafricanisme, l’impérialisme, le nationalisme, le patriotisme. Son leader veut se peser aux Législatives de 2017 et écrit des livres «Pétrole et gaz au Sénégal», puis «Solutions pour un Sénégal nouveau». Elu député, il fonce. Direction 2019. Il propose le «Projet» approuvé par près de 17% des suffrages, qui le projettent à la 3e place derrière Idrissa Seck. Ce dernier rejoint Macky Sall et laisse une place au leader de Pastef.
Le procès du «Projet»
Entretemps, que de choses se sont passées, obstruant la marche du porteur de projet vers le fauteuil. Affaire Sweet beauty, émeutes, emprisonnements… Mais des événements accélérant une chute du régime Macky Sall qui, lui ne sera pas de la partie cette fois-ci. Le programme tout en ruptures prônées par Pastef, sans forcément être bien compris par ses militants et sympathisants, est détourné en un projet de «déstabilisation du pays». C’était le procès du ‘’Projet’’. Mais il continue d’embarquer des électeurs. Ce qui s’est concrétisé aux Locales janvier et aux Législatives de juillet 2022. Même si c’était avec une grande coalition. Le porteur du «Projet» ne sera pas lui non plus de la partie, il le délèguera à un de ses plans B, qui met en place la coalition Diomaye Président.
Le président de la République fait de la lutte contre la corruption, de la renégociation des principaux accords économiques et militaires, et de la sortie du franc CFA, les points forts de son futur mandat, la reddition des comptes… Alors, tout le monde attend la rupture annoncée, les nouveaux dirigeants, dès le premier Conseil des ministres, annoncent le processus de «transformation systémique» ou «Projet», qui sera le nouveau référentiel des politiques publiques à la place du Pse de Macky Sall. Lorsque Sonko a annoncé qu’il sera disponible en septembre, ses détracteurs ont vite chanté «l’absence de projet», «il n’a jamais existé», «ils n’étaient pas prêts»… Puis, septembre est mort, «Projet» n’est pas né. Le 7 octobre est retenu en même temps que la conférence de presse sur l’état des lieux. Enfin, ce lundi 14 octobre.
LA BONNE GOVERNANCE, SOCLE DE LA POLITIQUE NATIONALE DE DEVELOPPEMENT SENEGAL 2050
Le gouvernement a élaboré son document de politique nationale de développement en tenant essentiellement compte de la bonne gouvernance, de l’aménagement optimal du territoire et d’un capital humain de qualité ...
Le gouvernement a élaboré son document de politique nationale de développement en tenant essentiellement compte de la bonne gouvernance, de l’aménagement optimal du territoire et d’un capital humain de qualité, dans le but de construire une économie compétitive, a-t-on appris lundi du Premier ministre, Ousmane Sonko.
Son élaboration découle d’un combat politique mené pendant une décennie, a-t-il dit lors de la cérémonie de présentation de ce document.
La cérémonie de lancement du document de politique nationale de développement ‘’Sénégal 2050’’ s’est ouverte ce matin au centre international de conférences Abdou-Diouf, dans la ville de Diamniadio, à une trentaine de kilomètres à l’est de Dakar, sous la présidence du chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye.
La mise en œuvre de la nouvelle politique de développement augure ‘’une nouvelle trajectoire’’ pour le pays, a ajouté M. Sonko, qualifiant le document ‘’Sénégal 2050’’ de ‘’projet politique solide, ambitieux et porteur d’espoir’’.
Selon le Premier ministre, le gouvernement a fait appel à l’expertise locale pour élaborer ce programme de développement.
Des fonctionnaires de la Primature, du ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération, ainsi que des experts du cabinet Performances Group qui ont contribué à son élaboration, a-t-il dit.
Le document de politique nationale de développement reflète les engagements des nouvelles autorités sénégalaises en faveur de la promotion de la bonne gouvernance et leur ‘’engagement africain’’, selon Ousmane Sonko.
Le développement du capital humain, l’équité sociale et le développement durable font partie des objectifs de la politique à mener au cours des prochaines années à l’aide de ce document, a précisé M. Sonko.
Il a déploré les ‘’précédentes options de développement très souvent’’ basées sur des ambitions ‘’électoralistes’’, qui ne permettaient pas d’avoir une vision à long terme de l’économie du pays.
Le Sénégal a mené ‘’une gouvernance inefficace, plombée par la corruption’’ au cours des dernières décennies ou années, a poursuivi le chef du gouvernement en parlant d’‘’une population active mais peu productive’’ à cause de l’importance de l’économie informelle et du ‘’modèle social inéquitable’’ promu par les précédents gouvernements.
‘’Nous ne pouvons pas revenir en arrière, mais nous pouvons partir sur de nouvelles bases’’, a assuré Ousmane Sonko.
LE PROGRAMME SENEGAL 2050 REPOSE SUR UN DIAGNOSTIC PROFOND ET EXHAUSTIF DES POLITIQUES PUBLIQUES
Le gouvernement a procédé à ‘’un diagnostic profond et exhaustif des politiques publiques’’ avant d’élaborer le document de politique nationale de développement
Le gouvernement a procédé à ‘’un diagnostic profond et exhaustif des politiques publiques’’ avant d’élaborer le document de politique nationale de développement, a signalé, lundi, à Diamniadio (ouest), le directeur de la planification au ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Cheikh Modou Thiam.
‘’Il fallait un diagnostic profond et exhaustif des politiques publiques’’ avant l’élaboration de cette nouvelle politique de développement du pays, a-t-il dit en intervenant à la présentation du document de politique nationale de développement.
Les nouvelles autorités du pays ont procédé à un diagnostic profond de l’économie sénégalaise avant de concevoir le programme ‘’Sénégal 2050’’, a souligné M. Thiam.
Au cours des précédentes années ou décennies, le Sénégal a développé un modèle économique ‘’peu créateur de valeur’’, avec une hausse de 0,4 % seulement du produit intérieur brut par habitant, a-t-il signalé.
Depuis son indépendance, le pays se trouve dans un cercle vicieux d’endettement, a-t-il dit en relevant une faible évolution de la structure économique sénégalaise.
Les entreprises sont pour la plupart de petite taille, avec un chiffre d’affaires ne dépassant pas 20 millions de francs CFA, selon Cheikh Modou Thiam.
Les emplois créés sont ‘’informels’’ pour la plupart, a-t-il observé en relevant la faible productivité de l’économie nationale.
Fortement dépendant de l’étranger, le Sénégal ne dispose pas de véritables moteurs de croissance, a fait remarquer M. Thiam.
Le pays a pourtant des opportunités en matière de démographie, estime le fonctionnaire du ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération.
Quatre Sénégalais sur 10 vivent en dessous du seuil de pauvreté, a-t-il indiqué en préconisant le renforcement de l’intégration de l’économie sénégalaise à celles des autres pays de la région.
SENEGAL 2050 AMBITIONNE DE FAIRE DU NUMERIQUE LE MOTEUR DE L’ECONOMIE NATIONALE
Le nouveau document de politique nationale de développement “Sénégal 2050”, présenté, lundi, a pour ambition de faire du numérique le moteur de l’économie sénégalaise en vue d’améliorer la vie quotidienne.
Le nouveau document de politique nationale de développement “Sénégal 2050”, présenté, lundi, a pour ambition de faire du numérique le moteur de l’économie sénégalaise en vue d’améliorer la vie quotidienne.
”D’abord le numérique. Aujourd’hui c’est le moteur de l’économie mondiale. L’ambition du projet est aussi d’en faire demain le moteur de l’économie sénégalaise à travers une large adoption qui permettra d’améliorer aussi bien la vie quotidienne, l’économie que la gouvernance”, a fait savoir Victor Ndiaye, président du cabinet Performances Group, partie prenante de la conception du nouveau document de référence des politiques publiques du Sénégal.
Pour cela, dit-il, ”le Sénégal commencera à mettre en place dès ce mandat les fondements solides d’une société numérique”.
”Chaque citoyen disposera d’une identité numérique fiable. Le foncier et les biens immobiliers seront digitalisés pour l’équité dans l’accès à la terre et une meilleure justice fiscale. Les citoyens bénéficieront d’un accès généralisé et abordable à l’internet haut débit”, a-t-il ajouté.
Les services publics aussi, poursuit-il, ”seront entièrement numérisés de même que de nombreux secteurs de l’économie”.
”L’Etat encouragera l’émergence de champions nationaux pour que les Google et les Facebook de demain soient Sénégalais”.
BOUBACAR KAMARA ET TABAX SOUTIENNENT LA LISTE PASTEF
Pas de surprise au niveau de la formation politique dirigée par Boubacar Camara qui vient d’officialiser son soutien à la liste de PASTEF.
Le Parti de la construction et de la solidarité/ Jengu Tabax, dirigé par Boubacar Camara, a exprimé dimanche son soutien engagé pour « une victoire éclatante de la liste de PASTEF. Ce choix porté sur la liste dirigée par Ousmane Sonko découle selon Boubacar Camara, d’une prise de conscience nette de la situation actuelle et des exigences de l’heure, caractérisées par une forte et légitime espérance d’amélioration de la vie quotidienne des Sénégalais ».
Pas de surprise au niveau de la formation politique dirigée par Boubacar Camara qui vient d’officialiser son soutien à la liste de PASTEF. « Nous avons décidé de voter et de faire voter la liste de PASTEF dirigée par le président Ousmane Sonko. De ne ménager aucun effort pour un soutien multiforme et total de la liste pour constituer un homogène bloc largement majoritaire en engagé pour la réalisation du projet vision Sénégal 2050 », a déclaré l’ancien candidat malheureux à l’élection présidentielle du 24 mars dernier, président du Parti de la construction. En portant son dévolu sur la liste PASTEF, précise le leader du Parti de la construction et de la solidarité/ Jengu Tabax, « nous avons choisi en connaissance de cause, de nous inscrire dans la dynamique visant de permettre au pouvoir en place de disposer des moyens institutionnels pour gouverner dans la vérité, la justice, la compétence et la constance. »
A ce titre, Boubacar Camara estime que la convocation du 17 novembre prochain met les Sénégalais devant un choix simple. Selon lui, « Soit on veut ouvrir la porte de la rupture systémique, une rupture pour un nouveau départ pour un Sénégal souverain, juste et prospère, construit par ses enfants et ouvert sur le monde dans lequel il appartient, soit nous voulons aménager une fenêtre pour engager dans la continuité, une continuité de la gouvernance prédatrice et parasitaire qui a déjà dramatiquement gangrené notre pays avec les frais comme la pauvreté, l’ignorance et l’insécurité. »
C’est en ce sens que le Parti construction/ Tabax conscient des enjeux de l’heure a pris le pari de valider et consacrer la rupture. « Nous sommes donc engagés à enterrer le 17 novembre 2024 le système, mis en place et entretenu pendant des décennies par des élites politiques parasitaires. Si nous n’enterrons pas le système, nous ne pouvons pas espérer un développement du Sénégal », a averti le président de Jengu Tabax.