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24 novembre 2024
Politique
AMADOU BA REVIENT SUR LES ACCUSATIONS DE CORRUPTION DE JUGES DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
"Je ne ferai jamais quelque chose qui détruirait ce pays ou qui plongerait le pays dans des problèmes. Je ne me rappelle pas avoir salué, ne serait-ce qu’une seule fois, l’un des juges qui a été indexé », a-t-affirmé lors d’une conférence de presse.
Après le contrôle des parrainages pour l’élection présidentielle de mars 2024, Amadou Ba, candidat de Benno Bokk Yakaar, parti au pouvoir, a été accusé par le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) de corruption. Le parti d’Abdoulaye Wade a déclaré qu’il a donné de l’argent à quelques juges du Conseil Constitutionnel afin d’invalider la candidature de Karim Wade. Ce mercredi 16 octobre, 6 mois après, le leader de l’opposition est revenu sur cet incident non encore résolu par la justice.
«J’ai attendu des accusations de corruption portées à mon encontre. C’est pour salir mon image. Je veux dire aux Sénégalais que je n’ai jamais dit, ni fait, dans l’arène politique, que ce soit dans le camp de l’APR ou de Benno quelque chose qui m’empêcherait de marcher la tête haute. Je ne ferai jamais quelque chose qui détruirait ce pays ou qui plongerait le pays dans des problèmes. Je ne me rappelle pas avoir salué, ne serait-ce qu’une seule fois, l’un des juges qui a été indexé », affirme Amadou Ba lors d’une conférence de presse.
A noter que l’un des juges soupçonnés, Cheikh Tidiane Couiibaly est le frère de Abdou Latif Couiibaly.
PASTEF LANCE UN MEGA-MEETING A DAKAR ARENA CE SAMEDI POUR UNE LEVEE DE FONDS
Le parti veut une majorité écrasante à l’Assemblée nationale - Ministres et DG appelés à cotiser1 million de frs chacun, les autres catégories - entre 50.000 à 100.000 frs, la grande masse 1000frs.
- Pastef veut une majorité écrasante à l’Assemblée nationale
- Ministres et DG appelés à cotiser1 million de frs chacun, les autres catégories
- Entre 50.000 à 100.000 frs, la grande masse 1000frs.
- Aucun centime de l’argent ne doit provenir des caisses de l’Etat
- Pastef veut une démonstration de force ce samedi
Pastef a décidé de tenir ce samedi 19 octobre à Dakar Aréna une grande mobilisation pour une levée de fonds destinée à financer sa campagne électorale des législatives du 17 novembre prochain. L’appel à la mobilisation a été lancé hier par le Président de ce parti au pouvoir, Ousmane Sonko, qui demande à ses militants et sympathisants de lui donner ainsi qu’à ses alliés une majorité écrasante au soir du 17 novembre.
Pastef sonne la grande mobilisation pour ce samedi 19 octobre à Dakar Aréna. Le président de ce parti actuellement au pouvoir, Ousmane Sonko, a donné hier à travers un message sur les réseaux sociaux les grandes lignes de cette mobilisation qui va déclenche le processus de levée de fonds ou fund raising dans la langue de Shakespeare. Ousmane Sonko a été clair à l’endroit des militants de Pastef.
Dans la continuité du concept lancé du Jub, Jubbanti et Jubal, il ne sera pas question de prendre un seul centime dans les caisses de l’Etat pour financer la campagne de Pastef. Les militants devront comme par le passé y aller de leurs poches pour mettre en place le budget de campagne de leur parti. C’est ainsi que le président du parti a demandé à ce que les ministres et directeurs généraux, présidents de conseil d’administration cotisent à hauteur d’un million de frs. Les autres catégories, surtout les cadres, contribueront entre 50.000 à 100.000 frs. La grande masse est assujettie à une cotisation de 1.000 frs.
Les sympathisants et Sénégalais lambda ont été invités à s’associer à cette grande aventure politique des Patriotes. La même formule sera appliquée au niveau des départements et de la Diaspora. La rencontre de samedi prochain devrait être un moment de démonstration de force de Pastef, selon le président Ousmane Sonko. Celui dont l’autre casquette est Premier ministre veut surtout que les militants de PASTEF montrent à l’opinion nationale et internationale leur capacité de mobilisation pour parachever la victoire du 24 mars dernier par une majorité écrasante à l’Assemblée nationale.
Ousmane Sonko rappelle que s’ils ont déjà l’Exécutif à travers la Présidence et le Gouvernement, le Législatif leur échappe jusqu’ici. Or, les derniers soubresauts politiques de la majorité de BBY à l’Assemblée nationale démontrent que la possession totale du pouvoir passe par une majorité sans équivoque à l’Assemblée Nationale. Ce qui pourrait permettre la mise en place de la Haute Cour de la Justice incontournable pour que la reddition des comptes puisse être possible. Surtout qu’il a démontré lors de sa conférence de presse du 26 septembre dernier, en sa qualité de Premier ministre, le maquillage des finances publiques concernant notamment le déficit budgétaire et le niveau d’endettement.
Le président de Pastef a aussi magnifié tout le travail abattu depuis près de 6 mois par le nouveau pouvoir. Des questions dans divers domaines de spoliation restent encore à être réglées notamment au niveau de la spoliation foncière, de la vente illégale de l’or….
Selon lui, les orientations prises depuis près de 6 mois sont une application rigoureuse de la profession de foi du candidat Diomaye Faye. Un processus qui a été enrichi au contact avec la réalité du pouvoir qui leur a permis de mieux connaître ce dernier mais surtout d’accéder à des informations capitales. Selon Ousmane Sonko, tout ce qui a été fait jusqu’ici par le régime du président Diomaye Faye ne relève pas de l’improvisation. C’est un agenda de transformation du Sénégal articulé autour de trois axes comme la Vision 2050, le Master Plan 2034 et Plan Quinquennal. Cet agenda de transformation sera désormais orienté vers une phase de communication pour une appropriation par tous les Sénégalais de la transformation a indiqué le patron de Pastef.
Selon lui, c’est un programme ambitieux et réalisable, si tous les Sénégalais adhèrent à cette vision. « Seulement cela passera par un contrôle de l’Assemblée nationale pour maitriser l’action gouvernementale et la reddition des comptes. « Il faut alors que le 17 novembre les Sénégalais nous donnent une majorité écrasante. Nous félicitions les militantes et militants de PASTEF qui ont montré un patriotisme pour le seul intérêt du Sénégal. Quiconque n’est pas investi ne doit pas s’en émouvoir. Nous félicitons les militants qui ont compris notre signal parce que nous avons zéro contestation alors que nous abordons notre 6ème campagne politique et notre 3ème élection législative. Notre cheminement a été long, mais ce fund raising se fera avec succès et nous entendons un engagement de tous les militants. Ce n’est pas parce qu’on est au pouvoir que nous allons changer notre démarche. La question du financement des partis politiques fera l’objet d’une autre prise en charge par des réformes. Un grand moment de débats sur les levées de fonds, sur la situation politique, sur les alliés politiques qui ont décidé d’accompagner Pastef. Fini le financement occulte des campagnes électorales avec des fonds qui sont assimilés à un blanchiment de capitaux » a promis le président Sonko.
LA BATAILLE DE PODOR
A quelques jours de l’ouverture de la campagne électorale pour les élections législatives du 17 novembre prochain, tous les états-majors sérieux et sûrs de leur force, poursuivent le travail de terrain et peaufinent leur stratégie.
A quelques jours de l’ouverture de la campagne électorale pour les élections législatives du 17 novembre prochain, tous les états-majors sérieux et sûrs de leur force, poursuivent le travail de terrain et peaufinent leur stratégie. Malheureusement, indique un communiqué de la coalition Jamm ak Njariñ du département de Podor, des adeptes de la politique politicienne, pris de panique, s’adonnent à leur jeu favori : la délation et la propagande mensongère. Contrairement aux balivernes débitées par ces politiciens dépassés et jaloux du leadership éclairé et sans équivoque de Cheikh Oumar Anne, la bataille de Podor aura bel et bien lieu. D’ailleurs, elle a déjà commencé, portée par les jeunes, femmes et forces vives du département. Cette bataille ne saurait se faire ailleurs que dans le département de Podor.
Le maire de Ndioum a toujours su prendre ses responsabilités. Cheikh Oumar Anne est un homme de défis qui ne rechigne jamais à la tâche. Il n’a jamais déserté le terrain politique. Toutes les victoires de l’APR dans le département de Podor, avec des scores soviétiques, portent ses empreintes. Cet homme fait peur et dérange tous les politiciens tricheurs qui ont été démasqués depuis longtemps par les populations du département de Podor qui savent faire la différence entre la bonne graine et l’ivraie. Cheikh Oumar Anne est un véritable leader, un homme engagé pour le Sénégal.
La panique de l’autre camp se comprend. Selon le document, il devra croiser le fer avec des jeunes formés à la bonne école de Cheikh Oumar Anne qui, fidèle au serment qu’il avait fait au lendemain des dernières élections locales, a misé sur les jeunes. Il a joint l’acte à la parole. Une attitude seigneuriale et une véritable leçon politique pour les politiciens du département de Podor qui refusent de donner la chance à la jeunesse. Cheikh Oumar Anne et les nombreux élus qui l’accompagnent ont toujours été dans cette dynamique du rajeunissement de la classe politique dans le département de Podor.
La position du maire de Ndioum comme troisième sur la liste nationale de la coalition Jamm ak njarin confirme son leadership sur l’ensemble du territoire national. Le 17 novembre prochain, renseigne toujours le communiqué, les populations du département de Podor seront appelés à choisir entre deux camps : le camp de la constance et de la vérité incarné par Cheikh Oumar Anne et celui de la fourberie.
CHAMOISEAU DÉFIE LE STATUT EN MARTINIQUE
Face à la crise que traverse la Martinique, le lauréat du Prix Goncourt 1992 esquisse les contours d'une île réinventée, libérée du carcan de l'assimilation et propulsée vers un avenir émancipé
(SenePlus) - Dans une tribune publiée mercredi 16 octobre sur le site de Marianne, Patrick Chamoiseau, écrivain et lauréat du prix Goncourt 1992, lance un appel vibrant à une transformation radicale de la société martiniquaise. Face à la crise que traverse l'île, il voit une opportunité unique de repenser en profondeur les structures politiques, économiques et culturelles qui, selon lui, étouffent le développement et l'épanouissement de la Martinique.
"Toute crise demeure une opportunité", affirme Chamoiseau, soulignant que les moments de tension peuvent catalyser des changements jusqu'alors jugés impossibles. L'écrivain appelle à "changer la focale" et à adopter une approche globale des défis auxquels fait face la Martinique, rejetant les solutions partielles qui, selon lui, ne font que perpétuer le "système-outremer" en vigueur.
Il dresse une liste ambitieuse de défis à relever, allant de la lutte contre la précarité à l'anticipation des impacts du changement climatique, en passant par la modernisation du cadre institutionnel et l'élaboration d'une stratégie culturelle englobante. Il insiste sur la nécessité de traiter ces urgences "ensemble, dans une intensité égale, circulaire, inter-rétroactive".
Au cœur de son analyse se trouve une critique acerbe du modèle d'assimilation qui, depuis 1946, structure les relations entre la Martinique et l'Hexagone. "L'assimilation est à la colonne vertébrale historique des Antilles dites françaises", écrit-il, dénonçant une "relation de déresponsabilisation institutionnelle, d'assistanat et de dépendances" qui a transformé l'île en une "terre d'hyperconsommation".
Pour sortir de cette impasse, Patrick Chamoiseau appelle à une émancipation qui ne se limite pas à une simple autonomie formelle ou à une indépendance redoutée, mais qui vise à "forger sa propre vision du monde". Cette émancipation passe, selon lui, par un renouvellement profond des processus démocratiques, inspiré notamment par des modèles comme l'e-démocratie estonienne. "De nouvelles ingénieries de participation populaire sont à expérimenter", propose-t-il, évoquant l'idée d'une "démocratie moléculaire" qui reconnecterait les citoyens aux processus de décision.
Sur le plan économique, Chamoiseau plaide pour un modèle "plus égalitaire, basé sur une intention sociale, culturelle, écologique, numérique, circulaire et solidaire". Il met particulièrement l'accent sur l'importance de la souveraineté alimentaire, appelant à la création de "filières agricoles et maraîchères diversifiées, ancrées dans des pratiques agroécologiques et soutenues par des logistiques numériques".
L'écrivain insiste également sur la nécessité pour la Martinique de s'inscrire fortement dans le tissu régional caribéen et de s'étendre vers le reste des Amériques. Il envisage une Martinique qui, "loin d'un nationalisme obsolète, se transformerait (dans un premier temps) en une entité politique sub-nationale, reconnue par les organismes régionaux et internationaux".
Pour concrétiser cette vision, Chamoiseau propose l'élaboration d'une "Charte-pays" qui servirait de base à une révision de la Constitution française. Cette charte viserait à "formaliser une ambition politique intégrant les défis immédiats" tout en inscrivant la Martinique dans une "métapolitique où les enjeux intérieurs et globaux, échappant aux simplifications, conserveraient l'échelle de leur inextricabilité".
La culture, selon l'auteur de Texaco, doit jouer un rôle central dans cette transformation, devenant "le système nerveux de cette émancipation". Il appelle à un renouvellement des pratiques culturelles, les rendant "plus transversales, mieux territorialisées, moins enfermées dans des raideurs essentialistes, en résonance avec les fluidités relationnelles globales".
Enfin, l'écrivain souligne l'importance cruciale de la transition écologique pour l'avenir de la Martinique. Face aux menaces du changement climatique, il plaide pour "la mise en place des énergies de troisième type, de l'économie écologique, sociale et circulaire, et d'un plan-catastrophes" comme "des impératifs de survie collective".
LES DÉFIS D’UN SCRUTIN À ENJEUX
Maurice Soudieck Dione dresse un panorama des forces en présence pour les législatives, identifiant notamment trois blocs majeurs issus de recompositions politiques. Il pointe les débauchages et retraits comme limites éthiques du jeu politique
Professeur agrégé de Science politique à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Maurice Soudieck Dione, analyse l’actualité politique dominée par le processus électoral en vue des législatives du 17 novembre prochain. Dans cet entretien, l’enseignant-chercheur se prononce sur les enjeux et rivalités, sur le retour au pays annoncé de l’ancien chef de l’État Macky Sall mais aussi la stratégie d'Ousmane Sonko, président du Pastef, de faire compétir son parti sans aucune alliance.
À la lecture des différentes listes validées par le ministère de l’Intérieur en vue des législatives anticipées du 17 novembre prochain, quelle est votre appréciation ?
C’est une élection qui se caractérise par des enjeux politiques très marqués pour le contrôle de l’Assemblée nationale, une institution qui sera décisive dans la marche des affaires publiques. Pour le nouveau régime, obtenir la majorité au Parlement lui assure la réalisation de son programme ; alors que pour l’opposition, il faut peser effectivement dans le fonctionnement de l’Assemblée et réfréner la majorité présidentielle. Les forces politiques en présence sont constituées essentiellement autour de quatre grands pôles : le Pastef, la coalition « Jàmm ak Njariñ », la coalition « Takku-Wallu » et la coalition « Samm sa kaddu ». Cette nouvelle donne de la scène politique peut s’analyser autour de deux idées structurantes. D’une part, la consolidation du bloc PASTEF face à des forces politiques recomposées, ou autrement dit, des forces politiques recomposées face à la consolidation du bloc PASTEF. D’autre part, il y a la stratégie de l’inter-coalition, comme mutualisation des forces politiques recomposées au niveau des départements, pour maximiser la pêche aux suffrages et profiter ainsi au mieux du scrutin majoritaire à un tour. La stratégie de l’intercoalition avait été déterminante dans les scores de l’opposition, notamment pour les coalitions Yewwi Askan wi et Wallu Senegaal lors des élections législatives du 30 juillet 2022. En effet, la majorité présidentielle n’a pu obtenir la majorité parlementaire qu’à un siège près, 83 contre 82 pour l’opposition, à la suite du ralliement du député Pape Diop de la coalition Bokk Gis Gis Liggéey au camp de Benno Bokk Yaakaar.
Peut-on s’attendre à une élection ouverte ?
C’est une élection ouverte. En effet, il y a des recompositions politiques intéressantes de l’opposition à travers trois blocs essentiellement. D’abord, le bloc de la recomposition de la famille libérale avec la coalition TakkuWallu dirigée par le Président Macky Sall, composée de l’Alliance pour la République (APR), du PDS (Parti démocratique sénégalais), de Rewmi d’Idrissa Seck, de Bokk Gis Gis de Pape Diop, des Libéraux démocrates réformateurs (LDR/Yessal) de Modou Diagne Fada, du Parti des libéraux et démocrates (PLD/And Suqali) de Oumar Sarr, et de leurs alliés. Ensuite, le bloc de la recomposition de Benno Bokk Yaakaar autour de la coalition « Jàmm ak njariñ » de Amadou Ba, initiateur de la Nouvelle responsabilité avec les dissidents de l’APR, du Parti socialiste (PS), de l’Alliance des forces de progrès (AFP), de la LD/MPT (Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail), du Parti de l’indépendance et du travail (PIT) et de leurs alliés. Enfin, il y a un troisième bloc de recomposition de la coalition Yewwi Askan Wi à travers la coalition « Sàmm Sa Kaddu » dirigée par Barthélémy Dias, et constituée autour de Taxawu Senegaal de Khalifa Ababacar Sall, du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR) de Serigne Moustapha Sy, du PRP (Parti républicain pour le progrès), de Déthié Fall, de l’Alternative pour la relève citoyenne (ARC) de Anta Babacar Ngom, des Serviteurs de Papa Djibril Fall, du mouvement Gëmm Sa Bopp de Bougane Guèye Dany, de l’Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (AGIR) de Thierno Bocoum. Le contexte peut être favorable au discours de l’opposition avec la cherté du coût de la vie, les difficultés d’insertion professionnelle et sociale des jeunes, la recrudescence de l’immigration clandestine, les problèmes liés aux inondations, etc. Mais il faut reconnaître que le nouveau régime hérite d’un lourd passif ; et que sur toutes ces questions, il faut des mesures structurelles qui ne peuvent pas être mises en œuvre dans le court terme. À cela s’ajoutent, les problèmes liés aux libertés démocratiques avec l’arrestation d’opposants, d’activistes et de journalistes. Or les Sénégalais sont très sensibles au respect de leurs droits et libertés. En tout état de cause, il faut également relever une maturité certaine de l’électorat, qui a généralement tendance à donner une majorité parlementaire au président nouvellement élu, afin de lui permettre de dérouler son programme.
A qui profite, selon vous, cette pléthore de listes ?
La pléthore de 41 listes en lice pour les joutes électorales du 17 novembre profite aux partis et coalitions les plus forts. Cela est essentiellement dû au scrutin majoritaire à un tour au niveau des départements où sont élus 112 députés sur les 165 ; et avec une seule voix de différence, le vainqueur remporte tous les sièges. C’est ce qui explique également la stratégie de l’inter-coalition consistant pour les acteurs à regrouper leurs forces politiques dans les départements pour maximiser les chances de victoire. On comprend dès lors que le scrutin majoritaire à un tour au niveau des départements et le nombre élevé de listes défavorisent les partis et coalitions les plus faibles.
Comment analysez-vous le retour annoncé de l’ancien chef de l’État pour battre campagne ?
Dans l’histoire politique du Sénégal, les chefs d’État ont tendance à prendre du recul par rapport à la chose politique après qu’ils ont été déchargés de leurs fonctions, à la suite d’une démission, comme pour le Président Senghor, ou à la suite d’une alternance démocratique comme en 2000 avec l’élection du Président Abdoulaye Wade et en 2012 avec l’élection du Président Macky Sall. En effet, le Président Senghor s’est retiré en France pour laisser à son successeur le soin de prendre ses marques. Le Président Diouf après sa défaite électorale en 2000 a observé une réserve sans ambiguïté en s’éloignant de l’arène politique et de la conduite des affaires publiques. Le Président Wade également avait pris du recul par rapport au jeu politique pendant plusieurs années, jusqu’aux législatives du 30 juillet 2017, lorsqu’il a été porté à la tête de la coalition gagnante Wattu Senegaal autour du PDS. Le Président Wade y a été poussé à cause de l’acharnement contre son parti et surtout contre son fils Karim Wade, emprisonné dans la traque des biens mal acquis par une juridiction d’exception réactivée, la CREI (Cour de répression de l’enrichissement illicite) avec de graves et flagrantes violations du droit et de ses droits. Quant au Président Sall qui revient 6 mois après avoir quitté ses fonctions, dans un contexte où la question de la reddition des comptes est annoncée, il n’est pas exclu qu’il cherche à protéger ses arrières, son clan et son camp. D’autant plus que les opérations de reddition de comptes ont souvent été des opportunités de construction hégémonique et de règlement de comptes politiques comme du reste l’ont été, la mise en place de la CREI sous Diouf en 1981, les audits de la gestion socialiste sous le Président Wade, et la traque des biens mal acquis sous le Président Sall. Il faut également ajouter que le Président Sall qui est resté à la tête de l’APR est le seul à pouvoir fédérer ce qu’il en reste. Ensuite, en libérant ses alliés pour reconstruire l’APR comme le Président Wade l’avait fait en 2012, le Président Sall se projette sur les échéances électorales à venir, et l’hypothèse d’un retour en 2029 n’est pas totalement à écarter.
À votre avis, Macky Sall a-t-il les moyens pour créer la surprise comme l’avait fait Sonko en 2022 ?
Il faut dire que c’est la même stratégie de l’inter-coalition qui avait été mise en place au niveau des départements par la coalition Yewwi Askan Wi et la coalition Wallu Senegaal en juillet 2022 qui est reconduite par la coalition Takku-Wallu dirigée par le Président Macky Sall et la coalition Sàmm Sa Kaddu dirigée par Barthélémy Dias. Mais il faut tenir compte du contexte politique. En effet, il y a une division de fait de l’APR en raison du combat fratricide mené contre l’ex-Premier ministre Amadou Ba, qui explique qu’il en ait tiré toutes les conséquences en mettant en place un cadre politique dénommé la Nouvelle responsabilité autour duquel est organisé la coalition Jàmm ak Njariñ. En plus, le Président Sall a quitté le pouvoir il y a juste 6 mois. Pendant les trois dernières années de son magistère, entre 2021 et 2024, toutes les limites ont été franchies dans la négation et la transgression de l’État de droit, l’instrumentalisation de la justice et la violation des droits et libertés des citoyens. Il a par ailleurs poussé le cynisme jusqu’à reporter l’élection présidentielle à 24 heures de l’ouverture officielle de la campagne électorale, un fait inédit dans l’histoire mondiale des pratiques anti-démocratiques, qui a favorisé l’élection d’un opposant dès le premier tour de scrutin de la l’élection présidentielle du 24 mars 2024 avec 54,28% des voix.
Que vous inspire également cette guéguerre sur fond de débauchage des responsables que se livrent certaines coalitions de l’opposition ?
Il faut faire la part des choses. Chacun a le droit d’opérer ses choix politiques et d’en assumer les conséquences. Mais il faut une certaine éthique dans le jeu politique notamment par rapport au retrait de certains candidats. En effet, ce sont les candidats eux-mêmes qui donnent aux différentes coalitions leurs dossiers avec tous les documents nécessaires. Donc il y a une volonté objectivement établie d’être candidat. On comprend alors difficilement qu’ils puissent se rétracter au dernier moment en portant préjudice à leur coalition, parti ou mouvement politique. Le Code électoral doit saisir de tels comportements afin que les candidats ne puissent plus se retirer après la publication des listes par la Direction générale des élections, à la suite de l’analyse de la recevabilité juridique de celles-ci. Pour ce qui est des problèmes de l’inter-coalition Takku-Wallu et Jàmm ak Njariñ à Guédiawaye, c’est sans doute un prolongement des conflits qu’il y a eu au sein de Benno Bokk Yaakaar lors de la présidentielle du 24 mars ; ce qui rend difficile les retrouvailles entre ces deux coalitions.
Que vous inspire cette stratégie de Sonko d’aller vers ses élections sous la bannière de Pastef ?
La démarche de PASTEF est compréhensible pour plusieurs raisons. En effet, aller aux élections législatives sous sa propre bannière est d’abord une manière de rechercher une majorité cohérente, stable et efficace pour la mise en œuvre du projet de PASTEF. C’est aussi une manière de contrôler et sécuriser les élus du parti. En effet, au regard de l’article 60 dernier alinéa de la Constitution du 22 janvier 2001 : « Tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat ». Or, cette disposition ne saisit pas dans son champ d’application les députés élus sous l’étendard d’une coalition. Il faut rappeler également les contradictions que PASTEF a vécues sous la 13ème législature, installée le 12 septembre 2022. D’abord à travers les divergences dans la coalition Yewwi Askan Wi, notamment avec le mouvement Taxawu Seneggal par rapport à la participation au dialogue national de 2023 pour décrisper le jeu politique et ramener dans la compétition Khalifa Abacar Sall et Karim Wade, écartés à la suite d’affaires politico-judiciaires. Il en va de même avec la coalition Wallu autour du PDS avec laquelle Yewwi Askan Wi avait formé une inter-coalition au niveau des départements. En effet, de très fortes divergences sont apparues au sein de cette entente politique concernant la conduite à tenir face à Benno Bokk Yaakaar, notamment par rapport à la motion de censure initiée par les députés du PASTEF contre le Premier ministre Amadou Ba, qui n’a recueilli que 55 voix favorables, et qui n’a pas été soutenue par les 27 députés du groupe Wallu qui se sont abstenus. La stratégie du parti PASTEF d’aller seul aux élections législatives permet également de capitaliser sur le coefficient personnel de Ousmane Sonko. En effet, lors des élections locales de janvier 2022, il a mené une campagne nationale pour Yewwi Askan Wi et a contribué à la victoire de la coalition dans plusieurs collectivités territoriales. En juillet 2022, après l’invalidation par le Conseil constitutionnel de la composante des titulaires de la liste Yewwi Askan Wi qu’il dirigeait, Ousmane Sonko a également battu campagne pour faire élire les suppléants de la liste. Lors de la présidentielle de 2024, le candidat qu’il a choisi, Bassirou Diomaye Faye, a remporté la victoire dès le premier tour avec 54,28% des voix. Mais il faut dire également qu’il y a eu l’apport des alliés de la coalition Diomaye-Président et qu’il y a eu de surcroît, un détournement référendaire de l’élection : pour ou contre la continuité du régime du Président Macky Sall.
Quelle lecture faites-vous de la décision rendue par le Conseil constitutionnel sur les recours en annulation des candidatures de Barthélémy Dias et Ousmane Sonko ?
Le Conseil constitutionnel a rejeté pour irrecevabilité les recours tendant à invalider pour inéligibilité les candidatures de Ousmane Sonko, tête de liste de PASTEF et de Barthélémy Dias, tête de liste de la coalition Sàmm Sa Kaddu, respectivement par les décisions E-12- 0001 et E-17-0001 du 10 octobre 2024. En effet, le Conseil a considéré que les requérants ne pouvaient pas se fonder à bon droit sur les dispositions de l’article LO. 184 du code électoral, aux termes desquelles : « En cas de contestation d’un acte du Ministre chargé des élections pris en application des articles L. 179, L. 180 et LO. 183, les mandataires des listes de candidats peuvent, dans les vingt-quatre (24) heures suivant la notification de la décision ou sa publication, se pourvoir devant le Conseil constitutionnel qui statue dans les (03) trois jours qui suivent celui de l’enregistrement de la requête. » Le Conseil a estimé que la question de l’inéligibilité d’un candidat ne fait pas partie des cas limitativement énumérés par l’article LO. 184 qui vise d’abord les actes de l’administration résultant de l’analyse de la recevabilité juridique des listes et des candidatures sur la base de l’article L. 179 ; ensuite les actes pris sur la base de l’article L. 180 sur l’utilisation des couleurs, sigles ou symboles, qui sont attribués en cas de contestation par ordre d’ancienneté ; et enfin l’arrêté de publication des listes de candidats retenues, qui renvoie à l’article L0 183. Donc, sur tous les actes administratifs en relation avec les cas sus indiqués, les mandataires peuvent saisir le Conseil constitutionnel. Mais il en est autrement pour le contentieux de l’inéligibilité prévu par l’article LO. 182 qui dispose : « Après le délai de cinq (05) jours prévus à l’alinéa premier de l’article L. 179 et ce, jusqu’à la date de prise de l’arrêté publiant les déclarations reçues, s’il apparaît qu’une déclaration de candidature a été déposée en faveur d’une personne inéligible, le Ministre chargé des élections doit saisir le Conseil constitutionnel qui statue dans les trois (03) jours de la saisine sur la recevabilité de ladite candidature. Si les délais mentionnés à l’alinéa premier ne sont pas respectés, la candidature doit être reçue. » Or, des recours pour inéligibilité concernant Ousmane Sonko et Barthélémy Dias n’ont pas été déférés à l’attention du Conseil par l’administration et dans les délais requis. Dès lors, le juge constitutionnel a rejeté purement et simplement comme irrecevables les prétentions des requérants. Il faut encore préciser que les dispositions de l’article LO 182 sont spécifiques aux élections législatives. Car, en ce qui concerne l’élection présidentielle, l’article L. 127 du Code électoral prévoit pour tout candidat le droit de réclamation contre la liste des candidats devant le Conseil constitutionnel, dans les 48 heures qui suivent le jour de l’affichage de la liste. En tout état de cause, au-delà des considérations d’ordre juridique, il est salutaire dans une démocratie que toutes les forces politiques notamment les plus représentatives, participent aux élections ; il y va de la crédibilité du jeu, mieux encore de la légitimité et de la stabilité des institutions, donc finalement, de la paix sociale
par Ibrahima Élimane Kane
DRAGUER LE FLEUVE
L’OMVS perd l’équilibre écologique. Diama et Manantali ne font pas barrage, désarmés, inondent la tine du général. L’omerta est d’Or. L’alerte jaune est frappée Sec. Une calamité prévue confond le duo
insuffle une saine synergie. Une salvatrice riposte s’organise.
qui optimise l’Anacim,
prévient les dégâts structurels ,
résoud les difficultés conjoncturelles.
La mode emporte le succès.
En l’honneur du Japon,
le Petit Prince brûle de l’encens ,
suscite un engouement passager.
En matière de gestion des catastrophes,
l’expérience nippone inspire.
Il est temps d’agir.
par kRISTIAN LAUBJERG
LE MYTHE DE LA DÉCOLONISATION
Il vaut la peine de spéculer sur la façon dont le développement aurait pu progresser et apporter du bien-être aux populations d'Afrique de l'Ouest si la France n'avait pas interféré avec les véritables intérêts nationaux de ces anciennes colonies
Comment la France maintient ses anciennes colonies africaines piégées dans une servitude éternelle
« La France sans l'Afrique, c'est comme un véhicule sans carburant. »[1]
L'histoire prédominante de la France concernant l'Afrique s'affiche dans ses efforts inlassables pour défendre les intérêts de l'Afrique au Conseil de sécurité de l'ONU ; il s'agit de la France qui promeut la civilisation parmi les tribus primitives d'Afrique dans le contexte d'une culture européenne supérieure, promouvant la démocratie et les droits de l'homme. Le discours de Nicolas Sarkozy devant des étudiants sénégalais en 2007 suggère que cette perception est encore forte. Il a conclu ses déclarations à la génération des futurs dirigeants du Sénégal en déclarant que l'Afrique ne s'est pas encore développée ni entrée dans l'histoire, montrant ainsi son ignorance du patrimoine culturel de l'Afrique.
Nous entendons rarement les nombreux récits de dirigeants assassinés qui ont donné la priorité au bien-être et au développement de leur peuple et de leur nation plutôt qu'à la France. Jamais on n'entend parler de la manipulation des campagnes électorales en faveur des candidats pro-français, et rarement on entend parler du carcan du système monétaire mis en place par la France pour maintenir ses anciennes colonies dans une servitude éternelle. Le colonialisme a surtout été présenté comme un acte humanitaire commis par des Européens civilisés et cultivés, alors que le fait est que des nations entières ont été déchirées par le colonialisme, poursuivant ainsi la destruction de l'Afrique qui a commencé avec l'asservissement des Africains des siècles plus tôt. Ce que l'esclavage et le colonialisme n'ont pas détruit est aujourd'hui la cible de l'impact économique puissant des économies occidentales promues au nom d'une idéologie néolibérale par les institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, et les agences d'aide bilatérale.
En dehors de l'Afrique, la France a l'image d'une nation qui défend le meilleur de la civilisation humaine, en particulier dans les arts, y compris la littérature, la cuisine, la mode, le vin et la philosophie. La France est également fortement associée à l'élaboration de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle se vante d'être le berceau de la démocratie et expose les valeurs fondamentales de la démocratie dans sa devise nationale : liberté, égalité et fraternité. C'est l'une des destinations touristiques les plus populaires au monde. Mais rares sont les visiteurs de ce pays attrayant qui connaissent l'oppression et l'exploitation continues de ses anciennes colonies africaines par la France et, dans de nombreux cas, sa neutralisation d'individus perçus comme une menace pour les intérêts français.
Contexte
L'exploitation européenne de l'Afrique a commencé dès le XVIe siècle, lorsque les Africains réduits en esclavage ont commencé à arriver dans les Amériques. Depuis lors, il y a eu de nombreux récits de rébellion contre les commerçants et les propriétaires de plantations européens. Ces rébellions, qui témoignent de la résilience et de la volonté des Africains à déterminer leur destin, se sont souvent poursuivies sur le sol africain lorsque les dirigeants locaux se sont sentis menacés par les envahisseurs européens. L'assujettissement de l'Afrique par l'Europe ne s'est pas arrêté à l'asservissement de son peuple. Il s'est étendu à l'extraction des ressources naturelles telles que le sucre, le café, l'huile de coton, le pétrole, le cuivre, le chrome, le platine, le tabac, l'or et l'uranium. L'industrialisation des pays européens dépendait en grande partie du raffinage des matières premières importées d'Afrique.
Jusqu'à la fin du 19ème siècle, l'Afrique était à la portée de tout le monde sur le principe du premier arrivé, premier servi. Les puissances européennes ont convenu que diviser l'Afrique entre elles serait une meilleure solution. La conférence de Berlin en 1884, un événement charnière qui a eu un impact significatif sur l'Afrique, a facilité la colonisation de l'Afrique et a ouvert la voie à l'exploitation extensive de ses vastes ressources. Quatorze pays ont participé à la conférence. Les grands « gagnants » ont été la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Portugal. Les États-Unis y ont participé, ainsi que plusieurs petits pays européens, comme le Danemark et les Pays-Bas. Les frontières ont été définies sans tenir compte des caractéristiques nationales et ethniques, provoquant ainsi des frictions et des guerres qui se poursuivent jusqu'à ce jour.
La France prend possession de la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale. Dans le même temps, l'Angleterre a colonisé les pays d'Afrique de l'Est et australe, le Nigeria et le Ghana en Afrique de l'Ouest. L'Allemagne prend le contrôle de la Tanzanie, du Togo, du Cameroun et de la Namibie, tandis que le Portugal prend le contrôle du Mozambique, de l'Angola, de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert.
Après la création des Nations Unies à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les mouvements d'indépendance ont balayé l'Afrique. Les élites africaines éduquées ont facilité la diffusion d'idées sur le droit à l'indépendance nationale, libre de l'exploitation et du contrôle des puissances coloniales européennes. Ainsi, dans les années 1960, la plupart des colonies africaines sont devenues nominalement indépendantes, à l'exception de celles gouvernées par le Portugal, qui a obtenu son indépendance au milieu des années 1970 lorsque la dictature de Salazar au Portugal a pris fin en 1974. Avec sa défaite dans deux guerres mondiales, l'Allemagne a perdu ses colonies à la fin de la Première Guerre mondiale. La Société des Nations a transféré la responsabilité de ces anciennes colonies allemandes à d'autres puissances européennes, à l'exception du Sud-Ouest africain (Namibie), qui a été remis au pouvoir par la population de la minorité blanche de l'Union d'Afrique du Sud.
Dans de nombreux cas, en particulier dans les territoires sous domination française, la décolonisation a évolué vers un état permanent de néocolonialisme. Depuis 2021, cela s'est traduit par des coups d'État militaires dans les trois pays d'Afrique de l'Ouest que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, où les nouveaux dirigeants, avec un soutien important des populations, ont exigé une rupture totale de l'influence néocoloniale de la France, qui ont formé depuis septembre 2023 une Alliance des États du Sahel (ASS). L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki qualifie les putschistes de patriotes africains luttant contre le néocolonialisme français. Les trois pays rebelles à l'ingérence française dans les affaires des pays souverains ont été rejoints par le Sénégal en mars 2024, lorsque le Parti Pastef.[2], qui s'était jusque-là opposé au président soutenu par la France, a accédé à la présidence. Pastef a mené la campagne électorale en exigeant la renégociation de tous les contrats conclus avec la France et ses entreprises transnationales et la mise en place d'un système monétaire national, rompant ainsi avec celui mis en place par la France, lorsque les territoires étaient encore des dépendances de la France.
Notre argument
Dans cet essai, c'est un point significatif de notre argumentation que la France n'a jamais accordé d'indépendance réelle à ses anciens territoires africains. Les observations sur les efforts de la France pour décoloniser les territoires africains au cours des 60 dernières années suggèrent que Paris, avec le soutien de ses alliés occidentaux et agissant souvent comme un instrument pour les intérêts occidentaux, continuera son opposition à tout gouvernement africain qui accorde plus d'attention au bien-être de son peuple et aux intérêts nationaux qu'à la coopération avec la France telle que définie par les accords de coopération signés au moment de l'octroi du statut d'indépendance. Le statut international de la France et les gains financiers de ses entreprises transnationales dépendent du maintien du contrôle de ses anciens territoires africains. La France s'appuie également sur ses anciens territoires pour justifier son adhésion permanente au Conseil de sécurité, où l'Occident considère la France comme l'ambassadrice de l'Afrique.
Fini le temps où la France, impunément, assassinait impunément des dirigeants nationalistes et entreprenait des interventions militaires pour assurer son autorité. Aujourd'hui, nous remarquons une tendance croissante de la France à changer sa stratégie de contrôle, passant d'une ingérence ouverte dans les élections, de l'élimination des dirigeants nationalistes et des interventions militaires à une exploitation plus subtile de ces pays par son contrôle du système monétaire. Par le biais d'accords avec l'ensemble des pays du CFA, la France contrôle l'ensemble des liens financiers entre les pays du CFA et l'extérieur.
Au cours des soixante dernières années, depuis que l'indépendance a été accordée aux colonies africaines, nous avons remarqué peu d'amélioration dans leur développement. La principale différence est que pendant la domination coloniale, ces pays étaient dirigés par des représentants du gouvernement français, mais aujourd'hui, les élites nationales ont pris le relais en tant qu'agents de la domination et de l'exploitation étrangères.
Des rêves de coopération panafricaine à la dépendance néocoloniale
L'indépendance des colonies africaines est rarement venue de soi. La résistance armée, en particulier en Afrique occidentale française, a souvent précédé l'octroi de la souveraineté nationale. L'indépendance comportait l'attente et la promesse de l'autonomie politique et économique, de l'autosuffisance et de l'africanisation des affaires, du panafricanisme et du non-alignement. Malgré cela, la France a souvent réussi à faire gouverner ces nouvelles nations par ses candidats malgré une résistance intense et généralisée organisée par des groupes d'opposition. Le Cameroun illustre bien la difficulté de la transition vers l'indépendance nationale. Ruben Um Nyobé a été tué dans la brousse par l'armée française en 1958. La lutte pour une véritable autonomie s'est poursuivie au Cameroun tout au long des années 1960 contre un gouvernement considéré comme une marionnette de la France. Le dernier chef de l'opposition a été condamné et exécuté en 1971.
Les puissances coloniales des pays d'Europe occidentale ont justifié leur conquête et leur domination des pays africains par leur impact « civilisateur » sur les sociétés africaines primitives. L'impact civilisateur était destiné à justifier leur massacre et leur assujettissement pour les rendre conformes aux valeurs occidentales, prétendant soutenir le bon ordre, la liberté, l'égalité et la justice. Les avantages pour l'Europe de l'exploitation des ressources naturelles de l'Afrique ont été rarement mentionnés, bien qu'ils aient joué un rôle très important dans le contrôle continu de la France sur les anciennes colonies. Les atrocités commises sous l'égide de la culture et de la civilisation européennes ont été soigneusement documentées au cours des nombreux siècles où l'Europe a gouverné le monde, imposant son ordre de patriarcat misogyne, d'esclavage et de racisme, de colonialisme, d'intolérance religieuse, de répression de la pensée et de destruction de l'environnement au service de l'exploitation économique.[3].
Mise en œuvre des politiques de décolonisation de la France
Dès le début de la présidence du général Charles de Gaulle en 1958, il est devenu évident qu'il pensait que la France n'avait rien à gagner à accorder l'indépendance à ses colonies en Afrique et ailleurs. Le continent africain constitue un fournisseur indispensable de ressources naturelles pour les industries manufacturières en France. Au début des années 1980, les importations de minéraux critiques d'Afrique vers la France se répartissaient comme suit : Uranium 100 % (Gabon et Niger), 90 % de bauxite (Guinée), 76 % de manganèse (Gabon et Afrique du Sud), 59 % de cobalt (Zaïre, Zambie), 57 % de cuivre (Zaïre et Zambie), Phosphate 56 % (Maroc et Togo). Par ailleurs, 70 % de l'essence est extraite dans le monde par Total en Angola, au Cameroun, au Congo et au Gabon. Il n'est donc pas étonnant que le président de Gaulle ait choisi comme principal conseiller pour les affaires africaines une personne qui ne s'est pas abstenue de commettre des assassinats pour promouvoir les intérêts économiques et politiques de la France. L'homme chargé d'assurer la domination continue de la France sur l'avenir de ses anciennes colonies était Jacques Foccart. Sous sa supervision directe, on estime que la France, de la manière la plus brutale et la plus inhumaine, a été directement responsable de l'assassinat de sept dirigeants sur un total de seize. La principale préoccupation de Foccart était d'assurer des ressources pour les sociétés transnationales françaises. Il a développé des contacts personnels avec tous les présidents africains des anciennes colonies françaises. Il a su manipuler quelques-uns d'entre eux – comme les présidents du Gabon et de la Côte d'Ivoire – pour servir d'intermédiaires avec leurs collègues présidentiels dans l'intérêt de la France. Celle-ci est devenue connue sous le nom de Françafrique, qui est définie comme la sphère d'influence de la France sur ses anciennes colonies d'Afrique subsaharienne. De cette manière, la Françafrique est devenue un instrument dans la mafia des affaires française et son exploitation des ressources naturelles de l'Afrique. Pendant près de 40 ans, jusqu'à sa mort en 1997, Jacques Foccart a eu une influence directe sur la politique de la France dans ses territoires africains. Son impact se fait encore sentir aujourd'hui.
En examinant l'approche de la France pour rester au pouvoir, nous pouvons détecter plusieurs procédures qui se chevauchent parmi les mesures privilégiées par Foccart pour assurer son leadership. La première serait d'influencer le choix du chef de l'État et des individus aux postes clés du gouvernement.[4]. Si la France ne parvenait pas à obtenir le soutien populaire pour son choix de leadership, elle avait recours à un contre-plan, consistant souvent en un complot visant à éliminer le dirigeant national concerné. Un tel complot était exécuté dans le plus grand secret et de préférence présenté comme résultat de conflits locaux, comme ce fut le cas lorsque Thomas Sankara du Burkina Faso a été tué par son « ami » et compagnon d'armes, Blaise Campaoré, en 1987. Dans quelques cas, Focccart n'a pas réussi à obtenir l'approbation présidentielle pour ses plans visant à éliminer un président déloyal. C'est ce qui s'est passé avec le président Touré en Guinée après qu'il ait demandé à la population guinéenne si elle souhaitait conclure un accord de coopération avec la France. Le résultat du référendum a été un rejet clair de la proposition. Touré développa alors un système monétaire national. Foccart a d'abord conseillé au président de Gaulle de le tuer, mais de Gaulle a eu une autre idée, ce fût de mettre le pays à genoux. La France a imprimé des millions de faux billets du jour au lendemain et en a inondé la Guinée.
L'impact a été catastrophique et se fait encore sentir aujourd'hui en Guinée. La réaction de la France a servi d'avertissement aux autres pays en quête de souveraineté nationale. Sékou Touré jouissait d'une reconnaissance positive parmi les dirigeants africains. Le président du Togo, Sylvanus Olympio, l'a désigné comme l'un de ses principaux conseillers. Olympio n'a pas vécu assez longtemps pour le regretter. Il a été tué et éliminé devant l'ambassade des États-Unis à Lomé.
Accords de coopération et de défense avec les anciennes colonies africaines
Avant d'obtenir l'indépendance, Foccart exigeait que tous les pays signent un accord de coopération couvrant les questions culturelles, économiques et de défense. Au début de 1957, la France conçoit la création d'une organisation qui assurerait la gouvernance française des régions africaines. Le rêve d'établir un Sahara français a subi un coup final avec l'issue de la guerre d'Algérie en 1962, qui a conduit à l'indépendance de l'Algérie.
Sur la base des expériences de l'Algérie et de la Guinée, la France n'accorderait son indépendance qu'après avoir signé des accords de coopération et de défense garantissant un accès continu aux ressources naturelles essentielles. Lors de l'indépendance dans les années 1960, la France a conclu des accords de défense et de coopération avec 23 anciennes colonies. La formation des armées nationales a permis à la France de réduire sa présence militaire de 30 000 soldats dans les années 1960 à 15 000 dans les années 1980. De 1945 à 2005, la France a mené plus de 130 interventions militaires en Afrique, la plupart dans ses anciennes colonies. Depuis l'indépendance de ses colonies dans les années 1960, la France est intervenue militairement plus de 50 fois sur le continent.
La puissance terrorisatrice de la France
Tout dirigeant africain qui s'est montré plus intéressé par le développement de son pays plutôt que par le soutien aux politiques néocoloniales de la France a commis une grave erreur et s'est placé dans la ligne de mire des programmes d'élimination de Foccart. Il ne fait guère de doute que le succès de la stratégie Foccart repose sur la peur et la terreur. Foccart avait un pouvoir énorme et exécutait parfois des décisions sans demander l'approbation présidentielle préalable, comme dans le cas de Mamadou Dia, le chef du premier gouvernement indépendant au Sénégal. La France pensait qu'il était plus intéressé par le développement des zones rurales et le renforcement de la coopération du Sénégal avec d'autres pays africains. Le président français de la Chambre de commerce de Dakar a conseillé à Mamadou Dia de limiter tous ses discours sur le socialisme africain aux masses rurales appauvries et de céder les zones les plus rentables au secteur privé géré par les entreprises françaises. D'accord avec le président Senghor, Mamadou Dia a été accusé d'un coup d'État. Pour contrer toute résistance de Mamadou Dia, Foccart alerte les parachutistes français sur les bases sénégalaises. Des mesures similaires ont été prises au Gabon lorsque l'armée a tenté de renverser le président Mba.
Foccart a fait intervenir l'armée française parce que le président Mba était loyal aux intérêts de la France. En 1963, il fait tuer le président togolais Sylvanus Olympio. Tout en plaidant pour des liens plus forts avec le monde anglophone, en particulier avec le Royaume-Uni, les États-Unis et le Nigeria, Olympio a fait plusieurs efforts pour renforcer les forces anticoloniales entre les pays africains. En tant que Premier ministre du Togo, il a été une épine dans le pied des Français lorsqu'il a nommé Sékou Touré, de Guinée, conseiller spécial de son gouvernement. Foccart a bloqué la grâce du président Pompidou à l'égard du chef de l'opposition camerounaise Ernest Ouandié, condamné à mort et exécuté en 1971. En 1987, Foccart a orchestré l'assassinat de Thomas Sankara, le président populaire du Burkina Faso. La décision de le faire tuer aurait été prise lors de la visite du président Mitterrand en 1986. Lors d'un dîner officiel, Sankara a critiqué la France pour sa collaboration avec l'Afrique du Sud de l'apartheid. Son discours est devenu le dernier clou dans son cercueil lorsque les services de renseignement français, en collaboration avec la CIA, ont décidé de se débarrasser de Sankara. En 1994, Foccart organise la réhabilitation de Mobutu, qui, depuis l'assassinat de Patrice Lumumba, avait maintenu le Congo dans une pauvreté abjecte alors que sa richesse personnelle équivalait à plusieurs décennies d'aide financière à son pays.
On espérait que la néo-colonisation de ses anciens territoires africains aurait pris fin à la mort de Foccart en 1997. Mais cela n'a pas été le cas. La France a continué ses crimes contre les intérêts et le bien-être de populations entières de ses anciennes colonies. Sa dernière intervention militaire a eu lieu en Côte d'Ivoire en 2011, lorsque l'armée a ouvert la voie au candidat à la présidence française.
CFA : L'arme invisible
L'héritage du général de Gaulle pèse lourdement sur les efforts de la France pour adapter ses procédures de décolonisation aux évolutions de l'environnement politique. Heureusement pour la France, elle dispose encore d'un atout puissant, à savoir celui du CFA - Communauté Financière Africaine. De plus, cette carte est pratiquement impossible à tracer pour ses utilisateurs et ne laisse aucun lien entre ses victimes et la cause de leur misère. Le CFA s'est avéré être une arme aussi efficace que toutes les tentatives précédentes de contrôle des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale. Par conséquent, la monnaie CFA a été ciblée par les dirigeants nationaux et les économistes panafricains. La question de la monnaie nationale a également fait son entrée dans la récente campagne présidentielle d'Ousmane Sonko du parti Pastef. Initialement, le CFA a été promu sous le slogan de promouvoir la stabilité économique et sociale dans les anciennes colonies, alors que la réalité est que le CFA continue de maintenir ces pays dans une pauvreté servile et sans aucun moyen disponible pour le développement des industries locales, laissant tous les bénéfices à l'État français et à ses entreprises privées, telles que Bolloré, Total, Areva, Bouygues, Auchan et bien d'autres. Un examen mondial des économies suggère que pratiquement aucun pays n'a progressé économiquement avec son système monétaire contrôlé par une puissance étrangère. C'est le cas du CFA mis en place par le ministre français des Finances en décembre 1945 pour renforcer la faiblesse du franc d'après-guerre. Contrairement à la réalité, la France a introduit le CFA avec la raison de sa garantie en l'arrimant au franc français. Même les experts tiennent pour acquis l'idée que les deux banques centrales CFA de Dakar et de Yaonde émettent le franc CFA et bénéficient d'une « garantie illimitée » du Trésor français. Dans une publication récente, un économiste sénégalais bien connu affirme que cette « soi-disant « garantie » est un mythe commode qui légitime l'ingérence continue du gouvernement français dans les affaires économiques et monétaires des pays africains dans l'ère postindépendance[5] ».
L'accord monétaire avec ses anciens territoires africains permet à la France de contrôler toutes les importations et exportations. Cet accord donne à la France le contrôle total des économies de ses anciennes colonies. Les bénéficiaires de ce système sont, en premier lieu, les entreprises françaises. Les réserves de devises étrangères appartenant aux pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre sont détenues à la Banque de France. La quantité de principe détenue par ces pays était estimée à 36,5 tonnes en 2017[6]. Les prêts obtenus en CFA pour financer des projets, comme le développement d'infrastructures, favorisent les multinationales françaises opérant sur le continent au détriment du développement des entreprises locales.
Le gouvernement français est représenté dans les conseils d'administration des deux banques centrales CFA pour l'Afrique de l'Ouest et centrale avec un droit de veto, ce qui permet à la France d'utiliser la monnaie CFA comme une arme. Cela se fait en instaurant un embargo financier : restreindre l'accès du gouvernement dissident à ses comptes bancaires à la banque centrale ou arrêter le refinancement du système bancaire national et des opérations financières avec le monde extérieur. La France a utilisé ce pouvoir efficacement pendant la guerre civile en Côte d'Ivoire, lorsque le président Gbagbo a été chassé du pouvoir. Le Trésor français a empêché la Côte d'Ivoire d'utiliser le compte d'opérations.
Lorsque cela n'a pas suffi à empêcher le président Gbagbo de faire avancer les plans de développement d'une monnaie nationale, la France est intervenue militairement pour placer le candidat préféré de la France à la tête du pouvoir. L'armée française a fait arrêter le président Laurent Gbagbo en avril 2011, puis l'a traduit devant la Cour pénale internationale de La Haye en 2011. Gbagbo était devenu trop proche du colonel Kadhafi de Libye, notamment avec les projets de développement d'un système monétaire alternatif au CFA. À la demande de la France, les forces de l'OTAN ont fait tuer le président Kadhafi moins de six mois plus tard, en octobre 2011. La France a éliminé deux menaces importantes qui pourraient entraver son utilisation continue de la monnaie CFA, maintenant ainsi la domination néocoloniale des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale. Plus récemment, la France a utilisé le potentiel militaire de la monnaie CFA au début de l'année 2022 avec le gouvernement militaire du Mali.
Le développement humain dans les anciennes colonies françaises
Il faut s'attendre à ce que les accords de coopération avec un pays industriel européen avancé comme la France ait eu une incidence positive substantielle sur tout pays partenaire africain. Plus de 60 ans de tutelle française et de contrôle néocolonial continu auraient dû avoir un impact positif sur les pays partenaires, les faisant arriver à un niveau de développement humain plus élevé que les autres pays africains sans un tel accord.
Cependant, un coup d'œil aux statistiques du rapport sur l'indice de développement humain préparé par les Nations Unies montre que c'est loin d'être le cas. Pendant des années, l'ONU a appliqué une mesure sommaire du développement humain. L'indice de développement humain a été créé pour souligner que les personnes et leurs capacités devraient être le critère ultime d'évaluation du développement d'un pays, et non pas seulement la croissance économique. Le dernier classement publié en 2024 montre que les pays sur lesquels se concentre cet essai se classent parmi les plus pauvres du monde.
Alors que la France occupe la 28e place, le Niger, qui satisfait les besoins de la France en uranium, est classé 189e, à seulement quatre places de la dernière place occupée par la Somalie, qui connaît des années de guerre civile. Le Gabon, qui est à la base des plus grandes entreprises d'exploration pétrolière de France, occupe un nombre modeste, 124, tandis que le Mali et le Burkina Faso se classent respectivement 188e et 185e. Le Sénégal, qui a connu une période de relative stabilité depuis son accession à l'indépendance, n'est classé qu'à la 169e place.
Il est ironique et tragique que la France, qui se vante d'être à l'origine de la revendication d'un monde meilleur et plus égalitaire par ses actes d'activités néocoloniales, ait contribué à la pauvreté généralisée et à l'aggravation des inégalités mondiales.
Que serait l'Afrique aujourd'hui sans la France ?
Il vaut la peine de spéculer sur la façon dont le développement aurait pu progresser et apporter du bien-être aux populations d'Afrique de l'Ouest si la France n'avait pas interféré avec les véritables intérêts nationaux de ces anciennes colonies. Une question similaire pourrait être posée partout où une puissance coloniale a imposé sa volonté. Que serait-il arrivé à la RDC, anciennement le Congo, si Lumumba n'avait pas été tué par les Belges en connivence avec la CIA en 1961, quelques mois seulement après l'indépendance ? Quel cours l'histoire aurait-elle pu prendre si Mamadou Dia, au Sénégal, avait pu poursuivre son œuvre, et comment le Burkina Faso aurait-il pu se développer si Thomas Sankara n'avait pas été éliminé en 1987 ? Bien que la France se soit immiscée dans les intérêts nationaux de ces chefs d'État et les aspirations de leurs populations respectives, leur pensée et leurs actions ont effectivement influencé les générations futures de dirigeants.
Soixante ans se sont écoulés depuis que les idées politiques du premier Premier ministre du Sénégal, Mamadou Dia, l'ont amené sur une trajectoire de collision avec son président, Senghor, et la France. Sous l'influence de la pensée politique de Mamadou Dia, le capitaine Thomas Sankara devient président du Burkina Faso en 1983. Dia et Sankara ont grandement influencé les dirigeants actuels des quatre pays que sont le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal. Ces dirigeants expriment des relations plus étroites avec les cultures africaines qu'avec celle de la France gréco-romaine de Senghor. En tant que tels, ce sont des militants anticolonialistes. Tout comme Dia et Sankara ont recherché l'amitié et l'alliance avec le bloc soviétique et la Chine, les quatre pays cherchent à développer de nouveaux partenariats avec les gouvernements pour les aider à se libérer du piège de la France.
Compte tenu de ce contexte, il semble raisonnable de conclure que le développement souverain en Afrique de l'Ouest et du Centre a été stoppé pendant au moins un demi-siècle. Supposons que les pensées politiques de Mamadou Dia et de Sankara aient eu la chance de se développer et d'être mises en œuvre. Dans ce cas, on peut conclure sans risque de se tromper que bien des tragédies, comme en témoignent les taux élevés de mortalité infantile et maternelle ainsi que le pourcentage élevé de jeunes fuyant vers l'Europe, auraient été évitées. Les pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre auraient pu jouir d'un état de bien-être semblable à celui connu dans les pays européens.
Il est donc grand temps que les trois pays de l'ASS et le Sénégal, avec d'autres pays africains, redéfinissent leurs relations avec la France.
France - Dégagez !
Un mouvement populaire fondé par Guy Marius Sagna a contribué à sensibiliser le peuple sénégalais aux problèmes liés à sa dépendance continue vis-à-vis de la France. Sagna a fondé en 2017 un mouvement populaire nommé FRAPP.[7] Ce mouvement s'est rapidement étendu à l'ensemble du pays. Guy Marius Sagna a su mobiliser des centaines de milliers de sympathisants, en particulier des jeunes, sous le slogan « France, dégage ». Il ne fait guère de doute qu'il a contribué à fertiliser le terrain pour la victoire du Pastef d'Ousmane Sonko. Son mouvement a alimenté les promesses de campagne de Sonko d'une monnaie nationale et a probablement également contribué à renforcer le soutien aux changements de régime dans les trois pays de l'ASS. FRAPP a exigé la révision des codes miniers et des contrats avec les entreprises transnationales étrangères. Depuis la création de FRAPP, son fondateur, Guy Marius Sagna, a passé un temps disproportionné en prison sur ordre de l'ancien président Macky Sall. Aujourd'hui, il est membre de l'Assemblée nationale du Sénégal, représentant Pastef, le parti au pouvoir. Comme le nom du mouvement populaire de Sagna le suggère, la France n'est pas la seule à être visée. Il se concentre sur l'autonomie politique et le développement économique de l'Afrique et, en tant que tel, son mouvement est un véritable mouvement panafricain qui va au-delà du pays d'origine. Les slogans de FRAPP ont également résonné parmi les jeunes des trois pays de l'ASS. Par conséquent, les gouvernements militaires bénéficient d'un soutien populaire pour leurs programmes d'autonomie et de souveraineté.
La blessure de la décolonisation
Cet essai montre que le développement n'est pas encore arrivé dans les anciennes colonies françaises d'Afrique. Nous avons documenté une ligne directe entre le président guinéen Sékou Touré et le chef du premier gouvernement indépendant du Sénégal, Mamadou Dia, en passant par Thomas Sankara, jusqu'à la politique panafricaine d'Ousmane Sonko en solidarité avec les trois pays ayant formé l'Alliance des États du Sahel. Ce que ces dirigeants et d'autres avaient en commun, c'était leur souhait de promouvoir le bien-être des populations africaines en collaborant avec d'autres pays africains en partenariat avec cette partie de la communauté internationale, qui respecte le droit souverain de l'Afrique au développement national. De tels droits ne peuvent être exercés que lorsque les forces impériales institutionnalisées par les grandes entreprises transnationales et les organisations financières internationales, telles que la Banque mondiale et le FMI, ont été brisées.
En tant que seule ancienne puissance coloniale européenne, la France a d'énormes difficultés à aider ses anciennes colonies à obtenir leur souveraineté. Malgré sa devise nationale « Liberté, égalité, fraternité », les inégalités ont considérablement augmenté dans ses anciennes possessions en Afrique de l'Ouest et centrale, tant en termes de comparaison avec les pays développés qu'à l'intérieur des pays. Le combattant américain contre l'inégalité raciale, Malcolm X, a décrit l'impact de l'esclavage comme une blessure qui ne peut pas être guérie parce que « le couteau est toujours dans notre dos."[8]. La métaphore de l'esclavage de Malcolm X s'applique tout aussi bien aux victimes de la colonisation. Pour réparer le mal causé, le couteau doit être retiré et la plaie doit être cicatrisée. Cela s'est avéré impossible pour la France en raison de son manque de volonté politique et de l'influence des entreprises transnationales. Le système d'asservissement du passé a trouvé de nouvelles formes d'exploitation sous le patronage du capitalisme néolibéral commercialisé auprès des pays « indépendants » comme une démocratie enveloppée dans l'habit des droits de l'homme.
Le système capitaliste reste plus que jamais dépendant de l'exploitation du monde. Supposons que l'Afrique puisse exiger un prix équitable des ressources ; Le système implose. L'inégalité mondiale néocoloniale est une condition préalable au maintien du niveau de vie de l'Occident. Par conséquent, le capitalisme néolibéral n'accordera jamais la liberté aux nations africaines car cela entraînerait une perte de profit. La liberté, l'égalité et la justice fraternelle ne seront jamais données à l'Afrique puisque la richesse et le bien-être de l'Europe et de l'Occident dépendent de l'appauvrissement continu des masses africaines.
La seule solution est donc de faire comme les quatre pays d'Afrique de l'Ouest : exiger que la France se retire et coupe toutes les conditions à Paris, ce qui bloquerait leur développement souverain. Ces quatre pays ne sont pas seulement menacés par le bloc des pays occidentaux, mais aussi par leur jeune électorat. Nous pensons que la période électorale de cinq ans ne suffira pas à remplacer les structures coloniales établies au cours du siècle dernier, y compris plus de 60 ans de gouvernance néocoloniale, renforçant la dépendance vis-à-vis de la France et de l'Occident. Des mesures doivent être prises pour permettre aux pays africains de développer des structures économiques et politiques qui soutiennent des pays et des administrations souverains, mettant ainsi fin aux injustices commises depuis le début de l'esclavage. Le monde ne s'améliorera pas tout seul.
Kristian Laubjerg a passé la majeure partie de sa vie professionnelle dans le domaine du développement, d'abord pour l'Agence danoise de développement, puis pour l'UNICEF. En 2008, il a créé la première association de soins à domicile au Sénégal - Keur Baax -, qui fournit des soins aux personnes en perte d'autonomie. Il a obtenu un doctorat en psychologie sociale à l'Université de Copenhague en collaboration avec les Universités de Glasgow et de Dar es Salaam.
[1] Déclaration attribuée au président gabonais Oumar Bongo Ondimba dans une interview accordée à Antoine Glaser (citée from AfricaFrance, Quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du jeu. Fayard 2014.).
[2] Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité.
[3] Pierre Vespirini : Que faire du passé. Article publié par New Left Review, n° 146 (2024)
[4] Fanny Pigeaud, Ndongo Samba Sylla: De la Démocratie en Françafrique. Une Histoire de l’Impérialisme électoral, La Découverte, 2024,
[5] Enjeux contemporains du commerce africain et du financement du commerce, CIAT Volume 8 • Numéro 1, décembre 2023
6 La « garantie » française de la convertibilité du franc CFA : aspects politiques et économiques d'un mythe, par Ndongo Samba Sylla.
7. Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla : la dernière monnaie coloniale de l'Afrique. L'histoire du franc CFA, 2020
[7] Le front révolutionnaire pour un panafricanisme populaire et anti-impérialiste.
[8] Le couteau est toujours dans notre dos : le lavage des réparations et les limites des campagnes de justice réparatrice par Kehinde Andrews, publié dans Développent and Change, 16 août 2024.
par l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
UN HYMNE POUR UN NOUVEAU TYPE DE CITOYEN SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Il ne suffit pas de montrer du doigt l’élite politique qui n’honorerait pas les règles républicaines. C’est en chacun de nous que le cœur citoyen doit battre sans faiblir
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 17/10/2024
Incarner un nouveau type de Sénégalais, c’est bâtir une attitude comportementale juste qui soit en rupture avec un système obsolète qui ne produit que de l’immobilisme et un enfermement dénué de créativité.
Cette démarche de rupture doit s’accompagner d’une véritable prise de conscience de notre dimension sociale, culturelle et humaine. La civilisation africaine porte des valeurs de justice, de démocratie et d’unité qu’il convient aujourd’hui d’exploiter pour mener le développement continental. Il s’agit de remettre au centre l’ensemble des valeurs que nous portons dans notre patrimoine culturel, social et d’en faire un atout pour la croissance et la renaissance africaine. Ces richesses culturelles doivent nous aider à construire un nouveau type d’individus, des êtres conscients de leur potentiel, des hommes qui ne regardent plus seulement vers le passé, des hommes qui s’emparent de la science et des nouvelles technologies, des hommes qui croient aux valeurs panafricaines sans se replier, des hommes et des femmes responsables de leur destin. Il s’agit de mettre à terre certains comportements misérabilistes qui sont nos propres ennemis et nous empêchent de nous développer. Les Etats africains sont de jeunes États et nous avons beaucoup à construire pour enfin réaliser ce en quoi nous croyons depuis fort longtemps : l’indépendance économique, l’unité politique et culturelle, le développement par l’exploitation de nos richesses naturelles, la valorisation de notre patrimoine historique qui doivent nous servir à l’émergence de la dynamique de la renaissance africaine. Ces exigences doivent être au cœur de nos actions et cela passe aussi par un changement radical du fonctionnement de notre société et des individus qui la constituent.
Les leviers pour conduire la renaissance africaine sont nombreux et il en est un qui est essentiel pour la réussite de cette dynamique. Je veux parler de l’exercice de la citoyenneté qui concerne l’ensemble des citoyens d’une nation, d’une sous-région et au-delà de tout un continent.
Si l’on regarde la définition de la citoyenneté, c’est « la qualité de citoyen » d’un Etat ou d’un ensemble d’États, « qui s’ajoute à celle des citoyens de chaque pays membre ». La citoyenneté se définit aussi par l’appartenance à une communauté politique et par l’allégeance à un État. En 1236, dans la Charte du Mandé, la Charte de Kouroukan Fouga, par exemple, elle est liée à l’idée de respect de la vie humaine, de droit à la vie, de sécurité alimentaire, de paix sociale dans la diversité, les principes d’égalité, de justice cognitive, d’équité, de solidarité et de démocratie, et elle s’inscrit dans l’histoire de la construction de la nation. Dans une démocratie, chaque citoyen est détenteur d’une part de la souveraineté politique ; directement ou par ses représentants, il participe aux choix et aux décisions qui concernent l’intérêt général. Le citoyen est titulaire de droits et d’obligations, qui obéissent au principe d’égalité, indépendamment de ses appartenances particulières ou de ses convictions. Dans chaque État, la loi détermine les conditions qui définissent le statut de citoyen.
Ainsi, c’est bien un ensemble de valeurs qui unit une population, et plus largement ce qui rassemble les peuples au-delà des frontières géographiques. Chaque nation doit s’inspirer de son processus historique pour inscrire ses principes de citoyenneté et bâtir ses propres symboles qui permettent une unité et un comportement commun.
Être un bon citoyen, c’est faire respecter ses droits mais également observer ses devoirs de manière absolue. Autrement dit, c’est adopter une attitude comportementale qui est en adéquation avec les règles républicaines.
Le citoyen a le droit d’exprimer ses idées, de manifester contre une politique mise en œuvre, par exemple, mais il doit également faire preuve de civisme et de loyauté à l’égard de l’appareil public et ce dans les moindres détails de son existence.
Être un bon citoyen, c’est être capable de s’approprier la notion de citoyenneté au sens plein en s’alliant à une volonté politique républicaine et exemplaire.
L’esprit citoyen, c’est le respect de la chose publique, c’est le civisme à l’égard du bien commun, c’est partager l’espace construit d’une nation qui respecte un ensemble de valeurs défendues par tous.
Ainsi, nous sommes tous concernés par l’exercice de la citoyenneté dans chacun des actes de notre vie. Il ne suffit pas de montrer du doigt l’élite politique qui n’honorerait pas les règles républicaines. C’est en chacun de nous que le cœur citoyen doit battre sans faiblir.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit combattre autour de lui, et à l’intérieur de lui-même, la corruption, le népotisme, les attitudes miséreuses qui consistent à ne penser qu’à remplir son assiette personnelle alors que l’enjeu est celui d’un pays tout entier.
Il faut absolument sortir des fonctionnements misérabilistes qui déséquilibrent le développement. Sans la conduite de ces valeurs, le continent tout entier continuera sur le chemin de la famine, sur la terre des guerres et de la destruction.
L’exemple de la citoyenneté républicaine doit d’abord, bien entendu, s’inscrire dans la sphère des dirigeants politiques et économiques, c’est la condition sine qua non d’une nation saine.
Celui qui est en charge des affaires publiques doit aussi avoir à l’esprit qu’il est fondamental d’adopter une conduite irréprochable à l’égard du bien commun, l’espace rassemblé de la nation. Il doit combattre la corruption, le népotisme et garantir les droits et les devoirs de chacun. Celui qui est aux responsabilités et qui s’octroie une fortune considérable pour sa réussite personnelle, et qui s’étale dans un luxe injustement acquis, n’est pas un citoyen.
Celui qui détourne un centime des deniers publics condamne un citoyen à mourir devant l’hôpital. Il condamne un citoyen qui n’ira pas à l’école et qui demeurera analphabète toute sa vie. Celui qui détourne l’argent public condamne tout un peuple à la misère et à la mort.
Ainsi, nous devons combattre toutes les postures criminelles qui n’ont pas la priorité citoyenne dans la conduite politique et économique.
Mais il en va de même pour chaque Sénégalais. Le policier doit exercer son métier sans chercher à arrondir ses fins de mois en taxant injustement le contrevenant, pour encaisser de l’argent qui ne lui revient pas de droit. L’enseignant doit seulement se soucier de la réussite des jeunes qu’il a en charge sans tenter de faire des compromissions qui lui permettraient d’améliorer son train de vie. Le juge ne doit pas accepter des pots de vin pour construire sa villa s’il veut faire respecter la loi et seulement la loi. Le promoteur immobilier doit tenir ses engagements contractuels jusqu’au bout sans calculer comment il pourrait voler le contribuable ou encore alourdir malhonnêtement des charges inventées de toute pièce. L’agent public doit respecter son temps de service et observer le règlement lié à ses fonctions sans chercher, par de multiples combines, à augmenter son salaire illégalement.
Oui, les droits et les devoirs sont l’affaire de tous et sont les mêmes pour chaque citoyen. Il n’y a pas d’exception pour construire une belle nation, une république modèle.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit bien comprendre cela s’il veut que son pays soit un exemple de démocratie citoyenne.
L’apprentissage de la citoyenneté doit être au cœur de l’éducation. Tout comme les sciences, les langues ou l’histoire, la citoyenneté est une discipline à apprendre. L’éducation à la citoyenneté doit s’appuyer sur les programmes d’éducation civique qui doivent s’inscrire tout au long du cursus scolaire. L’appropriation de l’exercice de la citoyenneté pour les jeunes générations passe par une éducation forte et modèle. C’est le rôle des dirigeants politiques en charge de l’éducation nationale, c’est le rôle des recteurs, c’est le rôle des inspecteurs, c’est le rôle des parents et celui des enseignants. Transmettre les bases fondamentales de l’éducation à la citoyenneté, voilà le défi qu’il faut engager. Il s’agit ici de former de véritables citoyens et non pas des consommateurs dans un système défaillant et usurpé.
Ne craignons pas de nous élever dans des comportements qui nous honorent, avec force et courage. Il ne faudrait pas céder à la puissance de l’immédiateté et du plaisir personnel. Car comme dit le proverbe, à vaincre sans honneur, on triomphe sans gloire. Et c’est à nous de repenser notre système de valeurs.
Le nouveau Sénégalais est celui qui croit en lui-même et qui n’a pas besoin d’ourdir pour réussir. Il œuvre de manière collective en exploitant ses compétences et ce pas seulement pour des raisons personnelles et matérielles. Les possibilités aujourd’hui sont nombreuses. Beaucoup de Sénégalais sont honnêtes, compétents mais ils sont rongés par des méthodes corrompues qui ne les protègent pas, qui ne les défendent pas.
Aujourd’hui, tout réside dans le travail, dans la solidarité entre les uns les autres, dans la loyauté, dans la considération des valeurs communes, dans le civisme au quotidien, dans le ménagement à l’égard de l’espace public qui appartient à tous mais qui est construit par chacun d’entre nous.
Il faut en finir avec les démarches égocentriques, illégales et véreuses qui ne mènent qu’au chaos, à la luxure et à l’effondrement des valeurs et de l’éthique.
Le nouveau type de Sénégalais doit assumer son humanité. Il ne doit plus ressentir de complexe d’infériorité, les valeurs qu’il porte sont universelles, celles de construire un monde juste. La science, les éléments positifs de l’humanité, les nouvelles technologies appartiennent au monde, ils sont le résultat des êtres humains rassemblés. Il n’existe pas de frontières pour s’approprier ce qu’il y a de beau, ce qu’il y a d’équitable, ce qu’il y a de moral.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit œuvrer dans l’intérêt de son peuple, dans l’intérêt de la jeunesse et des générations à venir, dans l’intérêt de la nation, dans l’intérêt du schéma collectif et du vivre ensemble sous une bannière unitaire et légitime.
Notre pays est une grande nation qui porte des valeurs de justice, de fraternité et de solidarité, alors soyons fiers de ce que nous sommes et portons ensemble le bel espoir d’une république citoyenne.
Ainsi, on voit bien que l’exercice de la citoyenneté est l’affaire de tous. Elle est un élément fondateur de la construction de la dynamique de la renaissance africaine.
C’est une démarche qui doit s’engager au Sénégal mais aussi un peu partout sur le continent si l’on veut réussir le développement.
La renaissance Africaine qui exige l’exercice d’une citoyenneté intègre et debout, c’est l’assurance de la croissance continentale qui constituera un poids international et permettra un rayonnement africain sur le monde, rassuré par l’équité et la justice défendues par nos peuples.
Amadou Elimane Kane est enseignant et chercheur en sciences cognitives, poète écrivain.
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UNE MAJORITÉ À L'ASSEMBLÉE POUR JUGER LES RESPONSABLES DE L'ANCIEN RÉGIME
Ousmane Sonko s’est adressé aux Sénégalais, leur demandant de donner au pouvoir actuel, la majorité à l’Assemblée nationale. Ce, notamment pour mettre en place la Haute Cour de Justice
A quelques semaines du début de la campagne des législatives, le président du parti Pastef est monté au créneau ce mercredi.
Ousmane Sonko s’est adressé à ses militants et aux Sénégalais, leur demandant de donner au pouvoir actuel, la majorité à l’Assemblée nationale. Ce, notamment pour mettre en place la Haute Cour de Justice afin de Juger des ministres de l’ancien régime ou même l'ex président de la République.
LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 16 OCTOBRE 2024
Au regard des urgences de redressement de la situation économique, le Chef de l’Etat a demandé au Gouvernement, sur la base de l’audit des finances publiques effectué, de poursuivre les efforts d’assainissement du train de vie de l’Etat.
Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a présidé, ce mercredi 16 Octobre 2024, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Président de la République a salué l’éclatant succès de la cérémonie de lancement de la « Vision Sénégal 2050 ». Il a renouvelé ses félicitations au Premier Ministre et à l’ensemble du Gouvernement pour la qualité du travail réalisé entièrement par des structures de l’Etat et des experts nationaux. Dans la même lancée, il a demandé au Premier Ministre de vulgariser le document auprès de toutes les forces vives de la Nation et des populations en vue de l’appropriation collective et de l’implémentation participative rapide du master plan, défini sur dix ans, avec une phase d’amorçage quinquennale à partir de 2025.
Au regard des urgences de redressement de la situation économique, le Chef de l’Etat a demandé au Gouvernement, sur la base de l’audit des finances publiques effectué, de poursuivre les efforts d’assainissement du train de vie de l’Etat ainsi que la consolidation budgétaire engagée afin d’améliorer significativement les marges de manœuvre des pouvoirs publics.
Le Président de la République a souligné l’importance d’un Etat performant dans ses missions, méthodes et modes d’intervention afin de soutenir la montée en puissance des Pôles-territoires identifiés. Ces Pôles doivent s’ériger en véritables bassins de l’industrialisation du Sénégal intégrant des filières stratégiques moteurs de croissance, de développement durable équitable et de création d’emplois. Il a exhorté le Gouvernement à davantage valoriser les filières et secteurs fortement créateurs d’emplois. Dans ce sillage, il a demandé au Gouvernement de proposer une politique nationale de l’emploi conforme aux objectifs de la Vision Sénégal 2050 déclinée et de veiller au suivi permanent des entreprises publiques et privées en difficulté afin de préserver le tissu économique et l’emploi
Dans cette dynamique de changement de paradigme dans la gouvernance publique, le Chef de l’Etat a appelé à une responsabilisation plus soutenue du secteur privé national. Il a souligné l’impératif pour le Gouvernement d’accentuer l’amélioration incitative de l’environnement des affaires notamment en termes d’attractivité et de compétitivité, le renforcement du dialogue Etat-secteur privé, la digitalisation des administrations, la promotion de « champions nationaux » dans tous les secteurs porteurs et dans toutes les filières stratégiques et, bien sûr, la transformation de l’économie informelle, fortement ancrée dans notre société, pour en faire un levier de croissance et de création d’emplois décents.
Le Président de la République a relevé la priorité qu’il accorde à la maitrise du secteur extractif, de l’agriculture et du numérique. Il a appelé à la relance du secteur spécial du tourisme pour lequel notre pays détient des avantages comparatifs notables. Dans cette perspective de promotion d’une économie endogène et ouverte au reste du monde, il a souligné l’importance d’asseoir une politique portuaire et maritime innovante, qui soutient la modernisation et la compétitivité indispensable des ports publics, notamment le Port autonome de Dakar.
Face aux enjeux et défis signalés, le Chef de l’Etat a rappelé au Premier Ministre l’importance primordiale de la finalisation, en relation avec toutes les parties prenantes impliquées, du projet de loi sur la souveraineté économique et de la doctrine de financement de l’économie nationale.
Sur la problématique du financement, il a indiqué au Gouvernement, l’urgence d’une évaluation intégrale des dispositifs publics existants ainsi que la nécessité de promouvoir un cadre national robuste et souverain pour impulser le financement adéquat de l’économie. A ce titre, il a demandé au Premier Ministre de tenir des concertations nationales sur le crédit et le financement de l’économie. Dans la même lancée, il a indiqué au Premier Ministre la nécessité de présenter en Conseil des Ministres, un rapport trimestriel d’évaluation de la déclinaison sectorielle et temporelle de « Sénégal Vision 2050 » sur la période 2025-2029.
Le Président de la République est largement revenu sur l’assistance de l’Etat aux populations sinistrées par les crues des fleuves Sénégal, Gambie et leurs affluents et sur la nécessité d’actualiser les plans de prévention et de résilience contre les risques de catastrophes naturelles. Il a exprimé la compassion de la Nation aux populations sinistrées et demandé au Gouvernement d’intensifier la mise en œuvre du Plan d’urgence de riposte et de secours ainsi que la préservation des cultures, du bétail et des différentes activités économiques des zones touchées.
Au regard des dégâts importants constatés et des risques de récurrence du phénomène lié aux changements climatiques, le Chef de l’Etat a indiqué au Gouvernement la nécessité d’actualiser les dispositifs nationaux de protection civile adaptés. A ce titre, il a relevé l’urgence d’intégrer le principe directeur de la prévention des risques par un suivi systématique de la situation hydrologique nationale en relation étroite avec l’OMVS et l’OMVG. D’où la nécessité de concevoir des plans d’aménagement adaptés des localités établies le long des fleuves et de leurs affluents et de mettre en œuvre des plans de résilience pour endiguer les effets des crues sur les habitations et les activités économiques.
Le Président de la République a informé le Conseil, qu’il se rendra, les 18 et 19 octobre 2024 dans la région de Kédougou, pour notamment visiter les zones sinistrées le long de la Falémé et apporter la solidarité de la Nation aux populations concernées.
Saisissant l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation, le Chef de l’Etat a insisté sur l’impératif d’asseoir notre souveraineté alimentaire à travers l’accélération de la mise en œuvre d’une politique agricole rénovée et ambitieuse. A cet effet, il a indiqué l’urgence de redéfinir les objectifs d’aménagements hydroagricoles, particulièrement au niveau des vallées du fleuve Sénégal et de l’Anambé, pour accroitre de façon significative les surfaces emblavées, de même que les productions rizicoles, avec le développement de la mécanisation et l’accroissement des systèmes de maitrise de l’eau.
Le Président de la République a demandé au Premier Ministre de prendre les mesures urgentes pour réviser, en fonction des nouveaux objectifs d’aménagement et de production fixés, les lettres de mission et les moyens d’intervention de la Société nationale d’Aménagement et d’Exploitation des Terres du Delta du Fleuve Sénégal (SAED) et de la Société de Développement agricole et industrielle (SODAGRI) en particulier. Il a rappelé au Ministre de l’Agriculture, l’urgence de sécuriser les assiettes foncières des Domaines agricoles communautaires et de l’ISRA en vue d’intensifier le rythme de production des semences certifiées en quantité suffisante. Il a demandé au Gouvernement de renforcer la transformation locale de la production agricole nationale tout en soulignant que la filière riz, devra être mieux accompagnée par la baisse des coûts de l’énergie durant la transformation avec le recours notable à l’énergie solaire au niveau des rizeries installées. Il a, en outre, relevé la nécessité de faire la situation et de présenter les perspectives de développement des centres polyvalents de formation en Agriculture.
Le Chef de l’Etat a invité le Gouvernement à renforcer davantage le secteur des pêches, au regard de sa contribution significative à la qualité de l’alimentation des populations. Dans cet élan, il a demandé au Premier Ministre de renforcer les ressources allouées au sous-secteur porteur de l’aquaculture afin de permettre le maillage optimal du territoire national.
Le Président de la République a demandé au Premier Ministre d’engager la réflexion pour la création, à terme, d’un Conseil national de l’Alimentation. Ce cadre stratégique multisectoriel permettra de mieux consolider les politiques, programmes, projets et structures concourant au renforcement des productions nationales céréalières, animales et halieutiques, mais également à la surveillance des approvisionnements, à la sécurité sanitaire des aliments et à la qualité de la consommation nationale.
Le Chef de l’Etat a enfin adressé ses vives félicitations aux « Lions du Sénégal » de football pour leur brillante qualification à la « Coupe d’Afrique des Nations 2025 » prévue au Maroc où il leur souhaite de réaliser de nouveaux exploits.
A l’entame de sa communication, le Premier Ministre a exprimé toute la satisfaction du Gouvernement pour l’accueil très favorable réservé par le peuple sénégalais au nouveau Référentiel des politiques économiques et sociales « Sénégal Vision 2050 ». Il a adressé ses vifs remerciements à Monsieur le Président de la République qui a salué ce travail, fruit d’un long processus inclusif ayant impliqué d’éminents experts sénégalais issus notamment de l’Administration publique, des collectivités territoriales, du secteur privé et de la société civile.
Pour atteindre les objectifs de la vision d’un « Sénégal souverain, juste et prospère », et en premier lieu sa déclinaison en un plan quinquennal 2025-2029, le Premier Ministre a demandé aux Ministres de prendre résolument en charge quatre (04) principaux défis :
l’appropriation du Référentiel au sein des différents départements ministériels;
– la mise en œuvre du plan quinquennal 2025-2029, notamment la déclinaison des objectifs stratégiques en objectifs opérationnels, programmes et projets assortis de plans de performance annuels et d’indicateurs appropriés;
– la gestion, au niveau des départements ministériels, de la transversalité des programmes et projets grâce à la définition d’une cartographie précise des processus types d’une administration publique moderne;
– le renforcement des capacités des ministères en matière de conduite de plans stratégiques.
Abordant le second point de sa communication, le Premier Ministre a rendu compte, à Monsieur le Président de la République, de l’exécution de sa directive relative à l’accompagnement du retour des déplacés de Casamance pour leur réinstallation adéquate.
Ainsi, un Conseil interministériel, tenu le 8 octobre 2024, a abouti à la mise en place d’un «Plan Diomaye pour la Casamance », articulé autour d’un plan d’action détaille, d’un budget total de 54 milliards de fcfa, pour une réinstallation adéquate des déplacés dans leurs localités d’origine respectives et dans des conditions satisfaisantes de vie sociale. Le Premier Ministre a exhorté les Ministres en charge de l’exécution du plan d’action, chacun en ce qui le concerne, de veiller à une planification optimale des tâches, à une coordination étroite des interventions ainsi qu’au respect scrupuleux des engagements souscrits et des délais d’exécution.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES :
* Le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a fait une communication sur la situation des inondations suite au débordement des eaux des fleuves Sénégal et Gambie;
* Le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement a fait une communication sur la situation hebdomadaire de la gestion des inondations;
* Le Ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires a fait le point sur le port de Ndakhonga-Foundiougne et les ports secs;
* Le Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage a fait une communication sur les mises en place et cessions des intrants agricoles 2024, l’état des cultures et le suivi des exportations de produits horticoles.
AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES,
Le Conseil a examiné et adopté :
* Le Projet de décret portant collecte de la rémunération pour copie privée.
Le Ministre de la Formation Professionnelle, Porte-Parole du Gouvernement