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2 avril 2025
Politique
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M23, LES SEIGNEURS DE LA TERREUR
Équipé d'artillerie lourde et de missiles sol-air , le groupe rebelle étend son emprise sur le Nord-Kivu. Derrière cette guerre se cache une bataille pour le contrôle des richesses minières, pendant que les civils fuient par milliers
Une enquête du journal Le Monde met en lumière l'ampleur de la violence qui secoue l'est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis la résurgence du groupe armé M23 en novembre 2021.
Le mouvement, qui avait connu une période d'inactivité de huit ans, a repris les armes avec une puissance de feu renouvelée. L'ONU pointe du doigt le soutien du Rwanda, attesté par la présence de forces rwandaises aux côtés des rebelles et l'utilisation d'équipements coordonnés, notamment de l'artillerie lourde et des missiles sol-air.
Les civils payent le prix fort de cette reprise des hostilités. Le massacre de Kishishe et Bambo en novembre 2022 en témoigne : plus d'une centaine de civils y ont été exécutés arbitrairement. Des survivants, évoqués par Le Monde, rapportant avoir été contraints d'entrer leurs proches dans des fosses communes, dont au moins 14 ont été identifiées par Human Rights Watch.
L'ONG ACLED dresse un bilan accablant : depuis novembre 2021, au moins 3000 civils ont perdu la vie dans des attaques au Nord-Kivu. Un chiffre probablement sous-évalué, de nombreux villages restant inaccessibles aux observateurs.
La réponse des autorités congolaises s'avère tout aussi problématique. L'armée nationale s'est alliée à diverses milices locales, dont certaines sont connues pour leurs exactions. Elle s'est elle-même illustrée dans des actes de violence, comme lors de la répression sanglante d'une manifestation à Goma en août 2023, qui a fait 57 morts.
En toile de fond de ce conflit se dessinent des enjeux économiques majeurs : le Nord-Kivu regorge de minéraux précieux - or, étain et coltan, ce dernier étant essentiel à l'industrie électronique mondiale.
La crise humanitaire s'aggrave : plus d'un million de personnes ont dû fuir leurs foyers, tandis que le M23 resserre son étau autour de Goma, la capitale provinciale. Une situation qui perdure malgré les engagements de paix du président Félix Tshisekedi.
Par El Hadji Momar SAMBE
PASTEF RENIE SON ENGAGEMENT AVEC LES ASSISES NATIONALES ET LE SURSAUT CITOYEN
Le vote actant la dissolution du CESE et du HCCT révèle une contradiction manifeste avec les engagements antérieurs du parti. Cette décision, en rupture avec les conclusions des Assises, interroge sur la vision démocratique du nouveau pouvoir
Dans un papier du 5 novembre 2024, je posais la question de savoir quel serait le prochain reniement du parti Pastef quand il aurait la majorité au Parlement, du fait de son double engagement sur la question des institutions consultatives que sont le Conseil économique, social et environnemental (Cese) et le Haut-conseil des collectivités territoriales (Hcct).
Je disais alors « la question se pose de savoir si le parti Pastef va aller dans le sens de respecter son engagement populiste et satisfaire ses électeurs en dissolvant le Cese et le Hcct, comme il l’a tenté en août 2024, faisant ainsi honte au peuple des Assises et à ses amis du « Sursaut citoyen », Ndoye et Loum ?
Ou alors va-t-il renier son engagement premier pris devant ses électeurs et respecter sa signature apposée sur la Charte des Assises et le Pacte du « Sursaut citoyen » ? Voilà le dilemme auquel est désormais confronté le parti Pastef ? Dans quel sens va-t-il trancher quand il aura la majorité au parlement ?» C’est désormais chose faite, depuis le 14 décembre 2024. Le projet de loi portant dissolution de ces institutions et réforme de la Constitution est passé comme lettre à la poste avec la nouvelle Assemblée nationale où le parti Pastef règne en maître avec 130 députés sur 165.
Ainsi, le parti Pastef a choisi de renier son engagement pris avec les Assises nationales dont les conclusions portaient bien la recommandation d’instituer le Hcct, parallèlement au Cese et au Cnse (Conseil national des Sénégalais de l’extérieur), et la signature de son candidat à la présidentielle de mars 2024, Bassirou Diomaye Faye, du Pacte national de bonne gouvernance démocratique élaboré par le «Sursaut citoyen». Ce pacte s’inspire des conclusions des Assises nationales et de la Cnri (Commission nationale de réforme des institutions) dont le projet de Constitution est clair quant à la nécessité d’insérer ces institutions consultatives dans l’architecture institutionnelle de notre pays. Diomaye et Sonko ont donc choisi de faire honte au peuple des Assises et à leurs amis du « Sursaut citoyen », Mamadou L. Loum, Mamadou Ndoye, etc. Grand bien leur fasse !
Ce choix, outre le fait qu’il traduit un énième reniement de Pastef face à ses engagements, exprime de manière plus explicite l’option de recul démocratique de ce parti par rapport à la démocratie participative à laquelle ses leaders font référence dans leur document appelé « Sénégal 2050 » comme dans la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre, Ousmane Sonko.
En effet, dans ce dernier document, le Premier ministre proclame que «la participation accrue des citoyens dans la gestion publique, par la matérialisation d’une véritable démocratie participative, au niveau central comme au niveau local, renforcera également l’adhésion des citoyens aux institutions de la République » (Dpg, P.96), après avoir annoncé : «… Nous mettrons en place une Haute autorité de la diaspora, un organe consultatif rattaché à la Primature, pour conseiller le gouvernement sur les questions touchant les Sénégalais de l’étranger. Les associations de la diaspora les plus représentatives y seront représentées.» (Dpg, p.92).
Deux observations s’imposent à ce propos.
1-La proclamation du PM quant à l’adhésion de son régime à la démocratie participative est en totale contradiction avec la dissolution du Cese et du Hcct ; institutions que la Cnri avait inscrites dans son projet de Constitution aux articles 138 et 139, en cohérence avec l’esprit bien compris de la démocratie participative. Le prétexte d’économie budgétaire avancé pour justifier cette suppression ne tient pas, au regard du maintien des agences et services, et des fonds spéciaux qualifiés de fonds politiques « haram », qu’on avait promis de supprimer, et du recrutement tous azimuts de chargés de mission à la présidence comme à la Primature. Prétexte d’autant plus fallacieux que les budgets de ces institutions sont maintenus à leur niveau antérieur et même augmentés pour l’Assemblée nationale.
2-L’organe consultatif de la diaspora dont le PM annonce la mise en place, est totalement différent de ce que préconise la Cnri à l’article 140 de son projet de Constitution : « Le Conseil consultatif des Sénégalais de l’extérieur est saisi par le gouvernement ou l’Assemblée nationale sur toutes les lois ou dispositions réglementaires touchant la condition de vie des Sénégalais de l’extérieur. Le Conseil consultatif examine périodiquement la condition des Sénégalais de l’extérieur dans les pays où ils résident, ainsi que l’efficacité des services qui leur sont rendus par les représentations nationales à l’extérieur, leur participation au développement national, de même que les conditions de leur réinsertion à leur retour…»
A la place, le PM et son régime veulent un organe sans la dignité d’organe constitutionnel pouvant être saisi par le président de la République, l’Assemblée nationale, en plus du gouvernement. Cela réduit l’envergure de la vocation de l’organe qui reste un organe administratif. Ce qui risque d’en faire un organe captif tout à la dévotion du PM.
Ce faisant, le parti Pastef tourne ainsi le dos à ce qui fait l’essence même de la démocratie participative : la participation et le contrôle des citoyens dans l’élaboration, l’exécution et le contrôle des politiques publiques les concernant.
C’est ce nouveau paradigme que la Cnri, à la suite des Assises nationales, indiquait dans ses recommandations, estimant que pour un véritable approfondissement de la démocratie, « le citoyen ne doit plus être considéré comme un usager passif du service public ou un simple faire-valoir. Il doit disposer du droit d’initiative en matière législative et référendaire, mais aussi du droit d’initier des pétitions ».
C’est à cette vision de la démocratie que le Rta-S et les véritables forces de Gauche, ainsi que le peuple des Assises, adhèrent et restent attachés. C’est la démocratie du « Péncoo », la démocratie participative qui érige «en principe constitutionnel de la concertation avec les secteurs directement concernés de la Nation pour tout projet d’acte juridique ou de décision portant orientation ou réorientation des options fondamentales des politiques publiques». (Conclusions Cnri, P.27).
Le parti Pastef, malgré tous ses bavardages, proclamations et annonces, ignore de tels principes et n’utilise la concertation que de manière opportuniste, quand cela l’arrange ou malgré lui-même, contraint et forcé par la réalité concrète et/ou sous la poussée des forces sociales d’un secteur donné. Sinon, il n’aurait pas supprimé des institutions comme le Cese et le Hcct où siégeaient des représentants des organisations professionnelles (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, artisans, etc.), de syndicats de travailleurs, du patronat, de foyers coutumiers, religieux, maires, présidents, conseillers territoriaux.
Ces actes excluent des représentants légitimes des forces vives de la Nation de la participation effective, à côté d’institutions exclusivement constituées de politiques, à la construction nationale, depuis l’élaboration, la mise en œuvre et le contrôle des politiques publiques les concernant.
Mais c’est bien connu, du reste, le dialogue et la concertation ne font pas partie de son Adn. Durant les dix ans de son existence, le parti Pastef n’a jamais prôné le dialogue, ni participé à un dialogue appelé par le pouvoir en place autour d’une question d’intérêt national majeur (démocratie, pétrole, santé, éducation, etc.).
Cela ne saurait étonner quiconque comprend bien la nature du populisme qui se nourrit de démagogie et de manipulation pour tromper son monde et l’embarquer dans des projets aussi nébuleux qu’aventureux. Et bien entendu, cela va naturellement avec l’autoritarisme, l’exclusion et l’esprit partisan sectariste en totale cohérence avec toute la politique publiquement assumée du parfait remplacement de tous les directeurs des agences et services, voire des personnels opérationnels, par des militants de Pastef.
La dissolution de la «Coalition Diomaye Président» en était déjà une indication. Pratique politique reposant sur une philosophie manichéiste justifiant les pratiques agressives contre leurs anciens amis de «Taxawu Senegaal» et les opposants de tout acabit (politiques, activistes, chroniqueurs, groupes de presse, hommes d’affaires, etc.).
A quels autres reniements nous rendra le nouveau pouvoir de Pastef ?
JE NE VAIS PAS ME TAIRE ET SUIS PRÊT À RETOURNER EN PRISON
L’ancien ministre, chef de Cabinet de l’ex-président Macky Sall, Moustapha Diakhaté a réaffirmé hier sa détermination à continuer à s’opposer au régime en place
L’opposant Moustapha Diakhaté ne compte pas changer de discours vis-à-vis du régime actuel. Il a averti hier, lors de sa première conférence de presse après sa libération, les tenants du pouvoir qu’il est prêt à retourner en prison. Non sans indiquer qu’aucun citoyen n’a jusqu’ici égalé le Premier ministre Ousmane Sonko en termes de défiance.
L’ancien ministre, chef de Cabinet de l’ancien président Macky Sall a réaffirmé, hier, sa détermination à continuer à s’opposer au régime en place. Libéré la semaine dernière, après avoir purgé sa peine de deux mois de prison ferme pour avoir tenu des propos jugés injurieux à l’endroit d’une catégorie de la population, Moustapha Diakhaté a fait face, hier à Dakar, à la presse, comme il l’avait promis et annoncé vendredi dernier.
Moustapha Diakhaté n’a pas mâché ses mots devant les journalistes. A l’attention des tenants du pouvoir dont il pense qu’ils lui «en veulent à cause de» son discours, Diakhaté leur dit ceci : «(…) qu’ils se préparent parce que je ne vais pas me taire. Je suis prêt à retourner en prison, dès demain, s’il le faut.»
Poursuivant sur la même lancée, il déclare : «Nous sommes en démocratie et personne n’a encore posé les mêmes actes de défiance que Sonko. Personne ne peut me faire taire, et je ne vais pas me taire face aux actes posés par Pastef.»
L’opposant maintient sa déclaration qui lui a valu sa condamnation par le Tribunal. «Pour eux, «alkou» est une insulte, mais en tant que saloum-saloum, je considère que ce mot n’est pas une insulte, et c’est la raison pour laquelle, devant la barre, j’ai encore nié avoir insulté qui que ce soit», défend-il.
Au sujet de son dossier judiciaire, l’ancien responsable de l’Apr annonce la poursuite de son combat. Celui-ci se décline à travers un appel de la décision du premier juge, mais aussi la saisine de juridictions internationales. Toute une démarche dont l’objectif demeure de parvenir à laver son honneur. «Je vais interjeter appel et je ne m’en arrêterai pas là. Je vais saisir la Commission africaine des droits de l’Homme, la Cour de la Cedeao, s’il le faut, mais je vais laver mon honneur parce que je n’ai jamais insulté personne.»
L’ancien président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar (Bby) conteste la procédure qui l’a conduit en prison. Et ce ne sont pas les faits qui lui font défaut pour rembobiner le film de sa rencontre avec le maître des poursuites. «Ils ont aussi dit que j’ai fait cette déclaration via un système informatique. Ce qui est totalement faux parce que j’ai parlé à la télé. Si les chaînes youtube ont repris ces propos, ce n’est pas de ma responsabilité. Je n’ai non plus insulté aucune communauté parce qu’un ensemble d’électeurs de Pastef ne constitue pas une communauté», soutient encore l’homme politique. Non sans déclarer, auparavant, avoir refusé de signer le PV d’enquête à la Division spéciale de la cybercriminalité où, d’après lui, il a évité de tomber dans le «piège» du limier, qui a tenté de l’«avoir» par le «délit d’offense au chef de l’Etat». Puisque ce dernier lui a demandé si le président de la République et le Premier ministre faisaient partie des personnes dont il a fait mention dans sa déclaration.
VERS LA RÉCIPROCITÉ DES VISAS
Le gouvernement s’apprête à revoir les conditions d’octroi des visas aux étrangers souhaitant se rendre sur son territoire, en réponse aux difficultés rencontrées par ses propres citoyens pour obtenir des visas d’entrée, notamment en Europe
Le gouvernement sénégalais s’apprête à revoir les conditions d’octroi des visas aux étrangers souhaitant se rendre sur son territoire, en réponse aux difficultés rencontrées par ses propres citoyens pour obtenir des visas d’entrée, notamment en Europe.
Cette annonce a été faite hier, mardi 28 janvier 2025, par la ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Madame Yassine Fall, à l’issue du « dialogue de partenariat annuel » entre l’État du Sénégal et l’Union européenne, tenu à Dakar.
En réponse à la difficulté des Sénégalais d’accéder à un visa des pays européens et autres, la ministre de l’Intégration Africaine et des Affaires Etrangères, Yassine Fall dit ceci : « Nous allons examiner la réciprocité des visas, car nous estimons que de nombreux défis entravent l’accès des Sénégalais aux visas pour certains pays, en particulier en Europe ». Elle a mis en lumière plusieurs problématiques récurrentes, telles que les coûts souvent élevés des visas, les délais excessifs de traitement des demandes, ainsi que la rétention prolongée des passeports par certaines ambassades étrangères.
La ministre a souligné que l’État sénégalais entend désormais aligner les facilités offertes aux citoyens étrangers sur celles qu’il souhaite voir accordées aux ressortissants sénégalais. «Nous pouvons et devons améliorer l’accès des Sénégalais aux visas d’entrée, non seulement en Europe, mais également dans de nombreux autres pays partenaires », a-t-elle affirmé.
LA CEDEAO ACTE LE DÉPART DE L'AES
Si la rupture est consommée, l'organisation maintient une politique de portes ouvertes, avec des dispositions transitoires. Les dispositifs de libre circulation, les documents d'identité et les accords commerciaux sont maintenus jusqu'à nouvel ordre
(SenePlus) - La Commission de la CEDEAO a officiellement annoncé, dans un communiqué ce 29 janvier 2025, le retrait effectif du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger de l'organisation ouest-africaine. Cette décision historique s'accompagne toutefois de dispositions transitoires visant à préserver les intérêts des populations.
Dans un esprit de solidarité régionale et conformément aux directives de la Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement, l'organisation maintient ses portes ouvertes au dialogue. Des mesures spécifiques ont été édictées pour assurer une transition harmonieuse.
Parmi les dispositions principales, les passeports et cartes d'identité nationaux arborant le logo de la CEDEAO resteront valides jusqu'à nouvel ordre pour les citoyens des trois pays concernés. Les échanges commerciaux se poursuivront selon le Schéma de libéralisation des échanges (SLEC) et la Politique d'investissement de la CEDEAO.
La libre circulation des personnes, le droit de résidence et d'établissement sans visa demeurent garantis pour les ressortissants de ces pays. Par ailleurs, les fonctionnaires originaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger continueront de bénéficier du soutien nécessaire dans l'exercice de leurs missions communautaires.
La Commission précise que ces mesures resteront en vigueur jusqu'à l'adoption des modalités complètes régissant les relations futures avec les trois États. Une structure spéciale a été mise en place pour faciliter les discussions avec chacun des pays concernés durant cette période de transition.
Par Henriette Niang KANDE
DÉSERT D’OPPORTUNITÉS VERSUS MIRAGE DE PROSPÉRITÉ
Les rêves de startup agricoles font face à un écueil : « pas de marge de manœuvre ». L’eldorado promis s’avère être… une récolte de raisins en Espagne... Faute d'imagination, les solutions ressurgissent d'un passé qu'on aurait aimé oublier
C'était une époque pas très lointaine pleine de promesses, des discours et une campagne teintés d'idéaux flamboyants. Ils avaient su capter l'attention de toute une génération. Leur programme ? Simple : des emplois pour les jeunes, une économie indépendante des fluctuations internationales et une autosuffisance alimentaire qui nous ferait oublier l'existence même des importations.
L e tout emballé dans une rhétorique pleine d'élan patriotique et de slogans. Le programme initial, rappelons-le, était ambitieux. Un plan massif d’investissements, le développement de circuits courts, et des incitations à la création d’entreprises locales devaient redonner au pays un lustre économique qu’il n’avait jamais connu. Les jeunes, eux, étaient promis à des emplois dans les technologies, la recherche et l’innovation, ou encore des carrières exaltantes dans l’agriculture « modernisée ». En somme, on leur proposait la Silicon Valley version bio et terroir. C'était leur espoir, le grand souffle de renouveau. En élisant l’équipe de la "Souveraineté et de Rupture" (S&R pour les intimes), le pays semblait avoir trouvé la solution miracle : des emplois dignes et épanouissants pour sa jeunesse, une autosuffisance économique et alimentaire, et un avenir radieux sous un ciel bleu patriotique.
Les promesses étaient un brin trop ambitieux, les rêves de startup agricoles font face à un écueil imprévu : « pas de marge de manœuvre ». Les emplois pour les jeunes se feront finalement, au son du sécateur et du craquement des feuilles sous les pieds et des coups de bistouri dans les structures de santé qataries. Direction les vignobles espagnols, et les projets technologiques ou de médecine du Qatar donc. Nous n’avions jamais imaginé que la "souveraineté économique" consistait à mieux « rentabiliser » les exploitations agricoles espagnoles et combler le déficit de personnels qataris, à coups de maind’œuvre pas chère. En effet, après dix mois plus tard, d’exercice du pouvoir, la réalité s’est imposée avec toute la grâce d’un tracteur déraillant dans un champ de maïs. L’eldorado promis s’avère être… une récolte de raisins et de mandarines, en Espagne ou un travail de forçat « qualifié » au Qatar. L'espoir s'est transformé en une réalité plutôt... terre à terre. Très terre à terre. Terre aride même. Quand l'imagination fait défaut, les solutions viennent souvent d'un passé qu'on aurait aimé oublier. Nos dirigeants, viennent d'appliquer une recette déjà connue : envoyer nos jeunes concitoyens à l'étranger, dans des emplois qui n'ont rien de glorieux, mais qui font illusion sur le papier.
C’est le dernier coup d'éclat en date du ministre Abasse Fall à qui on peut donner le titre de « ministre du Travail et des Perspectives radieuses », qui, revenant du Qatar, brandit un accord comme s'il avait décroché la lune. Son trophée ? Exporter dans ce petit émirat un millier de travailleurs de divers secteurs tels que la technologie, la médecine et la logistique, dont la formation a coûté au Sénégal qui en a grandement besoin.
Dans la foulée, le gouvernement sénégalais a décidé de remettre sur la table un accord de migration circulaire avec l'Espagne. Traduction ? Des bras sénégalais pour aller cueillir fruits et légumes dans les champs espagnols. Oui, vous avez bien lu. La jeunesse, portée aux nues il y a peu, est aujourd'hui invitée à plier bagage et traverser les frontières pour participer aux vendanges et à la cueillette en Espagne. Les emplois promis sont bel et bien là, mais il faudra mettre des bottes, attraper un sécateur, vivre dans des cantonnements, et apprendre à dire "olé, viva Espaňa" sans sourciller
Pendant ce temps, l’opposition politique se frotte les mains. « Voilà où mènent les slogans populistes, à l’exil de notre jeunesse ! », tonnent d’anciens dirigeants gouvernementaux, qui n’avaient eux-mêmes pas mieux proposé quand ils étaient aux affaires. Et maintenant ? À bien y réfléchir, pourquoi la souveraineté à cors et à cris, sur tous les tons, ne nous fait-elle pas réclamer une réciprocité ? Le sens unique doit interroger, d’autant plus que les jeunes du monde entier, ont la mobilité en commun. Pourquoi les Espagnols ne viendraient-ils pas, eux, planter des cacahuètes dans nos campagnes ? À croire que l’équilibre agricole espagnol et le développement du Qatar, reposent sur une subtile stratégie de délocalisation des bras et des cerveaux. Et nos jeunes, le lubrifiant silencieux des rouages de leurs économies respectives.
Au pays pourtant, les terres cultivables s'étendent, désespérément inactives ou louées à des étrangers. Des milliers de kilomètres carrés de potentiel agricole qui attendent une maind'œuvre... qui part ailleurs. Les terres arables locales se couvrent d'herbes folles, d’épineux, repas de roi pour des troupeaux de chèvres, de sachets plastique que le vent accroche aux arbustes, et le pays importe à prix d'or des denrées qu'il aurait pu produire lui-même. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Les exploitants espagnols, eux, se frottent les mains : une jeunesse dynamique, prête à tout pour gagner quelques euros. Pendant ce temps, notre pays regarde ses enfants s’éloigner.
Cherchez l'erreur. Ah, ces pauvres gouvernants, bien plus doués pour planter des promesses électorales et des plants de salade ! Il n'y a pas si longtemps, des rêves nous étaient vendus : des rêves en technicolor : "En deux mois, tout sera réglé ».
À croire qu'il est plus simple de négocier des contrats saisonniers à l'étranger que de construire des infrastructures agricoles chez soi. Après tout, pourquoi ne pas se pencher sérieusement sur une économie locale au lieu de transformer sa jeunesse en travailleurs lowcost pour l'économie hors-frontières ? Une solution pratique : les jeunes travaillent, les statistiques de chômage baissent, et le gouvernement peut se féliciter. Pas mal, non ?
Le plus beau dans cette affaire, c'est le double discours. Officiellement, on nous parle de fierté nationale, de valorisation des talents locaux, de souveraineté alimentaire. Officieusement, on les emballe dans des charters direction l'Espagne avec, peut-être, un petit guide touristique pour se consoler : "L’Espagne et ses merveilles »."Qui croit aux promesses récolte l'exil."
Finalement, cette histoire de jeunesse exportée pourrait être une excellente comédie… si elle n'était pas si tragique. Que faire de cette situation ? Rire pour ne pas pleurer ? Peut-être. Mais il serait temps que nos gouvernants se rendent compte qu'un pays ne se construit pas en exportant ses forces vives. Les champs espagnols ont peutêtre trouvé nos bras, le Qatar nos cerveaux, mais notre pays, lui, risque fort de perdre son âme
Pour arriver au niveau de développement actuel, les Chinois pédalaient en uniforme Mao, une mode sobre qu’on pourrait qualifier d’anti-paillettes. Chez nous, les tenues d’apparat, les carrosses dorés et les privilèges clinquants, liés aux fonctions officielles, sont des arguments motivants pour les jeunes. Rien que ça fait germer l’envie de ne pas rester, mais plutôt de jouer les aventuriers sur des rafiots douteux ou de tester l’endurance dans le désert en mode « esclavage version hardcore ». Mais bon, pourquoi changer ? L’exemple vient d’en haut, et là-haut, on aime bien les paillettes. On garde les vieilles recettes foireuses, convaincus que le frein, ce n’est pas nous. Eh bien si.
Alors, qu'on se le dise : exportateur des travailleurs, c'est peutêtre efficace à court terme, mais ça ne nourrit pas les ambitions nationales. Si nos dirigeants actuels veulent vraiment marquer l'histoire, qu’ils sortent du cycle des idées réchauffées, se dévêtissent de leurs boubous froufroutants, des costumes près-du-corps, des chaussures dont le cuir bêle encore et qu’ils innovent. Sinon, leur place dans les livres d'histoire, risque de se limiter à une simple note de bas de page, juste après la recette du gaspacho espagnol et le majboos, le plat incontournable au Qatar. Ah ! j’oubliais, majboos signifie « être engagé » en arabe. Comme ces milliers de jeunes qui ont littéralement envahis les Bureaux d’Orientation et de Suivi (Baos) et les tribunaux du pays, chacun espérant faire partie du « peuple des élus ». Engagés à quitter ce désert d’opportunités pour aller vivre un mirage de prospérité ailleurs.
PAR Ismaila Madior Fall
L’AES, ENTRE LÉGITIMITÉ DU RETRAIT DE LA CEDEAO, EFFECTIVITÉ ET AVENIR DE L’ORGANISATION SOUS-RÉGIONALE
EXCLUSIF SENEPLUS - La désintégration par dénonciation du traité fondateur de la communauté peut-elle être mise en œuvre sans consultation populaire ni aval parlementaire, mais aussi des autres organes de l’organisation ?
Ce mercredi 29 janvier 2025 marque la date de formalisation du divorce du Mali d’avec la CEDEAO.
Un divorce regrettable
Pourtant, lors des réunions (ministérielles et de chefs d’Etat) de la CEDEAO de l’année 2023 sur les velléités des Etats de l’AES de quitter l’organisation, nous étions convaincus qu’ils n’allaient pas franchir le rubicond de claquer la porte de la maison communautaire et qu’ils allaient revenir sur leur volonté de se délier de l’organisation pour ne pas compromettre les acquis de plusieurs décennies de construction d’un modèle d’intégration, qui bien qu’imparfait, est bien meilleur que beaucoup d’autres expériences du genre sur le continent et dans le monde.
La lettre du président de la Commission (Docteur Omar Alieu Touray) (en date du 13 janvier passé) adressée au ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République du Mali, (Abdoulaye Diop) l’invitant à engager les formalités de séparation à compter du 29 janvier 2025 nous ramène à la dure et douloureuse réalité de l’effectivité du divorce avec plein d’incertitudes qui concernera aussi le Niger et le Burkina Faso.
Réserves sur des divorces engagés par des régimes de transition
Malgré le respect qu’il convient d’accorder à cette séparation qui constitue un risque sur la viabilité de l’organisation et l’avenir de l’intégration en Afrique de l’Ouest et, au-delà, en Afrique, l’on peut s’interroger sur le bien-fondé de la décision de retrait d’une organisation régionale de la part d’Etats dont les autorités sont dépourvues de la légitimité du suffrage universel et n’ont pas pris l’initiative d’une ratification populaire d’un acte de cette envergure de désaffiliation affectant le destin d’une communauté, quoi qu’on en dise, soudée par l’histoire, la géographie, la culture, l’économie et un ambitieux droit qui définit les principes de convergence constitutionnelle régissant le mode de vie politique de cet espace ; une communauté de droit qui récuse et sanctionne audacieusement la prise de pouvoir par des moyens portant atteinte aux bases ontologiques de l’intégration.
La décision unilatérale des juntes militaires de délier leurs Etats de leurs obligations vis-à-vis de la CEDEAO, même si elle est, bien sûr, conforme aux principes régissant les organisations internationales (dénonciation) et au traité fondateur de la Communauté (retrait), elle pose un problème de légitimité quant à la validité procédurale et substantielle de la démarche, tant en droit international qu’en droit interne. En effet, si, en droit international, l’effectivité du pouvoir peut parfois l’emporter sur la légitimité, en droit de l’intégration en revanche, on peut s’interroger sur l’admission automatique d’un retrait assumé par des autorités investies en violation des textes de la CEDEAO, notamment du Protocole de Dakar. Doit-on se limiter à la lettre du droit communautaire et laisser libre cours aux retraits ? Ou ne devrait-on pas, sans aller jusqu’à loi de l’enchaînement de l’Etat fédéré à l’Etat fédéral, davantage rigidifier la procédure de retrait, avec l’objectif de donner du temps et de la chance à la diplomatie intégrative. Ce qui pose le débat de la réforme institutionnelle de la CEDEAO après que le traité soit éprouvé par l’expérience.
Au surplus, la désintégration du processus d’intégration par des actions initiées dans le cadre de la dénonciation du traité peut-elle être accueillie et mise en œuvre sans consultation du peuple par voie référendaire, des parlements nationaux suspendus ou dissous, mais aussi des autres organes de l’organisation (Parlement au titre des saisines facultatives au moins, Cour de justice) ? Ces derniers devraient aussi, au nom de la logique institutionnelle, avoir leurs initiatives à prendre et leur mot à dire, même si le dernier mot revient à la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement.
A dire vrai, au-delà de la légalité de la démarche, ces retraits, spectaculaires et inédits depuis le départ en 2000 de la Mauritanie qui a envisagé heureusement son retour par la signature en 2017 avec l’organisation d’un accord d’association, doivent être pris au sérieux et subir le traitement juridique et politique requis. Ils pourraient souffrir d’un déficit de légitimité apaisante lié à l’absence d’onction démocratique tirée du défaut d’élection des dirigeants de la transition et de la non tenue de consultation référendaire, comme on l’a vu par exemple dans le cadre du Brexit où après le référendum, la Cour suprême britannique avait exigé l’approbation parlementaire, avant d’activer l’article 50 du Traité de Lisbonne sur les négociations de sortie. A juste titre, car le référendum reste le procédé de droit commun de validation et de légitimation d’une décision d’un pays décidant se retirer d’un projet d’intégration cinquantenaire, dont l’Etat en question est membre fondateur.
Les réserves de principe démocratique sur l’initiative de désaffiliation de la CEDEAO de la part de régimes à vocation transitoire sont également valables pour celle de leur affiliation à l’AES. En tout état de cause, il est clair qu’après 50 ans de vie dans une organisation d’intégration, se retirer de celle-ci signifie tourner le dos à une expérience de fraternité africaine cinquantenaire, pourtant citée en exemple par les benchmarkings de fonctionnement de modèles d’intégration.
Une opportunité pour sécuriser le droit de retrait et sauver l’intégration
Bien entendu, le propos ne consiste pas ici à délégitimer ou à contester la décision de retrait des Etats de l’AES ou à critiquer la mise en branle de la procédure de séparation, mais plutôt à inciter la CEDEAO à transformer cette crise en opportunité pour sécuriser le processus d’intégration et éviter d’ultérieurs retraits liés notamment à des changements anticonstitutionnels de gouvernement (on le sait doublement condamnés par la CEDEAO et l’Union Africaine) qui peuvent se révéler des parenthèses bien circonscrites dans des périodes de transition d’une durée limitée. Ce besoin de sanctuarisation de l’organisation ne répond pas seulement aux Etats théâtres de coup d’Etat, mais à tous types de manifestations de volonté de rompre avec celle-ci. Il faut, à cet égard, prêter attention à la récente déclaration du ministre togolais des affaires étrangères Robert Dussey qui n’exclut pas une adhésion de son pays à l’AES. A l’évidence, un autre retrait et une éventuelle attractivité de l’AES (avec l’intention prêtée au Tchad d’y adhérer) seraient un coup dur pour les efforts méritoires de construction de l’intégration des Etats et des peuples de l’Afrique de l’Ouest.
L’organisation communautaire devrait, donc, marquer le coup en engageant, sans remettre en cause la souveraineté des Etats qui restent maîtres des traités, la réflexion sur la sécurisation de la clause du droit de retrait et définir une doctrine préventive y relative pour endiguer quelque tentation de cascades de décrochages qui saperaient la dynamique intégrative, mais aussi les efforts collectifs de construction de la paix et de la sécurité de la sous-région.
En définitive, parce qu’il y va de la survie de l’organisation, cet ajustement institutionnel salvateur de l’intégrité de l’organisation devrait être un des points de l’Agenda attendu des réformes de la CEDEAO.
L’urgence d’engager la réforme de l’architecture institutionnelle
Au total, pour éviter de se désagréger et plutôt s’élargir en se consolidant, la CEDEAO doit, d’urgence, se réformer dans le sens d’une meilleure balance entre la sauvegarde des principes constitutionnels, la gestion des susceptibilités souverainistes et l’atteinte des objectifs économiques.
Ismaila Madior Fall est Professeur des Universités, ancien ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur.
UNION AFRICAINE, QUELLE VOIE POUR UNE COMMISSION EFFICACE ET INDÉPENDANTE ?
Ancien Directeur de la communication de la CEDEAO, Adama Gaye décrypte les enjeux liés à l’élection du prochain président de la Commission de l’UA. Il revient sur le profil idéal du futur dirigeant.
Auteur de nombreux ouvrages sur le continent africain comme « Chine-Afrique : le dragon et l’autruche » (2006), « Demain, la nouvelle Afrique » (2016), Adama Gaye, qui a occupé pendant quatre ans, de 1992 à 1996, le poste de Directeur de la communication de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), connaît bien la dynamique des organisations supranationales africaines. Diplômé du Cesti de l’Université de Dakar, Adama Gaye a complété ses études en Communication et Relations internationales dans des universités comme Paris I Panthéon-Sorbonne et Oxford. Il revient sur l’élection d’un nouveau président la Commission de l’Union africaine et les défis de l’organisation.
Le prochain président de la Commission de l’Union sera élu au mois de février. Selon vous, quel doit être le profil de celui qui dirige la Commission de l’Union africaine ?
Définir le profil de la personne, homme ou femme, qui doit présider aux destinées de la Commission de l’Union africaine (Ua) devrait être en principe aussi facile que, paradoxalement, complexe. En principe, il doit s’agir d’être une voix, porte-voix, crédible, ayant une compétence sur les enjeux africains et ceux du reste d’une planète, mondialisée, afin que l’Afrique, longtemps marginalisée, puisse faire entendre son narratif. C’est dire qu’à la tête de cette commission de dimension continentale, il faut être un fin et averti, à jour, diplomate, géopoliticien.ne, économiste, ayant une expertise sur les questions transnationales liées à la paix, à la sécurité, à la prise en charge, pour leur résolution, des conflits qui, de Goma à Gao, fracturent le continent, mais aussi une profonde morsure sur les sujets en téléchargement dans un monde mutant.
Comment peut-on diriger l’Ua sans comprendre la transition énergétique, notamment le changement climatique avec ses dégâts naturels çà et là à travers l’Afrique ? Son financement par les pays pollueurs ? Sans être apte à trouver des réponses sur le terrorisme ou encore les pandémies transversales et d’autres enjeux typiquement africains, y compris le dividende démographique pour qu’il ne devienne pas une bombe; la participation des femmes dans la marche du continent; la clarification de la gestion publique des pays aujourd’hui rendue opaque par le retour en selle des régimes militaires; et, bien sûr, la problématique de l’effondrement du rêve pluraliste, démocratique, avec le regain de popularité des tentations autocratiques.
Avec le surgissement de l’intelligence artificielle et l’explosion de la révolution technologique, la dématérialisation des pratiques hier encore physiques, on peut dire que même si le leadership de la Commission de l’Ua commande de relancer un panafricanisme malmené, la complexité et la simplicité de la mission dicte qu’elle soit confiée à une personne visionnaire et au fait de la culture du régionalisme, pour garder son pli africain, mais aussi en mesure de décrypter les tendances lourdes imminentes, qui transforment d’ores et déjà notre monde. Présider la commission de l’Ua exige une agilité pour aider ses Etats membres à ne pas rater le rendez-vous avec une histoire planétaire en route, sous la 4ème révolution industrielle que nous vivons…
Quel regard portez-vous sur la Commission de l’Union africaine depuis sa mise en place de 2002 ?
Malgré son zèle prescriptif qui l’a conduite à légiférer sur maints sujets importants pour l’Afrique et même à adopter, en mai 2013, un Agenda 2063 autour du thème : l’Afrique que nous voulons 60 ans après le lancement, en mai 1963, de la mystique institutionnelle du panafricanisme avec la création alors de l’Organisation de l’unité africaine (Oua), force est en effet d’admettre qu’il y a eu plus de bruits que d’actions qui puissent légitimer le statut d’une Commission qui lui a été conférée. On peut même dire qu’elle a fait moins bien que son ancêtre puisque l’Oua avait, elle, réussi ses grandes ambitions, dont le parachèvement de la décolonisation africaine, la fin de l’apartheid et la réduction des conflits inter-états surtout au sortir de la guerre froide.
L’Oua a aussi pu mettre en place les mécanismes de résolution des tensions polémologiques en les adoptant lors de son Sommet du Caire de 1993. Qui oublie aussi qu’elle a déblayé le terrain à la démocratisation, parallèlement au retour des militaires dans les casernes, en Juin 1999, pendant son Sommet d’Alger ? C’est ce socle qui permit d’engager un dialogue post-guerre froide avec les pays développés du G7, de mettre en place le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique), et, donc, justement de porter sur les fonts baptismaux l’Union africaine, en 2002. On s’attendait qu’elle fasse monter en gamme le leadership continental, avec une présidence de commission plus affirmée qu’exécutive, n’obéissant plus au diktat de ce que le Tanzanien Julius Nyerere, président de son pays, avait qualifié de Syndicat des Chefs d’Etat du temps de l’Oua.
C’est hélas l’inverse qui se produit. En dehors d’une faible présidence de transition de l’ivoirien Amara Essy, d’une plus verbeuse du Malien Alpha Oumar Konare, on peut dire que les successifs patrons de la Commission n’ont été que des marionnettes. Plus prompts à apparaître sur des photos de famille des chefs d’Etat que de porter la voix et la voie du continent. Au surplus, de plus en plus choisis par des dirigeants autocratiques dont ils défendent les intérêts, les dirigeants anciens ou à venir qui ont tenu ses rênes ne sont que des figurant.e.s. Comme ce fut le cas de Jean Ping, Mme Nkosazana Dlamini Zuma, et maintenant Faki Moussa Mahamat.
Il est reproché à la présidence de la Commission d’être une coquille vide face à des Chefs d’États africains qui veulent s’arroger tous les pouvoirs. Que faut-il faire afin de permettre au président de la commission de jouer pleinement son rôle ?
Qui peut attendre plus du vieillissant Raila Odinga, plus présenté par son pays, le Kenya, pour l’évincer du jeu national ? De Mahamoud Aly Youssef, l’homme-lige du pouvoiriste Djiboutien, Ismaël Omar Guelleh? Le Malgache, Richard Randriamandrato, ancien ministre des Affaires étrangères qui part avec l’avantage de représenter un pays non souillé par des dérives anti-démocratiques. Aucune de ces candidatures n’osera porter les grands combats africains et d’abord ceux relatifs à la démocratie et aux droits humains. Dans un monde où des voix fortes parlent pour diverses régions, comme Trump, Lula, Erdoğan, Poutine, Xi Jinping, l’Afrique est partie pour demeurer le continent inaudible malgré ses défis et leur impact sur la gouvernance planétaire. L’Ua reste un gentil Club Med politique sans gravitas ! Où est son numéro de téléphone aurait dit le grand diplomate américain, Henri Kissinger, reprenant une boutade par laquelle il avait ainsi mis en exergue le manque de personnalité de la communauté économique Européenne avant qu’elle ne devienne l’Union Européenne.
De l’Organisation de l’unité africaine à l’Union africaine, avez-vous observé un changement de paradigme dans la façon de faire ?
J’ai eu la chance de participer autant à des réunions de l’Oua qu’à celles de l’Ua mais il n’y a pas photo. L’Oua était pénétrée d’un sens élevé d’une mission continentale. Même si les dirigeants qu’on y croisait n’étaient pas aussi diplômés que leurs lointains successeurs au sein de l’Ua, ils étaient plus humbles mais rigoureux, sérieux, centrés sur l’intérêt du continent, la préservation des frontières héritées de la colonisation (uti possedetis juris), et moins cupides. Ce n’étaient pas les courtiers et preneurs de commissions dans les transactions plus ou moins louches des temps actuels. C’est que l’Oua se faisait respecter. Et elle savait punir ses dirigeants quand ils fautaient, comme lorsqu’ils tombaient dans le piège de la corruption.
Ce le fut avec le Camerounais Nzo Ekangaki et le Togolais Edem Kodjo, deux de ses Secrétaires Généraux, soupçonnés de l’avoir été, qu’elle éjecta de leurs postes pour cette raison. C’est comme si, désormais l’Ua n’est, comme beaucoup d’autres institutions africaines, qu’un instrument de projection de pouvoir, capturé par divers lobbies, dont des chefs d’Etat africains qui y placent leurs pions pour servir leur plan personnel de pouvoir. L’élection à la présidence de la commission de l’Ua devrait donc y faire accéder un leader capable de faire entendre la voix africaine quitte à s’attirer les foudres des dirigeants étatiques. Nous sommes mal partis pour briser la perte de pertinence du plus grand regroupement continental au monde, au point qu’il n’est pas superflu de se demander si elle sert encore à quelque chose.
Tant qu’elle ne sera pas perçue comme porteuse de progrès, paix et prospérité, d’intégration, à travers des actes concrets comme l’amélioration du commerce intra-africain via sa nouvelle zone de commerce continental, de libertés de circulation des populations dans ses pays-membres ou de fournisseur de réponses africaines sur les urgences immédiates et futuristes, autour de la démocratie, de l’intelligence artificielle et de l’alimentation, elle continuera de susciter des moues dubitatives. En un mot, tant que le projet fédérateur africain ne produit pas un mieux-être continental, il reste, au plus, un arbre à palabres ronronnantes. L’Ua ne semble plus être visitée par la mystique panafricaine qui fut le socle d’une Oua dont la voix, en dépit de ses lacunes, fut une des forces d’appui d’une Afrique en reconstruction post-indépendances.
CURTIS YARVIN, DÉMOCRATIE, MONARCHIE ET PROVOCATION
Une pensée controversée qui sort de l’ombre. Il préconise le remplacement de la démocratie américaine par une monarchie moderne. Des affirmations provocantes sur des figures historiques telles que Nelson Mandela
(SenePlus) - Le 18 janvier 2025, le New York Times a publié une interview captivante et troublante de Curtis Yarvin, auteur controversé et penseur politique souvent associé à la droite radicale. Conduit par David Marchese, cet échange dévoile les idées provocatrices de Yarvin sur la démocratie, l’état et le pouvoir, tout en illustrant l’évolution de son influence, autrefois marginale, vers les cercles du pouvoir états-unien. L'interview explore l'idéologie de Yarvin, qui préconise le remplacement de la démocratie américaine par une monarchie moderne, ainsi que ses affirmations provocantes sur des figures historiques telles que Nelson Mandela.
Les idées clés de Curtis Yarvin : une attaque contre la démocratie
Yarvin, 51 ans, est connu pour ses théories extrêmes visant à démanteler les institutions démocratiques et les structures administratives qu’il considère comme obsolètes ou inefficaces. Il propose une alternative radicale qu’il appelle une « monarchie », dirigée par un leader centralisé—un « C.E.O. » ou un dictateur. Selon lui, des dirigeants historiques tels que Franklin Delano Roosevelt ou George Washington ont fonctionné de manière similaire à des chefs d’entreprise modernes, gouvernant avec une autorité centralisée et efficace.
Il décrit la démocratie comme « faible » et dysfonctionnelle, incapable de répondre aux véritables besoins des citoyens. Pour appuyer son argumentaire, il affirme :
« Il est facile de voir que des politiques très impopulaires, comme l’immigration massive, persistent malgré des majorités écrasantes qui s’y opposent. »
Selon Yarvin, les lois et les politiques devraient être confiées à des « experts sages » — universitaires, juges et élites —, ce qui revient à remplacer la démocratie par une forme d’aristocratie. Il déclare :
« Quand on dit aux lecteurs du New York Times que la démocratie est mauvaise, ils sont choqués. Mais si vous leur dites que la politique est mauvaise, ils sont d’accord. »
Les propos chocs sur Nelson Mandela
Dans une des séquences les plus controversées de l’interview, Yarvin fait une comparaison provocatrice entre Nelson Mandela et le terroriste norvégien Anders Breivik. Il affirme :
« Si vous me demandez de condamner Anders Breivik mais d’adorer Nelson Mandela, peut-être avez-vous une mère que vous aimeriez [censuré]. »
Yarvin justifie cette comparaison en affirmant que Mandela, tout comme Breivik, était un « terroriste » au sens strict :
« La plupart des gens ignorent que Mandela était sur une liste de terroristes avant d’être libéré. Il a violé les règles de la guerre et causé la mort de civils innocents, tout comme Breivik. »
Cette affirmation, perçue comme un affront à l’héritage de Mandela, ignore le contexte historique de sa lutte contre l’apartheid, un régime systématiquement raciste et oppressif. Face à ces accusations, David Marchese lui rappelle : « Mandela a combattu un régime d’apartheid vicieusement raciste. Comparer cela à Breivik est une simplification grossière et offensante. »
Malgré les critiques, Yarvin maintient son point de vue, arguant que la société « valorise le terrorisme » lorsqu’il sert une cause acceptée socialement.
Influences et audiences
Autrefois confiné à la périphérie intellectuelle, Yarvin voit ses idées gagner en visibilité. Des figures influentes comme Marc Andreessen, capital-risqueur et conseiller informel de Donald Trump, et Peter Thiel, donateur conservateur, ont exprimé un vif intérêt pour ses théories. De plus, des personnalités politiques telles que le vice-président élu J.D. Vance font écho à certaines de ses propositions, notamment l’éradication de l’« éveil » (« wokeism ») dans les institutions.
Yarvin se dit toutefois éloigné de toute participation directe au pouvoir. Il affirme :
« Je ne pense même pas assister à l’investiture. Je suis un intellectuel, un outsider. Mon influence passe surtout par les jeunes élites qui gravitent dans ce milieu en ligne très connecté. »
Un discours ancré dans les modèles historiques
Yarvin fait régulièrement appel à l’histoire pour légitimer ses théories. Il présente des dirigeants comme George Washington, Abraham Lincoln et Franklin D. Roosevelt comme des « C.E.O. nationaux » qui dirigeaient leur gouvernement avec l’efficacité d’une entreprise. Pour renforcer son point de vue, il affirme :
« F.D.R. a géré le New Deal comme une start-up. Si nous pouvons révérer un dirigeant comme F.D.R., pourquoi craindre un dictateur moderne ? »
Cependant, ses interprétations historiques sont souvent accusées de « cherry-picking » (sélection biaisée des faits) et de simplification excessive. Lorsque Marchese le confronte sur ses affirmations erronées, comme l’absence de génocides en Europe entre 1000 et 1750, Yarvin admet à demi-mot ses imprécisions tout en minimisant leur impact sur son argumentaire global.
Une vision centralisée du pouvoir
Yarvin compare souvent la gestion gouvernementale à celle d’une entreprise privée, citant des exemples tels qu’Apple ou SpaceX. Il déclare :
« Les entreprises sont de petites monarchies. Imaginez si Apple gérait la Californie. Ce serait bien plus efficace que le gouvernement actuel. »
Cependant, Marchese souligne que cette vision ignore les différences fondamentales entre les objectifs des entreprises et ceux des gouvernements, notamment le bien-être social et les droits des citoyens.
Une influence grandissante, un danger imminent ?
L’interview de Curtis Yarvin révèle une pensée radicale et une rhétorique souvent choquante, mais également une influence croissante au sein des cercles conservateurs et technologiques. Ses idées, bien qu’à première vue outrancières, trouvent un écho auprès de certaines des figures les plus puissantes du pays, ce qui souligne l’importance de ne pas les ignorer.
David Marchese conclut l’échange avec une question essentielle : « Pourquoi détruire la démocratie plutôt que de chercher à l’améliorer ? » La réponse de Yarvin reste insatisfaisante, mêlant désillusion envers les institutions actuelles et une confiance aveugle dans l’efficacité d’un « C.E.O. national ». Si ses théories divisent, elles mettent en lumière une fracture profonde dans le discours politique américain et un tournant potentiel vers des modèles de gouvernance radicalement différents.
AGNAM, DU NÉANT AU FIRMAMENT
En une décennie, Farba Ngom a métamorphosé cette localité méconnue en pôle de développement majeur, doté d'un hôpital ultramoderne et d'infrastructures essentielles. Sa chute potentielle soulève l'inquiétude d'une population qui lui doit son émergence
C’est aux dernières heures de la levée de son immunité parlementaire que l’honorable député Farba Ngom est rentré dans sa citadelle à Agnam, où il a reçu une gigantesque manifestation de soutien, jeudi dernier. Cette commune, dont il est le démiurge et le premier maire, veut lui renvoyer l’ascenseur, puisque Farba a réussi, en un temps record de douze ans, à hisser Agnam parmi les localités les plus célèbres du pays.
Avant l'an 2012, qui, en dehors de ceux qui vivent au Fouta, connaissait une localité qui s’appelait Agnam ? Quasiment personne. Aujourd’hui, même l'enfant d’un village lointain de la Casamance s'est familiarisé avec la prononciation d’Agnam. Une prouesse qui porte la signature exclusive de son actuel maire Mouhamadou Ngom, plus connu sous le nom de Farba Ngom, né un certain 5 mars 1971 à Nguidjilone.
Dans la province traditionnelle du Bosséa (regroupant les quatre communes de Orefondé, Agnam, Dabia et Thilogne), Agnam a toujours vécu sous l'ombre envahissante de Thilogne, Salndu Fouta (Pilier du Fouta), qui était la capitale économique de toute cette zone jusqu’à l’événement du phénomène Farba.
En 2012, Macky Sall accédait au pouvoir avec son homme à tout faire, membre fondateur de l’Alliance pour la République (APR). Un statut qui lui donne beaucoup de privilèges dont les populations d’Agnam vont beaucoup profiter.
Agnam, chef-lieu d’arrondissement éponyme, va se libérer, en 2013, du joug de Thilogne pour devenir une commune à part entière, grâce à l'acte 3 de la décentralisation. En 2014, Farba Ngom, entre-temps élu député à l’Assemblée nationale, deviendra le premier magistrat de cette ville. Cette nouvelle commune va polariser 16 villages officiels et six hameaux, une donne qui va lui conférer un certain poids électoral plus conséquent que celui de Thilogne, par exemple.
Une brigade de gendarmerie logée dans une de ses maisons
Farba Ngom, député-maire, va multiplier les chantiers dans son terroir. Il usera de tous ses pouvoirs et de toute son influence pour attirer projets et programmes dans sa région. Une brigade de gendarmerie sera implantée à Agnam. En attendant la construction des locaux, Farba mettra gracieusement une de ses maisons aux éléments de la nouvelle brigade de gendarmerie. ‘’Je tiens à la sécurité des populations. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre une de mes maisons à la disposition de la gendarmerie. Cette maison servira de brigade, en attendant la construction’’. Et pour motiver davantage ces forces de l'ordre, il s'engage à leur ‘’assurer gracieusement la restauration’’.
Un acquis qui serait obtenu au détriment de son voisin Thilogne. Des Thilognois avaient manifesté leur mécontentement, en vain. Mamadou Elimane Kane, l'actuel édile de la ville, avait crié au scandale. ‘’C’est un détournement d’objectif qui a été fait. La brigade de gendarmerie était initialement prévue à Thilogne. C’est Farba qui l'a détournée pour la ramener chez lui, à Agnam. C’est scandaleux’’, s’était-il emporté.
Agnam se dote d'un hôpital ultramoderne
Pour les populations d’Agnam, il fallait faire une courte distance de 6 km pour se rendre au district de Thilogne ou bien parcourir 60 bornes pour se soigner au centre hospitalier régional d’Ourossogui. Une souffrance que leur maire cherchera à abréger. Sans attendre l’État, il prit l’initiative de construire, pour un coût de deux milliards, un hôpital de niveau 1 ultramoderne sur fonds propres et avec l’appui de quelques partenaires. Ce joyau sera doté d’un service d’accueil et d’urgence (SAU), d’un bloc opératoire, d’une maternité, d’un service d’ophtalmologie, d’un centre d’hémodialyse, d’un bloc administratif et d’une cité pour l’hébergement du personnel de santé. Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé à l'époque puis Macky Sall étaient venus inaugurer cette infrastructure sanitaire. Une manière d'avaliser les initiatives du maire d’Agnam. Le ministre de la Santé dira solennellement que ‘’c’est un exemple à suivre pour les autres maires’’.
Lors de l’inauguration, Farba informera que ‘’trois ambulances, un corbillard et un véhicule pour la direction de l’hôpital ont été achetés par de bonnes volontés de la localité’’.
La croisade contre le chômage des jeunes
‘’Si tous les leaders politiques se battaient avec acharnement comme Farba pour trouver de l'emploi aux jeunes de leur localité, je pense sincèrement que la question du chômage serait résolue’’, avait soutenu en off un ancien ministre lors de son séjour à Matam.
En effet, Farba a offert une niche d'emplois aux jeunes de sa commune et même de son arrondissement. Avec le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), il a joué des coudes pour obtenir une part bien importante pour ses jeunes. Selon Mamina Daffé, directeur technique à l'époque du Prodac, le Domaine agricole communautaire d’Agnam, qui va être le premier à Matam, va s’étendre sur 1 000 ha pour un coût global de plus de cinq milliards de francs CFA. À terme, il va employer environ dix mille jeunes, soit quatre mille emplois directs et six mille emplois indirects.
Au-delà du Prodac, qui n'a pas pu se concrétiser, Farba Ngom s’était rué sur les postes de chargé de mission dans les différents ministères pour offrir des emplois aux jeunes. Il frappait à toutes les portes des structures étatiques pour trouver des postes à sa jeunesse. Cela constitue la marque de fabrique qui le distingue des autres responsables politiques. Quand les autres leaders se contentaient d'assurer aux personnes de leur environnement immédiat une bonne situation, Farba Ngom, lui, cherchait des avantages pour sa communauté.
La rengaine ‘’Touche pas à Farba’’
Aujourd’hui, Agnam est une commune émergente qui dispose de quasiment toutes les infrastructures de base. Elle dispose notamment de l’écomusée des civilisations peules d'une valeur de deux milliards, qui est implanté au village d’Agnam Godo. Un patrimoine qui va cristalliser toutes les attentions des chercheurs et ethnologues spécialisés du pulagu de 28 pays d’Afrique, au grand bonheur des populations locales.
Avec tous ces privilèges obtenus grâce à leur maire, les populations d’Agnam se montrent bien reconnaissantes à l'endroit de leur mécène. À l'annonce de la procédure de la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom par la majorité, une gigantesque mobilisation a été organisée tout près de son domicile, à Agnam Ouro Ciré. Les Agnamois, en première ligne, se sont dressés contre les menaces qui pèsent sur leur ‘’bienfaiteur’’ avec le slogan ‘’On ne touche pas à Farba Ngom’’.
Pour beaucoup, le député-maire ne peut être incriminé du fait qu’il n'a jamais eu à gérer des deniers publics. ‘’C’est une injustice, ce qui est en train de se passer. Farba n'a jamais été épinglé par un rapport. Le nouveau régime veut s’acharner sur lui’’, clame Abdoul Djiby Ndiaye, un des jeunes lieutenants de Farba, par ailleurs adjoint au maire d’Orefondé. Des propos qui résonnent avec les prédictions d’Ousmane Sonko lors des dernières campagnes législatives : ‘’J’ai entendu qu’une personne sillonne le département, mallette à la main, distribuant entre 50 et 80 millions de francs CFA. Mais je vous garantis que ce sera la dernière élection au Sénégal à laquelle il prendra part en tant que candidat, à fortiori en tant que distributeur automatique de billets de banque’’, avait-il annoncé.
En attendant la suite des événements, le député-maire Farba Ngom, qui a déjà perdu son immunité parlementaire, s'est plongé dans sa bulle des Agnams, se déconnectant de la clameur et du tumulte. Il laisse son sort ‘’entre les mains de Dieu’’, comme l'avait avoué l’honorable députée Aissata Tall Sall, mais il sait compter sur les siens pour lui éviter les déboires de la justice.