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24 novembre 2024
Politique
par Oumou Wane
SÉNÉGAL 2050 : UNE COURSE CONTRE LA MONTRE
Les jeunes de notre pays qui ont porté au pouvoir Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, doivent désormais croire dans ce projet et s’approprier ce nouvel agenda de mobilisation et d’espoir, qui devrait à terme, transformer la vie de notre nation
Selon toute vraisemblance statistique, en 2050, il y aura 2,5 milliards d’habitants en Afrique, dont une très grande majorité de jeunes.
2050, c’est aussi l’objectif que se fixe notre nouveau président Bassirou Diomaye Faye pour faire aboutir son nouveau référentiel des politiques publiques au Sénégal.
Dénommé "Sénégal 2050 : agenda national de transformation", ce référentiel, présenté ce lundi 14 octobre 2024 par le Premier ministre, Ousmane Sonko, repose sur quatre axes stratégiques : la bonne gouvernance, le capital humain, l'aménagement durable, ainsi qu'une économie compétitive. D’après les nouveaux dirigeants de notre pays, leur application, devrait permettre de "bâtir un Sénégal souverain, juste et prospère".
Les jeunes de notre pays qui ont porté au pouvoir Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, doivent désormais croire dans ce projet et s’approprier ce nouvel agenda de mobilisation et d’espoir, qui devrait à terme, transformer la vie de notre nation.
Cependant, aujourd’hui encore, des milliers de nos jeunes, se considérant « sans avenir » ou se trouvant attirés par les mirages de l’occident, risquent leur vie et souvent la perdent, dans de frêles embarcations sur les océans.
Notre nouveau ministre de l'Intérieur, le général Jean Baptiste Tine, en a fait une priorité nationale. Il entend combattre les réseaux de passeurs, tout en soulignant l'importance de sensibiliser les jeunes aux dangers de cette aventure et de leur offrir des opportunités économiques au Sénégal.
Alors je dis à ces jeunes, c’est de la folie. Votre vie vaut plus que cette mortelle route de l’exil !
Quand toute l’Europe durcit ses politiques migratoires dans une société qui se déshumanise et que les conditions de l’immigration clandestine génèrent de plus en plus de misères et de drames humains, une nouvelle réflexion doit être menée chez nous sur notre capacité à garder espoir face aux difficultés et à construire notre avenir.
Cet été, après le naufrage meurtrier d'un bateau de migrants au large de la Mauritanie, avec un bilan effroyable, notre Premier ministre a lancé un appel. « L'avenir du monde est en Afrique », a déclaré Ousmane Sonko, « la jeunesse doit rester en Afrique ». « Le seul continent qui a encore une marge de progression et de croissance importante, le seul continent qui devrait porter la croissance du monde dans les 50 prochaines années, c'est l'Afrique », a-t-il proclamé. Avant d’ajouter, « la réponse que nous avons apportée, nous, est très claire, personne ne fera notre développement à notre place. Nous n'accepterons plus que nos ressources naturelles soient pillées pour nous laisser la pauvreté et le chômage qui va vous pousser à partir, vous les jeunes... ».
Pourtant, ce ne sont pas des lois sur les flux de l’immigration clandestine, ni la crise humanitaire sans précédent que nous traversons, qui vont dissuader nos jeunes de tenter leur chance pour devenir livreurs, maçons, cuisiniers, agents d'entretien.... dans un monde sans pitié ni considération.
C’est donc à nos dirigeants d’accélérer la cadence et comme l’a promis le président Bassirou Diomaye Faye de "traquer sans relâche" les trafiquants d'immigrés, et « de créer davantage d'opportunités pour les jeunes du Sénégal, et avec eux, afin de construire un avenir durable et inclusif ».
À l’heure où le Sénégal entre dans une nouvelle ère avec le lancement réussi de notre premier satellite dans l’espace, il est temps que nous construisions ensemble et sur nos terres, un monde inspirant et solidaire, où chaque parcours de vie, aussi difficile soit-il, peut connaître une fin heureuse et porteuse d'espoir.
Alors, chers jeunes Sénégalais, engagez-vous, croyez-en vous ! L’heure a sonné et la course est lancée ! Aujourd’hui le gouvernement vous propose un projet qui n’est ni une utopie ni un mirage. À vous de vous l’approprier et de le faire triompher.
Oumou Wane est présidente du Groupe Africa7.
SÀMM SA KÀDDU APPELLE À UNE MAJORITÉ DE L’OPPOSITION POUR CONTRER LES DÉRIVES AUTOCRATIQUES
La coalition a exprimé son inquiétude face à la situation politique actuelle, dénonçant la mauvaise gestion du pays. Lors d’une conférence de presse, elle a appelé à l’obtention d’une majorité à l’Assemblée pour instaurer un véritable contre-pouvoir.
La coalition Sàmm Sa Kàddu a exprimé, dans un communiqué rendu public ce mercredi à l’issue d'une conférence de presse des leaders de la coalition, son inquiétude face à la situation politique et institutionnelle du Sénégal. Selon le document, le pays serait à "un tournant décisif", marqué par des "velléités de dérives autocratiques" et une gestion qualifiée d’"incompétente et populiste" de la part des dirigeants actuels.
"Une Assemblée nationale, socle de la démocratie représentative, devra jouer pleinement son rôle face aux velléités de dérives autocratiques", peut-on lire dans la déclaration. La coalition Sàmm Sa Kàddu appelle à une majorité de l'opposition pour exercer un véritable contre-pouvoir et assurer la stabilité institutionnelle du pays.
D’après les leaders de Sàmm Sa Kàddu, "nos compatriotes, qui croulent sous le poids des difficultés quotidiennes, ne pourront compter que sur des représentants dignes pour impulser une nouvelle dynamique".
En réponse aux critiques émises par le régime en place concernant la mise en place d'une Haute Cour de Justice, la coalition a réaffirmé son engagement à établir cette instance dans le mois suivant la première réunion de l'Assemblée nationale. "La mise en place de cette cour est déjà prévue par la loi", rappelle le communiqué, citant la loi n°2002-10 du 22 février 2002.
Sàmm Sa Kàddu souligne que cette cour permettra de garantir la reddition des comptes, tout en évitant qu'elle ne soit instrumentalisée à des fins de règlement de compte politique.
Le communiqué met également en exergue la position de la coalition concernant la loi portant amnistie des faits liés aux manifestations politiques entre février 2021 et février 2024. Sàmm Sa Kàddu qualifie cette loi d’"inique" et s'engage à introduire une proposition de loi pour l’abroger. "Les tenants du régime actuel nous parlent des martyrs, tout en s’abstenant de déclarer fermement que cette loi sera abrogée", dénoncent les leaders de la coalition.
Face aux craintes d’un éventuel blocage institutionnel si l'opposition obtenait une majorité à l'Assemblée nationale, Sàmm Sa Kàddu rejette ces inquiétudes. "Parler de risques de blocage dans un régime comme le nôtre, c’est méconnaître le mécanisme de la cohabitation", peut-on lire dans le communiqué. La coalition rappelle que ce système permet une coexistence institutionnelle qui pourrait favoriser les réformes nécessaires pour répondre aux aspirations du peuple sénégalais.
Dans sa déclaration, Sàmm Sa Kàddu réaffirme son engagement à renforcer les mécanismes de contrôle de l’action gouvernementale. La coalition prévoit également de proposer des lois "dans le sens des intérêts majeurs des populations", en concertation avec une opposition diversifiée.
"Nous resterons une sentinelle et une force de proposition afin d’apporter au peuple sénégalais le meilleur de la gouvernance", conclut la conférence des leaders dans le communiqué.
texte collectif
STOP À LA VIOLENCE D’ÉTAT AU TOGO
Les signataires de cette tribune expriment leur profonde indignation et condamnent fermement la violence d’État qui sévit au Togo. Ils enjoignent les autorités togolaises à restaurer l’État de droit et à respecter les droits humains fondamentaux
Les signataires de cette tribune expriment leur profonde indignation et condamnent fermement la violence d’État qui sévit au Togo. Ils enjoignent les autorités togolaises à restaurer l’État de droit et à respecter les droits humains fondamentaux.
Ils exigent que les libertés publiques puissent pleinement s’exercer sur l’ensemble du territoire togolais.
Le dernier incident en date concerne le député sénégalais Guy Marius Sagna, représentant du Sénégal au Parlement de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). En déplacement à Lomé, la capitale togolaise, dans le cadre d’une session délocalisée du Parlement de la CEDEAO, il a été violemment pris pour cible, tout comme plusieurs députés togolais, des journalistes, et des citoyens ordinaires. Les blessures qu’il a subies ont nécessité des soins médicaux, notamment des points de suture dans une clinique locale.
Cet acte de violence s’est produit, le dimanche 29 septembre 2024, lors d’une rencontre citoyenne organisée à l’initiative de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), un regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile, au cours de laquelle Guy Marius Sagna devait échanger avec des citoyens togolais. Alors que la réunion commençait à peine, des individus non masqués ont méthodiquement attaqué les participants et vandalisé les lieux, sous le regard indifférent des forces de l’ordre présentes sur place.
Ce nouvel épisode s’inscrit dans une série d’atteintes récurrentes aux droits humains fondamentaux au Togo. Ces violations se traduisent par une interdiction quasi systématique des manifestations publiques pacifiques organisées par la société civile et les partis d’opposition. Le dernier exemple en date est l’interdiction d'une journée de prière et de solidarité en soutien aux familles des détenus politiques, initiative du mouvement « Touche Pas À Ma Constitution », un front regroupant des organisations de la société civile. Cette organisation, qui recense actuellement 93 prisonniers politiques, avait prévu, le 20 septembre dernier à Sokodé, de distribuer des kits scolaires aux enfants des détenus dans le cadre d’une campagne de sensibilisation pour leur libération. De la même façon, les meetings de l’organisation de la société civile Novation International sont frappés d’interdiction.
La situation politique au Togo s’est considérablement détériorée depuis la modification unilatérale de la Constitution par le régime en place, sans consultation du peuple. La nouvelle Constitution permet à Faure Gnassingbé de se maintenir au pouvoir indéfiniment, sans se soumettre à des élections, tout en concentrant les principaux pouvoirs de l’État dans sa fonction de président du Conseil des ministres.
Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005, à la suite du décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans. Depuis 19 ans, Faure Gnassingbé continue de se maintenir à la tête du pays en modifiant régulièrement la Constitution, en organisant de présumées élections, systématiquement contestées par l’opposition et la société civile, et en usant de la violence pour faire taire toute voix dissidente.
La violence doit sortir du Togo, elle doit disparaitre de l’espace CEDEAO. Les signataires attendent des autorités togolaises qu’elles restaurent l’État de droit et qu’elles respectent les droits humains fondamentaux, afin que chaque citoyen puisse jouir pleinement des libertés publiques.
Les 47 Signataires :
Guy Marius Sagna, Dialo Diop, Madieye Mbodj, Alioune Tine, Seydi Gassama, Alfred Bulakali, Yéya Birane Wane, Alassane Seck, Nathaniel Olympio, Jean Kissi, Célestin Agbogan, Atcholi Kao, Gnimdéwa Atakpama, Nicodème Habia, Sambiri Targone, Gérard Adja, Félix Atchadè, Kofi Yamgnane, Jean Sylvanus Olympio, Raymond Ayivi, Soter-Caïus Dovi, Issoufou Moussa, Pierre S. Adjété, Yao Paul Assogba, Isidore Wasungu, Yaya Nuru Ubangiji, Clément Klustsé, Joël Viana, Ramatou De la croix, Aboubakar Ganiou, Geneviève Goëtzinger, Ferdinand Ayité, Raphaël Kpandé-Adzaré, Isidore Kouwonou, Maxime Domegni, Patrick Degbevi, Alain Anifrani, David Dosseh, Tétévi Norbert Gbikpi-Bénissan, Ussumane Camara, Tamilton, Teixeira, Biram Dah Abeid, Moussa Tchangari, Yoporeka Somet, Cheikh Hamala B. Diop, Philippe Amedodji, Hamidou Magasa.
IL NOUS FAUT UNE INDUSTRIE ROBUSTE
Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye, a souligné, vendredi, à Diamniadio (ouest), la nécessité pour le Sénégal de se doter d’une ‘’industrie robuste’’, d’une ‘’économie diversifiée’’...
Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye, a souligné, vendredi, à Diamniadio (ouest), la nécessité pour le Sénégal de se doter d’une ‘’industrie robuste’’, d’une ‘’économie diversifiée’’ et d’un système éducatif ‘’adapté à nos besoins’’, pour disposer d’un capital humain capable de le développer.
M. Ndiaye coprésidait, avec son collègue chargé de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, les panels des états généraux de l’industrie, du commerce et des PME.
‘’Je pense que le président de la République a un leadership visionnaire, que le Premier ministre a une gouvernance efficace. Donc, il nous faut une industrie robuste, une économie diversifiée et une éducation adaptée à nos besoins pour avoir le capital humain qu’il faut’’, a-t-il dit.
Malick Ndiaye estime qu’‘’on a raté plusieurs opportunités’’ en termes d’attractivité, en matière d’environnement des affaires et de simplification des procédures administratives, parce qu’‘’on n’a peut-être pas une administration efficace, des processus clairs, accessibles et simplifiés, mais aussi des infrastructures interconnectées…’’’
‘’Qu’est-ce qui a fait que notre tissu industriel a presque disparu ? Nous devons repenser notre modèle économique. C’est justement ce que le président de la République a essayé de faire il y a moins d’une semaine, avec l’agenda national ‘Sénégal 2050’’’, a poursuivi M. Ndiaye.
Parlant de l’éducation, il a relevé la nécessité de créer des passerelles entre l’enseignement moyen-secondaire et l’enseignement supérieur.
‘’Tout le monde ne peut pas avoir une maîtrise, un doctorat. Ces pays qui se sont développés l’ont fait parce que, à un moment donné, ils ont orienté très tôt leurs enfants vers des métiers techniques’’, a poursuivi Malick Ndiaye, jugeant nécessaire de ‘’repenser notre système éducatif’’.
Une étude présentée avant les panels des états généraux par le cabinet A&A Strategy démontre l’inadéquation qui existe entre les offres de formation au Sénégal et les besoins du secteur industriel.
Selon les données fournis par ce cabinet, 76 % des bacheliers au Sénégal choisissent de faire des études supérieures de lettres.
L’étude montre aussi que les écoles de formation sont presque toutes entre Dakar, Thiès et Mbour (ouest).
Le cabinet a donné l’exemple du fer pour montrer le handicap causé par le manque d’infrastructures et d’énergie nécessaires pour l’exploitation de certaines ressources naturelles. ‘’On a du fer, mais on n’a pas les moyens de l’exploiter parce qu’on n’a pas les infrastructures qu’il faut et l’énergie suffisante pour le faire.’’
Malick Ndiaye ministre juge aussi nécessaire de développer la ligne ferroviaire Dakar-Tambacounda. ‘’On travaille sur des corridors qui nous permettront de relier Dakar à Niamey, et cela nous permettra de stimuler l’économie […] Cela ne peut pas se faire sans une souveraineté énergétique’’, a souligné M. Ndiaye.
COUVERTURE PRÉCAMPAGNE, TOUS DES HORS-LA-LOI !
Politiciens, journalistes et autorités administratives, tous violent ou se rendent complices de violations tous azimuts de la loi électorale, sous le regard passif du Conseil national de régulation de l’audiovisuel.
Politiciens, journalistes et autorités administratives, tous violent ou se rendent complices de violations tous azimuts de la loi électorale, sous le regard passif du Conseil national de régulation de l’audiovisuel.
Comme s’ils se sont passé le mot, cette fois, aucune partie prenante ne fait – ne serait-ce qu’un effort - pour respecter la réglementation sur la couverture médiatique de la période de précampagne en direction des élections législatives du 17 novembre 2024. Pourtant, la loi électorale est très claire. ‘’Durant les trente jours précédant l’ouverture officielle de la campagne électorale, est interdite toute propagande déguisée ayant pour support les médias nationaux publics et privés’’, dispose la loi électorale.
Il ressort dudit texte que, par acte de propagande déguisée, il faut entendre ‘’toute manifestation ou déclaration publique de soutien à un candidat ou à un parti politique ou coalition de partis politiques faite directement ou indirectement par toute personne ou association ou groupement de personnes quelle qu’en soit la qualité, nature ou caractère’’. La loi ne s’en limite pas. Elle assimile ‘’à des propagandes ou campagnes déguisées, les visites et tournées à caractère économique, social ou autrement qualifiées, effectuées par toutes autorités de l’État sur le territoire national et qui donnent lieu à de telles manifestations ou déclarations’’.
Chargé de veiller au respect strict de cette réglementation, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) n’a eu de cesse d’alerter, à chaque veille d’élections. Bon an, mal an, certains professionnels essayaient de s’y conformer, même si la pertinence de la disposition a toujours été fortement remise en cause. Dans un communiqué en date du 19 septembre, l’organe de régulation, sous la présidence de Babacar Diagne, avait sacrifié à cette tradition, en rappelant les prescriptions législatives. À travers ce communiqué, le gendarme des médias précisait que la précampagne pour les Législatives du 17 novembre s’étend du vendredi 27 septembre à 00 h au samedi 26 octobre à minuit. S’ouvrira alors la campagne pendant laquelle les candidats pourront dérouler leurs activités librement, couvertes par les médias dans le respect des principes d’équité et d’équilibre.
Mais qu’advient-il en cas de violation de cette règle ? Le Code électoral prévoit qu’’’en cas de contravention à cette interdiction, l’organe chargé de la régulation des médias doit proposer des formes appropriées de réparation au bénéfice de tout candidat, de tout parti politique ou coalition de partis politiques lésés. Ces derniers peuvent saisir directement l’organe de régulation des médias d’une plainte, en cas de contravention à cette interdiction’’. En d’autres termes, les candidats qui le souhaitent peuvent, en principe, réclamer, auprès de tout média qui outrepasse cette réglementation, une réparation de ce déséquilibre dans le traitement des différents protagonistes.
Par le passé, le CNRA n’hésitait pas à faire des communiqués pour rappeler aux uns et aux autres la nécessité de se conformer audit code. ‘’De tels agissements, qui exposent les médias concernés aux sanctions prévues par la réglementation, ne sauraient être tolérés’’, lançait-il à l’endroit des médias récalcitrants lors de la dernière Présidentielle. Pour les présentes élections, c’est plutôt un laisser-aller total. Chaque média fait ce qu’il veut, sans se soucier de cette interdiction qui, autrefois, pesait comme une épée de Damoclès sur la tête des puristes. Même si, il faut le préciser, certains anticonformistes se sont toujours interrogés sur la pertinence d’une telle disposition.
Mais que dire des partis politiques qui généralement élaborent les textes qu’ils sont sûrs de ne pouvoir respecter ?
En fait, selon de nombreux experts, durant cette période de précampagne, ce qui est interdit ce n’est pas le fait d’organiser des activités politiques, mais plutôt l’usage des médias pour en assurer la propagande. Sauf que tous les acteurs politiques font appel aux médias et se rendent ainsi complices de telles violations. Pourtant, ces textes sont souvent le fruit de larges consensus entre les acteurs.
Lors des précédentes élections, certaines autorités administratives, sur la base d’une interprétation extensive de la loi, n’hésitaient pas à interdire certaines activités de propagande. Seulement, ils semblaient stigmatiser les partis de l’opposition qui ne pouvaient mener leurs activités sur le territoire, au moment où l’ancien parti au pouvoir pouvait dérouler sans être inquiété. Les mêmes autorités restent aujourd’hui aphones sur les violations tous azimuts de la loi électorale en ses articles L61 et suivants.
Dans une déclaration faite le mercredi 16 octobre, largement relayée par les médias, la tête de liste de Pastef/Les patriotes donne rendez-vous à ses militants à un ‘’giga-meeting’’ prévu le samedi 19 au Dakar Arena de Diamniadio. Pendant ce temps, Bougane Guèye Dany de la liste Samm sa Kaddu est presque tout le temps à la une de certains médias et va, avec sa coalition, animer aujourd’hui une conférence de presse. Il en est de même de l’Alliance pour la République, membre de la coalition Takku Wallu Sénégal, qui donne rendez-vous aux médias cet après-midi.
Il faut rappeler qu’avec les changements intervenus à la tête du Conseil national de régulation de l’audiovisuel, on assiste à une sorte de flottement qui semble assez propice au règne de ce désordre. Cela dit, lors de son installation en début de semaine, le nouveau président du CNRA, connu pour être un journaliste irrévérencieux et très libre, a insisté sur le dialogue et la compréhension mutuelle, en lieu et place de la sanction.
‘’Je ne veux pas être un gendarme de l’audiovisuel. Mon rôle sera d’encourager le dialogue et la compréhension avant toute intervention coercitive’’, avait déclaré Mamadou Oumar Ndiaye. Selon lui, la sanction ne devrait être appliquée qu’en dernier ressort, après l’épuisement de toutes les autres voies de règlement des contentieux.
Reste à voir si cette méthode pourra prospérer.
PAR Fatou Kassé-Sarr
LA SOUVERAINETÉ CULTURELLE, PILIER DE LA SOUVERAINETÉ NATIONALE
La culture est notre richesse la plus précieuse. Elle nous donne les outils pour comprendre notre passé, affronter notre présent et construire notre futur
Le nouveau gouvernement, porté par une forte aspiration populaire au changement, vise la souveraineté du Sénégal. Il ne pourra réussir son projet de transformation du pays sans s'appuyer résolument sur la culture. Plus qu'un simple secteur d'activité, la culture doit être envisagée comme le socle sur lequel bâtir la souveraineté et le développement durable d’un Sénégal qui se projette sur la scène mondiale tout en restant fidèle à ses racines.
La souveraineté culturelle se réfère au droit et à la capacité d'une communauté, d'un peuple ou d'une nation à préserver, promouvoir et contrôler ses propres pratiques culturelles, ses valeurs, ses traditions et son patrimoine. Elle vise à garantir que les expressions culturelles d'une communauté soient respectées et protégées face l'homogénéisation imposée par des influences externes, qu'elles soient politiques, économiques ou sociales.
Elle est alors est un pilier essentiel de la souveraineté nationale que le nouveau gouvernement sénégalais doit impérativement prendre en compte dans sa quête de souveraineté économique.
L’histoire de notre continent a été largement racontée par l’Occident, souvent déformée pour véhiculer des stéréotypes et servir des objectifs de domination économique. Les africains se sont longtemps eux-mêmes perçus et positionnés en fonction de cette ce narratif externe. En 2024, ces stéréotypes persistent même s’ils sont contestés.
Il existe une seule manière de déconstruire cette fausse perception de l’Afrique : construire nos propres récits et les diffuser à travers la multiplicité des arts et de la culture. Des récits décomplexés qui reflètent nos spécificités culturelles et notre vision du monde.
Dans une interview récente au quotidien Le Soleil, Ibrahima Thioub dit très justement « A nous Africains de nous positionner par rapport à nous-mêmes en élaborant en toute souveraineté nos politiques mémorielles et patrimoniales qui ne doivent rien attendre de qui que ce soit ».
La souveraineté est un processus pensé et des dispositions mentales
Aujourd’hui, le Sénégal a élu un nouveau pouvoir dont le Projet vise la souveraineté du pays. Mais qu’est-ce que la souveraineté ? Et surtout que signifie la souveraineté pour une Nation africaine face aux défis contemporains (mondialisation, développement des multinationales, nouvelles technologies, etc.), ?
La souveraineté est globalement le droit à l'autodétermination et la capacité à prendre des décisions autonomes sur les plans politique, économique et social. Pour une nation africaine, la souveraineté revêt des dimensions particulières, influencées par son histoire coloniale principalement, et ses contextes politiques et sociaux spécifiques. Rechercher la souveraineté signifie donc qu’il y a une part de notre destinée qui ne nous appartiendrait pas et dont il faudrait reprendre le contrôle. Demande de se recentrer sur les intérêts nationaux et dans le même temps, puisque nous sommes au 21ème siècle, de s’ouvrir au monde.
La souveraineté donc est un processus pensé, déployé et décliné avec des fondements solides notamment la perception qu’ont les peuples d’eux-mêmes. Un peuple mentalement fort, sera en mesure de sortir de la dépendance, d’avoir cette ambition collective et d’établir des relations équitables avec le monde dit développé.
Pour moi, le slogan « Jub, Jubal, Jubanti » est une première déclinaison vers cette capacité à être souverain. Il propose une vision de la souveraineté qui ne se limite pas à l'indépendance formelle, mais qui englobe une gouvernance transparente, juste et orientée vers le développement national. Il suggère que la véritable souveraineté découle d'un État fort, responsable devant son peuple et capable de défendre les intérêts nationaux. Ce slogan en langue wolof puise ses racines dans la culture et les valeurs sénégalaises. Ses signifiants découleraient alors de référents culturels communément admis par l’ensemble des Sénégalais.
Dans ce contexte, quelle place accorder à la culture ? Quel est son apport réel dans les dispositions mentales qui permettront d’atteindre la souveraineté ?
La souveraineté culturelle est un pilier de la souveraineté nationale
Le nouveau gouvernement a présenté le référentiel Sénégal 2050 dont l’ambition est de faire du pays « une Nation souveraine, juste, prospère et ancrée dans des valeurs fortes ». La souveraineté culturelle devient alors un élément central à considérer dans sa stratégie de souveraineté économique, car elle constitue un fondement essentiel de l’identité, des valeurs, et de l'indépendance nationales.
Souvent minimisée dans les politiques de gouvernements, je pense que la culture, (équilibrée avec d'autres éléments tels que la citoyenneté, les droits politiques et les valeurs communes), est le fondement d’une Nation. Et que serait une souveraineté sans fondements ? Je ne fais bien entendu pas référence à une vision culturaliste caricaturale de repli sur soi et de rejet de l'autre, mais à la culture sous tous ses aspects (identité collective, histoire, patrimoine, manière de vivre, pratiques culturelles, design, artisanat, gastronomie, éducation, etc.). Je pense à la culture de nos terroirs. Par exemple : le ndeup, le kankourang, le nduut, l’ékonkong, que les communautés organisent sur toute l’étendue du territoire, ou encore le fonio qui nous vient des hauteurs de Kédougou. Et je m’interroge : ne méritent-ils pas d’être expliqués, transmis aux jeunes générations et valorisés comme partie intégrante de ce qu’est être sénégalais ? Quelle place donner aux expressions culturelles contemporaines qui traduisent aussi l’identité du Sénégal ?
Je pense ici à la « senegalese touch », celle qui rend le Sénégal singulier.
Il s'agit de concevoir la culture comme un ancrage solide, une source de références, qui redonne fierté, rend notre jeunesse moins poreuse à toutes sortes d'influences, qui aiguise l’esprit critique sur le monde et qui permet par la même occasion de gagner sa vie. Un fondement qui rend plus assuré, mieux assis, qui rend souverain.
La souveraineté d'une nation ne se limite donc pas à sa capacité de se gouverner sans ingérence étrangère. Elle inclut aussi la capacité à s’affirmer. C’est pourquoi la souveraineté tout court est indissociable de la souveraineté culturelle.
Les vrais récits pour reconstruire la cohésion sociale
Cette souveraineté culturelle ne signifie pas un repli sur soi, mais plutôt la capacité du Sénégal à maîtriser son propre récit, à valoriser ses traditions et ses expressions artistiques contemporaines, tout en restant ouvert aux échanges culturels mondiaux. Senghor avait dit "enracinement et ouverture". Était-ce visionnaire ? Car la vérité est que ceux qui savent d'où ils viennent tracent leur chemin sûrement et fermement.
Le Sénégal, riche de sa diversité culturelle, doit valoriser et promouvoir ses expressions artistiques et créatives. Celles-ci sont porteuses des vrais récits africains, qui remettent en question les stéréotypes et offrent une vision renouvelée de notre continent. Elles renforcent fierté et sentiment d'appartenance à une identité plurielle et dynamique.
Trop longtemps, l'histoire de notre continent a été déformée par des grilles de lecture inadaptées et des stéréotypes tenaces. Il est temps de déconstruire ces fausses perceptions à travers les arts et la culture.
Les États africains doivent investir dans la culture
La notion de "nouveaux récits" est aujourd'hui de plus en plus revendiquée par les Africains, mais elle est aussi présente dans tous les projets et orientations de la coopération internationale sous l'appellation de nouveaux récits communs. Cette construction se met en œuvre grâce au financement. À ce stade, on pourrait se poser la question suivante : pourquoi mettre autant d'efforts à financer la culture en Afrique s'il n'y avait pas un gain spécial ? Si nos gouvernements se penchaient réellement sur ces questions, ils accorderaient assurément une place stratégique à la culture.
Pourtant, le Sénégal a été précurseur en la matière avec un soft power culturel puissant. C'est d'ailleurs l'une des forces du pays sur laquelle nous surfons depuis lors. Aujourd'hui, le soft power culturel sénégalais a vécu, et je pense qu'on en subit les conséquences au quotidien. Il faudrait alors tirer des leçons du passé, regarder le monde et observer l'évolution des forces. Tirer des leçons de la position du Maroc ou bien observer la force de la K-Wave, cette fameuse vague culturelle qui nous vient de la Corée du Sud, ou bien encore se demander comment la fulgurante renaissance culturelle du Nigéria a-t-elle donné lieu à cette explosion internationale puissante de l’industrie culturelle nigériane. Et prendre le temps d’analyser : quels ont été les impacts concrets dans ces pays ? Pourquoi persistent-ils à investir dans la culture ?
La souveraineté culturelle est un investissement stratégique
Investir dans la souveraineté culturelle du Sénégal ne devrait pas être perçu comme un investissement à perte. Au contraire, c’est essentiel pour garantir que nos expressions culturelles soient respectées, protégées et promues. C'est un moyen efficace de résister à l'homogénéisation culturelle mondiale tout en positionnant le Sénégal comme un acteur culturel influent sur la scène africaine et internationale.
La culture est le socle indispensable de la souveraineté. Il est temps de reconnaître cette réalité et de la placer au cœur des politiques publiques.
Elle contribue au développement économique du Sénégal à travers plusieurs canaux, notamment le tourisme qui attire des visiteurs intéressés par notre patrimoine culturel riche et nos traditions. De plus, les industries créatives telles que la musique, le cinéma, la mode et l'artisanat génèrent des emplois et stimulent la croissance économique locale. Le pétrole et le gaz ne sont pas la panacée. Le Sénégal peut diversifier son économie et renforcer son attractivité sur la scène mondiale si elle intègre la culture au cœur de ses stratégies de développement.
SEM Samir Addahre, Ambassadeur du Maroc auprès de l’Unesco, déclarait récemment lors de la XIVe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris : « La culture s’impose aujourd’hui comme un levier fondamental de la diplomatie ».
Cela nécessite toutefois une volonté politique forte et un engagement à long terme : une politique culturelle ambitieuse, un soutien aux acteurs culturels locaux, la protection notre patrimoine ou encore la promotion de nos traditions. Le gouvernement doit également encourager la création artistique, investir dans les infrastructures culturelles et renforcer les capacités des industries créatives.
La culture n'est pas un simple ornement, elle est le fondement sur lequel nous devons bâtir notre avenir.
En résumé, la culture est notre richesse la plus précieuse. Elle nous donne les outils pour comprendre notre passé, affronter notre présent et construire notre futur. Investir dans la culture, c’est investir dans notre identité, notre souveraineté et notre avenir.
Placer la souveraineté culturelle au cœur de notre projet de développement, c’est construire un Sénégal plus fort, plus uni et plus prospère.
Le moment est venu de reconnaître la valeur de la culture et de lui donner la place qu'elle mérite dans notre société.
Fatou Kassé-Sarr est Directrice Générale Labell’Com, organisatrice du Carnaval de Dakar.
par Thierno Alassane Sall
AGENDA 2050 : AMATEURISME, INCOHÉRENCES ET LÉGÈRETÉ AU SOMMET DE L’ÉTAT
L’Agenda 2050 prend-il en charge les urgences ? Les autorités ont-elles proposé des solutions pour soulager la souffrance des Sénégalais ? Ce qui devait être une vision ambitieuse pour l’avenir du Sénégal se révèle être un catalogue de vœux pieux
Cette carte du Sénégal version Agenda 2050 situe Sédhiou à la place de Kolda et vice-versa. Signe que les graphiques de l’Agenda ont été bâclés. On ne sait pas si ces régions bénéficieront d’une mutation économique, mais elles subissent déjà un bouleversement géographique que même la tectonique des plaques ne saurait expliquer.
Comment peut-on espérer transformer un pays en s'égarant dans sa géographie ? Les erreurs sont nombreuses et révèlent une improvisation inquiétante au sommet de l’État. Sans prendre en compte les nombreuses fautes, voici quelques autres signes révélateurs des lacunes et incohérences du fameux Agenda 2050.
1/ Souveraineté monétaire : une omission stratégique majeure
Comment transformer un pays sans aborder la question de la souveraineté monétaire ? Le parti au pouvoir avait pourtant martelé que cette réforme était essentielle au développement. L’absence totale de mention de cet enjeu montre un reniement de leurs promesses et trahit un manque de cohérence stratégique dans cette vision de transformation.
2/ Pacte national : les co-contractants ignorés
L’Agenda se présente comme fondé sur un pacte national, mais aucune concertation réelle n’a eu lieu avec les forces vives. Ni la société civile ni le secteur privé n’ont été consultés. Pourtant, le gouvernement attend 5 700 milliards F CFA de ce secteur pour financer son plan quinquennal. Ignorer ses partenaires économiques témoigne, à tout le moins, d'une lacune inquiétante.
3/ Croissance : ambitions limitées
L’Agenda 2050 prévoit un taux de croissance moyen de 6,5 à 7 %. Pourtant, l’histoire montre que seules les nations atteignant des taux à deux chiffres ont pu véritablement se transformer. Avec ces projections timorées, le Sénégal risque de reproduire les mêmes échecs que par le passé.
4/ Tarifs énergétiques : une course contre la montre perdue
Le plan promet de ramener le prix de l’électricité sous 60 F CFA/kWh d’ici 2050. Mais attendre 25 ans pour atteindre un tarif proche de celui pratiqué aujourd’hui en Côte d’Ivoire (87 F CFA/kWh) est une preuve d’inertie. Comment parler de compétitivité avec une telle lenteur de réforme ?
5/ Culture : l’élément symbolique oublié
Transformer une société en 25 ans sans intégrer la culture et le patrimoine est une erreur de fond. Une vision de développement durable nécessite de valoriser l’identité culturelle. Cet agenda, purement technocratique, semble déconnecté des réalités sociales et des aspirations profondes des Sénégalais.
6/ Sécurité territoriale : le déni face aux menaces dans le Sahel
En plein cœur d’une crise sécuritaire au Sahel, l’Agenda 2050 reste muet sur les questions de souveraineté territoriale et de défense des frontières. Il y a quelques mois, notre gouvernement se jouait les sauveurs du Sahel, en promettant de réintégrer les pays de l’AES dans la CEDEAO. Aujourd’hui, silence radio. L’absence d’une stratégie claire expose le pays à de graves vulnérabilités géopolitiques. Sans une réponse à ces enjeux, ce plan est non seulement incomplet, mais dangereusement irréaliste.
7/ Le présent dans tout ça ?
Factuellement, l’Agenda présenté prend-il en charge les urgences ? La réponse est non. Les autorités ont-elles proposé des solutions pour soulager la souffrance des Sénégalais ? La réponse est non. Diomaye et Sonko n’ont pas dit comment ils allaient sortir le pays des difficultés actuelles. Ils donnent rendez-vous prochainement, cela s’appelle de la démagogie.
En fin de compte, ce qui devait être une vision ambitieuse pour l’avenir du Sénégal se révèle être un catalogue de vœux pieux. La montagne a accouché d’une souris. Le peuple sénégalais mérite bien plus qu’un agenda sans feuille de route ni contenu sérieux.
LE SILENCE ASSOURDISSANT D'IDRISSA SECK
A moins de trois semaines du démarrage de la campagne pour une nouvelle législature, rien ne bouge encore sur le terrain politique à Thiès, pourtant jadis bouillant à l’approche de rendez-vous électoraux de cette importance
A quelques semaines du démarrage de la campagne électorale pour les prochaines élections législatives du 17 novembre à Thiès, c’est encore la morosité et l’indécision sur le terrain politique à Thiès. Et le fait marquant reste de loin le silence assourdissant, voire intrigant du président Idrissa Seck de rewmi, qui était il y a seulement quelque temps le maître du jeu politique local. Mais à ce jour, aucune déclaration, aucune orientation ou directive à l’endroit des responsables de son parti, ce qui suscite mille et une interrogations dans la capitale du rail.
A moins de trois semaines du démarrage de la campagne électorale, pour élire une nouvelle législature au Sénégal, rien ne bouge encore sur le terrain politique à Thiès, pourtant jadis bouillant à l’approche de rendez-vous électoraux de cette importance. Et le fait le plus marquant est le silence assourdissant, voire même intrigant du président Idrissa Seck de Rewmi, qui était le maître incontestable du jeu politique local, avec une machine électorale dévastatrice.
Pourtant depuis 1996, il est au-devant de la scène politique à Thiès, d’abord avec le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) et à la suite du divorce politique avec Me Abdoulaye Wade, son hégémonie a été plus marquante sous la bannière de son parti en l’occurrence le Rewmi. L’ascendance n’a été brisée que lors des élections locales, puis législatives de 2022, avec l’expérience du «Mburook soow», signée par un compagnonnage avec l’APR le parti au pouvoir d’alors, dans le cadre de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Mais aujourd’hui, force est de constater que tout est en berne au niveau de Rewmi et les responsables ne savent pas encore quoi faire. Et pour cause, notent les différentes sources sollicitées à cet effet, Idrissa Seck n’a encore donné aucune orientation, aucune indication quant à la conduite à tenir. Sous le sceau de l’anonymat, un responsable indique que personne ne sait encore les contours des dispositions qui sont à la base de la mise en place de la coalition Takku Wallu Sénégal (TWS).
D’ailleurs aucun responsable de Rewmi ne figure parmi les investis qui iront à l’assaut des 4 sièges mis en jeu dans le département de Thiès. Pour tenter de s’imposer à l’échelle départementale, la coalition a misé sur Moustapha Mbaye du Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR) comme tête de liste, suivi d’Hélène Tine de Mor Diouf du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) et d’Astou Ciss. Beaucoup de Rewmistes considèrent une telle situation comme un manque de respect notoire, exacerbé par le silence de leur leader.
D’ailleurs lors de la dernière réunion de la coalition au siège de l’Alliance Pour la République (APR) présidée par Abdou Mbow, Cheikh Gaye le représentant de Rewmi n’a pas manqué de lâcher ses vérités dans ce sens, avant de cracher sur le poste de plénipotentiaire de la coalition qui lui a été proposé. Des responsables de Rewmi confient ne pas comprendre que le Rewmi puisse s’allier encore avec l’APR après deux tentatives infructueuses, marquées par « des trahisons manifestes ». C’est parce que, disent-ils, lors des dernières locales, alors que Siré Dia de l’APR était la tête de liste départemental de la coalition et des Rewmistes à la tête des listes de la ville de Thiès-Est, Thiès-Ouest et Thiès-Nord, l’analyse des résultats a clairement fait apparaître des votes sanctions de républicains contre les candidats de Rewmi.
Quant au PDS, ces responsables disent ne pas comprendre comment le Rewmi peut cheminer dans une même coalition avec ce parti qui a battu campagne contre Idrissa Seck lors de la présidentielle et pour la coalition Diomaye Président. Fort de ces considérations qu’ils considèrent comme des incongruités, la quasi-totalité des responsables de Rewmi ont aussi adopté la stratégie du silence, avec en toile de fond, la volonté de croiser les bras et de ne pas battre campagne. Ce qui serait dommage pour la grande coalition Takku Wallu Sénégal (TWS) qui compte également dans ses rangs à Thiès bien d’autres formations politiques. A cette attitude de Rewmi, s’ajoute le fait que le PDS et l’APR subissent également de plein fouet, les contrecoups d’une division interne, causée par ce jeu d’alliance. C’est ainsi que beaucoup de responsables importants de ces deux formations politiques ont craché sur l’alliance, pour aller se retrouver dans d’autres listes concurrentes. C’est dire que pour l’heure, rien n’est encore joué à Thiès et les coalitions gardent les mêmes chances de s’emparer des 4 sièges dédiés au département de Thiès.
LE CRÉPUSCULE DES MOHICANS
Les législatives marqueront l'absence remarquée de figures telles qu'Idy, Khalifa, Niasse et Gakou... Ces vétérans de la politique, autrefois incontournables, se retrouvent aujourd'hui en marge d'un jeu électoral qui semble les avoir dépassés
Les élections législatives du 17 novembre prochain seront âprement disputées. Malgré la pléthore de listes engagées dans la bataille électorale pour obtenir des sièges dans l’imposante bâtisse en face de la place Soweto, des figures emblématiques de la vie politique nationale brilleront par leur absence sur les listes en lice. Idrissa Seck, Khalifa Sall, Aminata Mbengue Ndiaye, Moustapha Niasse et Malick Gakou ne participeront pas aux prochaines législatives. Un fait inédit.
Ce sont les derniers Mohicans de la vie politique sénégalaise. Ils ont joué un rôle important dans le jeu politique ces quarante dernières années, en traversant presque tous les régimes qui se sont succédé. Aujourd’hui, le vent a tourné. Les partis politiques traditionnels sont en déclin et leurs figures tutélaires sont presque dépassées par les nouvelles réalités politiques. Le discours des vétérans n’attire plus et est jugé « désuet ».
Idrissa Seck, le « Mburu ak Soow » empoisonné !
Le « Ndamal Kàdjoor » avait une prestance inégalable. Son charisme et son discours attiraient les foules. Ancien proche collaborateur du Président Abdoulaye Wade, Idy, comme l’appellent ses partisans, a quitté le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) pour fonder sa propre formation politique, baptisée Réwmi. Alors qu’il était pressenti pour être le successeur potentiel du « Pape du Sopi », les déboires judiciaires se sont enchaînés. Le dossier des chantiers de Thiès a même contribué à renforcer son aura politique. Là où Idy passait, les foules se mobilisaient. Sûr de lui-même, les négociations tenues avec Wade sous les caméras lui furent fatales. Il rate de justesse la consécration suprême lors des élections présidentielles de 2007, en arrivant deuxième avec un peu plus de 15 %.
En 2012, le régime de Wade arrivait à l’usure. Engagé au sein de la coalition Benno Siggil Sénégal (BSS), Idrissa Seck préfère se battre contre la troisième candidature « illégale » de Me Wade plutôt que de mener campagne. Il finira à la cinquième place. Une désillusion ! Il sera contraint de soutenir Macky Sall au second tour de cette présidentielle, en intégrant la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), qu’il quitte en 2013. En 2014, il s’impose naturellement comme le chef de l’opposition à Macky Sall. A l’élection présidentielle de 2019, Idrissa Seck renaît de ses cendres en arrivant deuxième avec 20 % des voix. En 2020, en pleine pandémie de Covid19, il rejoint à nouveau Macky. Le « Mburu ak Soow », qu’il avait tant vanté pour qualifier son rapprochement avec Macky, luisera ensuite fatal. Sa popularité dégringole. Après le renoncement du Président Sall, il quitte encore BBY. Il sera humilié lors de la présidentielle de 2024 où il n’obtient que 0,9 % des voix. La descente aux enfers se poursuit. La retraite politique d’Idrissa Seck, surpris par cette cuisante défaite, semble actée. Aujourd’hui, le « Ndamal Kàdjoor » est à l’écart, malgré l’effervescence du jeu politique. Le parti Réwmi est le grand absent des retrouvailles de la famille libérale sous la bannière de la coalition Tàkku Wàttu Sénégal, en vue des élections législatives du 17 novembre. Que mijote Idy ? Le silence est une forme de communication.
Khalifa Sall, de la gloire à la décadence
Surnommé Khaf, l’ancien maire de Dakar est un socialiste dans l’âme. Khalifa Sall a gravi les échelons au sein du Parti Socialiste (PS) sous le régime du Président Diouf. Il est élu maire de Dakar en 2009, un tournant dans sa carrière politique. Aux élections municipales de 2014, Khaf décide de se présenter sous la liste Taxawu Sénégal, malgré les mises en garde du PS. Un choix couronné de succès. Il est réélu après avoir écrasé « haut la main » la candidate du parti du président Macky Sall, une certaine Aminata Touré, à Dakar. L’ancien maire de Dakar affiche alors ses ambitions : infrastructures, financement, social. Sa popularité augmente au point que certaines voix socialistes le plébiscitent comme candidat à la présidentielle de 2019. Mais, face à un Macky déterminé à obtenir un second mandat, la neutralisation de Khalifa Sall devient inéluctable. Les membres du PS au sein de la coalition BBY sont alors divisés. Cela n’empêche toutefois pas Macky de conduire Khalifa Sall à l’abattoir. Le maire de Dakar est condamné dans l’affaire dite de la caisse d’avance en 2017, ce qui le rend inéligible par la suite. Un coup dur ! Il sera gracié en 2019. Entre-temps, de nouveaux pôles ont émergé. Les alliances deviennent plus que jamais un impératif. Dans le sillage des élections municipales de 2021, il met sur pied la coalition Yeewi Askan Wi, en compagnie de l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko. Mais, avec les déboires judiciaires d’Ousmane Sonko, le vide s’installe rapidement. Chaque ténor de la coalition cherche à la diriger. C’est la guerre des « mâles dominants » ! Khalifa Sall décide alors de se porter candidat. Ce choix se soldera par un échec cuisant, puisqu’il arrive quatrième face à la machine de guerre de la coalition Diomaye Président. Aujourd’hui, Khaf est conscient des réalités politiques. Âgé de 68 ans, il a décidé de céder la place à son fidèle lieutenant de toujours, Barthélémy Dias. Cela ne signifie pas pour autant une retraite politique. L’ancien maire de Dakar a mis en place l’Alliance pour la Transparence des Élections (ATEL), regroupant 114 partis politiques. Selon Khalifa Sall, président de la coalition Taxawu Dakar, cette plateforme est une structure de réflexion et de lutte au service de la démocratie, afin que « notre pays continue d’être un modèle de démocratie et de transparence dans l’organisation des scrutins ». « La plateforme a pour but de faire en sorte que, dans les soixante prochains mois, nous puissions organiser un scrutin transparent, sincère et serein. Pour cela, il est essentiel que chaque parti joue sa partition et que le pouvoir en place respecte les textes régissant l’ensemble du processus », a-t-il expliqué. Selon l’ancien maire de Dakar le Sénégal connaîtra un scrutin particulier, car « les textes récemment publiés laissent perplexes beaucoup d’entre nous, qui avons l’expérience des élections dans ce pays ». Khaf cherche-t-il à renaître de ses cendres avec ATEL ?
La lionne du « Njàmbur » est un pilier du Parti Socialiste (PS). Elle a occupé le poste de ministre de la Famille et de l’Enfance sous la présidence d’Abdou Diouf. L’ancienne maire de Louga a gravi les échelons au sein du PS. C’est une figure qui a toujours fait l’unanimité au sein du parti. Son parcours en tant que ministre de l’Élevage est salué par les acteurs du secteur. Après le décès d’Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall la nomme présidente du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HTTC), une institution décapitée par le Président Diomaye Faye. Si un parti politique a raté la coche du renouvellement générationnel, c’est bien le PS. Alors que de jeunes pousses comme Barthélemy Dias et Malick Noël Seck étaient perçues comme une aubaine pour rajeunir le parti, les avantages offerts par Macky Sall ont mis un frein à toute velléité de renouvellement. Les anciens socialistes n’ont jamais voulu céder la place aux jeunes, d’où les dissidences fréquentes, notamment celle de Khalifa Sall. Aujourd’hui, le « Wind of change » – vent du changement – souffle sur le Sénégal. La jeunesse est plus que jamais au rendez-vous. Aminata Mbengue Ndiaye l’a bien compris. Lors d’un comité de pilotage des investitures pour les législatives du 17 novembre, la secrétaire générale du PS a décidé de ne se présenter sur aucune liste, « non pas pour des raisons de santé, mais par principe et par grandeur ». Une décision sage, largement soutenue. Des hiérarques comme Serigne Mbaye Thiam et Alioune Ndoye lui ont emboîté le pas. Cette décision n’est-elle pas arrivée trop tard ?
Malick Gackou, le malchanceux ?
L’enfant de la banlieue a fait ses débuts au Parti Socialiste aux côtés d’Ousmane Tanor Dieng, Babacar Sine et Abdourahim Agne. Il est un pur produit de l’école du parti. En 1999, il quitte les socialistes pour rejoindre Moustapha Niass, qui venait de créer l’Alliance des Forces de Progrès(AFP) en vue de la présidentielle de 2000. Élu président du conseil régional de Dakar en 2009 dans la vague Benno Siggil Sénégal (BSS), il renonce en 2014 au poste de maire de Guédiawaye, au profit d’Aliou Sall, le frère du président Macky Sall. Incompréhensible pour beaucoup de ses partisans, certains y voyaient une attente tacite avec le régime de Macky sans aller plus loin. Des accusations qu’il a balayées d’un revers de main. En 2015, il quitte l’AFP, où tous ceux qui exhibent des ambitions présidentielles sont quasiment exclus. Les élections présidentielles de 2019 et de 2024 ne sont pas des succès pour la tête de file du Grand Parti (GP). Malick Gackou est en retrait depuis l’élection du président Diomaye Faye où il s’était classé bon dernier. Pour les législatives du 17 novembre, malgré l’absence des membres du GP sur la liste de PASTEF, Malick Gackou a appelé une mobilisation de ses militants pour une victoire de ses anciens alliés. Relativement moins jeune que les autres Mohicans, Malick Gakou se singularise par sa longévité sur le champ politique. Mais l’homme, à force chaque fois de laisser la place aux autres favorisant notamment les élections d’Aliou Sall et d’Ahmed Aïdara, en n’osant pas affronter seul l’électorat pour se peser passe pour un poltron politique. Ceux qui croient en lui vivent des désillusions permanentes. L’homme doit tout simplement quitter le champ politique.
e jeu politique national semble plus que jamais bouleversé. L’arrivée au pouvoir du PASTEF a sonné le glas des dinosaures politiques, fossilisés à travers les régimes qui se sont succédé depuis les indépendances. Toutefois, il est nécessaire de se demander si certaines formations politiques n’ont pas raté le rendez-vous du rajeunissement.
LE REPORT QUE PERSONNE NE VEUT ENTENDRE
Alors que le Nord et l'Est du pays sont ravagés par des inondations meurtrières, le pays se prépare paradoxalement à des législatives. Comme si la tragédie qui se joue sur une partie du territoire n'existait pas
Des morts à cause de la pluie et des crues, des familles entières sans eau ni électricité, du bétail perdu, des contrées rayées de la carte… De Podor à Bakel et Kédougou, les populations vivent le supplice. Mais cela n’empêchera pas la tenue des Législatives du 17 novembre puisque le régime est contraint par les délais et les états-majors préparent la campagne. Pourtant, comme l’a relevé Ndiaga Sylla, pour «moins que ce drame», les législatives de 2006 ont été reportées du fait des inondations à Dakar notamment.
La situation de Podor à Bakel, mais aussi à Kédougou est catastrophique. Les crues, ajoutées aux lâchers d’eau de Manantali notamment ont fait des dégâts humains et matériels. Alors que les états-majors des listes candidats aux Législatives anticipées du 17 novembre se préparent à la campagne qui s’ouvre dans 10 jours. Pourtant Ndiaga Sylla s’en émeut dans un post : «Pour moins que ce drame que vivent les populations du nord à l’est du pays, les élections législatives de 2006 furent reportées.»
A l’époque les inondations à Dakar particulièrement dans la banlieue avaient poussé le Président Wade à ne pas prendre le risque de se noyer dans les frustrations des électeurs. Mais en même temps, à moins de deux ans de la Présidentielle de 2007, le test était gros. C’est pourquoi ce report a été l’un des plus contestés. Les législatives ne se tiendront finalement qu’en juin 2007, après sa réélection dès le premier tour.
Mais rien ne présage un décalage de ces joutes. Giga meeting de Sonko au Dakar Arena, samedi, Conférences de presse de Samm sa kaddu et Apr ce vendredi, sortie de Amadou Ba prévue dimanche… Pour moins que ce drame que vivent les populations du Nord à l’Est du pays, les élections législatives de 2007 furent reportées. Il serait presque illusoire d’envisager un report aujourd’hui. En effet, le régime de Diomaye, pressé de toutes parts, contraint par le budget, ne prendra, pour rien au monde, le risque de renvoyer ses projets et lois à d’autres calendes. Et ce n’est pas pour rien que le président, après avoir dissous l’Assemblée nationale, a choisi le minimum de 60 jours pour fixer la date des élections, alors qu’il avait aussi 90 jours. Un report mettrait tout à l’eau. Peut-être que d’ici quelques jours, la situation va s’améliorer. Mais qui oserait mettre les pieds dans ses zones rayées de la carte ?