Les Maladies Tropicales Négligées (Mtn) sont un ensemble diversifié de 20 maladies et groupes de maladies avec un point commun. Elles ont un impact sur les communautés appauvries, touchent plus d’un milliard d’individus dans le monde. Parmi les 20 Mtn ciblées par l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) dans la région africaine, 13 sont endémiques au Sénégal. Elles sévissent principalement en Afrique et en Amérique latine dans des zones où les conditions d’hygiène et d’assainissement sont précaires. Elles peuvent coexister chez une même personne ou dans une même zone et seraient à l’origine de 534 000 décès par an, selon l’Oms. Elles entraînent des handicaps de longue durée, des difformités, des retards de croissance chez les enfants, des grossesses à complications et une baisse du rendement scolaire et de la productivité. Au Sénégal, les Mtn à chimiothérapie préventive sont endémiques dans toutes les régions du pays avec des niveaux de co-endémicité différents d’une région à une autre.
Ainsi, dix régions seront ciblées pour la campagne de Distribution de Masse de Médicaments (DMM) contre les MTN, prévue du lundi 6 au vendredi 10 décembre, pour réduire la charge de morbidité et les complications liées à ces affections. La campagne va se dérouler dans les régions de Fatick, Kaolack, Kédougou, Kolda, Louga, Matam, Saint-Louis, Tambacounda, Thiès et Ziguinchor. Elle va concerner les maladies comme la filariose lymphatique, la bilharziose, l’onchocercose et les vers intestinaux. Selon la coordonnatrice du Programme National de Lutte contre les Mtn, Dr Ndèye Mbacké Kane, il est temps de mettre fin à cette négligence, car ces maladies peuvent être éliminées.
A l’en croire, la Dmm est une stratégie efficace de lutte contre les MTN. Et les personnes âgées de plus de 5 ans en sont les principales bénéficiaires. Revenant sur la prévalence de ces maladies, Dr Ndèye Mbacké Kane indique que pour la filariose lymphatique, la population exposée est estimée à 650 656 personnes. «Et nous avons des prévalences très élevées dans les régions du bassin arachidier et du fleuve Sénégal. Et dans 24 districts, nous avons des prévalences qui dépassent plus de 50%», renseigne-t-elle.
Poursuivant, elle révèle que l’onchocercose est endémique dans certains districts des régions de l’est, notamment à Kédougou et Tambacounda. «Et pour le trachome, ce sont surtout les régions du centre notamment à Diourbel, Fatick, Kaolack et Kaffrine qui ont une prévalence beaucoup plus importante que les autres régions», explique Dr Ndèye Mbacké Kane qui estime que ces maladies sont souvent considérées comme honteuses et que les victimes peuvent cacher durant des années. «Nous organisons souvent des camps de chirurgie dans certaines régions pour aider la population, mais il faut intégrer ces interventions chirurgicales dans les soins», plaide-t-elle.
SANTE MATERNELLE, DES AGENTS DE SANTE OUTILLES A KAOLACK
Quatorze agents de santé de six régions (Fatick, Kaffrine, Thiès, Louga, Saint-Louis et Kaolack) ont bouclé, jeudi, à Kaolack, une formation axée sur l’alimentation et la nutrition de la femme enceinte, du nourrisson et de l’enfant
Kaolack, 2 déc (APS) – Quatorze agents de santé de six régions (Fatick, Kaffrine, Thiès, Louga, Saint-Louis et Kaolack) ont bouclé, jeudi, à Kaolack, une formation axée sur l’alimentation et la nutrition de la femme enceinte, du nourrisson et de l’enfant, a constaté l’APS.
"Cette activité promue par le programme santé communautaire +Corps de la paix américain+ a pour objectif de contribuer à la réduction de la mortalité maternelle néonatale et infantile avec beaucoup d’indicateurs dont ceux sur la nutrition", a expliqué à des journalistes l’assistant formateur dans le programme santé communautaire du "Corps de la paix Sénégal", Pape Famara Camara.
La formation qui a duré trois jours (mardi, mercredi et jeudi) était axée sur le thème : "L’alimentation et la nutrition de la femme enceinte, du nourrisson et de l’enfant, quelle approche et changement de comportement pour une meilleure santé ?".
M. Camara a indiqué que cet atelier de formation a permis de voir ’’comment faire la promotion des bons comportements et surtout lutter contre les mauvais comportements qui sapent le développement nutritionnel de l’enfant’’.
Avec l’avènement de la Covid-19, a-t-il fait observer, "les volontaires du Corps de la paix sont retournés aux Etats unis après 57 ans de service au Sénégal".
Il a rappelé que "ces volontaires américains étaient sur le terrain et faisaient des activités avec les infirmiers, les sages-femmes pour la promotion de la santé dans toute sa diversité".
En leur absence, le "Corps de la paix Sénégal" a changé de stratégie d’interventio, d’où l’importance de la tenue de cet atelier, a expliqué Camara.
"Cette formation (...) devra être réutilisée par ces participants pour ajouter une certaine valeur à leurs actions sur le terrain au bénéfice des communautés", a indiqué l’assistant formateur.
Il a déploré "une résurgence de la malnutrition et d’autres types de maladies au Sénégal" avec la crise sanitaire liée au Covid-19.
Des infirmiers-chefs de poste, des sages-femmes, des relais communautaires et des matrones des régions de Fatick, Thiès, Kaolack, Kaffrine, Louga et Saint-Louis ont pris part à cet atelier de formation.
Ils ont abordé des thèmes relatifs à la bonne nutrition et à l’inter-générationalisation de la malnutrition.
TRAITEMENT DU SIDA, LES ENFANTS, LES AUTRES OUBLIES DES SYSTEMES DE PRISE EN CHARGE
La prise en charge des enfants atteints du Sida est très faible au Sénégal. L’alerte est du Conseil national de lutte contre le Sida, au moment où le monde célèbre aujourd’hui la Journée internationale de lutte contre le Sida.
La prise en charge des enfants atteints du Sida est très faible au Sénégal. L’alerte est du Conseil national de lutte contre le Sida, au moment où le monde célèbre aujourd’hui la Journée internationale de lutte contre le Sida.
C’est aujourd’hui que le monde célèbre le 33ème anniversaire de la Journée mondiale de lutte contre le Sida. Au Sénégal, si des efforts sont réalisés, les résultats de la prise en charge des enfants atteints du Vih restent «très faibles», selon un communiqué du Conseil national de lutte contre le Sida. Par exemple, sur une estimation de 3900 enfants infectés par le Vih, «seulement 1400 enfants ont été testés et traités, et 71% des enfants nés de mère séropositive n’ont pas bénéficié de diagnostic précoce», déplore le Cnls, qui juge «alarmante» la situation des enfants face au virus. L’organe, en charge de la lutte contre le Sida, affiche des chiffres qui font froid dans le dos. «2 enfants sur 3 ne sont pas dépistés et ne bénéficient pas de traitement. Les décès sont 2 fois plus élevés chez les enfants que chez les adultes. Sans traitement, 1 enfant sur 3 risque de ne pas fêter son premier anniversaire», alerte le Cnls.
Au regard de cette situation, la prise en charge des enfants vivant avec le Vih représente une double problématique car, signalent encore les services de Dr Safiétou Thiam Thiam : «Trop peu d’enfants ont accès aux médicaments. Trop d’enfants manquent de moyens pour se rendre à l’hôpital. Trop d’enfants ne prennent pas leurs traitements, parce qu’ils ne mangent pas à leur faim. Trop d’enfants meurent du Sida.» Pour combattre cette injustice, le Cnls a lancé une campagne de mobilisation des fonds pour la prise en charge sociale des enfants, en 2019. Malheureusement, elle a été fortement impactée par la pandémie du Covid-19. La campagne 2021 «takhawou khaléyi», une relance de celle de 2019, sera l’occasion, pour le Cnls et ses partenaires, de mobiliser des ressources afin d’accélérer la prise en charge complète des enfants.
Toutefois, le Sénégal, à l’instar de la communauté internationale, s’inscrit dans la dynamique de mettre fin à l’épidémie du Sida en 2030. A cet effet, le Cnls considère que des «des efforts énormes ont été engagés» et des «résultats encourageants ont été obtenus en 2020». Il s’agit de 87 % des personnes diagnostiquées vivant avec Vih, 89 % d’entre eux ayant reçu une thérapie antirétrovirale (Tarn) et 84,2 % sous Tarv ayant supprimé leur charge virale. Rappelons que c’est depuis 1988 que la communauté internationale célèbre la Journée mondiale de lutte contre le Sida. Célébration à l’échelle internationale, qui a été décidée à l’issue du Sommet mondial des ministres de la Santé sur les programmes de prévention du Sida.
LE PRÉSIDENT SUD-AFRICAIN DÉNONCE UN APARTHEID SANITAIRE
Il a à nouveau jugé "regrettable, injuste et contraire à la science" l'interdiction de voyager en Afrique du Sud et en Afrique australe imposée par un grand nombre de pays, les appelant à revoir "d'urgence" leur position
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a dénoncé jeudi à Abidjan "toute forme d'apartheid sanitaire" dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, en particulier son variant Omicron initialement détecté par son pays qui est depuis en partie isolé du reste du monde.
"Bien que nous respections le droit de chaque pays à prendre des mesures pour protéger sa population, la coopération mondiale et durable dont nous avons besoin pour venir à bout de la pandémie nécessite que nous soyons guidés par la science", a dit M. Ramaphosa à l'issue d'une rencontre avec son homologue ivoirien Alassane Ouattara. L'Afrique du Sud est "fermement opposée à toute forme d'apartheid sanitaire dans la lutte contre la pandémie", a-t-il ajouté. Le président Ramaphosa a affirmé être avec son homologue ivoirien "préoccupé que l'Afrique et le reste du monde en développement continue à se battre (contre la pandémie) en ayant un accès limité aux vaccins si nécessaires pour sauver des vies".
Il a à nouveau jugé "regrettable, injuste et contraire à la science" l'interdiction de voyager en Afrique du Sud et en Afrique australe imposée par un grand nombre de pays, les appelant à revoir "d'urgence" leur position. Il a en outre estimé que cette décision d'isoler son pays était "une gifle à l'expertise et l'excellence africaines", puisque ce sont "nos propres scientifiques qui ont les premiers détecté le variant Omicron". M. Ramaphosa a tenu à remercier Alassane Ouattara d'avoir fait preuve de "solidarité" en permettant que dans ces circonstances, sa visite d'Etat en Côte d'Ivoire - la première d'un président sud-africain depuis l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays en 1992 - puisse se tenir. "Je salue les mesures efficaces que vous avez prises pour lutter contre la pandémie de la Covid-19, ainsi que pour votre engagement en faveur de la vaccination", a de son côté déclaré le président Ouattara.
Il a exprimé sa "solidarité avec le gouvernement et le peuple sud-africains pour cette période difficile marquée par l'apparition du nouveau variant Omicron et l'incompréhension que nous avons notée chez certains pays".
En Afrique du Sud, où a été annoncée l'identification du variant Omicron la semaine dernière, et où moins d'un quart de la population est vaccinée, les autorités ont décrit devant le Parlement une propagation "exponentielle" du virus. Le nouveau variant, manifestement très contagieux, étant déjà dominant. La variant Omicron a pour l'instant été signalé dans quatre pays africains (Afrique du Sud, Ghana, Nigeria, Botswana).
VIH : UNE BAISSE DE PLUS DE 70% DES NOUVELLES INFECTIONS
La secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida fait le point de la lutte contre le VIH/Sida au Sénégal. Si les avancées sont certaines, il y a de nombreux défis, notamment les moyens dans un contexte de COVID-19 et la séro-ignorance
Très engagé, le Sénégal a fait des pas de géant dans la lutte contre le VIH/Sida en obtenant une baisse de 70% des nouvelles infections et étant tout proche des objectifs fixés par l’ONUSIDA en 2020. Mais la pandémie de la COVID-19, dans sa frénésie, est venue freiner ce bel élan. En effet, avant la survenue de la COVID-19, le VIH avait toute l’attention de beaucoup de partenaires financiers, notamment du Fonds Mondial, mais depuis deux ans, le VIH est peu ou prou délaissé au profit du SARS-Cov-2, devenu l’urgence de l’heure. Conséquences immédiates, les ressources qui étaient destinées au Sida, au paludisme et à la tuberculose sont presque toutes réorientées vers la COVID-19. Ce qui crée une tension financière sur le budget de la lutte contre le Sida et qui reste un duo malfaisant avec la tuberculose et de la pression sur les services de santé. Dans cet entretien Exclusif avec Infomed, la Secrétaire Exécutive du Conseil national lutte contre le Sida (CNLS), le Dr Safiatou Thiam, expose la situation : les avancées dans la lutte, les défis, les nouvelles stratégies du Sénégal mais aussi les espoirs. Malgré la COVID-19, elle plaide pour la remobilisation de tous les partenaires autour du VIH et souhaite surtout que la question de la COVID-19 soit résolue. ENTRETIEN
Dr Safiatou Thiam, quelle évaluation faites-vous des différentes stratégies qui ont été mises en œuvre au Sénégal pour freiner la propagation du VIH/Sida ?
Pour comprendre les stratégies mises en œuvre, il faut comprendre la situation du VIH au Sénégal. Toutes les stratégies répondent justement à cette situation. Au Sénégal, nous avons une épidémie qui est concentrée. Elle est basse dans la population générale avec un taux de prévalence de 0,3% mais très élevée dans certains groupes comme le groupe des hommes qui ont des relations avec d’autres hommes (27%). C’est plus de 50 fois le taux de prévalence dans la population générale. Chez les consommateurs de drogue, le taux est au-dessus de 5% et chez les professionnelles du sexe féminin, il tourne autour de 6%.
Cela veut dire qu’il faut une stratégie stratifiée qui cible spécifiquement chacun des groupes ?
Nous avons bâti une stratégie pour contrôler l’épidémie qui consiste à lutter contre de nouvelles infections en travaillant avec les femmes enceintes pour éliminer la transmission mère-enfant, en mettant en place des stratégies pour les groupes que j’ai cités pour, justement, limiter la propagation du VIH. Nous avons également mis en place une stratégie de traitement pour tout le monde : accélérer le dépistage en allant chercher les personnes séropositives de ces groupes qui restent une cible difficile à atteindre. En plus de ces groupes, nous essayons aussi d’aller chercher les personnes intermédiaires. Il s’agit des populations mobiles, les personnes vivant avec un handicap, qui sont aussi les groupes dans lesquels la prévalence peut atteindre jusqu’à 5 fois et même plus que la population générale. Donc notre stratégie est bâtie pour répondre à cette spécificité du VIH au Sénégal.
Depuis des décennies le taux de prévalence au Sénégal était estimé à 0,5% dans la population générale, en l’occurrence chez les 15 à 49 ans. Manifestement, ce taux est en baisse. Quelle est la situation aujourd’hui ?
Le VIH au Sénégal baisse. Nous avons depuis 2005 à maintenant observé une baisse de plus de 70% des nouvelles infections. Le taux de prévalence est également est en baisse. On est parti de 0,7% en 2005 à 0,3% maintenant. Ce qui démontre le plus cette baisse, c’est la situation des nouvelles infections. Ces dernières baissent et le nombre de personnes sous traitement augmente. Donc aujourd’hui, il y a de plus en plus de personnes qui sont sous traitement. Plus de 70% des personnes vivant avec le VIH sont sous traitement. Le grand défi aujourd’hui ce sont ces populations difficiles à atteindre. Il faut les trouver, les dépister et les mettre sous traitement.
Si l’on vous comprend, c’est un plutôt un succès. Qu’est-ce qui a été à la base de ce succès du Sénégal dans la lutte contre cette épidémie?
Je pense qu’il y a beaucoup de facteurs. Le premier, c’est la précocité de la réponse au Sénégal. On a mis en place le programme de lutte contre le Sida dès l’apparition du premier cas. Un autre facteur qui peut expliquer le succès du Sénégal en la matière, c’est l’engagement constant des autorités depuis le début. Ensuite, il y a eu l’engagement des communautés, les associations, les ONG, les religieux, les jeunes et les femmes. D’ailleurs, ils sont encore nostalgiques de cette période de mobilisation. Ils nous disent : «Docteur, avant il y avait une grande mobilisation parce que tout le monde parlait du Sida. C’était une époque où il n’y avait même pas de traitement et il fallait miser sur la mobilisation communautaire pour faire passer les messages. En plus de cette mobilisation, maintenant il y a de l’expertise médicale qui a été mise en place, l’accompagnement des partenaires et toutes les ressources qui ont été mises dans la lutte contre le Sida. Je pense que ce sont tous ces facteurs réunis qui expliquent, effectivement, ce succès dans la lutte contre le Sida au Sénégal.
Il y a un succès, mais la bataille est loin d’être gagnée. Quels sont les défis qui se posent au Sénégal dans la lutte contre le sida ?
Il y a énormément de défis. Le plus grand défi c’est que la riposte au sida au Sénégal est financée à 80% par des ressources extérieures. Ce n’est pas une riposte durable. Il faut qu’on ait une riposte qui repose sur des ressources nationales pour pouvoir parler de succès à ce niveau. Nous analysons finement nos résultats. Ils sont certes bons chez les adultes mais chez les enfants, l’accès au traitement reste faible. Il n’y a que la moitié des enfants qui devraient être soignés qui sont aujourd’hui sous traitement. Donc il y a beaucoup de choses à faire sur ce plan. Nous avons aussi remarqué la baisse des nouvelles infections partout sauf dans la tranche d’âge des 19-24 ans, c’est à dire les jeunes. Donc il y a la remobilisation à ce niveau. C’est pourquoi cette année, nous avons placé la journée mondiale de lutte contre le Sida sous le sceau des jeunes pour un peu remobiliser les jeunes et peut-être réapprendre avec les jeunes comment parler aux jeunes pour prévenir la transmission. En d’autres termes, il s’agit de développer des services de prévention qui répondent réellement aux besoins des jeunes parce que les jeunes manquent de connaissance.
L’information pourtant est aujourd’hui plus accessible qu’elle ne l’était 20 ou 30 ans plus tôt grâce à l’avènement d’Internet.
Quand nous faisions nos études chez les jeunes, nous constatons que les connaissances sont faibles chez les jeunes, notamment jeunes filles, ou c’est encore plus faible. Donc il y a des efforts à faire chez les jeunes filles et les jeunes hommes. L’autre défi le plus important c’est un environnement favorable pour travailler avec des populations. Dans le contexte culturel de nos pays africains, ce n’est pas facile de mettre en place un service pour les homosexuels, pour les toxicomanes ou pour les professionnelles du sexe. Cela pose la problématique du respect des droits de ces personnes, du respect du droit à la santé pour tous pour que ces personnes puissent avoir confiance en nos services, venir se faire dépister et se faire soigner quand ils en ont besoin.
Le Sénégal connaît une baisse de 70% de nouvelles infections comme vous l’avez mentionné. Peut-on dire que globalement les gens sont de plus en plus conscients de l’existence du VIH/Sida et du coup, font attention pour ne pas s’infecter ?
Je ne peux pas dire cela parce que la population est vraiment très large et diverse. Mais je pense que la communication positive qu’on fait pour montrer que le VIH est une maladie qui peut se soigner même si on ne peut pas guérir définitivement, a rassuré les personnes qui se sont traitées. On a découvert que le traitement empêche la transmission du Sida. Quand on prend ses médicaments, on peut avoir une bonne espérance de vie. Nous avons beaucoup travaillé pour que les gens aient accès à ce traitement. Je pense que c’est ça qui a fait que la transmission a reculé. Il faut continuer à travailler sur l’information et la communication à l’endroit des populations en général.
D’aucuns pensent que si le paludisme a longtemps fait des victimes sans qu’un vaccin ne fût trouvé plus tôt, si ce n’est récemment, cela est dû au fait que c’est plus en Afrique que cette maladie sévit. Peut-on faire la même réflexion à l’endroit du VIH ?
On ne peut pas dire que la communauté internationale ne s’est pas mobilisée contre le Sida. Je pense qu’avant la COVID-19, c’est la maladie pour laquelle le monde s’est le plus mobilisé. C’est aussi une maladie pour laquelle le monde a le plus mobilisé de ressources et justement, c’est cette mobilisation autour du VIH qui a permis de mettre en place le Fonds mondial. En mettant en place le Fonds mondial, on s’est dit que le VIH non seulement tue, mais est aussi lié à la tuberculose. Donc on a inclus la tuberculose dans ce Fonds. Le VIH et la tuberculose tuent certes, mais en Afrique c’est plus le paludisme qui tue. Aujourd’hui, le Fonds Mondial est le plus grand instrument de financement qui existe dans le monde pour financer la lutte contre ces trois maladies. Par conséquent, la mobilisation contre le VIH n’avait jamais faiblit jusqu’à l’avènement de la COVID-19, où les priorités ont été réorientées vers le SARS-Cov_2. C’était une urgence comme au début du VIH qui faisait peur à tout le monde.
Justement, on imagine que vous acteurs de la lutte contre le Sida avez été soudainement sevrés avec l’avènement de la COVID qui probablement aspire une bonne partie des ressources. C’est bien cela ?
Effectivement, les ressources qui étaient mobilisées ont été réorientées vers la COVDI-19. Le risque est toujours là. C’est pourquoi il faut régler rapidement le problème de la COVID-19, surtout que c’est une maladie aiguë, un virus plus facile à gérer que le virus du VIH. Pour le paludisme comme pour le VIH surtout, il y a eu beaucoup d’investissements dans la recherche. Au moins une vingtaine d’essais cliniques sont en cours pour trouver un vaccin. Justement cette technique d’ARN messager qu’on utilise aujourd’hui pour la COVID-19 est en train d’être étudiée pour qu’elle puisse être utilisée éventuellement dans le cadre du VIH. Il faut comprendre que le virus SARS-Cov-2 est différent du virus du VIH. Le virus du VIH est un virus qui mute régulièrement. Il y a de milliers de virus du VIH. C’est ça qui rend difficile la mise au point d’un vaccin. Il y a toutefois des candidats vaccins qui sont prometteurs. On espère que si la mobilisation ne faiblit pas on va continuer à soutenir la recherche pour avoir un vaccin contre le VIH.
Dr Thiam pour être plus directe, y-a-t-il de la tension dans votre trésorerie parce que la COVID-19, urgence de l’heure, a capté tous les fonds ?
Nous avons effectivement eu des tensions parce que des ressources ont été reprogrammées pour la COVID-19. Déjà, on n’a pas toutes les ressources dont nous avons besoin pour lutter contre le Sida. Nos besoins sont couverts à peut-être 60%. Ce que nous avions comme budget, n’est pas suffisant. On est même en train de vouloir définir des priorités pour voir ce qu’on fait et ce qu’on ne fait pas. En ce moment, il y a la COVID-19 or nous puisons tous à la même source. Ceux qui financent le VIH ce sont eux qui financent la COVID-19, même les gouvernements. Donc nous avons reçu moins de ressources même si le Fonds mondial a mobilisé des ressources dans le cadre de son programme C19RM. Donc ce sont des ressources qui étaient là pour les 3 maladies qu’on a été obligé de réorienter vers la COVID-19. Donc effectivement la COVID-19 va créer des tensions financières, mais aussi au niveau des services de santé. C’est surtout le plus important parce que les services qui vont prendre en charge les patients du VIH, de la tuberculose et du paludisme, ce sont les mêmes qui vont prendre en charge les malades de la COVID-19. Et comme la COVID-19 est beaucoup plus urgente, les prestataires sont orientés vers cette urgence. Ces trois maladies qui étaient prises en charge ajoutées à la COVID-19, ça pèse davantage sur le système de santé.
La stigmatisation des personnes vivant avec le VIH est une réalité. Comment votre structure combat cette injustice ?
Nous développons avec les associations des personnes vivant avec le VIH des activités de sensibilisation. Nous les poussons également à sortir pour donner un visage humain au VIH parce que souvent ceux qui stigmatisent les personnes infectées c’est parce qu’ils ne connaissent pas de personnes vivant avec le VIH dans leur environnement. Les gens ont gardé en tête l’image de personnes rachitiques -les premières images des personnes vivant avec le VIH-qu’on montrait et qui représentaient les personnes vivant avec le VIH. Aujourd’hui, les personnes vivant avec le VIH/Sida ont une vie normale, ont leur famille, leur travail. Mais elles ne sortent pas assez pour montrer qu’elles ont une vie normale. Donc sur ce plan, ça reste un peu surtout dans nos pays où on a de faibles prévalences. Quand on va dans d’autres pays où le taux de prévalence est très élevé, où tout le monde connaît une personne qui a le VIH comme en Ouganda, il y a moins de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH/Sida.
Mais ici il y a très peu de personnes qui s’affichent. C’est une personne par génération qui accepte de dire devant le grand public, à la télé qu’elle vit avec le VIH. Donc il y a une auto-stigmatisation des personnes vivant avec le VIH. En ce qui concerne la discrimination, on y a travaillé, Le Sénégal a voté une loi qui protège les personnes vivant avec le VIH/Sida. On ne peut pas les discriminer dans le travail. Beaucoup d’efforts qui ont été faits. Mais je pense que ce combat, ce sont les personnes vivant avec le VIH elles-mêmes qui peuvent le gagner.
Il y a une nouvelle stratégie de prévention qui est la prophylaxie-pré-exposition. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste-t-elle ?
La prophylaxie préexposition ou la Prep, c’est le fait de donner des médicaments à une personne séronégative pour que cette personne ne contracte pas le VIH. Je donne un exemple, on peut avoir un couple ou l’un des conjoints est séropositif. Ils veulent avoir des enfants et décident donc ne pas utiliser le préservatif. On donne ce médicament à la personne séronégative. C’est comme s’il y a une clé qui ferme la serrure où le VIH peut passer pour rentrer chez ce conjoint ou cette conjointe. Comme ça, elle ne va pas contracter le VIH.
Cela veut dire que cette stratégie de ne concerne que les couples ?
Oui, c’est aussi les personnes qui vont prendre le risque, je veux dire les couples établis. De toutes les façons, pour qu’il y ait transmission, il faut que le couple se forme même si c’est de façon éphémère. Donc il y a des personnes qui sont sûres qu’elles prennent des risques. C’est le cas d’un couple qui n’est pas forcément marié. Une personne qui sort avec quelqu’un ou qui fréquente des personnes à risques, se sait à risques, donc elle peut venir demander ce traitement pour se protéger contre le VIH. Nous pensons qu’en combinant le traitement des personnes séropositives et celui des personnes séronégatives qui prennent des risques, on peut arrêter la transmission du VIH. Un autre exemple de cette prophylaxie ce sont les enfants qui naissent de mères séropositives. L’enfant on n’a pas encore son statut, mais il faut qu’on commence tout de suite son traitement. C’est quelque chose qu’on a l’habitude de faire, même si on ne l’appelait pas PreP. C’est un peu comme un vaccin oral aussi. Donc tu prends un comprimé tous les mois et tu peux ne pas contacter le VIH.
Où en est le Sénégal avec l’étape intermédiaire des trois 90%, pilier central vers le cap fixé par l’ONUSIDA visant à mettre fin à l’épidémie du Sida d’ici 2030 ?
En 2020, l’ONUSIDA a estimé qu’on peut mettre fin à l’épidémie du Sida à l’horizon 2030. Mais on ne va pas attendre l’échéance pour faire l’évaluation. On s’est dit qu’on se fixe des étapes, des fenêtres d’opportunités. Ce sont ces fenêtres d’opportunités que traduisent les trois 90% auxquels vous faites allusion. La Covid-19 est même venue chambouler un peu cela. L’objectif c’est que 90% des personnes séropositives soient dépistées et connaissent leur statut sérologique. Sur ces 90% de personnes séropositives, les 90% devraient prendre le traitement ARV (Ndlr : Antirétroviral) et sur les 90% qui prennent des ARV, les 90% devraient avoir une charge virale indétectable, c’est à dire qu’ils ne devraient plus transmettre le VIH. Ce sont les trois 90%, objectifs intermédiaires, que l’ONUSIDA avait fixé et qui ont d’ailleurs été révisés en trois 95% d’ici 2025. Nous pensons que si on arrive à traiter 95% des personnes, on arrêterait la transmission du VIH.
Peut-on dire que le Sénégal est sur la bonne voie?
Au Sénégal, sur les trois 90%, nous nous sommes respectivement à 85, 89 et 84. Nous pensions atteindre au moins les 2 derniers 90% parce que c’est la mise sous traitement de toutes les personnes dépistées. On les met sous traitement sans attendre. Pour le deuxième 90%, nous sommes à 89% de l’objectif. Pour le troisième 90%, c’est renforcer le système de laboratoire pour pouvoir tester les personnes sous traitement et démontrer qu’elles ne transmettent plus le VIH parce qu’elles ont une charge indétectable. Mais pour le premier 90%, nous sommes à 85%. C’est le plus difficile parce qu’il s’agit d’aller chercher des personnes qui sont chez elles et qui n’ont peut-être pas décidé de faire le dépistage du VIH parce qu’elles ne se sentent pas encore malades. Elles prennent des risques de manière conscientes ou pas, mais n’ont pas envie qu’on découvre pourquoi elles sont à risque.
Alors qu’on ne peut rien leur imposer non plus…
C’est tellement complexe qu’il faut qu’on fasse justement des efforts pour aller chercher ces personnes et faut les chercher parmi les populations-clés, leurs partenaires féminins ou masculins et leurs enfants. Il nous faut développer vraiment des stratégies différenciées en direction de ces populations pour pouvoir les dépister et les mettre sous traitement.
En 2019, l’ex- directrice de l’Institut de Santé et Développement, (Ised), le Professeur Anta Tal Dia, s’est émue de ce que le taux de prévalence soit passé de 18 à 20 % chez les homosexuels alors que l’utilisation du préservatif a augmenté. Est-ce que le CNLS a trouvé la réponse à ce paradoxe ?
Il faut voir dans quel groupe l’utilisation du préservatif a augmenté. Si on prend l’utilisation du préservatif de manière générale, on l’utilise pour la double protection pour se protéger des infections dont le VIH mais aussi contre les grosses non désirées. Donc ce sera difficile de comparer l’utilisation de préservatifs chez les homosexuels. Justement nous, nous avons remarqué que dans ce groupe-là, ce sont les jeunes qui sont le plus à risques. Il s’agit des jeunes qui démarrent leur vie affective qui n’ont pas beaucoup d’informations, qui peut-être connaissent le préservatif mais ne l’utilisent pas correctement. En tout cas, nous savons qu‘il y a beaucoup de risques pris au sein de cette population. Je pense que ce sont tous ces comportements dont la non utilisation du préservatif qui les exposent. C’est clair quand une personne utilise le préservatif, normalement cette personne ne contracte pas le VIH.
Votre dernier mot Dr Safiatou Thiam
Le VIH est un problème qui n’est pas encore fini. Nous avions franchi de grandes étapes mais la COVID-19 est venu remettre en question tout ce qui avait été fait comme avancées. Aujourd’hui, il faut remobiliser tout le monde, remobiliser les communautés, la communauté internationale, les chercheurs sur la lutte contre les maladies de manière générale, sur la lutte contre les épidémies. La Covid-19 nous a creusé les inégalités. Elle nous a enseigné que le grand challenge c’est d’avoir un système sanitaire fort pour toutes les urgences sanitaires. Donc, il faut faire énormément d’efforts pour renforcer les systèmes de santé dans nos pays, il faut protéger les communautés et s’occuper de la santé de tout le monde, ne laisser personne sur le bord du chemin. C’est la meilleure façon de lutter contre les inégalités en santé et c’est aussi la meilleure manière de réussir la lutte contre le Sida.
Entretien réalisé par Frédéric ATAYODI
APPARITION D’UN NOUVEAU VARIANT «OMICRON», LES AUTORITES SANITAIRES SENEGALAISES EN ALERTE MAXIMALE
Le Pr Ndèye Coumba Touré Kane a livré toutes les informations utiles sur le variant «Omicron»
Le Comité national de gestion des épidémies (CnGe) s’est réuni le 29 novembre dernier pour étudier le nouveau variant de la Covid-19, «omicron», apparu en Afrique du sud et qui se répand actuellement dans le monde. Cette rencontre a permis de partager les informations disponibles sur ce cinquième variant et de mettre en alerte les professionnels de la santé ainsi que tous les services impliqués dans la lutte contre l’épidémie dans le pays.
Les autorités sanitaires sénégalaises sont en état d’alerte maximale. Elles prennent très au sérieux le cinquième variant de la Covid-19 dénommé «Omicron». Elles se sont réunies lundi dernier pour se préparer à toute éventualité. A l’occasion, le Pr Ndèye Coumba Touré Kane a livré toutes les informations utiles sur le variant «Omicron». La virologue et recteur de l’université du Sine Saloum a ainsi indiqué que ce cinquième variant, «hyper muté» et particulièrement virulent, est classé «préoccupant» par l’Organisation mondiale de la Santé. Il est apparu en Afrique du Sud, dans la région de Johannesburg, aux alentours du 10 novembre avant d’être dévoilé le 24 novembre par l’institut de recherche de Krisp en Afrique du Sud, ajoute-t-elle.
A l’en croire, son nombre de mutations est “extrêmement élevé” et préoccupant : pas moins d’une trentaine, contre deux pour le variant Delta. «Il comporte des mutations peu détectées à ce jour. Les effets potentiels de chacune de ces mutations mais également de leurs effets combinés sont à l’étude», lit-on dans la présentation de la virologue. Elle ajoute que le variant «Omicron» a une capacité de transmission accrue et le pouvoir d’échapper au système immunitaire. Au 28 novembre 2021, d’après le document de Pr Ndèye Coumba Touré Kane dont «L’’AS» détient une copie, le variant Omicron a été détecté dans les pays suivants : «59 cas dans la province de Gauteng (Johannesburg) en Afrique du Sud ; 6 cas au Botswana ; 1 cas àHong Kong (voyageur avec antécédent de voyage en Afrique du Sud) ; 1 cas importé en Israël de retour du Malawi ; 1 cas en Belgique ; 2 cas en Allemagne ; 13 cas aux Pays-Bas ; 2 cas en Italie ; 1 cas au Royaume-Uni, ... »
EFFICACITE DU VACCIN SUR OMICRON : LES RÉSULTATS DES ETUDES CONNUS DANS QUELQUES JOURS
Pour ce qui est de sa symptomatologie, il n’est pas remarqué une perte de goût ou d’odorat. Par contre, selon toujours Pr Ndèye Coumba Touré Kane, il présente le symptôme régulier des malades du Covid-19, notamment une légère toux chez certaines personnes touchées par le variant Omicron en précisant que les formes graves pourraient survenir chez les patients vulnérables, surtout non vaccinées. Elle renseigne dans la foulée que le nombre de cas détectés et le pourcentage de tests positifs augmentent rapidement et qu’il est à craindre une nouvelle vague de malades dans les prochains jours ou prochaines semaines. Concernant l’efficacité des vaccins existants contre cette nouvelle forme du virus, elle n’est pas encore établie.
Pr Ndèye Coumba Touré Kane informe que les firmes «Pfizer/BioNTechN», «Moderna» et «J&J» sont en train de tester l’efficacité du vaccin sur Omicron et que les résultats des études vont sortir d’ici quelques jours. La virologue n’a pas manqué par ailleurs de formuler une kyrielle de recommandations afin de se préparer à toute éventualité. Ainsi le Pr Ndèye Coumba Touré Kane a préconisé le renforcement de la surveillance et la détection des cas. Sur ce, elle demande d’accroître le contrôle aux frontières et en particulier des voyageurs entrants (Pass vaccinal + test PCR négatif).
En plus de cela, elle appelle à informer les populations et le personnel de santé sur le nouveau variant, sa contagiosité, et la nécessité de renforcer les mesures barrières. D’un point de vue purement sanitaire, elle appelle à la surveillance moléculaire par les Labos de référence, le séquençage et le PCR de criblage. Toujours dans ses recommandations, la virologue et recteur de l’université du Sine Saloum estime qu’il faut d’ores et déjà élaborer un plan de préparation pour faire face à une éventuelle 4ème vague en incluant une pénétration du variant Omicron dans le pays. « Il faut Intensifier la vaccination en incluant les jeunes cibles jeunes et enfants (plus de 13 ans, les personnes avec comorbidités etc.)», soutient-elle.
Non sans s’interroger sur la nécessité de recommander une 3ème dose dans un contexte de couverture en 1ère dose faible. Elle préconise aussi de mettre en œuvre un plan de communication pour accélérer la vaccination en faisant participer les communautés : «unités mobiles de vaccination et stratégie ciblée dans les quartiers, étudiants, entreprises, les marches, les lieux de culte, les stades, gares routières et saisir toute opportunité pour expliquer, inciter, convaincre les populations, voir couplage avec PEV ... »
LE VIH/SIDA GAGNE DU TERRAIN A ZIGUINCHOR
La situation du Vih/Sida reste toujours préoccupante dans la région de Ziguinchor qui présente un taux de prévalence de 1,5%
La situation du Vih/Sida reste toujours préoccupante dans la région de Ziguinchor qui présente un taux de prévalence de 1,5%. Des chiffres en hausse comparés aux dernières statistiques qui tournaient autour d’un taux de prévalence de 1,0 %. La position géographique de la Région-Carrefour appliquée aux réalités culturelles reste des facteurs de vulnérabilité qui exposent la région au Vih/Sida.» On a constaté une hausse du taux de prévalence malgré les efforts effectués dans la croisade contre cette maladie. De 1,0%, la région est passée à 1,5 % depuis 2017.
Comparé à la moyenne nationale le taux reste élevé. «La situation d’une région-carrefour avec une forte mobilité des populations venant des pays limitrophes exposée la région», a déclaré le point focal VIH/Sida du Cnls à la région médicale de Ziguinchor qui évoque également des «considérations culturelles» dans cette hausse du taux. La situation est encore beaucoup plus préoccupante chez les professionnels du sexe avec un taux de prévalence qui tourne autour de 6%. De quoi inquiéter sérieusement dans cette région où certains affichent leur réticence au dépistage. «Multiplier la sensibilisation et accentuer la prévention», c’est le plaidoyer de Mme Gueye qui déplore de nombreuses pertes de vie.
La région touchée par le VIH/Sida semble affichée une indifférence du moins pour certaines populations en particulier les hommes qui rechignent à se faire dépister prétextant et s’appuyant sur le statut sérologique de leur épouse. «Le mari pense qu’il a le même statut sérologique que sa femme enceinte qui est dépistée (…)», martèle Mme Gueye qui prépare avec la plus grande sobriété cette journée mondiale de lutte contre le sida prévue ce 1er décembre.
FERMETURE DES FRONTIERES AVEC L’AFRIQUE DU SUD A CAUSE DE LA COVID-19, MACKY SALL DIT NIET
Suite à la détection du nouveau variant Omicron, beaucoup de pays ont fermé leurs frontières avec l’Afrique Sud. Mais hier, le Président Macky Sall a annoncé au dirigeant Sud-Africain, Cyril Ramaphosa, que ses homologues africains et lui ne vont pas suivre cette mouvance.
Le dimanche 28 novembre dernier, le Président d’Afrique du Sud Cyril Ramaphosa avait demandé aux pays ayant imposé des restrictions de voyage aux Sud-Africains, après la détection d’un nouveau variant du coronavirus dans son pays, de les lever de façon «immédiate et urgente». Mais son appel est jusque-là tombé dans l’oreille d’un sourd. Cependant, le dirigeant de la nation arc-en-ciel peut compter sur le chef d’Etat sénégalais Macky Sall et ses autres homologues africains.
Lors de son intervention à la suite du discours prononcé par Cyril Ramaphosa à l’ouverture du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC) hier, le locataire du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor a annoncé que «l’Afrique ne fermera pas ses portes à Afrique du Sud et à l’Afrique australe». Invitant ainsi les Etats africains à être vigilants relativement au respect des mesures barrières, il a estimé que les frontières du continent ne doivent pas être fermées à des pays comme l’Afrique du Sud. Depuis quelques jours, l’Afrique du Sud se retrouve au cœur de la tempête de l’épidémie du Covid-19, à cause du variant Omicron. Ce nouveau variant a été classé «préoccupant» par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui a pourtant dé- conseillé les restrictions sur les voyages, estimant qu’il faudra «plusieurs semaines» pour comprendre la virulence d’Omicron.
L’organisation a appelé dimanche à ce que «les frontières restent ouvertes», se tenant «aux côtés des pays africains». L’Oms a également appelé les dirigeants du monde entier à « adopter une approche scientifique », basée sur «l’évaluation des risques» avant de décider de nouvelles restrictions.
Pour la deuxième fois depuis le début de la pandémie, l’Afrique du Sud est le berceau d’un variant extrêmement contagieux. Pour la plupart des scientifiques, l’une des explications résiderait dans le faible taux de vaccination. Seulement 24,1% des Sud-africains sont vaccinés. Parmi les catégories de population appelées à se faire vacciner, il y a notamment les jeunes. Ils seraient parmi les plus touchés par le nouveau variant.
«LA MISE EN PLACE D’INTERDICTIONS DE VOYAGE VISANT L’AFRIQUE CONSTITUE UNE ATTAQUE DE LA SOLIDARITE MONDIALE»
Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS
Après que de nombreux Etats ont imposé des interdictions de vols à destination des pays d’Afrique australe en raison des inquiétudes suscitées par le nouveau variant du coronavirus (Omicron), l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) a appelé les pays à agir conformément à la science et au Règlement sanitaire international (2005) en laissant les frontières ouvertes
«Maintenant que le variant Omicron est présent dans plusieurs régions du monde, la mise en place d’interdictions de voyage visant l’Afrique constitue une attaque de la solidarité mondiale», a fulminé la Directrice régionale de l’Oms pour l’Afrique. Selon Dr Matshidiso Moeti visiblement très amère, «la Covid-19 profite continuellement de nos divergences. «Nous ne prendrons le dessus sur le virus que si nous travaillons ensemble sur les solutions», a soutenu Dr Matshidiso Moeti qui estime que les restrictions de voyage «pourraient contribuer à réduire légèrement la propagation de la Covid-19», mais elles «font peser un lourd fardeau sur les vies et les moyens de subsistance».
Si des restrictions sont mises en place, elles ne devraient pas être inutilement invasives et intrusives, d’après la Directrice régionale de l’Oms pour l’Afrique. C’est pourquoi elle souhaite que ces restrictions soient basées sur la science et le Règlement sanitaire international qui est un instrument juridiquement contraignant de droit international reconnu par plus de 190 pays. «L’Afrique du Sud a suivi le Règlement sanitaire international et, dès que son laboratoire national a identifié le variant Omicron, elle en a informé l’Oms le 24 novembre », renseigne le Bureau Afrique de l’agence sanitaire mondiale. Et celui d’ajouter que «la rapidité et la transparence avec lesquelles les gouvernements d’Afrique du Sud et du Botswana ont informé le monde de ce nouveau variant sont à saluer».
Ainsi, la directrice du Bureau régional de l’Oms pour l’Afrique informe que l’agence onusienne en charge de la santé se tient aux côtés des pays africains qui ont eu le courage de partager ces informations de santé publique, susceptibles de sauver des vies, en aidant ainsi à protéger le monde contre la propagation de la Covid-19. Alors que les investigations sur le variant Omicron continuent, l’Oms recommande aux pays d’adopter une approche scientifique s’appuyant sur l’évaluation des risques et de mettre en place des mesures qui peuvent limiter sa propagation éventuelle. Des interdictions de vols ont été imposées aux pays d’Afrique australe, mais seulement deux pays ont jusqu’à présent détecté le nouveau variant. Dans le même temps, des pays d’autres régions ont signalé des cas d’Omicron.
30% DES SENEGALAIS HYPERTENDUS SELON HEALTHY HEART AFRICA
Près de 30% des Sénégalais souffrent d’hypertension artérielle (HPA) et plus de la moitié des cas ne sont pas traités
Arfang Saloum SANE correspondant à Rufisque |
Publication 30/11/2021
Près de 30% des Sénégalais souffrent d’hypertension artérielle (HPA) et plus de la moitié des cas ne sont pas traités. L’alerte est de Healthy heart africa (Hha), un programme initié par AstraZeneca pour lutter contre l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires en Afrique.
« Au Sénégal, près de 30 % de la population sont atteints d’hypertension, la plupart du temps non traitée, avec un taux de contrôle de seulement 8 % », peut-on lire dans un document remis à la presse. Lors du lancement de ce programme à Sicap Mbao, les responsables de ladite structure ont annoncé que 42 % de tous les décès au Sénégal sont causés par des maladies non transmissibles. Une estimation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui nécessite de corser la sensibilisation. D’autant plus que non traitée, l’hypertension artérielle peut engendrer des complications telles qu’une crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral (AVC) ou une insuffisance cardiaque, a par ailleurs mis en garde HHA.
D’ailleurs, un mémorandum a été signé entre AstraZeneca et le ministère de la Santé et de l’Action sociale au mois de juin. Un accord qui place ainsi le Sénégal comme le 7ème pays africain ayant abrité le programme. « Notre approche des soins de santé primaires a toujours été centrée sur les personnes et guidée par les données. Nous utiliserons cette approche pour notre déploiement au Sénégal, afin d’atteindre les personnes là où elles vivent et travaillent, et de les diriger vers des soins de qualité pour l’hypertension, conformément à notre mission de réduction des inégalités en matière de santé », a relevé Aminatou Sar, directrice Hub Afrique de l’Ouest et Sénégal à PATH (structure ayant mis en œuvre le projet au Sénégal). « L’objectif du programme est de contribuer à la prévention et au contrôle des maladies cardiovasculaires dans le pays, en portant une attention particulière à l’hypertension », a-t-elle expliqué, indiquant par la même occasion que le programme va être déployé dans les régions de Dakar, Thiès et Saint-Louis.
Depuis son lancement au Kenya en 2014, HHA a formé plus de 8 500 professionnels de la santé à l’éducation. Une démarche qui vise à assurer l’éducation et la sensibilisation, le dépistage et le traitement de l’hypertension au renforcement des systèmes de santé grâce à la formation des prestataires de soins. Le document qui a donné ces précisions a révélé en outre qu’il a mis en marche 900 établissements de santé en Afrique pour fournir des services d’hypertension et identifié 4,1 millions de lectures de pression artérielle élevée. Pour une meilleure efficience, le programme va contribuer au renforcement des systèmes de santé grâce à la formation des prestataires de soins. Des centaines de personnes ont été dépistées à l’HTA et au diabète à la cérémonie de lancement du programme présidé par le conseiller technique 2 du ministère de la Santé Dr Malick Ndiaye et la représentante de HHA Barbara Neil.