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18 novembre 2024
par Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle
LES PROJECTIONS IMPOSSIBLES DU FMI CONCERNANT L’INflATION AU SÉNÉGAL
Des taux impossibles sont avancés pour 2025 et 2026, sans aucun fondement logique ou historique. Cette situation est d'autant plus préoccupante que le pays s'apprête à négocier un nouveau programme avec l'institution.
Financial Afrik |
Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle |
Publication 05/11/2024
Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment lancé en grande pompe ses Perspectives del’économie mondiale (World Economic Outlook en Anglais, WEO) à Washington. Compte tenu de l’influence majeure que cette institution exerce en matière de formulation des politiques publiques dans la plupart des pays du monde, il est important d’être vigilant quant à la qualité de ses analyses.
En effet, comme nous le savons tous, les vies de milliards de personnes sont affectées par les programmes du FMI et les conditionnalités et prescriptions politiques qui y sont attachées. Les erreurs d’analyse du FMI peuvent donc avoir des conséquences dévastatrices.
Au Sénégal, le FMI est revenu au devant de l’actualité à la faveur des débats en cours sur les finances publiques du pays. Un nouveau programme est en train d’être négocié avec les autorités sénégalaises.
Dans ce court article, nous souhaitons attirer l’attention sur les erreurs grossières dans les projections du FMI pour le Sénégal, notamment en ce qui concerne l’inflation.
Comme le montre la base de données du WEO, le FMI prévoit un taux d’inflation moyen d’environ 2 % chaque année entre 2025 et 2029. Ces estimations sont globalement conformes à la version d’avril 2024 du WEO (voir figure 1), bien qu’elles puissent être considérées comme optimistes pour la période 2024-2026, compte tenu de la réduction attendue des subventions à l’énergie. Jusque-là, tout va bien.
Cependant, les récentes projections du FMI concernant l’inflation en fin de période sont tout simplement impossibles. Le WEO d’octobre 2024 prévoit une inflation en fin de période (ou sur 12 mois) de -13,4 % en 2025 et de 41,9 % en 2026 (voir figure 2).
Ces projections ne reposent sur aucune base logique ou factuelle. Elles contredisent même les propres projections du FMI concernant l’inflation annuelle moyenne pour les années 2025 et 2026. La seule fois où l’inflation en fin de période a atteint plus de 20 %, c’était en 1994, l’année où le franc CFA a été dévalué de 50 % par rapport au franc français. L’inflation de fin de période s’est élevée à 37,5 % au cours de cette année exceptionnelle (voir figure 3). Et même alors, le taux d’inflation de fin de période de l’année précédente, c’est à dire 1993, n’était certainement pas un nombre négatif au-delà de 10 %.
Des erreurs aussi flagrantes de la part du FMI pour le Sénégal, dans son analyse la plus récente et la plus en vue, sont très préoccupantes si, comme c’est souvent le cas, elles constituent la partie émergée de l’iceberg en termes d’erreurs ailleurs dans les projections du FMI dans lesquelles ces chiffres sont incorporés.
Dans ce cas, il existe un risque évident d’imposer au Sénégal des conditionnalités inappropriées. Et il ne s’agit pas d’un risque théorique. Des erreurs dans les conditionnalités résultant d’erreurs de calcul du FMI ont été constatées récemment dans d’autres programmes du FMI en Afrique, y compris dans la dernière revue du programme du FMI pour le Kenya. Là, non seulement les projections d’inflation du FMI en fin de période pour 2024 sont tout simplement impossibles, mais en plus, ses projections en ce qui concerne la dette publique ne parviennent pas à réconcilier les flux fiscaux (emprunts) avec les stocks fiscaux (dette).
Il est essentiel, ne serait-ce que par respect pour la souveraineté de ses pays membres, que le FMI s’assure que ses projections répondent aux normes professionnelles les plus élevées. Dans le cas des projections d’inflation au Sénégal, à l’heure actuelle, cette exigence n’est tout simplement – et manifestement – pas respectée.
Ndongo Samba Sylla est économiste sénégalais, Directeur de Recherche à l’International Development Economics Associates (IDEAs).
Peter Doyle est économiste américain, ancien cadre du FMI et de la Banque d’Angleterre.
LA LD DEBOUT FAIT CAVALIER SEUL
Le parti a décidé de ne pas s’aligner sur les forces politiques traditionnelles pour les législatives, privilégiant une position neutre afin de construire une « troisième voie » tournée vers la démocratie et la justice sociale
La Ligue Démocratique Debout trace sa propre voie dans le paysage politique sénégalais. Réuni ce 2 novembre 2024, son Bureau Politique a pris la décision majeure de rester neutre lors des législatives du 17 novembre. Le parti entend ainsi poser les jalons d'une "troisième voie" politique au Sénégal.
"Le Bureau Politique de la LD Debout s'est réuni le samedi 02 Novembre 2024 autour d'un seul point à son ordre du jour : "Position du parti pour les élections législatives du 17 Novembre 2024".
Au titre de la participation, cette session a enregistré la présence des membres du Secrétariat Exécutif National, des délégués des fédérations départementales, des organisations des Cadres, des Femmes, des Jeunes et des représentants des Ainés.
Après l'introduction du Secrétaire Général, le camarade Pape Sarr, le Bureau Politique a entendu tour à tour d'importantes communications présentées par le camarade Abdoulaye Bathily Jr. sur l’évolution des alliances électorales du parti, et, à titre d’information, par le camarade Daouda Faye sur le programme de repositionnement et d’élargissement des bases du parti. Le camarade Bathily Jr. a en particulier rappelé la décision du Secrétariat Exécutif National du parti actant le départ de la LD Debout de la coalition Sam Sa Kaddu, à l’issue de la création d’une inter-coalition avec la coalition Takku Wallu dirigée par l’ancien président Macky Sall.
Suite à ces introductions, des échanges riches se sont tenus sur la position du parti pour les élections législatives de Novembre 2024. Les camarades du BP se sont félicités de la décision du Secrétariat Exécutif National de refus d’une association du parti avec l’ancien régime et ont exprimé leurs différents avis sur les options du parti relatives à ces élections. A l’issue des débats, la position majoritaire est que la LD Debout adopte une position de neutralité tout en restant vigilante et engagée pour la tenue d’une élection libre, démocratique, transparente et apaisée.
Pour le Bureau politique, l’absence de visibilité sur les intentions du régime actuel, notamment sur les réformes fondamentales nécessaires à la consolidation de la démocratie, de l’état de droit et de la bonne gouvernance ne permet pas au parti de lui apporter son soutien. Dans le même temps, le Bureau politique considère que les franges les plus significatives de l’opposition actuelle se sont organisées sur des bases rétrogrades qui ne peuvent en aucun assurer cette nécessaire refondation nationale. Fort de cela, et convaincu que les attentes de la grande majorité de notre peuple dépassent largement l’offre politique qui leur est actuellement faite, le Bureau politique, par cette décision de neutralité inhabituelle pour le parti, affirme l’option stratégique du parti de travailler à la construction d’une véritable troisième voie. Cette troisième voie devra ainsi être construite avec des forces politiques et citoyennes réellement convaincues de la nécessité de l’application des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la CNRI.
Cette voie alternative reste ouverte à tous les Sénégalais qui aspirent à une autre façon de faire de la politique, celle de la confrontation des idées et des projets de société, à la place de l’invective et des scènes de violences, pour une nouvelle méthode de faire la politique, qui a à cœur l’intérêt général du Sénégal et des Sénégalais, et non plus des chocs d’ambitions personnelles ou d’intérêts partisans.
A cet égard, le Bureau politique invite le Secrétariat Exécutif National à finaliser dans les meilleurs délais le plan stratégique du projet de construction d’un nouveau grand parti de rassemblement capable de porter en triomphe cette « alternative de la troisième voie ».
Le stratagème de Sonko pour récupérer les chefs de famille APR est à présent clair. D'abord, annoncer une grande battue des pilleurs de la République. Ensuite, interdire de sortie du territoire tous ceux qui parmi le gotha BBY se présentent aux frontières
Le stratagème mis en place par Ousmane Sonko pour récupérer les chefs de famille APR est à présent très clair.
D'abord, annoncer une grande battue des pilleurs de la République. Ensuite, interdire de sortie du territoire presque tous ceux qui parmi le gotha Bennoo se présentent aux frontières. Puis, faire savoir qu'il y a une liste rouge, en laissant le doute ronger les plus frileux (trois ou quatre ont pu passer avant que la nasse ne se referme avait dit Sonko). Enfin, attendre.
Et voici que se déclenche soudain une massive transhumance de politiciens pressés par la peur de la prison. Les moins courageux prennent la carte du Pastef sans condition. Les revirements les plus improbables se produisent aux grands jours. Les « démons » deviennent des « anges » dès qu'ils passent des herbes mortes marron-beige aux prairies vertes du Pastef
Pastef nous avait promis de restaurer l'éthique en politique et de ne jamais accepter la transhumance. Au grand jour, il l'a hissée à une échelle qui pourrait tuer pour longtemps la morale en politique.
LE PASTEF SEUL CONTRE TOUS
Le choix de faire cavalier seul aux législatives du 17 novembre soulève des questions cruciales sur l'avenir du mouvement. Il suscite par ailleurs incompréhension et colère au sein des membres de l'ancienne coalition victorieuse de mars
(SenePlus) - De la dissidence à la présidence, en passant par la clandestinité, le Pastef s'apprête à écrire un nouveau chapitre de sa jeune histoire. Dix ans après sa création dans une modeste salle de l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, le parti d'Ousmane Sonko fait le pari risqué d'affronter seul les législatives du 17 novembre.
Selon Jeune Afrique (JA), l'annonce a été faite lors d'une réunion qui avait des airs d'oraison funèbre pour la coalition "Diomaye président". Face aux alliés réunis à l'hôtel King Fahd de Dakar le 21 septembre dernier, le Premier ministre a tranché : "Seule la liste de Pastef allait participer aux élections", relate Charles Ciss, qui dénonce un "procédé antidémocratique et discourtois".
Un virage stratégique assumé par les cadres du parti. "Après une élection, on n'a plus d'alliés. Tous ceux qui nous ont accompagnés retournent dans leur propre camp ou se fondent dans le parti", explique l'un d'eux à JA. Une position qui marque la volonté d'émancipation du mouvement : "Il est temps de revenir à nos fondamentaux. Nous avons un parti jeune, qui a besoin d'une majorité stable."
Le parcours de Pastef détonne dans le paysage politique sénégalais. Créé en 2014 par un groupe d'inspecteurs des impôts autour d'Ousmane Sonko, le parti s'est construit sans scission avec les formations existantes. Parmi les architectes de cette ascension fulgurante, Bassirou Diomaye Faye, devenu président de la République, a joué un rôle crucial dans l'élaboration du "Projet", le programme qui a séduit les Sénégalais en mars 2024.
L'histoire récente du parti est marquée par une période sombre. Le 31 juillet 2023, une dissolution par décret présidentiel, une première dans l'histoire récente du Sénégal, contraint le mouvement à la clandestinité. "Cette période-là a été très compliquée, nous devions tenir nos réunions de manière presque clandestine", se remémore Madièye Mbodj, vice-président et conseiller spécial du chef de l'État, interrogé par Jeune Afrique.
La renaissance officielle intervient le 27 mars 2024, quelques jours après la victoire présidentielle, par un décret d'abrogation signé par Macky Sall "dans un souci d'apaisement". Aujourd'hui fort de près de 10.000 membres, le parti a temporairement gelé les nouvelles adhésions dans l'attente d'un congrès prévu en 2025, selon le magazine panafricain.
L'ambition législative du Pastef surprend par son audace. Dans un système où 105 sièges sur 165 sont pourvus au scrutin majoritaire, le parti qui n'avait obtenu qu'un siège en 2017, puis 26 en 2022, vise désormais la majorité absolue de 83 députés. Ousmane Sonko, désigné tête de liste, mène cette bataille décisive.
Le parti est désormais omniprésent jusque dans les détails du quotidien. Sa devise "jub, jubbal, jubbanti", prônant éthique et droiture, orne les timbres fiscaux, tandis que les visages du président et du Premier ministre s'affichent sur les cahiers d'écoliers.
Cette ascension fulgurante n'est pas sans soulever des questions sur la gestion du pouvoir. Comme le rappelle Jeune Afrique, en septembre, une polémique a éclaté suite aux propos du ministre de la Santé, Ibrahima Sy, évoquant une préférence pour le recrutement de militants du parti. Si Pastef a officiellement pris ses distances avec cette position, un conseiller présidentiel nuance auprès de JA : "Ce sont des choses à faire, pas des choses à dire. [...] Peut-on lui reprocher de favoriser un cadre expérimenté de son parti dans ces conditions ?"
Pour Madièye Mbodj, les législatives du 17 novembre représentent "la lutte du système contre l'antisystème". Un scrutin qui dira si le parti, né dans l'opposition et porté au pouvoir par une vague de changement, peut désormais gouverner seul tout en restant fidèle à ses principes fondateurs.
UNE PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE SOUS TENSION
Dans sept États clés, le destin de la première puissance mondiale pourrait se jouer à quelques dizaines de milliers de voix près. Des tireurs d'élite sur les toits aux drones de surveillance, l'Amérique blindée attend dans l'angoisse le verdict des urnes
(SenePlus) - Une campagne électorale hors norme touche à sa fin aux États-Unis, où Kamala Harris et Donald Trump livrent leurs dernières batailles avant le scrutin présidentiel de mardi, rapporte l'AFP. Un duel historique qui pourrait voir l'accession de la première femme à la tête de la première puissance mondiale, ou le retour spectaculaire de l'ancien président.
À 60 ans, la vice-présidente démocrate Kamala Harris, qui a pris le relais de Joe Biden en juillet dernier, affronte Donald Trump, 78 ans, dans une course à l'issue incertaine. Une campagne marquée par une violence inédite, avec notamment deux tentatives d'assassinat visant le candidat républicain.
Sept États pivots concentrent toutes les attentions, avec la Pennsylvanie comme théâtre principal des ultimes tractations. Dans cet État crucial disposant du plus grand nombre de grands électeurs parmi les "swing states", les deux candidats multiplient les apparitions. Harris s'y rend notamment à Scranton, Pittsburgh et Philadelphie, soutenue par des célébrités comme Oprah Winfrey, Lady Gaga et Ricky Martin.
"Demain, ce sont les patriotes qui bossent dur comme vous qui vont sauver notre pays", a lancé Trump lors d'un meeting à Raleigh, avant d'entamer une tournée marathon en Pennsylvanie et dans le Michigan. À Grand Rapids, un jeune supporter de 19 ans, Ethan Wells, confie à l'AFP : "Quand Trump était président, personne ne déconnait avec l'Amérique."
La tension est palpable alors que près de 80 millions d'Américains ont déjà voté par anticipation. L'équipe Harris dit "s'attendre pleinement" à ce que Trump se déclare prématurément vainqueur, une manœuvre que Ian Sams, son porte-parole, qualifie de "signe de faiblesse et de peur de perdre."
Les craintes de violences post-électorales sont réelles : deux Américains sur trois les redoutent. Des mesures de sécurité exceptionnelles sont déployées : mobilisation de la Garde nationale dans l'État de Washington et le Nevada, agents électoraux équipés de boutons d'alarme en Géorgie, surveillance par drone et tireurs d'élite dans certains bureaux de vote. À Washington, des barrières métalliques protègent déjà la Maison Blanche, le Capitole et d'autres sites sensibles.
Le résultat, attendu dans la nuit de mardi à mercredi, pourrait se jouer à quelques dizaines de milliers de voix près dans un pays profondément divisé, où les deux camps ont déjà engagé de nombreuses actions en justice.
PAR EL AMATH THIAM
LES LOIS D’AMNISTIE ENTRE FLEURS ET PLEURS
La révision de la loi d’amnistie pourrait être un tournant pour la justice transitionnelle au Sénégal, mais elle impose de prendre en compte des obstacles juridiques et pratiques majeurs
Une loi d'amnistie, par nature, est une mesure législative qui efface les infractions et leurs conséquences pénales pour les personnes visées, sans passer par un jugement ou une reconnaissance de non-culpabilité. Elle est juridiquement possible de modifier ou d’abroger une loi d’amnistie, car comme toute loi, elle peut être révoquée par un nouvel acte législatif. Elle diffère d’une décision de justice, car elle ne repose pas sur l’examen d’une affaire par un tribunal, mais plutôt sur une décision politique qui absout certains actes dans un but de réconciliation ou de pacification sociale.
La volonté exprimée par le candidat du parti Pastef, également Premier ministre, de réexaminer la loi d’amnistie controversée, afin de rouvrir les dossiers des faits délictuels et criminels liés à des événements politiques tragiques, traduit une démarche audacieuse en faveur de la vérité et de la justice. Cette initiative suscite une vague d’adhésion dans l’opinion publique, en particulier auprès des familles des victimes, qui nourrissent l’espoir d’une reconnaissance et d’un apaisement moral après de longues années de souffrance. Elle envoie également un message fort : la justice ne saurait être sacrifiée sur l’autel des impératifs politiques. Pourtant, ce projet divise : certains y voient une opportunité de construire un avenir apaisé, tandis que d’autres le perçoivent comme une menace pour les droits des bénéficiaires de l’amnistie.
La rétroactivité "in mitius" : principe humaniste et garantie des libertés :
Le principe de la rétroactivité "in mitius" – qui consiste à appliquer immédiatement une loi pénale plus douce – incarne une garantie fondamentale des libertés individuelles. Il repose sur l’idée qu’une disposition moins sévère, lorsqu’elle est édictée, doit bénéficier aux personnes concernées. Mais que signifie exactement "loi pénale plus douce" ? C’est, par exemple, une loi qui supprime purement et simplement une infraction, effaçant ainsi la responsabilité pénale attachée aux actes antérieurement qualifiés d’illégaux.
Cependant, l’abrogation d’une loi d’amnistie soulève des défis juridiques redoutables. Par leur essence, les lois d’amnistie effacent les infractions et exonèrent les individus concernés de toute poursuite pénale, hormis les réparations civiles. Leur remise en cause heurte les principes cardinaux de la non-rétroactivité des lois et de la sécurité juridique. Ces principes, enracinés dans les systèmes juridiques modernes, protègent les droits acquis et offrent aux citoyens une prévisibilité indispensable dans l’application de la loi.
1. Obstacles juridiques : la non-rétroactivité et la sécurité juridique :
Le principe de non-rétroactivité, inscrit dans le droit sénégalais comme dans le droit français, implique que nul ne peut être puni en vertu d’une loi postérieure plus sévère. Ainsi, une loi d’amnistie crée des droits acquis pour les bénéficiaires. Abroger cette loi pour rétablir des poursuites reviendrait à violer ce principe, et ce serait également contraire à la sécurité juridique. Ce principe garantit que les citoyens ne subissent pas des changements imprévisibles dans leur situation juridique en raison d'une modification rétroactive de la loi.
En France, l’abrogation d’une loi d’amnistie ne peut pas être appliquée rétroactivement aux infractions déjà couvertes. La Cour de Cassation, dans l’arrêt "Boudarel", a souligné que les effets d’une loi d’amnistie sont définitifs, empêchant ainsi toute reprise des poursuites pour des faits amnistiés.
Au Sénégal, bien que la jurisprudence ne se soit pas prononcée directement sur ce point, l’application de la "loi Ezzan" de 2005 a montré la difficulté de remettre en question des amnisties antérieures sans remettre en cause la stabilité juridique acquise.
2. Les précédents internationaux et leur impact sur le Sénégal :
Divers contextes internationaux offrent des perspectives intéressantes sur l’annulation des lois d’amnistie.
En Argentine, les lois d’amnistie de la "guerre sale" avaient d'abord protégé les responsables des crimes de la dictature militaire, avant d'être annulées dans les années 2000 sous la pression des familles des victimes. Ce retour en arrière a été possible grâce à un contexte juridique et politique unique, accompagné d'un large consensus national.
En Afrique du Sud, la Commission Vérité et Réconciliation a accordé des amnisties pour les crimes de l’apartheid sans qu’elles ne soient par la suite remises en cause. Ce modèle de justice transitionnelle repose sur une balance entre justice et réconciliation, soulignant la complexité de revenir sur une loi d’amnistie une fois ses effets produits.
Ces exemples montrent que si certaines lois d’amnistie ont pu être révoquées, cela dépendait largement du contexte et du consensus national. Le Sénégal pourrait s’inspirer de ces modèles, mais rouvrir des dossiers nécessiterait un consensus sociopolitique fort, voire des adaptations constitutionnelles.
3. Obstacles factuels et institutionnels :
Le temps et la preuve Rouvrir des enquêtes sur des faits anciens pose également des défis probants. Avec le temps, les preuves s’effacent, les témoins disparaissent ou voient leur mémoire altérée, compromettant ainsi l’efficacité des investigations et la solidité des poursuites. En l’absence de preuves nouvelles, les enquêtes pourraient apparaître comme des actions politiquement motivées, minant la confiance publique dans la justice.
4. Vers une réconciliation entre justice et pardon :
La révision de la loi d’amnistie pourrait être un tournant pour la justice transitionnelle au Sénégal, mais elle impose de prendre en compte des obstacles juridiques et pratiques majeurs. Les principes de non-rétroactivité et de sécurité juridique, ainsi que les défis liés à la preuve, ne sauraient être ignorés. La solution pourrait passer par des mécanismes comme des commissions Vérité et Réconciliation, qui associent justice restaurative et transparence, permettant aux "fleurs" de la réconciliation de s’épanouir sans faire taire les "pleurs" des victimes.
KAMEL DAOUD REMPORTE LE PRIX GONCOURT 2024 AVEC SON ROMAN "HOURIS"
L’académie souligne que ce roman “montre combien la littérature, dans sa haute liberté d’auscultation du réel, sa densité émotionnelle, trace aux côtés du récit historique d’un peuple, un autre chemin mémoire”.
L’écrivain français d’origine algérienne Kamel Daoud a remporté, lundi, le prix Goncourt 2024 pour son roman “Houris”, a annoncé l’académie du Goncourt sur son site.
“Le prix Goncourt 2024 a été décerné au premier tour de scrutin, par six voix, à Kamel Daoud pour son roman +Houris+ paru aux éditions Gallimard France”, écrit l’académie.
Avec ce livre, l’académie Goncourt “couronne un livre où le lyrisme le dispute au tragique, et qui donne voix aux souffrances liées à une période noire de l’Algérie, celles des femmes en particulier”, expliquent les jurés du Goncourt, qui se sont réunis au restaurant Drouant à Paris pour rendre public le nom du lauréat.
L’académie souligne que ce roman “montre combien la littérature, dans sa haute liberté d’auscultation du réel, sa densité émotionnelle, trace aux côtés du récit historique d’un peuple, un autre chemin mémoire”.
Kamel Daoud, né le 17 juin 1970 à Mesra, en Algérie, est un écrivain et journaliste algérien d’expression française naturalisé français en 2020.
En 2014, son roman, “Meursault contre-enquête”, rencontre un grand succès. Il obtient le prix des Cinq continents de la Francophonie 2014, le prix Goncourt du premier roman en 2015.
Le livre est traduit dans trente-quatre langues. Il sera aussi adapté au théâtre par Philippe Berling pour le festival d’Avignon en 2015.
L’autre finaliste, Hélène Gaudy, auteure du livre “Archipels”, a obtenu deux voix, tandis que Gaël Faye, avec “Jacaranda”, et Sandrine Collette, avec “Madelaine avant l’aube”, ont eu chacun une voix.
APRÈS SANGOMAR, GTA PRÉPARE LE DÉBUT DE LA PRODUCTION
Le projet de gaz naturel liquéfié (Gnl) de Grand Tortue Ahmeyim continue de progresser. La compagnie pétrolière Kosmos Energy, qui en est l’opératrice, a donné des nouvelles sur l’avancement des travaux.
À Sangomar, le pétrole sénégalais est déjà en production. Les premiers barils commencent même à être commercialisés. Mais à la frontière sénégalo-mauritanienne, le gaz n’est toujours pas disponible. Ce lundi, l’opérateur a donné des nouvelles.
Le projet de gaz naturel liquéfié (Gnl) de Grand Tortue Ahmeyim continue de progresser. La compagnie pétrolière Kosmos Energy, qui en est l’opératrice, a donné des nouvelles sur l’avancement des travaux.
Pour ce qui est du programme de forage, elle renseigne que le premier lot de quatre puits a été complété avec une capacité de production attendue nettement supérieure à celle requise pour le premier gaz.
Ensuite, renseigne Kosmos dans son rapport du troisième trimestre, le terminal central a été mis en opération et le périmètre des travaux sous-marins pour le premier gaz est mécaniquement terminé. «Le Fpso aussi est prêt à démarrer prochainement et le premier gaz attendu par la suite», renseigne Kosmos.
La compagnie pétrolière souligne aussi, que pour le Flng, le processus de refroidissement et la mise en service du navire ont commencé. «Le premier Gaz naturel liquéfié (Gnl) est étant attendu vers la fin du quatrième trimestre 2024», indique-t-elle.
DÉCÈS DE MAMADOU MOUSTAPHA BA, EX-MINISTRE DES FINANCES ET DU BUDGET
Décédé à l'âge de 59 ans, M. Ba était précédemment directeur général du Budget depuis 2014. Entre 1992 et 2000, il était chargé de programmes à la Direction de la coopération économique et financière (Dcef).
Mouhamadou Moustapha Bâ, ancien ministre de l'Economie et des Finances sous le régime de Macky Sall, est décédé ce lundi à Paris, où il était hospitalisé pour des soins.
Sa disparition a été confirmée par un proche établi à Nioro, selon Le Soleil.sn.
Il était précédemment directeur général du Budget depuis 2014. Entre 1992 et 2000, M. Ba était chargé de programmes à la Direction de la coopération économique et financière (Dcef).
Puis de 2001 à 2006, il était chef du bureau primaire de la Dcef. En 2007, il devient le directeur-adjoint de la coopération économique et financière, avant de prendre la tête de cette direction en mai 2012, jusqu’en octobre 2014.
Diplômé de l’Ecole nationale d’économie appliquée de Dakar en 1991, M. Ba est également titulaire d’un diplôme de politique de développement et un Master en gestion et administration publique à l’Institut de politique et de gestion du développement de l’Université d’Anvers, d’où il est sorti major de sa promotion en 1998 et 1999.