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18 novembre 2024
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LOI D’AMNISTIE, ISMAILA MADIOR ÉVOQUE UNE COMMISSION DE JUSTICE ET DE RÉCONCILIATION
Ousmane Sonko a promis lors de son meeting à Ziguinchor d’abroger la loi d’amnistie afin de demander des comptes à l’ancien régime. En réponse, l’ancien ministre de la Justice appelle à l’unité nationale pour prévenir un effondrement de l’État.
Lors de son meeting à Ziguinchor vendredi, Ousmane Sonko, tête de liste de Pastef, a promis d’abroger la loi d’amnistie une fois la majorité parlementaire acquise. Pour lui, cette loi favorise l’impunité et, par conséquent, tous ceux qui y sont impliqués, y compris l’ancien Président Macky Sall, doivent rendre des comptes.
De passage devant le Grand Jury de la RFM ce dimanche, Ismaila Madior Fall, ancien ministre de la Justice et Garde des Sceaux, pense qu’il faut plutôt « une commission de justice et de réconciliation ». Pour lui, c’est la « voie qu’il faut emprunter aujourd’hui », car « des événements malheureux se sont produits dans le pays, et l’État avait la responsabilité de faire face ». Selon lui, sans l’intervention de l’État, cela entraînerait un « effondrement de l’État et de la démocratie », ajoute le professeur de droit.
Il considère que ces événements relèvent d’une responsabilité collective de la société sénégalaise. C’est pourquoi, dit-il, il faut « aujourd’hui trouver une formule de justice réconciliatrice pour tout le peuple sénégalais ». Comme l’a évoqué le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, il s’agit d’une commission vérité, réconciliation et pardon, comme cela s’est passé dans certains pays.
Selon l’ancien ministre de la Justice, dire que la responsabilité de ces événements revient à l’ex-président et à son camp est à relativiser, car des membres de l’opposition ont également appelé à manifester. En évoquant la possible abrogation de la loi d’amnistie, Ismaila se demande « qui a intérêt à l’abrogation de cette loi ». Pour lui, personne n’y gagnerait.
Le professeur de droit ajoute que l’idée avancée par certains d’une possible poursuite contre le Président Sall n’est pas envisageable, à moins qu’il n’y ait des mesures spécifiques. Selon lui, Macky Sall ne peut être tenu responsable de quoi que ce soit dans ces événements. Il explique que ce n’est pas Macky Sall intuitu personae, mais le Président de la République. Dans ce cas, il ne peut être poursuivi que pour haute trahison, ce qui n’est pas clair.
LE SATSUS ANNONCE 24 HEURES DE GRÈVE TOTALE LE 13 NOVEMBRE
Le syndicat revendique l’intégration définitive des techniciens supérieurs de santé dans leurs nouveaux corps d’accueil, le portage et la revalorisation des indemnités inhérentes aux nouveaux corps d’accueil.
Le Syndicat autonome des techniciens supérieurs de la santé (SATSUS) a annoncé samedi à Thiès qu’il observera un mouvement de grève totale de 24 heures le 13 novembre, pour réclamer la satisfaction d’une plateforme en trois points.
“Nous vous annonçons pour un premier plan d’action, une grève totale de 24 heures le mercredi 13 novembre 2024 sur toute l’étendue du territoire nationale”, a dit Farba dit Ibrahima Ndiaye.
Le comité national exécutif du SATSUS s’est retrouvé dans les locaux de l’hôpital régional de Thiès, pour statuer sur son plan d’action, visant la satisfaction des trois points de sa plateforme revendicative.
Il s’agit de l’intégration définitive des techniciens supérieurs de santé dans leurs nouveaux corps d’accueil, du portage et de la revalorisation des indemnités inhérentes aux nouveaux corps d’accueil.
S’y ajoute le relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans.
Après l’adoption du décret numéro 2021-667, un programme de renforcement de capacités des techniciens supérieurs de santé (PRECATSS), a été sanctionné par des diplômes d’État en administrateur de soins, administrateur de service de santé, ingénieur en biologie médicale.
Depuis la fin de cette formation complémentaire, cependant il y a plus d’une année, “le gouvernement retarde toujours la finalisation du processus de reclassement des techniciens supérieurs de la santé”.
Cette formation d’une durée de deux ans, était jugée nécessaire pour satisfaire aux exigences de compétences inhérentes à la hiérarchie A2.
Le SATSUS, à travers son instance comptant les responsables des 14 régions du pays, a décidé d’aller en mouvement, “devant l’inertie des autorités, suite au renouvellement de la plateforme revendicative, suivi du dépôt d’un préavis de grève depuis le 30 août 2024”, a dit Farba dit Ibrahima Ndiaye.
“La plupart des techniciens supérieurs de la santé accèdent à la spécialité à un âge avancé, proche de la retraite”, relève le SATSUS, qui estime que cela est “à l’origine du déficit en spécialistes paramédicaux”.
SÉVERINE AWENENGO DALBERTO CONTRAINTE DE SE JUSTIFIER
Face à la tempête politique qui secoue le Sénégal autour de son livre sur la Casamance, la chercheuse réplique. Elle retrace vingt années de recherches méticuleuses, depuis ses premiers pas dans la région en 1996 jusqu'à la publication de son ouvrage
(SenePlus) - Face à l'interdiction annoncée de son ouvrage au Sénégal et aux vives critiques dont elle fait l'objet, l'historienne française Séverine Awenengo Dalberto sort à nouveau de son silence pour défendre la nature scientifique de son travail sur la Casamance.
L'universitaire, directrice de recherche au CNRS, a tenu à clarifier la genèse et la nature de son livre "L'Idée de la Casamance autonome – Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal", qui cristallise les tensions politiques à quelques jours des élections législatives du 1è novembre.
"Mon livre porte sur l'histoire de l'idée de l'autonomie, c'est un livre universitaire qui ne comporte absolument aucune position politique", explique la chercheuse, dont l'intérêt pour la région remonte à 1996, lors d'un premier séjour qui l'a profondément marquée, notamment après l'attaque de Mandina Mancagne dont elle fut témoin.
Son parcours académique témoigne d'un engagement scientifique de longue date. "J'ai effectué cinq séjours d'environ six mois de recherche en Casamance et à Dakar", précise l'historienne, qui a soutenu sa thèse en 2005 "avec les félicitations du jury à l'unanimité". Ses travaux se sont ensuite diversifiés, couvrant divers aspects de l'histoire sénégalaise, des premiers Sicaps à Dakar au mouvement Y'en a marre.
Face aux accusations d'ingérence dans les affaires sénégalaises, la chercheuse souligne la rigueur méthodologique de son travail : "Un livre universitaire d'histoire ne s'écrit pas en trois semaines ou même un an : c'est des années de recherches et d'écriture". Elle insiste sur la nécessité de "pouvoir nommer son sujet de recherche" pour expliquer le titre de son ouvrage.
La controverse a pris une nouvelle ampleur politique après que le Premier ministre, Ousmane Sonko, lors d'un meeting à Ziguinchor vendredi, a vivement critiqué l'ouvrage. Il a notamment déclaré que le livre "ne sera pas commercialisé au Sénégal", y voyant "un projet de déstabilisation".
Les éditions Karthala ont déploré "une instrumentalisation politique d'un ouvrage scientifique par des personnes qui n'ont, manifestement, pas pris connaissance de son contenu". Cette position est reprise par l'autrice qui affirme que tous ceux qui ont lu son livre "l'ont trouvé bien documenté, nuancé et qu'il apportait beaucoup à la connaissance de l'histoire du Sénégal".
Cette polémique s'inscrit dans un contexte politique tendu, alors que l'Alliance pour la République, ancien parti au pouvoir, a également dénoncé un ouvrage jugé "dangereux" pour l'unité nationale. Le débat illustre la sensibilité persistante de la question casamançaise dans le pays.
LE DÉFI À UN MILLION DE DOLLAR D'APPLE
La firme californienne propose des récompenses astronomiques pour débusquer ses vulnérabilités. De 50 000 à un million de dollars sont en jeu selon la gravité des failles découvertes
(SenePlus) - D'après une information rapportée par le magazine Fortune, Apple lance un défi audacieux à la communauté des hackers en proposant jusqu'à un million de dollars à ceux qui parviendront à compromettre la sécurité de ses serveurs.
Cette initiative spectaculaire du géant technologique, valorisé à 3,5 billions de dollars, intervient dans le contexte du déploiement de son nouveau service "Apple Intelligence", intégré à iOS 18.1. Au cœur de ce dispositif se trouve le serveur Private Cloud Compute (PCC), une infrastructure critique que l'entreprise souhaite protéger contre toute forme d'attaque informatique.
"Nous mettons aujourd'hui ces ressources à la disposition du public pour inviter tous les chercheurs en sécurité et confidentialité - ou toute personne intéressée et techniquement curieuse - à en apprendre davantage sur le PCC et à effectuer leur propre vérification indépendante de nos affirmations", a déclaré Apple dans un communiqué cité par Fortune.
Le programme de récompenses est structuré selon une échelle progressive. Pour une divulgation accidentelle de données due à un problème de configuration, la prime s'élève à 50 000 dollars. L'exécution de code non attesté rapporte 100 000 dollars. L'accès aux données des requêtes utilisateur hors de la zone de confiance est récompensé à hauteur de 150 000 dollars, tandis que l'accès aux informations sensibles sur les requêtes des utilisateurs peut rapporter jusqu'à 250 000 dollars.
La récompense ultime d'un million de dollars sera versée à quiconque parviendra à exécuter "un code arbitraire sans la permission ou la connaissance de l'utilisateur, avec des droits arbitraires", précise Fortune.
Apple qualifie son infrastructure PCC de "l'architecture de sécurité la plus avancée jamais déployée pour le calcul d'IA dans le cloud à grande échelle". L'entreprise a même publié un guide de sécurité détaillant le fonctionnement du serveur et mis à disposition une partie du code source sur GitHub.
Fait notable rapporté par Fortune, Apple s'engage également à considérer des récompenses pour la découverte de failles de sécurité non spécifiquement listées dans son programme, démontrant ainsi sa détermination à renforcer la sécurité de son infrastructure.
LA MÉCANIQUE COMPLEXE DU COLLÈGE ÉLECTORAL AMÉRICAIN
Les Américains ne choisissent pas directement leur président. Cette réalité, souvent méconnue à l'étranger, repose sur un système d'intermédiaires. Une mécanique héritée du 18e siècle qui peut transformer une défaite populaire en victoire présidentielle
(SenePlus) - Selon une analyse approfondie du New York Times (NYT), le système électoral américain repose sur un mécanisme unique et sur mesure que "personne ne créerait aujourd'hui", comme le souligne Wendy R. Weiser, vice-présidente pour la démocratie au Brennan Center for Justice de la faculté de droit de N.Y.U.
Le Collège électoral, pièce maîtresse de ce système, comprend 538 membres élus, reflétant la composition du Congrès : un électeur pour chaque sénateur et représentant, plus trois pour Washington D.C. Pour remporter la Maison Blanche, un candidat doit obtenir une majorité simple de 270 voix.
L'histoire de cette institution remonte à l'été 1787, lors de la Convention constitutionnelle de Philadelphie. Face à l'impasse sur le mode de sélection du président, les délégués ont opté pour un compromis : un système d'électeurs plutôt qu'une élection directe par le Congrès ou par les citoyens - qui à l'époque n'incluaient que les hommes blancs propriétaires.
"Quand nous votons, même si nous ne voyons pas leurs noms, nous votons pour ces électeurs", explique John F. Kowal, co-auteur de "The People's Constitution", cité par le Times.
Le système fonctionne selon des règles précises : dans 48 États, le vainqueur remporte la totalité des grands électeurs. Le Maine et le Nebraska font exception, avec une répartition proportionnelle basée sur les districts congressionnels.
Cependant, le New York Times relève que ce système a montré ses limites : deux fois lors des six dernières élections, des candidats ont accédé à la présidence malgré leur défaite au vote populaire. Cette distorsion s'explique par la surreprésentation des États ruraux, tendant républicains, donnant à leurs électeurs plus de poids que ceux des grands États.
Une réforme est-elle envisageable ? Le journal évoque deux possibilités : un amendement constitutionnel, nécessitant une super-majorité au Congrès et la ratification par les trois quarts des États, ou le Pacte interstate du vote populaire national. Cette dernière initiative, qui compte déjà 17 États plus Washington D.C. totalisant 209 grands électeurs, vise à attribuer les voix électorales au vainqueur du vote populaire national.
L'Electoral Count Reform Act de 2022, précise le quotidien new-yorkais, a renforcé le système en clarifiant le processus de décompte et en compliquant la soumission de faux électeurs, désignant le gouverneur comme seule autorité de certification des électeurs de l'État.
LE NEW YORK TIMES RÉVEILLE LA MÉMOIRE DE MARIAMA BÂ
Le quotidien new-yorkais fait revivre le destin exceptionnel de cette romancière sénégalaise. De l'École Normale de Rufisque aux plus hautes distinctions littéraires, elle a tracé un chemin d'émancipation pour des générations de femmes
(SenePlus) - Dans un portrait saisissant consacré à Mariama Bâ, le New York Times (NYT) révèle le parcours exceptionnel d'une femme qui a marqué la littérature africaine et le combat pour les droits des femmes au Sénégal post-colonial.
Née le 17 avril 1929 à Dakar, Mariama Bâ grandit dans un contexte où, comme le souligne le NYT, les opportunités pour les filles étaient rares sous le régime colonial français. Élevée par sa grand-mère dans une famille musulmane Lebu après la mort précoce de sa mère, elle bénéficie du soutien crucial de son père, Amadou Bâ, fondateur du Mouvement Autonomiste Africain.
"Vous avez un don", lui dit sa directrice d'école, rapporte le quotidien américain. À 14 ans, ses résultats exceptionnels la distinguent de ses camarades destinées à devenir secrétaires. "Tout le monde sauf vous. Vous êtes intelligente", lui déclare Berthe Maubert, sa directrice, l'orientant vers l'École Normale de Rufisque.
Son premier roman, "Une Si Longue Lettre", publié en 1979, remporte le premier prix Noma pour l'édition en Afrique. Selon le New York Times, ce livre figure parmi les 100 meilleurs ouvrages sur l'Afrique du XXe siècle selon la Columbia University Libraries. "Mon cœur se réjouit chaque fois qu'une femme émerge de l'ombre", écrit-elle dans ce roman devenu un classique.
"Nous devons donner, dans la littérature africaine, aux femmes noires une dimension à la mesure de leur engagement, aux côtés des hommes, dans les batailles pour la libération", déclare-t-elle devant l'Assemblée nationale du Sénégal en 1979, comme le rapporte le Times.
Décédée prématurément d'un cancer du poumon le 17 août 1981 à l'âge de 52 ans, Mariama Bâ laisse un héritage considérable. Le journal américain souligne qu'elle a fondé le Cercle Fémina, une organisation féministe, et qu'une école porte son nom sur l'île de Gorée depuis 1977, un hommage du président Léopold Sédar Senghor.
Son œuvre, notamment "Une Si Longue Lettre", continue d'être largement étudiée dans les écoles d'Afrique de l'Ouest. Comme le rappelle le New York Times, citant la journaliste Kidi Bebey dans Le Monde en 2021, son roman "questionne la condition féminine : les codes régissant les relations avec les hommes, l'importance des castes et, surtout, la polygamie."
À travers ses écrits et son engagement, Mariama Bâ a incarné la voix d'une génération qui se découvrait dans une nation nouvellement indépendante, laissant une empreinte indélébile dans la lutte pour l'égalité des sexes au Sénégal et au-delà.
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L'EXODE SILENCIEUX
Dans un contexte de montée du nationalisme, des violences policières et des tensions sociales en France, certains jeunes Français d'origine africaine se tournent vers le continent à la recherche, selon eux, d'une meilleure vie
Dans un contexte de montée du nationalisme, des violences policières et des tensions sociales en France, certains jeunes Français d'origine africaine se tournent vers le continent à la recherche, selon eux, d'une vie meilleure.
L'émission "Le Retour au Pays" de BBC Africa Eye explore cette « migration inversée », en suivant leur parcours jusqu'au Sénégal, à l'opposé de ce que leurs parents ont fait des décennies plus tôt.
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LA NOUVELLE GÉNÉRATION POLITIQUE BOUSCULE LES CODES
Réseaux sociaux, communication numérique, influence de la diaspora : les outils du pouvoir changent de mains. Pour Alioune Tine, fondateur d'AfrikaJom Center, cette mutation annonce l'avènement d'une nouvelle civilisation politique
À deux semaines des législatives, une révolution silencieuse bouleverse le paysage politique national. La nouvelle génération, armée des outils numériques, redéfinit les règles du jeu démocratique. C'est le constat majeur dressé par Alioune Tine, fondateur d'AfrikaJom Center, lors de son intervention dans l'émission "Objection" sur Sud FM ce dimanche 3 novembre 2024.
"Nous assistons à l'émergence d'une nouvelle vague qui s'approprie les outils les plus modernes de communication, y compris l'intelligence artificielle", analyse le défenseur des droits humains. Cette génération montante, selon lui, ne se contente pas de maîtriser les réseaux sociaux : elle en fait un véritable instrument de transformation politique.
Le phénomène se manifeste particulièrement dans la campagne actuelle. "Il n'y a pas photo", souligne Alioune Tine, "quand vous regardez les réseaux sociaux, vous voyez des jeunes qui s'amusent à promouvoir leurs idées avec une efficacité redoutable". Cette dynamique s'accompagne d'un renouvellement profond des méthodes de communication politique.
Le rôle de la diaspora apparaît central dans cette mutation. "Elle n'apporte pas seulement des moyens financiers", précise l'analyste, "mais importe également de nouvelles pratiques politiques". Cette influence se traduit par des stratégies de communication plus sophistiquées et une approche politique rénovée.
Face à cette évolution, les formations politiques traditionnelles tentent de s'adapter. Alioune Tine cite l'exemple de certains dirigeants historiques qui mettent désormais en première ligne leurs jeunes cadres pour porter leur message.
Cette transformation numérique s'accompagne cependant de nouveaux défis. Le fondateur d'AfrikaJom Centre pointe notamment la prolifération des fake news et la montée d'une forme de "post-vérité" dans le débat politique. "Il y a beaucoup de désinformation, de manipulation, de mensonges", alerte-t-il.
Pour autant, cette révolution numérique témoigne aussi d'une maturité croissante de la démocratie sénégalaise. "Nous avons une nouvelle génération qui émerge avec de nouveaux outils de communication et qui remet en question les valeurs consensuelles", observe Alioune Tine, y voyant le signe d'une "transition nécessaire".
Cette mutation profonde du paysage politique sénégalais s'inscrit dans un contexte plus large de transformation démocratique. Pour l'expert, elle illustre l'entrée du Sénégal dans une "nouvelle civilisation" politique, portée par une jeunesse déterminée à faire entendre sa voix.
LA COLÈRE CLIMATIQUE DES SÉNÉGALAISES
Pendant que les grandes conférences internationales s'enchaînent, l'eau se salinise dans la commune de Soume. À Dakar, les femmes se sont mobilisées pour dire stop à l'immobilisme climatique
(SenePlus) - Au lendemain de la COP biodiversité de Cali et à quelques jours de la COP 29 en Azerbaïdjan, les femmes sénégalaises ont fait entendre leur voix. Comme le rapporte RFI, elles étaient une centaine à défiler hier dans les rues de Dakar pour la quatrième édition de la Marche des femmes pour le climat.
Le reportage de RFI met en lumière la frustration grandissante face à l'inaction climatique. "Il y a des discussions mais rien ne change ! C'est comme quand un avion est prêt à décoller, qui est toujours sur la piste et qui ne décolle jamais !", s'indigne Cheik Nya Faye, une manifestante venue de Mbour, dénonçant les milliards dépensés en discours pendant que les pays impactés continuent de souffrir.
À Soume, à 130 kilomètres de Dakar, la situation est critique. "La commune compte plus de 2 000 habitants. Mais en 2015, on a vu que l'eau a été salinisée. On ne comprend pas ce qui se passe et jusqu'à présent, l'État n'a rien fait, on est abandonnés par les dirigeants !", témoigne Khady Faye, présidente de l'association Femmes développement et protection de l'environnement de Soume.
Les manifestantes, selon RFI, réclament notamment le versement des fonds sur les pertes et préjudices actés lors de la COP 28 l'année dernière. "Nous les femmes, on a plein de projets, mais on n'a pas accès au financement !", dénonce l'une d'elles.
Meyrame Sy, membre de Jeunes volontaires pour l'environnement, insiste sur le rôle crucial des femmes dans la lutte contre le changement climatique. "Elles ont des solutions qui peuvent changer les choses ! Il faut les écouter !", affirme-t-elle dans les propos recueillis par RFI.
Cette mobilisation s'inscrit dans un contexte international tendu, entre l'échec de la COP biodiversité à Cali et l'ouverture prochaine de la COP 29 en Azerbaïdjan le 11 novembre. Face à ces grands rendez-vous internationaux, les femmes sénégalaises promettent de maintenir la pression pour faire entendre leurs voix et leurs solutions.
L'ENFANCE VOLÉE DES PETITS BERGERS
À Ndiaganiao, dans la région de Thiès, des enfants de 5 à 15 ans marchent jusqu'à l'épuisement sur les chemins de la transhumance. Sacrifiés au nom d'une tradition ancestrale, ils parcourent des centaines de kilomètres à la recherche de pâturages
(SenePlus) - D'après une enquête approfondie menée par la Maison des Reporters, une réalité troublante se dévoile dans la région de Thiès, plus précisément à Ndiaganiao. Des enfants, certains à peine âgés de cinq ans, sont contraints de participer à la transhumance, une pratique ancestrale qui les expose à des dangers considérables et compromet leur développement.
L'histoire de Modou Tine, 11 ans, illustre de manière poignante cette réalité. Comme le rapporte la Maison des Reporters, le jeune garçon porte encore les stigmates d'un violent affrontement à la machette. "C'était dur. Le sang coulait de partout", confie-t-il, la voix tremblante, évoquant une dispute pour la possession de chèvres qui a dégénéré avec un autre berger de 16 ans.
Le parcours de Modou est emblématique d'une pratique généralisée dans la région. Privé d'éducation dès son plus jeune âge, il confesse avec amertume : "Je ne vais pas à l'école parce que mon père a refusé. Je n'ai pas d'autre choix que de me plier à sa décision, même si mon rêve était de devenir médecin." Chaque année, dès le mois d'avril, il entame un périple épuisant de Ndiaganiao jusqu'à Dahra Djolof ou au Saloum.
L'enquête révèle des conditions de vie alarmantes. Les jeunes bergers marchent quotidiennement "au minimum 15 kilomètres". Leur régime alimentaire, décrit par Modou, est d'une monotonie préoccupante : "Le matin, nous avons du couscous et du lait caillé pour le petit-déjeuner, du riz sans poisson ni légumes à midi, et encore du couscous le soir."
Le cas d'Omar Faye, six ans seulement, illustre la perpétuation de ce cycle. Son père, Ndiène Faye, assume pleinement ce choix : "Dans quelques années, je n'aurai personne pour garder mon bétail. Je le prépare donc à la relève. C'est le cycle de notre vie."
Le sociologue Ousmane Ndong, interrogé par la Maison des Reporters, explique ce phénomène : "C'est dans les pâturages qu'on apprenait à être homme [...] Traditionnellement dans ce village, faire expérimenter la transhumance par un enfant était comme une obligation dans les différentes étapes de développement et de formation de l'homme."
Pourtant, comme le souligne le juriste Harouna Ba dans l'enquête, ces enfants sont "en danger" et leur situation viole plusieurs dispositions légales. Le Code du travail sénégalais interdit le travail des enfants de 6 à 15 ans, et la Convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par le Sénégal, proscrit l'exploitation économique des mineurs.
Alassane Ndour, aujourd'hui trentenaire, partage son expérience avec la Maison des Reporters : "Mon propre père m'a extirpé de ma classe de CM2 pour cette activité. Je souhaiterais tant pouvoir revenir en arrière. Je suis hanté par l'idée de ce que j'aurais pu devenir si je n'avais pas abandonné l'école."
Face à cette situation, les voix s'élèvent. Modou Tine lance un appel poignant : "C'est terriblement difficile pour nous les enfants [...] Je conseille aux parents de garder leurs enfants près d'eux et de veiller sur leur avenir."
L'enquête de la Maison des Reporters révèle également que le projet de Code de l'enfant au Sénégal, qui pourrait mieux protéger ces jeunes bergers, reste en attente de vote, illustrant la complexité de concilier traditions séculaires et protection de l'enfance.
Cette pratique persistante soulève des questions cruciales sur l'avenir de ces enfants et la nécessité de trouver un équilibre entre préservation du patrimoine culturel et respect des droits fondamentaux de l'enfant.