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30 novembre 2024
Santé
LES LEÇONS DE VIE DU PROFESSEUR SERIGNE ABDOU BA
Pr Serigne Abdoul Bâ n’a pas porté de gants pour dire à la jeune génération de médecins les comportements à adopter pour la prise en charge des malades. Selon lui, les jeunes médecins doivent apprendre leur métier.
Pr Serigne Abdoul Bâ n’a pas porté de gants pour dire à la jeune génération de médecins les comportements à adopter pour la prise en charge des malades. Selon lui, les jeunes médecins doivent apprendre leur métier.
«Et s'ils apprennent bien leur métier, ils peuvent l'exercer sans précipitation et sans erreur. Mais cet apprentissage passe par l'interrogatoire du malade. Il faut d'abord sécuriser le malade. Parce qu'on dit souvent : sans confiance pas de confidence et sans confidence pas de médecine possible», indique-t-il.
A en croire Pr Serigne Abdou Bâ, ils doivent utiliser les arguments de base pour examiner le malade avant de bâtir un diagnostic. En outre, il demande aux jeunes médecins d’être des médecins cliniciens et non électriciens. «Le clinicien, après un interrogatoire minutieux, utilise les quatre temps de l'examen physique notamment l’inspection, la palpation, la percussion, l’auscultation pour avoir une orientation-diagnostic, et ensuite demande des explorations complémentaires en allant du plus simple au plus compliqué. Quant au médecin électricien, il demande toute une batterie d'examens complémentaires, le plus souvent très sophistiqués et fort onéreux, avant de penser à un diagnostic», soutient-il.
Avant d’ajouter que ces genres de médecins ont besoin de tous les examens complémentaires et imaginaires pour ensuite revenir discuter avec le malade, alors que cela ne se passe pas comme ça. «Donc priorité d’abord au contact. Et si vous dépendez des machines et qu'il y a un délestage, vous n’êtes plus un médecin parce que vous ne pourrez pas continuer votre travail. Vous vous plantez devant votre malade sans pouvoir rien faire», déplore-t-il. Donc ce qui est important, dit-il, c'est de régler le problème du malade avec beaucoup d'humanisme. «La médecine, ce n'est pas de la robotique, c'est plutôt l’approche, le contact, l'empathie et la sensation de l’autre. Nous serons tous malade un jour et quand on est malade, on a besoin d'un médecin, de meilleurs soins».
Hormis les médecins, Pr Bâ demande aux enseignants de gravir les échelons et de ne pas se précipiter pour devenir assistant, maître assistant ou agrégé. «Et on se dit qu’on a fait le grade alors que ce n’est pas ça. C’est en ce moment que débute la vraie carrière du médecin, notamment la carrière de recherche, d’enseignement, d’encadrement et de retour sur investissement pour les populations», prône-t-il.
Cependant, il dénonce le fait que les médecins aillent dans le privé et délaissé le public. «Et il ne faut pas se voiler la face, beaucoup de gens sont dans le privé mais il y a des choses que le privé ne donne pas. Nous avons été formés avec les deniers publics et il faut rendre à César ce qui appartient à César. Il faut être utile à ses populations et à la communauté.»
LE GENERAL FATOU FALL NOMMEE MEDECIN-CHEF ET DIRECTEUR LE HOPITAL PRINCIPAL
Considéré comme le bulletin attitré des Armées, « Le Témoin » quotidien s’est encore distingué, hier, par ses exclusivités avec la nomination de trois généraux
Considéré comme le bulletin attitré des Armées, « Le Témoin » quotidien s’est encore distingué, hier, par ses exclusivités avec la nomination de trois généraux. Il s’agit d’une révélation d’excellence puisque le président de la République Macky Sall, Chef suprême des armées, a usé de ses pouvoirs discrétionnaires en élevant trois brillants officiers-supérieurs (colonels) au rang de général de brigade : Le redoutable commando, Ibrahima Ndiaye alias Lucky-Luke devenu plus tard officier-intendant ; l’officier de génie, Cheikhou Camara, le bâtisseur et Dr Mme Fatou Fall, l’agrégée.
Des nominations-promotions que personne n’avait vu venir, sauf « Le Témoin » ! Comme l’avait si bien magnifié le ministre-intendant, Me Sidiki Kaba, ministre des forces armées, le président de la République Macky Sall a pris un décret historique en élevant le médecin-colonel Mme Fatou Fall, professeure agrégée au rang de général de brigade. Du coup, l’actuel chef de service d’hépato-gastro-entérologie de l’hôpital Principal de Dakar devient la première femme-général. Cerise sur le gâteau ou sur l’étoile, elle a été nommée médecin-chef de l’Hôpital Principal de Dakar.
A partir du 21 mai prochain, elle remplace à ce poste le médecin-général, Pr Mame Thierno Dieng qui a relevé le plateau technique de l’hôpital, amélioré le confort des patients et maintenu le bon climat social à un niveau jamais égalé.
En tout cas, tout le monde s’accorde à reconnaitre que le médecin-général Mme Fatou Falla a toutes les qualités humaines et professionnelles pour faire mieux que son prédécesseur. Comme il l’avait fait avec le Général de police Mme Anna Sémou Faye, le président Macky Sall a basculé le Général Fatou Fall dans l’histoire des Armées.
L’ETAT APPELE A S’IMPLIQUER
Depuis quelques temps, la relance de l’industrie pharmaceutique en Afrique, en général, et au Sénégal, en particulier, est remis sur la table des débats
Depuis quelques temps, la relance de l’industrie pharmaceutique en Afrique, en général, et au Sénégal, en particulier, est remis sur la table des débats. Si le premier objectif est d’arriver à une production de 20% d’ici à 2025, au Sénégal, malgré les efforts consentis par des industries pharmaceutiques pilotées dans la grande majorité par des promoteurs du pays, on est encore loin de répondre à cette attente.
La production de l’industrie pharmaceutique est une réalité au Sénégal, même s’elle se fait timidement. Des produits sont déjà disponibles dans le circuit national et sont présents dans les rayons des officines privées. Cependant, son appropriation par la population sénégalaise pose problème. Ces dernières, habituées à la consommation de l’Efferalgan, du Cac1000 et d’autres médicaments fabriqués par des fibres étrangères, ont du mal à quitter leur «zone de confort» pour prendre les produits de «Teranga Pharma», de «Medis» ou encore de «Valdafrique».
Aujourd’hui, ces acteurs de la production qui sont du pays, rassurent les consommateurs. Selon le Dr Mouhamadou Sow, directeur général de «Teranga Pharma», une industrie pharmaceutique mise en place par des Sénégalais, «les médicaments produits dans le pays sont sécurisés et répondent aux normes de qualité internationale. Il n’y a pas un produit plus sécurisé que ceux qui sont fabriqués dans le pays. Le peuple doit en être rassuré», explique-t-il.
Et de poursuivre : «dans le domaine de la fabrication du médicament, il n’y a pas encore un nouveau projet d’industrie parce que le système qualité est exigeant. Présentement, nous sommes au nombre de six (6). Pour se voir attribuer l’exploitation, les contrôles de conformité du bâtiment peuvent aller jusqu’à 5 voire 7 ou 10 ans même. Il s’en suit le fait que, pour chaque produit à exploiter, il faut une demande d’Autorisation de mise sur le marché (Amm). La chance que nous avons, c’est que la majorité des industries pharmaceutiques du pays ont hérité des bâtiments des fibres étrangères qui étaient implantées au Sénégal. Cela a réduit le temps pour l’obtention de l’autorisation d’exploitation».
Pour la souveraineté pharmaceutique, trois (3) objectifs ont été assignés par les industries pharmaceutiques. Ainsi, il ressort de la volonté du gouvernement et des promoteurs réunis autour de l’Association sénégalaise des industries pharmaceutique (Asip), d’atteindre trois (3) objectifs dont le premier champ est de produire 20% de la demande en 2025, en 2030 atteindre 25% et 50% en 2050. Pour le Dr Sow, qui s’exprimait lors du point de presse de l’Asip la semaine dernière, tous ces objectifs ont été discutés avec les membres de l’Asip qui doit les réaliser. Toutefois, face aux réalités du terrain et de la concurrence, l’Etat du Sénégal est appelé à plus d’implication, pour rendre viable ses industries et aller vers l’atteinte de ces objectifs.
Dans le cadre de cette même relance, le Sénégal va abriter le Forum international pharmaceutique, au mois de juin prochain. Un moment qui va permettre de discuter des voies et moyens pouvant conduire vers cette souveraineté pharmaceutique, tant du côté du Sénégal que de l’Afrique. Etla démarche à adopter, sera déclinée à travers des échanges et des partages d’expériences, entres autres.
L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE DANS UNE SITUATION PRÉCAIRE
L’Association sénégalaise de l’industrie pharmaceutique (ASIP) estime que ‘’si des mesures fortes et ambitieuses à court terme ne sont pas prises par le gouvernement, les entreprises membres courent tout droit vers la faillite’’
L’Association sénégalaise de l’industrie pharmaceutique (ASIP) a alerté mercredi sur la ‘’situation précaire’’ du secteur industriel pharmaceutique, laquelle implique selon elle des ‘’mesures urgentes’’.
‘’Nous alertons sur la situation précaire du secteur industriel pharmaceutique qui nécessite des mesures urgentes’’, a dit le président de l’ASIP, Dr Aziz Sow, lors d’une conférence de presse à Dakar.
‘’Les résultats obtenus dans la mise en œuvre des recommandations du LAB-PHARMA ne sont pas encore à la hauteur des attentes des membres de l’ASIP qui constituent les acteurs clés pour l’atteinte de l’objectif de la souveraineté pharmaceutique du Sénégal? à l’horizon 2035’’, a déploré M. Sow. Un an et demi après la création de ‘’LAB-PHAMRA, »les industries locales ne se portent pas mieux’’, a-t-il relevé.
Il s’y ajoute qu’’’aucun nouveau projet privé n’a encore vu le jour excepté le projet Madiba de l’Institut Pasteur et la création de l’Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique (ARP) ».
Dr Aziz Sow estime que l’atteinte des objectifs de souveraineté pharmaceutique passera obligatoirement par la revitalisation des unités pharmaceutiques existantes actuelles qui sont en grande souffrance.
Il a averti que ‘’si des mesures fortes et ambitieuses à court terme ne sont pas prises par le gouvernement pour le secteur industriel pharmaceutique, les entreprises membres de l’ASIP courent tout droit vers la faillite’’.
Il a signalé que des mesures d’accompagnement sont attendues pour améliorer la compétitivité des unités existantes et permettre l’arrivée de nouveaux acteurs nationaux et internationaux. L’industrie pharmaceutique, a-t-il rappelé, est fortement tributaire des économies d’échelle nécessitant des volumes cibles suffisantes pour assurer la compétitivité des unités de production.
‘’Les leçons tirées de la Covid- 19 et la marche vers la souveraineté pharmaceutique exigent l’adoption de nouvelles attitudes de la part de l’administration sénégalaise et des acteurs de la santé (prescripteurs, pharmaciens d’officine et consommateurs) en donnant la primauté aux produits sénégalais’’, a-t-il estimé.
‘’Cette nouvelle attitude appelée patriotisme économique permettra la création de nouveaux emplois et la consolidation des emplois existants, la diminution des importations et par ricochet la diminution de la sortie de devises, la fabrication des produits sociaux à faible marge mais nécessaires pour la santé des populations (…)’’, a poursuivi le Dr Sow.
L’association sénégalaise de l’industrie pharmaceutique regroupe six unités industrielles pharmaceutiques installées au Sénégal.
LE SENEGAL TOUT PROCHE MAIS ENCORE LOIN DE L'ÉRADICATION DU MARCHÉ PARALLÈLE DE MÉDICAMENTS
Le marché parallèle de médicaments au Sénégal cause beaucoup de dommages aux pharmaciens mais aussi aux professionnels de la santé qui enregistrent plus de malades chroniques.
Le marché parallèle de médicaments au Sénégal cause beaucoup de dommages aux pharmaciens mais aussi aux professionnels de la santé qui enregistrent plus de malades chroniques. Cette situation qui continue de perdurer dans le pays a été décriée par plusieurs professionnels du médicament et la dernière dénonciation date du jeudi 13 avril dernier lors du point de presse du comité d’organisation du forum international pharmaceutique qui se tiendra à Dakar au mois de juin prochain.
L a cité religieuse de Touba située dans la région de Diourbel et Keur Serigne Bi à Dakar préoccupent les acteurs de ce secteur. Pour Dr Assane Diop, président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, les juridictions du Sénégal permettent de lutter efficacement contre ce marché. « Si l’Etat a la volonté, il y arrivera » a-t-il fait comprendre. Tout comme le pharmacien Assane Diop, son confrère Dr Ameth Niang, président de l’Ordre des pharmaciens du Sénégal estime fermement qu’ « il y’a un manque de volonté politique à Touba ».
Au niveau du ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas), le conseiller spécial de la ministre en pharmacie Dr Aboukrine Sarr, a tenté de rassurer. Selon ce dernier, la création de l’Agence de réglementation pharmaceutique (Arp) mise en place par l’Etat du Sénégal va prendre en charge tous ces aspects. « Il y a un projet de loi qui a été fait, il a déjà été présenté en conseil des ministres, au niveau de l’Assemblée nationale si les députés le votent, beaucoup de choses vont changer. L’idée est d’arriver à ce que le médicament reste dans les mains des professionnels du médicament. Et cette agence a été renforcée afin de jouer pleinement ses missions dont la réglementation dudit secteur » a-t-il fait comprendre.
Pour le cas de Touba avec ses multiples dépôts pharmaceutiques qui fleurissent dans chaque coin de la rue, le conseiller de madame le ministre de la Santé du Sénégal, a souligné : « il y a un travail qui est entamé dans cette cité religieuse. Par l’autorisation d’ouvrir des officines de pharmacie, des pharmaciens seront très bientôt dans ce site. D’ailleurs, cela a déjà commencé et va se poursuivre afin d’avoir un maillage de la zone comme dans d’autres régions ».
Si à Dakar, malgré la pléthore de pharmacies, des Sénégalais continuent de se ravitailler au niveau de Keur Serigne Bi situé en pleine capitale Sénégalaise, les habitants de Touba habitués à se ravitailler dans les dépôts illégaux pourraient bien poursuivre. Cette démarche du ministère de la Santé et de l’action sociale pourrait-elle éradiquer le fléau dans la zone de Touba, rien n’est encore gagné mais il vaut mieux que de ne pas poser des jalons. Toutefois, des professionnels du médicament pensent que seule une ferme volonté politique avec l’application sans complaisance des lois pourrait régler le problème.
TOUJOURS LE STATU QUO À PROPOS DU SCANDALE DU FONDS COVID
Alors qu’elle continue encore de susciter la consternation auprès de tous les Sénégalais, l’affaire de la mal gouvernance des fonds force Covid-19 ne semble jusqu’à présent déboucher sur aucune sanction ou mesure administrative
Alors qu’elle continue encore de susciter la consternation auprès de tous les Sénégalais, l’affaire de la mal gouvernance des fonds Force Covid-19 ne semble jusqu’à présent déboucher sur aucune sanction ou mesure administrative. Ce, même si le parquet s’est saisi de l’affaire et a diligenté des enquêtes au niveau de la Division des investigations criminelles !
Dans son livre intitulé « Sur les vagues de la covid-19 » paru dernièrement, l’ancien directeur du Centre d’opérations d’urgence sanitaire (COUS), Dr Abdoulaye Bousso a rajouté une couche noire dans la gestion des fonds Forces Covid-19. Lui qui a été au cœur de la riposte, a évoqué dans son ouvrage un achat de pyjamas qui, selon lui, « sont encore en souffrance dans des magasins ». Révélé par la Cour des comptes, le scandale lié à la gestion des fonds Force Covid-19 avait laissé bouche bée les Sénégalais. Dans son rapport portant sur les dépenses faites en 2020 et 2021 sur le « Fonds de riposte contre les effets du Covid-19 » d'un montant de plus de 740 milliards de FCFA rendu public au mois de décembre dernier, la Cour des comptes dénonce des irrégularités dans la gestion de ces fonds. Elle dit constater une surfacturation sur le prix du riz acheté et des gels hydro alcooliques, un défaut de « pièces justificatives » de dépenses et d’attribution de marché, des dépenses sans lien avec le covid etc. C’est ainsi que la Cour des comptes a demandé l’ouverture d’une information judiciaire contre les responsables incriminés.
La polémique qui a enflé après la révélation du scandale, n’a pas, en effet, laissé indifférent le Président de la République. Macky Sall a réagi en « demandant au Premier ministre d’examiner avec attention les informations publiées, les recommandations formulées et de prendre sans délais les mesures adéquates afin d’éclairer l’opinion sur les éléments contenus dans ledit rapport en vue des suites à donner », en Conseil des ministres. Sur ce, le ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba a fait face à la presse en assurant que le gouvernement donnera suite aux recommandations de la Cour des comptes tout en précisant que le « montant total des manquements par le rapport s’élève à 6 milliards 686 millions, 784 mille 410 francs CFA, soit 0,7 pour cent des 1000 milliards injectés dans le Programme de résilience économique et sociale (PRESS), exécuté en dépenses décaissables par le Trésor (628 milliards) et non décaissables (372 milliards) »
En dépit de ces assurances du gouvernement, la société civile, la classe politique et les populations maintiennent la pression pour éviter que ce énième rapport se retrouve sous le coude du Président de la République et pour que justice soit faite dans cette affaire. La société civile organise ainsi une marche à la Place de la Nation. Deux députés en l’occurrence Guy Marius Sagna et l’ex Pm Aminata Touré (déchue de son poste de député après) déposent une proposition de résolution de mise en accusation de dix ministres. Le collectif « Sunu milliards dou ress » né après la révélation du scandale dépose une plainte sur la table du Procureur. Après la mobilisation, la justice a annoncé avoir ordonné l’ouverture d’enquêtes sur des cas présumés de « corruption et d’abus de fonction » dans la gestion du Fonds de riposte contre les effets du Covid-19. L’affaire sera suivie par la Division des investigations criminelles de la police judiciaire, a fait savoir le procureur de la République Amady Diouf, dans un communiqué. Face à la presse le 23 mars dernier, le procureur général Ibrahima Bakhoum a soutenu que l’enquête suit son cours et que des auditions ont été faites dans la « perspective de mettre en lumière » l’utilisation des fonds.
Toutefois, aujourd’hui, les Sénégalais restent toujours sur leur faim sur la vérité concernant le scandale dans la gestion des fonds Force Covid-19. Ils sont toujours dans l’expectative de la justice qui sembler faire montre de beaucoup plus de promptitude dans des affaires politiques ou privées. Jusqu’à présent, l’affaire ne semble déboucher sur aucune sanction ou mesure administrative. Le rapport de la Cour des comptes risquerait-il de connaitre le même sort que des rapports d’autres corps de contrôle ? On attend de voir.
LA SOUVERAINETE PHARMACEUTIQUE SERA AU CŒUR DES DEBATS
La pandémie de Covid-19 a montré que l’Afrique ne peut pas continuer à importer des médicaments. Cette problématique a suscité la tenue d’un forum à Dakar.
En prélude au forum pharmaceutique international qui se tiendra du 1er au 4 juin dans la capitale sénégalaise, le comité d’organisation du forum a fait face à la presse hier pour décliner les grands axes de cet évènement.
La pandémie de Covid-19 a montré que l’Afrique ne peut pas continuer à importer des médicaments. Cette problématique a suscité la tenue d’un forum à Dakar. Selon le président du comité d’organisation de cet évènement, Dr Ameth Niang, les professionnels de la pharmacie se sont donné rendez-vous pour pouvoir contribuer à l’effort du déploiement de mission de santé publique. «Ce forum va sortir l’Afrique d’un certain nombre de défis qui s’appellent la souveraineté pharmaceutique, des médicaments de qualité mais aussi accessibles. Il faut que l’Afrique se dote d’une agence africaine du médicament à l’image de ce qui se fait en Europe», explique-t-il.
Pour lui, le continent africain ne peut plus être dans une dynamique de proportion d’importation de médicaments à 95% sur 5% de production. «L’une des ambitions les plus importantes est de se doter d’une plateforme qui va permettre à toutes les entités de réfléchir et faire des propositions à l’autorité politique pour que la souveraineté pharmaceutique puisse être une réalité. L’industrie pharmaceutique constitue les moyens les plus sûrs pour que l’Afrique puisse se doter la capacité à pouvoir produire pour elle-même et par elle -même»
Une position que partage le président du Syndicat des Pharmaciens Privés du Sénégal, Dr Assane Diop, qui pense que ce forum va créer un cadre approprié d'échange et de réflexion pour l'ensemble du secteur pharmaceutique. «En effet, 25 pays seront représentés et il y aura plus d'un millier de participants pour réfléchir sur les opportunités qui s'offrent à l'Afrique pour lancer la production locale de médicaments. L’ Afrique est le continent qui produitle moins de médicaments et qui dépend à plus de 95% de l'extérieur, notamment des pays occidentaux et asiatiques dans la production de médicaments». Il estime que l’Afrique ne saurait développer l’industrie pharmaceutique en se limitant au marché national. «L’Afrique est obligée de s’organiser en pôle pour aller vers la souveraineté pharmaceutique. Nous n’avons qu’un seul objectif, c’est de faire en sorte que le Sénégal puisse être la terre d’où partira le développement de l’industrie pharmaceutique africaine. Notre souhait est qu’au sortir de cette édition, que l’Afrique puisse être indépendante en matière de médicaments»
EN 2021, L’AFRIQUE A PERDU 15000 MILLIARDS SUR LE MARCHE DE LA PRODUCTION DE MEDICAMENTS
Pour assurer la souveraineté pharmaceutique, souligneDrAssane Diop, il faut trois facteurs que sont notamment le volume, le coût de production mais aussi la protection de la production locale. «EnAfrique, il y a des disparités. Certains pays font la différence comme la Tunisie, l’Egypte, le Maroc, l’Algérie où 80% de la consommation sont produits localement. Par contre pour les pays subsahariens, c’est encore très faible», se désole-t-il. En 2021 alors que le marché du médicament mondial se chiffrait à 1531 milliards de dollars, indique Dr Assane Diop, l’Afrique n’a produit que 25 milliards de dollars. «Il y a un écart énorme. Nous avons perdu 150 000 milliards pour l’Afrique», renseignet-il.
LA CHAMBRE ADMINISTRATIVE DE LA COUR SUPREME DESAVOUE POUR UNE SECONDE FOIS LE MINISTERE DE LA SANTE
L’affaire dite de la Pharmacie Dakaroise est en passe de devenir une sorte de patate chaude entre les mains du ministère de la Santé et de l’action sociale
L’affaire dite de la Pharmacie Dakaroise est en passe de devenir une sorte de patate chaude entre les mains du ministère de la Santé et de l’action sociale. Pour cause, la Chambre Administrative de la Cour Suprême a désavoué pour une seconde fois le ministère de tutelle relativement à cette scabreuse affaire qui opposait la dame Aïcha Goundiam Mbodji à la Pharmacie La Nation.
C’est en effet hier, jeudi 13 avril 2023, que la Chambre Administrative de la Cour Suprême, lors de son Audience Publique Ordinaire, a carrément et simplement annulé l’Arrêté n°002668 du 11 février 2022 du ministre de la Santé et de l’action Sociale qui avait abrogé l’autorisation - datant de 1981- de Madame Mbodji d’exercer sur ce site. Une décision sans appel qui sonne comme une victoire pour cette dernière.
Pour rappel des faits, la Chambre Administrative de la Cour Suprême avait auparavant annulé le 25 novembre 2021 l’Arrêté ministériel du 13 janvier 2021 par lequel le département ministériel autorisait Mme Aminata Gassama Baldé à transférer son officine de pharmacie La Nation (fermée depuis 8 à 9 ans) de l’avenue Lamine Guèye à la Place de l’Indépendance sur le site occupé depuis 1953 par la Pharmacie dakaroise dont Madame Aïcha Goundiam Mbodji était devenue titulaire en 1982. Cet arrêt de la Chambre Administrative de la Cour Suprême rendait dès lors illégale l’occupation du site pour y ouvrir toute autre officine, en l’occurrence la pharmacie dite La Nation fermée depuis 8 ou 9 ans. Malheureusement, le ministère de la Santé et de l’action Sociale sous Abdoulaye Diouf Sarr avait trouvé plus simple, par arrêté ministériel du 11 février 2022, d’abroger l’arrêté qui autorisait depuis 41 ans Madame Aïcha Goundiam Mbodji à exploiter sur le site de la Place de l’Indépendance, son officine dénommée Pharmacie Dakaroise.
Suite au recours de cette dernière et du Syndicat des Pharmaciens Privés du Sénégal, la Chambre Administrative de la Cour Suprême a d’abord ordonné le 23 juin 2022 la suspension de cet arrêté ministériel d’abrogation de l’autorisation de Madame Mbodji d’exercer sur ce site. C’est cette même Chambre Administrative de la Cour Suprême qui vient d’annuler purement ledit arrêté ministériel d’abrogation de l’autorisation de la dame Goundiam Mbodji d’exercer sur ce site de la Place de l’Indépendance.
MEDICAMENTS DE LA RUE, LES ACTEURS DENONCENT UN MANQUE DE VOLONTE POLITIQUE
La problématique du médicament de la rue demeure une équation à résoudre au Sénégal. Les spécialistes du médicament affirment ne pas comprendre pourquoi, jusqu’à présent, ce marché illicite se développe au prix de la vie de nos populations.
La problématique du médicament de la rue demeure une équation à résoudre au Sénégal. Les spécialistes du médicament affirment ne pas comprendre pourquoi, jusqu’à présent, ce marché illicite se développe au prix de la vie de nos populations.
Interpellé sur le cas Touba, pendant la conférence de presse en prélude du Forum pharmaceutique international qui se tiendra à Dakar en juin, le président de l’Ordre des pharmaciens a été catégorique dans sa réponse : «Il faut qu’on se dise la vérité ! Cela ne peut pas continuer ; cela ne peut pas prospérer.
Touba est l’une des villes qui compte le plus d’insuffisants rénaux, de développement de maladies chroniques, de maladies liées à l’usage abusif de médicaments. Le médicament de la rue est une menace à la santé des populations de Touba.»
Selon lui, il y a un manque de volonté manifeste de l’autorité. «Si l’État veut que ça cesse, ça va cesser. Ceux-là qui doivent interpeller l’autorité religieuse par rapport à la prise en charge de ces questions-là doivent agir», a dit le docteur Ahmed Niang.
Il précise que le médicament n’est pas un bonbon. «L’État ne peut pas continuer à investir énormément d’argent dans le secteur de la pharmacie et dans le système de santé, et laisser des gens qui ont comme préoccupations des mannes financières», dit-il.
Il y a un manque de volonté politique. Les juridictions sénégalaises permettent de lutter efficacement contre ce marché, si l’État a la volonté d’y arriver. Ça ne doit pas être difficile à expliquer, peste le docteur Assane Diop, président du Syndicat des pharmaciens du privé.
LES CONFESSIONS DE DR BABACAR NIANG
Mort de Doudou Fall, son arrestation, hospitalisation d’Ousmane Sonko, Mis sous contrôle judiciaire, le patron de la clinique Suma Assistance doit se présenter devant le juge chaque vendredi pour sa signature.
Après ses démêlés avec la justice, le patron de la clinique Suma Assistance, Dr Babacar niang, est sorti de son mutisme pour se prononcer sur de nombreuses questions comme son arrestation, la mort de Mamadou Ly dit Doudou Fall (agent à la mairie de Médina), l’hospitalisation d’Ousmane Sonko au niveau de sa structure.
Mis sous contrôle judiciaire, le patron de la clinique Suma Assistance doit se présenter devant le juge chaque vendredi pour sa signature. Dr Babacar Niang est poursuivi pour homicide involontaire, mise en danger de la vie d'autrui et non-assistance à personne en danger. Des chefs qui font suite à la disparition de Mamadou Ly dit Doudou Fall qui avait été évacué à la clinique Suma Assistance avant de succomber à ses blessures. Objet d’une plainte déposée par le frère du défunt et le maire de la Médina (Bamba Fall), le praticien a expliqué sur «Seneweb» c'est le politique qui s'est invité dans le médical. «Bamba Fall soutient que c'est parce qu'Ousmane Sonko était à Suma qu'on a laissé son protégé à son sort». Pourtant, Dr Babacar Niang précise que pour toutes les manifestations politiques, sportives, religieuses et sociales, il intervient avec son personnel et n'attend pas que des personnes soient blessées pour agir.
«AUJOURD’HUI, JE NE PEUX PAS ME PROMENER A LA MEDINA. C'EST COMME SI J'AVAIS TUE DE SANG-FROID DOUDOU FALL»
Le patron de Suma Assistance raconte que son personnel est allé chercher Mamadou Ly devant la clinique de la Médina. «Il y avait six blessés sous perfusion. Sans discrimination, encore moins de distinction de couleurs du Pastef ou d'un autre parti, nous avons essayé de le soigner. Mais aujourd'hui, le procureur nous a lynché. Actuellement, je ne peux pas me promener à la Médina, c’est comme si j'avais tué de sang-froid Doudou Fall», se désole Dr Niang. À la question de savoir pourquoi ils ont voulu savoir si le patient était de Pastef ou non, il répond que c'était une manifestation des "pastefiens" qui faisaient face aux hommes de tenue. «Par conséquent, si on reçoit un patient sans tenue, on lui demande son appartenance. Il y avait un scanner de plus de 100.000 Fcfa à payer. Je peux transporter des malades, mais pour des prises en charge, il faut un garant. C'est ce qui justifie la question et ça se passe comme ça dans tous les hôpitaux. Il se trouve que Pastef s'est organisé depuis des années. Ils nous ont donné leurs numéros en nous disant : «Chaque fois que vous verrez quelqu'un de notre organisation, appelez nos médecins». Ils ont une cellule socio-médicale», renseigne-t-il avant d’ajouter : «Doudou Fall était installé à l'hôpital du jour. Là-bas, on fait le diagnostic et on comprend ce qu'il faut faire par rapport au suivi médical. Sur les 24 heures qu'il a passées, j’ai signé le remboursement de la différence d'argent à midi, car que je devais aller au Fouta. Sa famille a pensé qu'il faut qu'il fallait l’acheminer à l'hôpital. Et c'est à 12 h que cela a été fait, au lieu de 17 h comme expliqué par le procureur. À notre niveau, on voulait qu'il soit examiné par un neurochirurgien, pour savoir s’il y a possibilité de l'opérer. Le spécialiste contacté devait venir le vendredi, selon son agenda, parce que comme vous le savez, il n’y a pas beaucoup de neurochirurgiens au Sénégal. Au niveau de Suma, on travaille avec trois d’entre eux. On en a contacté un autre, mais il a aussi donné rendez-vous le lendemain. Ils ont eu une place à l'hôpital avec l'aide du ministre de l'Intérieur, comme l'a souligné Bamba Fall. Le dossier existe et n'eût été le secret médical, on allait vous livrer les détails». Cependant, il indique qu’ils savent ce qui est écrit au détail près. «Dans l’attente d'un neurochirurgien, Doudou Fall avait sa perfusion de morphine et ses médicaments. Autrement dit, il bénéficiait du suivi médical normal».
«OUSMANE SONKO A DEJA SON MINISTERE DE LA SANTE…»
Sur le dossier médical de Doudou Fall qui est transmis à l'hôpital Principal bien après et par WhatsApp, Dr Babacar Niang précise que quand on évacue en France où ailleurs, le document est transféré par mail. Le directeur de Suma Assistance regrette-t-il ce qui s'est passé ? Il répond qu'après 36 ans de service, à chaque fois que quelqu'un meurt, il a des regrets. «C'est un sentiment qu'on a toujours. Si je pouvais éviter la mort, mes parents seraient là. On galvaude le terme non-assistance à personne en danger sans savoir ce qu'il en est au juste. On a des formulaires à suivre et à chaque intervention, il y a un type de traitement à faire. Alors, où situe-t-on la non assistance ? Vous pensez que moi, je peux voir quelqu’un mourir ou souffrir et rester là à boire mon thé». Accusé d’avoir négligé Doudou Fall pour s’occuper d’Ousmane Sonko, Dr Niang balaie d’un revers de la main. «C'est le Pastef qui s'est introduit dans sa clinique et on atteste sans preuve qu’ils ont laissé tout le monde pour Ousmane Sonko», dit-il avant de préciser que la clinique est également constituée de l'hôtellerie. «Celles qui viennent accoucher, je ne les vois pas. Elles viennent avec leur gynéco, accouchent et repartent de la même manière. Sonko peut louer une chambre et se faire suivre par son médecin à Suma. La preuve, je n'étais pas là. Ousmane Sonko a déjà son ministère de la Santé. Ils ont une possibilité de prise en charge. C'est pourquoi, on n’a posé la question. Je n'ai signé aucune convention avec Pastef et je poursuivrai quiconque s'aventure dans ce domaine, parce qu'il ne peut pas le prouver». Très en verve, il estime que depuis la Covid, il fait l'objet d'interpellation. Pourtant, dit-il, le rapport de la Cour des comptes lui a donné raison.