Les avocats sont parfois mis dans le box des accusés par les populations. Pas mal de personnes pensent que ce qui intéresse l’avocat est moins d’aider la cour à faire jaillir la vérité que de tirer son client d’affaire. Me Baba Diop, avocat au barreau de Dakar, apporte dans cet entretien des éclairages. Selon Me Diop, l’indéfendable n’existe pas chez l’avocat car toute cause mérite d’être défendue. Mais en tant qu’auxiliaire de justice, il le fait dans le respect des lois et règlements.
Beaucoup de personnes pensent qu’un avocat est un défenseur de toutes les causes, aussi ignobles qu’elles soient. Qu’en est-il réellement ?
Effectivement un avocat défend toutes les causes, qu’elles soient honorables ou répugnantes. L’avocat ne choisit pas sa cause. Nous avons juré de défendre les gens dans le respect des lois et règlements. L’avocat est un auxiliaire de justice.
Donc il se doit, en défendant son client, d’aider la justice à dire la vérité. Il n’y a pas de cause qui ne puisse être défendue. Les gens se méprennent souvent en pensant que l’avocat ne peut pas défendre certaines causes qu’ils qualifient d’ignobles. Par exemple, si quelqu’un commet un crime, les gens ont du mal à comprendre qu’il puisse avoir une défense. Mais ce qu’ils ignorent peut-être, c’est que l’avocat ne vient pas raconter des contrevérités à la cour sur des choses abjectes.
Dans certains cas, nous expliquons à la cour les circonstances de l’infraction et demandons pardon pour notre client. Nous ne sommes pas obligés de dire que notre client n’est pas coupable. Si c’est vrai qu’il n’est pas fautif et que nous avons des arguments pour cela, nous plaidons non coupable.
Si nous avons des éléments dans le dossier qui sont en défaveur de notre client, nous plaidons coupable et nous demandons pardon pour notre client. C’est pourquoi j’ai dit qu’il n’y a pas de cause qui ne puisse être défendue.
Ne vous arrive-t-il pas d’être mal à l’aise en défendant certaines causes comme le viol, l’inceste, les crimes de sang, etc. ?
Toutes ces fautes sont commises par des humains et nous sommes tous des humains. Aucun homme n’est parfait. C’est vrai que des personnes se trompent parfois en commettant des infractions, mais on ne doit pas dire qu’on ne défend pas un violeur ou un voleur.
Tous les prévenus sont égaux devant la loi et méritent d’être défendus. Ils vont être défendus sur la base de ce qu’ils ont fait. Nous défendons tous les jours des violeurs, mais cela n’empêche pas les tribunaux de les condamner.
Mais l’essentiel c’est qu’ils soient défendus parce qu’ils sont des humains et tous être humain mérite d’être défendu. L’indéfendable n’existe pas chez l’avocat. Tout dépend des dossiers qui nous sont soumis. Si nous avons un dossier qui accable notre client, nous pouvons le tirer d’affaire en faisant en sorte que la peine soit réduite ou en l’évitant d’autres sanctions pénales.
Nous pouvons aussi plaider coupable en faisant en sorte que le minimum de la peine soit appliqué. Tout dépend de l’angle d’approche qu’on a choisi.
Est-ce qu’en tirant d’affaire certains clients réputés être des criminels, vous ne mettez pas la société en danger ?
Ces personnes font partie de la société. Elles pouvaient être de bonnes personnes mais ils ont dévié. Pourquoi ont-ils dévié ? Cela mérite réflexion. On peut aussi commettre un crime de sang par accident.
Et s’il n’y a pas un avocat pour expliquer tout cela à la cour, cette personne risque d’être sacrifiée alors qu’elle a été correcte toute sa vie durant. Il y a aussi des gens qui n’ont pas commis d’infractions mais qui sont pires que ceux qui en ont commis. Je pense que ces personnes qui ont commis des fautes font partie de la société et méritent que la justice essaie de les comprendre.
A l’origine, la peine de prison a été établie pour permettre à la personne de s’amender. On met la personne en prison pour lui permettre de préparer sa réinsertion sociale.
Quels sont les dossiers les plus brûlants qui vous ont marqué dans votre carrière ?
Il y en a beaucoup. J’ai fait 13 ans de barre et défendu pas mal de personnalités. Mon premier dossier qui m’a beaucoup marqué est celui de Madiambal Diagne en 2002-2003 quand il a été poursuivi par l’Etat du Sénégal pour avoir publié des procès-verbaux d’enquêtes préliminaires.
Il y a aussi le dossier Bakary Traoré-Madiop Bitèye qui a été un dossier très compliqué. J’ai moi-même pris Bakary Traoré à la main lorsqu’il est venu à mon cabinet pour le ramener devant le commissaire Assane Ndoye (Ndlr : ancien chef de la Division des investigations criminelles).
Il était recherché à l’époque. Je lui disais que la justice reste la justice et il ne fallait pas se laisser arrêter. Après on a plaidé et cela s’est bien passé. Il y a aussi les dossiers Idrissa Seck, Yankhoba Diattara et récemment Khalifa Sall. Le métier d’avocat est un métier très intéressant parce que l’on parvient à rendre le sourire à nos semblables.
Mon plus grand soulagement dans cette profession, c’est quand mon client retrouve le sourire après avoir plaidé son dossier. Ce n’est pas une question d’argent, mais un sacerdoce.
Fervent défenseur de l’ancien Ministre d’Etat, Karim Wade, aujourd’hui condamné à 6 ans de prison par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Serigne Khadim Diop, petits-fils de Mame Makhtar Ndoumbé Koki, a flingué le chanteur, Youssou Ndour qui a qualifié son mentor de menteur.
Estimant que «Karim Wade n’est pas, dans l’arène politique, l’égal de Youssou qui ferait mieux d’aller faire des études, parce qu’ayant été défénestré de ses deux postes de ministre de la culture et du tourisme, pour incompétence avérée et constatée par le chef de l’exécutif », M. Diop pense que «la sortie du roi du mbalaax, est suffisamment claire, pour prouver, encore une fois, le complot qui a conduit à l’emprisonnement du fils de l’ancien président, Me Abdoulaye Wade.»
Prenant aux mots le ministre, Youssou Ndour qui a fait référence à Dieu dans son différent avec le prisonnier le plus célèbre du Sénégal, Serigne Khadim Diop Koki indique que : «c’est vrai, Dieu est là, parce qu’il vient d’en avoir la preuve ces derniers jours.»
Considérant que son mentor est le prochain président de la République du Sénégal, l’homme de Koki soutient que les prochaines élections présidentielles auront bien lieu en 2017, «parce que personne n’acceptera» que le Chef de l’Etat, Macky Sall, revienne sur ses engagements de réduction du mandat de 7 à 5 ans.
Dans cette même veine, Babacar Mbaye Ngaraf du Mouvement Alliance sauvez le Sénégal (Ass) s’est fendu d’une déclaration pour dénoncer «les attaques injustifiées d’un ministre de la Ré- publique, contre un prisonnier.»
Pour Babacar Mbaye Ngaraf, qui n’a pas manqué d’alerter par rapport à «la crise chronique dans l’école Sénégalaise», c’est «lâche de tirer sur quelqu’un qui est dé- tenu à Rebeuss.» Il convient d’annoncer à ce niveau, que les autres mouvements de soutien favorables à Wade fils, préparent une avalanche de ripostes contre Youssou Ndour.
AVOCAT DES CAUSES DÉJÀ PERDUES...
Ndiol Maka Seck, Oumar Ba |
Publication 27/04/2015
Dans la croyance populaire, le travail d’avocat consiste à transformer un mensonge en une vérité, à essayer de défendre l’indéfendable. Toutefois, aussi controversée qu’elle soit, la profession d’avocat suscite beaucoup l’admiration des jeunes.
« La cour doit faire une œuvre de récupération de tout membre de la société égaré, en lui faisant une application de la loi qui comporte une forte main tendue pour une dernière chance. Ecouter l’avocat général et accorder une suite favorable à sa demande serait pour votre cour une forme d’aveuglement à laquelle je sais que vous n’allez pas vous livrer ». Ainsi plaidait maître Iba Mar Diop lors du procès d’assises d’Alboury Lô et de son supposé complice Briand Kalunga.
Le brillant avocat cherchait ainsi à éviter à son client la peine de mort en vigueur à l’époque au Sénégal. Ces faits qui se sont déroulés en 1992 sont rapportés par Me Alassane Cissé dans son livre « Les Sanguinaires ».
L’avocat général d’alors François Diouf avait requis la peine capitale contre Alboury Lô à la suite de terribles révélations que celui-ci venait de faire à la barre, plongeant ainsi toute la salle dans un silence de cimetière. Alboury Lô avait fait le récit sanglant d’une série de meurtres qu’il avait perpétrés en compagnie de Jonathan Bédimo de Dakar à Bakau en Gambie.
Son avocat, Me Diop, savait que ce témoignage désastreux que venait de faire son client le menait droit au peloton d’exécution. L’expert essayait alors d’atténuer la lourde sentence qui l’attendait en évoquant la morale.
« Si vous lui laissez la vie sauve, quelle que soit la durée de la peine à laquelle vous aller le condamner, son remord sera éternel. C’est déjà une condamnation », avait encore désespérément tenté de convaincre l’expérimenté avocat. Malgré sa brillante plaidoirie, Alboury Lô a été reconnu coupable des faits qu’il a lui-même avoué et condamné à la peine de mort.
Si maître Iba Mar Diop n’a pu tirer d’affaire son client, son confrère Me Cheikhou Amadou Diop, lui, a réussi à obtenir le nonlieu pour Antoine Fatoundé avant même l’ouverture du procès. Ce dernier était poursuivi avec Briand Kalunga, acquitté aussi, pour complicité.
« Maître Cheikhou Amadou Diop se montra particulièrement actif. L’avocat multiplie les procédures et met en place des recours systématiques contre toutes les décisions qui sont défavorables à son client. Les pièces du dossier révèlent que sa stratégie qui a, intelligemment évolué, va se révéler payante », a écrit Me Alassane Cissé dans son livre.
En 2008, c’est avec la même détermination que les avocats de la bande à Ino ont défendu leurs clients pour éviter que le glaive de la justice ne s’abatte sur eux. Ils se sont presque tous attaqués à la procédure et aux réquisitoires du parquet, avant de plaider l’acquittement. Pourtant de lourdes charges pesaient sur leurs clients.
Ino et sa bande étaient poursuivis pour, entres autres délits, association de malfaiteurs, vols commis la nuit en réunion avec effraction, usage d’armes, de véhicules et de violences, de menaces et voies de fait, etc. Leurs agissements criminels étaient devenus un secret de polichinelle de Dakar à Banjul.
Djiby Ba, l’un des accusés, avait même confirmé à la barre avoir participé, avec six autres membres de la bande dont Ino, Alex, Mamadou Sané dit Fily, à des cambriolages de stations services. Me Amadou Aly Kane, avocat de Banda Dabo, membre de la bande accusé de 28 agressions et quatre viols, a essayé de démonter pièce par pièce l’accusation contre son client, avant de dire que celui-ci s’est repenti et de demander la relaxe.
Les exemples sont nombreux. Des avocats se constituent ou sont constitués dans des dossiers où la culpabilité de leur client est presque certaine. Beaucoup de gens pensent également qu’il est des prévenus ou des accusés qui ne méritent pas d’être défendus.
« Les avocats sont presque indispensables dans la société. On se rend compte de leur utilité lorsqu’on est dans une situation difficile. Moi, j’en sais quelque chose. Mais parfois dans certains dossiers on se demande comment on peut défendre de telles personnes. Tellement les faits pour lesquels elles sont poursuivies sont ahurissants qu’elles ne méritent pas d’être défendues », a estimé Mamadou Sow, un ouvrier trouvé dans un chantier à Dakar.
« Le métier d’avocat me passionne beaucoup. Ils sont éloquents et il paraît que la profession paie bien. Mais moi, lorsque je serais avocat, je choisirais les causes que je vais défendre. Je ne vais pas me constituer pour un violeur, un voleur, une lesbienne, un criminel, etc. », a énuméré cette étudiante en Droit qui a requis l’anonymat.
Bassirou Ndiaye, lui, interroge le Droit islamique. A l’en croire, si l’on s’appuie sur la « charia », un homme qui tue un autre doit être tué. « Il n’y a pas à chercher de midi à quatorze heures, les textes du Droit islamique sont clairs. Et aucun avocat ne peut le défendre. Mais malheureusement « la charia » n’est pas en vigueur au Sénégal qui est un pays laïque », a regretté M. Ndiaye.
Ousmane Ndiaye, lui, sort du lot. Selon cet étudiant tous ceux qui disent qu’il y a certaines causes qui ne méritent pas défense ou sont indéfendables n’ont jamais été dans une telle situation. « Quand on a un frère, un oncle ou n’importe quel membre de notre famille qui commet une infraction, quelle que soit la gravité, la première chose à laquelle on pense, c’est d’aller chercher un avocat pour l’assister. Qu’il soit de bonne ou de mauvaise moralité, on l’assiste parce qu’il est membre de la société », a soutenu Ousmane.
Il ajoute, en outre, que généralement ce sont les avocats qui sont au côté des opprimés. « La société est égoïste, mais nous devons respect et considération aux robes noires », pense Ousmane Ndiaye.
«JE NE FAIS PAS DE LA MAGIE AVEC DE L’ARGENT…»
CHEIKH KANTÉ, DIRECTEUR DU PORT AUTONOME DE DAKAR À SES DETRACTEURS
Le Directeur général du Port autonome de Dakar (Pad), Cheikh Kanté, a profité de la troisième édition du Groupe de recherche et d’étude sur la démocratie et le développement durable (Greddda) organisée au Cesag, samedi dernier, pour solder ses comptes avec ses détracteurs. À ces derniers qui le décrivent comme un distributeur automatique de billets de banque, il
rétorque qu’il ne fait pas de la magie avec de l’argent.
Objet d’attaques tous azimuts, le Directeur général du Pad est sorti de ses gonds. Visiblement meurtri par les accusations sur ses largesses financières, Cheikh Kanté a tenu, samedi dernier en marge de la troisième édition du Groupe de recherche et d’étude sur la démocratie et le développement durable (Greddda), à solder ses comptes avec ses détracteurs. «Je ne fais pas de la magie de l’argent », tonne Cheikh Kanté qui déclare à qui veut l’entendre que ses actions en faveur des couches défavorisées notamment les femmes de Ziguinchor entrent dans le cadre de la responsabilité sociale de l’entreprise qu’il dirige. Et que ce rôle dévolu au Port autonome de Dakar (Pad) a été laissé en rade par l’ancienne équipe. «À mon arrivée, j’ai constaté que l’enveloppe destinée à la responsabilité sociale de l’entreprise a été dévoyée et orientée à d’autres fins.
Désormais, c’est ce pactole que j’utilise et que je distribue aux ayants droit que sont les populations. Alors, ceux qui n’ont rien compris croient que je fais de la magie de l’argent. Ils se trompent lourdement», peste-t-il. Il estime ue ses pourfendeurs se trompent de cible car les populations sont dans le besoin et leur venir en aide est un devoir. «Mais, rien ne pourra me détourner de mes objectifs, n’en déplaise à mes détracteurs», tranche-t-il.
CINQ MEILLEURS MEMOIRES PRIMES
Lors de la troisième édition du Greddda axée sur «la responsabilité sociétale de l’entreprise (Rse)», Cheikh Kanté a promis d’octroyer des bourses d’études aux cinq meilleurs mémoires consacrés à la Rse. Désormais, je vais récompenser les cinq meilleurs mémoires d’études au Cesag qui auront trait à la responsabilité sociale d’entreprise», a-t-il indiqué. Une annonce qui a été accueillie par les acclamations des étudiants. Revenant sur le rôle des entreprises à l’endroit des populations, le Dg du Port souhaite qu’il prévale des relations gagnant-gagnant entre les populations et les entreprises. «La Rse doit être institutionnalisée car elle peut être une variable stratégique pour lutter contre la pauvreté. Les entreprises doivent aider les populations en participant à leur bien-être», affirme Cheikh Kanté qui déplore ainsi «l’absence des politiques dans la responsabilité sociétale d’entreprise ».
L’ETAT S’ALIGNE SUR LE MOUVEMENT ASSOCIATIF SENEGALAIS
CREATION DE LA FONDATION POUR LE DEVELOPPEMENT DU SPORT
Le projet de création d’une Fondation pour le développement du sport sénégalais est validé par l’Etat, qui a abandonné son Fonds pour s’aligner sur le mouvement associatif.
C’est la fin de la tergiversation. Pendant des années, l’Etat et le mouvement associatif ont adopté des positions divergentes sur la forme juridique de l’organe en charge du financement du sport sénégalais. Le ministre des Sports a opté pour un Fonds de développement du sport à la place de la Fondation proposée par le Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss). Mais depuis samedi dernier, les difficultés semblent être aplanies. Car, le ministre des Sports, Matar Ba, qui participait à la cérémonie d’ouverture du Comité directeur du Cnoss, à l’hôtel Terrou-bi, a révélé que «le président de la République, lors du Conseil des ministres délocalisé de Kaffrine, a annoncé la création de la Fondation pour le développement du sport sénégalais».
«Je pense qu’on vous rejoint dans votre belle idée de créer une Fondation pour pouvoir accompagner l’Etat pour mieux gérer le sport. Il est donc nécessaire et utile que le partenariat gagnant qui lie l’Etat au Cnoss puisse se consolider et s’élargir. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’action de mon département», s’aligne la tutelle.
Ventant le mérite de cette structure qui tient à cœur le président Diagna Ndiaye, le ministre soutient que «cette fondation va accompagner l’Etat dans la prise en charge des problèmes du sport, et ça permettra aussi aux grandes entreprises du Sénégal et de très grands responsables d’être ensemble et de réfléchir pour venir accompagner le département». «Ce n’est pas une nouvelle doléance. C’est une proposition du Cnoss, il y a de cela quelques années. Et aujourd’hui, je pense que nous allons vers cette création d’une grande Fondation qui permettra de régler beaucoup de problèmes», précise Matar Ba.
Pour sa part, le président du Cnoss a argumenté sur la préférence de la Fondation au Fonds : «Au Cnoss, on est attaché à l’esprit de la Fondation. Si vous sollicitez des donateurs, ils ne paient pas de taxes. Alors que pour le Fonds, il y a une autre philosophie. Les fonds sont fiscalisés».
Sponsorisation des sports
En attendant l’effectivité de la création de la Fondation pour le développement du sport, le Cnoss multiplie des actions pour appuyer les fédérations. Ainsi, son président annonce «la sponsorisation des sports professionnels». «Nous allons essayer de voir, pour chaque fédération, comment avoir un sponsor attitré. Tout dernièrement, Canal+ a sponsorisé le canoë-kayak. Le tennis, comme cela se fait en France par Paribas, est soutenu par la Bicis. Ce sont des choses qui sont en cours d’exécution», explique M. Ndiaye.
En tout cas, le ministère compte sur le mouvement associatif, pour «la synergie des efforts et des volontés, examiner et diagnostiquer, à tout moment, la situation du sport sénégalais et de lui apporter des réponses conséquentes et appropriées».
Dans le souci de dissiper les malentendus, Matar Ba estime «essentiel que certaines contradictions comme les primes et les autres récompenses dues aux athlètes puissent être gérées avec beaucoup plus de responsabilité afin d’éviter notre syndrome de Maputo».
«Ces mesures exigent une concertation continue et sans limite entre le département et le mouvement associatif (…) Nous avons une obligation d’être ensemble et d’éliminer certaines limites, qui n’ont pas de sens», lance M. Ba.
«NOTRE PUBLIC NE PEUT PLUS SE CONTENIR AU GRAND THEATRE»
Après avoir réussi avec brio, pour la deuxième année consécutive, son concert «Simon show» au Grand Théâtre, l’artiste-rappeur Mouhamed Simon Kouka, qui a joué à guichets fermés, dresse le bilan. Le leader de «Jolof 4 live» estime que le compte est bon, car le bilan est très satisfaisant, malgré quelques couacs notés durant le show. Dans cet entretien, le «Y en marriste» a aussi dégagé des perspectives du mouvement hip-hop.
Bilan du show au Grand Théâtre
«Le bilan que nous tirons de ce concert est positif. Parce que, non seulement nous avons réussi le pari de la mobilisation, et nous avons vu aussi un public qui a apprécié le spectacle, ce qui nous tenait vraiment à cœur. Et il est vrai que l’année dernière, nous avions fait focus à 100% sur le pari de la mobilisation. Car c’était la première fois qu’un rappeur organisait avec une entrée payante au Grand Théâtre. Mais cette année, le pari c’était le spectacle et nous avons senti et vu le public accepter tout ce que nous avons proposé. Tantôt il (le public) écoutait attentivement, tantôt ému par ce que nous avons eu à lui présenter sur la paix en Casamance, le procès des femmes battues. Le public a aussi dansé sur les rythmes comme «Ndiogou». Et par rapport à tout ça, nous sommes très satisfaits.
Maintenant, il y a quelques petits détails par rapport au Grand Théâtre, mais c’est des choses qui arrivent. En tout cas, nous étions très contents de la disponibilité des techniciens, du directeur qui nous a donné la salle par rapport au package. Malheureusement, c’est très difficile d’organiser ce genre de spectacle, parce que les sponsors n’ont pas suivi. Et ce, malgré une affiche qui était remplie de sponsors. Et on ne comprend pas que des gens se battent, remplissent des salles, là où d’autres ne peuvent pas faire salle comble et ont des tonnes de sponsoring. Peut-être que c’est parce qu’ils ont une étiquette à eux et nous, on n’arrive pas à avoir le soutien de certaines personnes. Mais nous tenons à remercier le ministère de la Culture, celui de la Jeunesse à travers l’Anpej. Nous avions un budget de 20 millions de francs Cfa et honnêtement, tous les autres partenaires n’ont pas suivi. C’est à déplorer. Nous ne pouvons pas comprendre que des lutteurs, des ‘Mbalaxmans’ etc, bénéficient de sponsors et d’appuis, mais quand il s’agit du mouvement hip-hop les gens observent et ne font rien».
Couacs lors du concert
«Certaines choses peuvent arriver et cela se comprend. C’est pourquoi nous sommes satisfaits des techniciens du Grand Théâtre qui ont tout donné pour la réussite du spectacle et aussi la disponibilité du directeur. Mais il y a une partie de l’administration qui, après nous avoir loué la salle, l’a aussi cédé à la Fondation Kéba Mbaye. On sait que si c’était Youssou Ndour ou Ismaël Lo, cela n’arriverait pas. Ce qui n’est pas normal. Et, évidement, c’est ce qui a valu les couacs notés au courant du show, parce que nous n’avions pas la balance la veille. On ne peut pas louer une salle à deux structures qui se produisent le même jour, on le déplore. Et n’eût été la disponibilité, les efforts des techniciens et le respect du directeur Kessy Bousso et d’une partie de l’administration, on n’allait parler d’autres choses. Car ils croient en nous, au mouvement du rap. Parce que même les gardiens nous on mené vraiment la vie dure».
Retour au Grand Théâtre
«Je crois que le public que nous avons ne peut plus se contenir au Grand Théâtre. Parce que cela fait deux ans qu’on le fait et que des gens n’arrivent pas à accéder à la salle. Ils sont obligés de s’asseoir sur les escaliers où même rester debout pendant toute la soirée. Notre public ne peut plus se contenir dans la salle du Grand Théâtre. Peut- être, si nous devons encore le faire au Grand Théâtre, ce sera sur l’esplanade, là où s’était produit Youssou Ndour. Mais on envisage de prendre un autre lieu et de construire comme les gens font en Europe. Après tout, on organise des festivals dans des déserts non. Ou alors aller dans un stade par exemple. Parce qu’une semaine avant le show, des gens m’appelaient pour avoir d’un billet. Et, honnêtement, on ne peut plus se permettre d’organiser et que des gens restent à la porte».
Prochains défis de Simon
«C’est justement essayer d’avoir une date à l’étranger, comme le font les Pape Diouf et Waly Seck. Chapeau à eux pour la réussite de leurs différentes manifestations que ça soit à Dock Pullman, au Zenith… Le prochain défi, c’est aussi d’essayer d’avoir un projet itinérant. Là (Ndlr : vendredi dernier), nous sommes en concert à Ziguinchor, la semaine prochaine, nous irons à Saint-Louis. Après, c’est Kaolack, puis Diourbel, Tamba, Thiès et encore Dakar. Nous, notre combat, c’est de se faire entendre et dire aux autorités que ce n’est pas normal que d’autres reçoivent des aides à coût de millions et que des gens comme nous, le mouvement hip-hop, qui font énormément pour ce pays, on nous envoie balader si on fait une demande de sponsoring ou des partenariats».
L’état du rap sénégalais
«Le rap sénégalais se porte bien. Il y a une jeune génération qui est là et qui est décomplexée, contrairement à nos anciens. Ils n’écrivent pas pour rimer, mais pour l’intelligence. On sent qu’ils ont fait les bancs et qu’ils sont l’expression de la vie. A cela s’ajoute qu’il y a beaucoup de studios, chacun écrit des projets, chacun est organisé. Ce qui manque, c’est une bonne structuration, un bon accompagnement de l’Etat, qu’on nous mette dans des canaux qui permettent de faire de cette musique un levier de communication. Parce que, aujourd’hui, s’il faut inscrire les jeunes sur les listes électorales, le rap est devant. Pour lutter contre des maladies telles que le paludisme, le Vih-Sida, Ebola, le rap est devant. S’il faut conseiller par rapport à la spiritualité des jeunes, au retour aux sources, pour ressortir les richesses de la langue wolof, le rap est aussi devant. Il y a tellement de choses que les cultures urbaines peuvent faire, il y a un énorme potentiel. Il n'y a qu’à voir le nombre de concerts qui sont organisés par mois, le nombre de festival par an, le nombre d’artistes hip-hop qui voyagent et qui sont dans des festivals internationaux. Ils défendent les couleurs du Sénégal, que ce soit dans la danse, le rap, le graffiti, donc, le rap se porte bien. Malheureusement, il n’y a pas de structure pour épauler. Mais c’est parce que nous ne faisons pas dans le ‘sambaye-mbayanne’ (griotisme) qu’on ne voit pas certaines personnes épauler cette musique. On ne tend pas la main, mais notre musique a besoin d’être soutenu, car on soutient le Sénégal. Le rap se porte vraiment bien, malgré nos différends, nos clashes».
YOU MENACE DP WORLD
Dans la suite de l'entretien exclusif accordé à "Enquête", le président du groupe Futurs médias exige réparation du préjudice causé avec la destruction de son imprimerie d'une valeur estimée à 2,4 milliards de francs Cfa
Bigué Bob & Sophiane Bengeloun |
Publication 27/04/2015
Dans ce second jet de l'entretien que le Président du groupe Futurs Médias a bien voulu nous accorder, la multinationale Dubaï Port World en prend pour son grade. Youssou Ndour corse son discours avec force citations en wolof et menace celle-ci de réactions à la hauteur de "l'agression" si aucune réparation du préjudice subi- une imprimerie de 2,4 milliards Cfa endommagée- n'est faite. Il évoque bien d'autres sujets comme ses relations avec le Président Macky Sall, l'avenir de la presse telle qu'elle se pratique aujourd'hui, sa popularité mondiale etc.
On vous a entendu élever le ton dans le contentieux qui vous oppose à Dubaï Port World (DPW). Etes-vous dans la même logique de bras de fer ?
Oui, je suis dans la même logique. C'est moi qui ai retardé tout ça. C'est un projet de 20 milliards de francs Cfa qui concentre des centaines d'emplois. Et avec ce projet-là, je faisais une course contre la montre. Je voulais être le réalisateur du premier projet du PSE dans le domaine privé, après celui du Président Sall avec le centre de conférence de Diamniadio. Je voulais lui montrer que le secteur privé est là, derrière le PSE. Et aussi que moi-même je m'engage pour mon pays en créant des emplois et des opportunités. On ne l'a pas réussi parce qu'on n'a pas su inaugurer à temps. Je profite de l'occasion pour remercier tout le monde. J'ai eu de la sympathie venant des organisations, du CNP, du MEDES, de la CNES, d'amis du milieu. Bref de partout. Je pense aussi qu'on est tous d'accord que dans un pays, il faut un plan A, un plan B et toujours un plan C. Aujourd'hui, le plan A, c'est que tout le monde sait que ce projet est plombé et pourtant il doit démarrer. Il faut que les responsabilités soient situées. Deuxième chose, il faut discuter. Un cadre est en train d'être créé dans ce sens. Je crois qu'à partir de lundi, la direction du port avec le ministère de l'Industrie vont échanger. Ce n'est pas encore officiel mais je crois que cela se fera dès la semaine prochaine. Les gens vont se rencontrer pour d'abord situer les responsabilités. "C'est nous dans nous", mais il n'est pas question que les choses soient encore retardées. J'ai assez retardé les choses en tempérant, mais là vraiment, il faut que ça commence. La troisième chose, il faut que les gens sachent que nous sommes dans une économie libérale. Tout le monde a le droit d'entreprendre. Dans ce pays, il n'y a plus d'exclusivité. Certains ont dit que tout cela, c'est du sabotage. On prend cela au second degré. Mais quand même, il faut comprendre que c'est fini les histoires de monopole. Ce projet est très important. Personne ne peut dire que moi, je suis là depuis les années 60 et que tel secteur m'appartient. C'est clair et net, personne ne peut arrêter ce projet. La quatrième chose est que nous sommes des acteurs économiques de ce pays. Et comme on le dit, pour qu'un pays émerge, il faut des industries. Il faut que ces industries soient contrôlées à un certain niveau par les nationaux qui gagnent de l'argent ici pour que l'économie tourne. "Ken mënul daaneel futurs médias budul Yàllà. Su yaboo niu gëm Yàllà" (ndlr nul ne peut faire tomber futurs médias si ce n'est Dieu. Croyez en Dieu). Moi je suis chanteur, je suis venu dans le truc-là comme ça. Après, ça a évolué. Ce n'est plus que pour Youssou Ndour. Je n'accepterai pas qu'on fasse tomber cette entreprise. Dieu sait que depuis 12 ans, ce groupe de presse n'a fait que subir des pressions. On croit en Dieu donc on va continuer.
Jusqu'où êtes-vous prêt à aller dans ce combat ?
Je ne veux pas que cette bataille salisse la réputation de qui que ce soit. Je suis quelqu'un de très connu ici et à travers le monde. Je ne veux pas non plus que cela ternisse l'image de Dubaï Port World. On sait toujours où ça commence mais on ne sait jamais où ça se termine. Cela peut gâcher beaucoup de choses pour Dubaï Port World. Ils ne sont pas plus célèbres que moi. Moi aussi je peux en pâtir. "So daanalee massinu jambuur mu nekk sa responsabilité, nga nek kilifë bu maate, da nga koy regle. Daniu bëgg njuuj njaaj torop" (ndlr, quand vous endommagez le patrimoine de quelqu‘un et que vous savez que vous êtes fautifs, en dirigeant responsable vous devez régler le problème). Depuis l'installation du nouveau régime dans ce pays, on ne parle que de DP World. On ne parle que d'eux. Alors, il faut qu'ils arrêtent. Ce n'est pas une histoire de milliards ou d'autres choses. Ici, c'est le Sénégal, ça nous appartient, "amul naar, amul Saoudien, amul xaaliss, amul pétrole amul dara". On ne peut que nous tuer mais le Sénégal restera notre Sénégal. Il faut qu'au-delà du business et des stratégies, on fasse attention. DP World est un partenaire pour le Sénégal qui est là et qui travaille avec nous. Ils ne peuvent donc pas être là et mépriser les Sénégalais (sic). Devant ce genre de problèmes, l'entreprise devait s'organiser et voir comment réparer le dommage. Ils ne font rien dans ce sens et disent "nio ma eupeu doole. Non eupouniou ma doole. Yalla moo am doole". J'ai pris mon mal en patience du mieux que j'ai pu. Mais là, il faut régler ce problème parce que je ne peux plus attendre. "Niu ngi dee".
Futurs médias est en danger ?
Mais bien sûr. Ce projet, c'était pour plus de sécurité. La presse est en mutation. Nous, on s'est dit que si on entre dans l'industrie et qu'on y investisse, on pourrait montrer à ceux qui prédisent la mort de la presse que cette dernière est en train de faire des mutations. Une industrie de ce genre peut générer des milliards et des milliards au-delà même du Sénégal, surtout avec l'interdiction des sachets plastiques. Si cela marche bien, ça va consolider le groupe. Le papier ne se vend presque plus dans la presse. La télévision, ce n'est plus que dans le salon. Il y a maintenant les Smartphones. Avec ça, la presse va beaucoup perdre. Donc, il nous faut un plan B. Il faut vraiment que notre projet soit lancé. Ils font marcher leur entreprise, ils n'ont qu'à nous laisser faire autant avec la nôtre.
Vous avez un compte twitter et c'est instantané alors que vous êtes dans l'appareil d'État. Comment faites-vous pour contrôler votre communication ?
Chaque jour, je fais le point. Je ne veux pas être en contradiction avec l'État. Chaque fois que c'est un peu sensible, je vais vers le ministre des Affaires Etrangères. Je lui pose des questions et je me conforme après à ces conseils. Quand c'est quelque chose de personnel qui n'a rien à voir avec la machine d'État ou qui pourrait avoir des incidences sur celle-ci, j'interviens directement. Twitter est aussi un mode de communication extraordinaire. C'est moi qui gère mon twitter. Je suis très sollicité. Mais j'essaie quand même de ne pas être en contradiction avec l'État.
Votre notoriété sur le plan mondial ne fait-il pas d'ombre au Président Sall ?
Je vous dis sans détour que je suis plus connu que le président Macky Sall. Mais c'est lui mon patron.
Il n'est pas jaloux ?
Nooon ! Au contraire ! Sur ça, il n'est pas du tout jaloux.
Il n'envie même pas vos capacités vocales ?
Un jour, je lui ai demandé ce qui l'intéressait dans la musique. Il m'a dit qu'il était très attiré par le piano. Je lui dis qu'il devait prendre des cours de piano. Il m'a répondu qu'il lui fallait d'abord trouver du temps pour ça. Je veux bien l'aider à jouer au piano un jour et il interprétera l'hymne et je chanterais.
Comment voyez-vous votre avenir avec le Président Sall ?
Ça va continuer. Comme je l'ai dit, Macky Sall a été un ami, un compagnon avant qu'il ne soit président de la République. Je fais partie des premiers à avoir trouvé Macky Sall dans son salon alors qu'il était Premier ministre et en passe de devenir président de l'assemblée nationale avant d'être exclu pour lui dire : "Vous avez une responsabilité historique, prenez votre courage à deux mains." Après cela, on est resté très proche. On a travaillé ensemble. On est ensemble et je souhaite qu'après tout cela, on reste des amis. Sur la gestion du pays, on est d'accord sur presque tout. Même si des fois j'ai des critiques. Je suis un ministre conseiller, je les formule à l'interne. Pour mon avenir politique, moi je suis entré en politique par accident. J'ai senti un besoin d'une majorité des Sénégalais. Mon vrai combat, c'était pour que les autres dégagent. La stratégie que j'ai utilisée a été bonne parce que j'avais des chances aussi. Avant je parlais de l'histoire et d'un coup je faisais partie de l'histoire que d'autres raconteront. Mon entrée en politique n'était donc pas un besoin personnel. Maintenant je suis avec un Président avec qui je m'entends très bien. Je ne le gêne pas. Je ne crée pas de dualité. Tant que Macky Sall ne change pas de vision, je suis derrière lui. Je n'essaie pas de lui mettre des bâtons dans les roues et pourtant je peux avoir mes ambitions. Sur l'échéance qui est devant nous, que ce soit 2017 ou 2019, nous sommes avec lui. Je ne suis pas avec lui juste pour parler, je participe et cela au vrai sens du terme.
A quand la prochaine production de Youssou Ndour ?
Ça va sortir d'ici la fin d'année peut-être. Maintenant, il y a des choses à voir avant. Il y a l'international à prendre en compte etc. Mais en 2016, je suis prêt pour un autre album. Cela fait un moment quand même depuis Dakar-Kingston. Je ne peux vraiment pas aller au fond des choses pour l'instant quant à la composition de ce nouvel album. Je peux juste dire qu'il y aura un clin d'œil à la jeunesse.
UNE PROFESSION LIBÉRALE ET INDÉPENDANTE
AVOCAT
Ndiol Maka Seck, Oumar Ba |
Publication 27/04/2015
La profession d’avocat est libérale et indépendante. Les avocats sont regroupés en barreaux établis auprès de chaque tribunal de grande instance. Chaque barreau est administré par un conseil de l’ordre présidé par un bâtonnier. Les membres du conseil de l’ordre et le bâtonnier sont élus par les avocats inscrits au barreau.
Le conseil de l’ordre se prononce sur les demandes d’admission au barreau, établit un règlement intérieur qui fixe les devoirs et obligations des avocats. Il est l’organe de discipline des avocats du barreau. Par exemple, un avocat peut être radié du barreau s’il ne respecte pas les devoirs et obligations de sa profession.
Il peut être saisi par le bâtonnier, par le procureur général près la cour d’appel, ou il peut se saisir d’office. Les avocats peuvent exercer un recours devant la cour d’appel. Le bâtonnier est compétent pour recevoir et instruire les réclamations dirigées contre les avocats du barreau.
Tout avocat bénéficie de certaines prérogatives et est tenu à certains devoirs particuliers destinés à sauvegarder l’indépendance et la dignité de la profession.
Ainsi, il est tenu au secret professionnel : « Ce qu’il a pu apprendre dans l’exercice de sa fonction ne doit jamais être divulgué. C’est pour tout avocat non seulement une obligation sanctionnée disciplinairement et pénalement, mais également un droit en ce sens que l’avocat peut refuser de témoigner en justice sur des faits dont il aurait eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions. L’avocat bénéficie de certaines immunités : immunité de la parole et des écrits, inviolabilité relative au cabinet (perquisitions strictement encadrées), inviolabilité de la correspondance échangée entre l’avocat et son client », note maître Yéri Ba.
Passer pour un « avocat du diable»
Un avocat est chargé de défendre la cause de personnes présumées coupables. Dans cette perspective, il est engagé dans des dossiers souvent très difficiles, tellement la culpabilité de son client s’avère d’avance certaine. Quelle que soit cependant l’atrocité des crimes, l’immoralité de la cause, tout le monde a droit à la défense.
L’avocat qui se permet d’enrôler certains dossiers compromettants, du fait de la charge des éléments, est dans cette logique souvent victime de préjugés, jusqu’à le faire passer pour un « avocat du diable ».
Peu importe les jugements et préjugés, ce professionnel du Droit est tenu de faire face afin de contribuer à la manifestation de la vérité. D’où vient en fait cette appellation d’avocat du diable ? Elle provient du milieu ecclésiastique.
En effet, « l’advocatus diaboli» était un religieux qui, au cours de l'étude préalable à la canonisation, devait rechercher tout ce qui, dans le comportement de la personne, pouvait montrer l'influence du diable, sachant qu’un saint doit au moins avoir mené une vie irréprochable.
Si ce religieux avait donc vis-à-vis « du possible futur saint » disséqué des comportements compromettants, il devait s'opposer à la canonisation. Ce rôle a été supprimé par le pape Jean-Paul II en 1983.
L’avocat à proprement dire est un professionnel du Droit exerçant une profession libérale. C’est aussi un auxiliaire de justice qui défend, assiste ou représente ses clients devant les juridictions. L’avocat, en sus de son rôle d’information de ses clients sur leurs droits et leurs devoirs, donne des conseils ou des consultations juridiques.
Il renseigne sur les procédures susceptibles de résoudre le litige, aide parfois à régler le conflit à l’amiable. En matière pénale, il intervient pour défendre les personnes soupçonnées d’une infraction ou pour représenter les intérêts des victimes, tout au long de la procédure.
Dakar, 27 avr (APS) – Le Sénégal occupe pour la deuxième année consécutive la première place des Etats membres de l'Organisation des Nations unies (ONU) ayant honoré la totalité de leurs contributions annuelles au budget de l'institution, a appris l'APS de source diplomatique, lundi à Dakar.
Au 31 janvier 2015, seuls 25 Etats membres avaient honoré l'intégralité de leurs contributions, parmi lesquels le Sénégal occupe le fauteuil de leader pour la deuxième année consécutive, renseigne le service de l'information, de la communication et des relations publiques du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur.
Le Sénégal figure ainsi "au tableau d'honneur de l'organisation", ajoute-t-il, précisant que seuls sept pays africains dont le Sénégal (1er), le Rwanda (17e) et la Mauritanie (19e) font partie de la liste des 52 Etats qui ont versé en intégralité leurs contributions au budget ordinaire de 2015.
Au 24 avril 2015, 77 Etats membres ont honoré l'intégralité de leurs quote-part de l'année en cours au budget ordinaire de l'organisation.
«CEUX QUI SONT RICHES CONSTITUENT LA MINORITE, C’EST ÇA QUI CREE LE MALAISE DANS CE PAYS»
ME OUSMANE SEYE, AVOCAT A LA COUR, LEADER DU FRONT PATRIOTIQUE
Idrissa B. SANE, Ibrahima SALL, Barka I. BA |
Publication 27/04/2015
Un Me Ousmane Sèye d’attaque commente, sans fard, l’actualité nationale. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, l’avocat et membre du pôle présidentiel se lâche, jamais il ne l’avait fait auparavant, pour dire des vérités crues, notamment sur le plan social : «Ceux qui sont riches constituent la minorité, c’est ça qui crée le malaise dans ce pays».
Vous avez été un des acteurs du procès Karim Wade et ses co-accusés. Le débat sur la légalité ou non de la Crei a été très passionnant...
Malgré tous les soubresauts, toutes les gymnastiques juridiques proposées par certains juristes, la Crei est une juridiction légale. Elle n’a jamais été abrogée. Elle n’a jamais été abrogée. Elle a été mise en veilleuse. Une loi mise en veilleuse n’est pas une loi inexistante. C’est une loi qui existe, qui est légale et qui est conforme à la Constitution du Sénégal. Et donc, elle a été réactivée par Macky Sall. Mais, le Président ne s’est pas arrêté là. Il a mis en place, conformément à la directive de l’Uemoa, en 2009, pour la transparence de la gestion des derniers publics, l’Ofnac, qui a un pouvoir d'autosaisine, qui a un pouvoir d’investigation énorme, qui a une compétence très étendue. Il a aussi fait adopter une loi sur la déclaration de patrimoine. Voilà des structures préventives efficaces contre la corruption et l’enrichissement illicite. Maintenant, je dis que Macky Sall a mis les charrues avant les bœufs.
Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?
Parce qu’il fallait attendre la mise en place de l’Ofnac et le vote de la loi sur la déclaration de patrimoine pour déclencher la lutte contre l’enrichissement illicite et la corruption. Je vais vous dire pourquoi. Parce que, quand Macky Sall est arrivé au pouvoir en 2012, il a fait déclencher la lutte contre l’enrichissement illicite au mois de juillet. Il n’y avait pas encore la mise en place de l’Ofnac ni le vote de la loi sur la déclaration de patrimoine. Donc, l’Etat du Sénégal a saisi la Section de recherches de la gendarmerie pour procéder à des enquêtes de patrimoine. Ce qui n’est pas de sa compétence. Il faut le dire. Les gendarmes ne sont pas formés pour enquêter sur le patrimoine des individus. L’enrichissement illicite n’est pas un délit de droit commun. Je peux même dire que les gendarmes qui ont en charge ces dossiers n’ont jamais enquêté sur un tel délit, le délit d’enrichissement illicite. Et c’est pourquoi, il y a eu tout un débat autour du droit de la propriété, autour du droit de l’étendue du patrimoine, qui sont des notions plutôt civiles que pénales. Si on avait attendu la mise en place de l’Ofnac et la déclaration de patrimoine, l’Ofnac se serait auto-saisie des dossiers des personnes soupçonnées et aurait fait des investigations pour déposer ses conclusions directement au Procureur spécial près la Crei, il n’y aurait pas eu tout ce débat autour du droit de la propriété. Donc, c’est une erreur de procédure qui a été commise dans le déclenchement de la lutte contre l’enrichissement illicite et la corruption.
Que prônez-vous pour régler le problème des longues détentions préventives?
Il y a des efforts qui ont été faits. Pour les délits de droit commun, c’est-à-dire des délits qui ne sont pas des atteintes à la sûreté de l’Etat, la détention maximale au niveau de la détention provisoire est de 6 mois. Après 6 mois, si la personne n’est pas jugée, elle est immédiatement remise en liberté. Ce que je préconise pour les longues détentions, c’est deux choses : qu’il y ait un juge de la liberté, l’instruction d’un juge de la liberté. Parce que, pour moi, le procureur de la République ne doit pas avoir le pouvoir de placer sous mandat de dépôt quelqu’un, parce qu’il n’est pas juge, et il est lié par la hiérarchie. Il n'y a que le juge qui jouit d’une indépendance totale de par son statut. La liberté, c’est une notion constitutionnelle. Le fondement de la liberté est d’ordre constitutionnel. Il n’y a que le juge qui doit priver une personne de sa liberté, mais pas le procureur de la République. Parce qu’on se rend compte que, quand des personnes sont déférées devant le procureur par la police ou la gendarmerie, presque le mandat de dépôt est immédiat. La personne n’est pas assistée. Le procureur de la République, il place automatiquement la personne sous mandat de dépôt. Mais, cela est un facteur d’encombrement de nos prisons. Sans raison, il y a beaucoup d’innocents qui sont placés sous mandat de dépôt, qui sont envoyés en flagrant délit et qui sont libérés après. C’est la première mesure. Enlever au procureur de la République son pouvoir de placer quelqu’un sous mandat de dépôt. La deuxième chose, c’est créer plusieurs juridictions pour que la procédure qui aboutit au jugement des personnes soit rapide. On ne peut placer sous mandat de dépôt quelqu’un et le juger un an, deux ans après. Et pour cela, il faut recruter beaucoup de magistrats, beaucoup de greffiers, créer beaucoup de juridictions, créer beaucoup de Chambres correctionnelles. Ce sont pour moi, les deux solutions pour éviter les longues détentions, surtout les détentions arbitraires. Et puis, il faut supprimer le retour de Parquet.
Pourquoi préconisez-vous la suppression du retour de Parquet ?
Parce que c'est une pratique illégale. Ce n’est pas prévu dans le Code de procédure pénale. On défère quelqu’un devant le procureur de la République, le procureur de la République n’a pas le temps ou bien la personne est en train de négocier, le Procureur dit : «On ne vous entend pas, on ne vous libère pas, on ne vous met pas sous mandat de dépôt, on vous fait retourner à la Police». Il n’y a plus de délais de garde-à-vue, parce que la garde-à-vue est terminée. Et donc, pendant une semaine, il y a des va-et-vient entre la police, la Brigade de gendarmerie et le Parquet. On fait renvoyer la personne, ce que l’on appelle illégalement le retour de Parquet. Il faut mettre fin à cette pratique. Si la personne, on ne peut la mettre sous mandat de dépôt, il faut libérer la personne. Le principe, c’est la liberté, et la détention est l’exception. Il faut revenir à ce principe du droit pénal et du droit de procédure pénale.
Macky Sall a sifflé la fin de la récréation par rapport à la question de la réduction de la durée de son mandat. Mais, la polémique est loin d'être finie...
Je suis un peu gêné et même choqué du fait que le Président ait consacré huit jours à la région de Kaolack, huit jours pendant lesquels, le Président a inauguré des routes, posé des actes économiques forts, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent, et que la presse ait retenue de cette tournée économique deux choses qui sont des épiphénomènes par rapport à l’objectif de la tournée économique : la transhumance et la réduction du mandat du président de la République. Macky Sall a parlé de ces deux épiphénomènes pendant une conférence de presse. Je le félicite d’avoir organisé cette conférence de presse avec des journalistes Sénégalais à l’intention du peuple sénégalais, après avoir fait huit jours à l’intérieur du pays, pour la deuxième fois. Et j’espère qu’il va continuer cette tournée. Et on ne retient de cette tournée que la transhumance et la réduction du mandat du président de la République. Le président de la République a raison de dire qu’il faut que ce débat s'arrête, parce qu’il a clos ce débat. De quoi s’agit-il ? Le président de la République avait décidé, en tant que candidat, une fois élu, de réduire le mandat présidentiel, de 7 à 5 ans. Il a été élu. Il n’a jamais renoncé à sa promesse. Il l’a réitéré plusieurs fois. Mais, ce qu’il faut comprendre en droit, c'est que le président de la République, sur la base d’une Constitution qui prévoit un mandat de 7 ans. La deuxième chose, il n’appartient pas au président de la République, lui-même, de réduire le mandat présidentiel, parce que ce mandat ne lui appartient pas. Il est impropre pour un Président de dire : «Je vais réduire mon mandat». Parce que c’est le peuple qui lui a délégué le pouvoir pendant 7 ans. Le mandat ne lui appartient pas, il appartient au peuple qui le lui a délégué. Et le président de la République, pour respecter son engagement a dit : «C’est le peuple qui m’a délégué ce mandat, je vais consulter le peuple par voie référendaire». Il a même indiqué la date, en 2016. Donc, de ce point de vue, politiquement parlant, le président de la République a entièrement respecté son engagement de réduire le mandat présidentiel de 7 à 5 ans. Donc, ce débat est clos comme il le dit.
Est-ce qu’il y aura un effet rétroactif ?
Je suis juriste. Je suis constitutionaliste, j’ai une formation en droit administratif, je suis juriste publiciste et avocat. Ce que j’ai appris en droit, c’est que la loi ne dispose que pour l’avenir. La loi constitutionnelle n’est pas rétroactive. Pour qu’elle soit rétroactive, il faut qu’il y ait une décision explicite de la Constitution pour la faire rétroagir. Cela veut dire que si on pose par voie référendaire au peuple sénégalais la question de savoir, si le mandat présidentiel doit être réduit de 7 à 5 ans, si le peuple répond Oui, ce Oui ne sera applicable qu’à l’avenir, qu’au prochain mandat. Pour que ce Oui soit rétroactif, il faut poser une question secondaire au peuple sénégalais : Est-ce que cette réduction doit s’appliquer au mandat en cours du président de la République ? Deux questions. Si le peuple répond Oui, la rétroactivité sera applicable au Président. Si le peuple répond Non, cette rétroactivité ne sera pas applicable, et la loi ne sera applicable que pour l’avenir. De mon point de vue, ce qui est vraiment juridique, ce qui est constitutionnellement exact, c’est que le référendum soit organisé, et que la réduction ne soit appliquée que pour le prochain mandat. C’est ça qui est normal.
Les propos tenus par le Président Sall sur la transhumance et les réactions qui s’ensuivirent sont en train de miner «Benno bokk yakaar»…
Je n’aime pas le concept transhumance. Je l’ai toujours dit, parce que c’est un concept qui ne permet pas d’analyser la mobilité politique et la recomposition politique. Mais, tel que je l’entends comme concept, je considère que c’est une donnée politique de l’histoire politique sénégalaise. Depuis Lamine Guèye, Blaise Diagne, Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, cette mobilité politique qu’on appelle transhumance, cette recomposition politique qu’on appelle transhumance, existe. Les personnes qui essaient de lier ce phénomène à la dignité de ces personnes, à l’éthique politique - j’en suis sûr et certain - ne sont pas plus dignes, n’ont pas plus d’éthique en matière politique que ceux qu’ils accusent de transhumance. Pour moi, ce qui importe, c’est de laisser les hommes politiques se mouvoir librement, d’autant plus qu’aujourd’hui les gens disent qu’il n’y a plus d’idéologie. Pour moi, si le concept de transhumance devait être appliqué, il serait appliqué à des communistes, à des socialistes qui reniaient leur idéologie, au profit de l’idéologie libéraliste. C’est ça pour moi la transhumance. La transhumance, c’est celui qui renie son idéologie, qui quitte son parti qui a une certaine idéologie, au profit d’un autre parti qui a une idéologie contraire d’une autre idéologie. Mais, aujourd’hui, des militants qui ont travaillé avec Macky Sall dans le Pds où ils partageaient la même idéologie politique, peut-être la même vision politique, qui ont décidé de le rejoindre, aujourd’hui, ce sont des personnes qui ne sont pas des transhumants, qui ne se sont pas reniés idéologiquement, qui partagent avec Macky Sall sa vision politique et son idéologie politique. Ce ne sont pas des transhumants.
Donc, vous ne vous considérez pas comme un transhumant?
Moi, je dirige un parti politique, dont je suis le président, je suis coordonnateur national d’une coalition politique qui a gardé son organisation sur le plan organique, qui est indépendant, mais qui est dans la mouvance présidentielle comme l’Afp est dans la mouvance présidentielle, comme le Parti socialiste, comme le parti socialiste est dans la mouvance présidentielle. Je dois dire aussi une autre chose, il y a des partis politiques et des personnalités politiques qui ont accompagné le président de la République pour son élection en 2012 et qui l’ont quitté. Le parti d’Idrissa Seck en fait partie, le parti de monsieur Ibrahima Fall en fait partie, le parti de monsieur Moussa Touré en fait partie. Moubarack Lô a quitté et d’autres. On ne dit rien sur ça ! Aujourd’hui, pour être candidat à l’élection présidentielle, il faut être investi par un parti politique. Il y a des pans entiers de la coalition qui avaient participé à l’élection du président de la République qui l’ont quitté et voulez-vous que le président de la République ne travaille pas pour élargir sa coalition pour massifier son parti. Quand, il le fait, on dit qu’il prend des transhumants, et quand les gens quittent son parti, on applaudit. Mais, c’est contre le Président Macky Sall, c’est contre son avenir politique, ceux qui parlent de transhumance. Moi, je pense que les gens qui parlent de ça, ils ont intérêt à travailler pour le Sénégal, à faire valoir leurs compétences, pour que les gens aient besoin d’eux, pour que le pouvoir ait besoin d’eux. Il y a des personnes qui n’ont rien à envier au pouvoir. Moi, j’en fais partie. Moi, je n’ai jamais été au pouvoir «Al Hamdoulilah». Je ne baisse les yeux devant personne. J’ai ma profession. Je veux servir mon pays, et je le fais comme je le veux. Personne n’a de leçons à me donner, ni d’éthique, ni de morale, ni d’engagement.
A moins de deux ans de la Présidentielle, ne pensez-vous pas qu’il est temps que le Président Macky Sall prenne ses responsabilités par rapport à «Benno bokk yakaar» (Bby), où certains ont déjà annoncé leur candidature ?
Pour moi, il n’y a aucune responsabilité que le président de la République doit prendre au niveau de «Bby». S’il s’agit de chasser tel parti ou telle personne, si on attend ça du Président Macky Sall, on attendra longtemps. Il ne le fera pas. Le président de la République a réitéré plusieurs fois son option pour la consolidation et l’élargissement de «Bby» comme coalition politique chargée de mettre en œuvre sa politique, et de prendre en charge son programme politique. Seulement, comme je l’ai toujours dit, «Bby» n’est pas encore une coalition politique, elle est toujours à l’état de coalition électorale. Parce que c’est la même coalition qui était une coalition électorale entre les deux tours, plutôt pour faire partir Abdoulaye Wade que pour élire un Président et de gouverner avec ce Président-là. Parce que les membres qui composent «Bby» n’ont pas le même programme politique, n’ont pas la même vision politique, n’ont pas la même stratégie politique. Et c’est pourquoi, d’ailleurs, sur le plan de la communication gouvernementale, il y a des critiques qui sont faites. Je voudrais, à ce niveau, d’ailleurs, faire deux précisions : la communication du gouvernement ne peut pas être prise en charge par les professionnels de la communication, car la communication d’un gouvernement est une communication politique qui doit être prise en charge par les hommes politiques, par les partis politiques, par les personnalités politiques, nécessairement par la coalition politique qui accompagne le Président. Or, la coalition qui accompagne le Président qui est «Bby» n’est pas encore une coalition politique, et c’est pourquoi, il y a des incohérences, des failles dans la prise en charge de la communication gouvernementale par «Bby». La communication gouvernementale doit encore être prise en charge par le gouvernement lui-même. Mais, le contenu de la communication, ce sont les hommes sur le terrain, c’est le gouvernement dans son ensemble et le gouvernement pris individuellement qui doit prendre en charge la communication du gouvernement. Ce qui n’est pas fait. Même si cela est fait, c’est d’une manière insuffisante. La communication gouvernementale doit être aussi prise en charge par le parti du Président qui est l’Apr. Mais, il se trouve que son propre parti est dans la coalition «Bby», son parti est jeune, il n’est pas structuré, et il y a des incohérences sur la communication du parti du président de la République. Il faut corriger toutes ces insuffisances.
Que suggérez-vous pour que le tir soit rectifié ?
C’est pour dire qu’aujourd’hui, on doit travailler à ce que «Bby» soit une coalition politique. Pour qu’elle soit une coalition politique, il faut que tous les partis, toutes les personnalités, tous les mouvements qui composent cette coalition aient la même vision politique, acceptent de prendre en charge le programme Sénégal émergent qui est le programme du président de la République. Vous ne pouvez pas être dans une coalition politique, avoir un autre programme économique, avoir une autre vision politique que celle du président de cette coalition qui est le Président Macky Sall. Et aujourd’hui, il est manifeste que dans la coalition «Bby», il y a des partis qui ont leur propre agenda politique, leur propre programme politique et leur propre vision politique, et ça ne peut pas marcher. Si le président de la République doit prendre ses responsabilités, c’est à ce niveau-là. Que le débat soit posé au niveau de la coalition «Bby», que «Bby» soit élargie, que tous les partis politiques, les personnalités politiques qui sont aujourd’hui d’accord sur le programme du président de la République, sur sa vision politique, rejoignent «Bby» et tous ceux qui ne sont pas d’accord avec le programme du président de la République aient la responsabilité et l’honnêteté de quitter la barque et d’essayer de faire aboutir leur propre programme économique, leur propre vision politique. Dans tous les cas, si nous ne le faisons pas, le peuple sénégalais est là, veille, et jugera, le moment opportun.
Soyez plus explicite Maître ?
Vous ne pouvez pas être avec quelqu’un dérouler son programme, dans le cadre d’un gouvernement, dérouler son programme, dans le cadre du Parlement de l’Assemblée nationale, dérouler son programme sur le terrain politique en apparence, et à l’arrivée dire : «Moi, j’ai un autre projet de société, j’ai un autre programme que je vais proposer aux Sénégalais. J’étais avec vous, mais c’était pour refaire ma santé financière, pour occuper des postes, et maintenant, je vais me dresser contre vous». En ce moment-là, le peuple sénégalais tranchera, et tranchera bien. J’ai confiance au peuple sénégalais.
A entendre ceux qui sont au pouvoir, les opposants, et le Sénégalais lambda, on a comme l’impression qu’il y a plusieurs Sénégal…
Moi, je suis d’accord avec vous. Il y a plusieurs Sénégalais, et il y a plusieurs Sénégal. Il y a le Sénégal de la richesse, les Sénégalais qui sont riches, il y a des Sénégalais qui sont moyennement riches, il y a des Sénégalais qui sont très pauvres. Et c’est ça qui crée le malaise dans ce pays, parce que ceux qui sont riches constituent la minorité. Ceux qui sont moins riches, c’est la moyenne des Sénégalais ; ceux qui sont très pauvres, c’est la majorité des Sénégalais. Alors, tout le problème au Sénégal, c’est comment redistribuer la richesse pour qu’il y ait un équilibre entre ces catégories sociales qui sont tous des Sénégalais. Quand le président de la République nous dit qu’il y a plus de masse monétaire qui circule au Sénégal, aujourd’hui, qu’en 2012. C’est vrai ! Mais, cette masse monétaire circule à quelle vitesse et entre qui ? C’est ça le débat. Si cette masse monétaire a augmenté et circule entre les riches, mais les pauvres demeurent pauvres. Il y a ce malaise-là, et j’ai tout l’impression que c’est vrai qu’il y a plus de masse monétaire qui circule, mais cette masse monétaire circule mal, parce que mal répartie. Et tout le problème du président de la République - je le sais, il m’en a parlé - c’est comment rééquilibrer cette circulation, cette richesse, comment redistribuer les richesses entre les populations sénégalaises pour que toutes les catégories sociales soient à un niveau équilibré. C’est une révolution, et c’est pourquoi je dis que le Président Macky Sall est un révolutionnaire social. Moi, j’ai discuté profondément avec lui sur ce plan-là. Je ne vous le cache pas. Je sais que c’est sa préoccupation essentielle. Non seulement, il a commandité un rapport dans la Fonction publique pour essayer de rééquilibrer les salaires entre les fonctionnaires des mêmes catégories, les résultats vont bientôt arriver. C’est pourquoi il a créé les bourses familiales pour venir en aide aux populations les plus pauvres. C’est un soulagement certain. Quand on vous dit qu’il y a des familles qui ne gagnent pas 100 000 francs par an dans le Sénégal, vous ne n’y croyez pas. Mais, le Président a fait le tour du Sénégal, il a discuté avec ces familles, il les a rencontrées, il a vu de ses propres yeux. Et c’est pourquoi il a créé les bourses familiales. Mais, ça ne règle pas le problème des Sénégalais intermédiaires. Aujourd’hui, il y a des Sénégalais intermédiaires qui sont des cadres qui sont pauvres relativement à leur statut, relativement à leurs aspirations. Il faut qu’on crée des moyens d’arriver à ce que ces Sénégalais sortent de leur pauvreté relative.
Le Front social est en ébullition, notamment avec la crise scolaire. Vous en dites quoi ?
La crise sociale, elle est déplorable. Moi, je déplore cette crise sociale, mais je crois que c’est lié à un défaut de communication. Par exemple, si je prends l’exemple des enseignants qui avaient 33 points de revendications qui ont fait l’objet d’accords le 17 février 2014 avec l’Etat du Sénégal. Aujourd’hui, l’Etat du Sénégal a accepté presque tous les problèmes. Vous savez les cinq derniers points qui étaient pendants et qui avaient trait aux lenteurs administratives pour la signature des actes d’avancements à la formation diplômante, à la validation aux 2/3 et le dépôt des dossiers auprès de la commission ad hoc à la session démocratique et à l’indemnité de logement. Je crois que le gouvernement du Sénégal a accepté tous ces points-là et a même dégagé une enveloppe de 200 millions pour la formation diplômante 1,6 milliard pour la validation, et a accepté de mettre sur pied une commission pour la gestion démocratique du personnel, notamment pour les cas sociaux et les cas de rapprochement des conjoints. Et il ne reste qu’un seul point : l’indemnité de logement. Et sur ce point, je crois que si le grand Cadre persistait dans son attitude de continuer la grève, c’est que ce grand Cadre a été mal informé par le gouvernement. Ce n’est pas parce que le gouvernement du Sénégal a refusé de satisfaire cette revendication d’indemnité de logement, mais il se trouve que le gouvernement du Sénégal a des accords avec les bailleurs de fonds et le gouvernement du Sénégal est astreint à respecter un certain plafonnement qui était de 39% du Pib et que le gouvernement, aujourd’hui, est à 60%. Et ce sont des contraintes budgétaires réelles qui empêchent le gouvernement de satisfaire ce point, bien qu’il en ait la volonté. Pourquoi ? Parce que les enseignants, il ne faut pas oublier qu’ils sont au nombre de 80 000. Faites le calcul. Si vous devez octroyer à chaque enseignant une indemnité de logement de 100 000 francs. Le gouvernement ne peut pas supporter une telle charge financière, parce que les enseignants ce ne sont pas des administrateurs civils. Les enseignants, ce ne sont pas des Ige, les enseignants, ce ne sont pas des agents des Eaux et forêts. Ils sont au nombre de 80 000. Tout ce que le gouvernement peut faire, c’est demander une compréhension au niveau des enseignants pour leur dire qu’il ne refuse pas de payer cette indemnité, mais qu’il est actuellement dans l’impossibilité absolue de faire face à cette demande, et que demain, si les conditions des recettes budgétaires, si les contraintes budgétaires imposées par nos partenaires financiers le permettent, effectivement le gouvernement va satisfaire cette demande. Et c’est une base pour permettre aux enseignants de lever leur mot d’ordre de grève.