« L'Afrique n'a pas besoin de charité, elle a besoin de partenaires. Elle n'a pas besoin de pitié, elle a besoin de respect."- Kofi Annan
Imaginez un Sénégal où les routes sont impeccables, les hôpitaux bien équipés, et les écoles accessibles à tous. Un Sénégal où chaque citoyen peut rêver grand et réaliser ses ambitions. Ce rêve, bien que réalisable, est confronté à des défis économiques et sociaux d'une ampleur considérable. Infrastructures insuffisantes, services publics sous-financés, et un besoin urgent de stimuler l'investissement privé pour soutenir une croissance économique durable. Face à ces obstacles, une question cruciale se pose : comment financer notre développement sans compromettre notre souveraineté ? La réponse réside peut-être dans une utilisation stratégique et responsable de la dette.
"La dette, lorsqu'elle est utilisée de manière responsable, peut être un outil puissant pour le développement économique." Ces paroles d'un leader africain résonnent particulièrement dans le contexte sénégalais. En effet, le recours à la dette peut permettre de financer des projets d'infrastructure essentiels, d'améliorer les services publics et de stimuler l'investissement privé. Les critères de convergence de Maastricht, qui stipulent que la dette publique ne doit pas dépasser 70 % du PIB, ne sont pas toujours pertinents pour des pays en développement comme le Sénégal. Les besoins en infrastructure et en services de base y sont beaucoup plus élevés, et ces investissements peuvent générer des revenus futurs substantiels.
Les institutions de Bretton Woods, telles que le FMI et la Banque Mondiale, ou les caisses de résonance comme l’UEMOA imposent souvent des conditions strictes qui peuvent limiter la capacité des pays en développement à investir dans des projets de croissance à long terme. Ces conditions, bien qu'elles puissent être bénéfiques à long terme, freinent souvent les investissements nécessaires à court terme. Le Sénégal doit envisager des alternatives pour sortir de ces engrenages et se concentrer sur des stratégies de développement plus autonomes et adaptées à ses besoins spécifiques.
Il est intéressant de noter que les pays européens eux-mêmes sont loin de respecter les critères de convergence très théoriques qu’ils s’étaient fixés. En 2021, la dette publique de la France représentait environ 115 % du PIB, celle des États-Unis 133 % du PIB, et celle de l'Allemagne 70 %. En comparaison, la dette publique du Sénégal était d'environ 68 % du PIB. Cette comparaison montre que les pays développés ont des niveaux d'endettement beaucoup plus élevés, ce qui souligne la possibilité pour le Sénégal d'augmenter son endettement de manière responsable.
Le Sénégal dispose de plusieurs atouts, notamment une croissance économique stable, environ 6 % par an avant la pandémie, une position géographique stratégique et des ressources naturelles abondantes. Ces facteurs rendent le pays attractif pour les investisseurs locaux et internationaux et facilitent l'accès aux marchés financiers. Le Sénégal pourrait explorer des options telles que les partenariats public-privé (PPP), les obligations vertes, les financements adossés aux ressources naturelles et les fonds souverains pour financer ses projets de développement, de même que l’autofinancement des plans d’investissements des sociétés nationales telles que la SENELEC en faisant recours au marché financier international.
Des structures comme APIX, FONSIS, et BNDE jouent un rôle crucial dans la mise en œuvre de ces mécanismes. Il est essentiel de réformer ces institutions pour maximiser leur efficacité. Par exemple, APIX pourrait renforcer ses capacités de facilitation des investissements y compris des partenariats stratégiques avec les agences de crédits à l’export à travers le monde, FONSIS pourrait diversifier ses portefeuilles d'investissement pour inclure des projets écologiques, et BNDE pourrait offrir des conditions de prêt plus favorables pour les PME locales.
Le recours à la dette peut être une stratégie efficace pour le Sénégal, à condition qu'elle soit gérée de manière responsable et utilisée pour financer des projets à fort impact économique. En adoptant une approche proactive et innovante, le Sénégal peut créer un environnement propice à l'investissement privé et à la croissance économique, tout en améliorant les conditions de vie de sa population vers la prospérité. En fin de compte, il s'agit de trouver un équilibre entre le financement des besoins immédiats et la création de conditions favorables pour un développement durable à long terme.
« Le futur appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves."- Eleanor Roosevelt
Ensemble, construisons un Sénégal souverain, prospère et juste.
par Amadou Tidiane Wone
UN CHEF DU GOUVERNEMENT, C’EST FAIT POUR GOUVERNER
Disons, tout d’abord, que le tandem Bassirou Diomaye Faye/Ousmane Sonko dérange. Il agace même. Notamment, ceux qui ont pour habitude de pêcher dans les eaux troubles. Ceux qui n’avancent que masqués pour fondre sur leur proie à la faveur de la pénombre
Il semble que la tyrannie des réseaux sociaux, ainsi que la volatilité des « informations », ou plutôt des rumeurs et spéculations qui en tiennent lieu, aient un impact fâcheux sur les esprits les plus lucides de notre pays. Je n’aurais jamais cru devoir un jour prendre le contre-pied de mon frère Alioune Tine. Mais force est de relever que, sur le rôle et la place du Premier Ministre Ousmane Sonko, il se trompe de cause.
Parce que sa voix porte et pourrait avoir une résonance négative sur le moral des troupes, il me semble nécessaire de jeter mon grain de sel dans le couscous. Surtout à l’attention de ceux qui pourraient se réjouir de ses propos, que je désapprouve. Très amicalement. Et je vais dire pourquoi.
Disons, tout d’abord, que le tandem Bassirou Diomaye Faye / Ousmane Sonko dérange. Il agace même. Notamment, ceux qui ont pour habitude de pêcher dans les eaux troubles. Ceux qui n’avancent que masqués pour fondre sur leur proie à la faveur de la pénombre… Déroutés par le scénario inédit du film qui se déroule depuis le 24 avril 2024, les spécialistes en tout, et donc en rien de précis, n’arrêtent pas de conjecturer sur l’imminence d’un clash au sommet de l’État. Malgré les assurances données par le Président de la République lors de son entretien avec la presse sénégalaise, en dépit des multiples déclarations du Premier Ministre Ousmane Sonko sur l’absence de nuages dans le ciel serein de leur compagnonnage, forgé dans la douleur, la sueur et le sang… Envers et contre tout, des esprits chagrins sondent inlassablement la météo politique, pour prédire un orage dévastateur, imminent, cataclysmique, qui mettrait en péril le PROJET porté à bout de bras par le peuple sénégalais… À Dieu ne plaise !
Que faire alors ? Ne serait-il pas plus simple, pour tous ceux dont la victoire des forces du changement a mis fin à leurs avantages indus, car il ne s’agit que de cela pour le moment, de faire preuve de fair-play ? Tout simplement. Les combats d’arrière-garde, menés par procuration, notamment par certains patrons de presse sont en train de faire long feu. Les vrais journalistes et les vrais organes de presse boivent du petit lait… Ils savent que leur métier tient là une occasion unique de redorer son blason, de se réinventer.
Tous les aventuriers et mercenaires de la plume vont devoir changer de métier. Et ce sera, pour notre pays, une œuvre de salubrité publique ! Que de maîtres-chanteurs avaient envahi les médias pour racketter de paisibles citoyens et s’enrichir illicitement. Et… outrageusement !
Revenons à nos moutons ! Ma conviction est que le Sénégal est entre de bonnes mains. Une nouvelle génération de dirigeants politiques, et non politiciens, émerge. Pour ceux de ma génération qui avons connu tous les Chefs d’état du Sénégal indépendant, nous avons le recul nécessaire pour comparer, comprendre, pardonner, réhabiliter au besoin, mais nous ne devons rien oublier. …Nous devons faire œuvre utile, non pas en versant dans une nostalgie qui déforme, souvent, le souvenir de la réalité des faits. Qui ne remarque qu’au gré de la nostalgie des temps et des lieux, dépeints comme idylliques, certains occultent les avanies du passé ? On se surprend à entendre, certains de ces « anciens combattants » de partis politiques et de mouvements sociaux, se lancer dans des tirades ponctuées de soupirs et de : « De notre temps… » Sans autre précision ! Comme s’il n’y aurait de bien que les temps qui n’existent plus et qui ne reviendront jamais ! Il faut pourtant vivre avec son temps avant d’en mourir ! Le temps de la vitesse, celui des prétentions cathodiques.
Le temps des usurpateurs qui a réduit au silence les meilleurs d’entre nous. Par dépit et par lassitude. Or, c’est à ceux-là que je m’adresse en leur rappelant que nous serons tous, un jour, interrogés sur nos faits et gestes, nos paroles, mais aussi nos silences…Dans ce pays de croyants, où musulmans et catholiques sont majoritaires, cela devrait être aisé à comprendre pour mieux vivre… ensemble !
J’en appelle donc à la lucidité extrême face au temps qui nous avale, après nous avoir épuisés… Je nous invite au pragmatisme éclairé : Nous avons porté au pouvoir une génération d’hommes et de femmes qui sont nos jeunes frères. Et pour certains nos enfants.
A y regarder de près, ils ressemblent au Sénégal. De toutes les régions. De toutes les confessions. Ils sont, pour la plupart, des produits de l’enseignement public sénégalais. En témoigne cette ancienne institutrice, encore en forme, toujours vive et pétillante, qui vient à la rencontre de son élève devenu ministre de l’Éducation … Et ce vieux maître qui serre d’émotion les mains de son ancien élève devenu Premier ministre du Sénégal… Tout cela, c’est nous… dans nous ! Comme on dit… chez nous !
Notre pays est plein de Grâces ! Il est béni ! Sachons décoder les signes profonds de cette élection… Et aimons-nous davantage les uns les autres.
Aimons ce pays nôtre par-delà les différences, fragiles et factices, que le diable cherche à nous imposer comme des fatalités. Or, « Le Diable est pour vous un ennemi. Prenez-le donc pour ennemi. Il ne fait qu’appeler ses partisans pour qu’ils soient des gens de la Fournaise. » Sourate 35, verset 6 du Saint Coran. Pour le petit temps de séjour qu’il nous reste, changeons ! Pour changer le Sénégal !! Si parler veut encore dire quelque chose…
TROIS ANS APRES SON RAPPEL A DIEU, ABCDAIRES SE SOUVIENNENT DE LEUR MENTOR
La Convention Internationale des Abcdaires rend hommage à Alioune Badara Cissé
Il y a trois ans, le Sénégal perdait l’un de ses hommes d’État les plus emblématiques et charismatiques, feu Alioune Badara Cissé. Son dévouement inébranlable au service de la nation reste une source d’inspiration pour de nombreuses générations. Doté d’une vision claire et d’une détermination sans faille, il a laissé une empreinte profonde au sein des institutions et auprès des personnes qu’il avait accompagnées.
Ancien Secrétaire général du gouvernement sous le magistère du président Abdoulaye Wade, feu Alioune Badara Cissé se distinguait par son intégrité et sa rigueur. Fondateur de l’Alliance pour la République (APR), il a joué un rôle déterminant dans l’ascension politique de Macky Sall et son accession à la présidence. Renonçant à son poste de secrétaire général du gouvernement, il a sacrifié de nombreux privilèges personnels par fidélité et engagement envers Macky Sall. Ce geste de loyauté a jeté les bases solides du parti et a contribué à façonner le destin politique du président Macky Sall. Coordinateur du parti, sa vision, qui dépassait les clivages politiques, lui permettait également de maintenir des relations cordiales avec toutes les tendances, favorisant ainsi un dialogue constructif dans le paysage sénégalais.
Sa nomination en tant que ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a marqué un tournant décisif dans sa carrière. Profondément attaché aux valeurs d’humanité et de solidarité, feu Alioune Badara Cissé faisait de la protection des intérêts de la diaspora une priorité constante, un sacerdoce. Lié intimement à cette composante de la société, il s’investissait pleinement aux côtés de la Fédération Internationale des Sénégalais de la Diaspora (FSD), apportant un soutien actif à cette communauté. Sa présence lors de l’Assemblée générale de cette organisation, en juin 2018 à Nantes, témoignait de son engagement, surtout dans un contexte où les autorités sénégalaises étaient remarquablement absentes. Par son action, il a renforcé les liens entre le Sénégal et ses ressortissants à l’étranger, donnant une voix à ceux qui se sentaient souvent éloignés de leur patrie.
Fervent défenseur de la jeunesse et des tout-petits, feu Alioune Badara Cissé soulignait sans cesse l’importance de leur rôle dans le développement du pays. Lors de son discours mémorable du 7 mars 2021, il a exhorté les jeunes à prendre en main leur avenir, les encourageant à la persévérance et à l’excellence. Ce discours, empreint de sincérité, résonne encore aujourd’hui, témoignant de son engagement envers la cause des jeunes. Maître Cissé les considérait comme les véritables artisans de l’avenir du Sénégal et se voyait comme leur avocat, prêt à défendre leurs intérêts.
Médiateur de la République, feu Alioune Badara Cissé, malgré des moyens modestes et animé d’une volonté exemplaire, s’est engagé avec une persistance remarquable à rencontrer les populations souvent négligées par les autorités. Il a parcouru Khossanto et Sabodala chez les Bédiks, le Boundou chez les Bassari dans le Sénégal oriental, et s’est rendu jusqu’au Pakao, atteignant Médina Yoro Foulah. Il a traversé la Basse-Casamance, jusqu’à Diembéring, en passant par Cap Skirring. Il a traversé le Ferlo avant de rejoindre le Diéri et le Dandé Mayo, sans oublier le Ndoucoumane, situé dans le bassin arachidier au centre du pays, où il a rencontré nos vaillants cultivateurs. Bravant la faim et la chaleur, il a montré une ténacité inébranlable à défendre les droits de ces communautés marginalisées et à porter leurs voix devant les instances décisionnelles, bien que ses plaidoyers ne trouvaient pas toujours un écho favorable dans l’administration.
Il terminait toujours ses tournées avec le cœur meurtri et une grande désolation, car il était foncièrement opposé à l’idée d’un Sénégal à deux vitesses, où certains citoyens étaient considérés comme des Sénégalais à part entière et d’autres comme des Sénégalais entièrement à part. Alioune Badara Cissé œuvrait pour une nation plus juste et inclusive, où chaque individu serait traité avec dignité et équité. Feu Alioune Badara Cissé se distinguait par sa capacité à résoudre les conflits et à apaiser les tensions. Doté d’une écoute attentive et d’un sens aigu de la justice, il savait instaurer un climat de confiance entre les parties prenantes. Sa médiation, fondée sur le dialogue et le respect mutuel, permettait de maintenir la paix sociale, essentielle à la stabilité du pays.
Homme de terrain, Badou est resté attaché à Saint-Louis, son berceau natal, où il exerçait les fonctions de Premier Adjoint au Maire. Sa passion pour le sport l’a également conduit à présider les destinées du Saint-Louis Basket Club (SLBC) de 2003 à 2008. Pendant ces cinq années, Badou a sorti le SLBC des ténèbres pour le propulser au sommet du basketball national, tout en contribuant à renforcer le tissu social local.
Talibé mouride, sa foi profondément enracinée et son attachement à Serigne Touba Khadim Rassoul, fondateur du Mouridisme, guidaient chacune de ses actions, tant dans la sphère publique que privée. Il voyait en Serigne Touba un modèle de persévérance, de dévouement et de service à la communauté, des valeurs qu’il s’efforçait de refléter dans sa vie quotidienne.
Trois ans après sa disparition, l’héritage de feu Alioune Badara Cissé demeure vivace dans les cœurs et les esprits. Sa mémoire continue d’inspirer non seulement la classe politique, mais aussi la jeunesse et la diaspora, qu’il chérissait tant.
La Convention Internationale des Abcdaires, réunissant ceux qui se reconnaissent dans son idéal, est aujourd’hui investie de la responsabilité sacrée de perpétuer ses œuvres. Bien que cette tâche soit immense, elle demeure pleinement réalisable tant que l’exemple de cet homme exceptionnel continue de guider et de motiver les efforts de chacun. Les Abcdaires doivent veiller à ce que ses actions et ses principes restent une source d’orientation et d’enrichissement pour le Sénégal, traversant les âges avec force et profondeur. Que son âme repose en paix, et que son héritage éclaire et élève les générations futures, apportant des bénéfices précieux et inspirants.
Mission accomplie, Maître !
La Convention Internationale des Abcdaires.
BARGNY, UN COMBAT PERDU D’AVANCE CONTRE LES VAGUES
Avec les changements climatiques, la montée des eaux est devenue un phénomène récurrent sur nos côtes. De Djiffer à la Langue de Barbarie en passant par Mbour, l’érosion côtière a causé et continue de causer d’énormes dégâts.
Avec les changements climatiques, la montée des eaux est devenue un phénomène récurrent sur nos côtes. De Djiffer à la Langue de Barbarie en passant par Mbour, l’érosion côtière a causé et continue de causer d’énormes dégâts. Aujourd’hui, c’est la ville de Bargny qui est touchée par les grands reflux de l’océan Atlantique. Dans cette bourgade Lébou, les vagues dévastatrices ont emporté plusieurs maisons, et les riverains craignent le pire.
À la descente du Train Express Régional (TER), en cet après-midi du jeudi 22 août, la brise marine éveille déjà les sens olfactifs. Après un long détour dans les ruelles exiguës et mal loties de la commune, comme d’ailleurs dans la plupart des localités Lébou de la presqu’île du Cap-Vert, Bargny Guedj s’offre à nous. Méconnaissable ! Cette partie du village, prisée pour son sable fin et son paysage pittoresque, est dévorée peu à peu par l’océan impitoyable. Il a suffi de deux jours pour que les grosses houles déchaînées transforment les lieux en champ de ruines. Les maisons qui bordent le rivage portent déjà les cicatrices de la furie de la mer. Fragiles face à la violence des flots, certaines habitations sont à moitié détruites, tandis que d’autres sont marquées par de grosses fissures. Les amas de toitures brisées, les sacs de sable et briques éparpillés frappent l’œil à première vue. Les lieux portent les stigmates d’une lutte sans fin entre la terre et la mer.
« Les vagues ont frappé la côte avec une violence implacable »
Malgré ce spectacle désolant, des habitants essaient tant bien que mal d’ériger une digue de protection de fortune tandis que les vagues, inlassables, viennent s’écraser contre les fondations de la structure, emportant avec elles des morceaux de briques, de pneus, de gravats et des sacs de sable, sous l’œil impuissant des notables du quartier. Parmi eux, Ndiassé Samb regarde avec impuissance les vagues frapper violemment une partie des débris tombés de sa maison. Assis sur une brique, caressant sa barbe, ce sinistré se dit surpris par la violence de la houle. « Cela s’est passé si vite. Lundi dernier, c’est aux alentours de 6 heures du matin que les vagues ont frappé la côte avec une violence implacable. Chaque année, nous vivons le même calvaire. Mais aujourd’hui, nous avons l’impression que le phénomène a pris de l’ampleur par rapport aux années précédentes », déclare-t-il. Selon lui, la montée des océans est une réalité palpable à Bargny. « Il y a une trentaine d’années, la mer était à une centaine de mètres de nos maisons. Mais aujourd’hui, elle n’est qu’à quelques mètres. Si aucun acte concret n’est posé pour amortir les houles, des pans entiers du village risquent de se noyer sous les eaux », redoute le sexagénaire, la mine renfrognée et vêtu d’un jogging bleu.
Même préoccupation pour Mbaye Diop, surpris en train de ramasser des blocs de pierres. Son objectif : protéger une partie de la maison familiale déjà emportée par la furie des flots. La sueur dégoulinant sur le visage, le jeune homme édifie, à l’aide de ses amis, un petit barrage fait de galets et de gravats pour protéger l’édifice des prochains assauts de la mer, qui ne tarderont pas à survenir avant la fin de l’hivernage. Bien que s’échinant à en construire, il estime que les digues de fortune ne servent à rien. Ce n’est qu’une solution temporaire. Avec les changements climatiques, dit-il, nos maisons risquent de s’effondrer. « Si une houle d’une intensité semblable à celle de ce lundi frappe de nouveau Bargny Guedj, les dégâts seront colossaux. Les maisons en bord de mer tiennent à peine debout », désespère-t-il. À ses yeux, seule une vraie digue de protection en béton est nécessaire.
« Sans une digue de protection, il sera impossible de stopper la mer »
À un pas de là, des pêcheurs et des mareyeurs regardent impuissants, depuis deux jours, une partie du quai de pêche engloutie pour l’instant par les eaux de mer. Des épaves de pirogues, jadis stationnées sur le rivage, sont visibles au loin, rappelant la puissance incontrôlée de la mer. Frappés par la violence des vagues, des morceaux de bois gisent sur le littoral. Ici, le bruit assourdissant des vagues perturbe la quiétude des riverains du quartier Ndiaga Samb déjà traumatisés par les ravages de l’océan. La brise marine chargée de sel et le brouillard qui enveloppe l’horizon semblent annoncer une prochaine houle dévastatrice. Tissant avec circonspection des filets de pêche, Ibrahima Seck, 38 ans, indique que les vagues ont failli emporter plusieurs pirogues. Selon lui, c’est un phénomène récurrent dans le village. Mais, à son avis, l’érosion a été amplifiée par les actions d’origine anthropique les remblais effectués sur le port de Sendou se répercutant inéluctablement sur Bargny Guedj. « Les travaux du port avancent à grands pas. Et nous risquons de payer les pots cassés. Est-ce que des études d’impact environnemental rigoureuses ont été réalisées pour évaluer les conséquences de l’érection de l’infrastructure ? », interroge Ibrahima, vêtu d’une combinaison verte.
Walymata Seck Diop, 60 ans, ne contredit pas les propos d’Ibrahima. Cette sinistrée les confirme même. « Nous sommes ceinturés par trois dangers qui menacent l’existence de Bargny : la cimenterie, la centrale à charbon, et aujourd’hui l’érosion côtière qui risque de rayer notre localité de la carte », éructe-t-elle. D’après Walymata, Bargny a besoin de brise-lames pour faire face aux assauts violents de la mer. « Il faut une solution durable avant qu’il ne soit trop tard. Sans une digue de protection, il sera impossible de stopper la mer. La municipalité n’a pas les moyens de financer un projet d’une telle envergure. Nous avons besoin de l’aide des autorités », souligne-t-elle, précisant l’urgence de venir en aide aux familles touchées. « La promiscuité étouffe déjà le village ; un relogement serait le bienvenu, même si nous devons quitter ces terres léguées par nos aïeux », confie-t-elle dans un Wolof à l’accent Lébou.
La mairie de Bargny a, de son côté, démarré un projet de recasement des personnes impactées. Une centaine de maisons sont déjà en cours de réalisation dans la zone Bargny Ville Verte. Une cinquantaine a déjà été livrée. « Le coût pour stopper l’avancée de la mer dépasse même le budget de la municipalité. Pour cela, il va falloir réaliser des ouvrages tels que des piles, une digue de protection ou un brise-lames. Et cela coûtera des milliards », affirme Babacar Seck, président de la Commission Environnement de la mairie de Bargny. Cent quatorze ménages impactés par l’érosion avaient été recensés, d’après lui. « Bargny Ville Verte est un projet dont nous avons hérité. Lorsque nous sommes venus aux affaires, nous avons trouvé quelques maisons déjà achevées mais nous avons décidé de continuer le projet après de nombreuses discussions au niveau du conseil municipal », informe-t-il.
« L’avancée de la mer s’accentue »
Archéologue sous-marin diplômé de l’Université Aix-Marseille, Docteur Madické Guèye considère que la dynamique marine et l’effet des courants à long terme se font sentir de plus en plus sur les côtes africaines. Avec le réchauffement climatique et la montée des eaux, les houles dévastatrices vont devenir fréquentes dans les prochaines années. « Dans ce cas, plusieurs localités côtières seront menacées à long terme par l’érosion côtière », alerte-t-il. Selon lui, l’érosion marine est un phénomène qui s’accentue avec les changements climatiques. « Le niveau de la mer augmente de 3 à 4 millimètres par an sur la côte ouest-africaine », poursuit-il en citant un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIec) de l’ONU publié en 2019. Il indique que la région de Dakar est mise à rude épreuve depuis quelques années par l’érosion côtière. « L’avancée de la mer s’accentue particulièrement sur la Grande Côte mais aujourd’hui, avec les nombreux dégâts causés par les vagues de Djiffer à Bargny, la question doit être prise au sérieux par les autorités compétentes »,soutient-il. Selon lui, il est urgent de construire des ouvrages capables d’absorber la puissance des houles pour protéger ce qui reste des habitations.
LA FALEME EST UNE QUESTION DE SECURITE NATIONALE POUR LE GOUVERNEMENT
La Falémé, principal affluent du fleuve Sénégal qui constitue la frontière naturelle entre le Sénégal et le Mali, est ”une question de sécurité publique”, ”une préoccupation” que le gouvernement essaie de gérer en collaboration avec les autorités malienn
La Falémé, principal affluent du fleuve Sénégal qui constitue la frontière naturelle entre le Sénégal et le Mali, est ”une question de sécurité publique”, ”une préoccupation” que le gouvernement essaie de gérer en collaboration avec les autorités maliennes à travers ”l’interdiction de toute exploitation”, en particulier l’orpaillage, sur toute l’étendue de son bassin, a déclaré, mardi, à Dakar, le Premier ministre Ousmane Sonko.
‘’Je voudrais (…) clarifier que la question de la Falémé est une préoccupation pour le gouvernement qui a été soulevée régulièrement en Conseil des ministres mais également en conseil national de sécurité, puisque cela relève de la sécurité nationale’’, a-t-il dit
Le Premier ministre répondait à une interpellation de Cheikhna Camara, maire de la commune de Ballou, dans le département de Bakel(Tambacounda), lors d’un Conseil interministériel consacré à l’approvisionnement en eau potable
Selon le chef du gouvernement, ‘’des initiatives ont été prises, des instructions données par le ministre en charge des Mines, qui a pris un arrêté pour interdire toute exploitation tout au long de la Falémé sur une période de 2 ans’’.
Les Forces armées sont chargées d’assurer une surveillance stricte des sites, entre autres mesures phares prises par les autorités.
Ousmane Sonko a fait remarquer que la situation de la Falémé est ‘’une question difficile’’ qui ‘’ne relève pas seulement du Sénégal”. ”Nous partageons le fleuve de part et d’autre avec nos voisins du Mali’’, a-t-il souligné.
Il a rappelé que, lors de sa récente visite à Bamako, cette question a été soulevée dans les échanges avec les autorités maliennes, notamment l’utilisation des produits néfastes tels que le mercure dans les zones aurifères.
M. Sonko estime que si le fleuve qui alimente le lac de Guiers est ‘’pollué’’, l’impact [sera] aussi dommageable pour les populations de Dakar. Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, a assuré que son département publie périodiquement des notes sur le niveau du fleuve Sénégal. ‘’Il y a quelques jours, malheureusement, la côte a dépassé les 10mètres et l’eau a débordé dans les maisons et les champs. Mais toutes les équipes de l’administration sont à pied d’œuvre sur le terrain pour faire le travail’’, a-t-il déclaré. La situation est suivie régulièrement pour prendre les mesures idoines, a insisté le ministre, assurant que les populations ne sont pas laissées à elles-mêmes.
‘’Le fleuve Sénégal a dépassé sa cote d’alerte (…), qui est de 10 mètres. Nous sommes en pleine inondation, plus aucun champ n’est aujourd’hui cultivable’’, s’est alarmé le maire de Ballou, Cheikhna Camara.
Il a souligné que la Falémé constitue ”une préoccupation” en raison du fait que les animaux meurent à cause de l’utilisation du mercure qui détériore la qualité de l’eau. ‘’Il faut parler de la potabilité de l’eau du fleuve Sénégal (…)”, a exhorté M. Camara, vice-président de l’Association des maires du Sénégal (AMS).
OTIS HUGHLEY BALISE LE CHEMIN DE LA RECONQUETE DU TITRE
Le tournoi de préqualification soldé dimanche 25 août par une finale perdue devant la Hongrie a été un bon baromètre pour l’équipe nationale féminine
L’équipe nationale est sur la bonne voie qui mène à la reconquête du titre lors du prochain Afrobasket prévu en Côte d’Ivoire en 2025. La place de finaliste lors du tournoi de préqualification de la Coupe du monde 2026 à Kigali constitue un bon baromètre en direction de ce rendez-vous majeur pour les Lions n’a plus remporté depuis 2015. Selon Otis Hughley, le tournoi a permis de jauger l’équipe et le chemin qui reste à parcourir.
Le tournoi de préqualification soldé dimanche 25 août par une finale perdue devant la Hongrie a été un bon baromètre pour l’équipe nationale féminine. Avec quatre victoires et une défaite en finale, les Lionnes ont posé les jalons vers les prochaines échéances. «Il faut commencer petit pour ensuite grandir. On a joué des matchs de très hautes qualités. Le tournoi de nous a permis de voir là où l’on est et là où l’on veut aller. Les filles connaissent là où l’on veut aller dans le futur. Nous avons besoin de renforcer l’équipe avec d’autres joueuses», a déclaré l’Américain Otis Hughley Junior au lendemain de la finale perdu face à la Hongrie.
Porté depuis le 16 juillet dernier à la tête de la sélection nationale, le nouveau coach des Lionnes et non moins champion d’Afrique avec les D- Tigress du Nigéria (2019-2021), a sans doute marqué des points quelques semaines seulement sur le banc. Ce qui cadre avec sa volonté clairement affichée dès sa prise de fonction. A savoir retrouver avec le Sénégal la première place africaine lors de l’Afrobasket 2025 prévue en Côte d’Ivoire et qui reste le prochain rendez- vous majeur du basketball sénégalais. «Mon objectif aujourd’hui est d’aider le Sénégal à redevenir le numéro 1. Et pas pour une seule année mais pour plusieurs années. Je veux créer et construire quelque chose qui va durer. Nous allons gagner plus et dominer le basket africain », avait-il promis avant d’ajouter : « J’aimerais aider à construire un état d’esprit chez les filles. La stratégie consistera à faire une pression sur le Nigeria. Nous allons entretenir et développer un certain état d’esprit chez nos filles pour trouver la meilleure composition. De telle sorte que quand entre nous retournerons à l’Afrobasket 2025, elles auront de l’expérience ». Sur cette lancée, le tournoi de Kigali a eu des allures de témoins entre l’ancienne et la nouvelle garde. Si l’on tient au rajeunissement que le technicien a opéré par rapport aux dernières campagnes des Lionnes notamment le tournoi de qualification olympique en Belgique. C’est le cas de l’emblématique capitaine Aya Traoré, Oumou Khayri Sarr « Toch », Fatou Dieng et autre Maïmouna Diarra qui ont sans doute cédé la place à une nouvelle cuvée de joueuses. En plus de ce noyau composé de Yacine Diop, Fatou Pouye, Mathilde Aicha Diop, Cierra Dillard, Fatou Diagne, Madjiguene Sène, toutes finalistes au dernier Afrobasket, sous la direction de l’ancien coach Moustapha Gaye, il faut ajouter de jeunes joueuses très prometteuses comme Ndioma Kane qui figure dans le cinq majeur du tournoi de Kigali, Khadidiatou Bigue Sarr, Arame Niang. Tout comme d’autres renforts qui figurent sur la liste élargie déjà dégagée dans la dernière présélection.
Par Marouba FALL
THIAROYE 44, LES VRAIES MOTIVATIONS DU MASSACRE ?
L’argent n’est-il pas la poudre jetée aux yeux de la postérité pour l’empêcher de découvrir les basses motivations d’un massacre qui restera une blessure difficile à panser dans les relations entre l’Afrique francophone indépendante et la métropole. ?
Dimanche 25 août 2024, la France a célébré le quatre-vingtième anniversaire de la libération de Paris. À cette occasion on a réécouté des extraits du poignant discours du général de Gaulle : « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré… ». Discours mémorable qui, de toute évidence, continue d’exalter la fierté des Français de France. Mais Paris a-t-il été libéré par le seul peuple et les seuls soldats français ? Dans les hommages, les Alliés ne pouvaient ne pas occuper une place de choix, en l’occurrence les Britanniques et les Américains. Mais pourquoi faire semblant d’ignorer le rôle des légionnaires africains venus des colonies et connus sous l’appellation on ne peut plus réductrice de « Tirailleurs sénégalais » ? Sont-ils allés tirailler dans le désert et dans la brousse ou, à l’aveuglette, comme de vieux enfants jouant avec des mousquets ? Ils n’ont pas tiré ailleurs, à moins que la France occupée fût l’ailleurs à préserver pour la maintenir à la Civilisation ! Les braves soldats de couleur ont tiré à feu nourri contre l’oppresseur et l’occupant nazi ! Alors, un peu de respect et de reconnaissance, s’il vous plaît !
Comme le poète des HOSTIES NOIRES, il me prend l’envie de crier : Ah, ne dîtes pas que je n’aime pas la France ! Je porte dans le cœur ce pays de mes petits-enfants, ce pays dont la langue est le sésame qui m’ouvre les portes du monde et me dégote une place au banquet de l’esprit ! C’est parce que je l’aime que je lui parle vertement et lui rappelle que le temps est venu de se regarder les yeux dans les yeux et de jouer franc jeu. Je ne dis pas « France, dégage ! ». Je t’interpelle : « France, engageons-nous pour un partenariat gagnant-gagnant ! »
En 14-18, comme en 39-45, en perspective de servir une patrie reconnaissante, les Africains francophones du Nord et du Sud du Sahara ont donné leur sang. Chaque fois que la France, le 25 août, célèbre l’anniversaire de la libération de Paris survenue en 1944, elle doit magnifier la contribution en sacrifices humains de l’Afrique blanche, mais surtout de l’Afrique noire. Tous ceux qui sont tombés sur les champs de bataille ne sont-ils pas tous morts pour la France ? Au nom de quel principe en choisir six à reconnaître ? Selon quels critères les a-t-on choisis ? Existet-il des morts plus morts ou mieux morts que d’autres ? Pour tout dire, il est tout à fait injustifié voire inique de procéder à une discrimination arbitraire lorsqu’il faut honorer, ne serait-ce que par une reconnaissance symbolique, ceux qui se sont sacrifiés pour rendre sa liberté à la patrie maternelle ou adoptive. En vérité, les Tirailleurs sénégalais ont le même mérite et devraient être traités aussi dignement que le sont les soldats français morts au combat. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de revenir sur un pan sombre de l’histoire de la seconde guerre mondiale qui fait encore couler beaucoup d’encre et de salive : le massacre perpétré au camp militaire de Thiaroye.
Combien étaient les soldats assassinés ? Si les rapports officiels retiennent 35, des historiens parlent de 70, d’autres de 191 anciens prisonniers, rapatriés, réclamant leur dû avant de rentrer au bercail, mais qui, au lieu de l’argent insuffisant pour racheter leurs privations et leur sang versé, reçurent une raclée de plomb, le matin du 1 er décembre 1944.
On ne saura peut-être jamais le nombre exact des martyrs du camp militaire de Thiaroye. Qu’importe ! L’essentiel est de savoir que les Africains morts pour la France, entre 1939 et 1945, n’étaient point six triés au pif, mais une multitude de frères d’armes que ne soudait pas seulement la couleur de leur peau, mais aussi leur commune illusion d’avoir rempli une haute mission au bénéfice du pays de leurs Ancêtres les Gaulois.
Monsieur le Président de la République de France, en dehors des six Africains que vous considérez, à titre posthume, « morts pour la France », pour quelle autre cause ont donné leurs vies tous ceux que vous ensevelissez dans la fosse commune d’un oubli que d’aucuns assimilent à du mépris ? S’ils ne sont pas morts pour la France, admettez alors qu’ils l’ont été pour une cause qui transcende l’attachement à une patrie ingrate, pour la liberté à laquelle a droit tout peuple blanc, jaune ou noir ; pour la paix à laquelle aspirent toutes les nations quand le fascisme, le nazisme et l’impérialisme sous toutes ses formes seront à jamais vaincus !
Pour quelles motivations a eu le massacre ? En mai 1986, je faisais partie d’une délégation d’écrivains sénégalais invités en Allemagne, précisément à Hambourg, pour participer à un Congrès du PEN CLUB INTERNATIONAL dont le thème central était la manière dont l’Histoire est assumée par les nations. Combien d’entre elles osent regarder en face leur passé ou une parcelle de celui-ci ? Que dire de l’Afrique dont on continue de nier ou de falsifier l’histoire ?
Au Congrès de Hambourg, j’ai lu une réplique de mon personnage, héros de la pièce de théâtre : CHAKA OU LE ROI VISIONNAIRE :
« Personne n’a pensé pour vous, Personne n’a bâti pour vous. Vous êtes les Oubliés de l’Histoire ! Pour vous réaliser, il vous faudra, Vous aidant de votre cerveau et de vos mains, Forger vos propres armes, Et revendiquer votre droit à l’existence, à la Vie ! Que les autres peuples sachent désormais que vous êtes Et qu’ils ne pourront plus se passer de vous sans en être diminués ! » 1
Au cours du Congrès, le défunt cinéaste et romancier Ousmane SEMBÈNE, notre doyen et chef de délégation, en ma présence et en celles d’Alioune Badara BÈYE et de Mame Seck MBACKÉ, a discuté de son film en chantier : CAMP DE THIAROYE, avec un historien germanique. Lorsqu’il a avancé que c’est parce qu’ils réclamaient des indemnités et un pécule promis que les Tirailleurs sénégalais ont été passés par les armes, l’homme a froncé les sourcils et proféré : « Ça ne peut pas être pour un motif aussi léger ! Je ne suis pas convaincu !»
Tous les rapports sur la tragédie de Thiaroye ainsi que les analyses de bon nombre d’historiens insistent sur le malentendu entre la hiérarchie militaire et les soldats qui ne voulaient pas quitter le camp militaire sans percevoir l’intégralité des sommes dont ils avaient droit. Pourtant, ne peut-on pas imaginer que la manifestation déterminée des soldats fraîchement libérés des prisons de France où les Allemands les gardaient, a pu éveiller un soupçon pernicieux des autorités métropolitaines de l’époque ?
1944. Nous étions à seize années de 1960, assez loin de la date à laquelle la plupart des pays de l’Afrique Occidentale Française (AOF) allait étrenner leur hypothétique souveraineté politique. Donc tous ces pays ployaient encore sous le poids d’un régime colonial qui entendait maintenir sa main mise sur les ressources humaines et matérielles de son empire à la fois docile et florissant.
La révolte des prisonniers libérés n’a-t-elle pas alarmé les têtes pensantes et les bras armés du système colonial qui ont tenté, de manière expéditive, de tuer le mal dans l’œuf ? Laisser partir ces soldats africains, chacun regagnant son territoire d’origine ; ces soldats, véritables têtes brûlées, qui se sont battus à côtés des soldats français, souvent à l’avant-garde des armées pour servir de chair à canon ; ces anciens prisonniers de guerre qui ont vu la France écrasée, sont témoins de la résistance opiniâtre organisée par des patriotes pour libérer leur Mère-patrie ; laisser de si redoutables témoins retourner chez eux pour répandre leur expérience de la fragilité du Maître, était-il une bonne option ? La réponse ne s’est pas fait attendre. Il fallait réduire au silence ces rescapés de la guerre qui ne tremblaient plus devant le Blanc, qui n’avaient plus peur de lui, car ils l’avaient surpris dans ses moments de faiblesse, d’humiliation et de soumission face à l’ennemi.
L’argent n’est-il pas la poudre jetée aux yeux de la postérité pour l’empêcher de découvrir les basses motivations d’un massacre qui restera une blessure difficile à panser dans les relations entre l’Afrique francophone indépendante et la métropole. ? Celle-ci doitelle s’obstiner à détourner le regard de certains pans de l’histoire coloniale qu’il est impératif d’assumer pour pouvoir continuer à cheminer ensemble, en toute confiance, donnant ainsi un sens compréhensible à tous et rassembleur à la devise : liberté, égalité et fraternité !?
Par Marouba FALL
* ÉCRIVANT, AUTEUR DU ROMAN « LA COLLÉGIENNE ».
* OFFICIER DE L’ORDRE DU MÉRITE.
* CHEVALIER DE L’ORDRE NATIONAL DU LION
30 MESURES POUR L'APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE
Avec un budget colossal de 1 627 milliards FCFA, le Sénégal se donne les moyens de ses ambitions pour garantir un accès équitable à l'eau potable à tous ses citoyens
Le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé le Conseil Interministériel à la Primature, axé sur l'approvisionnement en eau potable et l'assainissement. Cette rencontre, qui marque un tournant décisif dans la gestion des ressources hydrauliques du pays, a abouti à une série de décisions stratégiques destinées à remédier aux disparités régionales, renforcer les infrastructures et garantir un accès équitable à l'eau pour tous les citoyens.
Nouvelle lettre de politique sectorielle de developpement
Au cœur des réformes, le gouvernement, par le biais du Ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement, Dr Cheikh Tidiane Dieye, a décidé d’organiser, d’ici fin octobre 2024, des concertations nationales sur l'eau et l'assainissement. Ces discussions, qui débuteront au niveau territorial avant de remonter au niveau central, visent à établir un diagnostic inclusif du secteur et à définir des stratégies durables pour répondre aux préoccupations en matière d'eau.
Par ailleurs, une nouvelle Lettre de Politique sectorielle de Développement sera rédigée. Elle devra refléter la vision du gouvernement, en conformité avec les Objectifs du Développement Durable (ODD) 2030 et l'Agenda 2063 de l'Union Africaine. Ce document stratégique guidera les actions futures en matière de gestion de l'eau et d'assainissement.
En outre, le Conseil a fixé la fin du premier trimestre 2025 comme échéance pour la présentation d’un Programme national d’Accès sécurisé à l’Eau et à l’Assainissement, qui s'inscrira dans la continuité de cette nouvelle politique. Un nouveau Code de l’Eau, conforme à ces réformes, sera également élaboré et soumis au gouvernement d'ici décembre 2025.
Hydraulique rurale : vers une gestion plus équitable
Le secteur rural, malgré un taux d'accès à l'eau potable de 96,9 %, reste marqué par de fortes disparités régionales. Les régions de Kolda, Kédougou, Sédhiou, Tambacounda, et Ziguinchor enregistrent des taux d’accès extrêmement faibles, exacerbant les inégalités territoriales. Le Conseil a donc ordonné une évaluation indépendante de la réforme de la gestion du service public de l'eau potable en milieu rural, à réaliser d'ici fin 2024, avec pour objectif d'améliorer l'implication des collectivités locales.
Dans ce cadre, un plan d'actions sera élaboré pour renforcer l'Office des Forages Ruraux (OFOR) et garantir une meilleure gestion des infrastructures hydrauliques. Le programme de solarisation des forages sera également accéléré, avec une finalisation prévue dans un délai de 48 mois, et une étude sera menée pour ajuster la structure tarifaire des services d'eau en milieu rural d'ici juin 2025.
Le Conseil a également fixé un objectif ambitieux : mettre fin à la distinction entre hydraulique rurale et urbaine pour instaurer une gestion unitaire des ressources hydrauliques sur l’ensemble du territoire, offrant ainsi une qualité de service ho mogène à tous les Sénégalais.
Hydraulique urbaine : anticiper les défis de demain
Le secteur urbain n’est pas en reste. Malgré des investissements de 776 milliards FCFA entre 1996 et 2023, le système d’approvisionnement en eau potable dans le triangle Dakar-Mbour-Thiès fait face à des déficits croissants, qui pourraient atteindre 110 000 m³/jour en 2025 et 290 000 m³/jour en 2030. Face à cette situation alarmante, une mission d’investigation sur la performance de la SEN'EAU, l'entreprise chargée de la gestion de l’eau en milieu urbain, sera finalisée d’ici la fin de l’année. Des mesures de sécurisation des sites stratégiques de production et de transport d'eau potable seront également mises en œuvre en collaboration avec les ministères chargés des Forces Armées et de l’Intérieur, notamment pour protéger et améliorer la qualité des eaux du Lac de Guiers.
En matière de tarification, une étude sera réalisée d’ici juin 2025 pour instaurer une structure tarifaire plus juste pour les consommateurs urbains, tout en garantissant la viabilité financière du secteur.
Grand Transfert d’Eau : le projet pharaonique pour soutenir la croissance urbaine et la ville de Touba.
Le projet de Grand transfert d’eau, destiné à répondre aux besoins en eau potable du pays, a été un autre point fort du Conseil. Un comité sera mis en place pour superviser sa réalisation, avec un objectif de mise en service des installations d’ici 2029. En attendant, un programme intermédiaire d’investissement sera lancé pour soutenir la demande en eau potable dans les zones critiques, notamment dans le triangle Dakar-Thiès-Mbour et la ville de Touba.
Le gouvernement cherche 1672 milliards
Le financement de ces projets ambitieux nécessitera des ressources considérables. Le Ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement, en collaboration avec les ministres chargés de la Coopération et des Finances, organisera une table ronde des partenaires techniques et financiers d’ici mars 2025. Cette rencontre vise à assurer un financement adéquat pour le programme national consolidé d'accès à l'eau potable.
Un mécanisme sera également mis en place d'ici fin 2024 pour garantir le règlement à temps des factures d'eau par les structures publiques, évitant ainsi l'accumulation d'arriérés qui fragilisent l'équilibre financier du secteur.
Enfin, le secrétaire général du gouvernement a été chargé du suivi rigoureux de la mise en œuvre de ces décisions, dont le coût global est estimé à 1 627 milliards FCFA. Le gouvernement entend ainsi prendre les mesures nécessaires pour assurer un accès équitable et durable à l'eau potable pour tous les Sénégalais, affirmant son engagement à répondre aux besoins essentiels de la population.
Ce Conseil Interministériel marque un jalon essentiel dans la politique hydraulique du Sénégal. Les décisions prises témoignent d’une volonté de corriger les inégalités et de préparer le pays aux défis futurs en matière d’eau potable, tout en s'assurant que les réformes entreprises bénéficient à l'ensemble de la population, urbaine comme rurale.
LA TRANSFORMATION LOCALE, MAILLON FAIBLE DE LA FILIÈRE ANACARDE
La forte production de noix d’anacarde ces dernières années profite-t-elle à la population ? La question mérite d’être agitée surtout que moins 5% de cette production atterrissent dans la transformation locale
La forte production de noix d’anacarde ces dernières années profite-t-elle à la population ? La question mérite d’être agitée surtout que moins 5% de cette production atterrissent dans la transformation locale. La quasi-totalité de cette reluisante production tombe entre les mains d’opérateurs étrangers qui exportent le produit vers l’Asie. La transformation locale reste encore faible.
La filière anacarde occupe une place centrale dans l’économie régionale. Elle se modernise de plus en plus car, de 56 mille tonnes en 2017, les exportations sont passées à plus de 90 mille tonnes aujourd’hui. Cette production d’anacarde a généré près de 95 milliards de francs CFA en 2023 selon les estimations officielles du Ministère du Commerce. La réglementation de l’exportation du produit est passée par là.
Dans la filière anacarde, les perspectives sont énormes rien que pour la chaîne de valeur, mais dans cette reluisante production, la transformation locale reste le maillon faible. La quasi-totalité de la production tombe entre les mains des opérateurs nationaux et internationaux qui l’exportent vers l’Asie, dans des pays comme l’Inde. La transformation locale des noix reste encore très faible et tourne autour de 5% même si on peut rapidement se retrouver avec plus de 200 personnes qui s’activent autour. L’une des rares unités de transformation implantée à Ziguinchor, la société de commercialisation des produits locaux (SCPL) qui employait près de 150 personnes, des jeunes et une forte présence de femmes, a presque disparu de la chaine de transformation. De petites unités de transformation sont installées çà et là mais leur capacité de transformation est encore faible, très faible même.
Les noix qui transitaient vers la Gambie éclipsaient beaucoup la quantité de produit exporté par le Sénégal car n’étant pas comptabilisées en faveur du Sénégal. Et l’interdiction d’acheminer le produit par le transport terrestre a beaucoup contribué à replacer le Sénégal dans le lot des pays exportateurs de noix d’anacarde, selon certains acteurs de la filière.
Toutefois, l’interdiction de cette décision d’exporter par voie terrestre a soulevé un levier de boucliers de la part de certains opérateurs qui avaient finalement réussi à acheminer les noix par la route. Pourvoyeur d’emplois, le secteur de l’anacarde booste l’économie régionale. En atteste la ferveur qui entoure cette campagne.
Cette année, la production est estimée à plus de 90 mille tonnes pour un montant de 60 milliards de francs CFA investi par les opérateurs nationaux et internationaux. Dans le département de Ziguinchor, la zone de fortes productions reste l’arrondissement de Niaguis. Mais, en Casamance c’est la région de Sédhiou qui mène la danse. « Aujourd’hui, il est nécessaire et urgent d’investir davantage dans les unités de transformation afin qu’elles aient un pouvoir d’achat colossal pouvant leur permettre d’aller acheter au même titre que les autres et organiser également les producteurs en coopératives», suggère un opérateur économique. Il est important de s’attaquer à d’autres sous-produits de l’anacarde, notamment la coque et la pomme. Avec la pomme, on peut faire du jus et la coque, du lubrifiant mais aussi de l’électricité. Une chaîne de valeur qui a de l’avenir. Malheureusement, toute la production est exportée vers l’Asie. Les prix sont fixés par les étrangers (Indiens) qui s’activent dans la filière, aidés par les nationaux qui jouent le plus souvent les seconds rôles dans la campagne de commercialisation des noix. L’anacarde, l’or noir de la Casamance qui génère des dizaines de milliards ; une manne financière qui retombe entre les mains d’exportateurs étrangers.
LE B-READY SUPPLANTE LE DOING BUSINESS
Un atelier d’auto-évaluation du nouveau baromètre du climat des affaires, dénommé Business Ready (B-Ready), a réuni les différentes parties prenantes et des experts locaux pour un examen préliminaire.
Un atelier d’auto-évaluation du nouveau baromètre du climat des affaires, dénommé Business Ready (B-Ready), a réuni les différentes parties prenantes et des experts locaux pour un examen préliminaire. Cet atelier s'inscrit dans le cadre de la redéfinition et du recadrage du dialogue public-privé, en vue de sceller un pacte entre l’État du Sénégal et le secteur privé, afin de bâtir un environnement des affaires compétitif à l’échelle mondiale.
Lancé en 2002, l'indice de la facilité de faire des affaires, connu sous le nom de « Doing Business », a suscité un engouement considérable mais a donné des résultats peu concluants pour des économies aspirant à une compétitivité accrue. Après 22 ans d’application de ce cadre réglementaire, celui-ci évolue désormais vers le « Business Ready » ou « B-Ready ». Ce nouveau projet phare du Groupe de la Banque mondiale vise à évaluer l’environnement mondial des affaires et de l'investissement sur une base annuelle. Tout en s'appuyant sur une approche similaire à celle de Doing Business, le projet BReady élargira son analyse en incluant un éventail plus large de facteurs, tels que la gouvernance, les infrastructures, le capital humain et l’innovation. C'est dans ce contexte qu'a débuté, mardi 27 août, et se poursuivra jusqu’au 30 août et au 3 septembre prochain, à Dakar, un atelier d’évaluation préliminaire de l’environnement des affaires, à l’intention des parties prenantes et des experts locaux, dans le cadre de la notation B-Ready. Cette deuxième série d'ateliers thématiques, faisant suite à celle organisée du 29 juin au 2 juillet dernier, qui portait sur la revue des projets de réponse des administrations, a pour objectif de finaliser les contributions des administrations et de partager les mesures à mettre en œuvre pour améliorer l’environnement des affaires et soutenir le développement du secteur privé. « Cet atelier marque une « étape cruciale dans notre démarche d’évaluation et d’amélioration continue, afin d’apporter les ajustements nécessaires avant le démarrage de cette notation B-Ready », a souligné Bakary Séga Bathily, directeur général de l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (APIX). Il a ajouté que cette évaluation représente une occasion de prendre du recul, d’analyser rigoureusement l’environnement des affaires et d’identifier les leviers de performance sur lesquels « nous devons agir ». Selon lui, cet exercice est indispensable pour repositionner notre pays en tant qu’acteur clé sur la scène économique régionale et internationale.
Ababacar Sadikh Ndiaye, conseiller du Premier ministre en charge des questions économiques, a précisé que cet atelier s’inscrit dans le cadre du « document préparatoire BReady, qui remplacera Doing Business en 2025 ». En évoquant le Business Ready, il a insisté sur l’importance de l’environnement des affaires, une préoccupation centrale des nouvelles autorités. Il a souligné en outre la nécessité de disposer d’un cadre macroéconomique robuste, de règles du jeu claires, d’une bonne gouvernance et d’un système judiciaire performant pour attirer les investisseurs. Rappelons que c'est en septembre 2021 que la direction du Groupe de la Banque mondiale a décidé de cesser la publication du rapport Doing Business, en vue de le remplacer par un nouveau projet amélioré.