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2 avril 2025
CASAMANCE, L’HUÎTRE NE NOURRIT PAS ENCORE LES FEMMES
Malgré le potentiel ostréicole de la région, les contraintes logistiques et financières freinent son développement. La FAO et l’État du Sénégal travaillent à moderniser la filière à travers un programme de mise aux normes sanitaires et phytosanitaires.
En Casamance, des milliers de femmes s’activent dans la cueillette d’huîtres. Mais les gains restent modestes. Pour booster la filière et valoriser le travail conchyliculteur (élevage des coquillages), la Fao accompagne l’État du Sénégal dans un programme de mise aux normes sanitaires et phytosanitaires. Ce dossier a été réalisé lors d’un voyage de presse organisé par la Fao à Sédhiou et à Ziguinchor, du 15 au 20 décembre 2024.
Elles sont armées de couteaux et de coupe-coupe. Les pieds nus, elles s’avancent dans l’eau. D’un pas assuré, malgré le sol argileux, elles s’enfoncent dans la mangrove, tout en entonnant une chanson en Mandingue. Elles plongent leurs mains dans l’eau. Au bout de quelques minutes, elles viennent reverser les huîtres dans un panier à fibres de rônier avant de repartir vers la mangrove. Obligés de céder momentanément leur lieu de repos, quelques oiseaux de mer regardent le spectacle du haut du ciel. Ce geste, les femmes du village de Diao Insa Ba (commune de Bemet Bidjini, arrondissement de Djibabouya, département de Sédhiou) le répètent depuis des années. La cueillette des huître fait partie de leur quotidien. Cependant, l’activité ne leur rapporte pas grand-chose. « Nous vendons le pot d’huîtres transformées à 500 FCfa. Au maximum, nous gagnons entre 4000 et 6000 FCfa après chaque récolte », explique Aminata Mané. La commercialisation constitue la principale contrainte pour ces femmes. Faute d’acheteurs, la récolte d’huîtres est essentiellement destinée à la consommation des ménages du village. « Nous voulons aussi être accompagnées dans la formation et l’acquisition d’équipements », ajoute Adama Dabo.
Sur ce cite, l’exploitation de l’huître se fait encore de façon artisanale et elle semble à ses balbutiements. Pendant longtemps, les responsables du ministère de la Pêche ont pensé qu’il n’y avait pas d’huîtres à Sédhiou. C’est seulement en 2022 que ce site a été découvert. L’objectif est d’ériger un bassin d’ostréiculture sur ce site pour booster le potentiel. « Si les moyens suivent, je compte démarrer ce projet en 2025 », indique Abdoulaye Diallo, chef de service régionale de l’Agence nationale d’aquaculture (Ana) à Sédhiou. Au bord de l’eau est accostée une vieille pirogue à rames. Dans cette partie où s’entrecroisent le fleuve Casamance et son affluent le Soungrougrou, la mangrove devient plus dense à mesure qu’on remonte vers Ziguinchor.
Passer de la cueillette à l’ostréiculture Contrairement à Diao Insa Ba où les femmes cueillent directement les huîtres de la mangrove, à Ouronck (près de Katakalousse), l’activité est plus développée. C’est l’un des plus importants sites d’exploitation d’huîtres en Casamance. C’est ici qu’est implanté le seul bassin de dégorgement de la région de Ziguinchor. On est carrément dans l’ostréiculture, c’est-à-dire l’élevage d’huîtres. Le potentiel est nettement plus important. Dans ces bolongs du fleuve Casamance qui polarise 21 îles (14 dans la commune de Kafountine et 7 dans la commune de Djembering), l’huître est disponible en abondance, mais c’est tout un défi que d’aller le récolter. « Nous empruntons une pirogue à rames.
En plus des risques que cela comporte, nous ne pouvons pas atteindre certaines zones » renseigne Maïmouna Gomis, présidente du Gie Sotiba de Ouronck. Lors de notre passage, mardi 17 décembre, nous empruntons une pirogue à moteur pour rejoindre la mangrove. Au vrombissement du moteur, la pirogue s’élance, traçant une éphémère ligne sur l’eau. « C’est ici », lance Maïmouna. La pirogue s’ajuste vers le feuillage touffu. Pendant la récolte, les femmes plongent dans l’eau qui leur arrive à la poitrine, mais en cette période de haute marée, nous restons tous à bord. Maïmouna soulève une branche. « Vous voyez les huîtres ! », s’exclame-t-elle. De l’autre côté, on aperçoit Essaout derrière une ligne compacte de mangrove. Nous nous approchons des guirlandes et des coupelles. Ces équipements ont été installés par l’Agence nationale d’aquaculture afin de permettre aux naissains (les petites huîtres) de s’accrocher. Une fois qu’ils auront atteint une certaine taille, les femmes viennent les recueillir et les mettre dans les pochons pour le grossissement. « Au début, la collecte se faisait de façon artisanale dans les mangroves.
En installant des coupelles, on crée des conditions favorables pour permettre à l’huître de s’accrocher et cela facilite le détroquage », explique Mariama Faye. Les femmes ont également bénéficié d’un renforcement de capacités sur les méthodes de grossissement. Après la récolte, les huîtres sont mises dans le bassin de dégorgement pendant deux à trois jours avant la commercialisation. Contraintes D’après Mariama Faye, les femmes ont compris l’intérêt des infrastructures d’élevage d’huîtres. Mais ces infrastructures ne sont pas aussi accessibles à la majorité des Gie. Par exemple, il n’y a qu’un seul centre de dégorgement dans toute la région de Ziguinchor. Et ces femmes n’ont pas les moyens (camion frigorifique) pour transporter les huîtres vers ce site de traitement. Plus globalement, les ostréiculteurs de la Casamance sont confrontés à un manque de moyens. « Nous n’avons qu’une seule pirogue à rames et pas assez de gilets de sauvetage ; ce qui limite nos déplacements. Nous avons vraiment besoin d’être aidées », plaide Maïmouna Gomis. Le constat est similaire à Tobor, non loin de Ziguinchor. Sur ce site, les femmes travaillent dans des conditions difficiles pour un gain négligeable.
L’exploitation de l’huître est une vraie corvée. « Nous faisons le conditionnement de l’huître dans des bocaux dans nos maisons. Si l’on pouvait nous aider à avoir un endroit répondant aux normes d’hygiène avec les équipements nécessaires, nous pourrions augmenter notre production », plaide Mariama Diédhiou, présidente de la fédération Youlaye (huître en diola) de Tobor. L’autre écueil, c’est le manque de financement, parce que les infrastructures pour l’ostréiculture coûtent cher. Depuis 2021 l’Ong Aceas accompagne les femmes d’Ouronck (Katakalousse), notamment dans la confection, l’installation et le nettoyage de guirlandes et la valorisation de l’huître. Selon Mariama Badji, une des formatrices, cet accompagnement a permis une augmentation de la production d’huîtres sur ce site. « Depuis qu’on a commencé à former les femmes, elles ont non seulement amélioré la technique de collecte et de transformation de l’huître, mais aussi l’hygiène », dit-elle. À son avis, le potentiel ostréicole est là, mais les femmes manquent de moyens pour la cueillette. « Elles n’ont même pas de pirogues à moteur », constate Mariama Badji.
L’enjeu d’une classification des sites de production
Pour accompagner le développement de la filière huître au Sénégal, la Fao a lancé un programme de mise aux normes sanitaires et phytosanitaires afin de promouvoir la sécurité sanitaire des coquillages et leur accès aux marchés régionaux et internationaux. Il est doté d’un budget de 854.518 dollars (environ 530 millions de FCfa). Il comprend un volet de surveillance sanitaire des zones de production. Chaque mois, des techniciens effectuent des prélèvements sur les 50 sites identifiés sur le plan national. Les échantillons sont ensuite envoyés au laboratoire national d’analyse et de contrôle à Dakar pour effectuer des analyses microbiologiques et chimiques. Le protocole de prélèvement consiste d’abord à faire une inspection du littoral pour recueillir les données physico-chimiques avant de passer au prélèvement proprement dit.
« Il faut mettre l’échantillon dans de bonnes conditions dans des carboglaces et des isolants et les acheminer à Dakar dans les 24h », explique Mariama Faye, cheffe du service régional de l’Ana à Ziguinchor et point focal dans le projet. À la fin de l’étude, les sites seront classés sur une échelle de A à D, suivant le seuil de précision. Si un site est classé A, cela veut dire que le produit ne présente aucun risque sanitaire et qu’on peut récolter et commercialiser directement les huîtres. Si le site est de classe B, il faut dégorger les huîtres avant de les commercialiser. Pour les sites classés C, il faut, en plus du dégorgement, épurer les huîtres (dans un centre d’épuration) avant de les commercialiser. Enfin, les sites classés D sont inexploitables, parce que présentant un niveau élevé de contamination.
Selon Abdallah Thiam, consultant sécurité et santé des aliments à la Fao et coordonnateur adjoint du projet, il y a un potentiel ostréicole important dans plusieurs zones du Sénégal. « Avec les prélèvements que nous effectuons sur les sites, nous cherchons à savoir si les produits sont contaminés par d’autres germes microbiologiques ou s’ils ont des contaminants chimiques. À la fin du plan de surveillance que l’on est en train de mettre en œuvre, il y aura une classification des sites permettant de déterminer si, en plus du dégorgement, il est nécessaire de procéder à une purification avec la mise en place d’un centre d’épuration », explique-t-il. Selon Dr Mamadou Ndiaye, expert au bureau sous-régional de la Fao pour l’Afrique de l’Ouest et coordonnateur du projet, le taux d’exécution est estimé à 65-70%. « Normalement, le projet doit finir en mars 2025, mais nous avons sollicité une prolongation de quelques mois en espérant que, d’ici à la fin 2025, on pourra arriver à l’ensemble des résultats prévus », dit-il.
LE COMBAT POUR LES PROCHAINS MOIS EST L’ASSAINISSEMENT DE L’ADMINISTRATION
Lors de la finale du GOV’ATHON, une compétition célébrant l’innovation numérique, le Premier ministre a annoncé de grands chantiers pour réformer et moderniser l’administration sénégalaise.
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a présidé ce 23 décembre la finale du GOV’ATHON, une compétition qui prime l’innovation dans le numérique et la modernisation de l’administration sénégalaise. Lors de sa prise de parole, le chef du gouvernement s’est exprimé sur la nécessité d’assainir l’administration et d’en faire un «outil au service du citoyen ».
A ce titre, il annonce de grands chantiers en ce sens dans les prochains mois et années pour permettre à ce pan de la République de panser «ses maux liés à la qualité de service à l’usager ».
«En tant que chef du gouvernement et en tant qu’ancien fonctionnaire malheureusement radié, je puis vous assurer que le plus grand combat pour les prochains mois et les prochaines années est celui de l’assainissement de notre administration (…). Ses maux sont liés à la formation à la base et à la pratique d’une administration encore cantonale à l’usager est considéré comme redevable alors que l’on parle de service au contribuable. C’est lié également au manque de corrélation entre l’objectif de développement et notre administration. Il faut que cette administration devienne une administration du développement. Elle ne l’est pas suffisamment aujourd’hui », a-t-il déclaré.
À noter que les 12 projets primés dans ce concours vont être intégrés dans 12 ministères afin de l’aider dans sa modernisation et dans son développement numérique.
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LE SÉNÉGAL RÉVEILLE SES TALENTS
Le choix passé d'un logiciel étranger coûteux au détriment de l'expertise locale sert désormais d'anti-modèle pour le gouvernement. Cette leçon d'histoire récente guide aujourd'hui une politique ambitieuse de soutien à l'innovation nationale
En dénonçant les erreurs du passé en matière de choix technologiques, le Premier ministre Ousmane Sonko a placé l'expertise locale au cœur de sa vision pour le développement du Sénégal. Lors de la finale du Gov'athon ce lundi 23 décembre 2024, il a partagé une expérience personnelle révélatrice des enjeux de souveraineté technologique.
"Il y a une vingtaine d'années, quand je venais d'arriver dans l'administration fiscale", a raconté le Premier ministre, "des Sénégalais avaient conçu pour la douane un progiciel appelé système Gaindé". Ce projet, développé localement "avec l'expertise sénégalaise", avait été vendu à un prix très compétitif et avait permis d'importantes améliorations dans la collecte des recettes douanières.
Mais quelques années plus tard, la direction des impôts a fait un choix différent : "recourir à un prestataire étranger d'Amérique du Nord qui nous a vendu un logiciel qui coûtait certainement dix fois plus cher et dont nous n'avions même pas les clés". Cette décision s'est révélée encore plus coûteuse avec le temps, nécessitant "d'avenant en avenant beaucoup plus d'argent encore, à chaque fois il fallait payer quelques milliards de plus".
Pour le chef du gouvernement, cet exemple illustre "les mauvais choix qui ne découlent pas d'une rationalité qui intègre les questions de souveraineté et de sécurité". Il plaide au contraire pour "l'encouragement que l'État doit apporter à la recherche locale, à la recherche nationale et à l'éclosion, petit à petit, de petites structures qui vont aller progressivement vers la conquête certainement du continent et du monde".
Cette vision semble déjà porter ses fruits. Dans le cadre du Gov'athon, plusieurs projets présentés par de jeunes talents sénégalais ont démontré leur potentiel international. Le Premier ministre a notamment cité un outil de gestion scolaire comparable à une solution étrangère récemment présentée au président de la République : "Les idées sont là, les compétences sont là, il faut juste accompagner, encadrer et c'est ce que nous allons faire".
Pour soutenir cette dynamique, le gouvernement a annoncé une prime de 3 millions FCFA pour chacun des neuf finalistes non primés du concours. "Le secteur de la recherche et de l'innovation sera un secteur au-devant des priorités de l'État du Sénégal", a promis Ousmane Sonko, insistant sur le fait que "avoir la possibilité de développer ses propres outils est une question de souveraineté et donc de sécurité nationale".
En conclusion de cette première édition du Gov'athon, qualifiée de "meilleure initiative gouvernementale" depuis l'installation du nouveau gouvernement, le Premier ministre a réaffirmé sa confiance dans la jeunesse sénégalaise : "C'est vous en réalité le projet dont on parle. Ce n'est pas le président Bassirou Diomaye Faye, ce n'est pas son Premier ministre, ce n'est pas le gouvernement, c'est vous".
DU NOUVEAU DANS L'AFFAIRE FRANÇOIS MANKABOU
Selon son avocat, il aurait été pisté par un proche d’un responsable politique avant son arrestation. Me Kabou dénonce des zones d’ombre autour de cette affaire et pointe des lenteurs dans l’enquête.
C’est Me Kabou qui donne l’information sur sa page Facebook. Selon lui, Francois ManKabou, du nom de cet ancien garde du corps arrêté en juin 2022 dans un contexte de tensions politiques préélectorale et décédé en juillet 2022 en détention dans un hôpital, a été pisté par un proche d’un responsable de l’ancien régime, des jour avant son arrestation.
“Dans l’affaire François ManKabou, quelqu’un de très proche d’un homme politique l’a pisté des jours avant son arrestation. Cette même personne a annoncé le décès de Monsieur ManKabou à ses proches se faisant passer pour un infirmier dans un premier temps et ensuite ambulancier de l’hôpital principal”, a affirmé Me Kabou.
Avant d’ajouter: “Nous avons réussi à remonter les appels jusqu’à avoir le numéro de téléphone de la personne. Une plainte a été déposée auprès de la cybercriminalité contre cette dernière, des proches entendus et jusqu’à présent RIEN. Celles et ceux qui parlaient de vidéo, je vous informe que Monsieur François Mankabou a été très précis dans son descriptif des faits et jusqu’à son lit d’hôpital. On ne joue pas avec la vie des gens. La vie humaine est sacrée”.
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UN SYSTÈME MACROÉCONOMIQUE À ÉCLATER
"C'est une illusion de croire qu'en augmentant le taux de croissance, vous allez significativement réduire le chômage". Ndongo Samba Sylla démonte les mythes économiques dominants et expose les mécanismes d'un Sénégal dans la dépendance
L'économiste du développement Ndongo Samba Sylla pense sans ambages qu'il faut "éclater" tout le système macroéconomique du Sénégal. Invité de l'émission À contrecourant sur l'AS Tv, le chercheur connu pour son militantisme pour la souveraineté monétaire trouve que c'est un cadre qui ne permet aucun développement économique.
Il est un économiste qui refuse les idées reçues et aime questionner, critiquer voire battre en brèches les modèles de développement ambiants, surtout ceux qui sont proches du système néolibéral. Disséquant le système économique du Sénégal, Ndongo Samba Sylla fait un sévère réquisitoire de son cadre macroéconomique. Ainsi, sans langue de bois, il soutient : "Le cadre macroéconomique que nous avons ne permet aucun développement économique digne de ce nom. On va tourner en rond, nous endetter en monnaie étrangère".
À l'en croire, il ne peut pas comprendre que le Sénégal paye sur son budget 2 900 milliards. Le budget de l'éducation nationale pour l'année, c'est plus de 900 milliards. "Alors que les intérêts sur la dette, c'est 900 milliards. Le budget de la santé presque 300 milliards. Donc vous dépensez 10 fois plus pour payer la dette que pour la santé. Quel développement voulez-vous avoir ? Et c'est une tendance qui va se perpétuer", s'indigne l'auteur de l'Arme invisible de la Françafrique, une histoire du Fcfa.
Il ajoute : "À un moment, il faut dire stop. Nous devons mobiliser nos ressources, et quand je dis mobiliser nos ressources, cela suppose que nous avons notre banque centrale, nous avons notre système financier et on alloue les ressources en partant des expertises que nous avons. Quand on veut construire des écoles par exemple, partons d'abord des ressources réelles que nous avons. Tout ce que vous pouvez faire vous-même, il n'y a que vous-même qui pouvez financer ça. Ce n'est pas l'extérieur. Si l'extérieur vous donne l'argent, tant mieux, ça va financer d'autres importations mais ça ne va pas financer ces projets-là".
De son avis, c'est de cette manière qu'il sera possible de créer des emplois pour les jeunes. S'exprimant en outre sur la croissance du Sénégal, il souligne que la loi d'Okun (elle décrit une relation linéaire empirique entre le taux de croissance et la variation du taux de chômage) ne s'applique pas aux pays en voie de développement.
"L'exemple que je donne souvent, c'est la Sierra Leone qui, vers 2013, 2014, avait commencé à exploiter le minerai de fer. Elle a dû enchaîner deux années où il y avait plus de 10% de taux de croissance, et une année même 20% de taux de croissance. Mais cette croissance, la population n'en a pas bénéficié parce que les multinationales qui opéraient dans ce secteur extractif avaient trouvé des failles pour ne rien payer comme taxes, impôts, redevances et autres. Et quand il y avait Ebola dans le pays, on pouvait compter le nombre d'ambulances. La croissance en tant que telle, cela ne veut absolument rien dire", renseigne l'économiste non sans faire savoir que ce qu'il faudrait voir, c'est secteur par secteur. Car d'après lui, ce qui tire la croissance à long terme, c'est le secteur industriel manufacturier.
"C'est une illusion de croire qu'en augmentant le taux de croissance, vous allez significativement réduire le chômage"
"C'est une illusion de croire qu'en augmentant le taux de croissance, vous allez significativement réduire le chômage", prévient l'ancien de la fondation Luxembourg. Proposant des solutions, Ndongo Samba Sylla déclare : "La question de l'emploi, elle se pose différemment à la périphérie. La seule manière de créer des emplois, c'est de mettre en place une garantie d'emploi. Qu'est-ce que cela veut dire une garantie d'emplois ? Cela veut dire que l'État qui a sa propre monnaie va dire que la constitution dit que tout le monde a droit à un emploi décent."
Et il dit : "Les collectivités locales, arrangez-vous pour déterminer vos besoins en termes d'emplois sans concurrencer le secteur privé. Et l'État peut financer cela. Et quand ces gens trouveront mieux ailleurs, ils partiront du dispositif. Ça permet de mobiliser toute la force de travail. Tout le monde est au travail et avec le même niveau de productivité partout. Et il y a une demande et un pouvoir d'achat. Actuellement, pourquoi on ne peut créer des emplois ? Parce que le secteur privé est beaucoup trop exigu. Et le secteur privé est exigu parce que le marché intérieur est étroit".
Selon lui, la plupart des gens sont pauvres, ils n'ont pas de pouvoir d'achat. Les entreprises, explique-t-il, qui naissent vont mourir parce qu'il n'y a pas de débouchés. "Donc d'où peuvent venir les débouchés ? Il ne peut pas venir de l'extérieur parce que nous ne sommes pas compétitifs pour plusieurs raisons. Mais qui peut injecter ce pouvoir d'achat ? Il n'y a que l'État. Mais si vous êtes dans le cadre de l'UEMOA où on vous dit que l'État ne doit pas faire de déficit, cela veut dire que vous n'aurez pas de développement", analyse Dr Sylla.
"Contrairement à ce que les gens pensent, le déficit est une injection nette de pouvoir d'achat"
Et l'ancien pensionnaire du Prytanée militaire de Saint-Louis de révéler : "Le déficit, contrairement à ce que les gens pensent, est une injection nette de pouvoir d'achat. Quand l'État dit que j'ai fait 100 milliards de déficit, cela veut dire que moi, j'ai apporté comme contribution financière 100 milliards. Donc si vous êtes dans un système où on vous dit on ne veut pas de déficit, c'est un système qui dit que je ne veux pas que les entreprises croissent. Quand l'État ne fait pas déficit, cela veut dire que l'État n'apporte rien à l'économie. C'est l'État colonial, il n'apporte rien".
Néanmoins, l'iconoclaste chercheur se veut clair. "Maintenant il ne faut pas faire du déficit pour faire du déficit, le déficit doit être ciblé et tenir compte de l'impact sur la balance de paiement. C'est tout cela l'art de la planification", prévient-il.
"L'emploi, ce n'est pas une question d'employabilité. Ça, c'est une explication farfelue"
Dans le même ordre d'idées, Ndongo Samba Sylla trouve simpliste de penser que le chômage est lié à une question d'employabilité. "L'emploi, ce n'est pas une question d'employabilité. Ça, c'est une question farfelue."
"Tous les jeunes dont on dit qu'ils n'ont pas d'emploi, par chance quand ils traversent le Nicaragua pour arriver aux États-Unis, ces gens ont tout de suite des emplois. Donc dans les pays avancés, avec des technologies avancées, ces gens qui n'ont pas été formés, trouvent des emplois. Vous allez à New-York, vous trouvez beaucoup de livreurs sénégalais. Ces gens ont des emplois dans des pays avancés très riches et ici, on ne peut rien pour vous parce que vous n'êtes pas employables", fulmine-t-il.
Poursuivant son argutie, il note que l'emploi, c'est une question macroéconomique, c'est une question de demande. "Les entreprises privées font du profit. Et si les entreprises ne peuvent pas espérer faire du profit, elles ne vont pas employer. Et pour faire du profit, l'État doit soutenir les entreprises privées. Mais l'État soutient les entreprises privées non pas en les taxant mais en dépensant net pour les entreprises privées, c'est-à-dire qu'on vous prélève 100 mais on dépense 150", prône-t-il.
Et Sylla de rappeler pour s'en désoler : "Mais maintenant, vous êtes dans un cadre macroéconomique qui vous dit : nous ne voulons pas de déficit, ce qui nous intéresse, c'est de mettre la parité fixe avec l'euro, donc il n'y a pas de crédits. Ou quand on vous donne des crédits, c'est à des taux de 15%, 16%. Mais quelle économie voulez-vous avoir ? C'est pourquoi je dis que tout ce cadre, il faut l'éclabousser".
"Il faut mettre en place un cadre économique de souveraineté monétaire"
De l'avis de Ndongo Samba Sylla, il faut mettre en place un cadre national de souveraineté monétaire, et un cadre de planification de politique industrielle. Et faire attention aux dépenses publiques et à leurs conséquences en termes d'inflation et sur la balance des paiements. C'est tout l'art de la gestion macroéconomique, parce que tout ce que vous pouvez faire vous-même, vous n'avez pas besoin d'un dollar de l'extérieur. Et quand vous employez tous vos jeunes, vous leur donnez la possibilité de s'employer, ils ont un pouvoir d'achat, vous pouvez canaliser ce pouvoir d'achat pour acheter les produits sénégalais et c'est comme ça que vous créez un cercle vertueux", préconise-t-il non sans signaler qu'avec ce modèle, les entreprises vont croître, et certains qui étaient dans les dispositifs de garantie d'emplois, qui ont été formés, vont être recrutés par le secteur privé. "C'est comme ça qu'on avance. Les problèmes économiques que nous avons sont différents de ceux des pays".
L'ANACIM ANNONCE UN ÉPISODE DE FROID ET DES PLUIES FAIBLES
La probabilité de ces pluies est « plus élevée dans le nord-est et le centre, y compris Dakar, entre la soirée de ce lundi 23 décembre et la journée du mercredi 25 décembre 2024 ».
La majeure partie du territoire sénégalais sera touchée dans les heures à venir, par des pluies faibles à localement modérées, avec « une sensation de fraicheur (…) particulièrement marquée dans les zones côtières », ainsi que sur les localités du centre et du nord, annonce l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM).
Entre la journée de lundi et celle de jeudi, « le ciel sera généralement nuageux à couvert accompagné d’une baisse notable des températures journalières sur l’ensemble du territoire, avec des températures maximales en dessous de 30°C par endroits », annonce-t-elle dans un bulletin météo spécial.
Elle souligne que la sensation de fraicheur sera surtout forte sur les zones côtières et les localités du centre et du nord (Dakar, Saint-Louis, Podor, Matam, Linguère, Louga, Diourbel, Thiès, etc.).
Selon la météo, « des pluies faibles à localement modérées sont attendues sur la majeure partie du pays ».
La probabilité de ces pluies est « plus élevée dans le nord-est et le centre, y compris Dakar, entre la soirée de ce lundi 23 décembre et la journée du mercredi 25 décembre 2024 ».
« A cet effet, une vigilance s’impose car la combinaison de la baisse des températures et des risques de pluie pourrait engendrer des impacts significatifs, notamment dans le secteur de l’élevage et d’autres activités sensibles », recommande l’ANACIM.
par Farid Bathily
DANS L'UTAH, LE BUSINESS DES SOSIES DE JÉSUS EXPLOSE
Une nouvelle industrie singulière émerge au cœur de cet État de l'Ouest de l'Amérique, transformant des hommes barbus aux cheveux longs en incarnations contemporaines du Christ pour des séances photos familiales
Dans cet État de l'Ouest américain profondément mormon, les familles s'arrachent les services d'hommes aux traits particuliers pour incarner le Christ sur leurs photos.
À la veille de Noël, alors que le monde chrétien se prépare à célébrer la nativité, certains habitants de l'Utah voient déjà le Christ apparaître sous les traits d'hommes barbus aux cheveux longs.
Dans cet État conservateur des États-Unis, dont l’ancien candidat républicain à la Maison Blanche Mitt Romney est le sénateur, cette représentation traditionnelle du Christ a fait naître une nouvelle profession : celle des sosies de Jésus.
Un récent reportage du Wall Street Journal sur place éclaire cette tendance née il y a quelques années et devenue aujourd’hui un véritable phénomène social, avec des enjeux financiers non négligeables.
En effet, un modèle de Jésus peut facturer jusqu’à 200 dollars de l'heure pour apparaître sur les photos de famille, les faire-part de mariage ou les cartes de Noël. On les retrouve marchant aux côtés des couples nouvellement fiancés dans les champs, jouant avec les enfants.
Une quête frénétique
Certains modèles, comme Terry Holker, se sont retrouvés dans des situations délicates lorsque des passants les ont pris pour le véritable Jésus. "Vous savez que je ne suis pas le vrai Jésus, n'est-ce pas ?", a-t-il dû rappeler à une femme qui cherchait d’après des propos rapportés par le Wall Street Journal, "un signe divin".
"La plupart des chrétiens ont des œuvres d'art chrétiennes chez eux. C'est une façon de rendre cela plus personnel, plus adapté à chacun", explique au Wall Street Journal, la photographe MaKayla Avalos, dont les photos des enfants avec le frère d’une amie engagé comme sosie de Jésus en 2020, avait suscité grand engouement.
Cette femme de 28 ans qui a depuis photographié une soixantaine de familles avec des modèles sur l'île d'Antelope, dont les paysages rappellent ceux du Moyen-Orient antique – en référence à l'environnement dans lequel Jésus aurait vécu – croule désormais sous les demandes.
Cette quête d’un Jésus des temps modernes est d’autant plus intense que l’Utah, région sous influence mormone, manque de profils adéquats. Pour cause, les hommes en service à l'Église – l'un des plus grands employeurs de cet État – doivent se raser quotidiennement et ainsi garder les cheveux courts.
Une représentation mythifiée
Pour ces modèles de plus en plus sollicités, incarner Jésus va bien au-delà d'une simple prestation. Jai Knighton, mannequin professionnel de 32 ans, l'a découvert lorsqu'un client lui a demandé d'être "la personne la plus christique possible, sinon les gens pourront voir à travers les photos que ce n'est pas réel."
Cette activité atypique soulève la question de l'évolution historique des représentations de Jésus dans l'art religieux. Si les premiers chrétiens, fidèles aux préceptes judaïques, refusaient toute représentation divine, l'image du Christ s'est transformée au fil des siècles.
Selon de nombreux historiens, le Jésus barbu aux cheveux longs, si populaire aujourd'hui, est le fruit d'une construction progressive, mêlant influences artistiques, considérations théologiques et évolutions culturelles, alors même qu'aucune description physique de lui ne figure dans les textes bibliques.
MALICK NDIAYE SALUE LE TRAVAIL DES DÉPUTES SUR LE BUDGET
Après une semaine de travaux intensifs, la Commission des Finances et du Contrôle budgétaire élargie de l’Assemblée nationale a bouclé, ce dimanche, l’examen et l’adoption des projets de budgets de tous les ministères ainsi que du Projet de Loi de Finance
Après une semaine de travaux intensifs, la Commission des Finances et du Contrôle budgétaire élargie de l’Assemblée nationale a bouclé, ce dimanche, l’examen et l’adoption des projets de budgets de tous les ministères, ainsi que du Projet de Loi de Finances 2025. À cette occasion, le Président de l’Assemblée nationale, Monsieur Malick Ndiaye, a adressé des remerciements appuyés aux députés et à toutes les parties prenantes pour leur dévouement exemplaire.
Dans un calendrier particulièrement serré, la Commission a examiné et adopté successivement les budgets des différents ministères. Samedi 21 décembre 2024 : Adoption des budgets des ministères de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, de l’Économie, du Plan et de la Coopération, ainsi que du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions. Dimanche 22 décembre 2024 : Validation des budgets des ministères des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, des Forces armées, de la Santé et de l’Action sociale, des Finances et du Budget. Ce même jour, les Dépenses communes et le Projet de Loi de Finances 2025 ont également été adoptés.
Le Président de l’Assemblée nationale, Monsieur Malick Ndiaye, a tenu à féliciter les députés pour leur engagement et leur sens élevé de la République. Il a salué leur capacité à travailler sous pression tout en produisant des résultats de qualité. « Je remercie chaleureusement l’ensemble des députés pour leur dévouement et leur engagement exemplaires, malgré les délais serrés. Leur sens élevé de la responsabilité et de la République ont permis l’adoption de ce budget crucial pour notre pays. »
Monsieur Ndiaye a également adressé des remerciements au personnel administratif de l’Assemblée pour leur soutien indéfectible et leur professionnalisme tout au long des travaux.
Dans son allocution, le Président de l’Assemblée nationale a également félicité les ministres et leurs équipes pour leur disponibilité et leur collaboration avec les députés, permettant ainsi une compréhension approfondie des priorités budgétaires.
L’AES REJETTE LES DECISIONS DE LA CEDEAO
Les tensions entre la Cédéao et l’Alliance des États du Sahel (AES) se sont intensifiées après la décision de la Cédéao de prolonger de six mois le retrait des trois pays membres de l’AES, une mesure vivement critiquée par cette dernière ...
Les tensions entre la Cédéao et l’Alliance des États du Sahel (AES) se sont intensifiées après la décision de la Cédéao de prolonger de six mois le retrait des trois pays membres de l’AES, une mesure vivement critiquée par cette dernière comme visant à freiner sa souveraineté.
La tension reste vive entre l’Alliance des États du Sahel (AES) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Les chefs d’État de l’AES ont fustigé, dimanche, la décision de la Cédéao de proroger de six mois le retrait des trois pays de l’organisation. Qualifiée d’« unilatérale », cette mesure est perçue par les dirigeants de l’AES comme une tentative de freiner leur démarche souverainiste tout en permettant la poursuite de plans déstabilisateurs à leur encontre.
Lors de leur 66e session ordinaire à Abuja, les chefs d’État de la Cédéao ont pris acte de ce retrait et accordé un délai supplémentaire de six mois pour tenter de revenir sur cette décision. Les présidents du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, et du Togo, Faure Gnassingbé, ont été chargés de mener des discussions pour une réintégration éventuelle des trois pays au sein de l’organisation régionale.
Les dirigeants de l’AES ont également affirmé avoir pris de nouvelles mesures pour faire face aux menaces sécuritaires croissantes dans leur espace.
Dans une déclaration signée par le Général Assimi Goïta, président en exercice de l’AES, les chefs d’État dénoncent des actions de déstabilisation attribuées à des puissances étrangères, notamment la France, et soutenues par certains acteurs de la sous-région.
En réponse à ces menaces, l’AES a annoncé plusieurs mesures : les forces de défense et de sécurité des trois pays membres seront placées en état d’alerte maximale, l’espace confédéral de l’AES sera désigné comme un « théâtre unique d’opérations militaires » pour renforcer la coordination des actions de défense, et les populations des trois États sont invitées à signaler tout comportement suspect et à rejeter toute tentative d’enrôlement dans les groupes terroristes.
Les dirigeants de l’AES ont aussi exprimé des inquiétudes concernant la réorganisation de groupes terroristes opérant dans le Bassin du Lac Tchad et dans des zones frontalières sensibles, notamment les corridors Niger-Nigeria, Niger-Bénin et Niger-Burkina Faso. Ils affirment que ces groupes bénéficient du soutien financier et logistique de puissances étrangères.
Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre le Niger et le Nigéria. Le 18 décembre, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, a convoqué la chargée d’affaires nigériane à Niamey pour dénoncer des actes de déstabilisation présumés, dont des attaques contre le pipeline Niger-Bénin et la création de camps militaires près de la frontière. Ces accusations ont été rejetées par les autorités nigérianes.
Dans ce climat de tensions régionales, le Collège des Chefs d’État de l’AES a réaffirmé son engagement à défendre la souveraineté et la dignité des peuples de la Confédération, appelant à une mobilisation générale pour préserver l’intégrité territoriale de leurs États et dénonçant les pratiques néocoloniales déguisées sous des initiatives militaires.
IL NE FAUT PAS CONSIDÉRER LA HAUTE COUR DE JUSTICE COMME UN TRIBUNAL POLITIQUE
Invité de l’émission En Vérité sur Radio Sénégal, Abdoul Maliky Bousso, chargé de programme au Forum Civil, a mis en lumière des sujets d’actualité brûlants, notamment la révocation de Barthélémy Dias, les réformes judiciaires, et la gestion des ressource
Invité de l’émission En Vérité sur Radio Sénégal, Abdoul Maliky Bousso, chargé de programme au Forum Civil, a mis en lumière des sujets d’actualité brûlants, notamment la révocation de Barthélémy Dias, les réformes judiciaires, et la gestion des ressources minières. Parmi ses interventions, il a insisté sur l’importance de ne pas considérer la Haute Cour de Justice comme un tribunal politique.
Selon M. Bousso, la Haute Cour de Justice, bien qu’établie par l’Assemblée nationale, n’a pas vocation à être un outil partisan. « Elle doit juger les hommes politiques pour des actes commis dans le cadre de la loi, et non pour des raisons politiques. La reddition des comptes est une obligation légale qui doit être menée dans l’intérêt général des populations, » a-t-il affirmé. Comparant la Haute Cour de Justice sénégalaise à des institutions similaires aux États-Unis et en France, il a souligné qu’elle s’inscrit dans une logique juridique et non idéologique.
Interrogé sur la composition actuelle de l’Assemblée nationale et les potentielles polémiques, Abdoul Maliky Bousso a défendu le rôle des députés, affirmant qu’ils travaillent avec des experts en droit pour assurer la conformité des procédures. Il a toutefois appelé la société civile à accompagner ces parlementaires afin qu’ils mènent à bien leurs missions.
Concernant les réformes, il a estimé qu’il serait pertinent d’envisager des mécanismes permettant aux tribunaux ordinaires de juger les ministres pour certains actes. Cependant, il a rappelé qu’assumer des responsabilités étatiques implique d’être jugé dans un cadre adapté, distinct de celui des citoyens ordinaires.
Sur la révocation de Barthélémy Dias M. Bousso a analysé cette affaire sous deux angles. D’un point de vue politique, il s’est interrogé sur l’inaction des autorités précédentes et leur décision de laisser l’affaire traîner jusqu’à aujourd’hui. Sur le plan judiciaire, il a regretté que le jugement rendu depuis 2014 n’ait pas été exécuté plus tôt, soulignant que le mélange entre les agendas politiques et judiciaires est à l’origine de ce retard. Il a également appelé à des réformes, notamment l’instauration d’un juge de l’application des peines pour éviter de telles situations.
M. Bousso a salué la démarche du président de la République concernant la publication des rapports de contrôle, tout en déplorant que ceux de l’Inspection Générale d’État (IGE) ne soient toujours pas rendus publics. Il a insisté sur l’importance de cette publication pour respecter la loi et garantir la transparence dans la gestion des affaires publiques. « C’est une question de principe », a-t-il martelé, rappelant que l’information des citoyens est un droit fondamental.
Abordant la part de l’État dans les entreprises minières, Abdoul Maliky Bousso a estimé que les 10 à 15 % actuels ne suffisent pas à produire les effets escomptés. Il a plaidé pour une augmentation de cette part, conformément aux possibilités légales, et pour que 50 % des commandes des entreprises minières bénéficient aux sociétés sénégalaises d’ici 2030. Mettant en lumière la pauvreté des populations vivant sur des terres riches en ressources, il a appelé l’État à mieux encadrer l’exploitation minière afin que les retombées profitent directement à ces communautés.