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26 avril 2025
Economie
Par Seydi DIALLO
L’ESSENCE SPIRITUELLE DE LA RETRAITE EN ISLAM
A l’approche du Daaka de Médina Gounass, qui se tiendra du 26 avril au 5 mai 2025, il convient de méditer sur l’essence spirituelle de cette pratique ancestrale qu’est la retraite spirituelle en islam, connue sous le nom de «Khalwa».
A l’approche du Daaka de Médina Gounass, qui se tiendra du 26 avril au 5 mai 2025, il convient de méditer sur l’essence spirituelle de cette pratique ancestrale qu’est la retraite spirituelle en islam, connue sous le nom de «Khalwa». Cette tradition, profondément ancrée dans l’héritage islamique, trouve dans le Daaka une expression particulièrement puissante et authentique.
La pratique de la retraite spirituelle remonte aux premiers temps de l’islam. Le Prophète Muhammad (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) lui-même avait coutume de se retirer dans la grotte de Hira, sur le mont Nour, près de La Mecque, pour méditer et se recueillir. C’est d’ailleurs dans cette solitude contemplative qu’il reçut la première révélation coranique. Cette tradition prophétique constitue le fondement spirituel de toutes les formes de retraite qui se sont développées ultérieurement dans le monde musulman.
La Khalwa, terme arabe désignant l’isolement volontaire dans un but spirituel, s’est progressivement institutionnalisée dans diverses traditions soufies dont la Tidjaniya à laquelle appartient la communauté de Médina Gounass. Thierno Mouhamadou Seydou Bâ, fondateur du Daaka en 1942, s’inscrivait pleinement dans cette lignée spirituelle lorsqu’il institua cette retraite annuelle de dix jours dans la brousse, à 10 km de Médina Gounass.
L’une des dimensions essentielles de la Khalwa réside dans la rupture temporaire, mais radicale, avec le rythme et les préoccupations de la vie ordinaire. Dans un monde où l’agitation permanente et la dispersion de l’attention sont devenues la norme, cette interruption volontaire représente déjà en soi un acte spirituel significatif.
Le Daaka de Médina Gounass matérialise cette rupture de manière particulièrement tangible. Pendant dix jours, les participants quittent leurs foyers, leurs familles, leurs occupations professionnelles et leurs habitudes de confort pour s’immerger dans un environnement entièrement dédié à l’adoration et à la contemplation. Cette séparation physique facilite un détachement intérieur plus profond, créant l’espace nécessaire pour une rencontre authentique avec le Divin et avec soimême.
Comme l’enseignait Thierno Amadou Tidiane Bâ, l’actuel Khalife de Médina Gounass : «Quitter temporairement le monde n’est pas le fuir, mais prendre le recul nécessaire pour mieux le comprendre et y revenir avec un regard transformé.» Cette sagesse souligne que la rupture opérée par le Daaka n’est pas une fin en soi, mais un moyen au service d’une transformation spirituelle plus profonde.
Si la Khalwa implique un retrait physique, son objectif véritable est d’ordre intérieur : la purification de l’âme (tazkiyat al-nafs). Cette purification constitue une étape indispensable sur le chemin de la proximité divine, car comme le rappelle le Coran : «Réussit, certes, celui qui la purifie [son âme]. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt.» (Sourate 91, versets 9-10).
Le Daaka offre un cadre particulièrement propice à ce travail de purification intérieure. L’éloignement des sources habituelles de distraction, la simplicité du mode de vie, la discipline rigoureuse des journées et l’intensité des pratiques spirituelles créent les conditions optimales pour une confrontation salutaire avec soi-même. Les voiles que l’ego (nafs) tisse subtilement dans la vie ordinaire deviennent plus apparents, permettant un travail conscient de transformation.
Cette dimension purificatrice du Daaka s’inscrit parfaitement dans la tradition de la Tidjaniya, qui accorde une importance centrale à la purification du cœur comme préalable à l’illumination spirituelle. Comme l’enseignait Sidi Ahmed Tidiane : «Le cœur est comme un miroir ; pour qu’il reflète la lumière divine, il doit être nettoyé de toute rouille et de toute poussière.»
La retraite spirituelle se caractérise également par une intensification quantitative et qualitative des pratiques religieuses. Ce qui, dans la vie ordinaire, peut parfois se réduire à l’accomplissement minimal des obligations, s’épanouit pendant le Daaka en une dévotion totale qui imprègne chaque instant de la journée.
Les cinq prières quotidiennes, piliers de la pratique musulmane, sont non seulement accomplies avec une ponctualité rigoureuse, mais également enrichies de prières surérogatoires (nawafil) qui en prolongent la bénédiction. La récitation du Coran, pratiquée individuellement et collectivement, occupe une place centrale dans le programme quotidien. Quant au Zikr (évocation de Dieu), il atteint, pendant le Daaka une intensité particulière, avec notamment la récitation quotidienne des 12 000 «Salatoul Fatiha» et des 41 «Sayfiyou», pratiques spécifiques à la tradition de Médina Gounass.
Cette intensification ne vise pas seulement la quantité, mais surtout la qualité de la connexion spirituelle. Au Daaka, on ne prie pas seulement pour prier plus, mais pour prier mieux, avec une présence et une conscience que le rythme ordinaire de la vie ne permet pas toujours d’atteindre.
Dans la tradition soufie, la Khalwa est intimement liée à la pratique du silence (samt). Ce silence extérieur n’est pas une fin en soi, mais une condition favorable à l’émergence d’une écoute intérieure plus profonde, écoute de soi, écoute des autres et, ultimement, écoute de la présence divine qui se manifeste dans le cœur apaisé.
Le Daaka, bien qu’il ne soit pas une retraite silencieuse au sens strict, ménage néanmoins des espaces de silence qui contrastent avec le vacarme habituel de la vie moderne. Les moments de recueillement personnel, les heures précédant l’aube, ou encore les instants de contemplation dans la nature environnante offrent autant d’occasions de cultiver cette qualité d’écoute intérieure.
Cette dimension contemplative du Daaka reflète l’équilibre que la tradition de Médina Gounass, sous l’impulsion de son fondateur Thierno Mouhamadou Seydou Bâ, a toujours cherché à maintenir entre l’aspect actif de la dévotion (les pratiques rituelles) et son aspect réceptif (l’ouverture intérieure à la présence divine). Dans l’esprit de la tradition soufie, la langue qui invoque sans un cœur qui écoute est comme une cloche qui résonne dans une maison vide.
Si la Khalwa traditionnelle est souvent pratiquée dans la solitude, le Daaka de Médina Gounass présente la particularité d’être une retraite collective, rassemblant des milliers de fidèles dans une expérience spirituelle partagée. Cette dimension communautaire ne diminue en rien la profondeur de l’expérience intérieure ; elle lui confère, au contraire, une résonance et une ampleur particulières.
La présence de milliers d’autres chercheurs spirituels, tous engagés dans la même quête avec sincérité et détermination, crée un champ énergétique puissant qui soutient l’effort individuel. Les difficultés inhérentes à la vie en brousse, chaleur, installations rudimentaires, promiscuité, loin d’être des obstacles, deviennent des occasions de pratiquer la patience, l’entraide et l’humilité, vertus essentielles sur le chemin spirituel.
Cette dimension collective du Daaka s’inscrit parfaitement dans la vision islamique de la Ummah comme lieu privilégié de réalisation spirituelle. Comme le rappelle un hadith : «La Main de Dieu est avec le groupe.» Le Daaka offre ainsi l’expérience rare et précieuse d’une communauté entièrement orientée, pendant dix jours, vers un idéal spirituel partagé.
La retraite spirituelle en islam n’est jamais conçue comme une simple expérience subjective ; elle s’inscrit toujours dans le cadre d’une transmission de connaissances et de sagesse. Le Daaka ne fait pas exception à cette règle, intégrant dans son programme quotidien des moments dédiés à l’enseignement religieux.
Ces enseignements, transmis à travers les enregistrements audio laissés par Thierno Mouhamadou Seydou Bâ, éminent érudit reconnu pour sa science et sa piété, abordent divers domaines des sciences islamiques : l’exégèse coranique (tafsir), les traditions prophétiques (hadith), la jurisprudence (fiqh), mais aussi, et surtout, les dimensions intérieures de la spiritualité soufie. Commentés par le Khalif Thierno Amadou Tidiane Bâ, ces enseignements ne visent pas seulement une acquisition intellectuelle, mais une compréhension vivante et transformatrice, au service de la pratique spirituelle.
Cette dimension éducative du Daaka reflète l’importance que Thierno Mouhamadou Seydou Bâ accordait au savoir authentique comme fondement de la vie spirituelle. Formé auprès d’éminents maîtres reconnus comme Cheikh Moussa Camara, Thierno Hamme Baba Talla, Thierno Seydi Aly Thiam, etc., sa vision d’une spiritualité enracinée dans la connaissance continue d’inspirer la communauté de Médina Gounass et se manifeste pleinement dans l’organisation du Daaka.
Si la retraite implique par définition un retrait temporaire du monde, son objectif ultime n’est pas la fuite, mais une réintégration transformée dans la vie ordinaire. Le véritable succès du Daaka ne se mesure pas tant à l’intensité des expériences vécues pendant les dix jours qu’à leurs fruits durables dans l’existence quotidienne des participants après leur retour.
Cette continuité entre l’expérience de la retraite et la vie ordinaire est au cœur de la vision spirituelle de Médina Gounass. Comme l’enseigne Thierno Amadou Tidiane Bâ : «Le Daaka n’est pas une parenthèse dans la vie du croyant, mais une source qui doit irriguer toute son existence.»
Cette conception rejoint la sagesse soufie traditionnelle qui considère la retraite non comme une fin en soi, mais comme un moyen de revivifier la présence spirituelle au cœur même du monde.
Les participants témoignent souvent des transformations durables opérées dans leur vie suite au Daaka : une pratique religieuse plus régulière et plus consciente, des relations familiales et sociales plus harmonieuses, un rapport plus détaché aux biens matériels et, surtout, une présence intérieure plus stable au milieu des fluctuations de l’existence. Ces fruits concrets attestent de l’efficacité spirituelle de cette forme particulière de Khalwa développée par la communauté de Médina Gounass.
A l’approche du Daaka, cette réflexion sur l’essence spirituelle de la retraite islamique nous invite à considérer cette manifestation non comme un simple événement religieux parmi d’autres, mais comme une opportunité spirituelle exceptionnelle.
Dans un monde caractérisé par la dispersion, la superficialité et l’accélération constante, le Daaka offre un espace sanctuarisé où le temps retrouve sa profondeur, où l’attention peut se recentrer sur l’essentiel, et où l’âme peut respirer pleinement. Cette expérience, héritée de la tradition prophétique et enrichie par des générations de maîtres spirituels, constitue un trésor inestimable de la spiritualité islamique.
Que vous soyez un habitué de cet événement béni ou que vous envisagiez d’y participer pour la première fois, sachez que l’expérience de la Khalwa vécue dans ce cadre sanctifié par des décennies de dévotion collective possède une efficacité spirituelle unique. Car comme le rappelle un hadith qudsi : «Celui qui se rapproche de Moi d’un empan, Je Me rapproche de lui d’une coudée. Celui qui se rapproche de Moi d’une coudée, Je Me rapproche de lui de la longueur des deux bras. Et celui qui vient à Moi en marchant, J’irai à lui en courant.»
Le Daaka de Médina Gounass nous offre l’opportunité précieuse de faire ce premier pas vers Dieu, avec la promesse d’une réponse divine infiniment plus généreuse que notre modeste effort initial.
Au Daaka, c’est Allah que l’on regarde, Allah que l’on écoute, Allah que l’on cherche, Allah que l’on invoque, pour Allah que l’on pleure, Allah que l’on aime.
Pourquoi les salaires des fonctionnaires ne passeraient-ils pas par La Poste ? Et la Der/fj, qui se vante d’avoir pu bancariser plus de 100 mille personnes, pourquoi ne ferait-elle pas passer ses crédits à travers des comptes ouverts à La Poste ?
Pourquoi les salaires des fonctionnaires ne passeraient-ils pas par La Poste ? Et la Délégation à l’entreprenariat rapide des jeunes et des femmes (Der/fj), qui se vante d’avoir pu bancariser plus de 100 mille personnes, pourquoi ne ferait-elle pas passer ses crédits à travers des comptes ouverts à La Poste ?
Cette institution qui, depuis au moins deux décennies, est présentée comme à l’article de la mort, pourrait être facilement remise sur pied si la volonté politique ne faisait pas défaut.
Il est vrai qu’en cette période de «relance économique par le licenciement de plusieurs ressources humaines», tel qu’il est pratiqué par les pouvoirs publics, les autorités sénégalaises ne seraient pas choquées de voir La Poste fermer définitivement ses portes. Ce serait, semble-t-il, juste un clou de plus que l’on ajouterait au cercueil des échecs du Pse si cher à Macky. Dès lors, tant pis si la faillite de La Poste devait emporter avec elle près de 5000 responsables de familles qui vont se retrouver au chômage. Par ailleurs, les partenaires financiers, en tête le Fonds monétaire international (Fmi), seraient ainsi finalement convaincus de la volonté du duo au pouvoir, Sonko et Diomaye, de conclure vraiment un nouvel accord de coopération avec eux. En cette période où se murmure l’idée d’une relance des Programmes d’ajustement structurel (Pas), l’Etat pourrait de cette manière faire des économies substantielles dans la réduction de son déficit.
La gestion de La Poste se caractérise aujourd’hui par un déficit de plus de 150 milliards de francs Cfa, du fait des créances dues à l’Etat et d’une activité à la rentabilité plus que douteuse. Surtout, l’Etat, depuis plus d’une vingtaine d’années, a régulièrement placé à la tête de la structure, des politiciens plus soucieux de caser leur clientèle politique que de songer à redresser la boîte. La conséquence en est une masse salariale qui contribue à mettre encore plus en péril les finances de la boîte qui, du fait d’un modèle de gestion peu ouvert aux nouvelles technologies, se laisse régulièrement tailler des croupières par la concurrence.
Le secteur du courrier postal, du fait d’un manque de vision et d’une inadaptation aux échanges modernes, a été mis à l’article de la mort par les modes de correspondance électroniques. Or, ceux qui prêchaient sa mort prochaine ne lésinent pas à s’émerveiller de la qualité des services postaux en France et aux Etats-Unis, par exemple. En France, il est encore possible d’envoyer un courrier papier par La Poste et être sûr que son correspondant le recevra dans les 48 heures qui suivent. Dans le pays de Trump, les services postaux sont un élément fondamental dans l’organisation des élections, et souvent au centre des enjeux électoraux, ce qui fait qu’ils sont surveillés de près par tous les politiciens. Le maillage de La Poste, avec près de 5000 agences fonctionnelles à travers le pays, a, des années durant, offert une qualité de service aussi appréciée. Si les échanges électroniques comme les emails, ou WhatsApp, Instagram et autres, ont pu réduire l’offre de services, ils ne l’ont pas tuée pour autant, et il n’y a pas de raison d’achever une activité moribonde dont l’importance ne peut se démentir. Ainsi, pourquoi a-til fallu arrêter les livraisons du courrier à domicile dans certains quartiers ? Les préposés au courrier, de La Poste, étaient parmi les personnes les mieux informées de la configuration de certains quartiers, étant en mesure de livrer du courrier jusque dans les endroits les plus invraisemblables. Pour des questions d’économie, ces services ont été arrêtés. La Poste a voulu compenser en encourageant les usagers à louer des boîtes postales, mais elle n’a pas été en mesure de fournir la quantité de boîtes nécessaires, et surtout à des prix incitatifs. Un ménage qui reçoit du courrier de manière épisodique ne ressent pas le besoin de payer en moyenne 25 000 Cfa par an pour acquérir une boîte postale. L’une des meilleures manières de faire marcher le courrier postal aurait été, pour tous les services publics, d’utiliser La Poste dans ses correspondances et d’encourager les citoyens à en faire de même, sans que cela ne leur coûte plus d’argent. Ainsi, il n’a pas été politiquement rentable d’arrêter la vente des timbres fiscaux par La Poste. Ce service, fortement sollicité, est l’un de ceux qui pourraient aider au renflouement de La Poste. Et il n’est pas le seul.
PosteFinances, l’un des secteurs les plus dynamiques, créé à la suite de la séparation du service des Postes d’avec la téléphonie, qui venait d’être vendue aux Français de France Télécom, qui en ont fait la Sonatel, avait bien innové et s’est adapté en mettant en place les comptes épargnes, les services des chèques postaux ou le transfert télégraphique. Mais tous ces services ont périclité en même temps que le courrier postal, parfois même plus vite, malgré leur caractère rentable.
On peut accuser la concurrence du transfert d’argent par mobile money, ainsi que d’autres causes. Il n’en reste pas moins qu’il est incompréhensible que le compte épargne postal, qui était rémunéré à 4% l’an, l’un des taux les plus élevés de la place financière, ait perdu son attractivité. S’il est vrai que La Poste n’en a pas fait autre chose qu’une tirelire dormante dont le titulaire ne pouvait se servir pour lever un crédit auprès de La Poste, ses gestionnaires ne se privaient pas eux de puiser dans les comptes clients pour régler leurs problèmes personnels. Or, ce compte épargne de La Poste était surtout le refuge de petits épargnants, pour lesquels un sou compte énormément. Désemparées, la plupart de ces personnes ont vu leur épargne fondre comme neige au soleil, et n’ont trouvé de consolation nulle part, sinon dans les formes traditionnelles de tontine, pour une bonne part d’entre elles. Si certaines souhaitent que La Poste soit remise à flot, c’est plus dans l’espoir de recouvrer leurs créances gelées que pour autre chose.
Pourtant, même pour l’économie du pays, cette remise à flot n’est pas une illusion. Pour répondre à la question qui a ouvert cet article, l’intérêt d’imposer la domiciliation du salaire de tous les fonctionnaires du pays par La Poste permettrait de gonfler le capital de la structure, sans que l’Etat n’ait à y mettre un seul sou et même éponger les créances dues aux pouvoirs publics. Bien sûr, avec l’appui de la Banque centrale, l’Etat pourrait se porter garant du respect des règles prudentielles et veiller à ne pas voir une mauvaise utilisation des finances des clients. De plus, on ne pourrait invoquer la concurrence déloyale, chaque fonctionnaire ayant la possibilité de conserver son compte bancaire personnel dans la banque de son choix.
Mais imaginer juste ce que ce système représenterait comme économie de temps et de ressources, pour tous ces enseignants affectés loin de chez eux et qui se déplacent souvent de leur lieu de service pour percevoir leur salaire. Le bureau de poste de leur localité, ou même le plus proche, leur épargnerait le tracas.
Les bénéficiaires des Bourses de sécurité familiale également, au lieu de passer par des services d’opérateurs privés de téléphones ou des Fintechs, retrouveraient, comme à leurs débuts, les guichets de La Poste pour percevoir leur pécule, s’épargnant là aussi bien des tracas. Et évitant à l’Etat des débats sur d’éventuels détournements de ces fonds. De plusieurs angles que l’on essaie d’appréhender la question, la remise sur pied de La Poste n’est qu’une question de volonté, qui ne pourrait qu’être bénéfique au pays et aux pouvoirs publics. De plus, avec plus de 100 mille clients bancarisés et ayant ouvert des comptes dans ses caisses, La Poste deviendrait un partenaire financier important pour l’Etat, dans sa recherche de ressources pour le développement du pays. En plus de la Bnde ou de la Lba, La Poste ainsi redynamisée pourrait participer à la campagne agricole, ou même à des levées de fonds, du type bons du Trésor, au plus grand soulagement des services du Trésor.
Bien sûr, il y a des préalables à lever, concernant surtout et essentiellement la gestion d’un personnel pléthorique, et qui devrait être ramené à des proportions supportables. Plusieurs moyens existent pour résoudre cette question. On peut être convaincus que pour un pouvoir qui ne se gêne pas de licencier à tour de bras des travailleurs ou pousser des entreprises florissantes à la limite du dépôt de bilan, cela ne devrait pas être difficile à régler.
L’ÉTAT REMET SUR LES RAILS LE PROJET DAKAR-TAMBA A 1 200 MILLIARDS FCFA
Le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres, Yankhoba Diémé, s’est exprimé sur l’avenir du projet de liaison ferroviaire entre Dakar et Tambacounda, dans un entretien accordé à Walf Quotidien ce dimanche 20 avril.
Le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres, Yankhoba Diémé, s’est exprimé sur l’avenir du projet de liaison ferroviaire entre Dakar et Tambacounda, dans un entretien accordé à Walf Quotidien ce dimanche 20 avril. Une relance stratégique qui s’inscrit dans une vision de développement régional à long terme, mais qui nécessitera patience et réalisme.
Le projet, initialement lancé en 2017 sous le régime précédent, prévoyait la construction d’une ligne ferroviaire à écartement standard sur plus de 460 kilomètres. Il devait comprendre 32 rames, des gares modernes de Dakar à Tambacounda, ainsi qu’un port sec à Tambacounda ou Kidira. Le coût global annoncé à l’époque s’élevait à 1 200 milliards de FCFA, dans le cadre d’un partenariat avec une entreprise turque.
Yankhoba Diémé n’a pas caché son étonnement quant au choix de l’ancien gouvernement d’avoir préféré le Train Express Régional (TER) de seulement 36 km pour un montant similaire. « Cela aurait pu être le plus grand projet du régime précédent. Je ne comprends pas comment ils ont pu le remplacer par le TER… alors qu’en termes de rentabilité économique, financière et sociale, ce n’est pas comparable », a-t-il déclaré.
Une mise en œuvre progressive
Relancé dans le cadre des « projets catalytiques » du nouveau gouvernement, le train Dakar-Tamba ne verra cependant pas le jour de sitôt. Le ministre a évoqué un délai de réalisation compris entre 5 et 10 ans, en raison de la complexité du chantier et des exigences financières et techniques.
Toutefois, le ministère prévoit une approche progressive : « Nous travaillons à obtenir des livrables intermédiaires. Par exemple, nous pourrions commencer par la réhabilitation des anciens rails métriques, avant de poser les nouveaux rails à écartement standard. »
Cette infrastructure, attendue de longue date par les populations de l’intérieur du pays, pourrait constituer un véritable levier de développement pour les régions de l’Est, à condition que les engagements soient tenus et que les étapes soient clairement planifiées.
L’ASSEMBLEE NATIONALE ENCLENCHE LA MISE EN ACCUSATION DE DEUX EX-MINISTRES
L’Assemblée nationale s’apprête à ouvrir une procédure de mise en accusation visant deux anciens ministres, Mansour Faye et Moustapha Diop, pour leur implication présumée dans la gestion controversée des fonds alloués à la lutte contre la Covid-19
L’Assemblée nationale s’apprête à ouvrir une procédure de mise en accusation visant deux anciens ministres, Mansour Faye et Moustapha Diop, pour leur implication présumée dans la gestion controversée des fonds alloués à la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Selon L’Observateur, cette initiative s’inscrit dans le prolongement de l’enquête sur l’utilisation des 740 milliards de FCFA mobilisés durant la crise sanitaire. Les deux ex-ministres sont cités dans les rapports de la Cour des comptes, qui pointent des irrégularités majeures : décaissements non justifiés, marchés fictifs et paiements sans contrepartie effective.
Mansour Faye, ancien ministre du Développement communautaire, et Moustapha Diop, ex-ministre du Développement industriel, seront prochainement auditionnés par la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Avant cela, le Bureau de l’Assemblée nationale, suivi de la Conférence des présidents, devrait entériner la procédure dès cette semaine. La Commission des lois sera ensuite chargée de préparer les sessions plénières prévues pour le début de la semaine prochaine.
Cette première vague d’accusations pourrait s’étendre. Le Procureur général Mbacké Fall a confirmé que les dossiers de cinq anciens ministres ont déjà été transmis à l’Assemblée, mais qu’une mise en accusation ne peut avoir lieu qu’après adoption d’une résolution parlementaire.
Outre les ministères de Mansour Faye et Moustapha Diop, d’autres départements — notamment ceux de la Santé, des Mines, de la Femme ou encore du Développement communautaire — sont mentionnés dans huit rapports d’audit.
VERS UN NOUVEAU PROGRAMME DE COOPERATION ECONOMIQUE ENTRE LE FMI ET DAKAR
En marge des Réunions de Printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, une importante rencontre s’est tenue ce lundi 21 avril 2025 au siège du FMI à Washington
En marge des Réunions de Printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, une importante rencontre s’est tenue ce lundi 21 avril 2025 au siège du FMI à Washington.
La Directrice générale de l’institution, Kristalina Georgieva, a reçu une délégation sénégalaise de haut niveau, marquant une étape cruciale dans le cadre des discussions pour l’élaboration d’un nouveau programme de partenariat économique entre le Sénégal et le FMI.
La délégation sénégalaise était composée de Cheikh Diba, Ministre des Finances et du Budget ; Abdourahmane Sarr, Ministre de l’Économie ; Ahmadou Al Aminou Lo, Ministre Directeur général du Gouvernement ; Alle Nar Diop, Ministre conseiller économique ; et François Sène, Directeur national de la BCEAO pour le Sénégal.
L’objectif de cette rencontre : poser les bases d’un cadre de coopération renouvelé pour accompagner les ambitions économiques du pays dans un contexte marqué par des défis mondiaux persistants, mais aussi des opportunités de croissance.
Abdourahmane Sarr a affirmé à l’issue de la réunion que « le Sénégal compte maintenir un cadre macroéconomique adéquat, une dette soutenable, et continuer sur la voie de la transparence qu’il a choisie ».
Cette volonté s’inscrit dans une démarche de crédibilité et de rigueur budgétaire, éléments essentiels pour rassurer les partenaires financiers internationaux. Le FMI, de son côté, a salué les réformes entreprises et l’engagement du pays à poursuivre ses efforts en matière de bonne gouvernance et de viabilité des finances publiques.
La suite des discussions devrait permettre d’aboutir à un nouvel accord qui soutiendra les priorités stratégiques du Sénégal, notamment en matière d’investissements publics, de soutien au secteur privé et de lutte contre les vulnérabilités économiques et sociales.
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LES DOUTES D'EL HADJI AMADOU SALL
Invité de l’émission Objection d’avant-hier, dimanche 20 avril, sur Sud Fm, l’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux sous Me Wade a déclaré sans ambages : « Le rapport de la Cour des comptes manque de pertinence pour deux raisons »
El Hadji Amadou Sall, ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux sous le régime du Président Abdoulaye Wade, est formel sur l’audit des finances publiques (2019-2024). Pour lui, les chiffres contenus dans le rapport de la Cour des comptes émanent de la Primature. Il l’a dit à l’émission Objection de Sud Fm du dimanche 20 avril 2025.
L’avocat proche de l’ancien régime se conforme en effet à la posture des dignitaires de Benno Bokk Yakaar qui ont émis des doutes sur la crédibilité des chiffres avancés par la Cour des comptes. Ces chiffres, selon Me Sall, «viennent de la Primature». Invité de l’émission Objection d’avant-hier, dimanche 20 avril, sur Sud Fm, l’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux sous Me Wade a déclaré sans ambages : « Le rapport de la Cour des comptes manque de pertinence pour deux raisons ».
La première raison, à l’en croire, « c’est le président de la Cour des comptes lui-même qui le dit. Il dit que ce ne sont pas les chiffres de la Cour. M. Mamadou Faye dit également que la Cour n’a pas fait un audit financier de l’ancien régime, ils se sont contentés de recevoir les chiffres du gouvernement et de vérifier leur cohérence».
Pour la robe noire qui s’est constituée pour la défense de plusieurs des anciennes autorités mises en cause, dans ce rapport, « ce sont les chiffres d’une partie du ministère des Finances et de la Primature ».
Et de poursuivre : « Ces chiffres ne sont pas non plus les chiffres de la Direction de la comptabilité publique et du Trésor dirigée à l’époque par Cheikh Tidiane Diop qui s’est lui-même étonné du rapport et de l’Inspection générale des finances (IGF) ». Me El Hadji Amadou Sall a fait remarquer par la suite que « cela veut dire que le gouvernement a fait faire un audit des finances publiques sans jamais avoir interrogé la Direction de la comptabilité publique ».
Et de conclure : « Où est-ce qu’ils sont partis chercher les chiffres ?... Ce sont les chiffres de la Primature. C’est grave mais c’est la vérité ! ».
par Cheikh Tidiane Gadio
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LE JAPON, MODÈLE DE RÉSILIENCE D'UN PAYS "REVENU DE LOIN POUR ALLER TRÈS LOIN"
EXCLUSIF SENEPLUS - On est frappé par la parfaite concordance des Japonais avec la consigne de Senghor (malheureusement vaine dans son pays) : « Le développement est d’abord une question d’organisation, de méthode et un sens de la rigueur"
En ma qualité de président de l'IPS (Institut Panafricain de Stratégies, Paix – Sécurité - Gouvernance) et d'ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, il m'a été donné le privilège d'une visite de travail et de séjour amical au Japon en janvier dernier.
C'était ma 3ème visite au « pays des Samouraïs », mais en vérité c'était ma première visite de contacts, de découvertes et d'échanges approfondis sur le parcours difficilement égalable de ce pays « revenu de loin pour aller très loin ». Le Japon est une puissance économique, industrielle et technologique bâtie sur les ruines et décombres du seul pays au monde qui a subi dans sa chair les affres d'un double bombardement nucléaire à Hiroshima (6 août 1945) et Nagasaki (9 août 1945).
Pendant mes deux précédentes visites, ce n'était pas moi qui m'étais rendu au Japon pour aller à la rencontre de son pays, de son peuple, de son histoire et de ses belles performances économiques et technologiques, mais c'était le ministre des Affaires étrangères du Sénégal qui y était allé participer à la visite officielle du président du Sénégal (12-15 mai 2003) et qui y était retourné pour la Ticad III (29 septembre – 1er octobre 2003). De tels voyages sont des activités "indoors" par excellence et obeïssent à la métaphore de "l'arbre qui cache la forêt". Ils ne permettent pas forcément un contact avec un peuple et avec sa culture.
De l’accueil à l’aéroport à l’arrivée, au retour à l’aéroport pour le départ, on est frappé par la parfaite concordance des Japonais avec la consigne du président Senghor (qui a malheureusement été vaine dans son pays) : « Le développement est d’abord une question d’organisation, de méthode et un sens de la rigueur." Les Japonais ne laissent aucune place à l'improvisation. Organisés et méthodiques, Ils sont d'une rigueur extrême.
C'est pour tout cela, que j'ai vite ressenti l'invitation à visiter le Japon comme une composante d'une politique diplomatique d'ouverture et d'exposition de leur pays à des visiteurs intéressés par l'expérience japonaise.
En outre, j'ai perçu assez vite la volonté de mes hôtes de m'exposer à la civilisation et à la culture plusieurs fois millénaires de leur pays qui expliquent en grande partie leur philosophie de la vie et leur spiritualité qui les poussent au travaillisme acharné comme autrefois le protestantisme qui, selon Alexis de Tocqueville, encourageait "une éthique du travail rigoureuse qui contribue à la prospérité économique"!
Diplomatie japonaise et diplomatie africaine : convergences réelles...
J'ai particulièrement apprécié mes deux visites au ministère des Affaires étrangères (MAE) qui ont été ponctuées par des rencontres avec des diplomates, experts pointus sur les questions africaines (Union africaine, Communautés économiques régionales, ZLECAF, Crises sécuritaires en Afrique...), mais aussi sur le mlmultilatéralisme, la réforme des Nations-Unies, la Coopération bilatérale et multilatérale et le développement socio-économique en Afrique sans oublier la reconfiguration en cours de la géopolitique mondiale, etc...
Dans l'exposé de la doctrine qui inspire les relations diplomatiques de leur pays avec l'Afrique, on note le confort que procure l'absence d'un passé colonial en Afrique et l'élimination du besoin (parfois inconscient) de justification ou de gestion d'un passé mémoriel douloureux comme cela arrive souvent avec les partenaires européens.
La demande très justifiée du Japon d'occuper sa place légitime au Conseil de Sécurité comme membre permanent avec tous les droits liés à ce statut, en compagnie de l'Inde, du Brésil, de l'Allemagne et de l'Afrique, a occupé une bonne partie de nos échanges sur la réforme des Nations Unies. J'étais à l'aise sur le thème de l'élargissement du Conseil de Sécurité puisque je fus et demeure un partisan fervent de l'accession du Japon au statut de membre permanent et au premier chef en compagnie de l'Afrique.
Le Japon, aligné sur les idéaux de l'ONU, pacifiste par excellence, un moment deuxième puissance mondiale et troisième contributeur au budget des Nations Unies après les deux géants que sont les Etats-Unis et la Chine, mérite sans conteste de sièger dans le Cercle (injustement fermé) des "P5".
En plus, avec son rendez-vous innovant et régulier avec l'Afrique qu'est la Ticad, le Japon jouit d'une réputation de "pays ami" grand contributeur au développement de l'Afrique. La "Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de l'Afrique" (Ticad) est un modèle de concertation inclusive et respectueuse qui valorise grandement l'esprit d'un partenariat sans arrière pensées entre l'Afrique et le Japon.
En guise d'exemple, en août 2022, lors de la Ticad 8, le japon s'était engagé pour une contribution de 30 milliards de dollars sur trois ans pour le développement des pays africains. Le Japon a aussi lancé une initiative d'envergure pour la sécurité alimentaire avec par exemple un engagement de 15 milliards de Yens accordés sous forme de prêt à la Côte d'Ivoire dans une enveloppe d'environ 45 milliards de Yens mise en place avec la BAD pour la coopération agricole avec l'Afrique!
Lors de ma deuxième rencontre organisée par le MAE, il m'a été donné de rencontrer des cadres du ministère et des chercheurs et spécialistes japonais du National Graduate Institute for Policy Studies, tous experts sur les questions liées à la crise sécuritaire mondiale, celle de l'Afrique en particulier comme le terrorisme dans le Sahel dévasté, le conflit fratricide au Soudan entre factions militaires et la crise violente dans l'Est de la RDC qui met en scène des acteurs nationaux et des pays voisins.
Je dois avouer ma surprise quand pendant et après mon exposé j'ai noté une grande émotion dans la voix et les yeux embués de larmes de certains collègues chercheurs. Ceci m'a éduqué sur l'humanisme et la capacité intacte d'indignation de mes colègues Japonais face aux injustices infligées aux populations africaines par des conflits aux causes endogénes et exogènes.
Études africaines au Japon et "musée de la souveraineté"
J'ai aussi été très impressionné par ma visite à l'Université des Études étrangères de Tokyo à Fuyu-Cité. Mon échange à bâtons rompus avec le Professeur Shinichi Takeuchi, président de l'Association Japonaise pour les Études Africaines, m'a beaucoup marqué. Ce jour-là, j'ai eu en face de moi un universitaire dont l'attachement à l'Afrique et au monde académique africain est dificilement égalable.
Professeur Shinichi Takeuchi est un érudit, un sage et un océan d'humilité qui a un sens aigu de l'ouverture et de l'universalisme. Par la qualité de ses exposés sur l'Afrique, il m'a donné l'envie de lui suggérer de discuter et de promouvoir avec ses collègues et amais universitaires africains la multiplication des Départements d'Études Japonaises en Afrique et la mise en place de Centres culturels de promotion de la culture et de l'enseignement de la langue japonaise. Il en a été très touché et reconnaissant car c'était aussi un de ses grands objectifs pour imprimer un nouvel élan aux relations universitaires et académiques Afrique-Japon.
Un autre moment fort de mon séjour a été la visite du "Musée national du territoire et de la souveraineté". Un modèle du genre, pédagogique, non vindicatif et très instructif sur un sujet délicat et très sensibl e: la démarcation des frontières historiques et modernes du Japon contemporain. Cette démarcation qui a varié au cours de l'histoire de la nation nippone, selon les rapports de force et les époques, est impressionnante et m'a beaucoup interpelé sur la géopolitique, la géostratégie et la charge émotionnelle des démarcations frontalières de mon pays et de mon continent. L'urgence d'un Musée pédagogique du territoire et de la souveraineté au Sénégal et en Afrique m'est apparu incontournable.
Comme le disaient deux amis diplomates émérites, l'Ambassadeur Aguibou Diarra (Mali) et l'Ambassadeur et géographe Michel Fouchet (France), la démarcation a une double mission : délimiter clairement la domiciliation juridique et politique des composantes de territoires adjacents et ensuite s'empresser de les "invisibiliser" pour laisser les peuples jouir en toute quiétude de leur espace ancestral non mutilé et ouvert à une libre circulation. J'ai vu le Japon - dans une approche résolument pacifiste - porter un tel message de vérité et de quête de justice historique sur les affiliations des bouts de territoires et des bouts d'îles autrefois rattachés à son empire et à son récit national et aujourd'hui convoités ou réclamés par des voisins.
Développement, coopération et Jica
Le Japon est sans conteste une référence en matière de planification du développement (dans tous ses domaines et exigences) dont l'Afrique gagnerait à étudier le modèle. Ma rencontre avec Monsieur Tetsushi Sonobe, Directeur de l'Asian Development Bank International, m'a ouvert davantage les yeux sur le fait que les partenaires japonais sont disposés à partager leur expérience dans tous les secteurs et surtout dans celui essentiel de la mobilisation des financements pour le développement. Jai été conforté lors de nos échanges sur la priorité absolue qu'il faut accorder à l'agriculture, l'éducation, la santé, l'énergie, la sécurité,les infrastructures, en plus du numérique et de l'environnement.
Avec mes amis de longue date de la Jica (Agence Japonaise de Coopération Internationale), j'ai eu une rencontre très amicale voire fraternelle mais aussi professionnelle. C'est ce jour que des Japonaises qui ont séjourné au Sénégal, m'ont parlé dans ma belle langue maternelle le Puular et dans ma deuxième langue nationale le Wolof. Que du délice que de les entendre partager, sans accent notable et avec un riche vocabulaire, leur expérience dans des familles sénégalaises au Fouta et à Dakar.
Dans cette athmosphère conviviale, je ne pouvais manquer l'occasion d'interpeler amicalement le directeur pour l'Afrique de la Jica, M. Naoki Ando, et son staff sur la nécessité d'orienter leur coopération vers une coopération de concentration. Aussi bien pour le Japon que pour ses partenaires africains, il serait plus rentable pour la conquantaine de pays du continent de ne pas voir le Japon diviser par exemple 200 à 300 bourses de formation en de petits paquets de 4 à 5 bourses destinées à chaque pays mais plutot par pays et par rotation d'offrir dans des secteurs d'études clés 20 à 30 bourses (d'ingénieurs par exemple) par pays ciblant un groupe d'une vingtaine de pays. Ainsi dans un cycle de 10 ans pour le Sénégal, le Japon formerait entre 200 et 300 Ingénieurs qui, de retour au pays, rejoindraient une élite d'ingénieurs batisseurs hautement formés sur place ou ailleurs.
L'idée a séduit mes interlocuteurs qui ont déjà à leur actif, dans le cadre de l'Initiative ABE (African Business Education Inititiative), la formation de prés de 2.000 jeunes Africains en dix ans, soit en moyenne 200 bourses par an.
Un autre programme phare de la Jica "École pour tous", lancé en 2004 au Niger, a connu un developpement fulgurant pour s'étendre à 53.000 écoles primaires et secondaires dans huit pays d'afrique. Au total, la Jica est en phase avec les théroriciens du dévelopement de l'Afrique en ciblant comme secteurs prioritaires de son intervention dans le continent: l'Education, la Santé, les Infrastructures, l'Agriculture et la Sécurité alimentaire, la Gouvernance et la Paix, le Développement économique, l'Environnement et le Changement climatique, etc.
Sécurité et révolution digitale
Après la Jica, et en ma qualité de leader d'un Think Tank sur la Paix et la Sécurité, mes hôtes m'ont amené discuter avec le Directeur du NIDS (National Institute for Defense Studies) et un de ses collaborateurs spécialiste de l'Afrique de l'Ouest. Après avoir comparé nos notes sur la situation sécuritaire de leur région, nous avons longuement parlé de la grave crise sécuritaire du Sahel et ce que nos amis japonais pourraient apporter comme contribution.
Il est vrai que le japon n'a pas la pratique de l'intervention directe sur le terrain avec des troupes (style "boots on the ground"), mais j'ai insisté que les questions miliaires et de défense en général ont évolué et épousé aujourd'hui les formidables potentiels de la révolution digitale avec les drones, les satellites de surveillance géo-spatiale, les géolocalisations milimétrées des cibles de jour comme de nuit et que par conséquent le grand déficit en Intelligence et renseignements des FDS africaines pourrait être fortement réduit par des partenaires aussi généreux et disponibles que sont les Japonais.
Kyoto après Tokyo
Il est impossible de se rendre au Japon sans visiter la belle ville métropolitaine de Kyoto dont le nom sonne comme une inversion de sa rivale Tokyo. Kyoto vous rappellent avec fierté vos hôtes nippons, est l'ancienne capitale du Japon pendant près de mille ans (794-1868) avant le transfert en 1868 de la capitale à Tokyo avec la restauration du Meiji, du nom de l'Empereur MEIJI et qui signifie "gouvernace lumineuse" ou "gouvernement éclairé".
A Kyoto où nous sommes arrivés par le TGV japonais (d'une remarquable modernité, tranquilité et propreté), nous avons surtout été l'hôte de deux grandes unversités : l'Université Ritsumeikan et l'Université de Kyoto.
À l'université de Ritsumeikan, des collègues, brillants universitaires africanistes ont engagé un débat de fond avec moi sur la situation globale du continent africain et ses ambitions dans la nouvelle géo-politique mondiale. Discussions passionnantes avec ces Professeurs et chercheurs japonais dont certains ont déjà visité l'Afrique pour des recherches de haut niveau.
À l'Université de Kyoto, j'a été réçu très chaleureusment par un universitaire de renom, Professeur Motoki Takahashi, un vibrant défenseur de l'Afrique qui d'ailleurs ce jour-là recevait la vice-présidente de l'Université de Nairobi venue consolider le partenariat très fort entre leurs deux institutions. Le Professeur Takahashi m'a tout de suite mis en première ligne, à côté de ma collégue univresitaire kenyane, dans un webinaire portant sur "Les échanges universitaires Afrique-Japon IAFP (Innovative Africa: Educational Networking Programs for Human Ressource Development in Africa SDGs)".
La satisfaction du Professeur Takahashi, après notre contribution, s'est manifestée dès mon retour à Dakar par sa proposition d'un webinaire entre son Université et notre "Institut Panafricain de Stratégies" sur le thème : « La coopération du Japon avec l'Afrique subsaharienne et ses implications pour la Ticad. »
Hiroshima, résilience et nouvelle espérance
L'étape finale de ma visite au Japon a été d'une haute intensité émotionnelle, car mes hôtes m'ont fait visiter et séjourner pendant huit longues heures dans la ville historique et emblématique d'Hiroshima, mondialement connue pour les funestes raisons que l'on sait. Je suis venu, j'ai vu, j'ai vécu, j'ai été bouleversé et je me suis emmuré dans un long silence de doutes et de questionnements sur la nature humaine et sur la capacité de barabarie inouïe de l'être dit "humain".
J'ai été impressionné et ému par le choix de ma guide d'aborder en ce moment l'impact des évènements tragiques d'Hiroshima sur la question de la spiritualité des Japonais et de leur rapport à la foi religieuse. La visite du Musée révèle l'ampleur de l'apocalypse causée par la fameuse bombe atomique, jetée dans un élan de punition collective sur des populations innocentes, avec en illustration les photos des victimes pétrifiées, réduites en cendres ou déshabilées de leur peau humaine en une fraction de seconde... L'horreur est telle que votre poussée de larmes est difficilement maîtrisée devant la simple vue du désastre humain!
Paradoxalement, on quitte Hiroshima, habité par une nouvelle espérance que le "PLUS JAMAIS ÇÀ" est forcé de prendre corps en tout visiteur surtout après avoir entendu partout le silence lourd et les gémissements des victimes de ce jour fatidique et après avoir imaginé le champignon atomique, pour paraphraser le grand poête David Diop, anéantissant "les rires à peine nés"! Mes valeurs africaines fondamentales me font croire avec Birago Diop, un autre grand poète, que "les morts ne sont pas morts. Ils sont dans le Feu qui s'éteint, Ils sont dans les Herbes qui pleurent, Ils sont dans le Rocher qui geint, Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure", c'est pour cela que j'ai senti leur forte présence dans la ville martyre d'Hiroshima.
L'humanité entière devrait visiter Hiroshima et sa tragique jumelle : Nagasaki. On entre dans l'histoire de ces deux villes comme on entre dans un vers du sublime Poète Mallarmé, comme disait l'autre "pour ne plus jamais en sortir"!
C'est peut-être aussi pourquoi ces deux villes ont inspiré et boosté la résilience du peuple des Samourais au point que l'Afrique, qui a subi le grand génocide de l'esclavage (une destruction humaine à nulle autre pareille si on considère les atrocités, les souffrances et le nombre total des victimes), devrait être inspirée par ce que le Japon à fait de l'horreur sans nom et sans limite en faisant obstinément cap sur l'avenir et en devenant très vite la deuxième puissance économique mondiale avant de se stabiliser comme la troisième après l'irruption du géant chinois...
Presque détruit par la Guerre, le Japon, avec un PIB en 1945 estimé entre 15 et 20 milliards de dollars, amorce dès les année 60 une croissance annuelle continue de 10%. Dès les années 80, l'Empire nippon est classé deuxième économie mondiale. Aujourd'hui le Japon est classé troisième puissance économique mondiale avec un PIB de 4.365 milliards de dollars, immédiatement aprés les deux géants de l'économie mondiale: les USA 26.185 milliards, la Chine 21.643 milliards (estimations FMI pour l'année 2024).
La résilience c'est non seulement la capacité à absorber un choc (même très brutal) mais c'est surtout la capacité à rebondir! Allez voir à Tokyo, à Kyoto et partout au Japon, ces jeunes aux regards pétillants de vie et de projets et vous comprendrez qu'ils ont décidé que leurs grands parents et leurs parents (générations post-Apocalypse) leur ont légué un avenir radieux et non un cimétière peuplé de lamentations incandescentes!
Je n'oublierai jamais ma récente visite au Japon. Je souhaite aux Japonais qui visiteront bientôt la nouvelle Afrique que nous voulons construire et que nous souhaitons unie, prospère et renaissante, arrivent eux aussi à la conclusion que notre continent a reconquis sa part du futur radieux des peuples résilients. Comme ceui du Japon!
Dr. Cheikh Tidiane Gadio est président de l'Institut Panafricain de Stratégies (Paix-Sécurité-Gouvernance), ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal.
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LA SOUVERAINETÉ SOUS CONTRAINTE
"Construire un récit de la patience" : voilà le défi que doit relever le nouveau pouvoir sénégalais selon Kako Nubukpo. L'économiste souligne les similitudes entre la situation du Sénégal et celle des régimes de l'AES face à l'étau de la dette
Dans une interview accordée à Jeune Afrique, l'économiste Kako Nubukpo s'est penché sur la situation particulière du Sénégal face aux enjeux de souveraineté économique et politique. Contrairement aux pays de l'Alliance des États du Sahel (AES), le Sénégal a connu une transition démocratique qui constitue "un actif politique" pour le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko.
Cependant, Nubukpo souligne que cet avantage politique est considérablement réduit par le poids de la dette sénégalaise. "Paradoxalement, alors qu'on n'est pas du tout parti du même point, on se retrouve dans la même situation d'urgence" que les États sahéliens, explique-t-il. Face aux fortes attentes de la jeunesse en matière d'emploi, d'éducation et de santé, le nouveau pouvoir sénégalais dispose de marges de manœuvre budgétaires et monétaires limitées.
L'expert recommande au gouvernement sénégalais de "construire un récit de la patience" tout en négociant activement avec les partenaires internationaux pour obtenir des réductions de dette et des financements nouveaux. Il insiste sur l'importance d'articuler politique budgétaire et monétaire afin d'éviter une austérité budgétaire contre-productive.
Une différence majeure distingue toutefois l'approche sénégalaise de celle des États de l'AES : si le Sénégal cherche à réviser certains contrats jugés "léonins", il ne remet pas en cause "son insertion dans l'ordre géopolitique international", contrairement aux pays sahéliens qui diversifient leurs partenariats vers la Russie, la Chine et d'autres puissances émergentes du "Sud global".
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QUAND DAKAR S'ÉLÈVE, QUI RESTE SUR LE TROTTOIR ?
Almadies, Fann Résidence, Ngor, Yoff : ces quartiers dakarois deviennent le terrain de jeu d'une clientèle fortunée, majoritairement étrangère, tandis que le Sénégalais moyen, avec ses 96.206 francs CFA mensuels, observe de loin cette métamorphose urbaine
La capitale sénégalaise connaît une transformation immobilière spectaculaire. Dans les quartiers prisés comme les Almadies, Fann Résidence, Ngor et Yoff, les immeubles de grand standing se multiplient à un rythme effréné, témoignant d'une dynamique immobilière en plein essor.
Cependant, cette tendance révèle un paradoxe économique préoccupant. Avec des loyers pouvant atteindre 1,5 million de francs CFA mensuels, ces logements représentent environ 15 fois le salaire moyen d'un Sénégalais, estimé à 96.206 francs CFA selon l'Agence nationale de la Statistique et de la démographie (ANSD).
"Ce sont les personnes riches et les étrangers, notamment les diplomates, qui peuvent se permettre ces logements", explique un observateur du marché immobilier dakarois. En effet, cette offre de luxe répond principalement aux besoins d'une clientèle composée d'expatriés, de diplomates et d'une minorité de Sénégalais très aisés.
La stabilité politique du Sénégal et l'attractivité de Dakar comme centre d'affaires régional contribuent à ce phénomène. Ces résidents privilégiés recherchent un confort comparable aux standards européens, tout en restant à proximité des écoles internationales, des universités et des centres commerciaux.
Cette urbanisation verticale de luxe soulève néanmoins une question fondamentale : à qui profite réellement cette transformation urbaine dans une ville où le besoin en logements abordables demeure criant ? Alors que la capitale sénégalaise se métamorphose, le fossé entre les différentes couches sociales ne cesse de s'élargir, illustrant les défis persistants de l'accès au logement dans l'une des métropoles les plus dynamiques d'Afrique de l'Ouest.
LE CRIME DE LÈSE-BUDGET N’EXISTE PAS !
EXCLUSIF SENEPLUS - Même si la Haute cour de justice est une juridiction d’exception, les juges ne manqueraient pas de convoquer le principe de l’opportunité de poursuivre Macky Sall pour haute trahison sur la seule base d’une dette sous-évaluée
Honorable député, l’honneur, la réputation et l’avenir de ce pays dépasse Macky et vous dépasse …nous dépassent tous. L’exécutif et le groupe parlementaire Pastef ne doivent pas vous suivre, vous leur faites prendre le risque d’un revers juridique et politique inutile.
Faisons semblant de croire qu’un tel projet n’a pas eu l’aval préalable de sa hiérarchie politique. Le député, M. Guy Marius Sagna, a convoqué ce 11 avril 2025 les dispositions de l’alinéa 1 de l’article 101 de la Constitution de 2001 et la loi 2002-10 modifiée portant loi organique sur la Haute cour de justice, afin de demander la mise en accusation du président Macky Sall, pour des faits susceptibles de relever de la haute trahison dans l’exercice de ses fonctions présidentielles. C’est une accusation très grave, car la haute trahison est un crime.
Ce nouveau « projet » de mise en accusation est malvenu et est voué à un cinglant échec pour des raisons juridiques et démocratiques, et pourrait avoir des incidences politiques mais aussi économiques et sociales très néfastes. L’image du pays et celle des nouvelles autorités pourraient également en être affectées à l’international.
Nous ne sommes pas en Roumanie en 1989 et le président Macky, aussi diabolisé soit-Il, n’est pas un totalitaire autoproclamé « Danube de la pensée » ou « génie des Carpates » et ne s’appelle pas Nicolaë Ceausescu.
Il ne s’appelle pas non plus Nelson Mandela, ni Walter Sisulu. Oui, rappelons-le ! Rappelons que Nelson Mandela, l’un des hommes politiques les plus respectés au monde, et son compagnon de lutte Sisulu, furent condamnés pour haute trahison par une mise en accusation de la part des « maîtres de Pretoria », alors au summum de l’injustice et de la pire politique de développement séparé que l’Afrique et le monde eurent connue. Mais rappelons également que Nelson Mandela finira réhabilité par sa libération après 27 années de prison, un Nobel de la paix et son accession à la présidence de la république sud africaine. Ce projet porte le risque d’un revers judiciaire majeur pour Pastef.
L’impertinence juridique du projetde liquidation du président Sall
Selon plusieurs spécialistes et parlementaires crédibles, la proposition de M. Guy Marius Sagna devait, aux termes de l’article 91, être présentée par une des commissions de l’Assemblée nationale au risque d’irrecevabilité. Elle pourrait donc être mort-né.
Mais Pastef étant ultra majoritaire à l'Assemblée nationale, pourrait, s’il porte « le projet » de l’hyperactif député, par le mécanisme de l’interprétation, ou un autre jeu de passe-passe dont lui seul a le secret, déclarer le projet de M. Sagna recevable.
On passerait alors à l’étape de l’instruction. Durant cette phase, le texte passerait inéluctablement par les filtres impartiaux des juges professionnels qui se feront le plaisir de le passer au scanner du corpus pénal, bien plus précis et plus rigoureux que le cocktail de généralités aussi ambiguës qu’imprécises qui héberge cette notion pourtant constitutionnelle, mais dépassée.
La « haute trahison » est une notion malaisante pour les juristes modernes. Elle fait partie de ces dispositions-fantômes qui hantent les textes codifiés des procédures judiciaires au 21e siècle. Elle ne fait plus recette depuis la fin des monarchies et des dictatures. Elle sera un casse-tête chinois pour nos magistrats qui seront face à un manque criant de précédents et d’un vide jurisprudentiel. Et même en allant à la recherche de bois mort dans les lointaines forêts du droit comparé, leur mémoire ne rapporteraient que quelques fagots qui ne leur permettraient pas de poursuivre ou de se forger une intime conviction.
La haute trahison n’est même pas reconnue pas la CPI, parce qu’elle est obsolète et « remplacée » par des infractions plus précises et plus facilement documentées comme le génocide, le crime contre l’humanité, le crime de guerre et les crimes d’agression.
En effet, la « haute trahison » est morte, victime de la démocratie et de l’État de droit. Même si la Haute cour de justice est une juridiction d’exception, les juges ne manqueraient pas de convoquer le principe de l’opportunité de poursuivre l’ex-président Macky Sall pour haute trahison sur la seule base d’une dette sous-évaluée.
De l’opportunité de la poursuite du président Macky Sall devant la Haute cour de justice
La procédure de la Haute cour de justice est dérogatoire du droit commun, du moins en certaines de ses dispositions mais le juge professionnel ne se privera pas de passer le « projet » de M. Sagna au tamis de ce grand principe.
La haute trahison est une notion vague. Le juge judiciaire aime « travailler » le Droit promu Science juridique de la façon la plus …scientifique possible. Le principe de l’opportunité de la poursuite lui impose de s’assurer de détenir les éléments probants et factuels des poursuites dont il est le seul maître.
Il s’agira en l’espèce de prouver le respect des procédures et la véracité des chiffres de l’audit du rapport de la Cour des comptes et y isoler les actes constitutifs d’un crime qualifiable de « haute trahison ». Ce sera sûrement la tâche la plus ardue de l’instruction judiciaires, si on en arrive à ce stade.
Il va falloir mobiliser une armée d’experts budgétaires et autres spécialistes de la matière financière, pour les expertises et les contre-expertises.
Cette procédure coûtera très cher au contribuable sénégalais. Parce que la procédure ne sera pas expéditive. L’accusé, redoutable stratège politique, aguerri et préparé, ne bradera pas son avenir pour le franc symbolique. Il sera combatif et ne se pressera point pour monter les sinistres marches qui mènent à l’échafaud politique et n’aidera sûrement pas son bourreau à préparer et à lubrifier le noeud coulant qui l’étranglerait, le cas échéant. L’État de droit garantirait un procès loyal car le monde nous regarde.
L’audit lui-même pose déjà son propre débatn car il est contesté par des experts et par le gouvernement sortant. La dette cachée n’est pas un scoop, ni une découverte inédite faite par l’audit de la Cour des comptes. Elle est une « vieille connaissance » des experts du FMI, une pratique à laquelle se sont prêtées de grandes démocraties comme la France et certains pays africains.
Le FMI, à qui on fait dire ce qu’il n’a pas dit a voulu être clair. Il n’a pas vocation à certifier, ni les chiffres de l’audit, ni un éventuel respect des étapes de son élaboration comme le respect du principe du « contradictoire » et donc son impartialité politique. Interrogé sur la question, à l’issue de sa visite du 18 au 26 mars 2025, le « monsieur Sénégal » du FMI, Edward Gemayel, considère que « seul l’Etat du Sénégal peut confirmer les chiffres … ». Il va plus loin , lui l’expert budgétaire : « …je ne dirais pas détournement…ces conclusions mettent en lumière de graves lacunes dans le contrôle budgétaire et la reddition des comptes, soulignant l’urgence de mettre en œuvre des réformes structurelles. La mission a cherché à mieux cerner l’ampleur des écarts et les insuffisances juridiques, institutionnelles et procédurales qui les ont rendus possibles » .
Il s’agira de prouver que de « graves lacunes » peuvent constituer un crime assez grave pour entraîner des poursuites contre un ancien chef d’Etat et sa condamnation pour haute trahison.
Les juges professionnels seront intransigeants et ne suivront pas les délires d’illuminés, comme ils n’ont pas suivi le président Macky lorsqu’il a voulu attenter à l’État de droit en préconisant le report des élections de 2024.
Il faudrait également arriver à mettre sur le dos du président sortant la responsabilité des « insuffisances juridiques, institutionnelles, procédurales » ayant rendu possible ce crime de lèse-budget, alors que des centaines de hauts fonctionnaires, experts et responsabilisés travaillent avec les ministres de l’économie et des finances à l’élaboration, au contrôle et au fonctionnement du budget.
Où étaient ces hauts fonctionnaires qui doivent refuser d’exécuter tout ordre manifestement illégal ? Et la Cour des comptes d’alors qui a « validé » sans « vérifier » et quelle est la part de responsabilité de tout ce beau monde ? Bref, on n’est pas sorti de l’auberge !
Même si on peut légitimement douter de l’impartialité des députés « Pastefiens » membres de la haute cour de justice, on peut espérer que les juges professionnels ne seront pas partisans et vont se fonder sur des expertises budgétaires et financières sérieuses et éclairées pour se forger une conviction.
On peut être certain que ces juges du siège, parmi lesquels le premier président de la Cour suprême, indépendants de l’exécutif, ne voudront pas faire moins que l’honorable Badio Camara ( PSL).
A l’issue de toute cette procédure, Macky pourrait bénéficier d’un non-lieu, d’une relaxe pure et simple, ou très peu probablement condamné. Au pire des cas, il serait responsable mais pas coupable.
Mais un objectif politique, s’il en est, pourrait être atteint, avant la fin de la très longue, coûteuse et energivore procédure : Macky pourrait ne pas fouler le sol sénégalais d’ici 2029, dates des prochaines élections présidentielles pour galvaniser ses troupes et faire face à un Pastef déjà fragilisé par une gouvernance de cinq années très difficiles. Et si c’était l’objectif d’un député en service commandé ?
Cette procédure est antidémocratique et ne reflète pas la volonté populaire.
Honorable député, votre « projet » trahit la volonté populaire et l’esprit des mécanismes démocratique
Cette démarche est brutale, elle n’est ni sénégalaise, ni démocratique. Ce que M. Guy Marius Sagna propose n’est pas la suite naturelle et logique d’une alternance démocratique paisible. Cette démarche est un mésusage notoire de l’outil démocratique. La haute trahison est légale, mais sa mise en œuvre en l’espèce n’est pas démocratique.
La démocratie semble être le chemin préféré par Pastef pour conquérir le pouvoir. Il n’a pas choisi l’insurrection. La transition, l’une des modalités de cette démocratie est utilisée depuis un quart de siècle par le peuple-électeur qui, non plus, n’a pas choisi l’insurrection.
Ce peuple a réitéré son choix l’année dernière en portant Pastef au pouvoir, en dépit des regrettables soubresauts politiques qui avaient enveloppé notre pays dans un linceul de violence, rouge du sang de dizaines de jeunes martyrs et qui ont failli enterrer notre belle stabilité dans les cimetières de l’histoire démocratique.
Si cet exploit fut possible, c’est parce que ce peuple a pu compter sur nos solides institutions qui ont démontré avoir assimilé, à leur tour, « l’esprit » de la volonté populaire de façon inaliénée et définitive. La démocratie est donc le choix définitif du peuple sénégalais.
Cette démocratie, pour être viable exige une respiration périodique, qui est l’occasion offerte aux électeurs de sanctionner ou non les dirigeants qui auront déçu leurs espoirs. Aussi, l’alternance est-elle la seule sanction prévue par la démocratie à l’issue d’élections libres et transparente. Elle est un élément essentiel de maintien de la paix, un élément constitutif de l’État de droit et une preuve de vitalité démocratique.
Il faut laisser notre démocratie, construite de longue luttes et de grands sacrifices finir tranquillement sa respiration périodique. C’est une exigence démocratique. C’est la suite naturelle du processus de transmission pacifique du pouvoir que de laisser partir le chef de l’état qui a organisé les élections, accepté sa défaite et accueilli son successeur dans les règles protocolaires les plus républicaines. Il a déjà été sanctionné par les urnes. La politique c’est aussi le fair-play. Elle est belle dans l’élégance. La démocratie n’est pas un jouet pour apprentis politiciens, c’est un outil sérieux au service d’une nation et son usage est hautement sensible.
Accuser un ancien président de haute trahison et demander sa traduction devant une Haute cour de justice est un saut périlleux dans le vide sidéral qui sépare la politique politicienne et le droit pur qui s’y frotte s’y pique !
Les incidences économiques d’une telle procédure
Cette procédure, si elle est enclenchée, viendra rajouter une couche de discrédit à la déjà fragilisée réputation budgétaire internationale du Sénégal.
Attention à ces actes éminemment politiques qui ont vocation a entraîner des conséquences économiquement désastreuses. Car l’économie est la caisse de résonance de la politique. Les institutions financières, les bailleurs et autres investisseurs sont tapis dans l’ombre de notre politique intérieure, elle n’hésiteront pas à l’inscrire sur le compte déjà débiteur de nos notes souveraines.
Les investisseurs attendront que la stabilité revienne au Sénégal avant de s’y aventurer à nouveau.Les conséquences macroéconomiques de cette procédure auront des retombées micro-économiques dramatiques .