Qu’est-ce qu’un intellectuel ? Pas facile à définir, beaucoup ne s’y retrouvant pas, il reste toutefois une vision grandement partagée autour de l’idée suivant laquelle la stature de l’intellectuel se dessine par l’ intérêt porté hors de soi pour embrasser celui de la communauté alentour voire de la planète. Fort de son savoir, de son statut social, l’intellectuel a donc la claire conscience que sa voix a une résonnance, qu’elle porte et qu’il faut la mettre au service des grandes causes. L’intellectuel est alors celui ou celle qui ouvre les yeux sur les troubles qui secouent le monde. Un consensus est donc repérable autour de la notion d’engagement. Mais pour quoi faire ? La réponse consiste déjà à sortir de son confort personnel pour se sentir concerné par la laideur qui balafre le visage du monde. Adossé à sa notoriété, l’intellectuel n’hésitera pas par conséquent à prendre position sur des questions brûlantes qui consument le monde. Défenseur des opprimés, redresseur de torts, il s’évertue à projeter grâce à ses prises de positions un puissant éclairage sur des situations qui interpellent la conscience de ses concitoyens.
L’engagement est une posture, un marqueur, un sacerdoce. Ainsi posé, l’intellectuel ne saurait se résumer à une personne bardée de diplômes. Au-delà, il y a surtout un supplément d’âme qui fait s’intéresser aux pulsations du monde, développer de la compassion et s mettre en quête d’une société réconciliée avec elle-même parce que rétive à toute forme de domination, de soumission et d’exclusion. Par leur combat pour la dignité humaine, des autodidactes de la trempe de Lamine Senghor et Ousmane Sembène furent de grands intellectuels. Il est donc question d’être en mode combat, de débrouiller les ténèbres en les éloignant le plus loin possible au profit de l’épanouissement et de la démocratisation du savoir, à l’instar d’un intellectuel de renom, Cheikh Anta Diop. Le combat de ce dernier consistait en effet à contribuer à l’émergence d’une conscience historique africaine susceptible de fracasser les ténèbres dans lesquels ont voulu l’installer durablement l’esclavage, la colonisation, dans l’unique but de lui ôter toute humanité. De la protestation certes, mais nous dit l’auteur, l’intellectuel n’est pas simplement sujet à la prise de position et à la dénonciation du fait qu’il se distingue aussi dans l’incarnation d’une ambition libératrice. Il fait cas des grands débats récents qui ont agité le ghota intellectuel, notamment autour de certains ouvrages tels « la fin de l’histoire » de Francis Fukayama ou le « choc des Civilisations » de Samuel Huntington. L’auteur fait un clin d’œil à Paris, revenant sur l’attraction qu’elle exerçait sur le monde intellectuel et qui fascinait notamment des Américains comme William Faulkner, Richard Wright dont le pays n’arrivait pas à absorber les frustrations et les attentes qui bouillonnent en son sein. Il en profite pour interroger l’anti-intellectualisme à travers notamment l’espace étasunien marqué par le pragmatisme, bien loin des joutes verbales, fussent-elles de haut niveau. C’est une tradition différente qui s’y déroule. Là-bas, on admire plutôt le « self made man », la réussite dans le business. En somme le culte du résultat plutôt que celui de l’accumulation de connaissances. L’intellectuel y est donc vu négativement car perçu « comme un technicien du mental, qui réfléchit, critique, théorise, imagine, questionne dans un environnement qui n’en a pas besoin ». C’est oublier que « toute parole a des ressentiments. Tout silence aussi ». Alors « Des intellectuels pour quoi faire ? »
A travers cet ouvrage on mesure en tout cas l’importance du rôle de l’intellectuel. Il met le couteau dans la plaie, mû par un désintéressement et une audace qui l’obligent à porter et à défendre des causes qui le dépassent en se mettant au service de la veuve et de l’orphelin. L’auteur se livre ainsi à travers ce qui s’apparente à une revue de l’intellectualité, celle qui remet au goût du jour tous les combats pour les nouveaux droits établis aujourd’hui comme une évidence, avec en arrière fond le rappel qu’ils ne doivent leur effectivité que par les batailles qu’il a fallu mener en conséquence. Une façon de dire l’actualité du rôle de l’intellectuel.
Par Thierno Bocoum
OUSMANE SONKO A DONC OSE ?
Le Premier ministre Ousmane Sonko a osé demander qu’on débatte sur des secteurs précis alors qu’aucune vision n’a été déclinée, jusque-là. Débattre sur l’agriculture précise-t-il entre autres. Avec quelle vision ? Quelle déclinaison ?
Le Premier ministre Ousmane Sonko a osé demander qu’on débatte sur des secteurs précis alors qu’aucune vision n’a été déclinée, jusque-là.
Débattre sur l’agriculture précise-t-il entre autres. Avec quelle vision ? Quelle déclinaison ?
À la place des explications sur la qualité des semences, il veut débattre sur une vision qui n’existe pas. Et lui-même le reconnaît : « vous allez bientôt savoir où nous irons ».
Il ose nous dire qu’il allait reprendre les activités politiques. Depuis quand a-t-il cessé ces activités ?
Son meeting au grand théâtre alors qu’on l’attendait sur un plan d’action gouvernemental qui n’a jusque-là pas été livré, n’était-il pas une activité politique ?
Le fait d’avoir reçu Mélenchon en grande pompe avec à la clef une conférence polémique à l’UCAD, n’était-ce pas une activité politique ?
A-t-il oublié qu’il avait même programmé une tournée politique dans les États de l’AES lors du Bureau politique de son parti, qu’il a présidé le dimanche 5 mai 2024 ?
Non le chat n’a jamais quitté la scène politique. Il dansait sur la musique de l’incompétence, du népotisme et de la manipulation.
La charge de la gouvernance étant manifestement trop lourde, il cherche à se consoler avec les fagots de la politique politicienne.
Trêve de diversion !
Qu’il aille faire sa Déclaration de Politique Générale (DPG), conformément aux dispositions de la constitution.
Tous les prétextes pour y renoncer ont été levés.
Qu’il décline sa feuille de route et il verra si nous savons débattre sur une vision ou pas.
Et franchement qu’il arrête de nous rabâcher ses relations avec celui qu’il cherche toujours à réduire à sa plus simple expression.
Nous attendons des résultats et non des gages mutuels d’une entente qui n’a encore rien produit de concret si ce n’est s’approprier les réalisations du régime précédent.
lettre d'amérique, par rama yade
INDUSTRIES CULTURELLES CRÉATIVES, LE SOFT POWER AFRICAIN
Du cinéma à la mode, en passant par la musique et les arts visuels, l'Afrique affirme son identité et change le narratif global sur le continent
Le soft power est le nouveau hard power. Selon l’Unesco, le secteur créatif pourrait créer 20 millions d’emplois et générer 20 milliards de dollars de revenus par an en Afrique. Le continent a besoin de la création de 18 millions d’emplois par an pour combler le déficit d’emploi qui ne cesse de s’aggraver suite à l’explosion démographique. Les industries culturelles et créatives, devenant un marché économique en plein essor, pourraient y prendre une part précieuse. Le patrimoine culturel africain était déjà partout, influençant le blues, la salsa, le rap, le reggae et même le disco. Son influence était visible dans la peinture de Picasso, les pyramides d’Egypte et les sculptures de la Grèce antique. Ce qui est plus nouveau, c’est la reconnaissance croissante du public. Une nouvelle visibilité et des opportunités économiques émergent.
Aux sources de l’essor des industries culturelles et créatives
Deux phénomènes sont à l’origine de cette révolution. D’abord, la croissance démographique sur un continent qui, en engageant le doublement de sa population d’ici 2050, voit arriver une classe moyenne plus éduquée, consommatrice, et surtout une jeunesse innovante dont les moins de 15 ans constituent 40% de la population africaine. Nés avec l’internet, le mobile et les plateformes telles qu’Instagram, Twitter, TikTok, Youtube, Facebook, et Snapchat où ils peuvent euxmêmes créer et promouvoir leurs propres contenus, ces jeunes ne regardent pas le monde de la même manière que les générations précédentes.
Ensuite, la plus grande révolution digitale de ces vingt dernières années qui s’est produite en Afrique s’est traduite par une croissance exponentielle du marché de la téléphonie mobile. Selon l’Association mondiale des opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile (Gsma), le taux d’adoption des smartphones devrait passer de 51 à 87% entre 2022 et 2030, avec un quadruplement du trafic des données mobiles en Afrique subsaharienne. Ces changements s’opèrent dans tous les secteurs, dans la banque à distance, les cryptomonnaies, les paiements et, bien sûr, l’arrivée de l’Intelligence artificielle accélèrent ces phénomènes. La culture de l’entrepreneuriat, déjà présente en Afrique, s’en trouve considérablement encouragée à travers le phénomène croissant des startups.
La conjonction de ce double phénomène démographique et technologique a fortement impacté le secteur culturel.
Nollywood plus fort qu’Hollywood
Prenons l’exemple du Nigeria, qui est devenu la plus grande économie africaine après l’inclusion de Nollywood dans la mesure de son Pib en 2016. Aujourd’hui, le marché du divertissement au Nigeria est devenu l’industrie culturelle la plus dynamique au monde. Chaque année, 150 millions de téléspectateurs regardent plus de 2500 films produits au Nigeria, dépassant de loin Hollywood si bien que, selon la Nigerian Entertainment Conference, le marché du divertissement et des médias du Nigeria devrait atteindre un chiffre d’affaires de 14, 82 milliards de dollars en 2025, contre 4 milliards de dollars de revenus enregistrés en 2013. Dans les cinq années qui viennent, l’organisation annonce une croissance annuelle de 16, 5% du secteur grâce à une connectivité en hausse et une hausse des abonnés.
Et il n’y a pas que Nollywood : le nombre de sociétés de production au Kenya, en Afrique du Sud, au Maroc, en Côte d’Ivoire n’a jamais été aussi important. Au Sénégal, à quelques semaines de la Biennale de Dakar, le succès se renforce à chaque édition avec, selon les organisateurs, «ses 250 000 visiteurs dont plus de 50 000 proviennent de l’étranger, 11 000 professionnels, plus de 3000 créateurs, artistes de la matière, manufactures, galeries, maisons d’excellence, fondations et institutions», et que le New York Times qualifiait de «l’un des plus grands -et certainement le plus vibrant événements d’art contemporain sur le continent africain» dans un article de juin 2022.
Comme souvent, en particulier dans un continent où les enjeux de développement sont massifs, artistes et créateurs déploient une réflexion qui, faisant écho aux défis de l’époque, évoque le changement climatique, la résolution des conflits ou encore les questions de gouvernance.
Un nouveau récit africain
Avec la mode, le cinéma, les arts visuels, les sites culturels, les médias, le design, les jeux vidéo, la musique, les livres et même le sport, les industries créatives changent le récit africain. Au-delà des opportunités économiques croissantes, c’est sans doute leur plus grande force. Enfin, les Africains parlent d’eux-mêmes, décrivent leur réalité comme dans la série à succès Maîtresse d’un homme marié et leur vision de l’avenir avec le joyeux et futuriste Iwaju. La diaspora a aussi un rôle important dans ce nouveau narratif partagé avec le reste du monde, à l’image du succès mondial de Black Panther : Wakanda Forever, qui mettait en vedette des acteurs africains primés à Hollywood comme Lupita N’yongo ou Daniel Kaluuya. Dans ce film, les Dora Milaje rappelaient les Amazones du Benin, les boubous violet des membres de la famille royale la tenue des Touaregs et la coiffure de Ramonda celle des femmes Mangbetu du Congo.
Ce secteur sert également à amener le monde en Afrique. Fidèle à une vieille tradition qui a vu les films de Hitchcock jusqu’à la série Mission impossible y être tournés, le Maroc, par exemple, accueille de nombreux studios de cinéma hollywoodiens à Casablanca et Ouarzazate, et su faire de ses événements culturels comme le Marathon des Sables ou le Festival de Fez des musiques sacrées du monde, des rendez-vous internationaux.
Entraînées par ces succès, les plateformes occidentales ont considérablement enrichi leurs portefeuilles africains : la comédie musicale Black is King, produite par Disney, célébration de l’Afrique par Beyonce, produite par Disney, tandis que Netflix et Amazon développent à la fois des licences et du contenu original de sociétés de production locales africaines ayant l’ambition d’une distribution mondiale. Les services de streaming africains sont également en plein essor, comme Boomplay et ses 60 millions. Côté luxe, des maisons telles que Dior et Louis Vuitton, qui se sont toujours inspirées des créations africaines, organisent des défilés dans les capitales africaines désormais. Les marques de prêt-àporter comme H&M et Zara intègrent des inspirations africaines aussi. Les Fashion Week, de Johannesburg à Lagos, sont fréquentées par des célébrités internationales. Dans l’industrie musicale, le lauréat nigérian d’un Grammy Award, Burna Boy, a été le premier artiste africain à faire salle comble dans un stade américain après la sortie de son album en 2022, et le premier artiste nigérian tête d’affiche du Madison Square Garden. Il a été nommé parmi les 100 personnes les plus influentes de 2024 par le Time.
Des artistes africains laissés à eux-mêmes
Cependant, en dehors de quelques artistes africains cotés, les artistes africains ne vivent pas bien de leurs créations. Ils sont laissés à eux-mêmes. Pour des Irma Stern, Marlene Dumas, Mahmoud Said, William Kentridge, y compris des crypto-artistes reconnus comme la Franco-Sénégalaise Delphine Diallo ou le Nigérian Osinachi qui vend ses NFT à plus de 200 000 dollars chez Christie’s, combien d’artistes africains, peintres, sculpteurs, danseurs ne bénéficient d’aucune reconnaissance et vivent même dans la pauvreté ?
Un coup d’œil rapide sur le prix auquel se vendent les peintures des artistes dans les rues des capitales africaines pour réaliser à quel point leur travail ne fait l’objet d’aucune reconnaissance, et d’abord financière. Dans la musique, les artistes africains tirent beaucoup moins de valeur de leurs créations que leurs homologues occidentaux. Par exemple, sur Spotify, alors que le paiement moyen pour 1000 streams aux Etats-Unis se situe entre 5 et 10 dollars, il est inférieur à 0, 5 dollar dans les pays africains. Malgré quelques événements phares tels que le Fespaco de Ouagadougou et la Biennale de Dakar qui, elle-même, a dû être reportée cette année pour des problèmes de financement, les industries créatives africaines ne sont pas beaucoup soutenues par les gouvernements en Afrique : seulement 1, 1% du Pib africain leur est consacré et elles constituent moins d’1% de l’économie créative mondiale évaluée à 2, 2 milliards de dollars. La plupart des gouvernements africains n’ont pas ratifié la Charte pour la renaissance culturelle africaine adoptée en 2006, dans le but de préserver et de promouvoir le patrimoine culturel africain. Les quelques bourses qui existent proviennent des instituts français, Goethe, ou du programme Acp-Union européenne. Les banques d’Etat chinoises sont de plus en plus impliquées, participant au financement de l’Opéra d’Alger et du Palais des Congrès de Yaoundé. Du côté africain, il n’y a guère que la Banque panafricaine d’import-export (Afreximbank) qui a pris la première initiative d’envergure avec une enveloppe de 500 millions de dollars destinée à soutenir les industries créatives et culturelles en décembre 2020. Malgré quelques déclarations d’intention regroupées dans l’aspiration numéro 5 de l’Agenda de l’Union africaine promettant «une Afrique dotée d’une forte identité culturelle, d’un patrimoine commun et de valeurs et d’éthique partagées» et quelques projets à concrétiser comme le Grand Musée de l’Afrique à Alger, l’organisation panafricaine n’a pas encore pu faire coïncider ses ambitions avec les engagements constatés de la part des Etats.
L’enjeu crucial de la propriété intellectuelle
Les besoins sont énormes : le manque d’infrastructures (espaces de production, salles de cinéma et de concerts), le faible nombre de maisons d’édition et la faible capacité de formation (administrateurs, managers, techniciens, experts numériques etc.). Néanmoins, la vulnérabilité des industries créatives africaines n’est pas que financière, elle est aussi légale et tient à la faiblesse de la réglementation en matière de droits de propriété intellectuelle. Cette question affecte considérablement la protection des créateurs, notamment les droits d’auteur, la négociation des contrats, la production, la distribution et l’accès aux marchés internationaux et, au final, la rentabilité financière des créations.
De nombreuses institutions financières et investisseurs n’étant pas familiers du secteur créatif, ils ne comprennent pas comment évaluer et tarifer les risques, ce qui rend l’accès au capital difficile et coûteux malgré les opportunités pour les investisseurs. En plus de cela, la piraterie, les pratiques de contrebande et le trafic illicite rendent le marché africain difficile à lire. D’une certaine manière, ces enjeux font écho à la question de la restitution des œuvres d’art africain spoliées. Il s’agit encore et toujours d’avoir la pleine souveraineté sur la création africaine.
Une réflexion stratégique sur les droits de propriété intellectuelle est la première mesure urgente à laquelle les Etats devraient s’atteler. La monétisation d’un secteur économiquement prometteur est la seconde. De l’économie du textile au tourisme, ce sont des chaînes de valeur qu’il convient de créer tout en démocratisant l’accès à cette industrie. Le terreau est fertile : en Côte d’Ivoire, les femmes possèdent 80% de l’économie du textile.
L’Afrique a toujours été une terre de création dont l’influence a essaimé partout, mais sans la reconnaissance qui aurait dû aller avec. Le bouleversement technologique actuel, en redistribuant les cartes, offre une occasion unique aux artistes de briller sans se cantonner aux limites de leurs frontières nationales. Cette révolution culturelle est en train de modifier considérablement le paysage créatif mondial. Il revient désormais aux Etats de prendre les mesures règlementaires qui s’imposent pour faire de cette industrie une véritable politique publique et même un puissant outil de politique étrangère.
Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.
Par Biram Ndeck NDIAYE
APRES LE VERDICT DES URNES, PLACE AU TRAVAIL
Le peuple s’est prononcé il n’y a guère longtemps. Il a élu les uns en sanctionnant les autres comme il en a le pouvoir. Il est temps de reprendre le cours normal des choses en se mettant au travail
Le peuple s’est prononcé il n’y a guère longtemps. Il a élu les uns en sanctionnant les autres comme il en a le pouvoir. Il est temps de reprendre le cours normal des choses en se mettant au travail. Laissons-les travailler pour dire tout simplement: travailler et laisser travailler..
Respecter le choix du peuple.
Que tous les sénégalais, sans exception, respectent ce choix mais pas seulement du bout des lèvres. Chacun a le droit d’avoir ses préférences, ce qui ne saurait être un délit. Depuis la nuit des temps, dans tout pouvoir et dans toute opposition il y aura du bon et du moins bon, c’est une question de conduite qui relève de la responsabilité de chacun pris individuellement. Quel fonctionnaire n’a pas reçu et appliqué les directives de l’État et ses représentants ? Quel travailleur indépendant n’a pas respecté et appliqué la loi votée par l’État ainsi que les règlements dont l’application est confiée à ses démembrements ? Les meilleurs critères qui vaillent pour juger les individus sont l’honnêteté, la compétence et le mérite.
Savoir écouter d’autres voix.
Cela dit, les journalistes et les politiques, surtout ceux qui s’adonnent à la politique dite politicienne ont beaucoup parlé pendant longtemps tandis que les autres se contentaient d’écouter. Les autres, largement plus nombreux, ont beaucoup écouté et beaucoup subi alors qu’ils ont la majorité, donc la représentativité. Ce peuple s’est prononcé et tout démocrate, gagnant ou perdant, doit respecter son verdict. Il est venu le temps d’entendre les autres, la grande masse silencieuse. Politiciens et media (journalistes et chroniqueurs autoproclamés), on vous a écoutés, écoutez les autres maintenant, au besoin faites les parler. «Mën wax dafa neex, waaye degga ko raw»,s’il est bon de parler il est encore mieux d’écouter car ce qu’on ne sait pas encore est beaucoup plus important que ce que l’on sait. Faisons preuve d’humilité.
Rester objectif et faire preuve de bon sens
Pour qui veut dresser un état des lieux objectif à partir de l’année 2012, il est loisible de constater que le pouvoir a d’abord été donné à un camp pour l’exercer pendant sept (07) ans, suivi d’un renouvellement de la confiance du peuple pour cinq (05) ans, soit un total de douze (12) longues années. Le peuple ne doit rien à ce camp qui lui doit beaucoup en retour. C’est le moment de faire le bilan de cet exercice passé du pouvoir, sans complaisance ni parti pris. Pour les sortants on peut parler de bilan, mais seulement de programmes et projets pour les entrants. Le bon sens est-il en train de déserter notre pays ? Il voudrait que l’on laisse au nouveau pouvoir le temps de gouverner et de présenter un bilan le moment venu, pas avant. Il est élu pour cinq (05) ans et non point pour trois (03) mois ou cent (100) jours. On présente un bilan après avoir exécuté un programme, ce qui n’interdit pas un bilan de mi-parcours laissé à la latitude de l’exécutant. Les attaques personnelles et sans fondement objectif doivent cesser. On ne doit pas chercher systématiquement à empêcher ceux qui tiennent le gouvernail d’arriver à bon port. Si ce triste dessein réussit, tout le monde y perd (ki la boot boo yéenee mu deeteelu sa cuukel toj). De grâce, que ceux qui se taisent parlent enfin pour pas qu’on parle à leur nom. «Je me méfie des partis, ils deviennent vite des parti pris», disait l’autre.
La police de notre conscience comme dernier recours
Pour notre part, nous nous sentons à l’aise pour dire que trop c’est trop. Nous l’avons pensé et défendu publiquement entre 2012 et 2014 quand un politicien local (de Saint-Louis), beau-frère de Monsieur le Président de la République, du haut de sa grandeur d’antan, a voulu nous intimider en vain, nous dicter un comportement que ni l’orthodoxie ni les règles de bonne gestion ne pouvaient justifier. Un détracteur (Birima Ndiaye soi-disant chroniqueur, armé pour exécuter la sale besogne, se souviendra encore longtemps du mauvais quart d’heure passé entre les mains de la justice). C’est le moment de rendre hommage à Monsieur Mary Teuw Niane alors ministre de l’enseignement supérieur pour son honnêteté, son courage et son objectivité, à Monsieur le Procureur de la République, au gendarme chargé de l’affaire qui a été déplacé hors de la ville par la suite, à Maître Alioune Badara Cissé qui a dénoncé la position partisane de Mansour Faye qui, sans être le Ministre de tutelle, avait la prérogative indue d’exiger le remplacement d’un Directeur par un militant plus enclin à exécuter ses ordres. L’enjeu étant la Mairie, le CROUS était perçu comme la vache laitière et le réceptacle pour l’emploi de militants. Le refus de l’inacceptable nous a coûté notre poste de Directeur même si nous avons redressé cet établissement public qui nous a été confié (passé d’un déficit de près d’un milliard de francs CFA à moins de 10 millions, les arriérés en instance de paiement et les caisses remplies à notre départ. Qu’a-t-on fait de tout cela après ? Bien entendu, les convictions profondes qui mettent en avant Dieu et notre cher pays l’emportent sur un poste, quel qu’il soit. Il est loisible d’aller discrètement faire une enquête sur place et sur pièces, d’interroger les travailleurs honnêtes et les étudiants de l’époque, jusqu’aux imams et habitants des villages environnants. Cette même attitude, nous l’avons adoptée mordicus quand il s’est agi d’un troisième mandat au moment où pouvaient se sentir menacés ceux qui s’aventuraient à défendre une telle position. Nous avons écrit dans la presse locale que tous les concurrents pour le fauteuil présidentiel devaient être traités sur un pied d’égalité. Et si d’aventure ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui se risquaient demain à prendre le chemin que leur devancier (à sa décharge, il a su freiner des quatre fers à temps pour nous épargner des troubles dangereux et inutiles), nous aurons la même attitude de défiance, sans toutefois penser une seule seconde qu’ils le feraient, eux qui prônent le jub, jubal, jubanti et qui bénéficient d’un préjugé favorable. Quel administré n’aimerait pas entendre un dirigeant politique parler de morale, de respect du droit et de reddition des comptes dans les affaires publiques ? Telle est la volonté du peuple et il faut la respecter nonobstant nos positions personnelles passées, présentes et à venir.
Place au travail
A la place de l’injure, principale arme des faibles, Il est temps pour les politiques de tous bords et certains pseudo-journalistes de se prononcer en priorité, pour ne pas dire exclusivement, sur les sujets afférents à notre développement avec des arguments objectifs et bien renseignés: l’industrialisation, l’emploi, la santé, l’éducation, l’agriculture, la justice, l’équité, le sport, la culture, une fiscalité incitative, le cadre de vie, la discipline, la pollution sonore et le tapage nocturne qui empêchent la concentration, la réflexion, les recherches au service du progrès, l’occupation anarchique de l’espace public, la corruption.
Journalistes, hommes et femmes politiques, intellectuels de toutes obédiences, religieux, artistes, universitaires, voilà le vrai débat, celui-là qui concerne tout un pays sans exclusive. A vos plumes, micros et caméras ! Au travail, citoyens, en attendant le prochain verdict qui va confirmer ou infirmer celui-ci. Il y a un temps pour chaque chose.
par Yamar Samb et Ousmane Mané Kane
LE 26 AOÛT 1958, VALDIODIO NDIAYE ET L’ACTE 1 DE L’INDÉPENDANCE DU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Son discours face à Gaulle, empreint de courage et de conviction, a marqué un tournant dans la lutte pour la souveraineté nationale. Il est temps de réhabiliter la mémoire de cet homme d’État qui a osé dire « non » au colon
Yamar Samb et Ousmane Mané Kane |
Publication 21/08/2024
L’œuvre de Valdiodio Ndiaye très décisive, pour l’indépendance du Sénégal mérite une place privilégiée dans les annales de l’histoire des luttes pour la décolonisation des peuples d’Afrique et l’accession des États concernés à la souveraineté internationale. Le 26 août marque l’anniversaire de son discours mémorable qu’il eût à prononcer devant le Général De Gaulle, pour défendre l’opposition du Sénégal au projet de Communauté française qui devait être approuvé par le référendum du 28 septembre 1958.
À la veille de l’indépendance, l’avant-projet constitutionnel du référendum a créé un désaccord entre les deux futurs chefs du premier exécutif de l’État du Sénégal indépendant, Mamadou Dia, qui deviendra le Premier ministre, chef du gouvernement et Léopold Sédar Senghor, président de la République[1]. Le premier souhaite la rupture avec l’ancienne puissance coloniale, alors que le second propose le maintien du Sénégal dans une communauté avec la France, autrement dit une « indépendance immédiate mais pas immédiatement ». Le désaccord entre les deux hommes s’accentuera au lendemain de l’indépendance du Sénégal, en outre, sur la manière de gouverner le pays par un exécutif bicéphale.
Dans ces rapports conflictuels entre Mamadou Dia et Léopold Sédar Senghor, Valdiodio Ndiaye a été un soutien de taille pour le premier. On peut même remarquer que dans son allocution historique devant le Général De Gaulle, il n’a pas mentionné Léopold Sédar Senghor absent de cette rencontre, alors qu’il s’est donné la peine d’évoquer les motifs d’absence de Mamadou Dia. Il n’est donc point étonnant que Valdiodio Ndiaye soit plus tard co-inculpé avec Mamadou Dia pour tentative de coup d’État contre le président de la République, Léopold Sédar Senghor. Ils seront arrêtés en même temps que trois autres ministres, puis traduits devant la Haute Cour de justice.
En effet, arrivé le moment d’accueillir le Général de Gaulle, les deux hommes qui devaient porter la voix du peuple sénégalais ont brillé par leur absence. Léopold Sédar Senghor est allé passer ses vacances en Normandie comme d’habitude, à une période de l’année où il ne veut pas les manquer. Parti en Suisse pour se soigner, Mamadou Dia y serait retenu pour une cure que ses médecins lui auraient déconseillé d’interrompre. Auraient-ils vraiment pratiqué la politique de la chaise vide ? La réponse à cette question divise les témoins de cette histoire.
Telles sont les péripéties qui ont amené Valdiodio Ndiaye à prononcer son mémorable discours du 26 août 1958 devant le Général de Gaulle, en qualité de ministre de l’intérieur devant assuré l’intérim en l’absence du président du Conseil du gouvernement, Mamadou Dia. L’histoire l’aura à jamais retenu comme étant celui qui a eu le courage d’affronter le Général de Gaulle, pour lui signifier en des termes clairs, la position du peuple sénégalais en faveur du "non" au référendum qui devait se tenir (I). Contrairement à ce que certains pensaient, ce "non" n’avait rien d’irréfléchi, de spontané ou de populiste ; il avait bien un sens dans la pensée de Valdiodio Ndiaye (II).
La défense du "non" au référendum du projet de « Communauté française »
Valdiodio Ndiaye est du nombre des grands artisans de l’indépendance de la République sénégalaise qui n’avaient pas manqué au rendez-vous de l’histoire en étendant leur influence lors de la campagne du "non" relatif au projet de référendum. Son opposition à ce projet (1) s’inscrit en droite ligne avec le mot d’ordre du congrès de Cotonou (2).
L’opposition claire de Valdiodio Ndiaye au projet de « Communauté française »
Depuis la Loi-cadre du 23 juin 1956 et le nouveau statut applicable en 1957, il y avait un régime de semi-autonomie dont l’existence n’avait ni assise souveraine, ni reconnaissance internationale. Son positionnement ne valait que par rapport à la métropole et au sein de l’Afrique occidentale française. Certains leaders africains considèreront cette Loi-cadre comme une supercherie. D’ailleurs, le président d’alors du Conseil du gouvernement sénégalais, Mamadou Dia, dénonçait cette supercherie dans un entretien paru dans l’hebdomadaire Afrique Nouvelle du 8 janvier 1957 en ces termes :
« nous sommes contre les décrets d’application de la Loi-cadre tels que le gouvernement les a préparés […] d’une part, ils n’apportent aucune satisfaction aux Africains qui aspirent à gérer leurs propres affaires, et d'autre part, ils arriveront à désorganiser les services communs et à rendre impossible leur fonctionnement. Il ne s'agit pas d'une décentralisation mais d'une désorganisation. Quant au Conseil de gouvernement, d'après les projets de décrets, il comprend non seulement des membres désignés mais le Gouverneur en est le président et cela nous apparaît inacceptable, alors que nous nous attendions à un véritable exécutif local. »
Valdiodio Ndiaye était au nombre de la frange de l’élite africaine qui voyait le projet de Communauté française comme une volonté inavouée de maintenir la tutelle métropolitaine sur les futurs indépendants États africains.
Les absents les plus présents que furent Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia lors de l’évènement historique pour des raisons encore discutées, n’ont pas empêché Valdiodio Ndiaye de tenir un discours que Mamadou Dia qualifiera plus tard de « raide ». Dans son mémoire, Mamadou Dia, reconnut que Valdiodio Ndiaye, « (…) en accueillant De Gaulle en des termes assez raides, a fait un discours conforme à (ses) positions, celles du "non" au référendum »[2].
Mbaye Jacques Diop quant à lui disait à propos de ce fameux discours « (…) le contenu de chaque mot et la tonalité de chaque phrase avaient été conçus avec habileté et pesés pour exprimer au mieux la persuasion. Ces propos furent prononcés avec un brio et un art oratoire qui traduisaient le talent et la conviction de notre porte-parole. Il était visiblement ému, très conscient de porter la légitime aspiration du peuple sénégalais, voire des peuples d’Afrique » [3].
Valdiodio Ndiaye adressa au Général de Gaulle un discours d’accueil dont certains passages sont entrés dans l’Histoire et demeure d’actualité :
"Nous disons indépendance d’abord et, en nous fixant ce préalable, nous ne faisons qu’interpréter l’aspiration profonde de tous les peuples d’Afrique noire à la reconnaissance de leur personnalité et de leur existence nationale. L’indépendance est un préalable, elle n’est pas une fin en soi. [...] Nous disons indépendance, et nous disons ensuite unité africaine" ».
Une telle déclaration démontre à quel point Valdiodio Ndiaye incarnait la figure de l’anticolonialisme, contrairement à Léopold Sédar Senghor qui manifestait encore un certain attachement à la puissance coloniale et qui aurait promis à de Gaulle un "oui" du Sénégal au référendum. On se souvient des propos louangeurs par lesquels le quotidien de l’extrême droite, l’action française, avait décrit Senghor comme « le type de ces élites indigènes dont la France a le droit d’être fière »[4].
Une position en phase avec le mot d’ordre du congrès de Cotonou
Le congrès de Cotonou tenu du 25 au 27 juillet 1958, auquel avait pris part des leaders sénégalais, aura pour intérêt de dévoiler à la face du monde que l’Afrique française avait la ferme volonté de s’affranchir de tous les complexes coloniaux. Ce faisceau d’énergies individuelles et de volonté collective s’était cristallisé le 26 août 1958 dans ce qui est resté dans l’Histoire comme la « Journée des Pancartes »[5], même si le héros du jour était un certain Valdiodio Ndiaye avec son fameux discours.
Les congressistes de Cotonou perçoivent le projet de "Communauté française" comme une démarche qui s’inscrit de nouveau dans le sillage des sagas de la mythologie de la décolonisation ; un projet qui n’était rien d’autre qu’un réaménagement de l’ordre colonial en y associant des africains relais de la métropole.
À y voir de près, on peut considérer le "non" défendu par Valdiodio Ndiaye, comme une opposition au "oui" porté par des « élites de compromis » défendant une indépendance sous tutelle métropolitaine. Valdiodio Ndiaye était au nombre de ceux qui avaient la conviction que ces élites de compromis, en s’installant à la tête des États africains dont l’indépendance devenait certaine, allaient être les nouvelles garantes de la domination de la puissance coloniale. Il fallait donc se prémunir contre les risques de connivence entre les leaders africains qui prendraient la direction du pouvoir et les autorités métropolitaines qui perpétueraient le projet colonial, après les indépendances, sous d’autres formes. Le héros du 26 août 1958 a su transmettre à de Gaulle, la position du gouvernement du Sénégal conforme aux résolutions du congrès de Cotonou.
L’on peut se souvenir de son discours lorsqu’il déclarait :
« Nous, gouvernement et Assemblée territoriale, sommes tous membres de l’Union progressiste sénégalaise, section sénégalaise du Parti du regroupement africain, donc fidèles aux décisions du congrès de Cotonou ».
Valdiodio Ndiaye, brillant avocat occupant les fonctions de ministre de l’Intérieur au sein du gouvernement territorial et secrétaire général adjoint de l’Union progressiste du Sénégal (UPS), avait déjà affiché clairement sa position sur le projet de « Communauté française » proposée par le gouvernement français. À la différence de Senghor qui était plutôt favorable à une indépendance « retardée » d’après les confessions de Mamadou Dia, Valdiodio Ndiaye avait publiquement marqué son opposition au projet de « Communauté française ».
Valdiodio Ndiaye et son compagnon Mamadou Dia avaient peaufiné leurs idées et stratégie en s’inscrivant dans la logique de leurs précurseurs anticolonialistes.
Le sens du "non" sénégalais dans la pensée de Valdiodio Ndiaye
Le "non" sénégalais avait un sens dans la pensée de Valdiodio Ndiaye. En effet, la fusion du mouvement panafricain anti-impérialiste avec celui de la lutte pour l’indépendance des colonies africaines en un bloc devait mener vers les États-Unis d’Afrique. La richesse de son discours réside dans le fait qu’il exprime avec l’éloquence qui sied les aspirations des peuples africains qui voulaient autant leur indépendance immédiate (1) que leur projet d’unité africaine (2).
L’expression des aspirations africaines à l’indépendance
Le brillant avocat que Valdiodio Ndiaye était, le prédestinait à plaider les causes légitimes exprimées par ses compatriotes et frères africains pour qui, la liberté de s’associer est une chose et le droit de se séparer d’un compagnonnage en est tout aussi une autre. On rapporte que lors de la visite du Général De Gaulle, il n’a pas manqué de transmettre courageusement et fidèlement les aspirations africaines indépendantistes exprimées au sortir du Congrès de Cotonou tenu du 25 au 27 juillet 1958 à travers les trois mots d’ordre ci-après :
1- Indépendance immédiate,
2- Nation fédérale africaine, c'est-à-dire Unité africaine sous forme d’une nation fédérale,
3- Confédération de peuples libres et égaux.
Les peuples africains aspiraient à plus d’autonomie vis-à-vis des puissances étrangères et le combat pour y parvenir demandait, pour le cas du Sénégal, le concours de ses élites et de celui de sa jeunesse. La mise en œuvre des résolutions du congrès de Cotonou demandait de l’organisation et de l’engagement et Valdiodio Ndiaye en avait pris la pleine mesure lorsque qu’il appelait les Sénégalais à une manifestation dans l’ordre et la dignité.
De Gaulle et les officiels à ses côtés affichaient de larges sourires face à l’accueil chaleureux auquel ils ont eu droit à Dakar. Certes, étaient au rendez-vous les drapeaux tricolores, les enfants des écoles, et les costumes traditionnels habillant des « figurants » bienveillants. Mais la rumeur contestataire était tout aussi perceptible, mêlée aux vivats et les couvrant parfois. Ce fond de protestation sonore était ponctué par des slogans indépendantistes très audibles. Le tapage ne s’apaisa pas dans la foule amassée entre l’aéroport et la ville, tout au long du trajet prévu. Par prudence, les autorités préférèrent changer au dernier moment de trajet. Plutôt que de passer par la Médina, les voitures officielles (le général se tenait comme à l’accoutumée dans une limousine décapotée) empruntèrent la corniche.
Tout a été savamment orchestré pour accompagner le discours de Valdiodio Ndiaye avec les actes qui siéent. Mbaye Jacques Diop jugeait l’approche sénégalaise astucieuse dans la mesure où, disait-il : « Elle se fondait sur une complémentarité : aux hommes politiques, notamment ceux déjà en place dans le gouvernement interne, la mission de porter le verbe jusqu’aux plus hautes tribunes. Aux jeunes, une action de terrain qui devrait être la plus visible possible. Les seconds devaient en quelque sorte être le bras armé, dans les rangs du peuple, de notre revendication nationale. Ils soutenaient les premiers »[6]. La stratégie avait bien fonctionné d’autant plus que la présence des jeunes porteurs de pancartes sur lesquelles étaient mentionnées des réclamations pour l’indépendance immédiate n’avait pas laissé le Général de Gaulle sans état d’âme. »
En réponse aux cris de ces jeunes, de Gaulle visiblement énervé lance les paroles ci-dessous demeurées célèbres :
« Je veux dire un mot d’abord, aux porteurs de pancartes. Je veux leur dire ceci : "Ils veulent l’indépendance. Qu’ils la prennent le 28 septembre". Oui, l’indépendance, que les porteurs de pancartes la prennent le 28 septembre prochain. »
La défense du projet d’unité africaine
À Cotonou, les congressistes démontrèrent à quel point la proposition française s’inscrivait en faux avec l’air du temps, et la liberté de se confédérer entre États africains fut leur mot d’ordre. Pas que l’indépendance immédiate des territoires africains sous domination coloniale, le congrès de Cotonou avait préconisé la création des États-Unis d’Afrique conformément à la conférence panafricaine de Manchester du 13 au 21 octobre 1945 dont la résolution affirmait que « les divisions et frontières territoriales artificielles créées par les Puissances impérialistes son des mesures délibérées visant à empêcher l’unité politique des nations ouest-africaines »[7].
À Dakar, l’option pour l’unité africaine sera réitérée par le Mouvement de Libération Nationale (MLN) dans un manifeste signé et publié à la veille de l’accueil du Général de Gaulle. Les signataires du manifeste soutinrent la proposition des « États-Unis d’Afrique Noire comme idéal collectif moteur pour l’ensemble des Africains »[8] et appelèrent à répondre « NON au référendum du général de Gaulle, en hommes libres et fiers »[9].
Pour la France devenue moins hostile à l’indépendance, la nouvelle stratégie devait consister à éviter que les territoires déjà morcelés ne se reconstituent en de vastes structures fédérales dont elle perdrait le contrôle. D’ailleurs, c’est pour cette raison que le Général de Gaulle a soumis aux colonies françaises la proposition d’une autonomie à l’intérieur d’une communauté française.
Valdiodio Ndiaye est un panafricaniste convaincu de la nécessité d’un État fédéral africain. Mais il savait sans doute qu’en prononçant son discours devant le président de la toute puissante France, il prenait un risque à la fois pour sa carrière politique personnelle et pour l’avenir du Sénégal. Il se trouve ainsi pris dans un étau, pas seulement constitué du peuple sénégalais, mais surtout, entre les tenants des résolutions du congrès de Cotonou et la France coloniale hostile au panafricanisme indépendantiste. Toutefois, il a choisi de porter la voix de plusieurs générations de panafricanistes ayant toutes soutenu la création des États-Unis d’Afrique à l’occasion de diverses rencontres tenues en Europe et en Afrique.
Étant du nombre de la frange de l’élite africaine qui partageait l’idée selon laquelle l’indépendance immédiate devait être suivie d’actes tendant vers la réalisation de l’unité africaine pour le salut africain, Valdiodio Ndiaye défendait, non sans conviction, cet idéal d’unité africaine puisque c’en était un. Il semblait comprendre que la concrétisation d’une nation africaine fédérale demandait du temps et que les peuples devaient d’abord aspirer à une indépendance immédiate avant de se lancer dans le projet qui était à tout le moins noble et ambitieux. C’est ce qu’on pourrait comprendre dans les propos de son discours lorsqu’il dit :
« L’indépendance est un préalable, elle n’est pas une fin en soi. [...] Nous disons indépendance, et nous disons ensuite unité africaine (…) Nous disons Indépendance d’abord, mais en nous fixant ce préalable, nous ne faisons qu’interpréter l’aspiration profonde de tous les peuples d’Afrique Noire à la reconnaissance de leur existence nationale. »
La figure de ce grand homme mérite d’être réhabilitée à l’aune d’une histoire que les Sénégalais doivent se réapproprier.
Yamar Samb est Professeur agrégé des Facultés de Droit
Université Gaston Berger de Saint Louis.
Ousmane Mané Kane est Enseignant-Chercheur / Assistant en Droit public
[3] DIOP (Mbaye-Jacques), Une vie de combat, Dakar, L’Harmattan, 2013, p. 68.
[4] QUEVENEY (Claude), « Les élites indigènes et la culture », L’Action française, 04 octobre, 1937, p. 6.
[5] L’un des faits marquant de la journée du 26 août 1958 au Sénégal a été aussi la présence de porteurs de pancartes où étaient mentionnées les réclamations d’indépendance immédiate. Les porteurs de pancartes étaient à la traque du Général de Gaulle dont le convoi avait changé d’itinéraire pour éviter de les rencontrer. Depuis ce jour, la date du 26 août est considérée au Sénégal comme la « Journée des pancartes ».
EXCLUSIF SENEPLUS - Notre souhait ardent est que l’État lui rende un hommage officiel posthume pour offrir son exemple à la jeunesse qui mérite de connaitre l’ampleur et la qualité de la contribution scientifique de ce chercheur hors-pair
Ndiaga Loum et Ibrahima Sarr |
Publication 21/08/2024
« Vivant, je veux bien être modeste, mais mort, il me paraît naturel qu’on reconnaisse mon génie... » - Michel Audiard
Quarante jours déjà que Momar-Coumba Diop a été mis en terre. Sa disparition a été un choc brutal pour sa famille biologique et sa « famille très étendue », selon les termes de son ami Jean Copans dans la préface de l’ouvrage Sénégal 2000-2012. Les institutions et politiques publiques à l’épreuve d’une gouvernance libérale (Karthala, 2013, 836 p.). Le vendredi 19 avril dernier, comme à son habitude, Momar nous envoya une photo prise par son ami Charles Becker, à l’issue d’un déjeuner dans un restaurant parisien, vers Port Royal-Bertholet, et sur laquelle il était en compagnie de Robert Ageneau, le fondateur des éditions Karthala, devenu son ami depuis leur première rencontre en 1989. Sur l’image, Momar nous semblait en pleine forme. Et nous étions loin d’imaginer que l’irréparable allait se produire quelques semaines plus tard. Lorsqu’à partir du 28 mai dernier nous n’avions plus de ses nouvelles, nous avions pensé qu’il lui était arrivé quelque chose car Momar ne restait pas une journée sans faire signe.
Nous discutions quotidiennement avec lui de la situation politique nationale, surtout avec la crise qui a opposé depuis mars 2021 le pouvoir central et l’opposition dite « radicale ». L’avenir du Sénégal le préoccupait au plus haut point. La décision du président Macky Sall de reporter la présidentielle de février-mars 2024, à la veille de l’ouverture de la campagne électorale, menaçait sérieusement la stabilité du pays. Dans ce contexte préélectoral, le pays est resté debout à l’issue de cette rude épreuve, surtout grâce au Sénégal laïc et citoyen célébré par Pathé Diagne dans Le Sénégal sous Abdoulaye Wade. Le sopi à l’épreuve du pouvoir (Paris, Karthala, 2013, 840 p.), ouvrage publié sous la direction de Momar. Ce Sénégal laïc et citoyen, qui avait fait échec à la tentative du président Wade d’exercer un troisième mandat, a cette fois-ci fait face à la pression de grande envergure exercée par le président Macky Sall. L’alternance du 24 mars 2024 traduisait un rejet de ce dernier et de ses hommes, mais aussi de l’opposition classique. Elle marquait également ce que Pathé Diagne a appelé « la fin du cycle senghorien ». Cette alternance enthousiasma Momar. C’est parce qu’il souhaitait surtout une transformation qualitative des conditions de vie des Sénégalais. Et le rêve lui semblait permis.
Nous avons connu Momar à la fin de nos études doctorales grâce à notre ami, l’archéologue Ibrahima Thiaw de l’IFAN. Nous connaissions bien les travaux de Momar. Notre ami Thiaw estimait qu’il nous fallait collaborer avec Momar et bénéficier de ses conseils avisés. Ce que ce dernier accepta de bon cœur. Ainsi, nous avons vécu avec Momar près d’une vingtaine d’années de compagnonnage. Nos relations avaient fini par déborder le cadre de la recherche pour devenir amicales voire fraternelles.
Nous appartenons aux sciences de l’information et de la communication considérées comme une « inter-discipline » car situées au carrefour des sciences humaines et sociales auxquelles elles empruntent leurs concepts et leurs méthodes. Nos objets sont ceux des médias et de la culture. Nous privilégions une démarche pluridisciplinaire pour les analyser. L’interrogation d’une part de leurs conditions de production et d’émergence, et d’autre part des conditions de leur réception nous autorise à faire appel à la sociologie, à l’histoire, au droit, à la sémiotique, et à l’anthropologie, notamment celle des mondes contemporains chère à Marc Augé. Nous procédons donc à une traversée des disciplines que nous retrouvons non seulement dans les travaux de Momar, mais aussi dans les ouvrages collectifs qu’il a dirigés.
Le début d’une aventure
Après son recrutement à l’Université de Dakar, en 1981, Momar porta sur les fonts baptismaux un groupe de recherches, avec ses amis de la Faculté des Lettres et Sciences humaines comme les historiens Mohamed Mbodj, Mamadou Diouf et Babacar Diop dit « Buuba », les philosophes Souleymane Bachir Diagne et Aminata Diaw, les géographes Latsoucabé Mbow et Paul Ndiaye, le juriste Tafsir Malick Ndiaye et l’économiste François Boye. Leur aspiration, comme Momar l’a rappelé souvent dans ses écrits, était de forger une autonomie intellectuelle, d’être à même d’influencer les orientations, l’écriture et le déroulement des travaux menés sur le Sénégal. Ils avaient surtout bénéficié de l’appui de leurs aînés Boubacar Barry et Abdoulaye Bathily du Département d’Histoire. Leur rencontre avec (le défunt) Thandika Mkandawire, à l’époque directeur exécutif du Codesria, a été une étape importante dans le cheminement intellectuel et professionnel de Momar et de ses amis. En leur ouvrant les portes de son institution, Thandika Mkandawire leur a permis d’accéder à des travaux novateurs, de découvrir d’autres traditions de recherches et d’engager des confrontations scientifiques avec des chercheurs de l’Afrique francophone et de l’Afrique anglophone. Momar a toujours insisté sur le fait que si certains membres de ce groupe n’avaient pu terminer leurs thèses d’État ou avaient renoncé à les rédiger – une étape pourtant importante pour gravir de nouveaux échelons dans la hiérarchie universitaire - c’est parce qu’ils étaient engagés corps et âme dans leur agenda de recherches.
Ce groupe a publié en 1992, sous la direction de Momar, Sénégal. Trajectoires d’un État (Dakar, Codesria, 501 p.), un ouvrage axé sur une histoire économique et sociale du Sénégal, traduit en anglais sous le titre Senegal. Essays in statecraft (Dakar, Codesria, 1993, 491 p.). Mais Momar s’était déjà révélé en 1990 à travers la publication, avec son ami Mamadou Diouf, de Le Sénégal sous Abdou Diouf (Paris, Karthala, 1990, 439 p.) consacré au Sénégal post-senghorien. Momar remit ça en 1994 avec deux ouvrages collectifs : Le Sénégal et ses voisins (Dakar, Sociétés-Espaces-Temps, 326 p.) et La crise de l’agriculture africaine (Dakar, Sociétés-Espaces-Temps, 149 p.). Suit en 1999 Les figures du politique en Afrique. Des pouvoirs hérités aux pouvoirs élus ((Paris-Dakar, Codesria/Karthala, 444 p), co-édité avec Mamadou Diouf, et qui constitue une somme de travaux sur les systèmes de transfert du pouvoir en Afrique.
Après l’exil aux États-Unis d’Amérique de ses amis Mohamed Mbodj, François Boye, Mamadou Diouf et Souleymane Bachir Diagne, Momar sentit la nécessité de renouveler son groupe de recherches en faisant appel à de jeunes chercheurs. Au début des années 2000, il élabora un projet intitulé « Sénégal 2000 » dont l’objectif était de montrer, à partir de divers territoires de recherche, les changements et ruptures que le Sénégal a connus aux plans politique, socio-culturel et économique entre 1960 et 2000.
Momar se distingua par ce que Jean Copans a qualifié d’« activisme éditorial ». Nous ne pouvons énumérer ici la longue liste d’ouvrages collectifs publiés sous sa direction. Nous pouvons néanmoins en citer quelques-uns. En 2002, Momar a co-édité La construction de l’État au Sénégal (Paris, Karthala, 2002, 231 p.) avec Donal Cruise O’Brien et Mamadou Diouf. En outre, les résultats du projet de recherche « Sénégal 2000 » sont publiés en trois volumes par les éditions Karthala : Le Sénégal contemporain (Paris, 2002, 656 p.), La société sénégalaise entre le local et le global (Paris, 2002, 723 p.) et Gouverner le Sénégal (Paris, 2004, 301 p.).
Un passeur de connaissances exceptionnel
En 2004, Momar fonda avec un groupe d’amis - constitué entre autres de Charles Becker, Ousseynou Faye, Ibrahima Thioub, Ibou Diallo, Alfred Inis Ndiaye et Ndiouga Adrien Benga - le Centre de recherche sur les politiques sociales (Crepos). Un centre qu’il dirigea de manière bénévole jusqu’en 2009. Le Crepos lui a rendu hommage à travers l’ouvrage Comprendre le Sénégal et l’Afrique d’aujourd’hui. Mélanges offerts à Momar-Coumba Diop (I. Thioub et al., Paris, Karthala, 2023, 720 p.).
Les relations de Momar avec ses jeunes collègues et amis étaient surtout empreintes de respect et d’estime. Il jouissait d’une forte personnalité et faisait montre d’une grande intransigeance sur les questions d’éthique ou de morale. Il tenait aussi à sa liberté comme à la prunelle de ses yeux. Son agenda de recherches n’était pas inspiré ou dicté par une institution publique ou privée sénégalaise ou par une fondation étrangère. En outre, comment parler de Momar sans évoquer sa pudeur, sa discrétion légendaire, et sa grande modestie. Lorsque nous le félicitâmes, après la parution des « Mélanges », il nous remercia pour nos contributions respectives, en ajoutant : « J’essaie tout simplement de rester fidèle à ma fonction de missionnaire laïc ». Tel était Momar, loin du culte du moi, préférant les arias légers aux symphonies bruyantes, et toujours au service des autres.
Momar était un passeur de connaissances exceptionnel. Il tenait absolument à assurer la relève et consolider l’héritage scientifique africain et sénégalais. Il savait créer les contacts avec les grands éditeurs pour le compte des plus jeunes chercheurs et assurait personnellement le suivi éditorial. Sa rigueur scientifique était telle qu’aucun détail de forme ou de fond n’échappait à sa vigilance. Cette générosité intellectuelle spontanée, vraie, sincère est une source d’inspiration, mieux, une école de vie pour nous, ses jeunes frères. Nous ne pourrons rien faire sur ce plan qui pourrait égaler son investissement, son engagement, mais nous avons le devoir moral d’essayer de suivre son exemple pour honorer sa mémoire.
Comme le souligne avec raison notre collègue Abdourahmane Seck, dans un témoignage intitulé « Une lettre à ma nièce... », publié dans les « Mélanges » offerts à Momar, nous devons à ce dernier « une dette impossible à rembourser ». Momar nous a fait l’honneur de nous intégrer dans sa « famille très étendue ». Il nous coopta également dans l’équipe devant participer à la réédition de l’ouvrage Le Sénégal et ses voisins, projet qu’il n’a pu hélas boucler.
Cet intellectuel magnifique était notre ami. Nous tenons à lui rendre un hommage mérité. Ne soutenait-il pas, avec Mamadou Diouf, à travers une contribution intitulée « Amady-Aly Dieng. La trajectoire d’un dissident africain » [publiée en avril 2007 dans la presse quotidienne dakaroise, pour exalter le « Doyen », après que ce dernier a offert sa bibliothèque à l’Université Cheikh Anta Diop] que « la communauté universitaire doit honorer ses membres les plus éminents car l’hommage aux créateurs est une manière de constituer une communauté solide de chercheurs ». Dieu fasse que Momar puisse continuer à nous inspirer. Notre souhait ardent, à travers ce témoignage, est que l’État lui rende un hommage officiel posthume pour offrir son exemple à la jeunesse qui mérite de connaitre l’ampleur et la qualité de la contribution scientifique de ce chercheur hors-pair qui a su faire briller l’UCAD, l’IFAN et donc le Sénégal, partout où la science sans frontière a pu se rendre.
Ndiaga Loum, UQO (Canada)
Ibrahima Sarr, CESTI-UCAD (Sénégal)
Par El Hadj Boubou SENGHOTE
REPONSE A MONSIEUR MOUHAMADOUL MOKHTAR KANE
Le Collectif d’Associations de Fulɓe dénommé « KAWTAL PELLE FULƁE » voudrait donner, ci-dessous, son point de vue sur les questions : « Le wolof, langue officielle à côté du français » et « Débaptiser la ville Saint-Louis »
Dans sa livraison n° 9711 des 14 et 15 août 2024, WalfQuotidien a publié, dans la rubrique « Contribution », un article de Monsieur « Mouhamadoul Mokhtar KANE, Expert en communication, Directeur associé du cabinet KNG consulting, Chercheur en civilisation musulmane et en relations internationales, écrivain », intitulé « PASTEF / LES PATRIOTES AU POUVOIR : UN COUP D’ACCELERATEUR A LA DECOLONISATION CULTURELLE ».
Dans cet article, M. KANE a, après le préambule, abordé, successivement, quatre questions, à savoir :
-Faux décolonisateurs et faux décolonisés ;
-Le wolof, langue officielle à côté du français ;
-Diomaye et Sonko en mode décolonisation ;
-Débaptiser la ville Saint-Louis.
Le Collectif d’Associations de Fulɓe dénommé « KAWTAL PELLE FULƁE » voudrait donner, ci-dessous, son point de vue sur les questions 2 et 3 abordées par M. KANE dans sa contribution sus-évoquée.
1)- Le wolof, langue officielle à côté du français
A ce sujet, M. KANE déclare que :
a)-« Au Sénégal, nous avons la fâcheuse habitude de différer les solutions à nos problèmes. La question de l'utilisation de nos langues nationales à l’école et dans l’Administration est un vieux débat qui n’a jamais été vidé. Nous sommes toujours restés au stade théorique, c’est-à-dire à celui des échanges et des propositions. Il est temps de passer aux actes.»
En clair, M. KANE aussi veut simplement, à la suite des romanciers et essayistes Ngugi Wa Thiong’o du Kenya et Boubacar Boris DIOP du Sénégal qui avaient sorti un papier en mai 2024 à ce propos, suggérer aux dirigeants du « PASTEF » de formaliser coûte-que-coûte leur promesse de faire du wolof la langue co-officielle de la République du Sénégal.
C’est vrai que la question n’est pas nouvelle. C’est vrai qu’il y a, depuis de très nombreuses années, des lobbies qui s’activent pour que le wolof soit formellement reconnu comme langue sinon officielle du moins co-officielle du Sénégal.
Feu le Président Léopold Sédar SENGHOR avait été approché à cette fin, mais s’était montré prudent. En 1986, une « Commission nationale pour la Réforme de l’Education et de la Formation » avait été mise sur pied, sous la présidence du Pr Iba Der THIAM. Après de longues et âpres discussions sans accord ni consensus, le Pr Souleymane NIANG, en sa qualité de modérateur, avait proposé d’ajourner les travaux, qui n’ont jamais repris depuis lors. Pour dire clairement les choses, le Pr Iba Der THIAM et ses compagnons étaient pour le choix du wolof comme « langue d’unification des Sénégalais » et le pulaar comme « langue d’intégration sous-régionale ». « Fedde Ɓamtaare Pulaar » (Association pour la Renaissance du Pulaar-ARP) avait mis son veto. Et pour cause !
Six (06) ans plus tard, soit en 1992, les Pr Iba Der THIAM, Sakhir THIAM, Pathé DIAGNE et autres, sont revenus à la charge, en suggérant au Président Abdou DIOUF de faire du wolof la langue d’Etat et du pulaar la langue de périphérie. Ayant eu vent de l’affaire, nos regrettés Aboubacry KANE, Dr Oumar WONE et Yéro Doro DIALLO (qu’Allah leur fasse miséricorde et leur accorde le Firdaw’s) ainsi que le patriarche Cheikh Hamidou KANE, sont allés voir le Président Abdou DIOUF (qu’Allah leur accorde une plus longue vie terrestre), pour le prévenir que les Fulɓe du Sénégal rejettent avec la dernière énergie les propositions qui lui ont été faites et que si jamais il les acceptait, il risquerait d’exposer le Sénégal à des dangers aux conséquences incommensurables !
Le Président Abdoulaye WADE avait, pour sa part, entrepris de passer à l’action, sitôt après son accession à la magistrature suprême du Sénégal, en 2000. Des Fulɓe se sont encore dressés pour dire niet, pour des raisons évidentes sur lesquelles il n’est plus besoin de revenir, tellement elles ont été étayées en profondeur au cours de ces dernières années.
A l’inverse, le Président Abdoulaye et son ancien homologue mauritanien Maouya Ould Sid’Ahmed Taya avaient refusé systématiquement la proposition du guide libyen, le tout aussi regretté Mouammar Kadhafi, de faire du pulaar l’une des principales langues officielles de travail de l’Union africaine. Au motif que s’ils avalisaient cela, ils seraient confrontés à des problèmes, une fois de retour dans leurs pays respectifs.
Un membre de la délégation sénégalaise s’était même écrié à partir d’un coin de la salle de réunion du Sommet de l’Organisation continentale: « Pourquoi le pulaar ? » Le Président Abdoulaye WADE avait, par la suite, instruit la délégation sénégalaise aux première et deuxième Sessions extraordinaires de la Conférence de l’Union africaine, tenues respectivement les 03 février et 11 juillet 2003, respectivement à Addis-Abeba (Ethiopie) et à Maputo (Mozambique), de plaider en faveur du swahili comme langue de travail de l’Organisation continentale.
Nous connaissons la suite: le swahili qui tire 50% de son vocabulaire de l’arabe et le reste du créole et d’autres langues, fut accepté comme langue officielle de travail de l’Union africaine. Oui, le swahili qui était en compétition avec le pulaar depuis de nombreuses années, fut officiellement accepté lors de la Trente-Cinquième Session ordinaire de l’Assemblée générale de l’Union africaine, qui s’est tenue les 05 et 06 février 2022 à Addis-Abeba.
Pour le regretté guide libyen, le pulaar et le swahili devaient absolument être du nombre des principales langues de travail de l’Organisation continentale, à côté de l’anglais, l’arabe, l’espagnol, le français et le portugais.
Elu Président de la République du Sénégal en 2012, le Président Macky SALL a fait ce qu’aucun autre Chef d’Etat sénégalais n’avait fait ! En effet, « Mbeñuganna », l’héroïque fils d’Amadou Abdoul SALL et de Coumba THIMBO a simplement fait du wolof la langue co-officielle de la République du Sénégal. Un tel parti pris de la part du Président Macky SALL en faveur du wolof n’est d’ailleurs guère surprenant; la partie consacrée dans sa biographie aux langues qu’il parle étant libellée ainsi qu’il suit : « wolof, français, pulaar, sérère et anglais. » Ainsi donc, le Président Macky SALL qui avait pourtant eu à déclarer être Toucouleur de par ses parents, mais Sérère de par sa culture, a-t-il jeté son dévolu sur le wolof comme étant sa première langue.
Ce n’est pas tout, car à la page 51 du livre paru en septembre 2023 et préfacé par le journaliste-politologue Yoro DIA, qu’il a consacré à son ami sous le titre « MACKY SALL : DERRIERE LE MASQUE », le journaliste-écrivain sénégalais Madiambal DIAGNE informe que c’est « Laam-Tooro » en personne qui a interdit les reportages en pulaar des grands événements nationaux sur les antennes de la RTS :
« …Un jour, les journalistes Pape Samba Kane (PSK) et Abdou Salam Kane (ASAK) demandent à voir le Président Sall pour l'alerter sur une nouvelle pratique dans les médias audiovisuels publics (RTS), qui semble donner à la langue pulaar une place devenue subitement importante et que cette pratique pourrait heurter quelques esprits dans ce contexte chargé d'accusations de préférences ethniques contre le régime de Macky Sall.
Les reportages en direct des festivités de la fête de l'Indépendance qui étaient faits sur les antennes de la RTS en français (langue officielle) et en wolof (langue parlée par le plus grand nombre de la population) sont désormais systématiquement faits en pulaar. Le Président les invite à déjeuner le 4 janvier 2016. Au sortir de la rencontre, il prend les dispositions pour faire arrêter cette pratique dans les reportages de la RTS. »
Nul n’ignore que depuis son élection à la tête de l’Etat sénégalais en 2012, les 99% des émissions télévisées consacrées aux langues nationales se font dans la seule langue wolof (une pratique qui est restée inchangée à ce jour) ce, en violation flagrante des dispositions pertinentes de la Constitution de la République du Sénégal.
Le Président Macky SALL a donc balisé le terrain pour permettre à son successeur de parachever l’œuvre de wolofisation de la population sénégalaise tout entière ; un vœu si cher aux fossoyeurs de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Car c’est de cela dont il est manifestement question, quant au fond. Il restait tout bonnement à formaliser cela par un acte. Le prétexte ayant été trouvé avec les résultats du Cinquième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-5) aux termes desquels le wolof serait la langue nationale sénégalaise la plus parlée, avec 8 525 098 de locuteurs, soit 53, 5% de la population, suivi du pulaar qui compterait 4 175 468 locuteurs, correspondant à 26, 2% de la population sénégalaise, le Gouvernement de Son Excellence Monsieur le Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE pourrait ne pas tarder à vouloir passer à la vitesse supérieure, par l’adoption de l’acte idoine consacrant le wolof langue co-officielle de la République du Sénégal ! Voilà donc pour le long chemin parcouru !
Le plus intriguant dans cette affaire est qu’aucune de ces hautes autorités, ni aucun de ces intellectuels dits éclairés nommés dans notre contribution-ci, n’est de l’ethnie wolof ! Nous disons bien aucun !
Mais nous prévenons que les craintes de nos valeureux défenseurs de la langue pulaar, demeurent plus que jamais fondées. S’il y a de terribles forces des ténèbres qui tiennent absolument à détruire le Sénégal qu’ils croient être le pays de leurs seuls géniteurs, eh bien ils répondront de leurs actes devant le Juge Suprême, Le Plus Juste des juges. Car nous ne comptons pas faire moins que nos valeureux oncles Fulɓe susnommés, ceux-là qui étaient allés trouver le Président Abdou DIOUF, pour lui dire que le monde entier saura ce dont les vrais Fulɓe sont capables, si leur honneur est en jeu, si on cherche à les rayer de la surface du globe!
Car il existe dans ce pays plusieurs millions de Kanhanɓe et de Salsalɓe, de véritables descendants des Almaami Abdul Qaadiri KAN, Elimaan Bubakar KAN, Abdul Bookar KAN, Abuubakri KAN, Sheex Haamiidu KAN, Laam Tooro Siddiki SAL, Mammadu Yero SAL, autres que les membres susnommés du Club de la Suprématie Wolof (nous en connaissons d’autres, ceux qui agissent dans l’ombre, les embusqués, qui ne perdent rien à attendre, eux-aussi.)
Nous n’accepterons jamais, nous autres, de nous comporter à l’image de ces Juifs qui se targuaient d’être des descendants du Prophète Ibrahim (Abraham) ; descendance que le Messager d’Allah Issa ibn Mariam (Jésus Fils de Marie) avait niée tellement leur comportement jurait avec celui de l’Envoyé d’Allah à qui ils prétendaient s’identifier, selon la narration contenue dans les versets 39, 41, 44 et 47 de l’Evangile selon Jean :
« Notre père, c'est Abraham (dirent les Juifs). Jésus leur dit: Si vous étiez enfants d'Abraham, vous feriez les œuvres d'Abraham…Vous faites les œuvres de votre père. Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père… Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu; vous n'écoutez pas, parce que vous n'êtes pas de Dieu.»
Nous pouvons en dire autant de Yâm, en faveur de qui son père, le Prophète Nouh (Noé) avait invoqué lorsqu’il était sur le point de se noyer lors du Déluge : « Et Noé invoqua son Seigneur et dit : ‘’Oh mon Seigneur, certes, mon fils est de ma famille et Ta promesse (concernant le sauvetage de ma famille) est vérité. Tu es le plus juste des juges’’. Il (Allah) dit : ‘’Oh Noé, il n’est pas de ta famille, car il a commis un acte infâme…’’ (Sourate 11, versets 45 et 46).
Pourtant, nous savons que Yâm, est bien le fils selon la chair du Prophète Nouh. Mais vu qu’étant mécréant il n’accomplissait pas les mêmes œuvres que son père, Allah L’Omniscient l’a retranché de la famille de ce dernier.
Ainsi donc, tenant nous-mêmes à nous conduire à l’image et à la ressemblance des Almaami Abdul Qaadiri KAN, Elimaaan Buubakar KAN, Abuubakri KAN, Sheex Haamiidu KAN, Laam-Tooro Sidiki SAL, Mammadu Yero SAL, nous ne braderons pas notre langue, vectrice de notre riche patrimoine culturel. Fulɓe, nous ne nous suiciderons pas pour ressusciter en Wolofs ! Nous n’avons nullement la prétention d’être meilleurs que qui que ce soit ; la piété qui n’est connue que d’Allah L’Omniscient Seul étant l’unique critère de noblesse en Islam, mais nous ne courberons l’échine devant aucune autre créature sous ce ciel.
Nous faisons solennellement le serment de marcher sur les plates-bandes de nos autres valeureux ancêtres Ceerno Sileymaani Raasin BAAL et ses anciens condisciples de Pir Sañokor, ainsi que des nombreux autres patriotes « Haalpulaar’en » qui avaient crânement fait face aux colonialistes, au péril de leur vie, pour la liberté et la dignité des Fuutaŋkooɓe, et parmi lesquels nous pouvons citer Sayku Umar TAAL et son général des Armées Alfaa Umar Ceerno Baylaa (de Kanel), Hammaat BAH dit Maba Jaxu BAH, le jeune homme de 24 ans Baydi Kacce PAAM (de Giyaa), la brave Pennda Muusaa Bukari SAAR (de Ŋawle), Ceerno Sammba Jaadanaa NJACC (de Madiina Njacɓe ou encore Juude), le jeune Aali Yero JOOP et ses 44 partisans (de Fanay), Abdul Bookar KAN (de Daabiya), Demmba TAAL alias Kalmbaan (de Ngijilon), les MbummbalnaaɓeMammadu Biraan WAN, Demmba Daramaan WAN, Bookar Abdul Gurmo, Baylaa et Hammadi Kuro, etc..Et nous ne fléchirons, ni ne trébucherons, In Chaa Allah ! Jusqu’à la fin de toute chose, au besoin.
b)-« Rares sont les pays au monde où existe le monolinguisme, c’est-à-dire une langue unique, parlée et comprise par tout le monde. Aux Etats-Unis d’Amérique, les Hispaniques représentent une réalité à la fois sociale et linguistique, malgré l’omniprésence de l’anglais. En France, le français, langue officielle, cohabite avec le breton et le corse. Au Maroc, l’arabe, langue officielle avec le français, partage l’espace national linguistique avec la langue berbère, l’amazighe. Ces exemples qui foisonnent dans le monde, montrent que la diversité linguistique au sein d’un pays n’exclut pas le choix d’une de ses langues comme langue officielle. »
En fait, les Etats-Unis d’Amérique n’ont même pas de langue officielle à proprement parler. Ils n’ont déclaré aucune langue comme étant officielle, spécifique, même si la plupart des documents et règlements sont rédigés en anglais et en espagnol. Pour ce qui concerne la France aussi, c’est seulement en 1992 que le français qui était sérieusement menacé par l’anglais, aurait été déclaré formellement langue officielle de la République française, en vertu de l’article 2, alinéa premier de la Constitution. L’article 2, alinéa 2 de la Loi n° 94-665 du 04 août 1994 a précisé que la langue française est la langue des Services publics.
Cela dit, de nombreux pays autres que la France et le Maroc ont plusieurs langues de travail. Nous pouvons citer parmi eux la Belgique (3 langues : le néerlandais, le français et l’allemand), Fidji (3 langues : l’anglais, le fidjien et le hindi), le Luxembourg (3 langues : le luxembourgeois, le français et l’allemand), le Sri-Lanka (3 langues : le cinghalais, le tamoul et l’anglais), le Vanuatu (3 langues : le bislama, l’anglais et le français), le Pakistan (3 langues : l’urdu, le punjabi et l’anglais), la Papouasie Nouvelle-Guinée (4 langues : l’anglais, le tok, le pisin et le hiri motu), Singapour (4 langues : le malais, l’anglais, le mandarin et le tamoul), l’Espagne (4 langues : l’espagnol, le catalan, le galicien et le basque), la Suisse (4 langues : l’allemand, le français, l’italien et le romansh), l’Afrique du Sud (plusieurs langues), le Nigéria (plusieurs langues), le Zimbabwe (plusieurs langues), etc..En somme, plus de trente (30) pays ont plus d’une langue de travail !
c) –« Au Sénégal, des intellectuels ont, par le passé, suggéré le wolof, langue parlée et comprise par l’écrasante majorité de la population, comme langue officielle. Parmi eux, l’ancien député, Haal pulaar bon teint, Samba Diouldé THIAM qui, il y a de cela plusieurs années, avait défendu avec courage et pertinence, cette idée dans une brillante tribune publiée dans la presse. »
Même si l’on se réfère aux chiffres très éloignés de la réalité du RGPH-5 selon lesquels 53, 5% de la population sénégalaise comprennent le wolof, on devrait s’interdire de dire que le wolof est « une langue parlée et comprise par l’écrasante majorité de la population ».
Monsieur Mouhamadoul Mokhtar KANE a commis l’imprudence d’invoquer le Pr Samba Diouldé THIAM avant de s’assurer que la pensée de l’homme n’avait pas évolué, car de nombreuses années se sont écoulées depuis cette fameuse « brillante tribune publiée dans la presse » (si tant est que le Pr ait réellement écrit ce que notre thuriféraire du wolof et du pouvoir pastéfien lui prête). M. KANE aurait dû s’assurer que le Pr Samba Diouldé THIAM, le grand Samba Diouldé THIAM n’avait pas changé, dans sa façon de voir le monde. Pour ne pas dire qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas, convenons avec Patrick ORTET que « Le fait de changer d’idée, c’est une forme d’intelligence. Cerner l’avis des autres et déduire que la cohérence n’était pas dans notre raisonnement, c’est positif. »
En tout état de cause, le distingué mathématicien Samba Diouldé ne saurait se tromper ad vitam aeternam. Dans une contribution de haute facture publiée dans la livraison du 28 mars 2019 de « SENEWEB.COM », l’ancien Vice-Président de l’Assemblée nationale, avait déclaré, entre autres, à propos des langues nationales : « Dans notre pays, il y a des langues qui ne sont parlées qu’ici et pas ailleurs. Leur présence dans le monde est liée à leur seule existence au Sénégal. Pouvons-nous et devons-nous accepter que ces langues soient effacées de la carte du monde pour autant ? Jamais, car ce serait un ethnocide cruel et infamant. Ce serait lézarder le Sénégal et par la faute des Sénégalais. Alors, si nous refusons qu’une quelconque partie de nous soit exclue du monde, pourrions-nous alors accepter que cette partie ou ces parties soient interdites d’existence sur nos propres terres ? Assurément, non. Dès lors, il faut exister ensemble et organiser cette coexistence dans l’intérêt de tous. »
Il partageait ainsi les propos de l’éminent Philosophe Souleymane Bachir DIAGNE, suivant lesquels, entre autres, « les écoles africaines doivent devenir un espace multilingue avec un vraie politique linguistique, qui consisterait à renforcer la maîtrise du français et à introduire les langues africaines dans l’enseignement pour en faire des langues de savoir et de créations. » Car « pour le Professeur Souleymane Bachir Diagne et bien d’autres, avant et après lui », la solution c’est le « multilinguisme, encore le multilinguisme et toujours le multilinguisme dans nos systèmes éducatifs. »
Ceci se passe de commentaire ! C’était à l’occasion de la célébration de la Journée de la Francophonie. Dix (10) ans auparavant, soit en 2009, il s’était également fendu d’un texte qui « s’inscrivait dans l’organisation harmonieuse de cette coexistence. »
Le 18 juillet 2022, l’illustre natif de Matam a pareillement prôné le pluralisme linguistique aussi bien dans l’administration que dans le système éducatif sénégalais (Cf. Entretien avec des journalistes de « Bes Bi. ») La position du Président Samba Diouldé THIAM sur la question des langues nationales est sans équivoque : « Pendant toute ma présence à l’Assemblée nationale comme député, j’ai saisi toutes les bonnes occasions pour aborder la question. Je l’ai fait avec passion, lucidité, détermination et responsabilité avec le souci permanent de préserver mon pays des fractures identitaires, car nous avons tous des identités multiples respectables et enrichissantes. Que personne ne demande à personne de ne pas être soi-même d’abord, car cela serait un outrage à la nature humaine. Que chacun respecte chacun dans son intégrité est la formidable leçon de nos religions révélées, comme de nos religions traditionnelles africaines. » Et le brillant mathématicien de clore son propos : « Vive le multilinguisme, facteur de rassemblement, de cohésion nationale et africaine, de désaliénation coloniale et de paix. »
Tout récemment aussi, précisément au mois de mai 2024, le Président Samba Diouldé THIAM disait sans ambages que : « …Sauf erreur de ma part, je crois que les autres Sénégalais se débrouillent plus ou moins pour s'exprimer en wolof, à l'inverse les Wolofs sont réticents à s'exprimer dans les autres parlers…L'argument du mépris des autres est tout simplement stupide et personne ne peut s'en vanter publiquement…Alors, comment aller vers des regroupements politiques et économiques en Afrique, si chaque pays rechigne à gérer avec compétence et lucidité sa diversité ethnolinguistique et court vers un hégémonisme suicidaire ? »
Bravo, Professeur ! Juŋngo maa fuuɗaama, seydi CAAM !
d)-« L’idée n’est nullement de minimiser les autres langues qui, pour nous, sont toutes d’égale dignité. Nous considérons que toutes les langues se valent. Nous avons le devoir de les promouvoir et de les développer aussi bien au niveau national qu’à l’échelle internationale. Ce choix du wolof pourrait se justifier pour des raisons de réalisme linguistique et d’intelligence stratégique. Le wolof étant aujourd’hui, au niveau national, notre plus grand dénominateur commun sur le plan linguistique…, le wolof qui, au-delà du Sénégal, est largement parlé en Gambie, en Mauritanie et un peu moins chez nos voisins des deux Guinée et du Mali. »
Ne manquez pas de courage, Cher Monsieur Mouhamadoul Mokhtar KANE ! Assumez que vous et vos semblables n’avez que du mépris envers les langues nationales sénégalaises, excepté le wolof. Soyez sérieux et cessez de nous prendre pour ce que nous ne sommes pas ; pour ce que nous sommes loin d’être!
Certes, toutes les langues sont d’égale dignité, en regard des dispositions constitutionnelles. Mais dans la pratique, tous les Gouvernements qui ont dirigé le Sénégal depuis les indépendances africaines de 1960, ont conféré au wolof la préséance sur toutes les autres langues nationales codifiées. Cela, même les sourds, muets et aveugles de naissance le savent !
Certes, toutes les langues se valent. Expliquez-nous alors au nom de quoi l’on s’est permis d’octroyer vingt-six émissions dans tous les domaines à la seule langue wolof sur la RTS (contre une seule émission à chacune des autres langues nationales, du lundi au vendredi, pour donner quelques informations uniquement); choisi le wolof uniquement pour les discours officiels ; le wolof, le français et l’anglais au niveau de l’aéroport international Blaise-DIAGNE, du TER, à bord de la Compagnie nationale Air Sénégal ; le wolof et le français au niveau du BRT appelé lui-même « SUÑU BRT » ; le wolof au niveau de DAKAR-DEM-DIKK ; le wolof pour les noms dans les programmes gouvernementaux et pour désigner des localités, des structures, des Sociétés publiques ou des Sociétés d’économie mixte, etc..
Certes, toutes les langues se valent, sont d’égale dignité. Expliquez-nous alors de quel droit vous vous permettez, vous-même, Monsieur Mouhamadoul Mokhtar KANE, de dire qu’il est temps de promouvoir le wolof au rang de « langue officielle, à côté du français », de langue co-officielle de la République du Sénégal ?
Non, Monsieur ! Le wolof n’est parlé qu’au Sénégal, en Gambie et au sud de la Mauritanie, mais pas au Mali ni dans les deux Guinée. Ceux qui parlent wolof au Mali et dans les deux Guinée sont plutôt des immigrés sénégalais.
Monsieur Mouhamadoul Mokhtar KANE n’est pourtant pas dans l’ignorance de ce que le pulaar également, au-delà du Sénégal (où, soit dit en passant, il compte de loin le plus grand nombre de locuteurs natifs) est largement parlé en Gambie, en Mauritanie, dans les deux Guinée, au Mali, mais en plus au Niger, au Nigéria, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Libéria, en Sierra Léone, au Cap-Vert, au Ghana, au Togo, au Bénin, au Cameroun, en République Centrafricaine (RCA), au Tchad, au Soudan et un peu moins en Algérie, au Caire et en Ethiopie ! Comparez, cher Monsieur KANE et dites-nous s’il y a vraiment photo !
Donc, si le choix de la langue doit être fondé sur « des raisons de réalisme linguistique et d’intelligence stratégique », convenons qu’en regard de ce qui précède, Monsieur KANE et ses amis manquent tous de réalisme et d’intelligence ! Car encore une fois, le pulaar compte non seulement le plus grand nombre de locuteurs natifs au Sénégal, mais est également la langue la mieux préparée dans le domaine de l’intégration africaine ; parce que parlée dans au moins vingt-trois (23) pays, alors que le wolof n’est parlé que dans trois (03) pays uniquement ; tout comme dans le domaine des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.
f)-« Il y a une centaine d’années, l’allemand était dans le monde une réalité dans le domaine scientifique et le français dans le domaine de la diplomatie. L’heure est à l’anglais et au chinois. Le temps viendra où ce sera celle de l’espagnol, de l’arabe ou du pulaar. Pourquoi donc nous interdire la préparation à de telles éventualités… »
“Nde wojere ƴoƴi ndee, fayi ko ladde! Ndeen noon anndu a famɗirii wiyde aɗa fuunta min, Kan’yel!”
En vérité, une menace pèse dès qu’une langue n’est plus en état d’expansion, qu’elle perd une partie de ses fonctions de communication, qu’elle n’est plus pratiquée quotidiennement pour les besoins usuels de la vie, qu’elle n’est plus rentable au plan économique. C’est connu : l’uniformisation constitue, à long terme, une menace pour le genre humain, alors que la diversité linguistique est un atout pour l’humanité. Des penseurs ont étudié minutieusement la question, pour aboutir à la conclusion que lorsqu’une culture est assimilée par une autre, la langue menacée finit, à terme, par disparaître. C’est à cela qu’on veut nous mener. Nous disons niet ! Nous disons non à cette menace de notre humanité qu’est l’uniformisation ! Que le wolof attende !
La disparition des langues devrait nous préoccuper au même titre que celle des espèces animales ou végétales. Il est unanimement admis que si la multiplicité des cultures est une condition nécessaire pour un développement humain réussi, alors la préservation de la diversité linguistique est essentielle, puisque les langues écrites et orales sont le principal mode de transmission des cultures.
Nous ne différerons pas l’utilisation du pulaar. Nous pratiquerons notre langue au quotidien et invitons les Autorités sénégalaises compétentes à nous accorder ce qui nous revient de droit en vertu de la Constitution de la République. Il nous revient, concernant la question des langues nationales, que certains semblent adhérer au mythe de Babel, suivant lequel la multiplicité des langues serait plus une malédiction « imposée par Dieu comme châtiment à l’orgueil débordant de l’humanité », qu’un bienfait émanant du Tout-Miséricordieux, du Très-Miséricordieux. Or, rien n’est moins vrai. Plutôt que la paix, un monde monolingue a le plus souvent été source de tension.
En effet, la majeure partie des atrocités commises dans le monde à ce jour, de l'holocauste juif au génocide rwandais, ont été engendrées par des sentiments de mépris de certains envers d’autres. Les atrocités commises au Cambodge, au Vietnam, en Yougoslavie, en Irlande du Nord et, plus près de nous aussi bien dans le temps que dans l’espace, au Rwanda, au Burundi, en Côte d’Ivoire, sont encore fraîches dans nos mémoires. De nombreuses Nations réputées grandes qui avaient opté pour l’unilinguisme, ont connu des guerres civiles (qu’Allahu Ta’aalaa nous en préserve) ; la langue étant le plus grand emblème d’une communauté. Nous gagnerions donc à nous instruire par la négative de ces expériences.
g)-« …nous devons nous cramponner à nos langues nationales tout en défendant, à travers nos médias et nos écrits, le principe de la diversité linguistique et culturelle tant au niveau national qu’à l’échelle universelle…C’est la diversité qui confère le dynamisme culturel au niveau national quand il est respecté au niveau local. »
Contrairement à ce que Monsieur Mouhamdoul Mokhtar KANE et ses compères feignent défendre, l'Etat du Sénégal a tout mis en œuvre pour imposer le wolof comme seule langue de travail dans les programmes éducatifs, les médias et l’espace public ce, avec les biens de tous les Sénégalais, avec les biens communs aux Sénégalais de toutes les Ethnies.
Nous l’avons régulièrement dénoncé, c’est avec l’argent de tous les Sénégalais sans exclusive que la Maison de la Presse a été construite, de 2007 à 2012, que le fonds d’appui à la presse d’un montant de 1 400 000 000 de F CFA était accordé, avant d’être porté, en novembre 2023, à 1 900 000 000 F CFA. C’est également au nom de tous les Sénégalais que la dette fiscale qui s’élevait à plus de 40 milliards de F CFA et les redevances des entreprises de presse d’un montant de 30 milliards de F CFA (soit plus de 70 milliards de F CFA au total) ont été épongées en mars 2024 par Monsieur le Président Macky SALL, votre prédécesseur, et que la redevance des télévisions et radios qui s’élevait mensuellement à 1 000 000 de F CFA a été ramenée à 500 000 F CFA, donc réduite de moitié, etc..
Ce n’est pas avec l’argent de nos parents de l’ethnie wolof uniquement que la RTS a été créée et son personnel régulièrement rémunéré depuis qu’elle a vu le jour ! Pareillement, ce n’est pas avec l’argent de nos parents de cette même ethnie uniquement que le nouveau siège de la RTS d’un coût de 33 865 000 000 de F CFA a été construit et que des parcelles de terrain à usage d’habitation (une mesure que nous saluons) leur ont été accordées à Diamniadio (pour certains) et dans la zone aménagée de Thiès (pour d’autres), etc. !
Monsieur Mouhamadoul Mokhtar KANE sait parfaitement que nous défendons le multilinguisme depuis des lustres. Mais personne ne veut nous suivre sur ce terrain qui est pourtant la voie royale menant vers le succès d’une politique linguistique viable, digne de ce nom. Hélas ! Il existe dans ce pays une race de personnes qui milite en faveur de l’unilinguisme, qui tient même à ce que le wolof soit imposé, s’il le faut. Sont de ceux-là, des gens comme l’ancien Président Macky SALL, comme l’actuel Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique Alioune SALL, l’expert en communication, Chercheur et écrivain Mouhamadoul Mokhtar KANE, les journalistes Pape Samba KANE, Abdou Salam KANE ou encore Amadou Elimane KANE, etc..
Dans une contribution publiée dans le journal Le Quotidien des 07 et 08 Février 2015 intitulée « Cheikh Anta Diop, un bâtisseur : Un Etat fédéral, un des leviers de la renaissance africaine ». M. Amadou Elimane KANE a proposé aux autorités compétentes de chaque pays africain d’imposer purement et simplement la langue qui y est supposée majoritaire. D’après lui, « l’unité linguistique passe d’abord par l’élimination de toutes les langues minoritaires et l’imposition d’une langue unique. » C’est ainsi que pour lui, s’agissant du Sénégal, « la langue wolof doit être imposée sur toutes les communautés du pays et remplacer le français. »
Ecoutons à nouveau le Président Samba Diouldé THIAM dans sa plaidoirie en faveur du multilinguisme dont la mise en œuvre requiert, à son avis (que nous saluons avec déférence) « de l’intelligence, du doigté, de la précaution et s’étendra sur quelques décennies. Mais ce ne sera que mise en œuvre, d’une vision, qui est le multilinguisme, à savoir la possession d’au moins trois langues, par tout élève qui termine le cycle primaire. La traduction de cette vision pour le Sénégal : au moins deux (2) langues nationales plus le français. »
Donc, encore une fois, pour le Pr Samba Diouldé THIAM, c’est le multilinguisme à au moins trois langues (deux langues nationales au moins en plus du français) qui s’impose.
2)-Débaptiser la ville de Saint-Louis
a)-« Avec l’avènement de Pastef / Les Patriotes au pouvoir, tous les espoirs sont permis et l’on est en droit d’être optimiste pour une accélération de ce processus…sa (NDLR : Monsieur le Premier Ministre Ousmane SONKO) volonté, il y a quelques années, d’avoir voulu changer les noms de certaines rues de Ziguinchor portant des noms de colons. Force est de constater que les Sénégalais, ou du moins, la nouvelle génération manifeste, à bien des égards, un désir irrépressible de se réapproprier nos systèmes de valeurs…Je le perçois dans l’attitude des jeunes de Saint-Louis qui ne veulent pas entendre parler d’un retour de la statue de Faidherbe sur la place de Baya Ndar. »
Nous aussi, sommes d’avis que la statue de Louis Léon César Faidherbe, ancien Gouverneur du Sénégal de 1854 à 1861 puis de 1863 à 1865 n’a sa place ni à Saint Louis du Sénégal, ni dans aucun autre coin du Sénégal, ni dans le reste de l’Afrique, d’une manière générale ! Que donc Son Excellence Monsieur le Président Emmanuel MACRON vienne chercher la statue de son Général de malheur dont la haine envers Son Eminence Cheikh El Hadj Omar TALL et tous les combattants anticolonialistes n’avait d’égal que son amour irrésistible et son appétit insatiable pour nos richesses.
Qu’il vienne nous débarrasser à jamais de la statue de ce tyran sanguinaire qui, dans une lettre adressée à sa mère en juin 1851, depuis l’Algérie où il était en stage, se vantait de son funeste exploit auprès de sa génitrice: « J’ai détruit de fond en comble un charmant village de deux cents maisons et tous les jardins. Cela a terrifié la tribu qui est venue se rendre aujourd’hui ».
Qu’il vienne ôter la statue de cette créature raciste aux instincts brutaux qui, en 1859, écrivait que «Les Noirs font de bons soldats, parce qu’ils n’apprécient guère le danger et ont le système nerveux très peu développé» ; que « L'infériorité des noirs provient sans doute du volume relativement faible de leur cerveau. »
Qu’il vienne dégager loin de notre pays et de notre continent la statue de ce brigand qui a incendié nos villages, pillé, volé nos biens, violé et fait violer nos filles. Il avait en effet fait de l’innocente Diocounda SIDIBE, une jeune fille de quinze (15) ans, son esclave sexuelle préférée. Son adjoint et successeur s’était, lui, rué sur une jeune Pullo du nom de Maïram (rebaptisée Marie) qu’il emmena même en France où il la présentera comme étant sa servante !
Dans son « ESSAI SUR LA LANGUE POUL ET COMPARAISON DE CETTE LANGUE AVEC LE WOLOF, LES IDIOMES SÉRÈRES ET LES AUTRES LANGUES DU SOUDAN OCCIDENTAL », Louis Léon César Faidherbe a écrit « Qu’il y a un proverbe à Saint-Louis qui dit que si l'on introduit une jeune fille poul (Pullo) dans une famille, fût-ce comme servante, comme captive, elle devient toujours maîtresse de la maison. »
Qu’il vienne nous désencombrer de la statue de ce criminel, cette brute sanguinaire, auteur d’œuvres les plus basses qui, pour la « faute » commise par un seul, se « vengeait » sur des centaines d’autres, qui incendiait tout un village au motif que l’un de ses ressortissants aurait fauté !
Que la France vienne vite rapatrier la statue de cet homme ivre du sang de nos martyrs, qui incitait à la haine envers les authentiques résistants à la colonisation française, en particulier les Fulɓe / Toucouleurs qu’il considérait, à juste titre, comme les plus grands ennemis de la France coloniale et qu’il incitait les autres Ethnies à haïr : «Parmi les populations indigènes que nous avons eu à coloniser, il y a une ethnie qui n’acceptera jamais notre domination. Et il se trouve que cette ethnie est très répandue sur notre espace de colonisation. Il est urgent et impératif, pour notre présence en Afrique, de réussir à la diviser et leur opposer les autres ethnies moins rebelles. Car le jour où les Peuls se regrouperont, ils pourront balayer sur leur passage toutes les forces coloniales».
Hors donc de chez nous tout ce qui rappelle cet homme cruel qui se plaisait à répandre le sang d’innocentes personnes, cet auteur au Sénégal et dans d’autres pays africains d’un véritable holocauste qui dépasse l’ordinaire en regard de son caractère barbare! Quelle honte que de voir au cœur de Guet-Ndar, le quartier mythique de Saint-Louis du Sénégal, gravé sur la statue de cette brute : « A son gouverneur Louis Faidherbe, le Sénégal reconnaissant. »
Et vivement la construction, en lieu et place, d’un cénotaphe, ou d’un monument (si l’Islam ne s’y oppose pas) en l’honneur de Cheikh El Hadj Omar TALL, ou encore d’un petit bâtiment (dans lequel seraient exposées certaines reliques incluant le supposé sabre du saint homme, restitué par la France coloniale) trônant majestueusement sur la « Place Baya-Ndar » !
Car de l’avis même des différents Gouverneurs, Administrateurs et autres explorateurs français (Louis Léon César Faidherbe, Le Colonel Louis ARCHINARD, Yves-Jean Saint-Martin, Eugène MAGE, Jules BELIN de LAUNAY, Robert CORNEVIN, etc.), c’est Son Eminence Cheikh El Hadj Omar TALL et ses disciples Fulɓe / Toucouleurs en général, qui ont été les adversaires les plus résolus face à Faidherbe et ses partisans (Cf. Suite et fin de notre Réponse à Diawdine Amadou Bakhaw DIAW, publiée par SenePlus du 22 juillet 2024).
Ce ne serait donc que juste que le nom du saint homme remplaçât celui du Gouverneur colonial à la « Place Baya-Ndar ». Encore que l’ancien Lycée Faidherbe de Saint-Louis porte depuis fort longtemps le nom de l’illustre saint homme de Halwar et de Bandiangara. Le non moins mythique Pont Faidherbe doit également être rebaptisé Pont Cheikh El Hadj Omar TALL !
c)-« …D’ailleurs, Saint-Louis doit être débaptisé au profit de son nom authentique issu de notre patrimoine : NDAR… »
Il conviendrait d’abord de rappeler qui était Saint Louis dont le nom a été donné à l’ancienne capitale du Sénégal, afin de permettre aux Sénégalaises et aux Sénégalais d’apprécier la pertinence ou non de cette proposition et, en conséquence, de motiver leur choix en bonne connaissance de cause, le cas échéant.
Disons, en résumé, que d’après Wikipédia (encyclopédie en ligne), Louis IX, dit « le Prudhomme » et plus communément appelé Saint Louis, était un roi de France né le 25 avril 1214 à Poissy et mort le 25 août 1270 à Carthage, près de Tunis. Il régna pendant plus de 43 ans, de 1226 jusqu'à sa mort. Considéré comme un saint de son vivant, il fut canonisé par l'Eglise catholique en 1297.
Neuvième roi de France issu de la dynastie des Capétiens directs, il était le quatrième ou cinquième enfant et deuxième fils connu du roi Louis VIII, dit « Louis le Lion », et de la reine Blanche de Castille, de laquelle il reçut une éducation très stricte et très pieuse durant toute son enfance.
Aîné des membres survivants de sa fratrie, il hérita de la couronne à la mort de son père, alors qu'il n'était âgé que de douze ans. Il a été sacré le 29 novembre 1226 en la cathédrale de Reims, mais c'est la reine mère qui, conformément au testament de Louis VIII, exerçait la régence du royaume jusqu'à la majorité du nouveau monarque.
Il mena un règne inspiré des valeurs du christianisme qui contribua à fonder l'idée que les pouvoirs spirituel et politique pouvaient être incarnés par un seul homme. Il atténua les excès de la féodalité au profit de la notion de bien commun et développa la justice royale, où le souverain apparaissait comme le grand justicier. De cette manière, il fit progressivement passer la France d'une monarchie féodale à une monarchie moderne, ne reposant plus seulement sur les rapports personnels du roi avec ses vassaux, mais sur ceux du roi en tant que chef de l'Etat avec ses « sujets ».
Saint Louis fut un roi réformateur qui voulait léguer un royaume dont les sujets seraient soumis à un pouvoir juste : il renouvela la « quarantaine-le-roi », ordonna la présomption d'innocence, atténua l'usage de la torture, interdit l'ordalie et la vengeance privée et institua la supplication consistant à pouvoir faire appel au roi pour l'amendement d'un jugement. Sa réputation dépassant les frontières du royaume, son arbitrage était parallèlement sollicité par les différentes monarchies d'Europe. Il établit également dans le royaume une monnaie unique et se fit l'instigateur des institutions qui devinrent le Parlement et la Cour des comptes. Très pieux, il fit d'autre part construire plusieurs églises, abbayes et hospices, vint en aide aux plus faibles, travailla à la conversion des princes mongols, soutint la fondation du collège de Sorbonne et se procura des reliques de la Passion pour lesquelles il fit construire la Sainte-Chapelle en 1242.
Conformément à son vœu prononcé à la suite d'une grave maladie, puis confirmé à la suite d'une guérison dite miraculeuse, Saint Louis partit se battre avec ses frères Robert d'Artois, Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou, en Egypte, lors de la septième croisade. A son retour, alors qu'il était persuadé que son échec était dû à l'état d'immoralité du royaume, il travailla à renforcer son autorité et à rétablir la moralité chrétienne. Il décida ainsi de punir le blasphème, les jeux d'argent, les prêts à intérêts et la prostitution ; il tenta également de convertir au christianisme de gré ou de force les Juifs de France. A cette fin, il finit par leur imposer diverses mesures, dont le brûlement du Talmud et, vers la fin de son règne, le port de la rouelle.
Enfin, en 1270, il repartit en Tunisie pour la huitième croisade, au cours de laquelle il mourut de maladie. La peste, la dysenterie et le typhus eurent tour à tour été évoqués ; en 2019. Des analyses montrèrent cependant que le roi était gravement atteint de scorbut, et peut-être de bilharziose.
Sous l'impulsion de son petit-fils Philippe IV le Bel, il fut canonisé le 11 août 1297 sous le nom de saint Louis de France par le pape Boniface VIII. Sa fête liturgique est fixée au jour anniversaire de sa mort, c'est-à-dire le 25 août. Aujourd'hui considéré comme un monarque ayant offert à la France un renouveau économique, intellectuel et artistique, il est considéré comme l'un des trois grands Capétiens directs avec son grand-père Philippe II Auguste et son petit-fils Philippe IV le Bel.
Saint Louis était un roi Chrétien et avait, à ce titre dirigé, il est vrai, les septième et huitième croisades contre les Musulmans, respectivement de 1248 à 1254 (campagne militaire qui avait pour objectifs de conquérir l’Egypte et de s’emparer de Jérusalem), puis en 1270 consécutivement aux menaces que le sultan Mamelouk Baybars ferait peser sur les Etats latins d’Orient), période au cours de laquelle environ 15000 Croisés débarquèrent près de Carthage en Tunisie où ils ont été terrassés par la dysenterie et le typhus ; échec qui marqua la fin des grandes croisades.
Mais les Musulmans que nous sommes devons néanmoins reconnaître les nombreuses qualités chères et même sublimées en Islam, en particulier dans les domaines des mœurs, de la justice et de la bonne gouvernance (qualités qui font défaut à de nombreux musulmans d’hier comme d’aujourd’hui) dont était notamment pourvu le roi Saint Louis. Celui-là était Saint Louis dont l’ancienne capitale sénégalaise porte le nom !
Si malgré tout, Saint-Louis du Sénégal doit être rebaptisé, que ce soit alors du nom de son fondateur : NDERY (et non NDAR) SOW ! NDERY SOW est bien le nom du fondateur de la ville sénégalaise de Saint-Louis ! Oui, Monsieur l’Expert en communication, Directeur associé du Cabinet KNG Consulting, Chercheur en civilisation musulmane et en relations internationales, écrivain : NDERY SOW était le fondateur de NDAR (une déformation de NDERY peut-être) qui allait devenir Saint-Louis du Sénégal !
Si Saint-Louis doit malgré tout être débaptisé, que d’autres rues et places sénégalaises portant, à Dakar et ailleurs dans d’autres contrées du pays, des noms d’hommes sûrement moins valeureux et moins vertueux que le roi Louis IX, le soient aussi et d’abord. Nous voulons parler notamment des rues et places dénommées, rien que dans la capitale sénégalaise : Faidherbe, Escarfait, Pinet Laprade, Maurice Delafosse, Gambetta, Blanchot, Léon Delmas, Carnot, Adrian, Alfred Goux , André Lebon , Aristide Le Dantec, Armand , Berenger, Berthe Maubert, Bouflers, Braconnier, Belfort, Emile Zola, Franklin Roosevelt, Charles de Gaulle , Jean Jaurès, Jacques Bugnicourt, Jules Ferry, Jean XXIII, Léo Frobenius, Malenfant, Mangin, Monteil, Noel Balley, Petersen, André Peytavin, Washington, Parchappe, Parent, Paul Holle, Pierre Martin, Rocade Fann Bel-Air, René Caillé, Robert Bru , Valmy, Victor Hugo, Félix Faure, etc..
Il faudra alors, pour la rebaptisation des rues, places, quartiers et villes, nommer une Commission absolument neutre, intègre et inclusive, radicalement différente de celle qui a rédigé la pseudo « HISTOIRE GENERALE DU SENEGAL : DES ORIGINES A NOS JOURS ».
d)-« …Je le perçois aussi à travers les œuvres d’éminents écrivains tels que Boubacar Boris Diop et Cheikh Aliou Ndaw qui publient en wolof. Des auteurs qui font partie des rares intellectuels ayant compris les enjeux du futur. »
Mais combien de fois faudra-t-il répéter que la bibliothèque peule est riche d’au moins dix mille (10 000) ouvrages rédigés en pulaar rien que par des écrivains Fulɓe du Sénégal et de la Mauritanie ? Ou bien l’écrivain Mouhamadoul Mokhtar KANE hait-il lui également les Fulɓe au point d’être incapable d’admettre que ces derniers puissent publier en pulaar ? Quel problème a-t-il lui aussi avec ceux qui l’ont certainement vu naître et grandir ?
Ressaisissez-vous tous pendant qu’il est encore temps, au lieu d’être des complices de cette œuvre satanique de crucifixion de cette ethnie-que dis-je-de cette Nation peule dont vous êtes issus !
Fait à Dakar, le 20 août 2024
Le Président de Kawtal Pelle Fulɓe (Collectif d’Associations de Fulɓe)
El Hadj Boubou SENGHOTE
par Amina Grâce
UNE RÉPUBLIQUE POUR LES SUBSTANTIFIQUES MÂLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Le patriarcat est d'une perversité inouïe. Il ensevelit dans les tréfonds de l'histoire les efforts politiques des femmes, puis leur demande de prouver leur mérite, leurs efforts. Le Sénégal c'est : Des mâles-Un but-Une foi
Quelle surprise : "après l'élection de Diomaye-Sonko", plus rien n’est comme avant. Or tout est pareil, en pire. L'éclat de leurs discours et projets pré-électoraux auraient dû forcer les reconsidérations politiques les plus profondes, les débats exceptionnels et les mesures politiques drastiques, bref renverser le système une fois au pouvoir. Le système non pas en tant que mécanisme lointain dont des individus ténébreux et invisibles tirent les ficelles, mais comme des éléments de pouvoir de changer les choses, entre les mains d'un président élu par un peuple surtout composé de femmes assoiffées de justice et d'équité sociales, rêvant de voir une ère poser au moins les premières pierres de l'égalité sociale, économique et politique (les deux premiers s'intègrent dans le dernier) entre les hommes et les femmes.
Au lieu de ça, le système, il se maintient à l'identique et va très bien, merci. La suprématie mâle, le sexisme d'Etat vivent des jours ensoleillés sous le duo Diomaye-Sonko, malgré les caprices du climat politique qui concède aux femmes des morceaux de droits de temps en temps en leur disant :"Tenez, on vous a criminalisé le viol !". Comme pour leur demander de fermer leur gueule une bonne fois pour toutes. L'aumône offerte aux femmes par cette criminalisation devra couvrir et étouffer tous les forfaits moraux et physiques que les hommes commettront sur les femmes pendant au moins un siècle à venir et effaceront les précédents. La vengeance du féminin est actée par la loi 2020-05, qui n’a toujours pas transcendé les supports juridiques.
J'ai commencé cet article au mois d'avril, mais j'ai attendu comme toutes les filles et femmes sénégalaises qui s'intéressent à la politique, comme les femmes de la sous-région qui savouraient avec nous cette nouvelle promesse d'une nouvelle ère. J'ai attendu l'espoir au ventre que les nominations suivantes ne soient pas comme les premières : un club de phallus. J'ai attendu la révolution politique que Diomaye-Sonko faisait miroiter aux femmes dans leurs programmes et discours.
Hélas, elle ne viendra pas, du moins pas sous les coutures promises et souhaitées par les femmes. Diomaye-Sonko leur inflige une première gifle le 5 avril 2024 en nommant 25 ministres dont 4 femmes ; et 5 secrétaires d’État dont aucune femme. Le pire n'est pas tant cela, mais la suppression du ministère de la Femme et de l'égalité des genres. Ces phallocrates ont supprimé ce qui aurait pu servir à tenir leurs promesses électorales quant à un pan de l'équité sociale. Des féministes outragées et quelques femmes, quoique ces dernières un peu frileuses de devoir s'adresser à son éminence le nouveau jeune président, ont adressé un communiqué ou une tribune en y allant avec le dos de la cuillère pour d'abord ne pas froisser l'ego inviolable du duo, ensuite pour s'indigner, tendrement surtout, et quémander de maigres parcelles de visibilité. Je ne suis pas en train de jouer sur des tournures grammaticales pour vous émoustiller par la lecture. Non, j'étais dans un groupe de plusieurs centaines de personnes où se décidaient comment envelopper les phrases du communiqué dans un voile doucereux et un ton édulcoré pour ne pas offenser le duo et les hommes de ce pays. Des expressions aussi simples qu'une quête de visibilité claire et nette se sont vues rejetées par un groupe de femmes fébriles qui désiraient courber l'échine pour obtenir grâce. J'ai failli gerber plusieurs fois puis j'ai balancé un message et me suis retirée du groupe. J'ai appris à foutre le camp quand c'est nécessaire.
Des prises de position du même ordre de tendresse ont été observées sur les réseaux sociaux par des femmes et 2-3 hommes souffrants de crises de conscience. Tout de suite après, ces derniers pouvaient par conséquent se désintéresser après nous avoir offert une pensée, une émotion. La conscience claire des causalités de cette exclusion n'est pas suffisante pour combattre les tentacules du patriarcat. Ne parlons même pas de ces hommes qui abattent leurs écoutilles, mettent toutes leurs forces à ce que cette conscience ne leur parviennent pas ; persisteront à tenir ces décisions du duo pour un élément exogène, un coup du hasard ; s'esclaffent à l'idée que le sexisme et la misogynie auraient quoique ce soit à voir là-dedans. Mais alors, il faut bien que ces grands mâles justifient la domination et l'exclusion des femmes des cercles de pouvoir. La tautologie "un homme est un homme est un homme" ne saurait survivre en prétexte dans ce cas-là. Alors, ils nous ont distribué un mot sous nos posts et positions outragés, l'hostie, le corps du christ à avaler, l'assurance symbolique multirisques du pouvoir masculin, le mot censé dissoudre toute critique : la compétence. Il ne faut surtout pas laisser les femmes, présumées incompétentes depuis toujours, mais surtout depuis les faibles écarts à l'Assemblée nationale conquise par la loi sur la parité, souiller ce nouveau gouvernement par leur "incompatibilité crasse". Les hommes ont beau s'enchâsser dans la médiocratie générale et généralisée des indépendances à aujourd'hui, deux femmes qui faisant un Snap à l'Aassemblée actent pour eux l'incompétence et la non-compatibilité avec le pouvoir de toutes les femmes sénégalaises. Et puis enfin, ce nouveau duo ne va pas faire capoter le Projet en s'adonnant à la discrimination positive.
Mais la discrimination positive est celle qui permet aux hommes d'obtenir des postes. Elle est même très poussée. Jusqu'à la fin des années 1990, l'Etat sénégalais majoritairement masculin, tergiversait avec les organismes à l’origine du financement de l'éducation des filles. Les fonds internationaux passaient ailleurs, dans l'entretien de leur troisième proéminence inférieure et de sa sacralité.
Tous les jours, depuis des siècles, des hommes sont nommés à des postes parce qu'ils sont des hommes, ils accèdent aux études supérieures et autres strates de la société parce qu'ils sont des hommes. Faites semblant de l'ignorer, messieurs, mais bien souvent, si vous êtes en place, c'est parce que vous posséder un phallus. Elle est là, la discrimination positive. S'autoriser à l'exercer, à en bénéficier et à la nier, c'est toute la perversité du système sexiste. La preuve de ce que j'avance est d'autant plus manifeste que, le duo dans l'allégresse et l'ébriété du discours, avait promis placer les hommes et les femmes qu'il faut à la place qu'il faut en lançant des appels à candidature pour des postes importants. L'on se demanderait alors d'où leur vient l'audace de nommer un directeur de la société des mines qui bégaie en appelant Diomaye, père de la nation, s'énerve lorsqu'on lui demande de dresser à la télé le bilan des 100 jours de Diomaye. On se demanderait également d'où viennent ces nominations d'hommes dont les postes n'ont rien à voir avec leurs qualifications. Oon se demanderait que viennent faire ces hommes au casier judiciaire douteux dans les instances importantes du pouvoir même les moins essentielles.
Il n’est plus à prouver que de savoir-faire technique et intellectuel, il n’en a jamais été question. Ils commencent petit à petit à l’admettre publiquement pour les plus hardis et discrètement pour les plus couards, à commencer par les deux têtes présidentielles. Oui, maintenant que la fête est terminée, adieu les saints. Il faut à présent affubler d’un autre mensonge ces nominations hasardeuses - quoiqu’elles suivent toutes une logique propre - à ceux qui posent des questions. Il faut leur mettre quelque chose entre les dents, à ceux qui revendiquent. Alors “accidentellement”, ce qui se disait dans le secret des confidences intimes, exprimées ou tues, mais qu’ils savent lire dans tous les cas dans à travers l’esprit de leurs complices ;, ce qui fait leur stupidité commune, sort de la bouche de l’un de leur bête de portage, un ancien exilé politique sous Macky Sall. Le même qui bafouillait sur TV5 en s'énervant hystériquement pour une simple question, a lâché la semaine dernière lors d'un évènement du parti au pouvoir Pastef, sur une chaine de télévision sénégalaise : " Ce sont uniquement les gens du parti qui ont cru au Projet, alors ce sont eux que nous mettrons aux postes de moindre ou de grande envergure. Donc les appels à candidature se feront uniquement pour les postes de chef de quartier ou de météo. Il faut qu'on assume que c'est Pastef qui sera au coeur de l'Etat dans toute la chaîne..." Il n'a rien dit que le pouvoir en place ne soit en train d'appliquer au forceps. Ils sélectionnent sur des critères conformément à ceux qui qui auraient plus "souffert/milité" pour les mettre au pouvoir. La rupture donc dans la perpétuation du népotisme et du favoritisme. Tout copinage politique mérite salaire ; le dépeçage, loin d’être sur-mesure, des postes. Mais le patriarcat est d'une perversité inouïe. Il ensevelit dans les tréfonds de l'histoire hégémonique les efforts politiques des femmes puis leur demande de prouver leur mérite, leurs efforts. Depuis les années d'indépendance, les hommes politiques dès qu'ils sont élus, foutent aux calendes grecques leurs promesses faites aux femmes qui ont milité/souffert avec eux et celles qui ont voté pour eux. L'une des premières victimes meurtrières de la guerre entre Macky et Sonko est Mariama Sagna, violée et assassinée après un meeting de ce dernier. Je la cite pour la mémoire, mais je ne jouerai pas le jeu de ces charognes convaincus de leur propre sottise que les femmes ne méritent que d'exister dans la sphère privée. Parce que dans un Etat qui se veut démocratique et aspirant à l'égalité sociale dans tous les sens de l'expression, il n'est pas nécessaire de citer toutes les anonymes ayant souffert et voté pour un projet politique, pour prouver leur droit d’existence dans les positions de décision.
Ces hommes ministres, secrétaires d'Etat, secrétaires généraux, présidents d'administration entre autres, n'ont jamais eu besoin de se tremper dans la boue pour obtenir leurs postes. Si ces centaines d'hommes sont là où ils sont, actuellement, c'est parce que quelque part au Sénégal, des milliers de femmes, se sont vues refusées l'accès à l'école, aux études supérieures, aux places centrales dans les entreprises, aux positions d'envergure dans les mouvements politiques. C'est parce que quelque part, des pères et des mères ont éduqué leurs fils dans la pensée qu'avoir un phallus fait de facto mériter la part du loin dans cette société et qu'ils sont censés dominer les femmes et les enfants. Si ces hommes sont à ces postes actuels, c'est parce que le tamis social les as épargnés par des tris successifs de femmes qui sont/auraient pu être des rivales intellectuelles de taille.
D’ailleurs, la couardise masculine brille de mille feux sur ce coup-là ; elle fait les règles du jeu pour les mâles et s'étonne, puis les congratule d'être les seuls à gagner. Malgré tous les obstacles sociaux et politiques que les femmes vivent ou peuvent vivre, il y en a des milliers qui écrabouillent intellectuellement ces bons messieurs. Menteurs, Tricheurs, Incompétents...
Il pleut des nominations depuis qu'ils sont là et le bilan est fort décevant, mais pas surprenant pour certaines féministes : 65 femmes pour 356 hommes. Ce sont les chiffres et le visage du sexisme d'Etat. C'est ce qui est visible mais au fin fond des ministères et administrations, ces hommes s'entourent également d'hommes et laissent aux femmes les "postes alimentaires" et précaires, donc invisibles. La misogynie du premier prédateur, je veux dire du Ppremier ministre n'est plus à prouver. L'espoir porté sur le chef de l'Etat, qui au passage est d'une tendresse poétique envers ce dernier, c'est ce qui inspirait aux femmes de retenir leur souffle pour voir les nominations suivantes. Nous sommes de plus en plus au clair, et même à un degré qui frise le point de certitude. Le Sénégal c'est : Des mâles-Un but-Une foi.
par Madiambal Diagne
ATÉPA VEUT CASSER MON IMMEUBLE
Le droit de propriété semble être en péril dans ce pays. Je ne suis nullement concerné par les zones de vérification des projets ciblées par l’État. C’est peut-être pour ça qu’on voudrait quitter le littoral pour me chercher des cafards dans l’hinterland
La semaine dernière, l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, qui se vante de son influence sur les nouvelles autorités du pays, n’a pas pu dissimuler sa haine à mon endroit. Il recevait Tufan Fayzi Nsamoglu, un entrepreneur turc, un de mes partenaires et constructeur de mon immeuble aux Mamelles/Ouakam. Atepa voulait nouer une relation de partenariat avec Tufan et lui demanda quelques références de ses réalisations. Le constructeur lui cita, parmi ses belles références, le projet en cours de finition que j’ai initié aux Mamelles. Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire de Atepa : « I want to crash that building », fulmina-t-il.
Traduction : « je veux casser cet immeuble ».
Tufan, qui ne trouvait aucune raison qui justifierait ce funeste dessein, s’en ouvrit à moi. J’ai été choqué par la violence du propos mais je restais philosophe, en disant à mon interlocuteur que puissant que puisse être Atepa, nous sommes dans un État de droit au Sénégal.
Seulement, le lundi 19 août 2024, comme par enchantement, une équipe de gendarmes de la Direction de la surveillance et du contrôle des sols (Dscos) est passée au chantier, pour servir une convocation à leurs bureaux pour ce mardi 20 août 2024. La convocation intime l’ordre de présenter une liste de documents comme : le titre de propriété, les différentes autorisations de construction et les plans visés. Cette demande a été rigoureusement satisfaite. Il est à souligner qu’auparavant, depuis 2018 (année d’achat de ce titre foncier), des équipes de la Dscos avaient eu, plus d’une dizaine de fois, à visiter ce chantier pour réclamer, à chaque fois, toutes sortes de documents qui leurs étaient systématiquement présentés.
Je tiens à attirer l’attention de l’opinion publique sur ces manœuvres sordides, mues sans doute par des volontés de règlements de petits comptes. Assurément, le droit de propriété semble être en péril dans ce pays ! Encore une fois, toutes les personnes, qui pensaient trouver des irrégularités dans un quelconque de mes projets immobiliers, ont fait chou blanc.
Aussi, je ne suis nullement concerné par les zones de vérification des projets immobiliers ciblées par les autorités de l’État. C’est peut-être pour cela, qu’on voudrait quitter le littoral pour me chercher des cafards dans l’hinterland.
La chanteuse Aby Ndour a été forte pour tenir tête à Atepa, qui a tout tenté pour détruire son petit commerce sur la Corniche de Dakar. Je m’évertuerai d’avoir autant de pugnacité que cette pauvre jeune femme. Seulement, dans son combat contre Aby Ndour durant de longues années, Atepa n’avait pas bénéficié du soutien des autorités de l’État du Sénégal.
Par Idrissa Doucouré
LE SÉNÉGAL PREND LE CONTRÔLE DE SES RESSOURCES
Quand Thomas Sankara disait, « Nous devons oser inventer l'avenir », il ne parlait pas seulement de rêves. Aujourd'hui, le Sénégal se trouve à un carrefour décisif : renégocier nos contrats stratégiques pour garantir un avenir prospère
Quand Thomas Sankara disait, « Nous devons oser inventer l'avenir », il ne parlait pas seulement de rêves. Aujourd'hui, le Sénégal se trouve à un carrefour décisif : renégocier nos contrats stratégiques pour garantir un avenir prospère.
Le Sénégal est à la croisée des chemins. Avec des contrats pétroliers et gaziers en jeu, les nouvelles autorités sénégalaises s'apprêtent à renégocier des accords cruciaux pour l'avenir du pays, avec la mise en place du Comité d'examen des contrats conclus dans les secteurs stratégiques.
Au moment où le Sénégal a cédé une part importante de ses ressources à des compagnies étrangères, limitant les retombées économiques, les Émirats Arabes Unis, eux, ont maximisé les bénéfices de leurs ressources en créant des partenariats équilibrés et en investissant localement. Résultat : une économie diversifiée et prospère.
Pour rattraper ce retard, le Sénégal doit impérativement renégocier ses contrats. En s’inspirant des E.A.U., nous pourrions transformer nos ressources en un levier de développement durable et prospère.
Renégocier n'est pas seulement une possibilité, c'est une nécessité. Les contrats de recherche et de partage de production d'hydrocarbures (CRPP) peuvent être révisés. Et les exemples africains le prouvent : le Nigeria a augmenté ses revenus après révision de ses accords pétroliers, l'Angola a réduit ses coûts de production, et le Ghana a vu une hausse des recettes fiscales après renégociation de ses contrats miniers.
Certes, la renégociation comporte des risques : instabilité économique, litiges juridiques, perte de confiance des investisseurs. Mais ces risques peuvent être atténués avec des stratégies bien définies et des ressources adéquates. La transparence est cruciale. En communiquant ouvertement avec toutes les parties prenantes, nous instaurons un climat de confiance et réduisons les incertitudes.
De plus, l'engagement de juristes surtout de chez nous et de renommée mondiale renforce la crédibilité et la robustesse juridique de nos accords. Philippe Sands souligne, "La transparence et la justice sont les piliers de toute renégociation réussie." En accord avec lui, le célèbre juriste Martti Koskenniemi affirme : "Les renégociations de contrats stratégiques sont essentielles pour assurer l'équité et le développement durable dans les relations internationales."
Pour réussir, le Sénégal doit suivre un plan clair : évaluation des clauses préjudiciables, consultation des experts, dialogue avec les parties prenantes, et négociation stratégique. Les contrats CRPP permettent flexibilité et révision périodique, rendant la renégociation non seulement possible mais nécessaire.
Nelson Mandela disait, "Cela semble toujours impossible jusqu'à ce que ce soit fait." Cette citation souligne la pertinence de la volonté des autorités sénégalaises à renégocier les contrats stratégiques, car ce qui semble difficile aujourd'hui peut devenir une réalité demain grâce à la détermination et à l'action concertée.
Le Sénégal est prêt à écrire une nouvelle page de son histoire économique. Avec détermination et agilité, les autorités peuvent renégocier les contrats pour un avenir plus juste et prospère. Le chemin est tracé, les outils sont en main, et le succès est à portée de main. Ensemble, nous pouvons transformer ces défis en opportunités et faire du Sénégal un modèle de renégociation contractuelle réussie.