L'attaquant sénégalais de West Ham (1re div. anglaise) Diafra Sakho a été arrêté dimanche, étant soupçonné d'avoir proféré des "menaces de mort" et tenté d'intimider un témoin, a rapporté mardi le tabloïd britannique The Sun.
"Des officiers ont arrêté un homme de 25 ans suspecté d'avoir proféré des menaces de mort et tenté d'intimider un témoin", a déclaré un porte-parole de Scotland Yard, qui n'a pas révélé l'identité de la personne incriminée ni la nature des faits ou de la supposée victime.
"Il a été conduit dans un commissariat de l'est de Londres puis libéré sous caution avant d'être entendu début octobre par la police", a-t-il ajouté.
Selon The Sun, Sakho s'en est pris à sa copine, qu'il aurait déjà agressée quelques jours plus tôt. Cela avait déjà valu à l'international sénégalais d'être interrogé par la police et libéré sous caution, d'après le quotidien.
Un porte-parole du joueur a démenti toutes les allégation auprès du Sun. "Diafra Sakho n'a pas été inculpé", a-t-il affirmé.
"Il dément vigoureusement les accusations portées à son encontre et s'est entièrement expliqué auprès de la police. Il ne fera aucun autre commentaire", a-t-il ajouté.
Sakho est arrivé à Londres lors de l'été 2014 en provenance de Metz (1re div. française) et il a inscrit 12 buts lors de sa première saison. Il a disputé les trois premiers matches de Premier League cette saison.
PAR L’ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, IBE NIANG ARDO
BLUES AU CŒUR DU SABAR
Nous ne pouvons quand même continuer à vivre sans te célébrer et t'honorer comme il se doit, cher Doudou. Mieux vaut tard que jamais. Une œuvre d'art est inestimable, elle se bonifie avec le temps
Ibe Niang Ardo, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 23/08/2015
Tout le monde connait Doudou Ndiaye Coumba Rose au Sénégal, depuis les années 50 au moins. Peut-être que les seuls à l'ignorer, seraient les autorités de notre pays, qui n'auraient jamais posé d'actes de reconnaissance à la hauteur de ce qu'il incarnait dans notre société. Évaluer la dimension d'un tel monument humain équivaudrait à mesurer le ciel. Je n'exagère rien.
Je suis né à Reubeuss et dans ma toute petite enfance des années 50, quand aucune radio n'avait encore porté à mes oreilles le moindre son de musique étrangère, ce sont les battements de sabar de ce maestro qui ont donné du rythme à mon âme et à mon corps.
Le sabar est mystique, joué par un musicien il est juste envoûtant, mais dompté comme l'avait fait Doudou Ndiaye Coumba Rose, il se transformait sous ses doigts en instrument de communication entre êtres humains et Djinns. L'écho des sabars de tous les batteurs du Sénégal réunis en un, jamais n'aurait pu atteindre, ce monde qui de toutes les communautés de la planète a convergé vers Doudou, l'élu. Il avait le don de donner vie au sabar et ce dernier lui avait livré tous ses secrets mythiques, avec lesquels il attirait, exaltait, inspirait, dans une aisance, une simplicité et une élégance extraordinaires.
Aujourd'hui grâce à lui, le sabar appartient à toutes les générations, tout comme lui même, un homme sans âge, qui avait des mouvements et attitudes si mélodiques et élégants, qu'il était devenu une référence partout, et pour tout un chacun. Ascète à sa façon, il avait tout sacrifié à son art et après avoir atteint le summum, donné au sabar ses lettres de noblesse, il était resté effacé pour ne pas faire de l'ombre à son amour : la création artistique. Personne ne l'a vu profiter de cela et occuper l'espace médiatique, à ne promouvoir que sa personne.
Cependant les gens de culture du monde moderne sont toujours venus le dénicher de son quartier, pour l'honorer et le célébrer dans leurs palaces les plus chics. Il est notre fierté, Doudou Ndiaye Coumba Rose.
Rose, parce qu'il était la rose éclatante et vibrante de nos racines les plus profondes. Il suffisait de le voir drapé dans ces étoffes multicolores, au milieu de ces palaces où il était célébré, donner le ton avec ses mouvements gracieux et altiers, à un chœur de batteurs aux gestes instinctuels, pour saisir ce qu'il y avait d'angélique en lui. Hélas, les non-avisés, terrés inopportunément au sein de nos plus prestigieuses institutions, n'ont vu, ni su, ce qu'il y avait à voir et à savoir, au-delà du sabar, en ce modèle unique chez qui résidaient tellement de qualités et d'enseignements.
L'on a raté quelque chose là. Pouvait-il en être autrement quand on sait qu'un des attributs du sous développement est la cécité qui occulte l'essentiel et le modèle pour dévoiler en lieu et place le superflu et l'oiseux ? Doudou Ndiaye Coumba Rose, fort heureusement, inspirera encore plus de générations qu'il ne l'a fait de son vivant. Élu parmi les élus, Dieu lui a permis d'énoncer peu avant sa mort, des paroles prémonitoires d'une sagesse à permettre un recadrage judicieux de ceux qui gouvernent le pays, relativement aux actions utiles à diligenter envers les méritants.
Généreux et pédagogue jusqu'au crépuscule de sa vie, il nous a quittés en nous faisant part de tout ce dont il aurait besoin de nous, après sa mort, regrettant en passant que le monde l'ait célébré à l'exception de son pays natal- trois likhlass. Il a mis en garde les gouvernants d'un empressement à lui rendre des honneurs à titre posthume, cela n'ayant plus de mérite pour lui, une fois sous terre. Une vérité que l'on sait tous mais qui, venant de lui, à ce moment de sa vie, devenait étincelante et d'une sagesse inouïe à méditer.
Nous ne pouvons quand même continuer à vivre sans te célébrer et t'honorer comme il se doit, cher Doudou. Mieux vaut tard que jamais. Une œuvre d'art est inestimable, elle se bonifie avec le temps. De même un artiste de ton talent, doublé d'une vie pleine de sagesse, est une source inépuisable. Repose en paix Doudou Ndiaye Coumba Rose. Rejoins au Paradis ton sosie en art et talent, ton frère et proche ami d'enfance Vieux Sing Faye. Que Dieu vous accueille dans son paradis.
Avec la mort de Doudou Ndiaye Rose, le Sénégal et l’Afrique perdent un artiste d’une richesse culturelle inestimable. Il n’a jamais été prophète chez lui au moment où plusieurs autres pays l’ont honoré
Saliou Guèye, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 20/08/2015
La mosquée Abass Sall des HLM où avait lieu la levée du corps a refusé du monde (voir reportage photos de www.SenePlus.Com). Autorités, parents, amis et simples curieux sont venus lui dire "adieu" et l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure. Le grand percussionniste Doudou Ndiaye Coumba Rose reposera pour toujours au cimetière musulman de Yoff. Un artiste planétaire, jamais prophète dans son pays, tire sa révérence.
La nouvelle de la mort de Doudou Ndiaye Coumba m’est parue sur les réseaux sociaux comme une vanne puisque, avant-hier, en l’ayant aperçu aux obsèques de Vieux Sing Sing, personne ne croyait à une disparition aussi imminente même s’il était manifeste que la mort de son congénère semblait l’affecter profondément. Mais je me suis rendu à l’évidence quand après avoir vérifié l’information auprès d’un proche, je sus que le grand tambour-major Mamadou dit Doudou Ndiaye Coumba Rose a cassé sa baguette magique ce 19 août 2015.
Cette mort surprenante rappelle celle de son ami catholique Julien Jouga qui, quatre jours après la disparition du Président Léopold Sédar Senghor, étreint de douleur, s’est éteint à son tour.
L'illustre artiste, s'en va mais ses tambours magiques continueront encore longtemps à résonner, à détonner et à bourdonner. Sa belle chorégraphie accompagnante qui assaisonnait les décibels et rythmes des percussions, restera à jamais dans les souvenirs.
Les tréteaux et autres scènes ont offert à cet artiste talentueux, l’opportunité de donner libre court à sa créativité et faire ressortir ce qu'il avait de meilleur. Doudou n’avait d’école mais il était une école. Avec lui, les batteurs de tam-tams ont beaucoup appris. Son style, ses créations sont reprises dans tous les événements culturels. Avec les majorettes, il a donné depuis 1960, sur demande du Président Senghor, à notre fête d’indépendance une dimension culturelle qui confère au défilé civil un aspect plus attractif.
Homme de refus, d’une valeur rare arrimé à ses convictions culturelles, religieuses et politiques jusqu’à sa mort, homme de principes, de courage, d’abnégation et de sobriété, Doudou Ndiaye Coumba Rose laisse orphelin un quatrième art où la recherche effrénée de l’argent a tué le culte de la créativité.
Oui, Doudou était un créateur. Chacune de ses prestations était une nouvelle création artistique. Et c’est cette créativité qui constituait l’attractivité chez ce monument de la culture. Il est resté lui-même dans une identité culturelle sans tache, identité qu’il défendra partout dans le monde jusqu’au dernier souffle.
La seule fois où j’ai eu le plaisir et l’honneur de lui serrer la main, c’était lors d’une fête à la résidence de l’ambassadeur du Japon au Sénégal. Je découvrais un homme accessible et d’une humilité gênante. Dans notre conversation spontanée, où il me fit voyager dans les années 60 et 80, je compris à l’instant pourquoi cet ambassadeur de la culture sénégalaise ne se lassait jamais de valoriser à l’étranger nos valeurs culturelles. C’est cela qui en fait un artiste d’une dimension planétaire au point de jouer avec les Alan Stivell, Miles Davis, Joséphine Baker, Dizzy Gillepsie, Peter Gabriel, Mike Jagger des Rolling Stones, Kodo (des percussionnistes japonais)…
Avec la mort de Doudou Ndiaye, le Sénégal et l’Afrique perdent un homme de culture d’une très grande mémoire, une bibliothèque, bref un homme d’une richesse culturelle difficile à égaler. Il n’a jamais été prophète dans son propre pays au moment où plusieurs autres du monde l’ont honoré à sa juste valeur. Souffrant que de grands hommes de culture comme Vieux Sing Sing n’aient jamais obtenu de leur vivant cette reconnaissance et ce rang qui leur sont dus dans leur propre pays, amer, outré, Doudou Ndiaye a laissé entendre sa douleur lors des obsèques du père de Mbaye Dièye Faye en ces termes : «Le problème au Sénégal est que les gens attendent toujours ta mort pour te rendre hommage. Quiconque me le fait, je ne lui pardonnerai pas. On me jette des fleurs partout. Les autorités à chaque fois que je les rencontre, disent que je suis un exemple pour les jeunes, qu’elles sont reconnaissantes pour ce que je fais pour mon pays. Mais aucune d’entre elles n’a pensé à me rendre hommage de mon vivant. Organiser une journée pour moi serait salutaire. Je n’ai pas encore la chance d’être dignement célébré par mon pays. C’est regrettable, mais je n’y peux rien !»
Il nous quitte avec toute cette grandeur qui qualifie les hommes qui ont marqué leur époque d’une pierre indélébile. Lui, il n’a jamais accepté de monnayer son talent au service d’intérêts personnels et égoïstes. L’artiste a toujours refusé d’être aveuglé par cette course folle et sans scrupule des artistes à l’argent, aux villas, aux voitures luxueuses et aux honneurs. Et pourtant rien ne l’en empêchait. Mais c’était un homme de vertu et de refus. Il a vécu humble, sobre, accessible, pauvre de ressources financières et de biens matériels mais riche de ses créations culturelles immortelles.
Nous nous interdisons de verser des larmes pour pleurer l’artiste disparu et éviter de verser dans une hagiographie pharisaïque comme certains en sont spécialistes en pareille occurrence. Les grands hommes, on ne les pleure pas, on s’en inspire. Nous pensons que notre seul devoir aujourd’hui est de puiser dans le trésor culturel inépuisable qu’il nous a légué afin d’entretenir vivante la flamme des valeurs et des principes qu’il a toujours incarnés de son vivant.
L'artiste est plus qu'un Tambour Major. Le monde pleure le silence définitif d'un Tambour Majeur. Doudou Ndiaye a eu un parcours tout en rose. L'artiste a été de tous les grands moments de la Culture au Sénégal et à travers le monde. Son rythme restera non seulement indélébile dans l'hymne du Sénégal, le générique de la télévision nationale, mais l'on n'oubliera jamais sa prestance, son génie et son énergie lors des grands évènements culturels ou sportifs. Du Fesman de 1966 en passant par la célébration du Bicentenaire de la Révolution française à Paris en 1989, jusqu'à son inscription au fronton de l'Unesco comme un Trésor humain vivant, il aura marqué l'histoire.
Jusqu'à avant-hier soir, rien ne présageait qu'il allait décéder. Doudou Ndiaye Coumba Rose était bien portant et s'était même rendu aux obsèques du Vieux Sing Faye. Lui, le maestro, le Tambour Major de renommée internationale ne pouvait rater l'hommage à son défunt "ami et frère", qui comme lui a formé ses enfants dans son art. Mais comme si le sort était jeté et que le Sénégal devrait perdre simultanément et en moins de 24 heures, ses "Seigneurs du tamtam", Doudou Ndiaye Rose rejoint son "ami" dans l'au-delà.
Il est décédé hier à la clinique cardiologique de l'hôpital Aristide Le Dantec après un malaise. L'histoire retiendra tout de même que quelques heures avant cette douloureuse séparation, Doudou Ndiaye s'était confié au journal Le Quotidien affirmant prier pour avoir une foule pour l'accompagner à sa dernière demeure. Evoquant en effet la mémoire de Vieux Sing Faye, il disait ceci dans l'édition 3762 paru hier, "C'est un frère, un ami, un homme de paix,… Je prie pour le repos de son âme… Beaucoup de gens sont venus l'accompagner dans sa dernière demeure. Je ne sais pas si j'aurai le même monde, mais je prie fortement pour l'avoir". Des propos prémonitoires ?
Tout porte à le croire. Le monde de la culture pleure la disparition brutale de ce monument qui restera une fierté nationale et internationale. Figure historique et musicale incontournable, ce percussionniste a été de tous les temps un Khalife du tambour au Sénégal et partout ailleurs. Son art l'a fait voyager à travers le monde. A tel point qu'il a fini par inscrire cet art entre tradition et modernité. L'homme savait se muer tantôt en griot tantôt en artiste en fonction des plateaux culturels où il se produisait. Doudou était un artiste nuancé.
"Je ne me considère pas comme un griot parce que les vrais griots sont des quémandeurs, ils dépendent des autres, et ce n'est pas ma nature. Je ne dépends que de Dieu" avait-il confié de son vivant. Effectivement, il a été incontestablement un artiste hors du commun. L'homme a traversé son temps non seulement en témoin, mais aussi en acteur d'événements historiques et culturels de premier plan. Il a connu l'époque du colonialisme, puis l'indépendance du Sénégal en 1960, assistant ainsi aux changements politiques qui ont marqué le pays, notamment les élections de quatre Présidents : Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall. Fervent talibé Tidiane, il était aussi un fidèle militant du Parti socialiste. Au sein de cette formation politique il a été membre du conseil consultatif des sages.
Grand batteur de tous les temps
"Il a partagé les idéaux de la Négritude, courant de pensée marqué par la revendication des identités africaines et l'accession à l'indépendance des pays d'Afrique noire. Dans son domaine, la musique, il garde l'empreinte des mouvements profonds qui ont agité et animé l'Afrique, depuis la célèbre période à laquelle on a donné le nom d'une chanson, "Indépendance cha cha", en passant par une évolution déterminante, l'amplification de la musique, jusqu'à la période actuelle…" lit-on dans les travaux de Luciana Penna-Diaw.
Titulaire d'un doctorat en ethnomusicologie, cette africaniste, dont les recherches portent sur les répertoires vocaux et instrumentaux des Wolof et des Sereer a indiqué dans les Cahiers d'ethnomusicologie, intitulés "Doudou Ndiaye Rose, l'artiste caméléon", qu'en 1959, Doudou avait croisé la route de Joséphine Baker. Lors d'un concert à Dakar, il assure avec son groupe la première partie de son concert. Éblouie par son jeu, la star ne doute pas de son avenir : "Tu seras un grand batteur !" lui avait-elle dit.
Plus tard, sa rencontre avec le Président Senghor coïncida avec son ascension. Les deux hommes, tout en agissant dans des domaines différents, sont dans une même dynamique : la mise en valeur de leur culture et l'aspiration au changement. Leurs actions exceptionnelles, menées parfois main dans la main, sont restées dans l'Histoire. Tout avait commencé avec la célébration de l'indépendance du pays relève-t-on.
"Le Président Senghor voulait un défilé de majorettes, mais il n'est pas question de le calquer sur le modèle occidental : il tient absolument à son caractère africain. C'est ainsi que Doudou conçoit le "rythme des majorettes". Les jeunes filles, habillées en pagne traditionnel, défilent au son d'un imposant orchestre de sabar". Ce fut une réussite. Doudou Ndiaye Rose en a parlé à maintes reprises dans des interviews : "Un jour, après l'indépendance, Senghor m'a demandé d'africaniser les majorettes. On a donc changé le costume, supprimé la fanfare. Mais on a gardé les bottes… et j'ai trouvé le rythme de la parade…".
Il a rythmé l'hymne du Sénégal.
La contribution de Doudou Ndiaye Rose à la vie culturelle du Sénégal ne peut que rester dans l'histoire. En effet, sous la coordination de l'ethno-musicologue Herbert Pepper, il avait participé à la création de l'hymne national du Sénégal. Les paroles sont tirées d'un poème de Senghor et plusieurs artistes en élaborent la musique ; mais c'est Doudou Ndiaye qui s'est chargé de la partie rythmique. C'est aussi lui qui composa le générique de l'indicatif du journal télévisé de la Radio télévision du Sénégal (Rts).
Il avait même à l'époque animé des émissions culturelles à la radio, sans délaisser son activité au sein de diverses formations musicales. En 1965, se souvient-on, l'artiste a aussi participé aux côtés de certains de ses pairs à l'inauguration du Théâtre national Daniel Sorano. Senghor y avait réuni les meilleurs artistes sénégalais pour une prestation inoubliable. Une année plus tard renseignent les anciens, ce fut encore Doudou Ndiaye Rose qui assura le défilé d'ouverture du premier Festival mondial des arts nègres (Fesman). Ce ne sera pas sa seule participation. Il a joué à la seconde édition du Fesman organisée en 1977 au Nigeria puis au troisième en 2010 au Sénégal.
Nommé professeur de rythme à l'Institut national des arts de Dakar et chef tambour majeur du Ballet national du Sénégal, qui attire des spectateurs prestigieux, au nombre desquels figure Maurice Béjart, en 1977, Doudou Ndiaye impressionna ce dernier, qui l'embarqua dans une nouvelle aventure. Le Président Senghor venait en effet de fonder à Dakar, avec Béjart, une école de danse, Mudra Afrique, dirigée par la grande dame de la danse africaine, Germaine Acogny.
Doudou Ndiaye a été le batteur de cette école. En 1981, il créa le premier groupe de femmes percussionnistes d'Afrique, initiant tout d'abord sa fille aînée Rose (qui porte le même nom que sa mère, Coumba Rose Niang), puis ses autres filles et belles-filles (quatorze filles et neuf belles-filles). "Le groupe s'appelle "Les Rosettes", en l'honneur de sa maman. Or, dans la tradition wolof, les femmes chantent ou jouent de la calebasse, mais le tambour leur est strictement interdit. Doudou bouscule une fois encore les traditions ; mais, cette fois, les anciens l'encouragent" mentionne-t-on.
Sa prouesse sur les Champs Elysées
Le Tambour major partit par la suite à la conquête du monde et multiplia les collaborations. On le retrouva au festival de Jazz de Nancy, en 1985. Il est accueilli sur les scènes les plus prestigieuses aux côtés de grands noms comme France Gall, les Rolling Stones, Peter Gabriel, Miles Davis, Dizzy Gillespie, Mory Kanté, Youssou Ndour…. A partir de 1987, il enchaîna plusieurs tournées mondiales avec sa formation de percussionnistes, "Doudou Ndiaye Rose et les tambours sabar" (entre quinze et trente personnes), composée exclusivement des membres de sa famille.
A Paris, en 1989, lors des célébrations du Bicentenaire de la Révolution française, il est à l'honneur sur les Champs-Élysées, où il défile avec son groupe. Ce fut une prouesse inoubliable qui marqua son riche parcours. Ce Cheikh du tam-tam forma également ses petits-fils qui constituent "Les Roseaux", un groupe d'enfants âgés de quatre à douze ans. Aussi, le "maître" a-t-il, toujours conjugué ses goûts personnels et les causes qu'il défend avec son art. Sa passion pour le sport le conduit à animer régulièrement les tournois de lutte traditionnelle, le lamb, sans oublier les matches de foot.
Avec ses tambours, il s'est fait le porte-parole de la paix au Rwanda entre autres grandes causes à travers le monde.
Honneurs et reconnaissances
Les reconnaissances officielles, Doudou Ndiaye Coumba Rose en a reçu énormément. Le Président Mitterrand l'avait promu Chevalier des Arts et des Lettres, le Président Abdou Diouf l'éleva au même titre, relayé par son successeur, Abdoulaye Wade, qui le nomma chevalier dans l'Ordre national du lion et du Grand-croix de la Légion d'honneur. Et puis ce fut au tour de l'Unesco, de faire de Doudou Ndiaye un "Trésor humain vivant".
Outre le cinquantenaire de sa carrière qui a été célébré avec faste, plusieurs initiatives ont été prises pour lui rendre hommage. La dernière en date fut celle de l'Ambassade des Etats Unis à Dakar. Né dans la capitale sénégalaise le 28 juillet 1930, Doudou Ndiaye a gardé jusqu'au dernier souffle sa vitalité et son énergie. Le tambour faisait partie de son quotidien au point qu'il affirmait ne pouvoir jamais s'arrêter car pour lui, "jouer du tambour est un don de Dieu".
Pourtant rien ne le prédestinait à ce grand destin. S'il est vrai que l'artiste est issu d'une famille de griots wolof et que ses arrières grands-pères étaient tous deux des percussionnistes, son père, El Hadji Ibrahima Ndiaye, renseigne-t-on dans les Cahiers d'ethnomusicologie, avait pourtant rejeté la musique et exercé le métier de comptable. Il interdisait donc à Doudou de jouer du tambour.
Bien malgré lui, celui qui deviendra le Tambour major appris le métier de plombier, qu'il exercera jusqu'en 1960. Mais depuis l'âge de sept ans, sa passion était autre : ce qu'il aime avant tout, ce sont les tambours de l'ensemble sabar. Gamin, il en jouait en cachette, quitte à faire l'école buissonnière. La suite ? On en sait suffisamment. Et, chaque Sénégalais, chaque citoyen du monde qui l'a connu, racontera toujours avec une fierté ce que fut son parcours, tout en ayant un regret de l'avoir perdu.
TAMBOUR SANS MAJOR
Décès de Doudou Ndiaye Rose - Reportage, témoignages des artistes et dernières volontés du défunt
24 heures après avoir accompagné à sa dernière demeure son ami Vieux Sing Faye, Doudou Ndiaye Coumba Rose le rejoint auprès de Dieu. Le célèbre percussionniste a rendu l’âme hier après un malaise. Le monde de la culture a perdu l’un de ses plus illustres ambassadeurs.
Parents, amis et des curieux ont été nombreux hier à convergé au domicile de Doudou Ndiaye Coumba Rose dès l’annonce de son décès. Ils étaient assis sous des bâches, la mine triste, les regards perdus pour ceux dont on pouvait voir les yeux. Certains se camouflent avec des lunettes noir fumée. D’autres, mouchoir à jeter entre les mains, pleurnichent. Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre.
Ces dernières, vêtues d’habits traditionnels, agitent pour la plupart des éventails bravant ainsi la chaleur de l’après-midi. On en voit qui errent à travers les voitures, portable collé à l’oreille et passant des coups de fil interminables. Tous sont envahis par l’émoi et la consternation.
"Impossible, pas lui ! On était ensemble ce matin à la mosquée pour la prière. Par la suite, il a demandé à l’iman de prier pour lui", entend-on dans la foule grandissante qui est venue s’amasser devant la demeure située aux Hlm du célèbre percussionniste. C’est un grand homme de culture qui a tiré sa révérence. En témoignent la présence et les réactions des icônes du secteur quelques heures à peine après sa mort. Youssou Ndour, Didier Awadi, Pape Faye, Doudou Ndiaye Mbengue, El Hadji Pape Dieng… n’ont pas manqué d’entourer de leur affection la famille du défunt.
"Doudou Ndiaye Rose est décédé 24 heures après l’inhumation de son ami Vieux Sing Faye", rappelle-t-on dans la foule. Et certaines confidences de préciser qu’il a rejoint Allah hier matin pendant qu’on lui préparait son petit-déjeuner. "Il n’a pas eu le temps de le goûter", regrette-t-on. "Le Sénégal perd une fois de plus un grand ambassadeur culturel", a pour sa part affirmé son fils Birame Ndiaye.
Doudou Ndiaye était le plus grand percussionniste du pays connu partout à travers le monde : d’Asie en Amérique en passant par l’Europe. Il a su porter très haut les couleurs du Sénégal grâce à la culture. Récemment, l’ambassade des Etats-Unis lui a rendu hommage lors de son anniversaire. Une cérémonie en marge de laquelle il avait confessé son regret de n’avoir pas été célébré dignement de son vivant par le Sénégal. Le défunt Tambour-major, jusqu’à hier Trésor humain vivant de l’Unesco sera inhumé ce jeudi à 11heures au cimetière musulman de Yoff. Paix à son âme !
Témoignages… Témoignages… Témoignages
El Hadj Nar Mbaye (ami d’enfance) "Doudou Ndiaye était une personne exceptionnelle"
Doudou Ndiaye Coumba Rose a été un musulman très digne, un pratiquant. Il adorait travailler. Il était généreux et d’un commerce facile, une personne qui aide ses pairs pour qu’ils puissent bien pratiquer leur religion. Il a amené des personnes faire le 5ème pilier de l’islam. Il était bien éduqué, un fervent talibé de Serigne Babacar Sy qui aimait sa famille plus que tout. C’était une personne exceptionnelle. Tous les musulmans et toute la tarikha Tidiane ont perdu un être cher.
Sen Kumpa (rappeur) "Il a été un grand monument"
C’est tous les hommes de culture, les sportifs qui ont perdu. Si je regarde le passé dans les années 2002, les images qui me reviennent sont la période de la Coupe monde qu’il a marquée de son empreinte. Doudou Ndiaye était partout pour valoriser la culture sénégalaise. Il avait une dimension extraordinaire. Nous ne pouvons pas imaginer ce que nous avons perdu. Il faut que la génération qui vient revoie ses images. C’est là qu’ils sauront que c’est une référence. Il a été un grand monument.
Golbert Diagne (comédien) "Il faut qu’on prête une grande attention à ceux qui nous restent"
On perd nos grands hommes et on n’a plus de référence. Donc, il faut qu’on prête une grande attention à ceux qui nous restent, et tout ce qu’on peut faire pour eux, qu’on le fasse. Que ce qui vient de se passer avec Doudou Ndiaye Coumba Rose ne se produise pas pour les autres. Pensons à El Hadj Mansour Mbaye. Que tout le Sénégal prenne l’initiative de lui rendre hommage ! Il y a aussi Khar Mbaye Madiaga et d’autres monuments qui sont là.
Didier Awadi (rappeur) "Je n’ai pas pu réaliser toutes mes ambitions pour lui"
C’est une personne qui disait toujours : "Tout ce que vous faites pour moi, faites-le de mon vivant. N’attendez pas que je meurs pour me faire des hommages." Quand on travaillait ensemble, il me trouvait chez moi et me disait : "Il faut qu’on termine notre travail. Je suis un vieux maintenant. Pas un jeune homme. Viens on va aller travailler c’est mieux." Tout ce que j’ambitionnais de réaliser avec lui, je n’ai pas pu le terminer. Je dirai que je n’ai pas eu le temps de faire tout ce que j’avais envie de faire pour lui.
Simon (rappeur) "Un monument est parti sans son école"
Doudou Ndiaye Coumba Rose nous disait souvent qu’il voulait créer une école et envoyait toujours des courriers aux autorités pour qu’elles puissent faire quelque chose. Mais personne n’a pris en compte son souhait. Aujourd’hui, il n’est plus. Il nous demandait toujours de l’aider pour la réussite de son école. Personne n’a su connaître sa valeur dans ce pays. C’est désolant de voir que ce sont les Américains et les Japonais, des étrangers qui lui rendent hommage alors que nos autorités sont là à ne rien faire. Aujourd’hui, c’est une journée de tristesse. Je l’ai appelé au Grand Théâtre contre vents et marées pour qu’il participe à mon dernier anniversaire et j’ai eu toutes les critiques du milieu du hip-hop comme quoi je transforme le rap en mbalax… Un monument est parti sans son école.
Coumba Gawlo Seck (artiste) "Mon cœur est meurtri"
Mon cœur est profondément meurtri. Je ne sais quels mots utiliser ni par quel bout commencer. Tellement je suis sous le choc. Je suis anéantie. Mon père, mon ami, notre symbole, le monument de la musique sénégalaise, comme je l’appelle souvent, vient de partir sans crier gare. Papa Doudou Ndiaye Rose s’en est allé sur la pointe des pieds… Notre duo sur la chanson Cool marque et marquera à jamais les esprits. Repose en paix papa Doudou ! Notre symbole…
Keyssi Bousso (Administrateur du Grand Théâtre national) "Quand j’ai eu mon premier enfant, il a été le seul à me donner 25 mille francs"
Nous avons perdu un baobab. Doudou Ndiaye était un baobab. En 1974, il a été mon professeur à l’Ecole des arts. Il m’a enseigné à la Mudra. Mais il y a quelque chose de spécifique qui m’a définitivement lié à lui. C’est qu’en 1980, lorsque j’ai eu mon premier enfant, il a été le seul à me donner 25 mille francs Cfa pour m’aider. A l’époque, cela représentait beaucoup. C’est un geste que je n’ai jamais oublié. Et c’est pourquoi j’ai décidé de lui rendre un grand hommage au Grand Théâtre. Nous étions en discussion pour l’organisation. Malheureusement, il est parti. Mais je ferai cet hommage.
Ses regrets et ses dernières volontés
"Quand je ne serai plus de ce monde, j'attends des uns et des autres des prières"
"Récemment, un journaliste me demandait si on a donné mon nom à une école ou une rue? Je lui ai répondu non. En général ici au Sénégal, on donne le nom de quelqu'un à une rue ou une école ou autre que lorsque la personne est morte. Et quand je serai mort, qu'on ne donne pas mon nom à l'un de ces endroits. Ce n'est pas la peine, car je ne serai plus sur terre donc j'en saurai rien. Une personne, quand on lui rend hommage, on doit le faire de son vivant. Mais là, c'est les Américains et les Japonais qui me rendent hommage et vous savez que c'est des personnes qui ne font rien dans la futilité. Le problème au Sénégal est que les gens attendent toujours ta mort pour te rendre hommage. Quiconque me le fait, je ne le lui pardonnerai pas. On me jette des fleurs partout. Les autorités à chaque fois que je les rencontre, elles disent que je suis un exemple pour les jeunes, qu'elles sont reconnaissantes pour ce que j'ai fait pour le pays. Mais aucune d'entre elles n'a pensé me rendre hommage de mon vivant. Organiser une journée juste pour moi serait salutaire. Je n'ai pas encore la chance d'être dignement célébré par mon pays. C'est regrettable, mais je n'y peux rien. Quand je ne serai plus de ce monde, j'attends des uns et des autres des prières (fatiha et 11 likhlass)".
VIDEO
DÉCÈS DU PERCUSSIONNISTE DOUDOU NDIAYE ROSE
Le tambour major ne s'entendra plus que de loin...
DAKAR, 19 août 2015 (AFP) - Le Sénégal a perdu mercredi un de ses plus grands ambassadeurs culturels à travers le monde, son maître-tambour Doudou Ndiaye Rose, décédé à 85 ans et qui était classé par l'Unesco "trésor humain vivant".
"Monument", "légende", "percussionniste hors pair", "magicien des tambours" : à l'annonce de son décès, plusieurs télévisions locales ont bouleversé mercredi après-midi leurs programmes pour lui consacrer des hommages, diffusant des images de récentes manifestations pour son 85e anniversaire.
"Nous avons perdu notre père, notre ami, un grand homme, Doudou Ndiaye Rose", a déclaré à l'AFP un de ses neveux, le chanteur Doudou Ndiaye Mbengue.
Selon lui, la levée du corps est prévue jeudi matin à Dakar. "Il a eu un malaise ce matin, il a été transporté à l'Hôpital Le Dantec", à Dakar, où il s'est éteint, a expliqué à l'AFP Aboubacar Demba Cissokho, de l'Association de la presse culturelle du Sénégal, proche de sa famille.
Selon la presse locale, Doudou Ndiaye Rose était apparu bien portant mardi aux obsèques d'un autre percussionniste sénégalais, Vieux Sing Faye.
Né le 28 juillet 1930 à Dakar, Mamadou dit Doudou Ndiaye Rose– ou Doudou Ndiaye Coumba Rose, comme il aimait aussi se faire appeler -, issu d'une famille de griots, était à la tête d'un orchestre de plusieurs dizaines de percussionnistes, dont plusieurs membres de sa famille.
En 2010, il avait indiqué à une journaliste de l'AFP avoir "quatre femmes et au moins 15 filles et 15 garçons". Il avait aussi raconté qu'il avait dû batailler contre son père, comptable, qui refusait qu'il devienne musicien, un art qu'il a appris jusqu'au fin fond du Sénégal.
"Je rencontrais les anciens pour qu'ils me transmettent ce langage très précis des percussions que tout le monde connaissait alors : comment annoncer qu'il y a un feu de brousse, qu'un serpent a piqué quelqu'un et quel genre de serpent, que la femme qui vient de se marier a rejoint la demeure conjugale et que son mari est content d'elle", avait-il expliqué.
Depuis, il a marqué le Sénégal de son empreinte et a partagé la scène avec de nombreux artistes dont Miles Davis, les Rolling Stones, des percussionnistes au Japon... "Je suis allé 17 fois au Japon juste pour faire découvrir aux Japonais la culture sénégalaise", a-t-il déclaré récemment au quotidien sénégalais privé L'Enquête.
Son nom est associé aux défilés civils marquant la fête de l'Indépendance du Sénégal- célébrée chaque 4 avril- durant lesquels des majorettes marquent le rythme au son de ses percussions. Une composition faite à la demande du premier président sénégalais (1960-1980), Léopold Sédar Senghor, décédé en 2001.
Doudou Ndiaye Rose a régulièrement rendu hommage à Senghor, fervent défenseur de la Culture qu'il a souvent accompagné lors de ses visites à l'étranger et qui l'a régulièrement invité aux cérémonies et manifestations grandioses, comme le premier Festival mondial des arts nègres, en 1966 à Dakar.
Il lui est arrivé d'aligner jusqu'à 250 percussionnistes lors d'une prestation, alors qu'auparavant, "le nombre de batteurs requis" lors d'une séance de sabar (tambour) était de cinq, a rappelé la journaliste culturelle sénégalaise Oumy Ndour.
"Un patrimoine mondial"
Autre souvenir marquant de sa carrière : sa participation, avec son armée de batteurs, aux célébrations du Bicentenaire de la Révolution française à Paris en 1989.
Doudou Ndiaye Rose, un petit bout d'homme, impressionnait toujours lors de ses prestations, par une débauche d'énergie : tapant sur ses percussions, chantant, dansant, sautant, tout en restant majestueux dans ses costumes de scène et dirigeant avec forces gestes ses batteurs, qui alternent mouvements d'ensembles et mouvements en solo.
D'après Aboubacar Demba Cissokho, il avait été classé "Trésor humain vivant" par l'Unesco en 2006, en même temps que d'autres compatriotes célèbres.
Cette distinction vise "des personnes ou groupes de personnes détenant des savoirs ou savoir-faire dont ils sont les acteurs stratégiques de transmission", selon le ministère sénégalais de la Culture.
Mercredi soir, le maire de Dakar, Khalifa Sall, a fait état de sa "tristesse" après le décès de son "ami et doyen" Doudou Ndiaye Rose, qui était aussi son conseiller culturel.
"Doudou Ndiaye Rose est un patrimoine mondial", a déclaré le musicien Cheikh Tidiane Tall, membre fondateur du mythique groupe Xalam, à la télévision publique sénégalaise RTS.
"Il mérite d'avoir une école académique de percussions" qui attirerait au Sénégal tous les amateurs de son art, a estimé M. Tall, en s'adressant directement au président sénégalais Macky Sall.
D'après la RTS, Doudou Ndiaye Rose a été pendant "plus de deux décennies" dans l'attente "d'un agrément de l'Etat" pour ouvrir un institut de formation.
Sur Twitter, le rappeur Nix a écrit : "Triste nouvelle mais mission accomplie pour le père Doudou Ndiaye Rose. Gros héritage pour le monde de la musique."
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PROGRAMME DE VACANCES DANS LES BOITES DE NUIT A DAKAR : Soirées discothèques ou live pour vibrer au rythme des différents artistes
Les vacances à Dakar, c’est la fête partout. Du Blue Saxo à Yoff au Penc Mi en passant par Le Patio ou encore Kotton’s Club aux Aladies, ça bouillonne dans tous les sens. Si ce ne sont pas des soirées discothèques, on a droit au live pour vibrer au rythme des différents artistes. Avec la plupart des boites qui ont revues leur programme pour les vacances, rien ne sera de trop pour chauffer Dakar et ça promet d’être show cet été ! Nous en avons visité quelques unes.
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"À CHAQUE FOIS QUE J'ANNONCE MON MARIAGE, RIEN NE SE PASSE…"
Elle se ballade dans les couloirs de sa maison en chantonnant. Des escaliers menant au deuxième étage de la maison où habitent ses parents à Guédiawaye, l'on entend sa belle voix et c'est sur des notes d'une de ses chansons bien connues qu'elle nous reçoit. La bonne humeur d'Adiouza est presque contagieuse. Avec EnQuête, elle a accepté de parler de son prochain album, de ses amours et de sa relation avec Yaya Jammeh.
Vous préparez la sortie de votre troisième album, vous en êtes où ?
Daddy est le titre de l'album que je compte sortir au cours de cette année. On a sorti une chanson du même nom. Là on est en pleine promotion de ce single. Dans quelques mois, on prévoit de sortir une autre version du titre "Daddy". Il y aura aussi un clip pour cette version. On y travaille. Actuellement, on prépare des tournées toujours dans le cadre de la promotion de ce single. Dans le prochain album, l'essentiel des textes sera en rimes. J'ai goûté à cette façon d'écrire et cela m'a plu. J'ai beaucoup côtoyé les rappeurs et ils m'ont beaucoup influencée. Il y aura des collaborations avec certains rappeurs dont je tairai les noms pour l'instant. Dans cet album, je m'ouvre vraiment à d'autres univers. J'y ai pris beaucoup de risques musicalement parlant. On verra maintenant comment le public va l'accueillir.
Concrètement, qu'est-ce que vous allez proposer au public ?
Je préfère ne pas en parler. Ça sera une surprise pour les mélomanes. Je peux juste dire que ce sera du tout neuf. Un registre que les mélomanes ne m'ont pas vu explorer jusque-là. On verra comment le public l'accueillera et l'appréciera. Avec la nouvelle version de "Daddy", il y a des risques pris par Adiouza. Comme d'habitude, j'essaie de proposer aux Sénégalais des sonorités qu'ils n'ont pas l'habitude d'entendre. J'espère que ce que j'apporterai là sera du goût du public. Je sais que c'est un travail de longue haleine fait avec des artistes sénégalais et étrangers que je leur proposerai. Je ne vais pas trop m'épancher là-dessus. Ce sera une surprise. Je n'en dirai pas plus.
Daddy est un hommage à votre papa ?
Oui, à mon papa et à tous les papas du monde. Quand on écoute bien la chanson, les paroles et qu'on s'intéresse un peu aux lyrics, l'on se rend compte que chacun peut s'approprier de la chanson. Je parle du soutien d'un papa à sa famille et de plein d'autres choses dans cette chanson. Quand même c'est d'abord pour mon très cher papa à qui je tenais à rendre hommage. Depuis que j'ai commencé la musique, mon papa est toujours à mes côtés. Il me soutient et se donne à fond pour que je réussisse dans ma carrière de chanteuse. Franchement je lui devais ça avant de faire voyager ma musique en sortant un album international. "Daddy" sera mon premier album international. Je me devais de le faire pour mon très papa. C'est ma façon à moi de lui dire merci pour tout ce qu'il a fait pour moi et pour sa famille. Vous savez, mon père est comme mon complice. Quand je ne vais pas bien, il est là pour moi. Quand je suis heureuse, il est là. Il sait tout de moi à peu près. Il connaît mes faiblesses et forces. Il me connaît comme la paume de sa main. Ma mère aussi est ma complice. Je profite de l'occasion pour lui faire un clin d'œil. Elle vit à Paris. Je suis là avec mon père et il me soutient beaucoup.
Quel bilan tirez-vous de votre carrière depuis que vous êtes rentrée de la France ?
Ça va, Adiouza est une artiste originale qui prend des risques. Des fois quand on prend des risques, ça passe ou ça casse. Les gens souvent souhaitent entendre ce qu'ils avaient l'habitude d'entendre. Quand tu veux les amener ailleurs, quand tu veux les faire voyager ou initier ou innover, des fois beaucoup d'entre eux ne comprennent pas. Il faut vraiment être mélomane et prendre au second degré certains changements artistiques ou ce que je dis dans mes textes. Je me fie à mon intuition de femme et je n'hésite pas à foncer. J'essaie d'allier d'autres styles de musique au mbalax. Je crois toujours au mbalax même si l'on sait tous qu'il ne dépasse pas nos frontières. Tout le monde en est conscient. Aucun artiste sénégalais n'a eu de disque d'or avec le mbalax. Donc on sait que cela reste au Sénégal et ne dépasse pas nos frontières. Alors ma démarche à moi, c'est d'amener le mbalax hors de nos frontières à l'alliant à des rythmes qui vont avec et qui peuvent être vendus sur l'international. Je continuerai à chercher et à proposer. Je ne me découragerai pas.
Vous n'êtes pas donc de ces jeunes artistes qui se contentent d'une notoriété nationale ?
(Elle rit). Je suis ambitieuse. Cela, il faut le dire aux Sénégalais, Adiouza est une femme hyper ambitieuse. Quand j'ai fini mon premier album, je n'étais rien du tout. J'étais à Paris et personne ne me connaissait à l'époque. Mais moi je me voyais déjà sur les grandes affiches. Je me voyais déjà star internationale. Au début, le Sénégal n'était même pas dans mon programme. Pour moi, j'allais directement faire carrière sur l'international. Il a fallu que mon frère Cheikh Lô Ouza Diallo me propose de venir commencer ici d'abord pour que j'y pense. Il m'a fait comprendre que réussir sur l'international n'est pas si évident que cela. Et que si jamais j'y essuyais un flop, ce serait catastrophique pour moi et je perdrais tout. C'est lui qui m'a conseillée de sortir ici mon album et de me faire connaître ici. C'est lui qui arrange tous mes albums et si ce n'était lui, on ne m'aurait pas connue ici. Quand j'ai sorti "Madou", je ne croyais pas trop en son succès. Je l'ai sorti et je suis repartie tranquillement en France. Je ne me prenais pas au sérieux à l'époque. Avec le succès de "Madou", j'ai été obligée de revenir. Je n'y croyais pas au début. C'est après que je me suis dit pourquoi pas ne pas faire carrière ici. Je suis restée et je me suis enlisée. J'ai pris goût au mbalax et à son atmosphère. Je n'ai pas pu faire carrière sur l'international comme je le rêvais. Je suis toujours là et j'en suis à mon troisième album. Ma musique est connue dans des pays africains. Je me suis produite au Burkina, au Mali et un peu partout en Afrique. Mes fans me disent : Adiouza, il est temps que tu exportes ta musique parce que tu en as les possibilités. Et je le sais en toute modestie. Moi avant, je voulais une musique autre que le mbalax. Là, je vais essayer de réaliser ce rêve.
Avez-vous déjà trouvé une maison de production étrangère ?
Non, je préfère ne pas en parler. On verra.
Vous vous investissiez dans l'humanitaire, où en êtes vous ?
Je m'intéresse beaucoup au social parce qu'étant issue d'une famille pas très aisée. Tout le monde sait que mon père a toujours été un artiste engagé, révolutionnaire, qui s'est toujours rangé du côté du peuple. Tous les gouvernements l'ont presque combattu pour cela. Je me rappelle quand j'étais enfant, je ne voyais jamais mon père à la télé par exemple. Je le voyais rarement faire des concerts. Donc, c'était difficile pour lui de subvenir aux besoins de sa famille. Je rends hommage à ma mère qui a été une battante et n'a pas rechigné à faire toute sorte de boulot pour nourrir sa famille. Ma mère a vendu des sandwichs alors qu'elle était secrétaire de direction de formation. Elle a travaillé dans ce cadre avec Abdoulaye Wade. Quand mon père était dans des difficultés, ma mère était là pour nous tous. Je rends grâce à Dieu de m'avoir donné de pareils parents. Mon père a inculqué à tous ses enfants des valeurs profondes et indéniables. Je suis très fière d'avoir un tel père et une mère qui nous a poussés à terminer nos études. Maintenant, j'essaie d'aider les gens du mieux que je peux même si les moyens ne suivent plus. Je n'ai plus le soutien que j'avais pour vraiment tenir la boutique. La boutique sociale solidaire d'Adiouza n'existe plus. Voilà, vous avez l'exclusivité. Il y a quelques familles que j'aide encore à chaque fin de mois.
Des talibés meurent ces jours-ci par négligence, qu'en pensez-vous ?
Dans mon second album "li ma donn" j'ai dédié une chanson aux talibés. Dans l'opus, je disais que ces derniers mendiaient matin, midi et soir dans la rue comme si on les envoyait dans les daara pour ça. Pour moi, la modernisation des daara ne doit pas être qu'un slogan. Elle doit être matérialisée et pour moi, les talibés doivent, en plus du Coran, apprendre le français, l'anglais et on doit les former aussi. Ainsi, ils pourront servir la nation et se servir. Je pense qu'il faut éliminer la mendicité. Je ne suis pas dans la politique et je ne maîtrise pas certaines choses aussi.
Vous êtes l'une des musiciennes sénégalaises les plus appréciées par le Président gambien. Quel genre de relations entretenez-vous avec lui ?
C'est un Président qui a beaucoup fait pour la culture sénégalaise. Aucun artiste sénégalais ne dira le contraire. Il ne s'agit pas juste d'Ouza et d'Adiouza. Moi, quand je vais en concert en Gambie, je rencontre d'autres musiciens sénégalais comme Papa Thione, Wally Seck, Viviane, Aïda Samb et bien d'autres. On doit beaucoup à Yaya Jammeh parce qu'il nous invite à chaque fois qu'il organise des choses. Il aide la culture sénégalaise vraiment. Le Président Jammeh ne se focalise pas sur un artiste et ne donne pas non plus le monopole à un artiste comme ça se fait au Sénégal et dans d'autres pays d'Afrique. Au contraire, le Président gambien nous met tous au même pied pour l'avancement de la culture sénégalaise. Pour ça, je lui rends hommage et lui dis merci de nous soutenir parce qu'on en a besoin. L'art ne nourrit pas son homme au Sénégal et en Afrique. On est obligé d'avoir des parrains qui nous subventionnent. Les choses ne sont pas faciles et rien n'est donné. On peut investir 20 millions dans un album et ne pas recouvrir ne serait-ce que 2 millions. Ce que les gens croient, ce n'est pas du tout la réalité.
Au Sénégal, qui est l'artiste mis en avant au détriment des autres ?
(Elle rit) Je ne sais pas. Je préfère ne pas me mêler de la politique culturelle sénégalaise même si j'ai beaucoup de choses à dire là-dessus. Mais je ne préfère pas m'épancher sur le sujet. Je laisse ça à mon père.
Le côté dictateur de Yaya Jammeh ne vous dérange-t-il pas ?
Cela dépend de comment on définit le mot dictateur et de celui qui prononce le mot. Quand on analyse bien les choses, même la démocratie est une sorte de dictature parce que des gens imposent leur façon de voir à d'autres. La dictature aussi, c'est imposer sa pensée à d'autres. Donc, c'est du pareil au même.
Certains Gambiens vous en veulent de soutenir Jammeh. Cela vous fait quoi ?
Mais ça, c'est grave et c'est une dictature. Ce n'est pas parce qu'on ne pense pas de la même manière qu'on est obligé de se battre. Moi, je ne suis pas d'accord avec ça. Je trouve ça sauvage. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas la même philosophie qu'on ne doit pas vivre en paix. Je trouve ça ridicule. On est tous des Africains, on doit se donner la main et marcher ensemble vers le développement. C'est cela le plus important. L'Afrique est en traîne par rapport aux autres continents.
A quand le mariage ?
Quand Dieu l'aura décidé. A chaque fois que j'annonce mon mariage, rien ne se passe. Je préfère ne plus donner d'échéance.
Vous êtes en couple avec l'animateur de la RFM Chérif Diop ?
Je suis en couple mais ce n'est pas avec Chérif Diop. Je ne vous dirai pas qui c'est.
L'on a remarqué qu'à chaque fois que vous sortez un album ou un single, des histoires sur votre vie amoureuse sont montées. Est-ce pour faire le buzz ?
C'est bizarre mais ce n'est pas mon staff. Je n'aime pas trop le buzz. Je ne sais pas qui a monté cette histoire-là mais moi, je ne suis pas dans ces trucs de buzz. J'ai une autre philosophie et une autre manière d'imposer mon produit que d'user de telles stratégies. Je préfère adopter les moyens classiques en faisant les radios et télés ainsi que des concerts. Si on veut faire du buzz pour vendre, c'est parce qu'on croit que sa musique ne va pas plaire.
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"YOUSSOU NDOUR A JOUÉ DANS LA COUR DES GRANDS AVEC MOI"
Il est l'un des artistes sénégalais qui tourne le plus sur le plan international. Il est invité avec son groupe aux plus grands festivals musicaux du monde. Avec son dernier album "balbalou", Cheikh Lô vient de gagner la world music expo. Le prix lui sera remis en octobre prochain à Budapest, en Hongrie. En attendant, l'auteur de "Doxandem" s'est confié à EnQuête. Avec ses dreads locks dont la longueur dépasse ses genoux, il s'est chaleureusement prêté à nos questions. Sans faire dans la langue de bois, il dit ce qu'il pense de l'évolution de la musique sénégalaise et revient sur les grandes réussites de sa carrière.
Vous êtes nominé au World music expo 2015. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?
Il faut d'abord que j'explique aux gens c'est quoi le Womex. C'est un marché de la musique où se retrouvent tous les agents d'artistes chaque année afin que ces derniers puissent participer aux différents festivals. Depuis 1996, on côtoie ces gens-là. Cela fait donc 20 ans aujourd'hui. Cette année, j'ai le prix du meilleur artiste. C'est une fierté pour moi. Mais avant cette consécration, le précédent disque intitulé "jamm" a été sélectionné dans le Top 10 et classé numéro 1, après notre passage au Womad festival en Angleterre. Donc ce sont deux distinctions. Et vous savez, mon premier album (ndlr premier album international) "nala thiass" a été classé dans le Top 10 et était numéro 1.
Et c'était pareil avec le deuxième album "Bambay guedj", le troisième album "Lamp Fall" ainsi que le quatrième "jamm". Et "balbalou" est aussi dans le Top 10 et est numéro 1. Successivement, tous mes albums ont occupé la première place. Ce qui se passe n'est pas nouveau. Seulement, l'information est plus accessible aujourd'hui avec le développement des moyens de communication. Beaucoup pensent que c'est la première fois que je suis dans le Top 10. Ce prix ne m'a pas surpris. Car "jamm" a eu du succès. Et je peux dire que "balbalou" est plus mature. Donc ce succès ne me surprend guère. Dès le début, j'ai nourri un certain espoir par rapport à cet album. C'est en pleine tournée qu'on m'a informé du classement dans le Top 20 de l'album. C'est le journal Song line (ndlr un magazine anglais, il nous montre le numéro en question) qui a mis l'information à sa une.
Avez-vous reçu des félicitations de la part de votre tutelle ?
Pour le moment, il n'y a qu'Aziz Dieng qui m'a appelé pour me féliciter. Je crois qu'il est dans le cabinet du ministre de la Culture. Il est le seul pour l'instant. À part lui, ce sont des amis musiciens comme Souleymane Faye ou encore Henry Guillabert qui m'ont appelé (l'interview a été réalisée vendredi dernier). J'ai reçu des appels de partout venant de gens qui ne sont même pas dans le milieu de la musique.
Peut-être que l'autorité n'a pas encore reçu l'information. Je dois recevoir le prix en octobre normalement. Pour moi, c'est prématuré de saisir la tutelle ou la Présidence. Ce serait mieux d'attendre d'aller à Budapest où va se tenir la cérémonie de remise de prix avant de les rencontrer. Cette dernière sera médiatisée. Les gens auront l'information. Je pense qu'après cela, la tutelle ou la Présidence réagira.
Pensez-vous que la musique mbalax telle que composée actuellement pourrait gagner un prix pareil ?
Non, non je ne pense pas. Des fois, je critique positivement et il y a des gens qui m'écoutent négativement. Et ça, c'est un problème. Je dis des choses qui peuvent leur être utiles. Je ne leur donnerai jamais des conseils qui pourraient leur porter préjudice. Ce n'est ni dans mon intérêt ni dans celui du Sénégal. Des fois, j'ai même peur de dire certaines choses pourtant sincères et honnêtes. Ils pensent que je joue au savant alors que tel n'est pas le cas. Aussi, ce qui se passe actuellement montre que j'en sais assez pour pouvoir faire des observations. Ils doivent pouvoir m'écouter. A la génération qui arrive, je ne demande pas de ne pas faire du mbalax. Parce que vous pouvez trouver du mbalax dans ce que je fais. Mais c'est un mbalax soft, teinté de sonorités d'ici et d'ailleurs.
Cette ouverture dans ma musique me permet d'être écouté en Inde, au Japon et partout ailleurs dans le monde. Quelqu'un qui fait de la musique africaine avec des couleurs jazzy ou bluesy arrive à capter du public à travers le monde. Mais quand on décide de rester dans sa coquille en voulant faire du mbalax pur et dur comme ils le disent, on ne fera pas grand chemin. Au Mali proche, on n'y écoute pas du mbalax pur et dur encore moins en France ou en Guadeloupe. Pourtant ces gens écoutent les sonorités guinéennes et autres. On doit se poser des questions et se demander pourquoi pas nous.
Aussi, même les précurseurs ont compris aujourd'hui que cela ne paie pas. Ils se sont tournés vers la couleur acoustique. Youssou Ndour est le roi du mbalax mais il a fini dans l'acoustique. Et c'est une belle musique qu'il nous propose. Le dernier album d'Omar Pène est différent de ce que nous proposait le Super Diamono d'antan. Pène fait lui aussi de l'acoustique.
La couleur acoustique est très usitée dans les compositions musicales. Vous trouvez que nos artistes le font bien ?
Il faut qu'ils fassent attention. Quand on veut faire de l'acoustique, on doit savoir jouer de la guitare. Alors que les artistes que j'ai suscités ne savent pas jouer de la guitare. Donc, ils ne sauront jamais faire la vraie musique acoustique. Par contre, il y a d'autres générations comme celle de Pape et Cheikh. Je les vois jouer de la guitare et ils maîtrisent leurs accords. Je les encourage beaucoup. Dans le lot, j'identifie aussi Yoro Ndiaye, Carlou D et d'autres jeunes. Je pense que ceux-là peuvent percer sur le marché international et pourraient gagner des prix. Ils peuvent avoir cette chance s'ils continuent sur cette lancée et persévèrent aussi en exploitant d'autres univers musicaux. Cela ne leur coûterait rien d'aller dans divers pays d'Afrique à la recherche de nouveaux rythmes.
On a l'impression qu'au Sénégal, le grand public aime le mbalax pur et dur. Pape Diouf et Waly Seck mènent la barque actuellement au niveau national. Qu'en pensez-vous ?
Vous savez, Pape Diouf, c'est un peu Youssou Ndour. De ce que j'ai entendu de ses chansons, je n'y retrouve pas un timbre propre à Pape Diouf. Quand Pape Diouf chante, j'entends un peu des mélodies de Youssou Ndour et de Maïga. Je sais de quoi je parle parce que je connais leur registre. Waly, c'est vraiment l'incarnation de l'adage "tel père, tel fils". Cela va de soi, il chante comme son papa. Et vous savez, ce qui est intéressant avec son père, c'est qu'il ne se limite pas au mbalax pur et dur. Il est passé à l'orchestra Baobab qui est sa première école. Après il a fait de la musique traditionnelle avant de mettre sur pied le Raam Daan. Ces univers dans lesquels il a baigné lui ont permis d'avoir une certaine ouverture.
Quand on me parle de Waly ou de Pape Diouf, je trouve qu'ils font de la musique folklorique. Et c'est à cela qu'ils doivent leur notoriété. Parce que la masse folklorique est plus importante que les intellectuels musicaux (sic). Ces derniers sont minoritaires. Vous savez, quand on célèbre un mariage par exemple, les gens ne vont pas mettre ma musique. Ils se disent que c'est une musique d'écoute alors qu'eux ont besoin d'une musique endiablée. Pour cela, il leur faut du Waly, du Pape Diouf ou ceux qui font du kebetu. Ces derniers ont d'ailleurs plus la cote que ce duo de jeunes dans ce genre de cérémonies. Le "sabar", un clavier et juste une voix peuvent faire cette musique très rythmée. Et avec cela, on peut avoir un succès fou au Sénégal. Ce qui est dommage, c'est que cette musique n'est pas exportable. Alors je pense qu'à ces jeunes, il faut expliquer certaines choses. Vous savez, même quand vous vendez de l'arachide, il faut penser l'exporter. Pour penser ainsi, il faut être ambitieux aussi.
Si vous décidez de ne commercialiser votre produit qu'entre les quatre coins du Sénégal, vous pouvez faire un bon chiffre d'affaire mais vous pourriez avoir plus en vendant cette arachide dans d'autres pays. Cependant, pour écouler cette arachide aussi, il faut qu'elle soit de qualité. C'est pareil avec la musique.
Donc vous pensez que nos jeunes artistes manquent d'ambitions ?
Ce n'est pas une question d'ambition. On peut en avoir et manquer d'expérience. L'ambition peut être en chacun de nous mais il faut savoir la matérialiser et la valoriser. Quand on explore l'international, on a plus de rentrées d'argent. Quand on est artiste sénégalais et qu'on joue en France, il faut le faire devant des Français. Ainsi, il y a un échange culturel. Mais quand vous jouez devant des Sénégalais ou des Sénégambiens, cet échange ne peut se faire. Les groupes confirmés jouent dans les festivals et c'est bien.
Certes vous avez une reconnaissance mondiale, mais vous n'avez pas toujours une reconnaissance nationale. Cela ne vous frustre pas ?
Ah non ! non ! Moi, j'ai une reconnaissance nationale. Je ne me jette pas des fleurs mais si on doit m'appeler roi, je suis "le roi du folk". La reconnaissance de ce que je fais a commencé au Sénégal. Moi je suis resté ici pour me faire un nom sur l'international. J'ai sorti mon premier album "Doxandem" au moment où Coumba Gawlo ou encore Pape Djiby Bâ en faisaient autant à l'époque. Cet opus a été primé meilleur album de l'année 1990. Depuis, je fais mon bonhomme de chemin. Je suis l'un des premiers artistes à avoir presté au Just for You où se bousculent aujourd'hui les artistes.
Dire que Cheikh Lô n'a pas une reconnaissance au niveau national, c'est absurde. Tous les intellectuels musicaux, adeptes de bonnes vibes, me suivent régulièrement. Les gens qui sont folkloriques, qui aiment le tintamarre et le brouhaha, je ne les verrai jamais au cours de mes prestations. J'ai d'abord réussi ici avant d'aller à la conquête du monde. Aujourd'hui, ceux qui ne sont pas jaloux ou méchants reconnaîtront que le Womex, je le mérite. Et je pense qu'entre artistes, on doit s'écouter. Moi, on doit faire attention à ce que je dis. Je ne dirai jamais des choses qui pourraient porter préjudice à mes pairs.
J'ai souvent conseillé aux jeunes de s'intéresser à l'acoustique pour plus d'ouverture. L'avenir m'a donné raison. Le mbalax pur et dur "du dem". Moi, je ne boxe pas dans la même catégorie que tous les mbalaxmen. Je l'ai dit ici et cela n'a pas plu à certains. Mais sincèrement, on ne peut pas comparer des joueurs de navétanes à des footballeurs de la Champions League aussi. Youssou Ndour a joué dans la cour des grands avec moi tout comme Omar Pène, Ismaïla Lô, Thione Seck, Xalam ou encore l'orchestra Baobab. On ne peut pas comparer tous ces artistes à ceux qui n'ont pas encore atteint ce stade. Ils doivent aller découvrir d'autres univers musicaux. On a de bons instrumentistes ici. Ils ont plus de niveau que nos chanteurs.
Quels sont vos projets ?
Je reviens comme ça d'une tournée. Dans une dizaine de jours, je dois en commencer une autre. Je dois aller au Japon. Je reviens en septembre. En octobre, on sera en France et en Espagne. Le 25 octobre, je serais à Budapest. Après, jusqu'en avril 2016, je dois bouger et prester un peu partout.
Hollande vous a récemment invité à l'Elysée comment cela s'est passé ?
J'étais invité au sommet de la conscience pour le climat. On y avait invité beaucoup de gens parmi lesquels moi. C'est une première et je trouve que c'est une bonne chose. Le réchauffement climatique interpelle tout le monde. Ce n'est pas pour rien qu'on m'a choisi. Cela fait 20 ans que je chante "ndiarignou garab", "ndox", "mbedd mi". Quand je composais ces chansons, je ne m'attendais pas à cela. Je l'ai fait par devoir. Et voilà ce que ça a donné aujourd'hui. C'est moi qui ai clôturé le sommet avec la chanson "ndiarignou garaab".
Vos dreads locks sont longs, vous les avez mesurés ?
Non, je ne l'ai jamais fait. Je n'ai jamais pensé à les enlever, les couper ou juste diminuer la taille. Depuis 1984, l'année de naissance de l'aîné de mes enfants, je les porte. Je ne pense pas les couper ou me raser et qui le fait mourra (il pouffe de rire).
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QUAND POUSSENT LES RÉTICENCES
Pour ou contre les cheveux Nappy ? Les conseils de Juliette Bâ
Le concept Naturel and Happy plus connu sous le terme "Nappy" est en pleine effervescence depuis 2 ans au Sénégal, tout comme dans le reste de l’Afrique.
Une attitude qui attire la sympathie. En effet, il est devenu cool et tendance d’afficher avec fierté ses cheveux afro, naturel. Les filles et femmes qui adoptent ce style ne sont plus raillées comme par le passé. Au contraire, elles sont parfois admirées.
Toutefois certaines réalités ayant la dent dure, quelques obstacles à l'expansion du Nappy existent. Exemple, l'avis de son partenaire. "Qu'en pense mon amoureux", devient une question redoutable à laquelle beaucoup de filles tentées par le retour au naturel, sont confrontées. Plaire à l'autre ou se plaire d'abord ? Lui faire plaisir ou se faire plaisir d'abord ? Le dilemme est cornélien.
Maïmouna, 21 ans, est confrontée à celui-ci. Son copain ne souhaite pas la présenter à ses parents parce que tout simplement sa tignasse serait mal vue. Elle sollicite les conseils de la journaliste Juliette Ba, Nappy depuis plus de 10 ans. Qui répond sur sa chaine youtube, dans sa rubrique "La GO du Bled".