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7 avril 2025
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ATTIRER LES INVESTISSEURS AMÉRICAINS
Forum de Saint-Louis - Ouvrir une porte d'entrée, au Sénégal, pour le secteur privé américain - L'investisseur cherche avant tout un partenaire local - Entretien avec René Lake
Le patron de RSL Strategies, Rene Lake, est convaincu que l'investisseur américain n'est pas toujours ce partenaire arrogant qui vient pour imposer ses idées.
Au contraire, ce qu'il faut comprendre selon Lake, c'est que ce dernier a besoin de la validation locale qui est le gage de la viabilité de son projet.
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LA VIE CONJUGALE APPAUVRIT LES FEMMES
Pour l’ex-première dame du Tchad, il serait utile de former les femmes sur les choix qu’elles font en matière de gestion de l’argent dans le couple, car après des années de travail, elles se retrouvent souvent sans patrimoine, contrairement aux hommes.
La gestion de l’argent dans le couple est une question cruciale que les femmes pourraient mettre au cœur des manifestations organisées à l’occasion du 8 mars. Selon l’ancienne première dame du Tchad, Fatimé Raymonne Habré, il s’agit là d’un véritable enjeu qui pèse lourdement sur les épaules des femmes.
Dans la plupart des couples, quelle que soit la formule adoptée par les conjoints, la femme finit souvent par contribuer davantage que l’homme. Résultat : après de nombreuses années de travail, beaucoup de femmes se retrouvent sans patrimoine, tandis que leur conjoint, lui, a pu épargner et réaliser des investissements.
Pour Madame Fatimé Raymonne Habré, il est urgent de former les femmes sur cette problématique, afin qu’elles puissent prendre de meilleures décisions concernant la gestion de leur argent et leur contribution dans le foyer.
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LA COUR DES COMPTES MONTE AU CRÉNEAU
Face aux critiques concernant le récent rapport sur les finances publiques, Aliou Niane, patron de la Chambre de discipline financière, défend la méthodologie et l'indépendance de la Cour. Délais, contradictoire, authenticité : il répond point par point
(SenePlus) - Dans une intervention à la maison d’édition L’Harmattan à Dakar, Aliou Niane, ancien secrétaire général et actuel président de la Chambre de discipline financière (CDF) de la Cour des comptes, a tenu à apporter des éclaircissements concernant le récent rapport sur la situation des finances publiques, objet de vives réactions dans l'opinion.
Face aux critiques et aux interrogations sur la méthodologie et la légitimité du document, M. Niane a souhaité rétablir certaines vérités et défendre l'indépendance de l'institution qu'il représente.
Le magistrat a d'abord abordé la question du délai de production du rapport. "On nous a dit que la Cour avait trois mois pour faire le rapport. C'est vrai, si on regarde le code de transparence", a-t-il reconnu. Cependant, il a souligné que les procédures de la Cour des comptes sont régies par la loi organique 2012-23, qui prévaut sur le code de transparence.
"La loi organique étant supérieure à la loi ordinaire qu'est le code de transparence, nous avons appliqué de façon pertinente les dispositions résistantes, les procédures de la Cour", a-t-il expliqué. Selon lui, il faut "un minimum de trois mois pour faire l'audit, un minimum d'un mois pour avoir les conclusions du parquet et un minimum d'un mois pour faire le contradictoire", rendant impossible la réalisation d'un tel rapport en seulement trois mois.
Concernant le respect du principe du contradictoire, autre point de critique, Aliou Niane a rappelé que "la loi organique sur la Cour des comptes dit que toutes les procédures de la Cour sont écrites et contradictoires". Il a précisé que l'audit sur la situation des finances publiques ne visait pas des personnalités en particulier mais cherchait à évaluer "la situation des finances publiques en temps T".
"On ne s'intéressait pas aux ministres qui se sont succédés au niveau du ministère des finances ou bien au niveau du ministère de l'économie. Ce qui nous intéressait, ce sont les administrations qui ont produit les données et le contradictoire a été respecté avec ces administrations", a-t-il affirmé.
Le magistrat a également réfuté les allégations selon lesquelles le rapport n'était pas signé. "Nous ne pouvons pas faire un rapport qui n'est pas signé", a-t-il assuré, expliquant que les versions publiées sur le site de la Cour ne comportent généralement pas de signatures, comme c'est le cas pour d'autres institutions similaires.
Il a par ailleurs dénoncé la circulation d'un rapport provisoire dont certains se seraient emparés. "Ce qu'ils avaient, c'est un rapport provisoire. Ils n'auraient même pas dû obtenir une copie du rapport provisoire", a-t-il regretté, expliquant que les différences entre ce document et la version finale sont normales et résultent du processus d'élaboration.
Aliou Niane a en profiter pour réaffirmer avec force l'indépendance de la Cour des comptes : "La Cour est indépendante. Elle ne dépend d'aucun pouvoir. Nous ne dépendons pas du pouvoir exécutif et au niveau de la Cour, nous tenons à notre indépendance comme à la prunelle de nos yeux."
Il a rappelé que par le passé, cette indépendance avait déjà été mise à l'épreuve, notamment lors de la publication du rapport sur la gestion des fonds Covid, qui avait également suscité "une levée de boucliers".
"Nous sommes un pouvoir au même titre que le pouvoir exécutif, au même titre que le pouvoir législatif. Nous assumerons notre indépendance jusqu'au bout, quel que soit le pouvoir qui serait en place", a conclu le magistrat, réaffirmant la mission de l'institution comme "sentinelle des finances publiques" au Sénégal.
OBJECTION AVEC MIMI TOURÉ
De l'assainissement des finances publiques aux perspectives offertes par le pétrole, la haute représentante du chef de l'État trace les contours d'un « Sénégal apaisé » un après l'élection de Diomaye Faye
Aminata Touré, haute représentante du président Bassirou Diomaye Faye, a livré une analyse approfondie de la situation politique et économique du Sénégal lors de son passage dans l'émission "Objection" de Sud FM ce dimanche.
À l'occasion des 65 ans d'indépendance du pays, l'ancienne ministre a mis en avant les progrès "impressionnants" réalisés depuis 1960, citant notamment l'augmentation de l'espérance de vie de 41 à 65 ans et l'atteinte de la scolarisation universelle, avec une progression particulièrement notable des filles dans l'éducation.
Concernant la gouvernance actuelle, Mme Touré a défendu avec force l'approche du président Faye axée sur "l'assainissement des finances publiques" et "la discipline budgétaire". Elle a évoqué la découverte d'une dette "cachée" de 4000 milliards FCFA "qui n'était pas répertoriée dans les comptes publics", affirmant qu'il est essentiel de "savoir où cet argent est allé".
"Ce que j'ai compris, c'est que le président appelle nos concitoyens à comprendre sa démarche", a-t-elle expliqué, soulignant que la transparence financière est désormais "non négociable" pour l'exécutif.
Sur le plan judiciaire, l'ancienne Première ministre a défendu les réformes annoncées issues des assises de la justice, estimant que "la justice joue un rôle central dans notre démocratie". Elle s'est montrée favorable à l'activation de la Haute Cour de Justice pour juger d'anciens responsables si nécessaire, affirmant que "ce n'est pas parce qu'on est président qu'on n'est pas justiciable".
Mme Touré a également soutenu la stratégie économique du gouvernement, centrée sur "la résilience" et "le développement endogène". Elle a détaillé plusieurs initiatives, notamment "la coopératisation du milieu rural" visant les jeunes sur 15.000 hectares, insistant sur la nécessité de "créer de la richesse locale" et de "compter davantage sur nous-mêmes".
"Notre avenir est ici", a-t-elle lancé à l'adresse de la jeunesse sénégalaise, tout en évoquant les perspectives offertes par l'exploitation prochaine du pétrole et du gaz qui "va permettre d'élargir le champ des possibilités".
Questionnée sur le débaptisage récent de l'avenue Charles de Gaulle au profit de Mamadou Dia, elle s'est réjouie de cette décision, la jugeant "tout à fait normale" pour honorer "un grand patriote", et l'inscrivant dans "la trajectoire de la souveraineté" défendue par l'actuel régime.
"L'espoir est permis après une année de gestion des nouvelles autorités", a conclu Aminata Touré, reconnaissant que "le contexte n'est pas facile" mais estimant que le Sénégal est "sur la bonne voie".
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LA SOUVERAINETÉ VOLÉE DES NATIONS D’AFRIQUE FRANCOPHONES
Derrière les cérémonies d'indépendance se cache un arrangement anticonstitutionnel. L'économiste Ndongo Samba Sylla démontre comment le contrôle de la monnaie par la France a transformé une indépendance de façade en une dépendance structurelle qui perdure
Selon l'économiste Ndongo Samba Sylla, la décolonisation des pays d'Afrique francophone cache une réalité méconnue : elle s'est déroulée de manière anticonstitutionnelle. Dans une analyse détaillée présentée lors d'une conférence sur l'indépendance économique, il révèle que la France, prise de court par le mouvement d'indépendance après le départ de la Guinée en 1958, a contourné l'exigence constitutionnelle d'un référendum pour libérer les territoires du régime de la communauté franco-africaine.
"C'est une histoire qu'on ne raconte jamais", souligne l'économiste. "Nos États sont même nés anticonstitutionnels, ce qui explique certaines tares qu'on retrouve dans les pays d'Afrique francophone."
L'élément central de cette indépendance de façade reste le franc CFA. Initialement "Franc des Colonies Françaises d'Afrique", rebaptisé plus tard "Franc de la Communauté Financière Africaine" en Afrique de l'Ouest, cette monnaie représente selon Sylla "l'exemple le plus vivide du fait que nous ne sommes pas indépendants".
Contrairement aux autres zones monétaires coloniales (sterling, portugaise, belge) qui ont été démantelées après les indépendances, permettant aux nouveaux États de battre leur propre monnaie, la zone franc a perduré jusqu'à aujourd'hui. Les accords de coopération signés par Michel Debré avec les homologues africains stipulaient clairement : "Vous aurez l'indépendance politique, mais sans souveraineté."
Des documents historiques cités par l'économiste montrent que ce système était conçu sciemment pour préserver les intérêts français. Pierre Moussa, administrateur au ministère des Finances français, écrivait déjà dans les années 1950 que la France avait besoin de ses colonies pour "acheter des matières premières sans dépenser de dollars" et utiliser leurs surplus commerciaux pour son propre développement.
Le philosophe Raymond Aron confirmait en 1959 que "ce qui compte, c'est le maintien de la zone franc" et que les relations économiques entre la métropole et ses colonies étaient comparables à celles "entre Paris et Marseille".
Plus troublant encore, un rapport américain de 1963 commandé par John F. Kennedy qualifiait ce système de "néocolonial" et "totalement anachronique", prédisant sa disparition prochaine. Même d'anciens économistes en chef de la Banque mondiale ont reconnu en privé que "le CFA pénalise le développement économique de ces pays".
L'économiste explique le cercle vicieux entretenu par ce système : le franc CFA, surrévalué, favorise les importations plutôt que les exportations. Pour créer du CFA, ces pays doivent d'abord accumuler des devises étrangères, mais étant structurellement déficitaires en raison même de ce système monétaire, ils doivent les emprunter.
"Un pays qui ne peut pas ordonner à sa propre banque centrale de créditer le compte d'État a le statut d'une colonie ou d'une collectivité locale", rappelle Sylla, citant l'économiste britannique Win Godley.
Pour Ndongo Samba Sylla, la solution est claire : "Il est impossible de développer un pays dans le cadre du système CFA." Il préconise l'établissement de monnaies nationales souveraines, rappelant qu'"aucun État ne peut jamais manquer de sa propre monnaie" et que "tout ce qu'un pays peut faire lui-même, il peut le financer lui-même".
Cette souveraineté monétaire devrait s'accompagner d'un contrôle effectif des ressources naturelles pour financer les importations nécessaires et d'une diplomatie économique permettant des échanges dans les monnaies nationales.
"La monnaie c'est important, mais ce n'est pas suffisant", conclut-il. "Ce qui compte, c'est la planification économique, le projet social derrière. Le franc CFA a été élaboré pour l'économie coloniale. Si vous voulez une économie diversifiée, si vous voulez mobiliser votre créativité, il faut vous débarrasser du franc CFA."
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AMADOU BA LÈVE LE VOILE SUR SA RELATION AVEC ABDOULAYE WADE
L'ancein Premier ministre dresse le portrait d'un dirigeant visionnaire, républicain et souverainiste, dont l'influence sur les politiques économiques et la gouvernance du Sénégal se fait encore sentir aujourd'hui
Amadou Ba a livré un témoignage éclairant sur sa collaboration avec l'ex-président Abdoulaye Wade lors de la présentation du livre "Wade, mille et une vies" de Madiambal Diagne, ce samedi 5 avril.
Dans son intervention, l'ancien Premier ministre a souligné comment Wade l'avait nommé Directeur général des impôts et domaines sans même le rencontrer, illustrant la confiance accordée à ses ministres et son approche méritocratique.
"J'ai serré la main du président Wade deux ans après ma nomination comme directeur général des impôts et des domaines," a révélé Ba, précisant que cette nomination s'était faite "sans me connaître, sans chercher à me voir."
L'ancien candidat défait à la présidentielle a également évoqué son rôle crucial dans l'élaboration du Code général des impôts actuel du Sénégal, suite à une présentation remarquée au Groupe consultatif en 2007 qui avait impressionné "Gorgui".
Sur le plan de l'éthique politique, Ba a partagé un moment significatif pendant les élections : "Entre les deux tours, Wade m'a dit 'Jeune homme, tu es un fonctionnaire, je veux que vous restiez républicain jusqu'au bout'," concernant la délivrance de quitus fiscaux aux candidats.
Amadou Ba a aussi joué un rôle déterminant dans les négociations pour le départ des forces françaises en 2009-2010, sous l'autorité d'un Wade décrit comme "souverainiste" mais pragmatique.
L'influence de Wade sur les politiques économiques ultérieures, notamment le Plan Sénégal Émergent avec son accent sur les infrastructures, a également été soulignée par l'ancien Premier ministre, qui a confié avoir été "inspiré" par la vision économique du président Wade.
"Maître Wade aura beaucoup inspiré l'ancien président mais aussi tous ceux qui avaient le privilège de le côtoyer," a conclu Amadou Ba, rendant hommage à l'homme d'État et à l'auteur Madiambal Diagne pour son travail biographique.
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LE VIBRANT HOMMAGE DE YOUSSOU N'DOUR À AMADOU BAGAYOKO
Le parcours extraordinaire d'Amadou et Mariam, des débuts modestes jusqu'à la reconnaissance internationale, reste gravé dans la mémoire de You qui les avait découverts avant leur célébrité
La disparition d'Amadou Bagayoko, membre du célèbre duo musical "Amadou et Mariam", a suscité de nombreux hommages à travers le monde. Parmi eux, celui de Youssou N'Dour, qui s'est exprimé avec émotion sur cette perte immense.
"Je pense que le monde entier pense à Mariam", a déclaré N'Dour, évoquant l'épouse d'Amadou avec qui il formait ce duo iconique. "C'était la moitié d'Amadou", a-t-il ajouté, soulignant la profonde complicité du couple.
Le chanteur sénégalais, qui avait rencontré le duo "avant même leur grand succès" lors d'un festival qu'il avait organisé à Dakar, garde le souvenir d'artistes "d'une gentillesse extraordinaire" et d'un "côté naturel extraordinaire".
Pour Youssou N'Dour, Amadou et Mariam représentent "les ambassadeurs de la musique africaine" dans le monde entier. Il qualifie la disparition d'Amadou de "lourde perte pour l'Afrique, pour le monde entier, pour la musique".
De sa relation avec le couple, l'artiste sénégalais retient surtout "l'amitié" et "l'amour", ainsi que "ce fin sourire" d'Amadou. Il salue également leur parcours bâti "avec dignité" qui a inspiré de nombreux artistes africains.
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LES ADIEUX D'AMADOU À MARIAM
Le célèbre duo "Amadou et Mariam" perd sa moitié masculine. Dans un témoignage bouleversant, l'épouse raconte ses ultimes instants avec celui qui fut son guide, son amour et son partenaire musical depuis près d'un demi-siècle
Amadou Bagayoko, guitariste et chanteur malien du célèbre duo "Amadou et Mariam", est décédé vendredi dernier à l'âge de 70 ans des suites d'une maladie. Dans un témoignage émouvant, son épouse Mariam Doumbia a raconté les derniers instants passés aux côtés de celui qui partageait sa vie depuis leur rencontre en 1976 à l'Institut des jeunes aveugles de Bamako.
"J'ai pris sa main, j'ai dit à Amadou 'il faut me parler'", confie Mariam en larmes. "Il m'a répondu 'madame, tout ce que tu dis, j'entends'." Ce furent ses dernières paroles avant que son état ne se détériore rapidement.
Malgré une hospitalisation d'urgence à la clinique Pasteur, les médecins n'ont pu que constater le décès. "Le docteur a dit qu'il est parti", raconte Mariam, bouleversée. "Je suis restée seule, je vais rester seule dans ma vie."
Le couple, surnommé "le couple aveugle du Mali", avait conquis la scène internationale avec des tubes comme "Dimanche à Bamako" ou "Je pense à toi", mélangeant musiques traditionnelles maliennes et sonorités modernes. Leur carrière commune s'étendait sur plus de quarante ans.
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DAKAR DÉCOLONISE SES MUSÉES
De la Biennale de Dakar au Musée des Civilisations Noires, le Sénégal illustre l'essor culturel d'un continent qui réaffirme sa place sur la scène artistique internationale tout en questionnant son patrimoine spolié
À Dakar, le Musée Théodore Monod est au cœur d'une révolution culturelle qui redéfinit le rapport entre l'Afrique et son patrimoine artistique. Cet ancien Institut français d'Afrique noire, fondé en 1938 pendant la période coloniale, entreprend aujourd'hui un ambitieux projet de décolonisation de ses collections.
Le conservateur Malik Ndiaye, historien de l'art et spécialiste en études culturelles, transforme progressivement cette institution qui abrite près de 10 000 œuvres provenant de plus de 20 pays africains. "Comment questionner la mémoire du musée sur la base d'un patrimoine à visée coloniale mais qui reste un patrimoine africain ?" s'interroge-t-il.
Sa réponse est novatrice : ouvrir les portes du musée aux artistes contemporains africains, les invitant à dialoguer avec les collections ethnographiques héritées de l'époque coloniale. Cette approche a été particulièrement visible lors de la 14ème édition de la Biennale de Dakar, rendez-vous international majeur de l'art contemporain africain.
Des artistes comme le photographe sénégalais Ibrahima ont ainsi pu s'inspirer d'objets de la collection, tels qu'un tambour sabar traditionnel, pour créer des œuvres qui établissent des ponts entre passé et présent. "C'est un instrument visuel et sonore qui nous accompagne du début de la vie à la mort", explique l'artiste, qui fait dialoguer des photos historiques avec ses propres créations.
Le Camerounais Hervé Youmbi va plus loin en réalisant des masques hybrides contemporains inspirés des pièces du musée, mais destinés à retourner dans l'univers rituel. "C'est une manière symbolique de réparer cette cassure", affirme-t-il, en référence aux objets arrachés à leur contexte d'origine par les ethnologues coloniaux.
Cette démarche suscite l'intérêt international, notamment celui de Hartmut Dorgerloh, directeur du Forum Humboldt de Berlin : "Je suis fasciné par la pertinence des projets et des approches développés ici", confie-t-il.
Le Musée des Civilisations Noires, imposant édifice inauguré en 2018 avec le soutien financier de la Chine, s'inscrit également dans cette dynamique. Destiné à accueillir les biens artistiques et objets rituels autrefois spoliés des pays africains, il symbolise la volonté du continent de reprendre possession de son histoire culturelle.
Pour Malik Ndiaye, la décolonisation muséale est comparable à une "psychanalyse institutionnelle" : "Il faut que ces archives et ces collections puissent raconter leur propre histoire sans tabou, sans complaisance et sans aucun complexe."
Cette transformation des musées africains témoigne d'un essor culturel sans précédent sur le continent, favorisé notamment par les débats sur la restitution d'œuvres d'art pillées durant la période coloniale. L'Afrique rebat ainsi les cartes de la scène artistique internationale, affirmant sa place légitime dans l'histoire de l'art mondial.
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LA FAMILLE DE MAMADOU DIA RETROUVE SA FIERTÉ
"On rend à César ce qui lui appartient" : pour sa fille Madeleine Dia, le Sénégal répare une injustice historique en honorant Mamadou Dia, sous les applaudissements de sa famille et des riverains
Le Sénégal a officiellement rebaptisé le boulevard Général-de-Gaulle au nom de Mamadou Dia, figure emblématique de l'indépendance nationale. L'annonce a été faite lors du Conseil des ministres du mercredi 2 avril 2025 par le président Diomaye Faye.
Cette décision historique intervenue à la veille du 65e anniversaire de l'indépendance, marque une étape importante dans la reconnaissance du rôle crucial joué par Mamadou Dia dans l'histoire du pays.
"Un contentement immense, une très grande joie," confie sa petite-fille Fatou Samb, visiblement émue. "Nous disons vraiment merci au président Diomaye. Il n'était pas obligé de le faire, on ne fait que le remercier."
Pour les proches de celui qu'on surnommait affectueusement "Maodo", cette reconnaissance est perçue comme un acte de justice historique : "On rend à César ce qui lui appartient," souligne Madeleine Dia, sa fille.
L'ancien boulevard Général-de-Gaulle, artère emblématique de Dakar, avait accueilli le deuxième défilé de l'indépendance le 4 avril 1962, une initiative prise par Mamadou Dia lui-même alors qu'il occupait la fonction de président du Conseil.
Les riverains saluent également cette initiative : "Donner le nom de ce boulevard à Mamadou Dia, c'est très bien. Il mérite même plus," témoigne l'un d'eux. "Je suis sûr que la majorité des Sénégalais sont contents."
Ce changement s'inscrit dans une démarche plus large des nouvelles autorités visant à impulser un mouvement de réappropriation de l'histoire nationale, après d'autres initiatives concernant les tirailleurs et les anciennes bases françaises.