L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a présenté, hier, son projet de rénovation des comptes nationaux du Sénégal aux Partenaires techniques et financiers (Ptf).
L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), sous la présidence du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, et du ministère du Budget, a présenté, hier, aux bailleurs de fonds et autres Partenaires techniques et financiers (Ptf), le projet de rénovation des Comptes nationaux du Sénégal. Le but du projet est de fournir aux utilisateurs des informations économiques plus actuelles et de meilleure qualité. Son objectif est d’élaborer une nouvelle année de base des Comptes nationaux, conforme au Système de comptabilité nationale des Nations unies (Scn) de 2008. Au terme de ce projet, il est attendu que les statistiques économiques et la comptabilité nationale reflètent davantage les structures actuelles de l’économie sénégalaise et couvrent de manière complète l’activité productive.
Les principales composantes du projet sont la réalisation du Recensement général des entreprises (Rge) incluant l’enquête de structure et l’élaboration de Comptes nationaux de l’année de base 2012 et de l’année courante 2015. Par rapport à la première composante, les résultats attendus visent «à étendre, de manière exhaustive, la couverture des activités des entreprises, notamment dans le secteur moderne. En conséquence, elle est composée d’un seul objectif stratégique, la prise en compte de toutes les unités de production». Toutefois, l’envergure des travaux à réaliser et la portée des résultats attendus, au-delà du changement d’année de base, confèrent à cette composante une importance particulière.
5054 millions pour financer l’opération des Comptes nationaux
S’agissant de la deuxième composante, l’objectif vise à réaliser les travaux de changement d’année de base de manière à refléter les structures actuelles de l’économie à travers la prise en compte des changements introduits par le Scn 2008. Le coût du projet est estimé à 5054 millions de francs Cfa avec un financement acquis de l’Etat du Sénégal qui est de 2000 millions de francs Cfa, un financement à rechercher auprès de partenaires de l’ordre de 3054 millions de francs Cfa. La durée du projet est de 24 mois.
Revenant sur le contexte et la justification du projet, le Directeur général de l’Ansd, Aboubacar Sedikh Bèye, qui faisait la présentation du rapport, de préciser que la production courante de statistiques macroéconomiques est assurée au bénéfice des utilisateurs. «Avec l’avènement du Pse, devenu l’unique cadre de référence en matière de politique économique et sociale, il est devenu impératif de produire des indicateurs macro-économiques reflétant au mieux les structures actuelles et la taille de l’économie. Ceci, aux fins d’assurer une bonne mise en œuvre et un suivi-évaluation adéquat». En outre, le Sénégal a adhéré au Système général de diffusion des données (Sgdd) du Fmi en 2001. La méthodologie est conforme aux recommandations du système de comptabilité nationale de 1993 et l’année de base est 1999.
Pour répondre aux besoins des utilisateurs, malgré les ressources limitées dont elle dispose, l’Ansd élabore les principaux tableaux de Synthèse du cadre central du Scn, à savoir les Tables entrée sortie (Tes) et le Tableau des comptes économiques intégrés (Tcei). Les principaux agrégats, notamment le Produit intérieur brut (Pib), sont calculés à prix courants et à prix constants selon les optiques de la production, de la dépense et du revenu. Les statistiques permettent, entre autres, d’évaluer les variables caractéristiques de l’activité économique (Pib, consommation, investissement, croissance économique, etc). Aussi, de constituer des séries de données économiques, de faire des prévisions et de la planification économique et de concevoir, mettre en œuvre et suivre des politiques.
Le projet se justifie également du fait des activités économiques émergentes non encore couvertes et de la non-exhaustivité de la couverture du secteur moderne et l'absence d’un recensement général des entreprises.
PAR JOHNSON MBENGUE
UNE CONCILIATION POUR LE SOLDAT YOU
Si c’est un investisseur privé national qui peine à se faire entendre par les autorités compétentes du fait de la toute puissance de l’autre partie, un privé étranger tombera de Charybde en Scylla
Si les douaniers sont les soldats de l’économie, Youssou Ndour est un des soldats du développement socioéconomique du Sénégal par ses entreprises, qu’elles s’appellent Super Etoile ou Groupe Futurs Médias. Chacune de ses entités fait vivre des milliers de personnes.
Effectivement, si l’on prend au minimum 200 employés sur lesquels s’appuient au minimum 10 personnes pour vivre, le compte est vite fait. Un tel agent économique mérite respect et soutien dans son contentieux avec l’opérateur et concessionnaire du Port autonome de Dakar, Dp World.
Des esprits malveillants concluent que si Youssou Ndour rue dans les brancards, c’est pour une autre raison bien plus sérieuse : l’arrivée des échéances de paiement du crédit contracté auprès de Eximbank. Et pire, ils rappellent que You devait commencer à payer le mois prochain, les premiers remboursements de son crédit garanti par son ami Cheikh Amar et par lui-même via ses différents biens. L’imprimerie n’ayant pas démarré, You est donc dans l’impossibilité de payer.
Sinon comment comprendre qu’une machine qui est endommagée depuis juillet dernier, l’opinion ne soit mise au courant qu’il y a quelques jours, malgré l’importance du projet. La réponse coule de source ! Youssou ne voulait pas crier urbi et orbi, porter le contentieux au pinacle des récriminations afin d’ameuter ses adversaires tapis dans l’ombre. Il a déclaré que c’est lui qui l’a voulu ainsi.
Avec ce projet de 20 milliards de francs Cfa qui concentre des centaines d’emplois, Youssou a voulu faire une course contre la montre dans le cadre des projets du plan Sénégal émergent, en tant qu’opérateur économique national comme il l'a si bien déclaré dans un entretien paru dans le quotidien Enquête du lundi 27 avril 2015.
Jamm sou gueume yalla konn telo leu waarr, a-t-il entonné dans une de ses fameuses chansons. Ainsi en bon croyant, il a voulu adopter cette posture. Ndeketeyo en face de lui, Dp World faisait la sourde oreille. Que Dubai Port World visite une autre chanson de l’artiste planétaire, jaaay dolé bakhoul !!! Un morceau à réactualiser puisque le chanteur Youssou Ndour est plus connu que Dp World, l’opérateur maritime !
Les portes ne sont pas pour autant fermées. Qui plus est, ce contentieux doit être un cas d’école pour la nouvelle Commission nationale de conciliation et de médiation, dont le Conseil de Direction est composé de onze membres : deux magistrats, deux représentants du secteur privé, deux représentants des organismes de médiation ou de conciliation habilités par les pouvoirs publics, un économiste, un administrateur de société, un représentant des Universités, un représentant de la Chambre des Notaires et un représentant de l’Ordre national des Avocats.
Un mauvais arrangement vaut mieux un bon procès, dit-on. D’autant que les contentieux économiques portés devant les juridictions classiques prennent toujours du temps. Un boulevard de conciliation s’est ouvert à mon humble avis. Sous ce registre, des réformes majeures ont été entreprises en ce qui concerne la réduction des délais des procédures judiciaires dans la chaîne du contentieux économique et financier.
Dans ce domaine, les réformes législatives et réglementaires des dernières années, dans la plupart des pays, accordent une place de plus en plus importante aux «modes alternatifs de règlement des différends», qui privilégient le règlement à l’amiable des litiges aussi bien en matière civile qu’en matière commerciale et financière, telles la médiation et la conciliation.
Au Sénégal, cette faculté est consacrée par le Code de procédure civile en son article 7. Cependant, elle ne fait référence qu’à la conciliation essentiellement sous l’angle judiciaire.
Et selon l’exposé des motifs du nouveau projet de décret relatif à la médiation et à la conciliation, la médiation et la conciliation sont des procédures extrajudiciaires de règlement des conflits qui reposent sur la volonté des parties et qui se caractérisent essentiellement par l’intervention d’un tiers neutre et indépendant.
Elles offrent l’avantage considérable pour les parties de résoudre leur différend d’une manière confidentielle selon des modalités convenues. Elles favorisent également l’expression pleine et entière de l’autonomie de la volonté des parties et la préservation des relations d’affaires.
De plus, elles se justifient par leur souplesse et leur rapidité mais aussi par le fait que les solutions amiables auxquelles les parties aboutissent sont plus durables et plus économiques du fait qu’elles intègrent des éléments qu’une juridiction classique ne peut prendre en compte.
En outre, l’impact immédiat du système de médiation et de conciliation est le désengorgement des juridictions ainsi que la réduction des délais et des coûts pour faciliter l’exécution plus efficace des contrats.
Maintenant, si c’est un investisseur privé national qui peine à se faire entendre par les autorités compétentes du fait de la toute puissance de l’autre partie, un privé étranger tombera de Charybde en Scylla !
Devant l’entêtement des syndicalistes à continuer leur plan d’actions qui fait sombrer l’école sénégalaise dans une crise perpétuelle, le gouvernement a décidé tout bonnement de se retirer à la table de négociation.
C’est par la voix du ministre de la Fonction publique, que le gouvernement a constaté l’échec des négociations avec les syndicats enseignants. Par conséquent, il se retire des discussions et demande aux syndicats de prendre leur responsabilité. Car ayant tout tenté pour sortir de la crise, en vain. L’Etat se désole en effet que les enseignants s’obstinent sur la question de l’indemnité de logement.
«Nous pensons que le gouvernement avait fait suffisamment d’efforts, donc qu’il était question que la partie syndicale décide aujourd’hui de lever le mot d’ordre de grève et que les enfants retournent en classe. Malheureusement, tel n’a pas été le cas», se désole Viviane Bampassy, ministre de la Fonction publique qui annonce que, face à ce blocage, le gouvernement a décidé d’interrompre les négociations. «Le gouvernement prendra toute ses responsabilités. Nous avons décidé de nous retirer sans avoir signé le Pv sanctionnant la rencontre pour évaluer. Parce que nous pensons qu’il est temps que chacun prenne ses responsabilités», déclare Mme Bampassy.
«Il est temps que chacun prenne ses responsabilités»
Meurtrie par cet entêtement des enseignants, elle lâche : «On ne peut pas tout exiger quelque chose et tout avoir tout de suite et maintenant. Nous sommes dans une logique de mise en œuvre, il faut que les syndicats sachent raison garder. Il faut qu’il y ait de la responsabilité et la nôtre est de mener l’école à bon port. Nous allons évaluer ce qui s’est passé dans cette salle et le gouvernement prendra ses responsabilités».
Se voulant encore plus explicite, elle assène : «A la différence de l’Useq, le Grand cadre qui avait sollicité particulièrement le report de la rencontre du lundi à mardi, a encore demandé un report, ce que nous ne comprenons pas, nous partie gouvernement. Cela fait deux mois que les enfants ne suivent pas les cours correctement et nous avons mis tout sur la table. Le gouvernement a donné tout ce qu’il pouvait donner. Aujourd’hui, le gouvernement ne peut plus attendre, il faut que les enfants retournent à l’école».
«Le gouvernement a donné tout ce qu’il pouvait»
Pour sauver l’année scolaire, le ministre lance un appel du cœur aux enseignants. «J’en appelle à la responsabilité personnelle des enseignants, je ne parle pas de tel ou tel syndicat, mais de l’enseignant qui est dans sa classe et qui a pour mission fondamentale de transmettre du savoir. Que cet enseignant prenne sa responsabilité. Nous avons réellement avancé, l’indemnité de logement reste le seul point où on n’a pas enregistré un accord formel. Et là, il faut lever toutes équivoques, il a juste été demandé aux syndicats d’attendre les conclusions d’une étude qui est en cours et je pense que cela peut être compris par la partie syndicale. Parce que le gouvernement ne peut, aujourd’hui, être là à tergiverser, nous avons la responsabilité de donner une éducation de qualité à nos enfants».
Les enseignants campent sur leur position et menacent
Face à ce constat d’échec des négociations, les syndicats d'enseignants que sont le Grand cadre et le Cusems, préviennent qu’ils ne comptent pas lâcher prise. Abdoulaye Ndoye, Secrétaire général du Cusems, d’exprimer ainsi sa déception. «Après plusieurs rounds de négociations, on croyait que le gouvernement aller se prononcer sur cette question de l’indemnité. Mais nous avons constaté l’immobilisme du gouvernement sur cette question. Alors que, aujourd’hui, si on veut l’apaisement dans le milieu scolaire, il faut que le gouvernement se prononce sur l’alignement de l’indemnité de logement avec les agents de même niveau de qualification», soutient-il.
Il ajoute que pour le Cusems, il s’agit tout simplement de «l’acceptation du principe de l’alignement pour les professeurs du moyen secondaire, ensuite tenir compte des modalités, il faut que cela soit clair. Et nous avons constaté au cours de cette réunion que le gouvernement s’est inscrit dans une logique de confrontation. Nous avons pris acte, nous allons aviser nos militants qu’ils comprennent que demain, quoi qu’il arrive, le gouvernement sera seul et unique responsable de cette situation».
Pour Mamadou Lamine Dianté du Grand cadre, «le gouvernement n’a pas su prendre l’engagement sur l’indemnité de logement. Nous avons rappelé au gouvernement que, malgré notre volonté d’aller vers l’apaisement, les mesures qu’il a prises ne vont pas dans le sens de l’apaisement». «Nous allons nous retrouver en plénière demain et jeudi nous donnerons une conférence de presse en présence des médiateurs. Nous allons donner notre position officielle par rapport à la suite à donner à notre combat», annonce-t-il.
AMNESTY INTERNATIONAL RAPPELLE A L’ETAT SES «PROMESSES NON TENUES»
VEILLE DE L’EXAMEN DU SENEGAL PAR LA COMMISSION AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES
Amnesty International a rappelé, hier, un certain nombre de sujets de préoccupations au regard de la mise en œuvre par le Sénégal des recommandations formulées dans les observations finales produites à l’issue de l’examen du rapport périodique de 2003 par la Commission africaine et de la mise en œuvre de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Cela, à la veille de l’examen de notre pays par ladite commission, à l’occasion de sa 56e session qui se déroule actuellement à Banjul.
A la veille de l'examen du Sénégal par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, en sa 56e session qui se déroule actuellement à Banjul (Gambie), Amnesty International section Sénégal a tenu à attirer l’attention des autorités sénégalaises sur les «promesses non tenues». Notamment, sur la torture et les autres mauvais traitements, les discriminations en raison de l’orientation sexuelle réelle ou soupçonnée, la peine de mort, la liberté d’expression, l’usage excessif de la force dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre lors de manifestations et l’impunité pour les violations des droits humains commis lors du conflit en Casamance.
Dans un document rendu public, hier, Amnesty International dit avoir enregistré au moins 27 cas de torture et autres mauvais traitements, dont 15 sont morts en détention ou peu après leur libération. Les méthodes de torture et d’autres mauvais traitements qui ont été enregistrés comprennent le passage à tabac, les simulacres de noyade, les décharges électriques et les brûlures. «La criminalisation de la torture semble rester, le plus souvent, lettre morte, dès lors qu’il s’agit de poursuivre des agents de l’État soupçonnés d’actes de torture ou d’autres violations graves des droits humains. Alors que les autorités sénégalaises affirment qu’elles mènent des enquêtes sur les cas de torture et sur les autres formes de mauvais traitements, peu d’enquêtes ont abouti et peu de responsables présumés ont été jugés», a déploré l’organisation qui souligne que «sur les 27 cas de torture enregistrés depuis 2007, seules 6 poursuites ont abouti avec à chaque fois des peines légères qui ont été prononcées».
L’organisation de recommander la révision du Code pénal, en particulier l’article 295-1 sur la définition de la torture, pour la rendre totalement conforme aux dispositions de l’article premier de la Convention contre la torture. Mais, surtout, «donner des instructions claires aux forces de police et de gendarmerie afin que celles-ci agissent constamment dans le respect du droit international, régional et national relatif aux droits humains et rappeler aux magistrats que toute déclaration, dont il est établi qu'elle a été obtenue par la torture, ne puisse être invoquée comme un élément de preuve dans une procédure».
«Sur 27 cas de torture enregistrés depuis 2007, seules 6 poursuites ont abouti»
Outre les préoccupations soulevées par la Commission africaine en 2003 qui n’ont pas été prises en compte, Amnesty International s’inquiète également des violations du droit à un procès équitable, du droit de liberté de réunion pacifique et du droit d’accès à la justice. En effet, le 23 mars 2015, la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei) a condamné Karim Wade, ex-ministre et fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade, à 6 ans d’emprisonnement et une amende de 138 milliards de francs Cfa. Mais Seydi Gassama et ses camarades se disent préoccuper par le fait que «la Crei ne soit pas conforme aux normes internationales et régionales en matière d’équité de procès, surtout du fait qu’aucun recours n’est possible après le verdict». Raison pour laquelle, ils exigent à l’Etat du Sénégal, la modification de la loi 81-54 du 10 juillet 1981 qui a créé la Crei pour la mettre en conformité avec les normes internationales et régionales en matière d’équité de procès, et notamment en faisant en sorte que la Cour permette un recours après le verdict.
Crise casamançaise entre «impunité et déni»
S’agissant du conflit armé qui sévit en Casamance depuis 1982, opposant les forces gouvernementales du Sénégal aux membres du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), Amnesty International estime que malgré plusieurs accords de paix, il existe encore des moments de fortes tensions. Cela est marqué par «de sérieuses violations de droits humains commises par les deux parties au conflit».
«L’impunité qui marque de son sceau ces atrocités laisse les victimes et leurs familles dans un déni de justice et dans un total abandon. Le gouvernement du Sénégal continue de nier la disparition forcée de dizaines de Casamançais et prive ainsi les familles d’accéder à la vérité, à la justice et aux réparations. Le 30 mars 2015, le directeur des droits humains au ministère de la Justice a déclaré que : ‘Nous n’avons enregistré aucun cas de disparition forcée au Sénégal’», a déploré l’organisation pour qui, «les pardons et les autres mesures d’impunité ne doivent pas empêcher de mener des enquêtes et des poursuites concernant les crimes en application du droit international ou prendre les dispositions pour établir la vérité sur ces crimes ou d’obtenir des réparations complètes. Quitte à modifier la loi d’amnistie de 2004 à cette fin».
PAR ALIOUNE SENE
MONSIEUR LE PRÉSIDENT, N’ENVOYEZ PAS NOS ENFANTS DANS LE MOUROIR DU YÉMEN
Monsieur le Président, faites comme les Etats-Unis, félicitez les Saoudiens d’avoir enfin compris que seule la solution politique est viable et renoncez à envoyer nos vaillants Jambaars à l’aventure, à la mort
De toutes les questions soulevées par les journalistes lors du point de presse de Kaffrine, celle concernant l’envoi de troupes sénégalaises au Yémen, nous a le plus intéressé et légitimement intrigué. Au fond, plus que la renversante théorie présidentielle de la transhumance qui tente de nier la nature infâme des troupeaux politiques affamés dont la seule boussole morale est le ventre lacéré par la faim et le gosier déchiré par la soif des privilèges et des prébendes.
Maintenant que les Saoudiens ont reconnu plus de 1000 morts et plus de 4 000 blessés dans la campagne de bombardements féroces contre les miliciens Houthistes, en plus des vieillards, femmes et enfants victimes collatérales injustes ; maintenant qu’ils ont avoué dans une déclaration officielle que «leur intervention a éliminé les menaces sur les voisins», comment le Président du Sénégal peut-il justifier devant son opinion publique, l’envoi de nos enfants dans une «drôle de guerre» où la «coalition arabe» menée par Ryad veut régler dans les airs, un problème qui est au sol ?
Les Saoudiens l’ont dit au départ, ils n’enverront pas leurs soldats (leurs enfants) se battre sur le sol du Yémen. Certes, ils ont évolué puisque qu’ils ont battu le rappel de la garde nationale (plus de 100 000 soldats) qui, comme son nom l’indique, est chargée de défendre le royaume en cas d’attaques.
Du coup, le Sénégal n’a plus sa place, ni dans «la coalition arabe» (ce qui allait de soi), encore moins aux côtés de la Garde nationale saoudienne qui n’est pas une coalition internationale mandatée par les Nations-Unies, puisque que ce mandat n’existe pas et cette coalition n’existe.
Monsieur le Président, saisissez la balle au rebond, faites comme les Etats-Unis, félicitez les Saoudiens d’avoir enfin compris que seule la solution politique est viable et renoncez à envoyer nos vaillants Jambaars à l’aventure, à la mort, à de possibles enlèvements et décapitations par des miliciens, ou par Al Qaida ou par le fameux Daesh.
A ceux qui sont pessimistes sur votre capacité à changer d’avis et qui prétendent que, suite à un «traitement» royal que les Saoudiens vous ont réservé, vous ne pouvez plus rien leur ... refuser, rassurez-nous ! Répondez à ces détracteurs et dites-leur à la face du monde que c’est faux : vous n’avez rien reçu, ni argent, ni dons spéciaux, mais que vous vouliez juste matérialiser la solidarité du Sénégal à la terre qui abrite les deux saintes mosquées.
Le problème cependant est que les deux saintes mosquées n’ont jamais été menacées dans ce conflit. Ni les Yéménites, ni les Iraniens, ni Al Qaida dans la péninsule arabique, n’ont annoncé leur intention de s’en prendre aux lieux saints de l’Islam que sont Makkah Al-Mukarramah et Al Madinatul Mounawar (la ville illuminée). Même Ryad, la capitale saoudienne, est aujourd’hui un havre de paix non concerné par la guerre, au point que vos services ont induit en erreur un journal respecté qui a pu titrer «Macky envoie 1 500 à 2 000 Jambaars à Riyad».
Ce titre trompeur peut faire saliver de jeunes soldats qui vont penser aux perdiems et à la possibilité (à partir de Riyad) d’aller faire un tourisme religieux à la Mecque et à Médina. Ceci est loin de la vérité, car la guerre n’est pas à Ryad mais au Yémen ou au mieux, à la frontière entre les deux pays.
En plus, il sera difficile Monsieur le Président, d’expliquer comment le Sénégal, Etat africain pauvre, qui a forcé ses limites dans la participation aux opérations de maintien de la Paix (Darfour, Congo Rdc, Côte d’Ivoire, Mali, Rca, etc.) peut soudain trouver 1 500 à 2 000 hommes pour Ryad, pardon pour le Yémen !
Certains vont jusqu’à parler «d’arnaque intellectuelle, spirituelle et morale» dans cette affaire. Ce n’est pas notre avis, nous pensons plutôt à une vraie méprise sur ce qu’est réellement le Sénégal, comme du reste l’a si brillamment montré dans un article magistral à tous égards, l’analyste Yoro Dia (Voir Enquête du 15 avril, 2015 et d’autres quotidiens du même jour).
En passant, il faut espérer que vos conseillers ne vous cachent pas de telles contributions qui font date dans l’histoire du pays.
Pour vous rapporter ce qui se dit dans certains cénacles, «l’arnaque intellectuelle» serait de vouloir nous faire prendre la guerre des Saoudiens contre leurs voisins Yéménites comme la guerre du Golfe de 1991 pendant laquelle le Sénégal s’était distingué par une honorable participation, mais aussi par le tribut le plus lourd payé par une Nation. Ces deux guerres n’ont évidemment strictement rien à voir ! Le Yémen
n’a pas à sa tête un Saddam conquérant et expansionniste et n’a pas envahi le Royaume saoudien. Bien au contraire !
«L’arnaque spirituelle», selon eux, serait liée à l’évocation de la défense de l’Arabie saoudite, patrie de l’islam menacée alors qu’elle abrite Makka et Médine.
«L’arnaque morale» serait de prétendre que «rien n’est décidé» alors que tout porte à croire que l’engagement est pris et les ordres sont déjà donnés au chef des Armées. L’autre versant de «l’arnaque morale» est de prétendre que le Sénégal sacrifie à une obligation face à un pays allié.
Si cela était vrai, peut-on une seule seconde imaginer l’Arabie saoudite envoyer ses enfants se battre aux côtés du Sénégal en cas de déstabilisation ou d’invasion par les Jihadistes de notre sol ? Tout simplement inimaginable ! Ce qui, de fait, ruine la théorie du «pays allié» car cette théorie implique forcément une réciprocité absolue.
Ces observations soulèvent plusieurs questions qui s’adressent d’abord à Monsieur le Président :
Pourquoi votre collègue américain, premier allié des Saoudiens, a exclu d’envoyer des troupes pour protéger l’Arabie saoudite qui est si chère à son pays ? Il préfère plutôt calmer l’ardeur de ses amis saoudiens en les poussant à éviter d’embraser la région la plus complexe du monde contemporain où la vraie puissance impériale régionale (l’Iran) fait réellement la pluie et le beau comme le «mauvais» temps.
En plus, même si le Président américain était tenté, le Congrès l’attendrait de pied ferme ; ce qui n’est pas le cas sous nos Etats tropicaux où les cadeaux royaux peuvent constituer «une puissante aide à la décision» et être plus déterminants que des pouvoirs législatifs souvent paralysés par le déséquilibre dû au système présidentialiste fort.
Pourquoi le Maroc, 2 grand allié des Saoudiens, n’envisage pas d’envoyer des troupes pour défendre la patrie de tous les croyants musulmans dont ils ont l’honneur d’abriter le Commandeur suprême (Amir Al Mouminine) ?
Pourquoi les dirigeants de la République islamique du Pakistan, sollicités pour envoyer des troupes pour des combats terrestres, ont d’abord consulté leur Parlement avant de refuser poliment mais fermement d’envoyer leurs enfants tout en proposant leurs bons offices pour trouver une issue pacifique à la crise et au conflit.
S’il est vrai que les Saoudiens sont nos amis, les Yéménites comme les Iraniens sont aussi nos frères en religion. Pourquoi alors protéger les uns, faire la guerre aux autres et prétendre qu’on n’a pas des problèmes avec les «musulmans chiites».
Notre Président, mesure-t-il assez le risque effroyable d’inscrire notre pays dans le viseur et le tableau de chasse de Al Qaida et de l’Etat islamique, et ceci pendant que notre région Sud reste fragile et vulnérable et toutes nos frontières (Est, Nord, Sud) sont visiblement poreuses aux infiltrations des trafiquants de toutes sortes et des Jihadistes confortablement installés au Mali, en Mauritanie et peut-être déjà au Sénégal ?
Nous en appelons d’abord au Président de la République lui même pour qu’il réévalue la situation globale comme il a promis de le faire à Kaffrine. Ensuite, nous lançons un appel à la mobilisation de la Société civile, aux amis de Y’en à marre et de tous les Mouvements citoyens, à tous les démocrates et patriotes de ce pays pour faire entendre leur voix sur cette question.
Nos Jambaars et leurs patrons, soldats d’une armée républicaine exemplaire, exécuteront la directive présidentielle sans broncher mais tous les analystes crédibles savent qu’ils ne vont pas dans une mission de paix, mais ils vont aller faire la guerre en lointaine Arabie alors que leur pays n’est en guerre avec aucun pays et n’est aucunement concerné dans ses intérêts nationaux les plus vitaux.
Monsieur le Président, de grâce renoncez à ce projet indéfendable et n’envoyez pas les enfants d’autrui là où vous n’enverrez certainement pas votre propre fils.
Ce sont là des paroles d’un musulman sénégalais qui, comme vous, aime et respecte la terre des deux saintes mosquées, mais qui n’échangera jamais sa loyauté première au Sénégal (terre bénite parmi les terres bénites) contre toute autre loyauté !
MACKY SALL DIT NON A «L’ISLAMOPHOBIE ET A TOUTE VELLEITE TENDANT A REDUIRE L’ISLAM A UNE RELIGION DE GHETTO»
10e SESSION DU COMITE PERMANENT POUR l’INFORAMATION ET LES AFFAIRES CULTURELLES DE l’OCI
Pour promouvoir l’islam dans le monde, un Comité permanent pour l’information et les affaires culturelles (Comiac) a été mis en place par l’Organisation de la conférence islamique (Oci). Le Comiac qui tient ses assises à Dakar (28-29 avril), a lancé ses travaux, hier, en présence du président de la République, Macky Sall. Le chef de l’Etat qui a dit non à «l’islamophobie», a invité la jeunesse à revisiter les trésors culturels du monde musulman et exhorté les médias à œuvrer pour la paix.
Comité permanent pour l’information et les affaires culturelles (Comiac), mis en place par l’Organisation de la conférence islamique (Oci), à travers l’Agence islamique d’information, mène une série d’activités pour promouvoir l’islam. En ce sens, Ben Yan Madani, Secrétaire général de l' Oci, a lancé un appel à l’endroit du président de la République du Sénégal, qui a présidé, hier, la cérémonie d’ouverture de ces assises de Dakar (28-29 avril). «Nous avons mis sur pied une Agence islamique d’informations et notre souhait c’est de trouver un personnel dévoué pour renforcer cet organe. Nous avons besoin d’un accompagnement médiatique pour concrétiser les projets entamés».
Poursuivant, il a renseigné que «cette organisation n’est pas une organisation religieuse, mais une organisation politique. Et nous avons remarqué que dans nos Etats, il y a la montée des voix extrémistes à travers Boko Haram… Et les médias ont joué un rôle important dans le concept de la guerre, mais aussi de la paix».
Prenant la parole, Macky Sall souligne : «Nous tenons nos assises à une période bien trouble. Par des actes insensés, qu’aucune cause ne saurait ni expliquer, encore moins justifier, une minorité d’illuminés veut prendre en otage notre belle religion. En outre, de nombreux musulmans à travers le monde continuent de subir l’intolérance au quotidien, du seul fait de leur religion. Voilà pourquoi notre Comité doit redoubler de vigilance et de dynamisme afin de remplir sa mission d’instance de concertation, de réflexion et de promotion des valeurs authentiques de l’islam».
Selon le chef de l’Etat, «c’est en faisant connaître ses valeurs, par tous les moyens possibles, que notre Oummah gardera pleinement sa place au sein des grands ensembles qui influencent la marche du monde. Nous devons y préparer notre jeunesse, parce qu’elle porte notre espoir pour demain. C’est le sens du thème de cette session : ‘Le rôle de la jeunesse et des médias pour la paix et la stabilité dans le monde musulman’».
«Donner aux jeunes la chance de s’accomplir dans le travail, de se sentir utiles»
De son point de vue, «œuvrer pour la paix et la stabilité du monde musulman, c’est d’abord éduquer et former nos jeunes, pour les soustraire à la marginalisation sociale, à la manipulation des consciences et à l’endoctrinement qui font le lit de tous les extrémismes. C’est aussi donner aux jeunes la chance de s’accomplir dans le travail, de se sentir utiles à eux mêmes, à leur pays et à leur communauté. C’est enfin, les préparer à comprendre, accepter et respecter la diversité, au sein et en dehors de la Oummah».
Puis, Macky Sall, conformément aux recommandations de la réunion préparatoire de Djeddah, de proposer que le Comiac «réfléchisse sur la mise en place d’une coalition mondiale des jeunes pour la paix». Il a ensuite noté, pour ce qui est de la deuxième variante du thème de ces assises, à savoir les médias, que «tout comme une jeunesse bien formée, les médias peuvent grandement contribuer à la dynamique de diffusion des valeurs du monde musulman, aider à lutter contre les stéréotypes et participer, ainsi, à la promotion du vrai visage de l’islam».
Les médias invités à faire redécouvrir aux jeunes l’histoire du monde musulman
«Pour ce faire, nos médias gagneraient, par un travail assidu de formation et de recherche, à revisiter et faire redécouvrir aux jeunes et aux moins jeunes l’histoire de la culture et de la civilisation du monde musulman. Nous devons revisiter le trésor caché de nos musées et bibliothèques et soutenir davantage les échanges culturels et académiques entre nos pays», a-t-il souligné.
Pour Macky Sall, en effet, «faire revivre notre histoire, évoquer son apport aux progrès de l’humanité, témoigner par nous-mêmes de nos propres valeurs de culture et de civilisation, ne procède ni de l’autoglorification ni d’une contemplation nostalgique. Bien au contraire, c’est rappeler à notre conscience collective l’obligation historique qui nous incombe de maintenir vivace le flambeau multiséculaire qu’une petite communauté a allumé à la Mecque et transmis de génération en génération jusqu’à nos jours».
«Si la petite communauté mecquoise n’avait pas enduré les périls de l’adversité…»
«Gardons à l’esprit que si la petite communauté mecquoise n’avait pas enduré les périls de l’adversité, nous ne serions pas aujourd’hui ici, représentant plus d’un milliard de musulmans à travers le monde», a lancé le chef de l’Etat qui a rappelé que «l’islam, comme l’a dit le Prophète Mohammed (Psl), est une religion du juste milieu, qui ne veut ni de la violence ni de l’extrémisme. L’islam est paix. En conséquence, nous sommes résolument pour la coexistence pacifique des religions et le dialogue des cultures et des civilisations». Mais il a tenu aussi à condamner l’islamophobie. «En même temps, nous rejetons fermement l’islamophobie et toute velléité tendant à réduire l’islam à une religion de ghetto», a-t-il clamé.
Selon Oumar Seck, directeur du Comiac, «le Président Macky Sall, a été le premier président sénégalais à redynamiser le Comiac. Dakar est un tournant extrêmement important dédié à la jeunesse et à la presse. Tournant, parce que le Comiac se tient au moment où vous avez beaucoup de convulsions dans les Etats membres, des guerres en Syrie, en Irak, ce qui se passe chez nous dans la bande sahélo-sahélienne et Boko Haram. On dit non, maintenant il faudrait que la jeunesse et la presse se mettent en avant pour promouvoir l’œuvre de stabilité et de paix dans la Ouma islamique».
Annonçant la création de la Convergence de la jeunesse de l’Oci, il explique qu’à chaque fois que le Président Sall va se déplacer, en collaboration avec le Comiac, ils vont essayer de mettre dans son avion des jeunes issus des différentes régions de l’Oci (Moyen-Orient, Asie et Afrique) et la presse nationale. Déjà, un concours de production internationale sur l’image de l’islam dédié à la presse a été lancé.
RENCONTRE DE LA CJRS SUR "LE JOURNALISME A L’ERE NUMÉRIQUE", SAMEDI
Dakar, 29 avr (APS) – La Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) va réunir des panélistes sur "le journalisme à l’ère numérique", samedi, de 9h3 à 13h, à l’Institut supérieur d’entrepreneurship et de gestion (ISEG), à Dakar, selon un communiqué reçu à l’APS.
La CJRS organise cette manifestation à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, qui sera célébrée le même jour.
Le spécialiste de l’audiovisuel El Hadji Malick Diop présentera un exposé sur "le journalisme classique et les technologies de l’information et de la communication : adaptation, mutation ou évolution".
Le journaliste Mame Less Camara répondra à la question suivante : "Quelle déontologie pour les nouveaux médias ?"
Mamadou Baal, membre du Comité national de pilotage de la transition de l’audiovisuel analogique au numérique (CONTAN), parlera au public "des enjeux professionnels, économiques, culturels, sociaux et démocratiques du passage de l’analogie au numérique".
Le juriste Mame Ndiack Wane, membre du Conseil national de régulation des médias, va répondre à la question suivante : "Quel rôle pour le régulateur ?"
CHEIKH TALL SOW REPASSE DEVANT LA COUR D’APPEL LE 10 JUIN PROCHAIN
Jugé en première instance et condamné à deux ans de prison pour détournement de deniers publics, l’informaticien Cheikh Tall Sow repassera devant la Cour d’appel, le 10 juin prochain. Ayant sur son dos l’Etat du Sénégal, le sieur Sow avait pris la fuite après sa condamnation, sanctionné par un mandat d’arrêt.
L’affaire qui oppose l'Etat du Sénégal et l’informaticien Cheikh Tall Sow a été appelée hier à la Cour d’appel de Dakar. L’ex-employé de Seniran-Auto avait, en effet, été condamné en première instance à une peine de deux ans de prison ferme pour escroquerie, détournement de derniers public faux et usage de faux. Un mandat d’arrêt lui avait aussi été décerné, puisqu’il avait comparu libre. Seulement juste après ce jugement M. Sow a pris la poudre d’escampette. Mais paradoxalement, c’est lui qui a interjeté appel devant la juridiction de second degré.
Pour ce qui est des faits. Cheikh Tall Sow était, en effet, informaticien à la société Seniran-Auto. Il est parvenu par des manoeuvres à se faire recruter sur la base de faux diplômes. Il a par la suite confectionné plusieurs cachets portant l’entête du ministère de l'Intérieur et du parc automobile de la présidence de la République.
Mieux, il apposait la fausse signature du Directeur général sur des correspondances qu'il adressait à plusieurs autorités du pays. Parmi lesquelles figurent les autorités douanières auprès de qui, il obtenait une exonération sur les taxes fiscales et douanières.
Le détournement de deniers publics porte sur plusieurs milliards de francs. D’ailleurs, l'agent judiciaire de l'Etat avait même indiqué que le mis en cause avait usé de la même stratégie pour adresser une correspondance, au nom du président Abdou Diouf, pour obtenir des privilèges auprès du Secrétaire général des Nations unies, Koffi Annan. Une déclaration que L’Aje a réitérée, hier, devant la Cour d’appel de Dakar.
Dakar, 29 avr (APS) - Les quotidiens parvenus mercredi à l'APS traitent principalement de l'échec des négociations entre le gouvernement et des syndicats d'enseignants en grève depuis février dernier.
Les négociations entre le gouvernement et les syndicats d'enseignants "dans l'impasse", annonce le quotidien national Le Soleil, pointant la question de l'indemnité de logement comme le principal point de désaccord entre les deux parties.
Les syndicats d'enseignants déroulent depuis février plusieurs plans d'action comprenant des grèves, des débrayages et des "marches", en vue de l'application du protocole d'accord signé avec le gouvernement le 14 février 2014.
Les revendications des grévistes portent notamment sur la validation des années de vacatariat et l'alignement de l'indemnité des enseignants sur celle allouée à certains fonctionnaires.
Ils dénoncent par ailleurs "les lenteurs administratives" qui affectent la titularisation des professeurs et maîtres contractuels, un des acquis du protocole d'accord les liant au gouvernement.
Seulement, les négociations entre le gouvernement, le Grand cadre des syndicats d’enseignants (GCSE) et le Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen-secondaire (CUSEMS) "ont enregistré leur énième échec" à l'issue de la dernière séance de mardi, renseigne Sud Quotidien.
"Les enseignants ont une nouvelle fois demandé à consulter leurs bases respectives, avant de se prononcer sur la suite à donner à leur mouvement de grève, au grand dam du gouvernement qui ne cache plus son ras-le-bol", explique le quotidien Enquête.
"Courroucé par la radicalisation des enseignants, l'Etat fait dans la menace", le ministre de la Fonction publique, de la rationalisation des effectifs et du Renouveau du service public, Viviane Bampassy, demandant "à chaque enseignant d'assumer ses propres responsabilités", rapporte Walfadjri.
L'As avertit que "de gros nuages planent sur l'école", avant d'ajouter que "le gouvernement ne compte pas laisser les enseignants hypothéquer l'année scolaire". "Il est temps que chacun prenne ses responsabilités", déclare Mme Bampassy dans des propos rapportés par Le Populaire.
"L'Etat tourne la page des négociations et menace", affiche ce même journal.
Les deux parties "se sont braquées, laissant entrevoir une année scolaire dans l'impasse", signale le journal Le Quotidien. "Le suspens se poursuit", note Libération, évoquant un ‘’dialogue de sourds".
"Gouvernement et enseignants dos à dos", affiche Direct Info. "L'école sénégalaise en danger", affirme Le Témoin quotidien. "Va-t-on vers une année blanche ?", se demande Rewmi quotidien.
"C'est presque foutu", si l'on en croit Walfadjri. "Les élèves devront encore prendre leur mal en patience avant d'emprunter régulièrement le chemin de l'école. Le gouvernement et les syndicats poursuivent toujours leur bras de fer", conclut ce journal.
LA COMMISSION ORIENTATIONS ET STRATEGIES DU M23 CRACHE SES VERITES
FINANCEMENT DU M23 PAR MACKY SALL, TRANSHUMANCE, CRISE SCOLAIRE
Abdourahmane Sow et ses camarades de la Commission orientations et stratégies du M23 ont fait feu de tout bois, hier, lors de leur face-à-face avec la presse. Entre autres questions qu’ils ont abordées, ils ont dénoncé le financement dudit mouvement par le président de la République, Macky Sall.
C’est une sortie au vitriol que la Commission orientations et stratégies du Mouvement du 23 juin (Cos M23) a faite, hier, face à la presse, 48 heures après l’Assemblée générale des Forces vives de la nation.
Ce qui irrite le plus Abdourahmane Sow et ses camarades, c’est le financement du M23 par le chef de l’Etat.
«Nous dénonçons cela, et ça renseigne sur les vraies ambitions de ses animateurs. En s’alignant avec le pouvoir, ils utilisent les jeunes dans le combat. Ils sont-là pour leurs intérêts crypto-personnels. On ne peut pas être financé par le pouvoir et aller à l’encontre de ses intérêts, prétendant défendre les populations. c’est inacceptable», a asséné M. Sow.
Sur les propos du président de la République faisant l’apologie de la transhumance politique, la Cos du M23 martèle clairement : «La fameuse déclaration de Macky Sall, bénissant la transhumance qu’il avait lui-même assimilée à une pratique vile et impropre à l’éthique et à la morale est un comportement qui renseigne sur le caractère opportuniste de nos dirigeants, au profit de leurs partis. Ce que nous dénonçons vigoureusement».
«On ne peut pas être financé par le pouvoir et aller à l’encontre de ses intérêts»
Et d’enfoncer le clou : «Quand il fait la comparaison avec des professionnels de la presse, il oublie ces autres ex-dénonciateurs et pourfendeurs par la plume et le verbe du régime précédent, et qui, aujourd’hui, ont troqué leur verve aux douillettes senteurs du pouvoir».
Par rapport à la crise scolaire, les membres de la Cos du M23 ont décidé de battre le macadam pour manifester leur opposition à une année blanche.
«La Cos M23 prévoit d’organiser une marche nationale contre une année blanche en soutien aux élèves, si l’Etat et les enseignants ne trouvent pas des accords pour mettre fin à la situation», a informé M. Sow.
Ladite structure a également pris la résolution de mettre en place une plateforme de dialogue et de convergence dénommée «Waxtaan ba deggo», pour faire comprendre aux différents acteurs politiques, professionnels et de la société civile, «l’urgence, la nécessité et l’obligation du dialogue, pour un Sénégal concilié et dirigé dans le respect des valeurs fondant la République et la démocratie».