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28 novembre 2024
Femmes
16% DES ADOLESCENTES AGEES DE 15 A 19 ANS ONT COMMENCE LEUR VIE FECONDE
Au Sénégal, les jeunes filles font face à de nombreux problèmes allant des mariages précoces aux mutilations génitales féminines, en passant par les grossesses précoces. C
Un atelier de partage des résultats de l’étude portant sur la vulnérabilité des jeunes filles, effet new deal : une approche novatrice de changement de comportements a eu lieu hier. Selon l’étude, 16% des adolescentes âgées de 15 à 19 ans ont déjà commencé leur vie féconde.
Au Sénégal, les jeunes filles font face à de nombreux problèmes allant des mariages précoces aux mutilations génitales féminines, en passant par les grossesses précoces. C’est pour lutter contre ces fléaux qu’une nouvelle approche communautaire appelée « New deal » a été mis en place. Au Sénégal, 16% des adolescentes âgées de 15- 19 ans ont déjà commencé leur vie féconde. Dans les régions de Kolda et Tambacounda, ce taux est de 30%. Ces deux régions enregistrent également les taux les plus élevés de filles de moins de 14 ans victimes des mutilations génitales féminines : Tambacounda 44% et Kolda 35% contre 14% au niveau national. Cette initiative vise à réduire la vulnérabilité des jeunes filles à travers la lutte contre les mariages et les grossesses précoces, les mutilations génitales féminines et la promotion des services de santé sexuelle et reproductive. Le new deal ou pacte communautaire est fondé sur trois piliers essentiels : l’engagement des parents à ne pas marier leurs filles avant 18 ans, l’engagement des filles à ne pas tomber enceintes avant leur mariage et le leadership des filles renforcé dans la prévention et la prise en charge des besoins des adolescentes et jeunes. Le représentant de l’Unfpa, Moussa Faye, estime que les adolescentes représentent 31,3% de la population. «Les adolescentes constituent 22% des femmes en âge de procréer et contribuent pour 10% à la fécondité totale. Près d’une fille sur trois est mariée avant 18 ans. A Kolda précisément, il ressort que 43% des adolescentes ont déjà commencé leur vie féconde et la région est l’une des plus touchées par les grossesses précoces, en particulier en milieu scolaire », révèle t-il.
Pour sa part, le Directeur du projet Promotion des jeunes, Alassane Diallo, souligne que c’est une stratégie communautaire mise en place pour lutter contre les grossesses précoces, les mutilations génitales féminines et les mariages précoces. Selon elle, l’initiative est partie de Tambacounda où nous avons constaté un fort taux de déperdition scolaire auprès des jeunes filles. On s’est dit qu’il y a peut-être une stratégie qu’il faut adosser aux clubs des jeunes filles qui encadrent beaucoup de jeunes à travers des pères éducateurs, et nous avons voulu aller en droite ligne contre ces fléaux. «On s’est dit que les jeunes filles doivent prendre en charge elles-mêmes cette question en s’organisant en club. Au dernier recensement, nous étions à 247 clubs de jeunes filles rien que dans la région de Kolda, et cela nous a permis d’enrôler 8 176 jeunes filles. Avec cette expérience, nous comptons passer à l’échelle nationale. Les promesses des jeunes filles et des parents sont faites devant toute la communauté, c’est pourquoi ils respectent leurs promesses», précise t-il.
LES ACTEURS APPELLENT A CORRIGER LES INEGALITES
La représentation des femmes dans le monde du travail reste très limitée, a fait savoir le directeur de Cabinet du ministre du Travail, Aboubacar Wade.
La représentation des femmes dans le monde du travail reste très limitée, a fait savoir le directeur de Cabinet du ministre du Travail, Aboubacar Wade. Toutefois, le directeur de Etd-Bp Dakar, Dramane Haïdara, a souligné que l’avenir du travail dépend de l’avenir des femmes dans le travail et ne saurait se faire sans elles. Des propos tenus hier, jeudi 12 décembre, lors du forum sur «L’avenir du travail des femmes au Sénégal».
«L’avenir du travail des femmes au Sénégal» a fait l’objet d’un forum hier, jeudi 12 décembre, à Dakar. Selon le directeur pays du Bureau international du travail (Bit) à Dakar, Dramane Haïdara, l’avenir du travail dépend de l’avenir des femmes dans le travail et ne saurait se faire sans elles.
A cet effet, il a souligné que «si au Sénégal les femmes ont conquis des droits précieux en matières d’instruction, d’emplois, de participation aux prises de décision, beaucoup reste à faire». Aujourd’hui, si l’on se fie aux constats de M. Haïdara, les femmes sénégalaises assument toujours les triples fardeaux des obligations familiales, professionnelles et communautaires. «Elles demeurent fortement minoritaires dans les postes de direction et sont, en majorité, cantonnées dans des emplois atypiques, moins valorisés et moins rétribués» a-t-il fait comprendre.
Revenant sur les autres problèmes vécus par les femmes, il a évoqué la discrimination due à leur sexe, les inégalités salariales, le déséquilibre constant entre leur vie professionnelle et leur vie familiale, ceux liés à l’invisibilité d’une large partie de leur travail, à des conditions de travail difficile, à la violence et au harcèlement. «Cette discrimination professionnelle ne commence pas sur le marché du travail, mais en amont, avec l’accès à l’éducation et à la formation. Ces dernières prennent source dans les modèles de société, avec la répartition des rôles entre les genres, le partage et le contrôle des ressources, la participation à la prise de décision», a déclaré M. Haïdara.
Le directeur de cabinet du ministre du Travail, Aboubacar Wade, venu présider la cérémonie d’ouverture, a aussi abondé dans le même sens pour dire qu’un changement de paradigme doit être opérer afin de revaloriser la femme dans le travail. «C’est une réalité, l’inégalité entre hommes et femmes dans les entreprises. Les femmes doivent pouvoir émerger. Et pour cela il faut y travailler», a-t-il fait comprendre.
Pour les acteurs de la défense du travail des femmes, poser le principe de l’égalité des droits et des chances ne suffit pas pour faire cesser les discriminations et éliminer les inégalités vécues par les femmes et les jeunes filles. Il convient, pour eux, de traquer au cœur de questions techniques, parfois complexes, où les inégalités ne sont toujours pas visible mais néanmoins bien réelles et solidement ancrées.
UNE CRIMINALISATION DU VIOL À DEMI-MESURE
« Il n’y a pas de relèvement du délai de prescription qui empêche les victimes de pouvoir porter plainte et se faire reconnaître d’abord en tant que victime et ensuite de commencer à être réparée. »
En Conseil des ministres le 27 Novembre passé, le président Macky Sall avait annoncé un projet de loi devant criminaliser le viol. Une nouvelle qui avait été bien accueillie par les militants de cette cause. Le projet de loi (lire l’intégral) est prêt. Le ministre de la Justice devra le présenter aux députés. La nouveauté est la qualification de l’infraction c’est-à-dire de viol simple et de viol aggravé. Selon l’expert en droit pénal Abdoulaye Santos Ndao, « elle devient une loi pénale de fonds plus sévère qui aggrave la qualification de l’infraction ». Mais l’article 320 définit toujours le viol comme : « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». Une disposition qui ne change pas car l’emprisonnement reste de 5 à 10 ans. Le viol devient toutefois un crime si des circonstances aggravantes ont été établies. En d’autres termes, cette « nouvelle loi n’en fait pas un crime sauf lorsque le viol est suivi de la mort de la victime. », lit-on dans l’exposé des motifs.
En plus des dispositions relatives à l’article 432, dans ce présent projet, « le viol est puni à une réclusion criminelle de dix à vingt ans sans possibilité de réduction au-dessus du minimum :
– s’il a entrainé une mutilation, une infirmité permanente ou s’il est commis par séquestration ou par plusieurs personnes
– si l’infraction est commise sur un enfant au-dessous de 13 ans ou sur une personne particulièrement vulnérable en raison de son état de grossesse, de son âge avancé, ou de son état de santé ayant entrainé une déficience physique et psychique. » La détention pourra aller jusqu’à la perpétuité dans ces cas. Cette loi sur le viol passe d’une peine délictuelle à une peine criminelle dans le but de protéger les mineurs et les personnes sans défense.
La prescription, le principal hic
Il aurait pu être parfait si ce projet de loi prenait « en considération les conséquences psychologiques sur une vie entière de la personne violée » selon la psychologue Khaira Thiam qui estime que la mouture telle que présentée « ne punit pas à la hauteur de la gravité de l’acte ». Au Sénégal, la prescription en matière de viol est de 3 ans. Ce qui veut dire que vous avez 3 ans pour porter l’affaire devant la justice. Au-delà ce n’est plus possible. Un bémol dans ce projet de loi relevé par la psychologue pour qui, « il n’y a pas de relèvement du délai de prescription qui empêche les victimes de pouvoir porter plainte et se faire reconnaître d’abord en tant que victime et ensuite de commencer à être réparée. ». 3 années, une marge jugée petites car « les victimes peuvent mettre entre 12 et 20 ans à oser parler de ce qui leur est arrivé et cela d’autant plus lorsque la victime mineure a pu être contrainte de vivre avec son agresseur et contrainte par le groupe familial au silence. Alors que ça n’est pas son souhait et qu’elle a besoin pour se construire que la société puisse lui dire que son agresseur n’avait pas à faire ce qu’il lui a fait »ajoute-t-elle.
Désormais la balle est dans le camp des députés de l’Assemblée pour revoir certains points notamment le relèvement du délai de prescription. Même s’il faut noter certaines avancées qui visent à durcir la répression du viol. Un texte qui prévoit également de nouvelles sanctions au sujet des violences commises contre les enfants.
LOI SUR LA PARITE, DES AVANCEES MAIS AUSSI DES DIFFICULTES, SELON FATOU KINE DIOP
La loi sur la parité connaît des avancées mais aussi des difficultés dans son application, a déclaré lundi la présidente de l’observatoire de la parité, Fatou Kiné Diop.
La loi sur la parité connaît des avancées mais aussi des difficultés dans son application, a déclaré lundi la présidente de l’observatoire de la parité, Fatou Kiné Diop. Si l’on se focalise sur les actions prioritaires inscrites dans les axe 1 et 2 du Plan Sénégal émergent(PSE), la stratégie de développement du gouvernement sénégalais, on constate qu’il y a ‘’beaucoup de progrès en terme d’égalité entre les hommes et les femmes’’, a-t-elle déclaré.
Elle s’exprimait lors d’une rencontre avec les acteurs de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et de la pêche sur le comité régional de suivi de l’égalité femme-homme dans les politiques publiques. Selon elle, la mise en place d’un tel comité au niveau des régions, entre dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’appui aux producteurs et utilisateurs des statistiques genre.
Selon elle, le mandat principal de l’observatoire est de faire le suivi et ‘’l’évaluation des engagements’’ pris par le Sénégal en faveur de l’égalité de genre. Elle explique que c’est pour cette raison qu’il faudra s’appuyer sur ‘’l’information et les données chiffrées et désagrégées pour être mieux renseigné sur la situation des hommes et femmes telle que mise en œuvre par les politique publiques’’. Elle souligne que le programme d’appui aux producteurs et utilisateurs de statistiques de genre (PAPUSG), soutenu par la coopération espagnole, permet à l’observatoire de disposer des données et informations sur l’ensemble du territoire national.
Les régions pilotes, comme Saint-Louis, Kaolack, Sédhiou et Kolda ont été choisies pour la mise en place du comité régional de suivi, lequel sera élargi à toutes les 14 régions du Sénégal, promet-elle. Au niveau de chaque département, dit-elle, il s’agira de partager avec les acteurs institutionnels, élus et organisations de la société civile, sur les enjeux et les difficultés rencontrées par l’observatoire dans le cadre du processus de collecte de l’information, précise Mme Diop.
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IL EST IMPORTANT DE RÉHABILITER ALINE SITOE DIATTA
EXCLUSIF SENEPLUS - L'écrivaine Sylvia Serbin plaide pour une reconnaissance des héroïnes africaines très souvent reléguées au second plan dans les livres d'histoires au détriment de leurs compagnons hommes
Le programme pédagogique ''Gno Yam'' initié par l'éditorialiste de SenePlus Emmanuel Desfournaux pour promouvoir l'égalité femme/homme a été officiellement lancé lundi au musée de la femme Henriette Bathily par Sylvia Serbin. L' auteur du livre Reines d'Afrique et héroïnes de la diaspora noire a, devant une soixantaine d'élèves en classe de sixième et cinquième de l'école EBOA, échangé sur ces braves femmes africaines absentes de l'histoire universelle.
Sylvia a aussi donné son avis sur le rapatriement du corps d'Aline Sitoé Diatta.
LES FILLES BATTENT LE PAVE CONTRE... LES PREDATEURS SEXUELS
Le département de Guédiawaye a abrité la marche des jeunes filles pour dénoncer les violences dont elles souffrent.
Le département de Guédiawaye a abrité la marche des jeunes filles pour dénoncer les violences dont elles souffrent. Une procession de 4 Km de centaines de filles dans les rues de Guédiawaye pour rallier la préfecture afin de remettre un mémorandum à l’autorité administrative. L’initiative est de Plan International Sénégal, en collaboration avec la société civile.
Des filles issues de différentes localités du Sénégal ont battu le pavé dans les artères avec des slogans « Stop à la violence » ou des pancartes avec des slogans inscrits « Stop Violences » entre autres. Elles scandaient ces slogans sous l’appui de quelques adultes sous la protection policière qui fait maintenir l’itinéraire du parcours.
Selon Aida Bâ qui a été choisie pour lire le mémorandum, les autorités doivent corser les peines afin de dissuader certains violeurs ou auteurs de viol sur les enfants « Nous ne voulons plus de victime de violences. Que les autorités judiciaires de ce pays engage de fortes sanctions contre tout auteur de viol ou de violence sexuelle, physique, psychologique et même économique perpétuée sur une fille, un garçon ou une femme ! », a laissé entendre Aida Bâ devant le préfet de Guédiawaye.
Poursuivant sa lecture du mémorandum, elle a fait des révélations sur la situation alarmante des femmes victimes : « Nous appelons tout ce qui ont une autorité dans ce pays à mieux prendre en charge avec les autorités communautaires les cas pour qu’on traite les filles, les garçons et femmes victimes de violence sexuelle, physique psychologique et économique, 1364 victimes de violence sexuelle, 4320 femmes victimes de violence physique ».
Sur le mémorandum il a été mentionné un appel aux autorités, à toutes les personnalités de l’Etat, aux autorités déconcentrées, aux gouverneurs, préfets et leaders religieux, aux organisations de la société civile et même aux ASC pour être les défenseurs des droits des filles et des femmes et à certaines autorités pour être leur protecteur dans l’espace judiciaire.
Pour le préfet du département de Guédiawaye qui a reçu le mémorandum dans l’enceinte de la préfecture, l’Etat a déjà fait des avancées significatives avec le durcissement des peines avec la modification de la loi et « cela pour dissuader les prédateurs sexuels et les auteurs de viol », a indiqué Chérif Mouhamadou Blondin Ndiaye ; préfet du département de Guédiawaye.
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LIBÉRER LA PAROLE AUTOUR DES VIOLENCES SEXUELLES
Adama, une jeune militante, dénonce les violences sexuelles dans les transports. Après son agression, elle a lancé le #TefrottepasAmoi pour recueillir les témoignages de victimes
Adama, une jeune militante, dénonce les violences sexuelles dans les transports. Après son agression, elle a lancé le #TefrottepasAmoi pour recueillir les témoignages de victimes.
PAR Hemley Boum
LES FEMMES SONT LIBRES DE PORTER UN VOILE AUTANT QUE DES TALONS AIGUILLES
Lorsqu’une femme affirme que les vêtements dont elle se pare sont un choix, qu’elle se voile, se dévoile ou même se perche sur des échasses, tant qu’aucune loi n’est enfreinte, il ne devrait pas y avoir de discussion
Je me suis amusée à recenser dans ma propre garde-robe des pièces qui dénoteraient, vues sous un certain angle, de mon propre asservissement au patriarcat honni. Elles sont nombreuses mais un accessoire en particulier m’a semblé emblématique : l’escarpin, qui fait de nous des entités étranges mi-humaines mi-volailles, ne touchant terre que du bout des orteils.
Féminité assumée
L’escarpin nous viendrait des dessins fétichistes du XVIIIe siècle et représentait clairement un fantasme sexuel. Ce qu’il est demeuré à bien des égards. Pourtant, l’escarpin, sans jamais vraiment quitter les eaux troubles de la séduction, est devenu par un merveilleux retournement de situation le symbole d’une féminité assumée dont il ne bride, malgré l’inconfort, ni les mouvements ni les ambitions.
Ce qui était à l’origine une objectivation du corps féminin est pour les femmes qui l’adoptent le signe de leur liberté, d’une réappropriation exacerbée toujours fragile et douloureuse de leur sexualité. Celles qui choisissent de porter le voile ne nous disent pas autre chose. Elles aussi nous parlent du contrôle de leur corps et de l’adéquation entre l’image qu’elles renvoient et leur spiritualité.
Un choix
Je pourrais revenir sur les raisons de l’adhésion volontaire ou non, consciente ou pas à nos servitudes. Sur le poids des traditions, des religions, de la culture et des modèles auxquels nous sommes soumis, sur les névralgies et les stigmates laissés par un passé mal digéré, sur le genre comme enjeu du pouvoir. Je pourrais y revenir afin d’explorer l’idée même d’une liberté qui plonge ses racines dans le terreau composite, contradictoire voire conflictuel que nous portons tous en nous. Ce n’est pas mon propos.
La seule chose qui importe vraiment ici est que lorsqu’une femme affirme que les vêtements dont elle se pare sont un choix, qu’elle se voile, se dévoile ou même se perche sur des échasses, tant qu’aucune loi n’est enfreinte, il ne devrait pas y avoir de discussion. Cela n’est hélas pas le cas dans toutes les sociétés, raison de plus pour protéger ces acquis sans cesse menacés.
Hemley Boum est Romancière camerounaise, Grand prix littéraire d'Afrique noire
OUMY NDOUR, UNE VIE DE LUTTE POUR LES FEMMES
Journaliste à la RTS, elle se distingue par son voile qui ne « l’enferme » pas mais surtout son combat pour la défense de ses paires et des enfants. À l'en croire, « la foi doit guider les actions »
La Croix Afrique |
Charles Senghor |
Publication 07/12/2019
Journaliste à la radiotélévision publique sénégalaise, Oumy Ndour, se distingue par son voile qui ne « l’enferme » pas mais surtout son combat pour la défense des femmes et des enfants.
Au Sénégal, les téléspectateurs sont habitués aux belles tenues colorées d’Oumy Ndour, journaliste dont le voile est toujours parfaitement assorti aux habits. Considérée comme une « icône du voile », elle balaie cette appellation d’un revers de main. « Je ne me considère pas comme telle, explique-t-elle. Le port du voile est une décision personnelle, une manière de vivre ma foi. Que je veux vivre le plus librement possible dans la paix et la tranquillité. »
Et de fait, ces derniers mois, cette jeune musulmane s’est surtout distinguée pour son combat pour la défense des droits des femmes et des enfants. Car pour elle, « la foi doit guider les actions ». Cofondatrice, depuis le mois de mai, du collectif « dafa doy » (ça suffit en wolof) – après le meurtre d’une jeune femme, Bineta Camara, suivi d’autres, les jours suivants – elle est l’un des porte-voix du combat contre les féminicides au Sénégal. « Notre collectif a pour objectif de marquer une avancée majeure par rapport à la lutte contre les violences faites aux femmes », précise-t-elle.
Forte de son influence sur les réseaux sociaux, elle est une des responsables de la plateforme « Ladies club Sénégal » qui « porte la voix de plus de 60 000 femmes » sur de grands sujets comme « la prise en charge de femmes, d’enfants victimes de violences, la formation, la recherche d’emploi »
Parcours
Titulaire d’une licence en journalisme, Oumy Ndour travaille aujourd’hui à la radiotélévision nationale du Sénégal (RTS). Après sa formation au Centre des sciences et techniques de l’Information (Cesti) de Dakar, cette jeune femme originaire de Fatick, dans le centre du Sénégal – mais née Dakar et ayant vécu de longues années à Thiès (ouest)- a obtenu, un diplôme de bibliothécaire, archiviste et documentaliste avant de s’envoler pour le Canada. Là-bas, elle a fait des études au conservatoire en technique vidéo, tout en travaillant pour le festival « Vues d’Afrique ». Mais sept ans après, elle retourne « définitivement » au Sénégal, pour « mieux servir son pays. »
« Être voilée ne veut pas dire s’enfermer »
Oumy Ndour aime rappeler qu’« être voilée ne veut pas dire s’enfermer », relève que son voile ne l’empêche pas de bien faire son travail de journaliste. « Je suis chef du desk culture de la télévision nationale. De ce point de vue, je couvre toute sorte de manifestations culturelles. Du reggae aux expositions photos de femmes nues. Ce sont des expressions artistiques que je dois couvrir dans le cadre de mon travail », explique-t-elle. Oumy estime qu’elle n’a pas à porter de jugement de valeur sur le choix de son prochain. Pour autant, elle tente de montrer partout où elle se retrouve à travers des actes et des paroles que « ce n’est pas parce qu’on porte le voile qu’on doit être marginalisé ». « Pourquoi devrait-on interdire à une fille qui décide de porter le voile de le faire alors qu’en face, il y a une autre qui a décidé de se mettre des extensions de cheveux et des jupes et on ne lui dit rien ? », s’interroge-t-elle, car pour elle, « les différences ne doivent pas être sources de conflit mais d’enrichissement ».
La diversité religieuse
Mère de famille, Oumy estime que le port du voile doit être libre. « Il m’est arrivé de rabrouer des parents qui sont venus me demander de dire à leurs filles de porter le voile. Je suis contre les gens qui forcent les filles à se voiler », relève-elle.
Par ailleurs, prenant exemple sur sa propre famille, la journaliste valorise le vivre-ensemble dans le respect des différences religieuses, notamment entre musulmans et chrétiens. « J’ai des cousins prêtres, des cousines religieuses et c’est très beau quand on a des réunions de famille de voir toute cette diversité religieuse », témoigne-t-elle.
Les projets plein la tête, la jeune femme compte bientôt quitter la télévision pour mieux matérialiser son engagement en faveur des femmes et des enfants.
JE NE VOULAIS PAS LE TUER
Des nouvelles de Aïda Mbacké, la femme qui avait brûlé vif, le 6 novembre 2018, son époux, Khadim Ndiaye. La jeune femme, emprisonnée depuis décembre 2018, a été auditionné au fond, ce lundi
Des nouvelles de Aïda Mbacké, la femme qui avait brûlé vif, le 6 novembre 2018, son époux, Khadim Ndiaye. La jeune femme, emprisonnée depuis décembre 2018, a été auditionné au fond, ce lundi, par le doyen des juges du 8e cabinet.
L’inculpée a plaidé non-coupable lors de son audition avec le magistrat instructeur. Elle a avoué avoir tué son mari mais, elle ignore ce qui l’a poussé à commettre un tel acte. Elle a présenté ses excuses pour son acte qui a coûté la vie à son époux, qui fut disciple de son père.
« Je ne l’ai pas brulé avec de l’essence. J’ai utilisé du diluant. On l’avait acheté pour le vernissage de nos meubles. Je ne voulais pas le tuer. Je n’en avais pas l’intention. J’étais en colère quand il m’a annoncé sa seconde noce. Je ne pouvais plus me contrôler. J’ai agi sous le coup de la colère. Je lui ai dit puisqu’il avait pris une deuxième épouse, nous allions tous mourir », avait confié Aida Mbacké.
En effet, selon nos sources, les avocats de la défense sont en train de travailler sur le dossier pour tirer d’affaire leur client. D’ailleurs, les avocats de la défense vont introduire une demande d’expertise psychiatre afin de connaitre dans quel état était leur cliente au moment de la commission des faits.